• LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)

     

         " Guerville est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime en Normandie. (...)

         Le nom de la localité est attesté sous la forme Guerrevilla au 12e siècle. (...) Église Saint-Gilles, construite sur le site de l'ancienne du 12e siècle qui a brûlé en 1803. " [1]

     

    Guerville :

          " Période normande. — Il existe à Guerville les restes d’un château-fort.
    L'abbé Decorde, « Essai historique et archéologique sur le canton de Blangy, » p. 143. " [4] 

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)     Lorsqu'on parcourt une ville ou un village dont le parcellaire a été conservé, on s'interroge parfois sur l'organisation du réseau des rues et on observe que celui-ci est l'héritier d'un plan radio-concentrique c'est-à-dire lorsque des quartiers s'organisent à partir en cercles concentriques, depuis un centre-ville à la périphérie. " Ce type de plan a connu un grand succès au Moyen Âge. On le définit habituellement par une enceinte ronde, moins coûteuse à construire et plus courte, donc économisant le nombre des défenseurs, et par la subordination des rues principales à un centre où se trouvent le ou les éléments générateurs de la ville, à savoir une église, une forteresse, un monastère ou tout simplement une place de marché." (Wikipédia) Souvent toutes traces des défenses médiévales ont disparu. Ne subsiste que le réseau de communications et le parcellaire ancien révélé par le cadastre. Tel est, sans aucun doute, le cas de Guerville en Seine-Maritime. [NdB] 

     

    Ci-dessus, cadastre actuel de Guerville extrait du site de Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)

     

    Plan de situation de la haute cour de la basse-cour et du bourg castral de Guerville ; blason de la famille de Monchaux https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=11333

     

         " ... Une dégradation accrue, un comblement souvent accéléré des fossés ainsi qu’un parcellaire plus dense rendent souvent des sites remodelés et partiellement effacés. La compilation d’informations diverses est souvent requise pour saisir les formes générales d’un site, notamment dans les zones où le relevé topographique serait fastidieux et souvent inutile.

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)     À Guerville (76), une plateforme circulaire de 80 m de diamètre, et surplombant de 2 à 4 m le relief environnant, est largement érodée vers le nord, au contact du village (voir ci-contre). Au nord-est, un fort talus témoigne d’une importante extension dont les formes sont perceptibles par la lecture du parcellaire : deux enclos alignés et tangents à l’enceinte principale donnent une extension de 450 m à l’ensemble. Ce que l’on peut interpréter comme une haute cour, une basse-cour, puis un bourg castral. " [2]

     

    Ci-dessus : Guerville, relevé de la fortification. Cadastre de 1823 et hypothèses sur le cadastre médiéval (Bruno Lepeuple). " Les fortifications de terre médiévales de Haute-Normandie. Méthodes et premier bilan du PCR 2004-2008 Mediaeval earth fortifications in Upper Normandy: Methods and first report of PCR 2004-2008 Anne-Marie Flambard Héricher, Gilles Deshayes, Daniel Étienne, Thomas Guérin, Bruno Lepeuple, Jimmy Mouchard et Aude Painchault - p. 225-228

     

    " Le Vieux Château

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)     Le village de Guerville est établi à l'ouest du plateau séparant les vallées de l'Yères et la Bresle. L'érosion a créé un éperon qui, en plan, évoque un triangle isocèle. Construit sur la base de ce triangle, le château protège le plateau ensuite voué à l’agriculture. Si vers 1830, on voyait encore quelques restes des murs d'enceinte et de tourelles semi-circulaires, seuls subsistent aujourd'hui le tertre et une petite partie de la contrescarpe. Le parcellaire du village conserve néanmoins le plan de la basse-cour et des aménagements de l'enceinte villageoise.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1823 (tableau d'assemblage de 1823)

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)      Le tertre, entaillé au nord-ouest, présente l'aspect d'une plateforme circulaire d'environ 80 m de diamètre surplombant le relief extérieur de 2 m à 4 m. Il était entouré d'un fossé, d'une profondeur d'au moins 5 m, vraisemblablement en eau. Une surélévation sur le pourtour sud de la plateforme pourrait marquer la présence de bâtiments enfouis. Au nord du tertre, un fossé, réutilisé pour y placer une sente, matérialise le tracé de l’ancienne basse-cour en forme de croissant et enveloppant le tiers nord-est du site. L'actuelle rue de l'Église coupe la basse-cour en son milieu, témoignage de l'ancien chemin menant de l'église au château. L'enceinte du bourg est encore visible sur une partie de son tracé sud, le long de l'actuelle rue aux Juifs ; son tracé nord s'est probablement conservé dans une sente reliant la basse-cour à la place de la Mairie.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1823 (Section B)

     

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    1. blason de la famille de Monchaux https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=11333 ; 2. blason de la famille des comtes d'Eu de la Maison de Normandie : D'azur, au lion d'or,l'écu semé de billettes d'or par CaranornCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personnelCette image vectorielle contient des éléments, éventuellement modifiés, qui ont été extraits de : Meuble lion.svg.iLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Caranorn., CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4147414 ; 3. blason de la famille des comtes d'Eu de Brienne par Odejea, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3919569

     

    LES REMPARTS DE GUERVILLE (Seine-Maritime)     Il s’agit d’une zone de défrichement isolant, à partir du milieu du 11e s., la haute forêt d'Eu de celle du Triage. La première mention date de 1130, quand l'archevêque de Rouen fait don d'une pièce de terre située dans une zone nouvellement essartée de la forêt de Guerville. Au milieu du 12e s., la terre de Guerville appartient à Raoul de Monchaux qui l'échange avec Henri Ier comte d'Eu, qui fait probablement construire le château, bien que la tradition attribue cette fondation à Jean Ier de Brienne, comte d'Eu à la fin du 13e s. Les comtes d'Eu vont y séjourner relativement souvent. Le village, vraisemblablement contemporain du château, compte alors cinquante parrochiani ; des portes sont mentionnées en 1240 et un moulin à vent est attesté en 1488. Le talus longeant l'actuelle rue du 1er septembre, anciennement rue Bâtarde, pourrait indiquer un accroissement du bourg dans cette direction. Enfin, des vignes étaient encore cultivées sur la commune à l’extrême fin du 18e s (Responsable de l’étude et du relevé : Etienne Daniel). " [3]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    Sources :

     

    [1] extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de Les fortifications de terre médiévales de Haute-Normandie. Méthodes et premier bilan du PCR 2004-2008 - Journées archéologiques de Haute-Normandie. Rouen, par François Erlenbach (dir.) ;, Marie-Clotilde Lequoy (dir.) ; et, Muriel Legris (dir.).3-5 avril 2009. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 08 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/6841>. ISBN : 9791024010656. DOI : 10.4000/books.purh.6841.

    [3] Extrait d'Étude microtopographique des fortifications de terre de Haute-Normandie - Responsable(s) des opérations : Anne-Marie Flambard-Héricher, Bruno Lepeuple, Daniel Étienne, Gilles Deshayes, Sébastien Lefèvre, Jimmy Mouchard, Thomas Guérin et Aude Painchault - Notice rédigée par : Anne-Marie Flambard-Héricher, Bruno Lepeuple, Daniel Étienne, Gilles Deshayes, Sébastien Lefèvre, Jimmy Mouchard, Thomas Guérin et Aude Painchault – 2006 - https://journals.openedition.org/adlfi/5262#tocto1n7

    [4] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P.364 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22 

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  • LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)    Courteilles a un passé historique dense. Un ancien château fort est mentionné à Courteilles dès la fin du 12e siècle.La route du fossé royal, qui traverse le village, rappelle l’importance de cette fortification (composée d’un fossé et d’un remblai) sur la frontière franco-normande entre 911 (traité de Saint Eloi sur Epte) et la fin de la guerre de Cent ans. L’Avre marque aujourd’hui encore la frontière entre la Normandie et l’Ile de France. [NdB]

     

    Ci-dessus, photo extraite de La Frontière normande de l'Avre : De la fondation de la Normandie à sa réunion au domaine royal (911-1204). Évolution de la maîtrise militaro-économique d'un territoire frontalier par Astrid Lemoine-Descourtieux. http://books.openedition.org/purh/6807

     

         " Très proche, géographiquement et historiquement, de Tillières, le site de Courteilles est aujourd’hui encore peu connu. La famille évolua dans l’ombre de la baronnie de Tillières. À la fin du 12e siècle, le duc de Normandie renforça ses défenses, notamment la basse-cour. Les vestiges présentent encore aujourd’hui une motte tronconique assez raide, entourée de profonds fossés. Les aveux évoquent seulement manoir, chapelle etc., murailles de terre, larges fossés et deux ponts levis. Cette fortification, était située à proximité immédiate des Fossés le Roi. " [1]

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)

      

    Plan de situation de la motte de Courteilles ; blason de la famille de Courteilles (est-ce le bon ?) par Gilloudifs

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)     " Le château de Courteilles (Canton de Verneuil-sur-Avre, dép. de l’Eure), principale fortification de l’Avre entre Verneuil et Tillières, faisait le lien entre ces deux places fortes, tout en restant étroitement dans l’orbite de Tillières. Dans l’histoire des guerres franco-normandes de l’Avre, il trouva sa place en assurant un rôle diplomatique. Ce fut très certainement le lieu choisi « entre Verneuil et Tillières » pour la rencontre entre Richard Cœur-de-Lion et Philippe Auguste du 23 juillet 1194. J.-F. Lemarignier a d’ailleurs rappelé que cette entrevue sur un site frontalier, comme celles plus nombreuses du gué de Saint-Rémy, était une réminiscence de la coutume de « l’hommage en marche ». Si l’accord ne cite pas nommément Courteilles, il est fort prob able qu’elle y eut lieu car le château, comme celui de Tillières, semble avoir été à cette époque entre les mains de Richard. Le souverain le fortifia, comme en témoignent les rôles de l’Échiquier : en 1198, 450 livres y furent attribuées à Robert, clerc, et non au seigneur de Courteilles, dont 300 livres pour « clore de pierre la basse-cour de Courteilles ». La somme est conséquente et montre toute l’importance de la place. " [2]

     

    Ci-dessus, photo extraite de ce même document : La Frontière normande de l'Avre : De la fondation de la Normandie à sa réunion au domaine royal (911-1204). Évolution de la maîtrise militaro-économique d'un territoire frontalier par Astrid Lemoine-Descourtieux. http://books.openedition.org/purh/6807

     

    La guerre franco-anglaise en 1194 :

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)     " Au cours de la lutte décisive entre France et Angleterre, Philippe Auguste, profitant de l'absence de Richard Cœur de Lion, conclut, en janvier 1194, un accord avec Jean sans Terre qui lui cédait les châteaux de Gisors, Evreux et Verneuil. Mais Verneuil refusa d'ouvrir ses portes et le roi dut y mettre le siège le 10 mai 1194, déployant contre la ville toutes les ressources de son art militaire et de ses redoutables machines. Guillaume le Breton raconte que les Vernoliens montrèrent en cette occasion le mépris dans lequel ils tenaient le roi de France, accablant de sarcasmes l'image qu'ils avaient peinte de lui sur la porte du Château. Philippe, cependant, au bout de dix-huit jours, quittait brusquement son armée pour aller, avec quelques troupes, venger par le fer et le feu la trahison d'Evreux, où Jean sans Terre, inquiet du retour de son frère, avait fait décapiter les soldats de la garnison française. Entre temps, Richard, revenu en Angleterre, débarquait à Barfleur et fonçait sur Verneuil, dont les Français levaient le siège. Le roi d'Angleterre entra en triomphateur dans la ville et en releva une nouvelle fois les remparts. Philippe Auguste se résigna à la conclusion d'une trêve qui fut signée entre Verneuil et Tillières, sans doute au château de Courteilles. " [3]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)       " Le château d’origine, du type le plus courant dans la petite noblesse c’est-à-dire à donjon sur motte et basse-cour, fut donc renforcé par les considérables investissements de 1198. En 1629 et 1670, ses différents éléments furent énumérés : « Manoir seigneurial, chapelle [...] le tout clos et fermé de grandes fosses avec deux pontz levis, l’un pour entrer audit logis et l’autre aux jardins clos de murailles de terre, contenant deux acres de terre ou environ. »

         Il était donc vaste, cerné de grands fossés et à accès par deux ponts-levis. Le logis proprement dit n’était probablement pas antérieur aux 13e-14e siècles (le relevé présente l’entrée du château sous la forme d’un mur droit percé d’une porte cintrée et épaulé aux angles par une tourelle à un seul niveau. Le château a malheureusement été découpé.). La chapelle a disparu, rendant inutile toute tentative de datation. Enfin, ni la motte ni la tour ne furent évoquées : pourtant d’indéniables vestiges subsistent encore (ill. n° 30 et 31) à l’ouest des ruines du château du marquis Barberie de Courteilles (fin du 18e siècle), avec une motte et son fossé annulaire. Ils furent mentionnés au 18e siècle, dans un Mémoire historique sur Verneuil (Arch. dép. Eure, IV F 174, p. 8 (n. 2) : « On voit encore la butte sur laquelle ce château était bâti. » ), puis oubliés jusqu’aux travaux de A. Baume puis de D. Lepla ( ...hauteur de la motte : 17 m ; largeur du rempart : 9 m ; hauteur du rempart : 4 m.). La hauteur de l’ouvrage et la raideur des pentes, notamment dans la partie occidentale, sont remarquables, montrant un état de conservation probablement proche de l’état initial. De nombreux débris de silex attestent l’existence d’anciennes constructions. La large basse-cour a été englobée dans les remaniements du 18e siècle, mais A. Baume aurait identifié certains pans de murs des communs comme pouvant se rapporter aux travaux de la fin du 12e siècle, cités par l’Échiquier.

         L’aveu de 1707, sensiblement différent, donne des renseignements sur l’environnement du château, notamment le passage à proximité immédiate des « Fossés le Roi » : « Item une autre piesse [...] bornée [...] d’autre côté les fossés royaux, d’un bout le château [...] » Il subsiste encore une voie appelée « route du Fossé Royal ». Ces fossés donnèrent ainsi naissance à un chemin et servent encore de bornement. " [2]

     

    Ci-dessus, un extrait de la carte d'Etat-Major extraite du site Géoportail.

     

    « Frontière du pays chartrain.

     

           La petite rivière d'Avre, coulant pendant soixante-dix kilomètres dans une étroite vallée, entre les plaines de l'Evrecin et celles de la Beauce formait de ce côté un fossé naturel et délimitait la frontière d'une manière qui n'a jamais varié.

    Avra licet parva Francorum dividit arva.

          Les châteaux de Chênnebrun, Verneuil, Tillières et Nonancourt étaient bâtis sur les collines qui dominent cette rivière au nord et se trouvaient tous au passage de routes anciennes qu'ils interceptaient. Illiers-l'Évêque se trouvait un peu plus loin dans la plaine, sur la route de Dreux à Évreux. Dans plusieurs endroits où la rivière encore faible ne formait pas un obstacle suffisant, le roi Henri II avait fait creuser de longues lignes de fossés avec un rempart de terre. M. de Caumont les signale dans les communes d'Irai, Chênebrun, Saint-Christophe et Courteilles, où ils portent le nom de Fossés-ie-Roi. Il engage à les étudier dans leur ensemble et par rapport avec les forteresses voisines. A une dizaine de kilomètres en arrière, le cours de l'Iton et les châteaux de Bourth, Cintray, Condé-sur-Iton, Breteuil et Damville formaient une seconde ligne parallèle à la première. Une troisième consistait dans les trois fortes places de Laigle, Conches et Évreux, reliées par le cours de la Risle et par les forêts de Breteuil, de Conches et d'Évreux. Cette frontière fut rarement attaquée avec succès, et plus d'une fois, particulièrement en 1119, Breteuil fut le bouclier de la Normandie. » [7]

     

    Les fossés royaux :

     

         " Vestiges de la frontière entre la France et la Normandie, ils furent réalisés entre 1158 et 1168. C’est Henri II Plantagenêt, duc de Normandie et roi d’Angleterre, qui a ordonné la construction de cette fortification venant compléter la ligne de châteaux existants, déjà renforcée sous le règne de Henri Ier Beauclerc. Le tracé initial comptait 105 km de long. La terre enlevée pour creuser le fossé (3 à 9 m de profondeur) était rejetée coté Normandie pour former un talus haut (5m) donc infranchissable. Malmenés par la mise en culture et le remembrement, les portions existantes aujourd’hui demeurent dans des zones essentiellement boisées comme c’est le cas à Saint-Christophe-sur-Avre. " [4]

     

     

    Le lignage de Courteilles

     

         On trouvait " le lignage de Courteilles qui fut très tôt associé à Tillières ou aux autres fidèles de l’honneur (cartes no 20). Les sources étant lacunaires, la famille présente quelques périodes obscures : la chronologie mise en place ici est donc relative. Le premier seigneur de Courteilles, Roscellin, témoigna vers 1079-1101 pour la donation de Garin d’Ilou sur les fours de Brezolles. Peut-être représentait-il alors la famille de Tillières. Dans une charte de 1096, où Gilbert de Tillières était présenté comme co-donateur, Guillaume de Courteilles fut témoin de Geoffroy de Bérou ; son fils Richard le fut de nouveau vers 1119. Guillaume de Courteilles assista à une autre donation sur la dîme de Bérou, confirmée par Matthieu de Charnelles. Durant toute la première moitié du 12e siècle, Guillaume apparut souvent dans les actes passés par Gilbert III, dès 1107 pour une donation faite sur Brezolles par Gervais Ier de Châteauneuf. Il témoigna pour Gilbert II et apposa son seing sur la charte de Gilbert III à propos de Gauville (1109). Lorsque Gilbert III consentit à la donation des moulins d’Armentières, Guillaume de Courteilles fut son témoin. Enfin, la charte du rétablissement de Saint-Père sur les moulins de Bérou le mentionne parmi la cour de Gilbert, comme intendant de Simon d’Ilou. Par ailleurs vers 1101-1110, Guillaume de Courteilles apparut à l’ouest de l’honneur comme témoin de l’abbaye de Saint-Père, avec Robert de Tranchevilliers et Foulques d’Armentières – mais sans Gilbert III – lors de la donation de l’église de Chandai, dépendante de la baronnie L’Aigle.

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)          Son fils Richard traduisit le même attachement à la famille de Tillières et une participation active aux donations de l’Avre. Vers 1160, il fut également témoin de Raoul d’Ilou récapitulant nombre de concessions faites à la léproserie du Grand Beaulieu par sa famille, Crespin de Nonancourt, Garin de Saint-Rémy, Garin de Malicorne, etc. Toutes ces donations concernaient principalement les alentours de Dampierre, au sud de l’Avre, à proximité immédiate de Courteilles et de Tillières. Par ailleurs, étant données les circonstances, « Richard », cité en 1188 dans une charte de Gilbert V comme sénéchal de Tillières, pourrait bien être ce Richard de Courteilles. Celui-ci fut également lié à des établissements indépendants de Tillières. Il fit ainsi du consentement de ses enfants, Gilbert, Adeline et Marie, des donations à l’abbaye de l’Estrée dès sa fondation (1144), pour lesquelles Tillières n’apparut pas133. Il choisit avec son fils, Gilbert, et « sur le conseil de Richer II de L’Aigle » de faire don de la dîme de Courteilles à la Chaise-Dieu du Theil. Aucun membre de Tillières ne fut présent mais y assistèrent des personnes relevant de son honneur (de Damville, Bourth, Droisy, Nonancourt, la Héruppe, Malicorne, etc.) Le choix a aussi bien pu être motivé par l’alliance matrimoniale de 1159 entre les familles de L’Aigle et de Tillières que par les relations de la famille de Courteilles avec celle de L’Aigle, connues dès 1130 (Chandai). Enfin, dans ces mêmes années apparurent d’autres personnages, apparemment originaires de Courteilles ou cadets de la famille : en 1147, Gaudin de Courteilles fut témoin en la « tour de Chartres » d’une confirmation de Thibault de Chartres pour la léproserie du Grand-Beaulieu et vers 1150, Geoffroy de Courteilles fut témoin d’un accord passé entre l’abbaye de Saint-Père et un prêtre de Saint-Georges.

     

    Ci-dessus carte des dépendances de l’honneur de Tillières au 12e siècle (c. 1120-1190). Lemoine-Descourtieux, Astrid. Primauté de Tillières au XIe  siècle In : La Frontière normande de l'Avre : De la fondation de la Normandie à sa réunion au domaine royal (911-1204). Évolution de la maîtrise militaro-économique d'un territoire frontalier [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2011 (généré le 07 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/6820>. ISBN : 9791024010618. DOI : 10.4000/books.purh.6820.

     

         À la fin du 12e siècle, le fief se retrouva apparemment entre les mains de Richard Cœur-de-Lion puisqu’en 1195, le receveur du roi faisait état de 14 sous « du produit de la terre de Gilbert de Courteilles ». D’ailleurs en 1198, il avait pleine autorité comme à Tillières pour mettre la place en défense : les rôles de l’Échiquier signalent que Robert, clerc, reçut du Trésor des sommes importantes (en tout 550 livres) pour, entre autres choses, murer la cour du château. Cependant la famille ne disparut pas et resta ancrée dans la région. En 1198, Gilbert de Courteilles fut témoin d’une charte de l’évêque d’Évreux138. Le 17 mars 1202, alors que Jean sans Terre se trouvait à Verneuil, il attribua une rente à Jean de Courteilles et à son fils Guillaume pour « l’échange » opéré à Courteilles : le roi entendait-il par là indemniser la famille et conserver la place pour son propre compte comme à Tillières ? En comparaison, la rente de 30 livres paraît importante et laisserait peut-être présumer de la taille de la seigneurie de Courteilles. Enfin en janvier 1234, la présence de Guillaume avec Robert de Courtenay, Guillaume des Minières, Robert d’Ivry, Guillaume Crespin etc., au serment de l’archevêque de Rouen d’observer la coutume normande montre que la famille resta en Normandie et retrouva sans doute son fief. Guillaume de Courteilles, son fils, fit encore une donation sur ses possessions de Bourth au prieuré du Désert en 1255.

         En conclusion, nous pouvons affirmer que les documents où figurèrent les membres de la famille de Courteilles les mettent en rapport fréquent avec des familles, des terriroires ou des établissements religieux français et le plus souvent en relation avec son seigneur de Tillières. Outre le fief éponyme de Courteilles et les territoires directement associés, la famille de Courteilles semble avoir eu des intérêts dans le Perche et le Dreugésin. Entre 1101 et 1129, Guidon de Cintray avait fait don à l’abbaye de Saint-Père de la dîme d’Archipenna, dépendance du prieuré de Brezolles. Guillaume de Courteilles semble en avoir hérité puisqu’il fit une tentative pour la reprendre. Il est également attesté que vers 1148, le fief avait des dépendances à Charencey dans le Perche. Il semble donc que la famille ait directement profité de l’avancée de Tillières en terre française et se soit établie sur des territoires relativement dissociés du fief d’origine. " [2]

     

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    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)     Entre 1754 et 1762, un nouveau château classique est érigé par Jacques-Dominique de Barberie, marquis de Courteilles et gouverneur de Verneuil. La construction de ce château nécessite la destruction des remparts de Verneuil et le réemploi de ses pierres. En 1849, les héritières, accablées de dettes, vendent à deux spéculateurs qui font aussitôt démolir les trois quart du château afin d’en vendre les matériaux. L’extrémité de l’aile gauche, préservée, est saccagée sous l’Occupation et tombe en ruine. [NdB]

     

    Ci-dessus, gravure du château et du temple par Constant Bourgeois ornant l'ouvrage d'Alexandre de Laborde publié en 1808 http://www.parcsafabriques.org/courteilles/courteilles1.htm

     

         " Courteilles est surtout connue pour son ancien château construit entre 1754 et 1762 par le Marquis de Courteilles. Il fut Conseiller d’Etat et Intendant des Finances, en charge de la manufacture de Sèvres et a laissé son nom à une forme de porcelaine. Le château fut démoli en 1850, après la mort des dames de Courteilles (la comtesse de Rochechouart et la duchesse de Richelieu, fille et petite-fille du marquis. Cette dernière était l’épouse du duc de Richelieu, fondateur d’Odessa et premier ministre sous la restauration). Le parc du château, transformé en jardin à l’anglaise avant la Révolution, contient toujours la plupart des fabriques qui y furent alors édifiées, notamment un petit temple à colonnades et un tunnel de rochers, monuments très en vogue à l’époque. " [5]

     

    LES REMPARTS DE COURTEILLES (Eure)     " Le château de Courteilles (seconde moitié du 18e siècle, détruit en 1849), route départementale 676, inscrit au titre des monuments historiques Inscrit MH (1976, Escalier menant à la terrasse ; orangerie ; fabriques subsistantes du parc), l'architecte étant Antoine Matthieu Le Carpentier.

         Il en subsiste les fabriques telles que petit temple, tunnel de rochers, pavillon Richelieu, tour gothique. Il connut trois occupants ; outre Jean-Dominique de Barberie, marquis de Courteilles, son gendre le comte de Rochechouart (1744-1791) puis le duc de Richelieu. On doit au lithographe Constant Bourgeois trois gravures pour l'ouvrage consacré au château en 1808 et rédigé par Alexandre de Laborde. " [6]

     

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Les petites fortifications de la région de l'Avre (XIe-XIIIe siècles) : essai d'inventaire d'après les sources littéaires, iconographiques et la prospection par Astrid Le moine-Descourtieux – Bulletin n° 92004 Centre de Recherches Archéologiques de Haute-NormandieSociété Normande d’Études Préhistoriques

    [2] Extrait de La Frontière normande de l'Avre : De la fondation de la Normandie à sa réunion au domaine royal (911-1204). Évolution de la maîtrise militaro-économique d'un territoire frontalier par Astrid Lemoine-Descourtieux. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2011 (généré le 04 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/6807>. ISBN : 9791024010618. DOI : 10.4000/books.purh.6807.

    [3] Extrait de Le Pays de Verneuil-sur-Avre sous la direction de Francis Glatigny ; [photogr. de Marc de Fromont – Éditeur (Évreux) 1987 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3336543g/f19.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Courteilles%22.texteImage

    [4] Extrait de http://www.normandie-sud-tourisme.fr/wp-content/uploads/2017/10/rando-fosses-royaux.pdf

    [5] Extrait de http://www.inse27.fr/interco/les-communes/courteilles/

    [6] Extrait de Wikipédia

    [7] Extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques ; éditeur : Derache (Paris) / A. Hardel (Caen), 1876.

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  • LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)

     

          " Le manoir de Gonneville est un manoir, du 14e/15e siècle, qui se dresse sur la commune de Blainville-sur-Mer dans le département de la Manche en région Normandie. " [1]

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)

     Plan de situation du manoir de Gonneville à Blainville-sur-mer ; blason de la famille de Brully ou Breuilly/

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)

     

    Ci-dessus, à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

    .

    Le manoir

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)     " Le manoir de Gonneville a été construit au 14e siècle, pour Thomas de Brulie (ou Breuilly) et ses descendants.

         C'est un corps de bâtiment en équerre avec une tourelle d'escalier polygonale, à l'intérieur de l'édifice, deux cheminées monumentales. " [2]

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)     Le constructeur du manoir de Gonneville était-il Thomas III de Breuilly (vers 1380-1404), écuyer, seigneur de Baudreville et Gonneville, surnommé le "chevalier de bonne mémoire", ou bien son fils, Thomas IV, seigneur de Gonneville ?

         Le fils de celui-ci, Raoul III de Breuilly, alias Raoul de Brulie, fit partie des 120 défenseurs du Mont-Saint-Michel contre les Anglais en 1434. Il fut seigneur de Breuilly, de Gonneville et de Chavoy, capitaine des Nobles du Cotentin et du comté de Mortain. Enfin, le fils de ce dernier, Raoul IV fut chambellan du roi en 1466. [NDB]

         Voir sur cette famille de Breuilly ici.

     

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    La chapelle Notre-Dame ou chapelle des Marins

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)     " Adossée à un manoir du 15e siècle, la chapelle de Gonneville, dite Chapelle des Marins, fut fondée en 1050, mais l'édifice actuel date de fin 14e ou début 15e siècle. Elle est dédiée à la Vierge et à Saint Philibert, patron des matelots. Tout en longueur, sa forme est simple et originale à la fois, puisqu'elle est légèrement disproportionnée par rapport au clocher, lequel est très petit. C'est en ce lieu que se tenait la messe avant le départ et après le retour des terre-neuvas. Effectivement le havre de Blainville était un port naturel abritant un important trafic maritime. " [3]

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)

     

         " Construite au début du 15e siècle, appartient encore aux propriétaires de manoir de Gonneville. La Révolution qui fit fermer toutes les églises des environs ne parvint pas à interdire l'accès de cette chapelle aux pèlerins ; le culte y fut maintenu par un prêtre réfractaire, enfant de la paroisse de Blainville. La statue de Sainte Anne, en pierre, fut transférée du manoir dans la chapelle en 1975. " [2]

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche) LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)     " La chapelle renferme un tableau ex-voto de bateau dans la tempête datant du 18e siècle et deux maquettes ex-voto de la fin du 19e siècle, l'un représentant le trois mâts « Notre-Dame de Granville », l'autre le trois mâts « Marie », classés à titre d'objets.

         D'autres œuvres votives sont présentes, un navire à deux mats, un second tableau, un vitrail et un bateau en bouteille. " [1]

     

    Protection :

     

         " Les façades et toitures de la chapelle du manoir, dite « chapelle des Marins », font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 5 avril 2005. " [1]

     

    A proximité, à Blainville-sur-Mer :

     

    LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)LES REMPARTS DE GONNEVILLE (Manche)     " L'église Saint-Pierre est romane, à nef unique. Les chapelles latérales forment le transept. Le chœur à pans coupés et le porche sont du 15e siècle, le clocher carré en granit à flèche hexagonale ainsi que les modillons et les chapiteaux sont du 12e siècle. On peut y voir à l'intérieur une vierge du 15e siècle et des statues des 17e et 18e siècles. " [1]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/manoirs-manche-manoir-a-blainville-manoir-gonneville.html

    [3] Extrait de https://www.tourisme-coutances.fr/lieux_de_visite/chapelle-notre-dame-de-gonneville-pcunor050v513m4g/

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  • LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

          " La ville est située sur un site occupé déjà à l'époque gallo-romaine, à la croisée des anciennes routes de Vieux à Avranches et de Bayeux à Condé-sur-Noireau. " [2]

     

         " Que anciennement le château du dit lieu de Aulnay estoit en grande force, puissant et moult riche, lequel est assis au milieu de tous les monts de Lenques où il y a encorres grandes et mervilloses apparences de forteresse..." [1]

     

              " Le roman de Rou de Wace fait mention d'un sire d'Alnei ayant participé à la conquête de l'Angleterre aux côtés de Guillaume le Conquérant. Les vestiges de son château du 12e siècle, surplombant le lieu-dit actuel du Petit Pied du Bois, sont décrits dans le troisième tome de la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont (1857). La forteresse servira jusqu'à la guerre de Cent Ans et sera rasée par Bertrand Du Guesclin. " [2]

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

    Arcisse de Caumont :

     

         Château. - Robert Wace cite ensemble (vers 13 775 et suivants), comme ayant pris part à la bataille de Hasting, plusieurs seigneurs dont j'ai retrouvé les châteaux dans les communes du Calvados qui portent le même nom. Ce sont les seigneurs d'Aulnay, du Molay, de Combray, de Rubercy, et de Fontenay-le-Marmion. Le poète leur fait proférer des cris de mort contre le roi Harold.
         «
    Les seigneurs de Combray, celui d'Aulnay, les sires de Fontenay, de Rubercy et du Molay couraient, dit-il, en mandant le roi Harold et disant aux Anglais : Où donc est le roi que vous servez, le parjure qui a manqué de foi à Guillaume ? si nous pouvons le trouver, sa mort est
    certaine
    (1). »
         L'emplacement du château d'Aulnay est à 1/2 lieue du bourg de ce nom, sur le versant nord d'une chaîne d'éminences qui traverse cette partie de l'arrondissement de Vire et décrite dans mon ouvrage sur la géologie du département du Calvados.


    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     Ce château, assez vaste, aujourd'hui couvert de bois, était divisé en trois parties bien distinctes, qui suivaient la pente du terrain. La motte du donjon occupait la partie la plus élevée ; elle est ronde ; son diamètre est de 150 pieds. On y voit encore des fondations de murailles et un puits qui se trouvait, je crois, dans une petite cour que je suppose avoir existé sur la partie de la motte tournée à l'Est.
         Ce donjon, ceint de larges fossés, était dominé au Sud et au Sud-Ouest par le sommet de l'éminence dont il occupe la pente septentrionale, ce qui devait considérablement en diminuer la force en cas de siège.

     

    Plan ci-dessus extrait de ce même document : la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.


         On descendait de la motte dans la cour centrale, par une pente douce. Cette pente a été pratiquée du côté du Nord-Est, soit parce qu'elle devait correspondre à la cour du donjon placée, comme je le suppose, du même côté, peut-être aussi parce que dans cette direction la vallée rendait le château peu accessible à l'ennemi.
         La cour centrale
    D est à peu près carrée et présente une déclivité sensible vers la vallée voisine. Cette vallée, qui forme un second et large fossé, était autrefois occupée par une pièce d'eau. On voit encore un barrage en terre (a) servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coule dans le vallon.
         La seconde cour, ou troisième partie du château (
    E), que l'on pourrait appeler la cour basse, en comparant son niveau avec celui de la précédente, offre, comme elle, un carré à angles obtus, dont le côté nord est légèrement convexe. De ce côté et vers le couchant, le vallum est plus considérable et s'élève en forme de parapet au-dessus du niveau de la cour.

         Je n'ai trouvé dans cette enceinte ni dans la précédente aucune trace de maçonnerie. On voit encore un rempart (f) dirigé vers l'Ouest et bordant un chemin creux. Je suppose que là était une des entrées du château, et que ce rempart avait pour but de défendre l'accès de ce chemin , qui venait aboutir dans le fossé, entre la seconde cour et la cour centrale.
         Je serais assez porté à admettre que l'on accédait encore au château par la chaussée qui servait à retenir les eaux de l'étang (
    a).
          J'ai dit que le château d'Aulnay était défendu naturellement au Nord et à l'Est par deux vallées, mais que le côté de l'Ouest et du Sud, il était dominé par les terres environnantes.
         C'est ce qui aura déterminé à établir de ces deux côtés un second fossé
    F qui formait une double ligne de défense.

    (1) Cil de Combrai è cil d'AInei
    E Il fire de Foutenel
    De Rebercil é del Molei
    Vunt demandant Héraut li Rei
    As Engletz dien ; ça eslez :
    U est Il Reis ke vos servez .
    Ki à Guillaume est perjurcz ,
    Mo.z est s'il pot estre trovez.
    Roman de Rou, vers 13,775 82.
    [3] 

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Essai de positionnement du château d'Aunay-sur-Odon, d'après le plan fourni par Sébastiaan Aarts http://www.basaarts.nl/vraagbaak.phpa (voir ci-après) tous mes remerciements pour ces précisions ; blason de la famille de Say par Gilloudifs

     

         " Aunay-sur-Odon (Coordonnées Lambert 382,150 X 149,350).

         Cette fortification, décrite par A. de Caumont (Cours d'Antiquités, V, pp. 88-92) qui l'identifie avec le château d'Aunay rasé sur l'ordre de Du Guesclin, est située dans les bois au sud du bourg d'Aunay, sur la frontière de l'honneur du Plessis-Grimoult. Elle est dominée, au sud et à l'ouest, par les hauteurs boisées de la crête nord du synclinal bocain ; vers le nord et l'est, elle commande au contraire les alentours. Elle est constituée par une motte renforcée, au nord, par deux enceintes successives. Le fossé de la motte est nettement visible. La plate-forme au sommet, très accidentée, mesure environ 36 mètres de diamètre ; elle est actuellement plantée de jeunes sapins. Une excavation dont on voit encore les traces a mis au jour, il y a quelques années, un four et des murs dont certains présentent un appareil en arêtes de poisson. La céramique trouvée se composait essentiellement de grès, ce qui indique bien que le château a été occupé jusqu'à une date tardive. " [4]  

     

         " Aunay, Aulnai, Aulnoi, Alnetum ou Alneium, la localité des Aunes est un nom de lieu assez commun, et, rien qu'en Normandie, on trouverait aisément une dizaine d'endroits qui le portent ; cependant, à raison des autres noms qui l'encadrent, il semble que ce soit bien le seigneur d'Aunay-sur-Odon que le Roman de Rou cite parmi les chevaliers qui se distinguèrent à Hastings. (...)

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     Le château de ce compagnon de la conquête était celui dont les traces sont indiquées par M. de Caumont, dans sa Statistique monumentale du Calvados, à une demi-lieue environ au sud-est du bourg actuel, sur le versant nord des monts de Lenque.

     

    Carte d'Etat Major extraite du site Géoportail. Le site du château devait se trouver un peu plus à droite sur la carte... [NDB]

     

          Ce château, dont l'emplacement est aujourd'hui envahi par les bois, était une espèce de grand campement, fortifié par des fossés, des terrassements et des palissades, comme presque tous les châteaux de ce temps. Il était remarquablement vaste, ayant environ 180 mètres de long, et se divisait en trois parties distinctes, juxtaposées du sud au nord. La motte du donjon occupait au sud la partie la plus élevée ; elle était ronde, et d'un diamètre de 150 pieds. On y voit encore les débris de puissantes murailles, et un puits maçonné se trouvait sur la partie de la motte tournée à l'est.

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     Ce donjon, ceint de fossés très larges et très profonds où gisent encore aujourd'hui ses débris, blocages énormes de ciment et de moellon indissolublement liés, était dominé, au sud et au sud-ouest, par le sommet de l'éminence dont il occupait la pente septentrionale ; ce qui sans doute lui fut fatal lors des sièges qu'il eut à subir.

         On descendait de la motte dans la cour centrale par une pente douce. Cette pente a été pratiquée du côté du nord-est, soit parce qu'elle devait correspondre à la porte du donjon placée du même côté, soit aussi parce que, dans cette direction, la vallée rendait le château moins accessible à l'ennemi.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1811, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/

     

         La cour centrale était à peu près carrée, présentant une déclivité sensible vers la vallée voisine. Cette vallée formait un second et large fossé, et était autrefois occupée par une pièce d'eau. On voit encore un barrage en terre servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coule dans le vallon.

     

     LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     La seconde cour, ou troisième partie du château, que l'on pourrait appeler la cour basse, en comparant son niveau avec celui de la précédente, offre comme elle un carré à angles obtus, dont le côté nord est un peu convexe. De ce côté, et vers le couchant, le valium est plus considérable et s'élève en parapet au-dessus du niveau de la cour. Les traces de maçonnerie, s'il en a existé, ne s'y retrouvent que sous terre, où des ouvriers disent avoir rencontré des fondations.

     

    Ci-dessus, une photographie aérienne du site prise depuis le nord cette fois extraite de Google Earth 2018.

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Ci-dessus : à gauche, une photo aérienne extraite du site Google Earth 2014 montrant l'emplacement du château d'Aunay-sur-Odon. Cette photo m'a été adressée très aimablement par Sébastiaan Aarts http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php ; à droite, une photographie aérienne extraite du site Google Earth 2018 avec en surimpression le plan extrait de la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont (voir ci-avant). On constate que la forêt dévastée en décembre 1999 a bien repoussé masquant un peu plus le site. Document modifié par Gilloudifs.

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     On voit encore un rempart dirigé vers l'ouest, et bordant un chemin creux. On peut supposer que là était une des entrées du château, et que ce rempart avait pour but de défendre l'accès du chemin qui venait aboutir dans le fossé, entre la seconde cour et la cour centrale (De Caumont, t. Ill, p. 241).

         Cette puissante et rustique forteresse, asile des habitants du voisinage qui s'y réfugiaient avec leurs biens des qu'un ennemi était signalé, a subi plusieurs sièges et a été prise d'assaut trois fois au moins, ainsi que nous le verrons. Les massifs de maçonnerie plus ou moins désagrégés, qui jonchent ses fossés envahis par le bois, font penser à la poudre et aux explosions des mines, qui semblent avoir seules pu renverser si complétement le donjon et les autres constructions. Quoi qu'il en soit, à partir du 15e siècle, cet emplacement fut abandonné, et le Vieux Caté n'est plus qu'une section des bois taillis qui couvrent le Mont de Lenque.

         Est-ce de là qu'était sorti Gontier d'Aunay, l'un des favoris du chevaleresque et malheureux duc de Normandie, Robert Courte-Heuse ?

    Gontier que l'on dit de l'Aunei (*)

    Est od li Dus contre li Rei

    Un chevalier de grant noblei

    Et od li Dus estoit par fei.

    Gontier teneit li granz maisnies

    Et faisoit granz chevaleries ;

    Cil departeit les livraisons,

    Li Dus par li donout les dons;

    Gaëm et Baieues gardout,

    Sovent de l'un à l`altre alout

    (Roman de Rou. du vers 16 042 à 16 051).

     

    (* Le texte porte à tort le nom de Rogier et orthographie mal le nom qu'il écrit Delaunei, Gunteriua de Alneio, dit Orderic Vital.)

     

         En 1105, Gontier d'Aunay défendit bravement Bayeux assiégé par Henri Beauclerc, roi d'Angleterre :

    Proz chevalier é defensable

    Par la contrée chevalchout,

    Dunc la ville mult amendout.

    Prisons et Preies amenout,

    Mult despendeit et mult donout,

    Mult acreeit, et bien rendeit,

    Mult emprunleil. et multi soldeit

    (Eod., 16173-16180).

     

          Ce chevalier, aussi bon et aussi honnête administrateur que brave guerrier, se rattachait-il par son origine à Aunay-sur-Odon ? on ne saurait le dire avec certitude.

          Quoi qu'il en soit, dès la fin du 11e siècle, Aunay appartenait à un grand seigneur, dont le nom, jadis glorieux, ne nous permet même plus aujourd'hui de reconnaître l'origine ni la famille. Il s'appelait Ingilram, ou Enguerrand, fils d'Ilbert, et, avec sa femme Agnès, il donna en 1080 à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen : l'église de Saint-Samson d'Aunay, ainsi que ses droits et redevances, deux parts de la dîme de la paroisse, et la dime de toutes les corvées, services et charrues qui lui étaient dues, plus enfin une acre de terre pour qu'on put y bâtir une grange dimière.

         Orderic Vital montre Enguerrand, fils d'Ilbert, fidèle à la cause de Robert Courte-Heuse, et chargé de la défense de Caen en 1105. Puis, la nuit la plus profonde se reforme autour de son nom ; notre savant M. Delisle suppose que cet Ilbert, dont il était fils, était Ilbert de Lacy. C'est vraissemblable, le dévouement des Lacy à l'aîné des fils de Guillaume étant connu, et le nom d'Ilbert étant assez peu commun. " [1]

     

    Ci-dessus, plan extrait de l'article Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure par le Dr Doranlo in le Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22#

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     " L'abbaye d'Aunay est la neuvième fondation de l'abbaye de Savigny fondée le 15 juillet 1131 par Jourdain de Say, seigneur d'Aunay, et Luce, sa femme, sur le versant nord du mont des Lenques, puis les moines transportent leur établissement à un kilomètre sur les bords de l'Odon. Le 15 novembre 1136, elle est fondée sous le vocable de Notre-Dame. À partir de 1147, Aunay appartient à l'ordre de Cîteaux.

         Cette fondation est confirmée et considérablement augmentée par le gendre du fondateur, Richard du Hommet, connétable héréditaire du roi d'Angleterre pour la Normandie. " [2] 

     

         " En 1136, Aunay était sorti sans retour des mains de la famille qui portait son nom, et dont le sort est impossible à démêler de celui de plusieurs autres familles homonymes.

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

         A défaut de renseignements contemporains, voici une pièce informe et sans date, mais curieuse, dont l'écriture semble indiquer le 16e siècle, et qui a conservé tout ce qui reste des plus anciennes traditions d'Aunay :

         " Et premièrement, commencerons à parler des seigneurs à qui premier la dite seigneurie de Aulnay a esté, ainsi que en avons tesmoing tant par charstres, mariages, enseignements et antiquités que par les fondations de l'abbaye de Aulnay, et ce que les ensiens en ont ouy de leurs prédécesseurs.

          Que anciennement le château du dit lieu de Aulnay estoit en grande force, puissant et moult riche, lequel est assis au milieu de tous les monts de Lenques où il y a encorres grandes et mervilloses apparences de forteresse. Et iceuh seigneurs de Aulnay se titraíent et nousmest seigneurs de tous les Monts de Lenques. Et qui ne soyt vray : Leurs noms estoient : des Monts de Lancque, ainsy qu'il sera sy après ce en est le commun bryt des plus vieuh et ensiens qu'il dissy avoir ouy de leurs pères qui avoit esté devant la dernièr guerre des Anglais qui fut [blanc] que le dit Englois fut mis hors du pays de Normandie par [blanc] qui fut la dernière démolition du dit chatieau de Aulnay que les dits seigneurs des Monts de Lenque avioyt esté long temps auparavant seigneur de Toringny et de Tury, et qu'il soit ainssy au temps Guillaume diet Le Bactard avoit mys le duché de Normandye à son obèissance, qu'il fut a lan de notre seigneur Jesus Christ 1020 ans. Il y avoit au chastiau des monts de Lanque une fille qui avoit nom Luce des Monts de Lanque. ll y en a qui disient que y estoient trois sœurs et qui se partirent leurs succession, à l'une Toringny, l'aut, le dit chastiaut de Aulnay, et la jeune eut Tury et Hamars. Toutesfois que tu n'en pourrois parler au sertain, lors que de la dite Luce qui fut mariée à messire Jordain de Say, chevalier, l'an de notre salut mil XX ainssy qu'il est prouvé par eseript cy après fait mention, lesquelz Jordain et Luce ont, en l'honneur et révérence de la Ste-Trinité, faisant en l'une de leurs mannouers et maissons nommé : Sous Le Bort Leys les monts de Lanques, faire une esquellise qui estet fondée de Ste-Trinité, et ordonnèrent certain nombre de gens de bien pour prier pour eux et leurs amys, à qui ils donnèrent les deux ensemble tenir biens et revenu, pour les commencer et nourir, et c'est assavoir le dit lieu de Soubz le Best, avec autres demesme boys, prés, comme c'est plus amplement contenu en la dicte première fundation qui fut. " - Etc. (Archives du Calvados. Fonds de l'abbaye d'Aunay). (...)

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     La famille de Say tenait son nom d'une paroisse des environs d'Argentan (...) Ce nom, comme celui de Say, fut continue en France et en Angleterre, où les de Say, par une alliance avec les Magneville, devinrent comtes d'Essex.

        Jourdain de Say, le premier de son nom que nous trouvions à Aunay, avait figuré en 1112 parmi les témoins d'une charte de confirmation accordée par Henri Ier, roi d'Angleterre, à l'abbaye de Savigny. (...)

         Étienne de Blois avait jadis reçu le comte de Mortain, et pendant qu'il guerroyait en Angleterre, durant l'été de 1139, le comte Robert de Glocester vint ravager ses possessions, et s'empara du château d'Aunay qui en dépendait, comme relevant de la châtellenie de Condé-sur-Noireau.

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Say par Gilloudifs.

     

         On ne sait comment Aunay fut repris par les partisans d'Étienne ; mais deux ans après, en 1141, le comte Geofroy d'Anjou, avec Robert de Glocester, assiégeait de nouveau la forteresse et s'en emparait, ainsi que de trois autres châteaux relevant du comté de Mortain : les châteaux de Tinchebray, de Cérences et du Tilleul (Chronique de Robert du Mont, anno 1141).

         Jourdain de Say, et Luce, sa femme, héritière des Monts de Lenque et des anciens sires d'Aunay, eurent pour fils Gillebert qui, en 1151, " donna à l'église de Sainte-Trinité et de Sainte-Marie-d'Aunay, et aux moines qui y servent Dieu en leur abbaye, toute sa terre de Vendes, qu'il possédait en propre (...) 

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     Mais, outre leurs deux fils Gillebert et Engerran, qui semblent être morts sans postérité, Jourdain et Luce avaient une fille, nommée Agnès, devenue héritière non seulement d'Aunay, mais encore de nombreux autres fiefs considérables : Marigny, Langrune, Asnières, Romilly et Beaumont, dont elle porta quelquefois le nom. Elle épousa, vers 1150, Richard du Hommet, connétable de Normandie. (...)

         Pour la famille du Hommet, voir ici.

     

         Le connétable Richard du Hommet, devenu vieux, entra comme simple moine, en 1179, à l'abbaye d'Aunay, tandis que son farouche maître continuait à se battre avec ses propres enfants.

     

    Ci-dessus, blason de la famille du Hommet par TomKrCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par TomKr., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2583514

     

         Il mourut avant la fin de ces luttes parricides, en 1181, après avoir vécu un an et demi sous l'austère règle de Cîteaux. Il fut enterré dans le sanctuaire de l'église qu'on édifiait alors, et son tombeau y subsista, du côté de l'Évangile, jusqu'au 16e siècle, où il fut détruit par les Protestants, conduits au sac de l'abbaye par un de ses indignes descendants. (...) " [1]

     

         Le fief d'Aunay passe ensuite à la famille de Sémilly. [NDB]

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     " L'abbé de La Rue, au tome III de son Essai sur les Bardes, signale comme florissant au milieu du 13e siècle Richard de Sémilly, de la famille du seigneur d'Aunay. Ce Richard, ami de la gaie-science, fut lié avec deux autres trouvères contemporains, dont les œuvres très légères sont difficiles à. bien distinguer des siennes. (...)

         La Normandie, alors exceptionnellement riche et prospère, allait subir la longue guerre de Cent-Ans (...) En 1357, un des chevaliers les plus dévoués à Charles le Mauvais, Arnaud d'Aigremont s'était établi dans le château d'Aunay. (...) Dans les derniers mois de 1359, le bourc ou bâtard de Luz était capitaine de la forteresse d'Aunay, et, de là ses incursions désolaient le pays, menaçaient la place française de Thorigny, et s'étendaient jusqu'aux faubourgs de Bayeux, de Saint-Lô, de Caen et de Vire. (...)

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Sémilly par Gilloudifs.

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)     Un jeune homme de vingt ans, Thomas Pijon, ou Pigeon, originaire de Thorigny, qui s'était laissé entrainer au service des Anglais d'Aunay, où il a demeuré par l'espace de quatre mois ou environ, durant lequel temps il a chevauchié avec eux, pillé et robé, et fait tout aussi comme nos dis ennemis faisoient, fit demander un sauf-conduit au gardien du chastel de Thorigny, messire Bertran du Guesclin.

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail. On distingue dans la forêt la motte féodale au centre, en bas de la photo.

     

         Ce sauf-conduit lui fut accordé au mois de septembre 1362, et du Guesclin était alors à Paris. La même année, le capitaine anglais d'Aunay s'etait emparé d'un fort construit à Coulonces et d'un autre à Cottigny, village de Saint-Jean-des-Baisants. Au mois d'avril1363, du Guesclin était à Thorigny et s'entendait avec le loyal Philippe de Navarre, comte de Longueville, qui était à Gavray, pour délivrer le pays des bandits anglais cantonnés dans leurs petites forteresses.

         Le bourc de Luz fut sommé de vider la forteresse d'Aunay qu'il considérait peut-être comme sa propriété, l'ayant sans doute payée à beaux deniers comptant, de son prédécesseur Arnaud d'Aigremont. L'aventurier demanda à traiter, et finit par consentir à remettre sa place moyennant une somme dont on ignore le chiffre exact, mais qui devait être assez considérable, puisqu'elle devait être fournie partie par les sujets du duc de Normandie, partie par ceux du roi de Navarre, comte de Mortain. Afin d'éviter tout retard, du Gueselin fit généreusement l'avance de la somme due par les sujets du duc de Normandie, montant à 4.500 francs.

         Le 1er mai 1363, il donna commission à Henri de Thiéville d'aller prendre la saisine du chastel de Auney pour ycelui faire raser et abbatre, avec une compagnie de seize archers ou hommes d'armes.

         Malgré un petit échec subi par du Guesclin devant le fort de Vaudry, cette place, comme Coulonces et Cottigny, fut bientôt purgée des bandes anglaises qui désolaient le pays, et quand, vers la fin de ce même mois de mai, du Guesclin vainqueur entra dans Vire, la ville lui fit un cadeau de mille royaux d'or. (...)

         Où était cependant le légitime seigneur d'Aunay pour protéger ses vassaux ?

         Était-il mort en les défendant au moment où son château fut pris ? On ne sait. Seulement il semble évident que la race chevaleresque des Sémilly paye sa part dans les sacrifices de la résistance. De 1374 a 1389, c'est un prêtre, sans doute un cadet de la famille, messire Guy de Sémilly qui figure comme seigneur d'Aunay, et comme tuteur des enfants mineurs laissés orphelins par la mort de son frère, Jean de Sémilly. (...) " [1]

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados) LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)

     

    Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

         Aunay passe ensuite à la famille d'Aussonvilliers ou Ossonvilliers.

         Après la destruction du château d'Aunay sur l'ordre de Du Guesclin, un nouveau château ou manoir sera construit au lieu-dit " Le Château ". Sur la route de Villers, juste après le moulin. Ce sera le nouveau siège de la baronnie des seigneurs d'Aunay. Sur la D6, en direction Villers-Bocage : 49°01'43.6"N 0°38'18.0"W

         Aujourd'hui, l'emplacement du vieux château d'Aunay-sur-Odon n'est plus visible car ayant été arasé par le propriétaire du champ. [NdB]

     

    LES REMPARTS D'AUNAY-SUR-ODON (Calvados)      Le 12 juillet 1509, Jehan d'Ossonvilliers ou d'Aussonvilliers reçut, comme baron d'Aunay, l'aveu des hoirs de Perrin Bellin pour le Clos-Yon et pour le Clos-Corneille, mais ce n'était pas sa famille qui devait remplacer celle des Semilly. Il n'eut qu'une fille, nommée Charlotte, qui mourut sans enfants de Jacques d'Hellenvilliers, baron de la Ferté-Fresnel. La baronnie d'Aunay et le reste de sa succession passèrent à la fille de Jeanne de Sémilly, sa grande tante maternelle.

         Cette Jeanne de Semilly, dont on a vu le contrat de mariage, eut de Jean de Saint-Maard, vicomte de Blosseville, une fille unique, nommée Loyse. (...)

     

    Ci-dessus, blason de la famille d'Aussonvilliers par Gilloudifs.

     

         L'unique héritière de la baronnie d'Aunay, de Balleroy, de la vicomte d'Esquay, etc... était Loyse de Saint-Maard, fille du vicomte de Blosseville et de Jehanne de Semilly. Elle avait épousé, vers 1479, Jehan des Essars, chevalier, seigneur des Essars et de Canteleu, et grand maître des eaux et forêts de Normandie. Il était d`une famille peu ancienne, mais florissante alors au pays de Caux. La baronne d'Aunay en eut quatre fils et six filles. (...)

     

         En 1501, Loyse de Saint-Maard, baronne d'Aunay, était veuve, [1] et celle-ci connut ensuite des tribulations tragiques que nous vous laissons découvrir sur le net puisque nous sortons de la période médiévale pour entrer dans la période moderne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image [NdB]

     

    DU CHATEAU-FORT D'AUNAY

         C'est dans cet endroit en 1832, que je vis la belle Florine que je désigne dans le portrait moral de la femme, sous le nom de la reine de la Beauté ! car vraiment elle était bien la plus belle de la Normandie !!!  Nous allons faire la description des mottes du château fort d’Aunay, partie d'après la notice sur le bourg d'Aunay par l’abbé Barette. Ce vieux château fut assiégé et pris en 1141 par Geofroy Plantagenet ; son emplacement est à deux kilomètres du bourg d'Aunay, sur le versant nord d'une colline qui traverse cette partie de l'arrondissement de Vire.  Ce château assez vaste était divisé en trois parties bien distinctes, qui suivaient la pente du terrain. La motte du donjon occupait la partie la plus élevée ; elle est ronde et son diamètre est de 50 mètres on y voit encore les fondations des murailles et un puits, qui se trouvait sans doute dans une tour que nous supposons avoir existé sur la partie de la motte tournée à l'orient. Ce donjon, entouré de larges fossés dominé au sud et au sud-ouest par le sommet de l'éminence dont il occupait la pente septentrionale, ce qui, en cas de siège devait en diminuer considérablement la force On descendait de la motte dans la cour par une pente douce, pratiquée du côté du nord-est, soit parce qu'elle devait correspondre à la cour du donjon, placé, comme nous le supposons, du même côté, soit peut-être aussi parce que dans cette direction la vallée rendait l'accès du château difficile. La cour centrale est a peu près carrée. Les fossés étaient autrefois remplis d'eau et on voit encore aujourd'hui un barrage servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coulent dans le vallon. La deuxième cour ou troisième partie du château et cependant de ces seigneurs qu'on pourrait appeler cour basse en comparant son niveau avec celui de la précédente offre comme elle un quadrilatère à angles obtus dont le côté nord est légèrement convexe ; de ce côté vers le couchant le volume est plus considérable et s'élève en forme de parapet au-dessus du niveau de la cour. Il n'y a dans cette enceinte, ni dans la précédente, aucune trace de maçonnerie. On voit sur le plan du château des sires d'Aunay un rempart dirigé vers l'occident et bordant un chemin creux ; c'était probablement une descente du château et ce rempart avait pour but de défendre l'accès du chemin qui venait aboutir sur le fossé, entre les deux cours- Il serait admissible que l'on accédait aussi au château par la chaussée qui servait à retenir les eaux de l'étang. Ce château était défendu naturellement au nord et au levant par deux vallées, mais que du côté du couchant il était dominé par les terres, c'est ce qui avait déterminé à établir de ces deux côtés des fossés qui formaient ainsi une double ligne de défense. La baronnie d'Aunay possédait le territoire de Balleroy avec quelques terres dans les communes de Vaubadon et de Cormolain. Cette baronnie fut possédée par différentes familles, entre autres par une branche de l'illustre maison des sires de Patry, seigneurs de la Lande. Ce château fut détruit dans les dernières années du 18e siècle. La baronnie d'Aunay valait 30,000 francs de revenus. Quelques chétives cabanes se pressaient l'une et l'autre autour de ce château-fort et formaient l'ancien bourg d'Aunay. Vasse (Wace) nous apprend qu'un sire d'Aunay était à la conquête de l'Angleterre avec les. sires de Combray, de Rubercy, de Fontenay et de Molay. Le sire d'Aunay chercha Harold pour le combattre, mais il ne le rencontra pas. Sa vaillance lui fit trouver une mort glorieuse sur le champ de bataille d'Hastings. Ses deux fils qui, à cause de leur grande jeunesse, n'avaient pu suivre leur père furent oubliés du conquérant. Le château d'Aunay fut détruit en 1145. Deux compétiteurs se disputaient les armes à la main le trône d'Angleterre et la couronne ducale de Normandie, Geoffroy Plantagenet et Etienne de Boulogne, sire d'Aunay, embrassa le parti d'Etienne. Plantagenet assiégea son château et le prit d'assaut, malgré une défense héroïque. Une bataille sanglante fut livrée dans ces lieux si calmes aujourd'hui. De ce vieux château féodal il ne reste plus que la triple motte dont nous avons parlé, quelques blocs de maçonnerie épars dans l'herbe et parmi les ronces, et un puits profond ; voilà les derniers vestiges de tant de puissance. L'abbaye qui se trouvait près du château fut détruite et rebâtie un peu plus loin l'endroit où l'on en voit encore les restes. Le bourg d'Aunay n'ayant plus la protection du château fut reconstruit à quelques pas dans la plaine où nous le voyons aujourd'hui. Le bourg d'Aunay est très commerçant. C'est à l'abbaye d'Aunay que se retira l'évêque d'Avranches. le célèbre Huet ; la fondation de cette abbaye remonte à 1131. Les routes qui traversent le bourg d'Aunay ont grandement contribué à sa pros- périté. ” [5]

     

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Etude sur la baronnie et l'abbaye d'Aunay-sur-Odon, par M. G. Le Hardy - Éditeur (Caen) 1897 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image

    [2] Extrait de Wikipédia 

    [3] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados, Tome 3 par M. Arcisse de Caumont (1801-1873) - Éditeurs Derache (Paris)/Dumoulin (Caen)/A. Hardel () 1846-1867 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96748058/f252.item.r=statistique%20monumentale%20du%20Calvados%20tome%203.texteImage

    [4] Extrait de Zadora-Rio Élisabeth : L'enceinte fortifiée du Plessis-Grimoult (Calvados). Contribution à l'étude historique et archéologique de l'habitat seigneurial au XIe siècle. In: Archéologie médiévale, tome 3-4, 1973. pp. 111-243; doi : https://doi.org/10.3406/arcme.1973.1261https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1973_num_3_1_1261

    [5] Extrait des Essais historiques sur les vieux châteaux du Moyen-Âge et sur les sires de ces castels, qui ont habité la Normandie et l'Angleterre : faits historiques sur onze communes de l'arrondissement de Domfront...” / par M. Arsène-François Lainé de Néel (Mesnil-Hubert (Orne)) ; date d'édition : 1880 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57723965/f1.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Briouze%22

    http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb323399891

     

    Bonnes pages :

     

    O Étude sur la baronnie et l'abbaye d'Aunay-sur-Odon, par M. G. Le Hardy - Éditeur (Caen) 1897 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image

     

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  • LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)

     

    Ci-dessus : à gauche, une photo extraite de http://www.ot-mortagneauperche.fr/fr/fiche-monuments/pervencheres/manoir-de-vauvineux-PCUNOR061FS000BH.html ; à droite, une photo extraite de https://audregnies-labataille.skyrock.com/2955262231-Le-vicomte-Henri-Pottin-de-Vauvineux.html

     

         " Le manoir de Vauvineux est un édifice situé à Pervenchères, en France. Le monument est situé dans le département français de l'Orne, à 1 km au nord-ouest du bourg de Pervenchères. " [1]

     

         " Manoir du 15e siècle construit à la fin de la guerre de Cent Ans, sur les ruines d'un château fort dont subsiste une partie des fossés. Il domine un vaste paysage. Devenu ferme au 18e siècle, il est en restauration depuis 1992.
         Contiguë au manoir et érigée au 16e siècle sur les ruines d'une chapelle plus ancienne, la chapelle de Vauvineux était devenue une grange et menaçait ruine. Sa restauration est en cours et elle vient de recevoir son dernier vitrail. " [2]

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)

     

    Plan de situation du manoir de Vauvineux ; blason de la famille de Carrel par Gilloudifs. Au moyen âge, Vauvineux est le fief des Carrel, vassaux des seigneurs de Bellême.

     

    Historique

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)     " Le site de Vauvineux était l'un des éléments de défense de la frontière Mortagne-Bellêmoise, élevés sur des mottes artificielles ou campés sur les côtes. " [3]

     

         " En ce point dominant, il dut y avoir un château pendant toute la période féodale ; d'abord au 10e ou 11e siècle une tour carrée à contreforts, aux étages à planchers de bois, et dont l'entrée était à plusieurs mètres au-dessus du sol.
    Puis au 12e ou 13e siècle un château plus grand, plus compliqué, avec une cour, une enceinte et des tours cylindriques.
    Il y a des traces de ce dernier château, et les escarpements au nord, une douve presque comblée à 80 mètres à l'ouest du château actuel, le vestige presque effacé d'une tour dominant le bord du coteau, peuvent en évoquer le tracé et l'aspect. " [4]

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)     " Philippe Picq propriétaire explique que « Vauvineux doit son nom aux vignes qui flanquaient le coteau sud donnant sur Pervenchères et qui subsistèrent jusqu’au 18e siècle. Au moyen âge, Vauvineux est le fief des Carrel, vassaux des seigneurs de Bellême, dont une fratrie s’exile, en 1016, en Italie du Sud. Suivis par les célèbres Hauteville, ils y jouent un rôle de premier plan avant d’être dépossédés de tous leurs biens et titres italiens. Seuls vestiges de l’ancien château fort des Carrel : la partie non comblée des douves sèches.

         Le manoir est érigé à la fin du 15e siècle, sur les ruines du château fort dévasté à la fin de la guerre de cent ans, Telle une sentinelle, aux confins du Perche, il domine un vaste paysage face au pays mêlois. » [5]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Carrel par Gilloudifs

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)     " Le manoir est construit en 1478 par Lorin de Cissé, sur la base des ruines du château-fort des Carrel. Il devient au 17e siècle la propriété des de Rohan. " [1]

     

         " Pervenchères tire son nom, soit de la Pervenche, qui y prend sa source, soit de la quantité énorme de pervenches qui tapissent les bois et les talus de tous les chemins et de tous les fossés. On y voit les ruines merveilleuses du manoir de Vauvineux, que Rachel de Cochefilet, héritière de sa maison, apporta au grand Sully. " [6]

     

         " Vauvineux passe, au 17e siècle, successivement aux Cochefilet et aux Rohan, familles célèbres et puissantes détenant de nombreux biens dans le Perche.

         Vauvineux est érigé en comté sous Louis XIII et est cité par la marquise de Sévigné et le duc de Saint Simon. " [5]

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)

     

         " Vauvineux était un comté. Il appartint d’abord aux Clinchamps, famille illustre, dont le nom se rencontre dans les Annales du Perche dès le 11e siècle. En 1558, Antoinette de Clinchamps, veuve de Louis Le Roi, chevalier, seigneur de Chavigny et de la Beausonnière se faisait représenter à la rédaction des coutumes du grand Perche comme dame de Clinchamps et de Vauvineux. Dans le même siècle ou le suivant, on vit Vauvineux possédé par Elisabeth de l’Aubespine de Châteauneuf, qui le porta en mariage à André de Cochefilet, baron de Vauceslas, comte de Vauvineux. Des Cochefilet il passa aux Rohan par mariage, en 1679 ; des Rohan aux Gaston, comtes de Vauvineux, barons de Mongaudry, seigneurs de Viday, Saint-Quentin de Blavou, Pervenchères et Chaises, etc., en 1773. " [7]

     

    Ci-dessus : 1. blason de la famille de l’Aubespine de Châteauneuf par Jimmy44 (talk) 07:37, 31 January 2012 (UTC)Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18230657 ; 2. blason de la famille de Cochefilet par Gilloudifs ; 3. blason de la famille de Rohan par Jimmy44Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Jimmy44., CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4548027 ; 4. blason de la famille Gaston de Poilley par ByacC — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22529027

     

         Au 18ème siècle le manoir et son domaine appartient donc à la famille Gaston de Pollier. [NDB]

     

         " L’acquisition par ceux-ci, en 1789 , de la terre, seigneurie et vicomté de Vaunoise, leur fit transporter leur demeure dans cette dernière commune, qu’ils habitent encore ; mais ils ont conservé la propriété, le titre et le nom de Vauvineux. " [7]

     

         " ...La chapelle, datant du 16e siècle, est transformée en grange sous la Révolution. " [1]

     

         " Devenu ferme, Il est acquis au 19e siècle par la famille de la propriétaire actuelle. Sa restauration débute en 1992. " [5]

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)     " C'est en 1992 que Mme et M. Philippe Ricq, héritiers de cette ruine, entamèrent les premiers travaux. Abandonné depuis la Révolution aux fermiers qui laissèrent l'exploitation rurale se dégrader, il ne restait plus grand chose de l'altière demeure des Saints-Pères. D'autant que la tour Est et le second étage, menaçant de s'écrouler, avaient été démolis en 1900 par le propriétaire d'alors (l'arrière grand-père de Mme Picq), et que d'horribles appentis, des cages à lapins furent adossés au manoir, occultant même, sur la façade est, des fenêtres à meneaux, actuellement restaurées. " [8] 

     

    ---------------------------------------

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) 1845 :

          " Tout près du bourg de Pervenchères, sur une éminence d’où l’œil se perd au loin,

    Sur ce pays si vert, en tous sens déroulé ,
    Où se perd en forêts l'horizon ondulé.

    comme l’a dit du Perche, un poète qui n’en est pas originaire (Sainte-Beuve), se dressent les ruines du vieux château de Vauvineux. C’est une ruine très élevée, ayant peut être encore plus de 30 mètres sous le toit ; des fenêtres carrées, surmontées d’une accolade, d’autres géminées, d’autres encore partagées en forme de croix, ou ofl'rant des arcades trilobées, avec quelques animaux sculptés à l’entour, éclairent ce vieux manoir, dont quelques portions doivent remonter à la fin du 14e siècle, ou du moins au commencement du 15e. Des destructions et des démolitions successives lui ont beaucoup ôté de son caractère primitif. Il est flanqué de deux tours, l’une ronde et l’autre polygone renfermant l’escalier ; cet escalier est vaste et beau. Dans les appartements, convertis en fenils et en greniers, on trouve quelques cheminées, les unes cintrées, les autres carrées, grandes à rôtir les bœufs d’Homère. Elles sont en partie décorées de feuillages et de moulures prismatiques. On voit même sur la principale un ange tenant un écusson a trois fleurs de lys.

         Sur l’esplanade où s’élève ce château, s’en élevait jadis un autre dont la place n’est plus indiquée que par des amas de décombres et par des fossés profonds assez bien conservés. Cet endroit domine tout le pays et dut avoir une grande importance dans les guerres du moyen âge. L’histoire cependant n’en fait aucune mention. Le chemin, profondément creusé, qui conduit du bourg de Pervenchères au château, semble l’avoir été à dessein, pour dérober des sorties à l’ennemi ou pour l’écraser du haut des talus qui le dominent.

         Tout auprès, on trouve quelques bâtiments assez antiques, dont l’un qui, sans doute, servait de chapelle, est aujourd’hui converti en grange. Le portail est même renfermé dans les nouvelles murailles. Il était a plein cintre , orné de moulures bizarres, cabalistiques peut-être, et paraissait dater du 15e siècle. Sur une autre portion de bâtiments, on voit un écusson chargé d’un christ en croix et de deux petits personnages. " [7]

     

    Ci-dessus : Référence APMH00081454 - Photographe Magron, Henri Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00081454

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)

     

    Ci-dessus : à gauche, une photo aérienne extraite du site Géoportail ; au centre, un extrait du cadastre napoléonien de 1811 - Archives de l'Orne, http://archives.orne.fr/

     

    Architecture

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne) 1896 :

         " Le château actuel est de la fin du 15e siècle du temps de Louis XII. On y arrive par un petit sentier cahoteux qui part du chemin d'Alençon à Pervenchères ; c'est un haut bâtiment de 24 mètres de long sur 12 de large, surmonté d'un comble aigu et compris entre deux tours.
    L'une des tours à l'est, est cylindrique, à plusieurs étages non voûtés. L'autre à l'ouest, octogonale, est plus légère et renferme l'escalier à vis du château.

         Le tout est de la même époque et du même style, celui de la deuxième moitié du 15e siècle, avant l'arrivée des architectes italiens et l'abandon de notre art national.
         Sous Louis XII, les châteaux n'avaient déjà plus l'aspect robuste et rébarbatif des époques antérieures ; le pays était plus sûr, et l'on osait ouvrir vers l'extérieur, d'autres jours que des meurtrières ou embrasures. "
    [4]

     

    Ci-dessus : https://www.ouest-france.fr/normandie/pervencheres-61360/le-manoir-de-vauvineux-ouvert-au-public-4467379

     

         " Les vestiges de l'ancien manoir comprenaient deux étages de construction et une haute tour octogonale. En 1900, l'ensemble fut dénaturé. Il ne reste plus qu'une partie de façade avec une tour à pans, et les manteaux de cheminées au niveau des étages démolis. Le pignon nord conserve les traces d'une aile disparue. A l'intérieur, les cloisons sont à pans de bois garnis de torchis. L'une des pièces conserve une cheminée ornée d'un ange portant trois fleurs de lys sur la poitrine. " [3]

     

         " Il comprenait un deuxième étage et une grosse tour ronde, aujourd’hui disparus. L’aile du pignon Nord, non achevée à la construction du manoir, est dotée d’une cheminée pendante qui attend depuis cinq siècles une hypothétique utilisation. D’élégantes chimères, courent sur la corniche de la tour à escalier et défendent symboliquement la porte. (...)

     

    LES REMPARTS DE VAUVINEUX (Orne)     La chapelle contiguë, date du 16e siècle.

         Sauvée de la ruine en 2007, elle abrite une exposition sur l’épopée italienne des Carrel réalisée avec Pervenchères Patrimoine et sur les travaux de restauration.Les vitraux ont été réalisés par la propriétaire actuelle avec le concours du Centre International du Vitrail de Chartres. " [5]

     

     

    Photo de la chapelle restaurée extraite de http://www.ot-mortagneauperche.fr/fr/fiche-monuments/pervencheres/manoir-de-vauvineux-PCUNOR061FS000BH.html

     

    Protection :

     

         " Les façades et les toitures du manoir, la grande cheminée de l'étage et l'ancienne chapelle sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 24 mai 1974. " [1]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de https://www.ornetourisme.com/tourisme/patrimoine/pervencheres_manoir-de-vauvineux_161__PCUNOR061FS000BH.htm#ad-image-0

    [3] Extrait de http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00110887

    [4] Extrait de " La Normandie monumentale et pittoresque... Orne, 1re [-2e] partie.... Partie 2 ; article du comte Lefebvre des Noëttes - Éditeur Lemale (Le Havre) - Date d'édition 1896 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6421248j/f362.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Vauvineux%22.zoom.texteImage

    [5] Extrait de https://actu.fr/normandie/pervencheres_61327/le-manoir-vauvineux-pervencheres-est-ouvert-la-visite-tout-lete_26186209.html

    [6] Extrait de Le Merlerault, ses herbages, ses éleveurs, ses chevaux et le haras du Pin : la plaine d'Alençon, Le Mesle-sur-Sarthe par Charles Du Haÿs (1818-1898). (Paris) 1866.

    [7] Extrait de Le département de l'Orne archéologique et pittoresque par Léon de La Sicotière - Beuzelin, 1845 - 304 pages https://books.google.fr/books?id=AX60J1ME6d4C&pg=PA68&lpg=PA68&dq=manoir+de+vauvineux&source=bl&ots=WTB9BFKl0H&sig=ACfU3U12hM53GADTe3ooqiV_XAh9cNZ-Hw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjWmKyRro_lAhWJzoUKHbbfCxw4RhDoATAFegQICBAB#v=onepage&q=manoir%20de%20vauvineux&f=false

    [8] Extrait de Sites et monuments : bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique générale de la France – Paris 1999-04  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97775396/f18.item.r=%22manoir%20de%20Vauvineux%22.zoom.texteImage

     

    Bonnes pages :

     

    O https://www.ouest-france.fr/normandie/orne/marie-jehanne-picq-concoit-les-vitraux-de-sa-chapelle-1064927

    O https://www.ouest-france.fr/normandie/pervencheres-61360/le-manoir-de-vauvineux-ouvert-au-public-4467379

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97775396/f17.image.r=%22manoir%20de%20Vauvineux%22?rk=42918;4

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6421248j/f361.image.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Vauvineux%22?rk=128756;0

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