• LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)

     

          « Le domaine du château d'Imbleville est situé sur la commune d'Imbleville dans le canton de Tôtes le long de la route de la vallée de la Saâne. On le surnomme la « Perle de la Saâne », il apparaît parfois dans certains écrits sous le nom de « château du Vivier » ou encore « château de la Couture (…) ou bien encore « château de Bimorel » (NdB)

         Situé sur la D2 entre Imbleville et Auzouville-sur-Saâne en Seine-Maritime et idéalement bâti entre deux bras de la Saâne, ce château de briques roses et son domaine visaient à protéger et à contrôler le passage de la vallée. Le château et les bâtiments alentour, si disparates en apparence, constituent un ensemble architectural harmonieux. (...) » [1]

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     « Ses assises sont de grès et silex. Ses briques anciennes changent subtilement de couleur selon les saisons et la lumière : plus roses par temps gris, plus dorées au soleil,  
    nacrées au clair de lune. » [2]

     

         « Au moment de sa construction à la fin du 15e siècle, le château de Bimorel était un petit château fort, garni, de tous les côtés, de tourelles. À l'entrée de la cour, à laquelle on ne pouvait accéder que du côté nord, se trouvait un corps carré (sorte de poterne), flanqué de quatre tourelles, que l'on traversait, après avoir passé le pont-levis jeté sur les fossés. » [3]

     

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     Plan de situation du château d'Imbleville ; blason de la famille de Dampierre par Travail personnel Jebulon — Pierre-Paul Dubuisson: Armorial des principales maisons et familles de Roiaume, particulièrement celles de Paris et de l'Isle de France, tome second, page 146. Paris, 1757, aux depens de l'auteur. Réédition Jean de Bonnot, 1987., CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18286047

     

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    Historique

     

         « Au 15e siècle, les terres alentour constituaient une seigneurie sous l'égide de Zanon de Dampierre, seigneur de Biville-la-Baignarde, Thiédeville, Imbleville et Eurville. C’est lui qui, en 1491, construisit, dans un îlot formé par la Saâne, une maison forte qui, après transformation, devint le château actuel. » [1]

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     « Sur la porte de cette antique demeure seigneuriale, se trouve l'inscription suivante placée, en 1491, par Janon de Dampierre sur une pierre frontale aujourd'hui fort usée par le temps : « L'an de grâce 1491, noble homme, Messire Janon de Dampierre, chevalier, seigneur de Biville-la- Baignarde, et autres seigneuries, fit édifier cette maison. Et était pour lors, sa femme, noble dame Marie de Gouvis. Leurs hoirs feront leur devoir de prier pour eux. »
    Au-dessus, étaient les armes de la famille de Dampierre, et celles de la maison de Gouvis qui portait de vair plein. » [3]

     

         « On peut voir, à l'entrée du cimetière, une croix en grès dont il fit don à la paroisse en 1510. (…)

         À la fin du 16e siècle, la terre et le château furent acquis par Nicolas Baudry, avocat au parlement de Normandie. Son fils Charles mourut à Imbleville en 1651. Ses descendants conservèrent le domaine jusqu’au début du 18e siècle. 

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Divers partages firent revenir le château entre les mains de Pierre Eustache de Dampierre qui mourut en 1795, laissant trois filles. En 1801, la terre fut attribuée à l’ainée qui avait épousé le marquis de Bimorel. Le dernier Bimorel mourut en 1842. Son gendre Louis de Folleville hérita du domaine qui resta dans sa famille jusqu’en 1917. C’est dans cette période du 19e siècle que le château subit de profondes transformations. (...)

         D’importants travaux de réfection ont été exécutés par madame de Saint Rémy et son fils Gilbert entre 1917 et 1961. Notamment fut érigé au pied de la colline boisée, un élégant escalier à double révolution provenant de l’ancien château des ducs d’Elbeuf. (...) » [1]

     

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    Ci-dessus : à gauche plan extrait du cadastre napoléonien de 1806, Archives de la Seine-Maritime http://www.archivesdepartementales76.net/ ; au centre extrait de la carte d'Etat-Major extraite du site Géoportail ; à droite, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    Architecture 

     

         « À l’origine, la Saâne arrivait directement sur la face sud de la cour. Elle se divisait en deux bras qui défendaient le château. (…) Entre 1850 et 1860, la Saâne qui, lors de ses crues, inondait les abords du château, fut détournée et les douves furent créées. (…) 

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Au nord, quatre tours, dont deux subsistent, abritaient la herse d’un pont-levis qui seul permettait l’accès. Au nord, des bâtiments de service s’élevaient entre la chapelle et le pont-levis. À l’est, reliant l’étage du logis avec celui de la chapelle, il y avait une longue galerie supportée par des arcades en plein cintre ouvertes sur la cour. Cette galerie servait de nef au public qui y était admis le dimanche. (…) Deux ailes carrées furent construites aux extrémités de l’ancien corps de logis. (...)

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Au sud, un long mur crénelé et une vaste tour (sud-ouest) ont été également abattus au 19e siècle. (...) » [1]

     

         « Les ornements de la toiture sont attribués à Ferdinand Marrou, célèbre ferronnier actif à Rouen de 1870 à 1917. On lui doit également les quatre clochetons entourant la flèche de la cathédrale de Rouen. » [4]

     

         « Le parc est remarquable à plus d'un titre. Il comprend de nombreux éléments, des pièces d'eau, des canaux et surtout des douves alimentées exclusivement par des eaux de source indépendantes de la rivière. » [1]

     

    Éléments protégés :


         « Manoir et son parc : inscription par arrêté du 1er février 1944. » [5] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'article Wikipédia sur le château.

    [2] Extrait de http://www.chateau-imbleville.com/Historique.htm

    [3] Extrait de La Normandie monumentale et pittoresque... Seine-inférieure, 1re [-2e] partie... Article de Paul Jardin ; Éditeur : Lemâle (Le Havre) ; 1893 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62340920/f471.item.r=%22ch%C3%A2teau%20d'Imbleville%22.texteImage

    [4] Extrait de http://www.reve-de-chateaux.com/demeure/313-chateau-dimbleville

    [5] Extrait de https://monumentum.fr/manoir-bimorel-pa00100724.html

     

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     Promenades en barque...

     

    Bonnes pages :

     

    Site officiel du château d'Imbleville : http://www.chateau-imbleville.com/

     

    O http://nanienormandie.canalblog.com/archives/2012/12/22/25972547.html

    O http://www.parcsetjardins.fr/haute_normandie/seine_maritime/jardins_du_chateau_d_imbleville-1387.html

    O https://lejardindemilie.wordpress.com/2015/06/21/chateau-imbleville-2/

    O http://chateau.over-blog.net/76-diaporama-imbleville.html

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  • LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)

     

          « Illiers-l'Évêque est une commune française située dans le département de l'Eure en région Normandie. Les habitants d'Illiers-l'Évêque sont des Illiens-Épiscopiens. (...) Le nom de la localité est attesté sous les formes Illiae 11e siècle, Hilleiae et Illeiae en 1157, Illais en 1217. » [6]

     

         " Illiers-l'Evêque. Enceinte et ruines d'un ancien château-fort, sur la commune d'Illiers. Vestiges de fondations romaines nombreux.
    Charpillon et Caresme - Dict. hist. de l'Eure, t. II, p. 403.
    Alman.-Ann. de l'Eure, 1916, p. 256. " [9]
     

     

         « Au sud-ouest de Mantes, la frontière entre Normandie et Ile-de-France épousait l’Eure ; dès la fin du 10e siècle, les ducs y créèrent un verrou notable, le château d’Ivry bientôt suivi par celui de Pacy. En face, le vaste territoire forestier allant de Mantes à Dreux, fut peu à peu défriché, et les lignages chevaleresques s’y firent une place ; lignages du Mantois, lignages du Drouais y établirent leurs pouvoirs. Mais curieusement, c’est d’Ivry que sortit le lignage qui finalement constitua une petite seigneurie transfrontalière, comprenant Bréval, Anet, Illiers-l’Evêque, et bien sûr Ivry, seigneurie dont les destinées s’arrêtèrent dans la décennie précédant la conquête royale de 1204. » [1]

     

         « Au Sud-Est du département de l'Eure, pratiquement à la frontière avec l'Eure-et-Loir, proche d'Evreux, Anet, Houdan, Dreux, Illiers s'était implanté le long du tracé primitif probable de l'ancienne voie antique d'Évreux à Dreux. Mentionné pour la première fois à la fin du 10e siècle, Illiers se fortifia au 12e siècle. » [2]

     

         « Illiers-l'Évêque, cité par Orderic Vital parmi les places que Henri Ier fit fortifier vers 1113, pour arrêter les incursions de Gervais de Châteauneuf. On la voit en 1120 entre les mains d'Ascelin Goël ; en 1157 dans celles de Simon d'Anet. Dans le traité entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, Illiers est mentionné comme une des propriétés du roi de France sur les limites de la Normandie. » [3] 

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)

     

     Plan hypothétique du château d'Illiers-l'Evêque d'après Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11e siècle et 12e siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html  Concernant les lettres en rouge sur le plan, voir le chapitre ci-après sur l'architecture ; Blason des Ivry(-Bréval), attesté à partir d'Ascelin Goël. Extrait de http://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/liste-des-seigneurs-divry.html

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) 

    Ci-dessus, photo extraite de Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11e siècle et 12e siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html

     

    Historique

     

    « Ancienne baronnie avec haute justice.

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Le château fort d'llliers. dont les ruines existent encore, fut construit en même temps que celui de Nonancourt au 12e siècle, par Henri Ier, roi d'Angleterre, pour assurer ses frontières du côté de la France. Il a appartenu, en 1150, aux seigneurs d'Anet, à Philippe-Auguste, ensuite a la maison de Courtenay jusqu'en 1273, et enfin aux évêques d'Évreux, qui le réunirent à leur domaine temporel.

     

         On a trouvé à Illiers des médailles romaines, des monnaies gauloises, des tuiles et des marbres antiques, ainsi qu'un cachet en cuivre des seigneurs de Nonancourt, portant les armes de cette ville. » [4]

     

    Ci-dessus, photo extraite du site Google Earth.


         « Le village – sans doute modeste – d'Illiers s'était implanté le long du tracé primitif probable de l‟ancienne voie antique d'Évreux à Dreux. Celle-ci, venant de Jumelles, passait légèrement à l‟ouest du hameau de Beaufort; son tracé demeure dans le chemin venant de Jersey, puis devait franchir la Coudanne par un gué dans la zone marécageuse de fond de vallée, et rejoignait le tracé actuel de la RD 76 qui a repris celui de la voie antique jusqu'au Mesnil-sur-l'Estrée. Entre le hameau de Bois-Perrier (commune Chavigny) et Courdemanche, ce tracé rectiligne a été supplanté au Moyen-âge par un cheminement à peu près parallèle, happé par l'attraction du prieuré de Coudres, et les chemins entre les nouveaux lieux de peuplement et de commerce. » [2]


    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Le site est mentionné pour la première fois à la fin du 10e siècle, lors de la donation de son église et de ses dîmes au chapitre cathédral de Chartres, par le chevalier Avesgaud, qui lui-même les avait reçus de la comtesse Leutgarde, épouse du comte Thibaud de Blois et veuve de Guillaume Longue Épée. On ignore la succession de ses seigneurs au 11e siècle, et la première certitude acquise des sources est la fortification du site par Henri Ier Beauclerc en 1112, dans le cadre de représailles contre Gervais de Châteauneuf, seigneur de Brézolles et Sorel. Le roi semble avoir rapidement inféodé du château et de la seigneurie, Ascelin Goël, seigneur de Bréval et d'Anet ; celui-ci fit donation de la chapelle construite dans le château à l'abbaye Saint-Taurin, sans doute de façon quasi immédiate, afin de contribuer à la mise en valeur économique et agricole du site. Mais il est probable qu'Ascelin ne détenait pas la totalité des droits sur Illiers ; en 1155 apparaît dans l'entourage de son petit-fils Simon d'Anet, le miles Morhier d'Illiers, fondateur de la famille des Le Drouais. Morhier le Drouais était héréditairement détenteur des droits seigneuriaux sur la localité limitrophe de Courdemanche. » [5]

     

    Ci-dessus Blason de la famille d'Illiers dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As? Extrait de http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Illiers 

    -----------------------------------------

    « Gaston Ier ou Guazon d'Avesgaud :

     

         Seigneur du Châtel d'Illiers (doute au sujet de l'origine de cette famille. Plusieurs documents semblent attester l'origine des d'Avesgaud à Illiers-l'Evêque alors que d'autres les situent à Illiers-Combray. Il semble néanmoins qu'il s'agisse d'Illiers-l'Evêque dans l'Eure), beau-frère et successeur d'Albert, (1050-1073), devient seigneur de Châteauneuf par sa femme, Frodeline de Dreux, dame de Thimert et de Rémalard dont il a plusieurs enfants : Hugues, Gasco, Robert (Seigneurs de Gallardon), Mathilde. Il semble avoir possédé les terres de Thimert : il construit le premier château de Châteauneuf (Castellum Novum) (motte féodale à Thimert, objet d'une lutte entre le duc Guillaume et le roi Henri Ier de France en 1058). Ses successeurs, Gervais Ier de Châteauneuf et son fils Hugues II semblent avoir possédé Illiers avant que la ville ne passe dans les mains des Seigneurs d'Anet. Le village voisin de Courdemanche semble quant à lui être resté aux mains de la famille au moins jusqu'en 1239. » [6]

     

    « Gervais Ier de Châteauneuf (1105-1140)

     

         Grand sénéchal de Philippe Ier, il épouse Mabile de Châteauneuf du vivant de son beau-père Hugues Ier et devient seigneur de Châteauneuf à sa mort en 1105 et jusqu'à 1140. En 1096 Gervais fut médiateur avec Richard de Montfort et Hugues de Montgommery entre Guillaume de Breteuil-sur-Iton et Ascelin Goël d'Ivry-Bréval qui se faisaient la guerre pour la possession du château d Ivry. Pour contrer ses incursions régulières, le roi d'Angleterre Henri Ier fit fortifier les places de Verneuil, d'Illiers-l'Évêque et de Nonancourt. Néanmoins, les excursions de Gervais en Normandie continuèrent et Henri Ier fit le siège en 1113 de la forteresse de Sorel qu'il emporta après quelques jours. Gervais perdit alors Illiers-l'Évêque (que reçut Ascelin Goël) et le Plessis-Saint-Remy qu'il avait fortifié. » [6]

     

         « Henri Ier Beauclerc est le troisième fils de Guillaume le conquérant. Il succède à son frère Guillaume le Roux en Angleterre puis s'empare de la Normandie en 1106 au détriment de son autre frère Robert. Il décide de renforcer la frontière sud-est de la Normandie, peu à peu grignotée par Gervais seigneur de Châteauneuf, aidé par les Montfort, c'est-à-dire indirectement par le roi de France. En 1113, il chasse Gervais construisant une fortification à Saint-Rémy-sur-Avre. Il assiège et détruit le château de Sorel, appartenant à Gervais et fait bâtir des fortifications à Nonancourt et Illiers-l'Evêque. En 1118, il fortifiera Verneuil-sur-Avre. Le roi réinstaure les droits de l'évêque d’Évreux et rattache de nombreuses terres et églises à l'église Saint-Taurin d’Évreux, au détriment de celles, « françaises », de Coulombs et de Chartres.


    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Illiers est sur la route Dreux-Evreux et le roi confie la seigneurie et le château à Ascelin Goël. A ce moment, on constate qu'Ascelin est un proche du roi, il est probable qu'il est se soit rallié à lui lors de sa conquête de la Normandie en 1106. La châtellenie d'Illiers est étendue (jusqu'à Croth) et semble composé de droits ducaux mais aussi seigneuriaux des Châteauneuf. En outre le duc-roi rend la seigneurie d'Ivry à Ascelin, mais on ne sait pas de quelle manière puisque le problème n'est pas réglé comme le prouve la suite des événements. » [7]

     

    Ci-dessus, blason des Ivry(-Bréval), attesté à partir d'Ascelin Goël. Extrait de http://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/liste-des-seigneurs-divry.html

     

    Sur Ascelin Goel voir ici.

     

    Guillaume I Louvel

         Guillaume est le second fils d'Ascelin. Après la mort de son frère aîné, il est seigneur d'Ivry, de Bréval, d'Illiers et d'Anet. Il semble qu'il récupère Anet. Il est possible qu'il n'ait reçu que Bréval en héritage puis qu'il ait capté l'essentiel des possessions ses frères à leur décès, reconstituant la majeure partie des biens de son père. Il épouse Mathilde, fille du comte de Meulan, ce qui montre sa place de grand seigneur dans cette partie du duché. Malgré sa participation à une révolte aristocratique contre le duc-roi Henri Ier, celui-ci lui donnera d'importants domaines en Angleterre, peut-être pour l'empêcher de « basculer côté français ». Il meurt âgé entre 1166 et 1170. (…)

     

         Simon d'Anet reçoit châtellenies d'Anet, de Bréval et d'Illiers-l'Evêque. Il est possible qu'il soit dénommé « d'Anet » (et non « de Bréval ») en hommage à son oncle croisé. En outre, le château et la ville d'Anet ont pu gagner en importance. Il fonda les commanderies tellières de Chanu avant 1189 et Prunay en 1190. Il donna la châtellenie de Bréval à son fils Jean de Bréval. Celui-ci semble pencher du côté du roi de France Auguste et fortifier son territoire, lequel est ravagé par le duc-roi en 1188. Jean de Bréval meurt en 1189. Son père Simon d'Anet meurt donc sans descendance en 1190. Philippe Auguste s'empare alors ses possessions au nom de son droit d'échoite (lui permettant de saisir les seigneuries en déshérence) mais aussi en dédommageant les héritiers, comme Robert IV d'Ivry. Au nom du même droit, Philippe Auguste s'emparera d'Illiers en 1199. » [7]

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Dès avant 1127, une grande charte de l'abbaye Saint-Père de Chartres signalait, parmi les nombreuses églises en sa possession, celle d'Illiers. En 1157, Simon d'Anet, seigneur de Bréval, d'Anet et d'Illiers, approuva une importante charte de l'évêque d'Évreux Rotrou, mettant fin à l'usurpation des églises d'Illiers au détriment, d'une part du chapitre cathédral, et d'autre part de l'abbaye Saint-Père, semblant indiquer qu‟il existait deux églises dans le petit village. L'usurpation avait été le fait de la famille du miles Gouffier, et de ses fils Pierre et Guillaume ; cette famille se maintint dans la région ainsi d‟ailleurs qu'à Illiers.

     

    Ci-dessus, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         Après la mort de Simon d'Anet, Morhier le Drouais obtint en 1191, de l'Échiquier normand, un jugement en sa faveur concernant la possession de la maison-forte d'Illiers, contre un certain Guillaume d'Anet dont on ne connaît pas l'origine ; en janvier 1192, Richard Cœur de Lion confirma au camp de Jaffa ce jugement, et inféoda Morhier le Drouais de la maison-forte, sous seigneurie éminente de l'évêque d'Évreux. Il dispensa Morhier du remboursement des sommes dépensées par le roi Henri Ier pour la construction du château.

         Bien qu'Illiers ait été inclus dans les conquêtes françaises lors du traité de juin 1194, c'est encore Richard Cœur de Lion qui inféoda en 1198 Gadon Le Drouais, fils de Morhier, de la maison-forte, suivant les mêmes termes que son père. Cependant, Philippe Auguste, au plus tard après la conquête définitive de 1204, attribua à Guillaume du Fresne, miles normand rallié à la cause française, la moitié de la seigneurie d'Illiers, comprenant la maison-forte et les droits éminents sur l'autre moitié ; selon une plainte de 1247, il aurait marié Guillaume à une nièce bâtarde de Simon d'Anet et lui aurait assigné cette part comme ayant été détenue par Simon dans la seigneurie. Le petit-fils de Morhier contesta cette manipulation en 1247, prétendant que Morhier avait acheté la moitié de la seigneurie et la fortification de Simon d'Anet et en avait joui sa vie durant ; mais il n'eut pas gain de cause.

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Les familles du Fresne et Le Drouais possédèrent donc en indivision la seigneurie d'Illiers, les premiers détenant en sus le château et la seigneurie éminente sur les seconds ; l'ensemble était tenu des évêques d'Évreux. Avant 1230, Guillaume II du Fresne échangea sa part avec Robert I de Courtenay, bouteiller de France, seigneur de Nonancourt et de Conches, qui devint ainsi le seigneur dominant d'Illiers, et inféoda en décembre de cette année-là Guillaume le Drouais, petit-fils de Morhier, de la moitié de l'indivision.

         Raoul de Courtenay, fils de Robert I, revendit cette part avec Nonancourt à son frère Robert, futur évêque d'Orléans, en 1247. Celui-ci la conserva jusqu'en avril 1271, date à laquelle il en fit don à son neveu Robert de Sancerre ; Robert de Sancerre la revendit avant la fin 1272 à son oncle Guillaume de Courtenay, frère cadet de Raoul et de Robert, et finalement à la fin de l'année 1273, ce dernier la céda lui-même à l'évêque d'Évreux Philippe de Chaource.

         Deux ans plus tard, celui-ci racheta à Philippe Le Drouais, héritier de Guillaume Le Drouais, la moitié d'indivision qui demeurait en ses mains. Le château et la seigneurie d'Illiers firent partie par la suite des possessions de l'évêché d'Évreux. (…) » [5]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Courtenay par Odejea, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4147599

     

    Architecture

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Les restes du château d‟Illiers sont connus dans leur état des années 1900 grâce à une notice de Léon Coutil (1856-1943) (voir ci-contre, extrait de ce même article), ainsi que par une courte description de l'archéologue Louis Régnier (1865-1923) ; plus récemment, Astrid Lemoine-Descourtieux a retrouvé un croquis dû à Raymond Anet-Bréval-Ivry Bordeaux, du troisième quart du 19e siècle, représentant la motte, les restes d'une tour maîtresse qui la couronnait, ainsi qu'une petite tourelle dont les ruines subsistent encore aujourd'hui.

         On ne reviendra donc pas en détail sur la description du site, qui comprenait une motte circulaire (A), et dont une basse-cour annulaire (B) demeure encore parfaitement visible. La motte, encore fort impressionnante bien qu'elle ait été légèrement entamée au sud-ouest, portait une tour maîtresse dont on ignore le plan. La basse-cour (B), est une plate-forme isolée du plateau par un fossé, mais entièrement gagnée en remblai sur les modestes pentes de la vallée. Elle est aujourd'hui (2009) envahie d'une végétation dense au point d'empêcher toute mesure ; on remarque encore çà et là les témoins de la courtine maçonnée qui la ceinturait, flanquée à l'angle nord par une tour cylindrique massive (environ 8 à 10 m de diamètre extérieur) dont subsiste la maçonnerie en blocage sur deux mètres environ, noyée dans les ronces et les arbustes. Cette courtine était interrompue vers l'est par une tour-porte encore reconnaissable au début du siècle dernier ; il reste à proximité de son emplacement un pan de maçonnerie de blocage de silex de deux mètres de largeur pour quatre de hauteur.

         Le château possédait une chapelle donnée par Ascelin Goël à Saint-Taurin, mais sa localisation est inconnue. Il est intéressant de s'appesantir sur la structure générale, qui a été décrite comme une simple fortification à motte et basse-cour. Léon Coutil avait identifié vers l'ouest les terrassements, déjà en partie effacés, d'une plate-forme qu'il supposait et dessinait de forme triangulaire (D) ; par ailleurs, on reconnaît encore les traces d‟une autre plate-forme (C), qui pourrait cependant être adventice et plus tardive, liée à l'exploitation agricole.

         Cette plate-forme (D), improprement appelée « ravelin », doit être interprétée en fonction du cadastre ancien : or celui-ci révèle parfaitement un contour ovoïdal qui formait une seconde basse-cour orientée du côté du village.

         On note par ailleurs la présence au nord-est, au-delà de la limite du fossé, d'une zone boisée concentrique à cette limite ; une seconde ligne boisée existait plus loin, se démarquant assez nettement du parcellaire en lanières radiales. Enfin, pour terminer cette analyse de la structure fossile, on remarque la présence d'une succession de limites parcellaires formant une ligne courbe enveloppant l'ensemble, débordant à l'ouest de la place du village qui paraît bien significative d'un tracé, entrepris sinon achevé, de délimitation d‟une minuscule enceinte villageoise, dont la vocation était peut-être d'englober l'église.

         Il paraît assez évident que l'implantation de la fortification castrale a contribué à un total remodelage de l'occupation de l'espace. Le franchissement de la Coudanne a été placé sous son contrôle direct ; de plus il s'est accompagné de l'aménagement d'une retenue et d'un moulin accolé au pont sur le petit cours d'eau. Tant le moulin que l'étang sont mentionnés dans la donation faite par Ascelin Goël à Saint-Taurin après 1112 ; il n'est pas impossible qu'ils aient été aménagés en même temps que l'on bâtissait le château. Cette probabilité est d'autant plus forte que la donation prévoyait que, dans le cas où un tonlieu ou un péage serait institué, l'abbaye en aurait la dîme de plein droit : c'est la preuve que la valorisation du site était encore toute récente.

     

    Le château et la double seigneurie d’Illiers

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Une particularité insigne de cette fortification réside dans sa relation avec le découpage géographique administratif.

         En effet, le territoire communal de Courdemanche possède une protubérance marquée en rive gauche de la Coudanne, qui correspond assez exactement à la basse-cour (B) du site fortifié, à ses fossés et à une partie de la zone limitée par la frange boisée nord-est ; la limite intercommunale jouxte le moulin, mais place ce dernier entièrement dans le territoire d'Illiers. Cette protubérance du territoire de Courdemanche constitue de fait une véritable enclave, et l'on ne peut considérer sa découpe autour de la basse-cour orientale comme le fait du hasard, ou celui d'une bizarrerie administrative moderne intervenue au moment de la fixation des territoires communaux. Il s'agit certainement d‟une réminiscence d'un découpage ancien, que nous pensons remonter au partage en indivision de la seigneurie d'Illiers sous Simon d'Anet, au profit de Morhier le Drouais.

     

    Ci-dessus, plans extraits du cadastre napoléonien des communes d'Illiers-l'Evêque et de Courdemanche, Archives de l'Eure, http://archives.eure.fr/ 

     

         En effet, celui-ci était seigneur de Courdemanche en 1186 ; son petit-fils prétendit, sans que l'on sache si c'était de bon droit, que Simon d'Anet lui avait vendu la maison-forte et la moitié de la seigneurie.

         Quoi qu'il en soit de cette prétention, Morhier et ses successeurs possédèrent l'autre moitié de la seigneurie, à l'exclusion des droits éminents. Or le symbole le plus évident de ceux-ci était la possession de la motte et de la tour maîtresse, qui demeurèrent côté du territoire d'Illiers.

         Il est en définitive probable qu'une partition de la fortification, ainsi que du territoire et des droits sur Illiers, intervint entre la création de la fortification en 1112, et la première mention de Morhier d'Illiers en 1155. Cette partition eut pour effet d'affecter la basse-cour orientale (B), ainsi que le territoire afférent, au coseigneur secondaire d'Illiers, c'est-à-dire Morhier lui-même ; peut-être eut-elle pour effet d'entraîner la création de la basse-cour occidentale (D).

         La plainte de Guillaume le Drouais, en 1247, porta peut-être sur l'usurpation de cette basse-cour par le roi et Guillaume I du Fresne. » [5]

     

    « Frontière du pays chartrain.

     

         La petite rivière d'Avre, coulant pendant soixante-dix kilomètres dans une étroite vallée, entre les plaines de l'Evrecin et celles de la Beauce formait de ce côté un fossé naturel et délimitait la frontière d'une manière qui n'a jamais varié.

    Avra licet parva Francorum dividit arva.

         Les châteaux de Chênnebrun, Verneuil, Tillières et Nonancourt étaient bâtis sur les collines qui dominent cette rivière au nord et se trouvaient tous au passage de routes anciennes qu'ils interceptaient. Illiers-l'Évêque se trouvait un peu plus loin dans la plaine, sur la route de Dreux à Évreux. Dans plusieurs endroits où la rivière encore faible ne formait pas un obstacle suffisant, le roi Henri II avait fait creuser de longues lignes de fossés avec un rempart de terre. M. de Caumont les signale dans les communes d'Irai, Chênebrun, Saint-Christophe et Courleilles, où ils portent le nom de Fossés-ie-Roi. Il engage à les étudier dans leur ensemble et par rapport avec les forteresses voisines. A une dizaine de kilomètres en arrière, le cours de l'Iton et les châteaux de Bourth, Cintray, Condé-sur-Iton, Breteuil et Damville formaient une seconde ligne parallèle à la première. Une troisième consistait dans les trois fortes places de Laigle, Conches et Évreux, reliées par le cours de la Risle et par les forêts de Breteuil, de Conches et d'Évreux. Cette frontière fut rarement attaquée avec succès, et plus d'une fois, particulièrement en 1119, Breteuil fut le bouclier de la Normandie. » [8]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de https://www.yvelines.fr/agenda/seigneuries-et-chateaux-de-la-frontiere-franco-normande-aux-xie-et-xiie-siecles-conference-projection-par-jean-mesqui/

    [2] Extrait de http://maintenance-et-batiment.blogspot.fr/2017/05/fiche-historique-les-chateaux_8.html

    [3] Extrait de Le cinquantenaire de la Société archéologique d'Eure-et-Loir : 1906 14-27 mai, 31 mai et 2, 3 et 4 juin par la Société archéologique d'Eure-et-Loir ; Éditeur : Société archéologique (Chartes) ; Date d'édition : 1910-1926 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6561135x/f112.item.r=%22Illiers-l'Ev%C3%AAque%22.texteImage

    [4] Extrait de Histoire et géographie du département de l'Eure: aperçu géologique et minéralogique : commerce, industrie, agriculture, administration, statiques, caractères, moeurs, portraits, coutumes, monuments, antiquités, notices historiques sur les villes et les bourgs : biographies des hommes remarquables par Paul Rateau, J. Pinet, A. Blot, 1870 - 388 pages.

    [5] Extrait de Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11ème siècle et 12ème siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui  http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html

    [6] Extrait de Wikipédia

    [7] Extrait de https://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/?view=classic

    [8] Extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques ; éditeur : Derache (Paris) / A. Hardel (Caen), 1876.

    [9] Extrait de l'article Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure par le Dr Doranlo in le  Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22# 

     

    Bonnes pages :

     

    http://www.mesqui.net/Page-d-accueil/page%20d-accueil_fran.htm

    http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf

    http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Bayeux-Ivry.pdf

     

    Bibliographie :

     

    Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet aux 11e et 12e siècles : châteaux et familles à la frontière normande par Jean Mesqui ; préface de Vincent Juhel. Caen : Société des antiquaires de Normandie, 2011. 410 p. :

     

    Bonnes pages :

     

    http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Illiers.pdf

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  • LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)

     

         Le Teilleul était l'un des anneaux de la chaîne de citadelles gardant la frontière normande face à la Bretagne qui comprenait également le Mont-St-Michel, Avranches, Pontorson, Saint-James, Les Biards, Saint-Hilaire (-du Harcouët), Mortain et Domfront. Son château, « massif formidable de tours, de contreforts, de fort et de créneaux, dominant la vallée » a aujourd'hui complètement disparu. La ville était, sans doute, entourée d'un rempart dont l'une des issues est nommée « la Basse-Porte » située au nord du bourg (voir plan ci-dessous). J'engage celui/ou ceux qui aurait/auraient des informations à ce sujet à me contacter, merci.

         Alors seigneurie d'Onfroy du Teilleul, le château-fort fut l'un des quatre pris au cours du 12e siècle par Geoffroy, comte d'Anjou. En 1169 et 1173, la ville est brûlée par des rebelles dans les guerres entre Matthieu comte de Boulogne Hascouët de Saint-Hilaire et les troupes de Henri II, roi d'Angleterre, sous les ordres de Robert de Fougères. Robert du Mont dit que ce fut ce dernier qui incendia Le Teilleul. (NdB)

     

    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)   LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)

     

     Plan de situation des fortifications du Teilleul ; au-dessus, blason de la famille Goz, seigneurs d'Avranches, puis comtes de Chester, anciens seigneurs de la baronnie de Saint-Sever. (WP) https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=9337 ; au-dessous, blason de la commune du Teilleul par Aroche Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3761444

     

    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)

     

         1878, abbé Lecanu : « La paroisse appartenait d'abord à un des membres de la famille ducale de Normandie : Unsfrid, ou Onfroi, dit le Danois. Ce premier Onfroi fut père d'un second Onfroi, dit du Teilleul, et de Turstin. Turstin, surnommé Goz, vicomte d'Avranches, fut père de Hughes, dit le Loup, comte de Chester, fondateur de la cathédrale d'Avranches. Deux des neveux d'Onfroi du Teilleul se firent moines à l'abbaye d'Ouche, et un de ses fils, nommé Guillaume, se fit prêtre et devint abbé de Sainte-Euphémie, dans la Calabre. Robert du Teilleul aida Guillaume-le-Batard à achever la conquête de l'Angleterre. Il devint ensuite comte de Ruddlam. Il donna à l'abbaye d'Ouche, pour la dot de ses deux frères, nommés Ernauld et Roger, plusieurs fiefs et l'église du Teilleul. Cette église, enfermée dans l'enceinte du château, qui était situé sur le penchant d'une colline, dit l'historien Orderic Vital, dut être ruinée avec le château à la suite de la bataille de Tinchebray... L'église ruinée et la seigneurie passée en d'autres mains, ce sont les possesseurs du fief de Saint-Patrice qui apparaissent comme seigneurs du lieu. Jeanne de Saint-Patrice le porta dans la famille de Ferrières. » [1] 

     

    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche) LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)

     

    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)      1884, E. Dubois : « La châtellenie du Teilleul remonte au 10e siècle et semble n'avoir vécu que deux siècles. (...) Là, nous voyons la première une famille descendante d'un frère de Rollon, premier duc de Normandie. Citons à ce sujet l'abbé Desroches (Annales, id. 1856, au commencement). Hrollager ou Drogon vivant époux d'Emina en 896, était frère de Thores et de Rollon, fils de Rognwald, comte et comtesse de Moère et des Orcades. Hrollager, était aussi fils de Rognwald, mais par une favorite, son épouse « more danico ». De Hrollager et d'Emine sortit RoIf Turstan vivant en 920, époux de Gerlotte de Blois, d'où sortit Mifred ou Unsfrield, dit le Danois. Ce dernier fut le fidèle compagnon d'armes et ami du successeur de Rollon. A peine le Mortenais fut-il réuni aux domaines du duc de Normandie (933) que Guillaume Longue-Epée récompensa le zèle de ses preux chevaliers Unsfrield eut pour sa part les terres du Teilleul, érigées en sa faveur en baronnie. Alors on songea à fortifier les nouvelles propriétés. Longue-Epée éleva le fort de Mortain et fit entourer la ville de murailles. Unsfrield le Danois, vicomte d'Hyesmes, baron du Teilleul, fit construire en même temps la forteresse du Teilleul, « massif formidable de tours, de contreforts, de forts et de créneaux, dominant la vallée et présentant le flanc au tertre de Montécol. » Crux et Tinchebray eurent aussi la leur, scilicet quatuor castella propria comitis Moritoliensis (Chron. norm.) Il fallait que le fort du Teilleul eût encore une certaine importance, puisqu'on daigna lui livrer plusieurs assauts et le livrer deux fois à l'incendie à deux ans d'intervalle. Son emplacement serait encore facile à reconstruire. Derrière la ligne de maisons qui bordent le champ de foire, nous trouvons le village du Château, la butte et le plant du
    château (nos 1156-64 du cadastre).

     

    Ci-dessus, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)Une des issues des remparts est la Basse-Porte. Un souterrain qui, serpentant, passe sous l'Hôtel-de-Ville, traverse la Grande-Rue et aboutit à la Pierre-Blanche, servait aux soldats de la garnison.
         Dans l'enceinte du fort était une chapelle dite castrale, royale, de la bourgeoisie. Elle a été sous le vocable de sainte Marguerite. En 1769, elle était sous le vocable de saint Louis, roi de France. Au commencement du 17e siècle, elle était entretenue aux frais de Mademoiselle, duchesse de Montpensier, Marie de Bourbon, comtesse de Mortain. Le sacristain de Saint-Patrice était chapelain de
    cette chapelle. Le jour de l'Exaltation de la sainte Croix il y disait une messe à l'intention de Mademoiselle et recevait dix sols de son receveur des domaines qui lui offrait à dîner à sa table. Dans cette chapelle se soldaient les rentes de péage qui jadis se soldaient dans la chapelle de la Madeleine. En 1752, elle n'avait ni revenus, ni titulaires. Les murs en étaient solides ; mais elle ne brillait pas par son ornementation. Un titre de 1769 porte que le jour du Mardi gras on avait coutume d'y célébrer une messe expiatoire. Vendue révolutionnairement, l'acquéreur la fit démolir. M. Lecourt, possesseur de l'emplacement au 19e siècle, a songé à la faire reconstruire mais son projet n'a pas eu de suite, comme on peut s'en faire certain. Le cadastre nous offre la Chapelle et le Jardin de la Chapelle (nos 1129-44, 1162-69, 1173-5).
         Unsfrield le Danois eut pour fils Ansfrild, dit Gotz, vicomte
    d'Hyesmes et de Falaise, baron du Teilleul. Son père, révolté avait perdu sa vicomté d'Hyesmes en 978. Lui la recouvre en 1013. D'après M. Desroches, il serait mort en 1035. De lui sortirent Turstan Gotz et Onfroi du Teilleul.


    LES REMPARTS DU TEILLEUL (Manche)     Turstan Gotz, premier chambellan, du duc de Normandie, accompagne Robert le Magnifique dans son pélerinage, en Terre-Sainte, d'où il rapporte des reliques offertes par le patriarche de Jérusalem. Vicomte d'Hyesmes en 1035, il perdit son titre en 1044 pour cause de révolte et de Judith de Montérollier il eut Richard Gotz, époux de Emma de Conteville, nièce d'Harlette, mère du Conquérant. Richard vicomte d'hyesmes et d'Avranches (
    Desroches ; p. 58 et.59), eut pour fils Hugues, comte de Chester et d'Avranches, de par Guillaume le Conquérant, comte palatin de Chester par l'épée, il eut pour souveraine avec 12 pairs ou barons de sa création, Il mourut l'an 1101.

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de la commune du Teilleul, Archives de la Manche http://www.archives-manche.fr/ ; On devine la zone où se dressait autrefois le château du Teilleul.


         Son fils Robert fut comte de Beddesfeld et posséda 30 manoirs dans le même comté, etc. (
    voir. p. 73). Richard d'Avranches, comte de Chester, autre fils d'Hugues, reçut. de son frère, devenu moine d'Ouche, le comté de Beddesfeld ; Robert et Richard moururent à Barflet (1120) ; Philippes leur frère était mort avant son père (Voir p. 88).
         Onfroy du Teilleul fut époux d'Adelise ou Alice de Grentemesnil sœur de Hugues, comte de Gewises, de par le Conquérant. En 1045, il aidait Edouard le Confesseur à reconquérir son trône et en 1066 accompagnait Guillaume le Bâtard à la conquête de Normandie. Dès l'entrée en campagne il obtient du duc le titre de capitaine-comman-
    dant du fort d'Hastings dès sa création ; et, après la victoire, il en a la propriété. En 1068, Onfroi et son beau-frère, ainsi que bien d'autres barons normands, étaient contraints d'abandonner à jamais le théâtre de leurs exploits pour regagner leurs châteaux respectifs.
    Famulari
    lascivis dominabus suis Neustriam reversi sunt
    , dit Orderic Vital (Pitard : Ins. nob. du Mortainais ; Ordéric Vital IV, IX). Revenez, ou nous prenons d'autres maris, disaient leurs femmes. Il fallait prendre un parti.
         D'Alice et d'Onfroi est issu entre autres Robert du Teilleul chevalier, comte de Ruddlam, baron du Teilleul. Il était encore bien jeune quand il fit le voyage d'Angleterre en 1045. Mais Aux âmes bien nées La valeur n'attend pas le nombre des années. Le roi Edouard le remarqua, et le garda près de lui
    domi bellique, et quand Robert voulut revenir voir sa famille, Edouard le lui permit à regret, le fit chevalier et le revêtit de la plus brillante armure.
         Robert dut revoir l'Angleterre en 1066. Dès son arrivée, le Conquérant lui donna le commandement d'une armée et le gouvernement d'une province avec le titre de général-duc. Plus tard, pour réprimer les Gallois, le roi-duc lui fit élever le fort de Ruddlam, et le lui confia avec le titre de comte. Robert possédait 12 manoirs dans ce comté. En 1088, il parût à Rochester où il se renferma avec Robert de Mortain et Eudes de Bayeux. Son audace excessive lui valut la mort dans une rencontre avec le roi de Galles, Gritsfrild. Ce dernier s'était un peu avancé sur le territoire de Robert et faisait main-basse sur tout. Robert, désarmé, l'aperçoit, et furieux fond sur lui. Osbern d'Orgières, son fidèle ami, l'aperçoit et lui apporte des armes. La garnison accourt sans ordre. Osbern tombe, et bientôt Robert.
         Les Gallois alors s'en saisissent, lui coupent la tête et la suspendent au mât de leur principale nef. Grand émoi, grand deuil à ce moment fut chez les Anglais et les Normands. Robert était leur soutien, et ils l'aimaient. Le monastère de Walburge à Chester eut les dépouilles de notre héros à qui le Mont-Hermaliève avait été si fataI.
         Ernaud du Teilleul vint l'en arracher pour le transporter dans son abbaye d'Ouche auprès des restes d'Onfroi et d'Alice leurs bien-aimés parents. Orderic Vital fit son épitaphe. Il avait pour devise
    Inserit tiliœ laurum. Sa piété était grande ; il respectait moines et clercs, et donnait l'aumône de grand cœur et largement. Nous devons à la plume éloquente et pieuse de M. Joseph de Nantrey le gracieux roman oriental de Robert du Teilleul (éd. 1850). Un titre nous indique que Robert donna aux moines d'Ouche l'église du Teilleul et plusieurs fiefs. Il existe une paroisse dite Le Tilleul-en-Ouche. Il s'agit sans doute de celle-ci, car il ne pouvait donner l'église de Saint-Patrice, si l'on en juge par des titres du même cartulaire de Savigny qui nous fournit ce renseignement (V. art. St-Patrice). Nous trouvons au cadastre, en l'emplacement de l'église actuelle du Tilleul tout, l'Ouche (71-81 et 102) près le Bois-le-Duc et l'Ouchet, au territoire de Grangeray (no 1,117), le Clos-Moine, vers la Guitonnière (no 1,041). Roger avait fait ses dons en faveur de ses frères Ernaud et Roger, moines.
         Guillaume, Onfroy et Othon du Teilleul paraissent en même
    temps compagnons d'exil de Guillaume Werling, comte de Mortain, en Sicile (1048). (Ord. Vital, p. 660.) Guillaume et Onfroy étaient, tous deux missionnaires du Mortainais. Guillaume, comblé des faveurs et des largesses de Robert Guiscard, préféra les délices de la solitude, et mérita bientôt de devenir l'abbé de son monastère, Sainte-Euphémie en Calabre. L'église de Mortain reçut de lui en présent une aube et une chape de pourpre. Ernauld du Teilleul, le moine d'Ouche, et Guillaume de Grentemesnil vinrent le visiter et reçurent de lui les plus riches présents, restes des dons de Robert Guiscard. Onfroi pensa comme Guillaume à son pays natal. Il vint le revoir et lui apporta de Barry (Bari), capitale des Normands, au royaume de Naples, des reliques et la dévotion à. Saint-Nicolas de Myre. Othon du Tilleul, chevalier, est cité dans Masseville au nombre des guerriers qui fondèrent un royaume en Italie (M. le Canu. Hist. In fine).
         En 1137, Raoul Mordaunt, commandant de place au Teilleul, dut aller au secours de Raoul de la Ferrière, assiégé dans le château de Saint-Hilaire par Geoffroy Plantagenet. Raoul de la Ferrière fut une des victimes du siège. Les troupes teilleulaises ne purent que dérober son cadavre à l'ennemi (Pitard : Ms. vol.) Après trois ans de trêve, Geoffroy revient. Alors « 1141,
    Majori exercitu congregato pergens ad
    tooritolium redditum est ei et Tinchebray, Cruces, Tilliolum, scilicet Quatuor castella propria Comitis Moritoliensis
    » (Chron. norm.) Plus tard a lieu la guerre des deux Henri. Raoul de Fougères livre à l'incendie le fort du Teilleul (1169). A peine reconstruit, le Teilleul est de nouveau brûlé : 1113, Castrum Tellioli tradidit incendio (Robert du Mont, Apud Sigebertum. Dom Morice : H. de Bret., h 111 Maupillé, H. de Fougères, 32). Henri est encore duc de Normandie en même temps que roi d'Angleterre, et en cette qualité se fait rendre hommage. Othon du Teilleul est cité à sa barre. (M. Pitard et H. S. : Recherches). Robert du Teilleul, son fils, est cité en 1195 avec In Gautier et Geoffroy du Mesnil pour déclarer l'antique existence du droit de régale à la mort de l'Archevêque-primat. En 1205, il rend hommage à Philippe-Auguste. Robin et Alexandre du Teilleùl figurent également à cette époque, comme l'attestent des documents de 1195 et 1198 (Desroches : p. 213).
         En 1365, on retrouve messire Jéhan du Teilleul, commis à faire la Chambre aux deniers de la royne de Navarre (Ibid. p. 285). Disons en terminant cette généalogie historique, que les du Teilleul ont fait souche en Angleterre. Une charte de 1172, en faveur de l'abbaye de Revesby, nous offre Guillaume et Roger du Tillol, bienfaiteurs.
         Ranulphe, cousin du dernier comte d'Avranches et tige d'une nouvelle famille d'Avranches, confirme la donation des Du Teilleul en présence de Simon de Tuschet (Desroches, p. 96). (…) Enfin, un titre annonce le séjour de Philippe le Bel au Teilleul le 3 mars 1307 (Desroches, p. 286). »
    [2] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'Histoire du diocèse de Coutances et d’Avranches par l'abbé Lecanu, Coutances, 1878, pages 371-372 (t. 2). https://fr.geneawiki.com/index.php/50591_-_Le_Teilleul

    [2] Extrait des Mémoires de la Société d'archéologie, de littérature, sciences et arts d'Avranches Tome VI, article sur le Teilleul par Emile Dubois ; Éditeur : E. Tostain (Avranches) date d'édition : 1884. http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article13449

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  • LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados) LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados) LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)

     

    Au centre, photo aérienne montrant l'emplacement de la résidence seigneuriale de Rubercy extraite du site Géoportail ; à droite, objets retrouvés au cours des fouilles à Rubercy (Calvados) : http://www.mondes-normands.caen.fr/france/archeo/normandie/mdn/fouilles/rubercy/index.htm 

     

          « La commune se situe à treize kilomètres de Bayeux, dans le Bessin, dans la vallée de la Tortonne. Rubercy fait partie du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Rubercy fut la possession de la famille de Rubercy, une famille de seigneurs normands les Wac (ou Wake), à l'époque des Plantagenêts (dont Hugues Wac qui fonda l'abbaye de Longues). » [1]

     

         « L'emplacement du château de Rubercy est reconnaissable encore dans la vallée qui se trouve au Sud de l'église, mais c'est un des moins intéressants et des plus petits que j'aie visités.
         La motte, de forme ovale, n'a pas plus de 50 pieds de diamètre et ne s'élève que de 5 pieds environ, au-dessus de la prairie. Il est vrai qu'elle a été plusieurs fois rognée, mais il est facile de voir qu'elle n'a jamais eu qu'une étendue très peu considérable. » [2]

     

         « Une résidence seigneuriale au 12e siècle : Rubercy ; des fouilles de sauvetage entreprises en 1969 à Rubercy par le Centre d'archéologie médiévale de Caen ont permis de mettre en évidence les restes d'une résidence fortifiée particulièrement intéressante par leur apport dans l'histoire de la construction. Le site se présentait comme un simple tertre de peu d'importance, entouré par des restes de fossés. Les fouilles ont révélé que ce site avait fait l'objet de deux campagnes de construction successives..." [persee.fr] [3] 

     

     LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)    LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)

     

    Plan de situation de la résidence seigneuriale de Rubercy ; blason des Wake par Jimmy44Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Jimmy44., CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3831671

     

    « Rubercy (Calvados), la résidence seigneuriale

     

    LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)     L'histoire du site de Rubercy semble devoir être rattachée à celle d'une famille de seigneurs normands, à l'époque des Plantagenêts. Elle met en scène des personnages dont les possessions s'étendent des deux côtés de la Manche et qui pour cela doivent prendre position dans les conflits qui opposent le roi d'Angleterre, duc de Normandie, au roi de France, à la fin du 12e s. Hugues Wac, le seigneur de Rubercy, est un fidèle de Ranulf, comte de Chester. Il a participé à ses côtés aux luttes entre Etienne de Blois et Mathilde l'Emperesse et a obtenu en récompense de ses services la main de l'héritière du comté de Bourne en Angleterre (région de Lincoln). Fortune faite, Hugues Wac apparaît dans des souscriptions de donations à de nombreuses abbayes anglaises et normandes. En 1168, il est le fondateur de l'abbaye de Longues (Calvados), fille de la Lucerne-d'Outremer. Ce seigneur d'un rang non négligeable possédait à Rubercy une résidence pourtant assez rustique, fouillée entre 1969 et 1977. Située au confluent de deux cours d'eau, il s'agissait d'une enceinte rectangulaire (25 x 18,5 cm) entourée d'un fossé. Les fouilles ont révélé dans cette enceinte, un premier état de l'occupation, constitué de bâtiments de bois. A la mort d'Hugues Wac (vers 1175-1176), la résidence est reconstruite en pierre. Elle comprend une grande demeure avec cuisine et salle à étage, et des bâtiments faisant fonction d'étable, d'écuries et un four, dans la basse-cour. Les aménagements défensifs semblent se limiter aux murs d'enceinte, au fossé et à un pont mobile.

         Le mobilier découvert lors des fouilles témoigne d'un niveau de vie aristocratique, qui reste à cette époque assez rudimentaire. Les fragments de décor sculpté de la résidence sont remarquables, et très semblables à ceux des édifices religieux de la même époque.

         Il y a tout lieu de supposer que la résidence fut abandonnée quand Baudoin, petit-fils d'Hugues Wac, pris le parti de Jean sans Terre en 1204 et perdit de ce fait ses biens en Normandie, confisqués par Philippe Auguste. » [4] 

     

    Photo ci-dessus de Rubercy (Calvados), maquette de la résidence seigneuriale ; Musée de Normandie, Caen http://www.mondes-normands.caen.fr/france/archeo/normandie/mdn/fouilles/rubercy/rubercyzoom.htm

     

         Pour découvrir les objets retrouvés au cours des fouilles à Rubercy voir ci-dessous, photos extraites de : http://www.mondes-normands.caen.fr/france/archeo/normandie/mdn/fouilles/rubercy/index.htm

     

    LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)LES REMPARTS DE RUBERCY (Calvados)

     

    Une résidence seigneuriale au 12e siècle : Rubercy

         « Des fouilles de sauvetage entreprises en 1969 à Rubercy par le Centre d'archéologie médiévale de Caen ont permis de mettre en évidence les restes d'une résidence fortifiée particulièrement intéressante par leur apport dans l'histoire de la construction. Le site se présentait comme un simple tertre de peu d'importance, entouré par des restes de fossés. Les fouilles ont révélé que ce site avait fait l'objet de deux campagnes de construction successives. Dans la première furent creusés les fossés, les déblais étant accumulés pour former le tertre ; celui-ci fut entouré d'une enceinte rectangulaire de 25 X 18 m 50, à l'intérieur de laquelle étaient sans doute, disposées des constructions de bois. Durant la seconde campagne, les bâtiments de bois furent remplacés par des édifices en pierre s'ordonnançant à l'intérieur de la petite enceinte autour d'une minuscule courette ; la cuisine et la grande salle ont pu être reconnues, ainsi que l'ancienne porte d'entrée et le dispositif attenant permettant la manœuvre du pont mobile. La portée de cette fouille prend toute son ampleur lorsque l'on en arrive au stade des datations. Les témoignages archéologiques et historiques ont en effet permis d'attribuer la construction de cet ensemble à la famille des Wac, seigneurs normands d'une certaine importance aussi bien en Normandie qu'en Angleterre, dans la seconde moitié du 12e siècle.

         La première campagne aurait été le fait de Hugues Wac vers 1150, en tant que simple résidence seigneuriale bâtie en période de calme politique ; quant à la deuxième campagne, elle peut être attribuée à Baudoin Wac, son fils, dans les années 1170. A cette époque, le château est rebâti en pierre, devenant une petite demeure à peine fortifiée, mais assez cossue, si l'on en juge par les témoins archéologiques (vestiges d'architecture, poteries, bijoux). Finalement, cette demeure, qui pourrait être confondue avec une maison paysanne, si ce n'était par son ampleur et ses quelques défenses, a été édifiée par des seigneurs d'un niveau social assez élevé et d'une confortable richesse ; contrairement à une opinion qui prévaut généralement, elle prouve que de telles maisons n'étaient pas uniquement le fait de modestes seigneurs locaux, mais aussi celui de certains seigneurs aisés, installés dans une vie paisible, « embourgeoisés » pourrait-on dire à la limite. Dans cette mesure, la fouille menée par C. Lorren fait donc apparaître un aspect peu connu de la construction seigneuriale au 12e siècle : celui du manoir familial, antithèse du château à motte trop souvent présenté comme le seul type d'édifices attribuables aux nobles élevés dans l'échelle féodale. » [5]

     

         « La famille Wac ou Wake est un lignage bas-normand au service des Plantagenêts. vble possédait des biens en Normandie, notamment à Rubercy (Calvados), et en Angleterre. (…)

         Il a été plausiblement suggéré qu'Hugues Wac, un vassal de Ranulph de Gernon, le comte de Chester, a été amené en Angleterre par ce dernier. Il devient un membre important de la noblesse du Lincolnshire par son mariage avec Emma, la fille de Baudouin FitzGilbert, lord de Bourne.

         Hugues obtient l'honneur de Bourne (dans le Lincolnshire) par sa femme, seule héritière de Baudouin FitzGilbert. L'honneur était composé de trois ensembles de seigneuries dans ce comté. Outre Rubercy, dont le site de leur habitat seigneurial a été méticuleusement fouillé, les Wac possédaient des biens à Négreville, Sainte-Mère-Église, Saint-Hilaire-Petitville, Catteville dans le Clos du Cotentin et dans l'île de Guernesey, mais surtout à Lion-sur-Mer, Saint-Gabriel, Tracy et Longues-sur-Mer.

         En 1168, Hugues Wac fonde l'abbaye de Longues (Calvados). Son petit-fils Baudouin Wac prend le parti de Jean sans Terre en 1204 et perdit par conséquent toutes ses possessions normandes.

         À partir du 13e siècle, les Wac (devenus Wake en Angleterre), obtiennent par héritage la baronnie de Liddel dans le Cumberland. La branche des barons de Liddel s'éteint en 1349, transmettant le fief aux Plantagenêts. Une branche cadette conserva la seigneurie de Blisworth jusqu'en 1523. » [6]

     

    A proximité, le moulin de Rubercy :

         « L'histoire du moulin est méconnue, mais des écrits font état de son fonctionnement en 1390. La ferme du moulin a été construite plus tard, vers 1500. (NdB)

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de la Statistique Monumentale du Calvados par A de Caumont tome 3, page 698.

    [3] Extrait de http://tourisme.aidewindows.net/rubercy.htm

    [4] Extrait de http://www.mondes-normands.caen.fr/france/archeo/normandie/mdn/fouilles/rubercy/index.htm

    [5] Extrait de Claude Lorren, Le château de Rubercy (Calvados). Étude de la demeure principale (c. 1150-1204), dans Archéologie médiévale, t. VII, 1977, p. 109-178, 31 ill. Jean Mesqui. Une résidence seigneuriale au 12e siècle : Rubercy [compte-rendu] Jean Mesqui : Bulletin Monumental Année 1977 135-4 p. 333 http://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1977_num_135_4_5637.pdf

    [6] Extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Wac 

     

     

     Ci-dessous " Mon village se raconte " Réalisation ADTLB :

     

     

    Bonnes pages :

     

    http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1977_num_135_4_5637

     

    Sur la famille Wac ou Wake :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Wac

    http://fmg.ac/Projects/MedLands/ENGLISHNOBILITYMEDIEVAL3T-Z.htm#_Toc433462066

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  • LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)

     

          Cet article est pour l'essentiel extrait de l'Histoire d'Echauffour par le général P. de Lesquen - Au Pays d'Argentelles – La Revue Culturelle de l'Orne Juillet – septembre 1979

     http://echauffour.chez.com/Histoire/lesquen.htm

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     « Le château fort au lieu-dit « Vieux Bourg » construit vers l'an 1000, par Helgon, après attribution du domaine par Richard II de Normandie et appartenant à la famille Giroie par mariage jusqu'au 14e siècle, est remplacé au 15e siècle, par une maison forte. Le logis (où résida le marquis de Sade) est remanié et agrandi au 18e siècle. La ferme du 18e est remaniée au 19e siècle. Chapelle du 15e siècle. » [1]

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)

     

    Plan de situation du château d'Echauffour ; blason des Giroie extrait de http://remparts-de-normandie.eklablog.com/les-remparts-de-montreuil-l-argille-eure-a132529976

     

    Historique

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     « L'histoire du Moyen Age est caractérisée par les luttes incessantes auxquelles se livraient non seulement les chefs d'État, mais aussi les seigneurs féodaux jaloux de leur autorité.

          C'est pour cette raison qu'alors les villes s'entourèrent de murailles, et que des châteaux forts furent édifiés dans les campagnes où les seigneurs assuraient leur sécurité et affirmaient leur autorité sur les populations voisines, heureuses éventuellement de trouver un abri à proximité, contre les exactions des seigneurs ou des pays voisins.

     

    Dessin ci-dessus extrait de ce même article.

     

         C'est bien ce qui se passa à Échauffour où les seigneurs du lieu, à partir du 11e siècle construisirent un château fort, l'entretinrent et l'améliorèrent jusqu'à la fin du 16e siècle tant qu'il conserva une valeur militaire. Aussi, pendant toute cette période, l'histoire d'Échauffour est elle plus étroitement liée à celle de son château et à celle des seigneurs qui y résidaient.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     Vers l'an mil, le duc de Normandie Richard II (966 1027) attribua la seigneurie d'Échauffour à un valeureux guerrier du nom d'Helgon. Cette seigneurie comprenait de vastes domaines s'étendant sur 14 parois­ses et jusqu'à Montreuil l'Argillé. Elle mettait ainsi de gros moyens à la disposition de son titulaire qui reçut du duc la mission de défendre les frontières du duché. C'est pour remplir cette mission qu'à l'origine fut entreprise la construction d'un château fort répondant aux conceptions militaires de l'époque.

     

    Blasons ci-dessus extraits de ce même article.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)

     

    A gauche, plan extrait du cadastre napoléonien de 1811, archives de l'Orne http://archives.orne.fr/ ; à droite, photo aérienne extraite du site Géoportail

     

    Les Giroie (11e - 13e siècles)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     Pour l'aider dans sa mission, Helgon distingua un autre vaillant chevalier issu d'une famille bretonne, nommé Guillaume Giroie, et lui offrit sa fille en mariage. La valeur de ce dernier lui parut telle que, bien qu'il eût deux fils, c'est à sa fille qu'il donna en dot ses fortes seigneuries d'Echauffour et de Montreuil l'Argillé.

         Mais Helgon et sa fille moururent avant que le mariage n'ait pu avoir lieu. Guillaume Giroie n'en resta pas moins en possession de ces seigneuries et il épousa par la suite Gislette de Bastemberg de Montfort­-sur Risle, dont il eut sept fils et quatre filles. Il déploya tout de suite une grande activité pour faire d'Échauffour une place importante et pour augmenter son rayonnement dans le pays. Comme il était très pieux, il fit construire sur ses biens une église à Echauffour qu'il dédia à l'apôtre saint André. Cette église, fortement remaniée au cours des âges, est encore de nos jours placée sous le vocable de saint André.

     

    Ci-dessus, blason des Giroie extrait de http://remparts-de-normandie.eklablog.com/les-remparts-de-montreuil-l-argille-eure-a132529976

     

         Parmi les enfants de Guillaume Giroie, quatre filles s'allièrent à des seigneurs distingués de la région, mais ses sept fils périrent dra­matiquement :

         - Ernault, l'aîné, mourut accidentellement en luttant avec un jeune homme de Montreuil l'Argillé.

         - Guillaume, le second, succéda à son père à Échauffour, mais après une vie aventureuse, mourut en Italie en 1056.

         - Foulque, le troisième, fût assassiné par son frère Robert.

         - Robert, le quatrième, seigneur de Saint Céneri, périt empoisonné par sa femme.

         - Raoul, le cinquième, dit « Male couronné », était fort curieux d'art médical. Il devint moine de Saint Évroult et « obtint à force de prière la maladie de la lèpre ».

         - Hugues, le sixième, fut tué accidentellement par un de ses écuyers alors qu'il s'exerçait au tir à l'arc à proximité du château sur l'empla­cement actuel du hameau de Saint Germain d'Échauffour. Avant de mourir, Hugues ordonna à son meurtrier involontaire de s'enfuir afin qu'il ne soit pas arrêté et puni. Plus tard, les siens firent construire l'église de Saint Germain d'Échauffour, en expiation et à la mémoire du disparu.

         - Le dernier Giroie, le septième, mourut fou après une expédition sacrilège sur les terres de l'évêque de Lisieux.

          Guillaume II Giroie qui succéda à son père à Échauffour était né en 1021. Il épousa Hiltrude de Beine, fille du seigneur qui à la même époque bâtissait le château voisin de L'Aigle (Au Pays d'Argentelles, 11, 4, avr. 1978, p, 103 106. ). De ce mariage naquit un fils, Ernault, mais, devenu veuf, Guillaume épousa en seconde noces Emma du Tanney, fille de Vauquelin du Tanney, en Cisai, qui lui donna un second fils prénommé également Guillaume. Guillaume II Giroie semble avoir été un seigneur ardent, remuant et aventurier. Etant également seigneur de Saint Céneri, il accepta à ce titre de rendre hommage et service militaire à Geoffroy de Mayenne et, de ce fait, il se trouva bientôt en antagonisme et même en lutte avec le duc de Normandie dont ses voisins Talvas de Bellème et leur gendre Mont­gommery étaient de fermes soutiens dans la région. En 1044, il se réconcilia avec Talvas de Bellème qui le convia même à ses noces à Alençon. Mais, après boire, Guillaume Giroie aurait tenu de tels propos que Talvas le fit saisir, le fit émasculer et essoriller ! Secouru par son frère Raoul, il se remit de ses blessures et laissant son fils Ernault à Echauffour et son frère Robert à Saint Céneri, il partit pour l'Italie. Il en revint en 1047 pour se faire moine à l'abbaye du Bec. Puis ayant donné par une charte à Richard, abbé de Saint Évroult, « les églises de Saint André d'Échauffour avec les quatre chapelles de Notre Dame, de Saint Laurent, de Saint Martin, de Saint Germain et des dîmes qui en dépendaient, plus la dîme de toute la prévôté et 20 sous monnaie courante, la dîme de toute la forêt, etc... ». Il donna également à Herlin, les ruines de l'abbaye de Saint Evroult ; il la rebâtit de ses deniers et s'y retira comme simple religieux, mais demanda par la suite à son père abbé de retourner en Italie où il devint porte étendard de Saint Pierre et mourut en 1056.

         Ernault, le fils de Guillaume II Giroie, que son père avait installé à Échauffour en 1047, paraît avoir été aussi ardent, aussi remuant et aussi aventurier que son père. Il épousa ses inimitiés et ses rancunes et reprit les intrigues et la lutte sournoise que menait son père contre le nouveau duc de Normandie Guillaume le Bâtard et contre son lieu­tenant Montgommery, l'époux de Mabile de Bellême. Cette lutte prit un caractère violent en 1059, mais Ernault fut défait ; son domaine d'Échauffour lui fut confisqué et attribué aux Montgommery. » [2]

     

         « Ernault Giroye, seigneur d'Echauffour et autres lieux, qui avait trouvé un asile chez son proche parent Giroye, sire de Courville, et chez les autres parens et amis qu'il avait dans le Perche, faisait souvent des incursions sur ses domaines séquestrés, lorsque l'absence des troupes normandes lui en fournissait l'occasion. Pendant trois années entières, il exerça de dures représailles dans les environs d'Echauffour et les contrées voisines, d'où il ne revenait jamais sans être chargé d'un ample butin, et sans avoir fait un bon nombre de prisonniers. Un jour entr'autres, cet intrépide chevalier, escorté de quatre cavaliers seulement, s'empara du château d'Echauffour, en poussant des hurlements affreux. La garnison du château, composée de soixante hommes, fut tellement effrayée par ce stratagème, qu'elle prit aussitôt la fuite et abandonna la place, pour se soustraire au ressentiment d'Ernault, qu'elle croyait suivi d'un corps de troupes nombreuses. Celui-ci en possession de son château, le livra aussitôt aux flammes, pour le mettre hors d'état de servir à l'ennemi; après avoir également brûlé le bourg de Saint-Evroult, il partit pour la Pouille. De retour au Perche, après quelques années de séjour en Italie, il employa le crédit de ses nombreux amis pour obtenir sa grâce de Guillaume le Conquérant, alors roi d'Angleterre et duc de Normandie. Touché de ses malheurs, charmé de sa bravoure, et convaincu d'ailleurs de l'injustice de sa disgrâce, ce prince se montra accessible à toutes les demandes qu'on lui fit, et rendit ses bonnes grâces au proscrit, avec promesse de lui rendre sous peu, tous ses anciens domaines. 

         Mabile, informée que Giroye, pour se rendre à Courville, devait passer par Echauffour, suborna quelques uns de ses vassaux, qui, séduits par ses promesses, s'engagèrent à empoisonner le malheureux Ernault, en l'invitant à un festin dans lequel on lui ferait prendre un breuvage vénéneux. Averti à temps par un ami, Giroye évita le piège, en refusant l'invitation des odieux satellites de sa mortelle ennemie ; il ne voulut pas même mettre pied à terre. Ces hommes vendus à l'iniquité, voyant leur criminelle manœuvre complètement déjouée, insistèrent auprès d'Ernault pour qu'il acceptât au moins, tout étant à cheval, un simple rafraîchissement; leurs instances, comme on le pense bien, furent méprisées du noble chevalier, qui ne daigna pas même leur répondre un seul mot. Gilbert de Montgommery, beau-frère de Mabile, qui revenait avec Giroye de la cour du duc, et l'accompagnait dans son voyage du Perche, accepta la coupe remplie de vin, et avala tout d'un trait la liqueur mortelle, sans descendre de cheval ; l'ayant remise aux mains du criminel vassal, qui ignorait sans doute la victime qu'il venait d'immoler, les preux chevaliers continuèrent leur route. Les progrès du poison furent d'abord peu sensibles, mais étant arrivé à Regmalard, l'infortuné Gilbert expira dans des convulsions horribles, au milieu de ses compagnons de voyage et de ses amis consternés. Ainsi périt, au printemps de ses années, le vaillant Gilbert, frère unique de Roger de Montgommery, par la scélératesse de son odieuse belle-sœur. Mabile, à la nouvelle d'un résultat si contraire à son attente, devint furieuse ; la rage du désespoir et la soif d'une horrible vengeance débordent dans son cœur inaccessible aux impressions du remords ; n'importe à quel prix, il lui faut sa victime. La tombe était à peine fermée sur la dépouille mortelle du malheureux Gilbert, que la furibonde Mabile méditait de nouveaux attentats, et dressait de nouvelles batteries. Infatigable à poursuivre sa proie, elle parvint à force d'argent et de promesses, à séduire l'écuyer d'Ernault, nommé Roger Goulafre, le misérable, entraîné par les mille artifices de la nouvelle Sagana, consentit à tout, et promit d'exécuter ponctuellement l'horrible mission dont on le chargerait. Après s'être ainsi assurée de l'entier dévouement de ce vil instrument de sa scélératesse, Mabile lui remit aux mains les nouveaux breuvages qu'elle avait elle-même préparés. Arrivé à Courville où séjournait son maitre, Goulafre, dans l'exercice de sa charge, présenta à Ernault ainsi qu'à Giroye, seigneur du lieu, et à Guillaume Gouet, sire de Montmirail, qui étaient à table, le breuvage empoisonné ; ces deux derniers seigneurs, sentant les premières atteintes du poison, se firent aussitôt porter dans leur maison, et grâces à la promptitude et à l'efficacité des remèdes, qu'on leur administra dans leurs familles, ils échappèrent à la mort ; mais l'infortuné Ernault qui, sans toit et sans patrie, ne put trouver dans la tendresse d'une épouse et l'affection d'une famille, les secours empressés que réclamait sa position, expira après quelques jours d'inexprimables souffrances, en proie aux violentes tortures occasionnées par le poison, qui lui rongeait les entrailles. » [3]

    « ...après avoir revêtu le jour même l'habit monacal de Saint Evroult.

         Ernault avait épousé Emma, fille de Turstin Halduc, dont il eut deux fils. L'aîné, Guillaume, devint écuyer du roi de France Philippe Ier, puis gagna l'Italie où il devint un grand seigneur. Le cadet, Raynald, devint moine de Saint Évroult et fut un brillant professeur de littérature et de musique.

         Les Montgommery restèrent à Échauffour jusqu'en 1118, mais cette année là le château fut assiégé et incendié par les Manceaux conduits par Robert II, fils de Robert de Saint Céneri et petit-fils de Guillaume II Giroie qui revendiquait son domaine familial. La paix revenue, le roi de France, Henri Ier fit rendre Echauffour en 1119 à Robert Giroie qui avait épousé Adélaïde, cousine du duc Guillaume le Conquérant.

         Robert II Giroie mourut en 1124, et son fils Robert Ill lui succéda. Ce dernier semble avoir toujours respecté le lien féodal qui l'unissait à son cousin le roi Henri Ier, et mit à la disposition de celui-ci son château et ses forces. » [2]

     

         « Au mois de juin 1138, Simon le Roux, fils de Baudouin, entra dans le château d’Echaufour avec la permission de Robert, fils de Giroie, et ayant réuni une troupe de satellites, il se mit à ravager les terres de Robert, comte de Leicester, dans l’évêché d’Evreux. Le Roux était un chevalier entreprenant, hardi, prompt de la main, libéral envers ses compagnons d’armes, infatigable dans les plus rudes exercices et par conséquent téméraire dans les entreprises difficiles et cruelles. Dès qu’il eut commencé à ravager le pays, son frère Ribould, vint partager ses crimes et le reçut dans la forteresse que l’on appelle le Pont Echeufrey. » [4]

     

         « Après Robert III Giroie, Échauffour passa à son frère puiné Guillaume qui le transmit ensuite en héritage à son fils Gervais. Ce dernier vivait encore en 1219 mais mourut peu après et sa veuve, remariée à Guy de Lucy, renonça en 1228, en faveur des religieux de Saint Évroult, à tout ce qu'elle pouvait prétendre sur les bois d'Échauffour.

         Échauffour revint ensuite à Jean de Saint Céneri. dont on sait peu de chose sinon que sa fille Agnès était en 1290 l'épouse de Robert de Thibouville. Le domaine d'Echauffour comprenait alors une grande éten­due de l'actuelle forêt de Saint Evroult dont l'exploitation par les moines devait donner lieu à bien des différents entre les propriétaires et les exploitants, si on en juge par une sentence rendue en 1293 par le vicomte de Pont Audemer, sur plainte de Jean, seigneur de Saint­-Céneri, et de Robert de Thibouville, son gendre, « notamment sur ce que le feu de la fosse charbonnière, les dits religieux par la mégarde d'eux ou de leurs gens, avaient fait dommage aux bois dudit Jean et sur ce que les dits religieux contrevenants à tort aux droits forestiers de la forêt d'Échauffour, par laquelle ceux ci sont moniteurs dans leur droiture, mais condamnés à prêter serment de féauté aux religieux qui sont maintenus dans la possession de ce qu'ils avaient acquis dans les fiefs d'Échauffour et de Montreuil, à la charge de payer 150 livres à Jean de Saint Céneri et à Robert de Thibouville ».

         Il semble bien que pendant tout le Moyen Age l'importance de la forteresse d'Echauffour assurant une sécurité relative à ses habitants ait permis un bon développement économique de la localité, malgré les querelles et les luttes entre les grands féodaux de l'époque. Ce qui est certain, c'est qu'en 1271 Echauffour reçut le titre de ville et ses habitants turent qualifiés de « bourgeois ». En 1308, ils désignèrent deux représentants aux États Généraux dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : Jouen Desart et Ginfray Roussel.

         Cette suprématie d'Échauffour sur toutes les paroisses avoisinantes durera jusqu'au 19e siècle, et à cette époque Échauffour était encore la commune la plus habitée du canton.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)

     

    Les Harcourt (14e siècle   début du 16e)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     On ignore dans quelles conditions Jean de Saint Céneri et son gendre Robert de Thibouville quittèrent Échauffour dans les dernières années du 13e siècle, mais on sait qu'en 1301 la seigneurie d'Echauffour appartenait à Robert II d'Harcourt, seigneur de Beaumesnil, et que cette année, là il donnait avec sa femme Anne de Villequier confirmation de tout ce qu'ils possédaient dans les fiefs d'Échauffour et de Montreuil.

         En ce début du 14e siècle, le château d'Échauffour était devenu un château important et son seigneur jouait un rôle très en vue en Normandie; c'est pourquoi il avait été érigé en baronnie et son seigneur, Robert II d'Harcourt, tenait séance à l'échiquier de Normandie. Il portait sur son écu : de gueules à deux fasces d'or (armes des d'Harcourt).

     

    Ci-dessus blason des Harcourt par User : Spedona Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2697928

     

         Depuis le milieu du 14e siècle jusqu'au milieu du 15e eut lieu la guerre de Cent ans qui fut une longue lutte entre les troupes fidèles au roi de France et celles du roi d'Angleterre auxquelles s'était allié Charles le Mauvais, roi de Navarre. Dès le début, les Anglais avaient occupé le duché de Normandie et tenaient le pays, appuyés sur les châteaux forts parmi lesquels celui d'Echauffour n'était pas des moindres. La guerre faisait rage entre les deux partis et de 1356 à 1364 le château d'Échauffour fut pris, perdu et repris à plusieurs reprises.

         Une pièce du chartrier de Saint Evroult mentionne qu'un officier anglais de la place d'Échauffour du nom de Jacques Féron donna le 17 janvier 1364 quittance à Jean de Beaumont de la somme de 60 francs d'or « et de trois pourpoints de camocas (tissu du genre drap en soie) au prix de quarante-deux louis d'or lesquels pourpoings et la dicte somme d'or, le dit Beaumont devait a à dit Anglais pour Monsieur Robert Perez, chevalier, comme le dit Beaumont disait et le dit Englays. Et avecque ce le dit Englays congnut et confessa avoir eu et reçu du dit Beaumont 10 francs d'or et une selle pour le dédommager du deffaut de paiement des dites choses non païées au dit Englays au terme ou le dit Beaumont au nom du dit chevalier luy avait promis de païer ».

          Deux jours plus tard, Pierre de Cointrel, vicomte du Perche, autorisait Jean de Beaumont à faire vendre l'héritage de Pérez pour se rembourser de ce qu'il avait versé à Féron.

         La Chronique Normande du 14e siècle mentionne que vers le milieu de 1364 le sire de la Ferté, maréchal de Normandie, accompagné du sire de Tournebut et de Guillaume du Merle, vinrent mettre le siège devant Échauffour. Bertrand du Guesclin, accourant de Valognes, vint leur prêter main forte et, après un siège de 42 jours, « fut la forteresse rendue par si que ceulx de dedans s'en alèrent, sauves leurs vie et biens ».

         La chronique des quatre premiers Valois relate ce siège de la place forte d'Échauffour en 1364 en ces termes :

            « Plusieurs Barons de Normandie, c'est à sçavoir Guillaume du Merle, etc…, allèrent mettre le siège devant Échauffour, le plus fort chastel que les Anglais avaient en Normandie ny en France, hors les chasteaux roïaulx que tenait en Normandie le roi de Navarre. Cestuy fort d'Echauffour ne pouvait être pris par assault. Et pour Monseigneur du Merle Guillaume qui moult était sage homme d'armes fit et establit une myne et fit venir mineurs du païs de La Ferté et de L'Aigle. Lors commencèrent fort à miner. Les Anglais aperçurent la myne et firent contreminer. Et advint aussi que les deux mynes s'encontrèrent. Les Anglais et les Normans, comme les mynes furent ouvertes, eurent bien souvent de dures batailles et donc par le conseil du dit Monseigneur du Merle on refit une contre myne. Alors avait ung Englais à Echauffour qui avait esté clerc et escollier, lequel avait nom Hoclequin Lucas. Cestui Anglais fit traicté aux Normans qu'il se rendait à eux, et leur rendit le fort d'Échauffour ».

          Le souvenir du passage de du Guesclin venant faire ce siège est resté très vivace à Échauffour. En effet, une maison du vieil Echauffour, proche du château, datant du 14e siècle, qui fut une belle maison, malheureusement aujourd'hui très détériorée, est encore appelée « la Maison de Du Guesclin ».

         Echauffour ainsi libéré des Anglais, les Harcourt purent recouvrer leur baronnie et, en 1396, Robert d'Harcourt était en mesure de jouir de toutes ses prérogatives de seigneur d'Échauffour.

         Mais, au début du 15e, siècle, les combats entre les troupes fidèles au roi de France et celles fidèles au roi d'Angleterre reprirent avec plus de violence. Robert d'Harcourt répondant à l'appel de son suzerain, le roi de France, partit mettre ses forces à la disposition de ce dernier. Malheureusement, le désastre d'Azincourt, en 1415, où Robert d'Harcourt fut tué, permit aux Anglais d'occuper toute la Normandie et la place forte d'Échauffour retomba une fois de plus entre leurs mains.

         En 1417, le Roi d'Angleterre attribuait le domaine d'Échauffour à un fameux chevalier du nom de Glasdal, puis peu après, le 12 avril de cette même année, il le concédait à John Green, « à la suite de la confiscation sur Robert d'Harcourt expatrié et décédé ». Mais le 26 avril suivant, le roi attribuait à nouveau Échauffour à John Newton. Mais l'enregistrement des lettres patentes d'attribution à John Green ayant été établi, celui-ci considéra que John Newton lui devait une indemnité. Le Roi attribua alors à ce dernier la somme de 200 saluts d'or pour obtenir son entier désistement.

          A cette époque, le roi d'Angleterre entendait affirmer sa domination sur tout notre pays et, en 1420, le désastreux traité de Troyes soulignait l'effondrement de l'autorité du roi de France. Malgré tout, en Normandie, ses partisans tentèrent d'intervenir, mais ils furent écrasés à Verneuil, en 1424.

         Le pays était alors soumis à l'occupation des troupes anglaises et déjà, à ce moment, dans les campagnes, cette occupation était mal supportée. C'est une des raisons du sursaut de patriotisme de cette époque dont Jeanne d'Arc fut l'héroïne. A Échauffour même les paysans ne restèrent pas inactifs et au printemps de 1424 ils livraient combat à Planches à une troupe anglaise. Ils n'eurent pas le dessus et durent se retirer avec des pertes en tués et en prisonniers. Ils tombèrent peu après entre les mains des Anglais, de la garnison de L'Aigle. Ceux-ci, poussant jusqu'à Échauffour, pillèrent la localité et emmenèrent pri­sonnier le curé, l'abbé Thibault Le Prévost. Ce dernier ne fut libéré qu'en février 1425 sur intervention du roi de France.

     

    Les Le Gris (16e 17e siècles)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     L'occupation anglaise d'Échauffour se prolongea jusqu'en 1449 et après leur défaite en 1453 à Castillon, près de Bordeaux, les Anglais se retirèrent de France, n'y conservant que Calais.

         Lorsque la Seigneurie d'Échauffour fut enfin libérée, elle se trouva sans titulaire car Robert d'Harcourt, baron d'Échauffour, avait été tué à Azincourt, en 1415, sans être marié et sans laisser d'héritier.

     

    Ci-dessus, blason des Le Gris extrait de https://www.tudchentil.org/spip.php?article1143

     

          Aussi, par lettre patente du 5 juillet 1461, le roi de France Charles VII attribuait, la seigneurie d'Echauffour à un preux chevalier, Jean Le Gris, dont l'écu portait : de gueules à la face d'or.

         Par ces lettres patentes, le roi accordait « le bénéfice du relief d'appel à Jean Le Gris, écuyer baron d'Échauffour, sur clameur intentée par le duc d'Harcourt à Hue de Veufville, chevalier, son héritier, mort à Azincourt, au temps duquel trépas, le dit suppliant était âgé de huit ans environ, et pour ce que Pierre Le Gris en son vivant chevalier et père du dit suppliant incontinent et assez tost après la desserte de mes dizs ennemis, se parti du dit païs de Normandie et abandonna tous ses biens avec le dit suppliant se « parti et demeure toujours en notre obéissance où il nous a toujours servi en nos guerres comme notre vray et loyal sujet.

          Le dit Pierre Le Gris trépassa semblablement depuis à la bataille de Verneuil. Et à cette cause que le dit suppliant qui tout à l'occasion « de ce qu'il a esté mineur d'ans et que le dit pais d'Echauffour par le fait des guerres a été longtemps inhabité ».

         En 1456, Jean Le Gris avait fait une transaction avec les moines de l'abbaye de Saint Évroult au sujet de la gestion de ses domaines.

         Un aveu rendu en 1491 au duc d'Alençon nous renseigne sur la grande importance de l'autorité du baron d'Echauffour à la fin du 15e siècle. Ses domaines s'étendaient alors sur Heugon, Le Sap André, Saint­-Nicolas des Lettiers, Monnay, Planches, Saint Pierre des Loges, etc… et bien sûr aussi sur Saint Germain et Saint André d'Échauffour. Tous ces domaines donnaient lieu à redevances payables le jour de la Saint Jean-­Baptiste. Les domaines où il y avait château, manoir, haut fourneau, prévôté, moyenne et basse justice étaient astreints à une rente de 33 livres 6 sols 8 deniers envers le duc d'Alençon.

         Pendant tout le 16e siècle, les Le Gris se succédèrent à la tête de la baronnie d'Echauffour. A Jacques Le Gris succéda son fils Pierre qui épousa en 1545 Jeanne de Thieuville, dame de Tallevart Sainte Croix et Montfiquet, puis la baronnie revint à Félix Le Gris qui n'eut pas de descendant mâle, mais une fille, Adrienne, qui fut l'héritière d'Échauffour.

         En 1585, se formait la ligue qui sous l'autorité du duc de Guise groupant les catholiques intransigeants s'opposant aux protestants dont l'animateur était Henri de Navarre, le futur Henri IV. Il y eut alors une véritable guerre de religion qui eut ses répercussions en Normandie.

          En particulier, le baron d'Echauffour avait épousé la cause de la ligue et eut de ce fait son château assiégé à plusieurs reprises.

         De plus, les paysans de la région, excédés par les pillages et les destructions des gens de guerre, se soulevèrent pour défendre leurs libertés et ce fut alors une véritable Jacquerie. Finalement, après la bataille d'Ivry (14 mars 1590), la ligue fut définitivement vaincue par Henri IV, et Félix Le Gris, baron d'Échauffour, dut se soumettre au roi de France. Désormais, le château d'Echauffour ne devait plus jouer aucun rôle dans une opération militaire.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)

     

    Les Érard (17e siècle)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)      Le 21 novembre 1585, Adrienne Le Gris qui était la fille unique de Félix Le Gris et héritière d'Echauffour épousait Gaspard Érard, seigneur de Cisai. Un ancêtre était venu en 987 avec une armée de Danois au secours de Richard Ier, duc de Normandie, puis au 15e siècle cette famille s'était établie en Lorraine, dans le Barrois, dans l'Est de la France (région de Bar le Duc). Un aïeul de Gaspard Érard avait été mis page chez un prince voisin mais, querelleur, il s'était disputé avec un autre page et l'avait tué. S'étant alors enfui, il s'était réfugié à Alençon où il s'était marié, avait fait ainsi souche en Normandie d'une autre branche de sa famille.

     

    Ci-dessus, blason des Erard extrait https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=16334

     

         Ce Gaspard, qui devint baron d'Échauffour après la mort de son beau-père Félix Le Gris, semble avoir été un seigneur batailleur, turbulent et souvent pillard. En août 1604, il aurait tué en duel son cousin et voisin Robert Le Conte, seigneur de Poment et de Saint Aubin. Après 1610, Henri IV ayant été assassiné par Ravaillac, le pouvoir central devint précaire entre les mains de la régente, Marie de Médicis, et c'est alors que Gaspard Érard se distingua par des actes de brigandage contre les seigneurs voisins et aussi contre les populations. » [2]

     

         « Le baron d’Echauffour et ses consorts, tous coupables de vols, de fausse monnaie, d’assassinats, enfermés dans le château de Cisay, bravaient le Parlement qui, à la fin, obtint qu’on fit sortir le canon ; en sorte que ce grand coupable fut arrêté, mené à Rouen, et dut répondre d’une longue vie employée à mal faire (Reg.secr. 28 janvier 1614)
    (Floquet Parlement IV p.439) » [4]

     

         « Mais lorsque Richelieu devint premier ministre en 1624, il s'employa à mettre bon ordre à toutes ces exactions. Il châtia les seigneurs et ordonna la destruction des forteresses qui leur servaient de repaire. Une tradition veut que Gaspard Érard ait été décapité par arrêt de justice. Quant à la forteresse d'Échauffour, une ordonnance royale de juillet 1626 en prescrit le démantèlement.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne) C'est vraisemblablement le fils de Gaspard Érard qui s'appelait également Gaspard qui obtint lors de la démolition de la forteresse de conserver une tour qui fut écrêtée et les murs qui forment le château actuel. Pour en faire disparaître le caractère militaire, il fit percer de grandes fenêtres à espacements réguliers sur les façades et les pignons. Du reste, de la forteresse, il ne subsiste plus aujourd'hui que des éléments de fossés et de nombreux et importants affleurements de fondations qui soulignent encore toute l'importance de l'ensemble.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)      Ce deuxième Gaspard fut un personnage plus soucieux que son père de ses devoirs et de ses responsabilités. Non seulement, il s'appliqua à relever et à conserver ce qui était possible de l'ancien château qui formait un véritable centre de la région depuis six cents ans mais désireux de conserver le prestige et les traditions des anciens seigneurs d'Échauffour, il sollicita, ainsi que sa mère le lui avait demandé par testament, de joindre à son nom d'Érard le nom de Le Gris que portait sa mère dont les ancêtres s'étaient distingués depuis deux siècles à Échauffour. Le roi de France lui donna satisfaction et par lettres patentes datées de 1645 il était autorisé à unir les noms d'Érard et Le Gris dans sa personne et celles de ses descendants.

         En outre, ce Gaspard Érard Le Gris sut si bien se faire remarquer du pouvoir royal, et aussi donner de l'importance et du rayonnement à. sa Seigneurie, qu'en 1648 de nouvelles lettres patentes érigeaient en marquisat les baronnies de Montreuil et d'Échauffour qui relevaient en plein fief du duché d'Alençon et qui depuis plus de six cents ans avaient été décorées de ce titre de baronnie.

           Gaspard Érard Le Gris avait épousé en 1628 Louise du Merle, fille de Jean du Merle, seigneur de Blancbuisson, et de Jeanne d'Orbec. Devenu veuf en 1674, il épousa en secondes noces, en 1680, Marie Le Prévost, veuve de Pomponne du Buat, seigneur de Reville, dont elle avait eu 9 enfants.

          De son premier mariage, il eut un fils qu'il prénomma encore Gaspard, ce dernier épousa en 1680, Anne Dorothée du Buat, fille de Pomponne du Buat et de Marie Le Prévost, la seconde femme de son père.

         Ce dernier, Gaspard Érard Le Gris, mourut en 1684, avant son père, laissant après lui une fille unique, Anne Dorothée. Il serait celui dont la pierre tombale se trouve dans l'église Saint André d'Échauffour et qui porte écrit : « Ci gît Messire Érard Le Gris, chevalier, seigneur, comte de Cizay, âgé de 29, fils de haut et puissant seigneur Érard Le Gris, chevalier, seigneur, marquis de Montreuil, Échauffour et autres lieux ».

     

    Les Roncherolles de Pont Saint Pierre (18e siècle)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     Anne Dorothée Érard Le Gris épousa le 17 août 1706 Michel de Roncherolles, marquis de Pont Saint Pierre (1669 1754), fils de Charles et Catherine Le Veneur de Tillières, premier baron de Normandie, conseiller d'honneur au parlement de Normandie, comte de Gacé, baron d'Écouis, du Plessis et Marigny. Son écu portait d'argent à 2 fasces de gueules.

         Il semble bien que ce Michel de Roncherolles de Pont Saint Pierre, qui jouissait d'une situation très importante en Normandie et qui disposait déjà pour lui d'autres grandes demeures, ait porté peu d'in­térêt au château d'Échauffour dont le lustre ancien avait été quelque peu terni par les démolitions du siècle précédent.

     

    Blason des Roncherolles de Pont Saint Pierre par Tretinville — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16406895

     

    Ce dernier eut au moins deux fils qui, ayant des situations importantes ailleurs et disposant aussi d'autres seigneuries, ne  portèrent pas plus d'intérêt que leur père à leur domaine d'Échauffour.

    Aussi, en 1740, ils mirent en vente leurs seigneuries d'Échauffour et de Montreuil ainsi que tous les domaines qui en dépendaient.

         Si en ce milieu du 18e siècle, le rayonnement du château d'Echauf­four était quelque peu terni, les habitants de la localité avaient cependant encore conscience d'habiter une cité florissante qui leur avait valu quelques siècles auparavant d'être qualifiés de « bourgeois ». Un petit fait permet de souligner cet état d'esprit.

         En 1738, les autorités régionales demandèrent aux habitants d'Echauf­four les corvées nécessaires pour l'exécution et l'entretien des routes comme il était d'usage à l'époque. Ceux-ci refusèrent comme indigne d'eux l'exécution de telles « corvées ». Ils s'attirèrent alors une sanction qui était usuelle en pareil cas et qui consistait en l'établissement d'une « garnison » de soldats à la charge des habitants.

         Cette garnison ne fut que provisoire car pour y échapper on trouva vite à Échauffour les 180 hommes demandés pour faire les travaux de route !…

     

    Les Montreuil et les Sade (1740 1844)

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     Les seigneuries d'Échauffour et de Montreuil, mises en vente en 1740, furent achetées par Claude René Cordier de Launay, qui prit par la. suite le titre de marquis de Montreuil. Il était d'une famille de noblesse de robe dont l'écu portait d'azur au chevron d'or accompagne de trois croissants d'argent. Il tenait lui-même une situation importante à Paris où il était magistrat et devint président de la cour des Aides au Parlement de Paris en 1743. Il avait épousé Marie Madeleine Masson de Plissay qui était une femme dynamique, tenant son rang avec distinction.

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Montreuil par Gilloudifs.

     

         Elle fut jusqu'à sa mort, en 1798, la grande dame d'Échauffour et avait su se concilier l'affection et l'attachement des habitants, ce qui lui permit, malgré son rang, de ne pas être inquiétée sur place pendant les années agitées de la Révolution de 1789.

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     La fille aînée du marquis de Montreuil, Renée Pélagie, épousa en 1763 Donatien François de Sade, capitaine de cavalerie, qui devait devenir le trop célèbre marquis de Sade. Les écarts de conduite de ce dernier déplaisaient souverainement à son énergique belle-mère qui ne manquait aucune occasion de le rappeler à l'ordre et qui usait, le cas échéant, de ses hautes relations pour le faire sanctionner. Il ne vint à Échauffour qu'au moment de son mariage et une seconde fois, en 1764, mais par la suite il se garda bien d'y reparaître.

     

    Blason de la famille de Sade Par User:Spedona (13/08/2007)Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona (13/08/2007)., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2571180

     

         Séparé de corps de sa femme en 1790, il ne sera plus question de lui à Echauffour. Il mourra en 1814 à l'asile de Charenton où Napoléon l'avait fait interner. » [2]

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     « En 1763, à la suite d'un premier scandale, l'affaire Jeanne Testard, le marquis de Sade (ci-contre) est assigné à résidence pendant quatre mois au château d'Échauffour, propriété de son beau-père, Claude-René de Montreuil, président à la cour des aides de Paris. La marquise de Sade, Renée-Pélagie de Montreuil, après sa séparation avec le marquis en 1790, résidera au château avec sa fille la plus grande partie de l'année jusqu'à sa mort en 1810. On peut lire encore aujourd'hui leurs noms gravés sur la pierre tombale, dans le petit cimetière du village. » [1]

     

    LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     « Madame de Sade eut trois enfants, l'aîné, Louis Marie, né en 1767, fut le soutien de sa mère pendant les heures difficiles de la Révolution. Il fut officier dans les armées de Napoléon et périt en 1808, assassiné par des bandits sur la route en allant rejoindre son unité en Italie.

         Madame de Sade mourut en 1810 et fut inhumée à Échauffour, sa fille Madeleine Laure qui ne se maria pas habita après elle le château où elle mourut en 1844 et fut enterrée auprès de sa mère.

     

    Ci-dessus, une photo extraite d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

     LES REMPARTS D'ECHAUFFOUR (Orne)     Après le décès de Madeleine Laure de Sade, le château d'Echauffour passa à sa nièce Laure de Sade qui avait épousé le baron de Mesnil­-Durand. Ceux-ci retenus sur leur terre de Mesnil Durand, près de Lisieux, n'y habitèrent pratiquement pas. Après eux, le château passa à leur petite-fille Magdeleine de Mesnil-Durand qui avait épousé Emmanuel de Gibert en 1898. Elle-même y mourut le 21 septembre 1956, léguant sa propriété au général Pierre de Lesquen qui l'habite aujourd'hui.

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Lesquen par Mipast — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56215939 

     

          Les Sade furent à de nombreuses reprises les bienfaiteurs de l'église Saint André d'Échauffour, aussi leurs armoiries figurent elles en plusieurs endroits des murs et des vitraux. » [2]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de l'Histoire d'Echauffour par le général P. de Lesquen - Au Pays d'Argentelles – La Revue Culturelle de l'Orne ; Juillet – septembre 1979 ; http://echauffour.chez.com/Histoire/lesquen.htm

    [3] Extrait des Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur l'histoire civile, religieuse, monumentale, politique et littéraire de l'ancienne province du Perche, et pays limitrophes, Volume 1 par L. Joseph Fret ; Glaçon, 1838 https://books.google.fr/books?id=teEDAAAAYAAJ&dq=ch%C3%A2teau+d%27Echauffour&hl=fr&output=text&source=gbs_navlinks_s

    [4] Extrait d'Ordéric Vital Livre XIII – traduction Guizot Tome IV p.508 http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=7568

     

    Bonnes pages :

     

    O http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Giroie-Echauffour.pdf

    O https://www.persee.fr/doc/annor_0570-1600_1985_hos_17_1_6664

    O http://histoiresetlegendesnormandes.unblog.fr/2016/12/22/le-fameux-marquis-de-sade/

    O https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Sade_-_L%E2%80%99%C5%92uvre,_%C3%A9d._Apollinaire,_1909.djvu/15

    O http://www.laconfreriedesfinsgoustiers.org/article-deux-chateaux-deux-familles-97809129.html

    O http://remue.net/spip.php?article5999

    O http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=7568

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