• LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus, à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)      « La Heuze, autrefois appelée la Grande-Heuze, était un château situé sur le bord de la forêt d'Eawy et dont les seigneurs brillèrent d'un vif éclat au moyen-âge. Ils avaient alors un château entouré de fossés, avec haute justice à deux piliers et droit de présentation à l'église. Aujourd'hui, tout cela a disparu et une tristesse profonde s'est assise en ces lieux. » [1]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne (1950-1965) extraite du site Géoportail.

     

         Les vestiges du château de la Grande Heuze se dressent sur la commune de Bellencombre dont le chef-lieu possédait un château déjà traité dans ce blog. [NDB]

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)

     

    Plan de situation du château de la Grande Heuze à Bellencombre ; blason de la famille de la Heuze par Gilloudifs

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)     « Selon la tradition, le domaine de la Grande Heuze aurait été fondé au 10e ou 11e siècle. Le logis daterait du 13e ou 14e siècle. Remanié à plusieurs époques : porte d'entrée première de la moitié du 16e siècle. Porche, baies et enduit de la façade postérieure à la deuxième moitié du 18e siècle. La chapelle Saint-Christophe mentionnée en 1234, est reconstruite au début du deuxième quart du 16e siècle, dédicacée en 1531. Un aveu de 1615 mentionne un manoir, des étables, un colombier, des granges, un pressoir et justice à deux piliers. A part le logis, ces bâtiments ont été détruits. » [2]

     

    Ci-dessus, une photo extraite de https://www.geocaching.com/geocache/GC6F197_la-heuze?guid=52e417d0-1bac-4a18-81e9-542de233d363

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)     « Enfin, la terre de la Heuze, qui a fourni si longtemps des seigneurs au bourg de Bellencombre, n'était originairement qu'un désert de la forêt d'Eawy, laquelle fut en grande partie donnée par Rollon, vers l'an 912, à l'un des guerriers qui avaient partagé ses périlleux exploits. Le nom de la Heuze était fort commun au moyen-âge ; Dom Toussaint Duplessis prétend que ce nom dérive du mot teutonique Hausse, qui signifie maison, établissement domestique ; mais nous ne partageons nullement cette opinion. Le mot Heuze, dont on a fait Houze ou Houseaux, désigne littéralement de fortes bottes en cuir.
         La maison de la Heuze, comme nous venons de le voir, portait pour armes trois houzes ou trois bottes de sable sur un champ d'or. Il est donc probable que le compagnon de Rollon, qui avait reçu cette terre en récompense de ses services, avait été surnommé Grande-Heuze à cause de ses longues bottes, de même que plus tard Robert II, duc de Normandie, fils ainé de Guillaume le Conquérant, fut appelé Courte-Heuze, c'est-à-dire petite botte. C'est donc ce guerrier qui a transmis son nom au fief dont nous parlons, et non pas le fief qui l'a donné à la famille de la Heuze. Dans la liste des gentilshommes qui s'enrôlèrent pour la première croisade en 1096, on voit que Pierre de la Grande-Heuze accompagna, à la conquête de la Terre-Sainte, Robert Courte-Heuze, duc de Normandie. La Grande-Heuze portait le titre de paroisse en 1266 ; mais, ayant été ruinée par les guerres des Anglais, dans les 14e et 15e siècles, cette paroisse, devenue simple hameau, n'eut longtemps pour église qu'une chétive chapelle. Ce n'est qu'en 1531 que le cardinal d'Amboise, archevêque de Rouen, cédant aux sollicitations de Louis du Quesnoy, alors possesseur de cette terre, lui rendit, par décret daté du 20 septembre, son ancien titre de paroisse. Suivant un aveu du 12 août 1484, il y avait aussi à la Grande-Heuze, dans l'enceinte du manoir seigneurial, une chapelle dont les possesseurs du fief avaient seuls le droit de nommer les titulaires, sans ce que personne ecclesiastique ne seculiere y ait que veoir, dit ce même aveu.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1807, Archives de la Seine-Maritime,http://www.archivesdepartementales76.net/


    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)     La seigneurie de la Heuze était encore un plein-fief de Haubert en 1615, époque où elle faisait partie du duché de Longueville. En 1694, après la mort de l'abbé Louis-Charles d'Orléans, duc de Longueville, la terre de la Heuze, comme Gournay, la Ferté, etc., etc., retourna à la princesse Marie d'Orléans, sœur de ce même duc et veuve de Henri de Savoie, duc de Nemours. Cette dernière étant morte à son tour, en 1707, sans laisser d'enfants, Jacques III de Matignon, comte de Thorigny, son héritier, vendit la terre de la Heuze, le 9 mai 1715, à Jacques de Saint-Ouen, écuyer, capitaine au régiment de Piémont, etc. Ce Jacques de Saint-Ouen laissa Yves de Saint-Ouen, seigneur et patron de la Heuze. François-Alexandre-Barthélemy de Saint-Ouen, chevalier, héritier de Yves de Saint-Ouen, vendit la Heuze, le 8 janvier 1760, à Aimable Theroulde de Bellefosse, lequel revendit cette terre, le 19 décembre 1766, à un sieur Devalliers.
          Ce dernier la revendit à son tour le 26 février 1783, à M. de Saint-Ouen d'Ernemont. Quatre ans après, la baronnie haute-justicière de la Heuze, à laquelle étaient alors réunis les fiefs de Virville, des Grandes-Ventes et-des Petites-Ventes, ainsi que le patronage des chapelles de la Frenaye, d'Orival-sur-Varenne, de Saint-Ouen-sur-Bellencombre, de Saint-Remi-en-Rivière, etc., etc., appartenait à messire François le Cordier de Bigars, chevalier, conseiller du roi en la chambre des Comptes de Normandie, marquis de la Londe, baron du Bourg-Theroulde, seigneur et patron de Saint-Ouen de la Londe, d'Amfreville-la-Campagne, de Montaure, de Saint-Aubin d'Écrossille, etc., etc. Ce fut le dernier seigneur de la Heuze. Lors du rétablissement du culte, l'église de la Heuze ne fut pas comprise au nombre des paroissiales. On voulut plus tard réparer cet oubli et un décret fut publié à ce sujet, au nom de l'empereur Napoléon, le 2 octobre 1813. « Ce décret, rendu à une époque où le grand colosse commençait à trembler sur sa base, est signé Marie-Louise. » Bientôt, néanmoins, la Grande-Heuze , définitivement rayée du nombre des paroisses, fut réunie à Bellencombre. » [3] 

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)     La demeure possède une chapelle Saint-Christophe, patron des voyageurs. Cet édifice religieux, construit au 12e siècle par le seigneur de la Grande Heuze a été reconstruit au 16e siècle. Elle était, à l’origine, destinée à accueillir les lépreux. A la Révolution, le lieu perdit sa vocation ecclésiastique. [NdB]

     

    Ci-dessus, une photo extraite de http://www.normandie-visuels.fr/galerie/displayimage.php?album=13&pid=1203#top_display_media

     

    LES REMPARTS DE LA GRANDE HEUZE (Seine-Maritime)     « Dès 1250, l'église de La Heuze était une paroisse, sous l'invocation de Notre-Dame, située dans le manoir de Martin de La Heuze (miles), au milieu de la forêt d'Eawy. L'archevêque Bigaud reçut le prêtre Boger, présenté par le seigneur, pour cette paroisse de 15 livres de revenu.

         La guerre fit sans doute supprimer cette paroisse, car, en 1531, nous voyons l'archevêque de Rouen ériger de nouveau en cure l'église de La Heuze. C'était sur la requête de Louis du Quesnoi, seigneur du lieu. Cette fois, ce fut sous l'invocation de saint Christophe, dont l'image n'a guère moins de 4 mètres de hauteur. Il a les pieds dans l'eau et porte l'enfant Jésus sur ses épaules, comme le veut la légende. De tout temps, les seigneurs de La Heuze ont présenté à la cure de cette église qui n'est que la chapelle de leur château. Comme au temps de saint Louis, elle est renfermée dans l'enceinte du manoir. C'est une bâtisse du règne de Louis XIV, sur la porte de laquelle brillent les armes parlantes du seigneur. » [1]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Les Églises de l'arrondissement de Dieppe, Volume 1 par Jean Benoît Désiré Cochet ; J.-B.-S. Lefebvre, 1846 - 536 pages https://books.google.fr/books?id=XT0bAAAAYAAJ&pg=RA1-PA404&lpg=RA1-PA404&dq=Grande-Heuze+Bellencombre&source=bl&ots=Ouxzq4MR5q&sig=ACfU3U1BM8EKI7jGO-8IcyeE1sdmLrmkTg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjl556zyPjhAhUI6KQKHeMZBjA4HhDoATAGegQICRAB#v=onepage&q=Grande-Heuze%20Bellencombre&f=false

    [2] Extrait de Source Base Mérimée, culture.gouv.fr/culturepatrimoine http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee.fr

    [3] Extrait de Histoire communale des environs de Dieppe, contenant les cantons de Longueville, Tôtes, Bacqueville, Offranville, Envermeu et Bellencombre par Auguste Guilmeth,... Seconde édition ; auteur : Guilmeth, Alexandre-Auguste (1807-1860?). Éditeur : (Paris) ; date d'édition : 1838 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65229955/f289.item.r=%22la%20Grande-Heuz%C3%A9%22.texteImage


    Bonnes pages :

     

    O http://herve.laine-bucaille.pagesperso-orange.fr/noblesse/L/La_Heuze_2496761.htm

    O http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article3675

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  • LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)

     

    Ci-dessus, à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         Bémécourt, en bordure de la forêt de Breteuil, possède une motte féodale avec fossés. [NdB]

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)

     

    Plan de situation du château de Bémécourt ; blason de la famille de Tournebu par Apn — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38577818

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)     « La commune de Bémécourt est connue dès le 11e siècle, lorsque le seigneur de Breteuil inféoda ce terroir à l’un de ses fidèles. Celui-ci y installa alors une petite seigneurie avec motte féodale, manoir, fossés et pont-levis : siège d’un domaine de plusieurs centaines d’acres. C’est l’origine du fief de Bémécourt, qui se perpétua jusqu’à la Révolution. Durant l’Ancien Régime, la quasi-totalité des habitants relèveront de cette seigneurie, qui fut possédée entre autres par les familles de Tournebu, Pevrel et de Saint-Aignan.

          Située en forêt de Breteuil, l’économie de cette paroisse fut longtemps tributaire de celle-ci. Au 17e siècle se développa ici, comme en de nombreuses paroisses voisines, l’activité de ferronnerie artisanale qui devait s’y perpétuer jusqu’à la fin du 19e siècle. (...) » [1]

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)

     

    Ci-dessus : à gauche, plan terrier du 18e siècle, archives de l'Eure, II planche 28. Cl. ALD. extrait de Haute-Normandie archéologique n°9 ; 2004 ; au centre, plan extrait du cadastre napoléonien de 1829, Archives de l'Eure, http://archives.eure.fr/ ; à droite, carte d'Etat-Major (1820-1866) extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)      « En forêt de Breteuil, une autre clairière, donnée sans doute vers la même époque à la famille de Bémécourt, a donné naissance à un château. Celui-ci est aujourd’hui détruit, mais les plans anciens en montrent le fossé annulaire. » [2]

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure) LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)

     

    A proximité :

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)     « Sous la Restauration, le banquier Laffitte, propriétaire de la forêt de Breteuil, construisit au hameau de Souvilly, une grande maison bourgeoise pour servir de résidence et de bureau à ses agents forestiers. Par la suite, sous le Second Empire, le nouveau propriétaire de la forêt, Louis Roederer, réédifia en totalité cette maison pour en faire une magnifique demeure avec de nombreux communs, parc paysager… Son gendre, Jacques Olry, un temps député de l’Eure, en fit une résidence de grand prestige. Il menait là, lors de ses courts séjours, une vie fastueuse dont on a surtout retenu les grandes chasses à courre, dont certains se souviennent. Hélas, ce château, si connu et si joli, disparut en 1918 dans un incendie. » [1]

     

    LES REMPARTS DE BEMECOURT (Eure)      « L’église paroissiale de Bémécourt placée sous le saint patronage de Pierre et Paul, est remarquable par son clocher à pans de bois. Située à la partie occidentale de la nef, il s’agit d’une tour carrée et de grande élévation reposant directement sur le sol. Son clocher octogonal très élancé est couvert en ardoise. » [1]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de http://www.inse27.fr/interco/les-communes/bemecourt/

    [2] Extrait de Haute-Normandie archéologique n°9 ; 2004 ; Centre de Recherches Archéologiques de Haute-Normandie ; Société Normande d’Études Préhistoriques, Hôtel des Sociétés Savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen ; http://www.crahn.fr/uploads/publications/bulletins/Arch%C3%A9ologie%20a%C3%A9rienne%20sur%20la%20moiti%C3%A9%20ouest%20de%20l%27Eure,%20la%20campagne%202003%20-%20CRAHN%202004.pdf

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  • LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)     Une motte castrale se trouve dans le bois de Limors sur la commune de Varenguebec (Manche) en limite de la commune de Vindefontaine. Elle porte le nom de motte de Limors, butte Colbec, butte Bertrand, butte aux Sieurs, butte des Lieurs, butte Sauvage, butte Aignaux ou Montenio et a fait l'objet de plusieurs légendes. [NdB]

     

    Ci-dessus, photo aérienne (1950-1965) de la motte du bois de Limors extraite du site Géoportail.

     

          « Dans un ravin coule le ruisseau Colbec, qui divise Varenguebec de Vindefontaine. D'un côté de ce ravin, sur Varenguebec, il existe une butte nommée indifféremment la Butte Sauvage, la Butte des Lieurs, la Butte Bertrand. Cette butte, très étendue, parfaitement ronde, et entourée de fossés, était, il y a quelques années, couverte d'arbres. De l'autre côté de ce ravin,sur Vindefontaine, se trouve un bois taillis, appelé le bois Colbec. Ce mot Colbec, en langue tudesque, signifie passage de la Butte ; et le mot Varenguebec, composé des trois mots ware, bataille, inge, champ, et bec, butte, veut dire butte du champ de bataille. » [1]

     

          « A proximité des marais de la Douve, sur le territoire de la commune de Varenguebec (célèbre pour ses fastueuses fêtes folkloriques), le bois de Limors (487 hectares) s'étale sur une motte de terre à sommet aplani (appelée motte de Limors, butte Colbec, butte Bertrand ou butte aux Sieurs), sur laquelle se dressait jadis un château de bois dont il ne survit aucune trace. » [2] 

     

    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)

     

    Ci-dessus, plan de situation de la motte de Limors à Varenguebec ; blason de la famille d'Harcourt dont des membres furent barons de Varenguebec au 15e siècle (la motte de Limors se trouve sur le territoire de la paroisse de Varenguebec) par User : Spedona Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2697928

     

    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)      « Varenguebec, canton Saint-Sauveur-le-Vicomte. — Lieu-dit : L'Andruerie. — Parcelle cadastrale : A 2. — Coordonnées Lambert : 189, 50-324, 10. — Fief : La Haye. Assez loin du château, sur la terre de l'Andruerie, à l'est du bois de Limors, un tertre factice, nommé la Butte Bertrand, ancien tumulus ou peut-être emplacement du château (Gerville C., 1825, t. II, 200).

          Au lieu-dit l'Andruerie, en bordure du bois, on voit une forte motte appelée aujourd'hui le Montenio par les habitants du hameau voisin. Cette motte de forme conique a été éventrée au 19e siècle par des chercheurs de trésor. Elle n'en demeure pas moins imposante. Elle est très ramassée, d'une dizaine de mètres de haut, et à peu près dix-huit mètres de diamètre au sommet. Elle est entièrement entourée d'un fossé de deux mètres de large et de un mètre cinquante de profondeur. Elle est située en bordure d'un ruisseau qui alimente un peu plus au nord la rivière l'Ouve. Sa basse-cour peu visible sur le terrain, en raison du parcellaire d'une part et du bois d'autre part, semble se développer au sud-ouest. » [3]

     

    Les Légendes de la Butte des Sieurs, à Varenguebec

     

    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)       « De nombreuses légendes trainent autour des landes, « vastes étendues sèches et arides, ces lacunes de culture, ces places vides de végétation, ces déserts nus traînent » comme les décrivait Jules Barbey d’Aurevilly, ainsi qu’aux lisières des marais, « bas-fond limoneux, boueux et instables, souvent noyés de brumes vaporeuses », royaume « des bergers errants et des pâtres bohémiens, porteurs de pouvoirs malfaisants » qui rôdaient sur ces terres perdues, à l’affût de quelque mauvais coup d’un sort à jeter à quelque pauvre bougre égaré sur ces terre inhospitalières (1).

            C’est sans doute dans ces conditions particulières qu’est née, un jour, la légende de la Dame Blanche que l’on retrouve dans de nombreuses régions. Elle est utilisée par exemple par notre célèbre connétable des lettres normandes, principalement au début de L’Ensorcelée, ce roman extraordinaire qui est déjà en soi une magnifique légende (1).

             C’est ainsi que l’on doit à Émile Énault, ancien maire de Saint-Lô, et frère de François Énault de Varenguebec, auteur du livre en langue normande Les propos de Jean Frinot, humoriste et caricaturiste, cette très belle légende parue en 1903 dans la revue Le Bouais-Jan, intitulée : Légende de la Butte des Sieurs, à Varenguebec. Il écrit : « Bien des gens ont aperçu, le soir, des fantômes blancs, dans la lande de Morte-Femme (un lieu très évocateur) des flammes légères qui voltigent ça et là sans rien consumer et qui s’évanouissent brusquement : ce sont les âmes des victimes égorgées par les Sieurs (sortes de bandits de grand chemin qui avaient établi leur repaire sur cette butte mystérieuse, à l’extrémité du Bois de Limors, aux confins de Vindefontaine et des Moitiers-en-Bauptois) qui reviennent maudire leurs bourreaux. La pauvre captive erre chaque chaque nuit sur les bords du Colbec (ruisseau qui sépare Varenguebec et Vindefontaine) au puits des Drouves (situé sur la butte des Sieurs). » (1)

             Cette jeune fille avait été capturée par des Sieurs en question, lors d’un combat qui les opposait aux seigneurs de Varenguebec. Retenue en captivité, elle avait été bien traitée par ses geôliers, en égard à sa grande beauté. Mais un des jeunes sieurs s’étant épris d’elle, elle réussit à échapper à la vigilance de ses gardiens. Ceux-ci aussitôt firent courir le bruit que pour s’échapper, elle s’était livrée corps et âme à ses geôliers et elle fut rejetée par les siens. Elle erra dans la forêt, poursuivie par ses propres pairs et finit par se pendre à un chêne avec sa ceinture. Les Sieurs la retrouvèrent et allèrent la jeter dans les douves du château : « la robe blanche de la Vierge flotta tout le jour sur les eaux sombres, comme une colombe foudroyée par l’orage… ». Elle fut enterrée sans croix ni oraison dans un coin de la lande voisine, appelée depuis lors « Lande de Morte-femme » (1).

    (1) Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Éditions Eurocibles, Marigny. ISBN 2914541171 [4]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)     « Une autre légende a jadis fleuri concernant la butte Aignaux appelé aussi « Butte des Sieurs » nous avons vu pourquoi précédemment. Depuis des temps immémoriaux on cherche toujours le trésor  des Sieurs qui serait contenu dans une Kanne d’or c’est à dire un gros pot à lait rempli d’objets d’or. Une fortune convoitée. 

         Le tertre a dû être fouillé copieusement si l’on en juge par la plaie béante située en son milieu.
         En ce temps là vivaient près de l’église de Varenguebec deux jeunes gens de condition modeste qui s’aimaient follement et qui répondaient au doux nom de Marie et Jehan.

         Depuis un certain temps, leur liaison était connue de tout le village et la bonne du curé que l’on disait mauvaise langue, ne manquait pas de dire à toutes occasions qu’elle n’appréciait pas cette liaison. Pauvre Marie, Pauvre Jehan !

         On approchait de Noël, cette grande fête religieuse qui rassemble  le peuple de Dieu.
         - Après Noël, je serai riche dit un soir Jehan à son amie et de lui confier que la nuit de Noël, il se trouverai à minuit sur la Butte des Sieurs, à l’endroit où apparait le grand chien nommé Radja qui garde le trésor de la Kanne d’or. Il détournerai son attention car le soir de Noël les animaux vont boire dans le plus proche ruisseau et il s’approprierai le trésor.

         La nuit de Noël arriva… Jehan  dans la soirée partit vers le lieu de son rêve, la Butte des Sieurs, pendant  que sa douce amie se rendait à l’église paroissiale. Quel bel office ! Après que le prêtre eut parlé de la naissance de l’enfant Jésus, les trois chantres revêtus de leur chape brodée d’or entonnèrent les chants latins : te deum, le dominus et pour terminer  conclurent par le ite missa est ! auquel répondit toute l’assistance.

         A peine l’office terminé, Marie sortit rapidement pour rejoindre son ami. Impatiente, effrayée, courant plus que ne marchant, elle suivit le chemin du Colbec et arriva à la Butte des sieurs. Elle appela son ami… hélas ! aucune réponse ne lui parvint. Eplorée, malheureuse, jusqu’au matin elle chercha Jehan disparu.
         Dans la matinée, un berger allant faire paître ses moutons sur la lande, découvrit le corps inanimé de la petite Marie morte par amour.

         Depuis lors, par certaines journées de brume, on peut deviner sur la lande, l’âme des deux fiancés à la recherche l’une de l’autre. [5] 

     

    Ci-dessus, carte géologique extraite du site Géoportail.

     

    A proximité :

     

    O Le château disparu de Varenguebec

     

    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)     " Après nous être écartés de la route de Saint Sauveur à Lessay, pour examiner un angle du canton de la Haie-du-Puits qui semble devoir plutôt appartenir à celui de Saint-Sauveur revenons sur nos pas vers le levant et dans une paroisse limitrophe de l'arrondissement de Valognes. Le château de Varenguebec est le premier où nous ayons à faire des recherches.
          Ce château jadis plus important que le précèdent n'offre pourtant pas un emplacement aussi curieux mais les renseignements sur la suite de ses possesseurs sont bien plus abondants.
          Beaucoup de ses anciens titres subsistent encore au chartrier de Coigny et plusieurs ouvrages imprimés donnent des détails sur ses seigneurs.
          Raoul d'Évreux, seigneur de Gacé (Vacy où Vassy) et de Varenguebec connétable de Normandie était un des tuteurs ou gouverneurs du duc Guillaume, qui conquit l'Angleterre. Il remplissait les fonctions de cette charge difficile, environ trente ans avant l'expédition qui rendit son pupille le plus puissant-Roi de l'Europe (Hist. des Grands Officiers de la couronne, tom. II pag. 477. Guill. Gemet. Lib. VII. Apd. script. Norman. Collect. pag. 268, 9, et Lib. VIII cap. XVII. Ibid pag. 301.).


    LES REMPARTS DE VARENGUEBEC (Manche)      A cette époque mémorable la seigneurie de Varenguebec appartenait à la famille de Reviers, alliée de très près à celle du conquérant. J'en ai parlé au chapitre de la baronnie de Néhou (V. Sup. n°. 9. Grands Officiers de la couronne, tom. II Pag. 491, 2' 79- 2).
    Dans le siècle suivant, Mathilde de Vernon ( Reviers ) dame de Varenguebec épousa son cousin Richard de la Haie-du-Puits. Ils fondèrent conjointement l'abbaye de Blanchelande et le prieuré de Saint-Michel-du-Bosc (Gall. Christ, tom. XI, col. 945, 6. – Neustria pia, pag. 842 et seq.). L'emplacement de ces deux monastères fut pris sur le territoire de la seigneurie de Varenguebec.
          En mourant ils laissèrent trois filles héritières de leurs vastes domaines Gillette, une d'elles épousa Richard du Hommet, et lui apporta en mariage la baronnie de Varenguebec,et le titre héréditaire de connétable de Normandie qui y était attaché.
          Après avoir appartenu à plusieurs générations successives de la famille de Hommet, cette baronnie tomba une seconde fois en quenouille.
          Robert de Mortemer, qui mourut en 1277 la possédait au nom de sa femme Julienne ( ou Nicole) une des héritières de Jourdain du Hommet (V. Sup. article de la Luthumière, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires, première année.).
          A la mort de Robert de Mortemer, Varenguebec passa par Jeanne sa fille à son mari, Guillaume Crespin maréchal de France qui avait suivi le roi St.-Louis à la croisade d'Afrique, en 1270.
          Le titre de connétable fut le sujet d'une grande contestation entre les trois filles de Jourdain du Hommet, mariées toutes trois. En 1294, il fut reconnu que ce titre appartenait à la baronnie de Varenguebec (Hist. des Grands Officiers de la couronne, tom. VI, p. 634). Guillaume Crespin fils de celui qui avait épousé Julienne du Hommet mourut en 1330, ne laissant encore que des filles.
          Jeanne qui était l'aînée, se maria en 1334, à Guillaume de Melun, comte de Tancarville et lui apporta entre autres seigneuries la baronnie de Varenguebec.
          Pendant deux siècles, vous voyez que cette châtellenie passe cinq fois en quenouille. Le 14e siècle n'était pas encore écoulé et déjà une autre fille l'avait portée dans la famille d'Harcourt.
          En 1381, Guillaume d'Harcourt, comte de TancarviIIe rendit au roi l'aveu de ses fiefs et entre autres de la baronnie de Varenguebec.
          Dans cet acte il prend le titre de connétable hérédital de Normandie (Laroque Hist. de !a maison d'Harcourt, pag. 4. ibidem pag. 716 et 17.).
          Pierre abbé de Blancheiande rendit, en 1452 à Guillaume d'Harcourt, seigneur de Tancarville, connétable héréditat de Normandie, un aveu pour son abbaye.
          Peu d'années après, Jeanne de Carbonnel, supérieure de Saint-Michel-du-Bosc, lui rendit aussi aveu pour son couvent, situé à Varenguebec, dont il représentait le fondateur comme possesseur de cette baronnie (Laroque Hist. de la maison d'Harcourt, pag. 718).
          Jeanne d'Harcourt, baronne de Varenguebec, mourut sans postérité en 1488 après avoir légué tous ses biens à François d'Orléans, comte de Dunois, son cousin (Hist. des Grands Offic. de la couronne, tom. V, pag. 137 ).
          Après ce temps et particulièrement depuis le commencement du règne de François Ier jusqu'en 1565 cette baronnie fut possédée par la famille d'Orléans Longueville et faisait partie du comté de Tancarville (Archives de Varenguebec au château de Coigny.).
          En 1565, Léonor d'Orléans, duc de Longueville et d'Estouteville connétable hérédital de Normandie, donna cette seigneurie à François de Rothelin, son frère naturel, se réservant pour lui et ses successeurs les titres honorifiques tels que celui de connétable et les prérogatives qui y étaient attachées (ibidem).
          En compulsant les archives du château de Varenguebec, j'ai trouvé dans presque tous les actes de ce siècle, Henri ou Henri-Auguste d'Orléans, marquis de Rothelin baron haut justicier de Varenguebec, premier baron de Normandie seigneur de Cretteville Beuzeville etc.
          En 1695, suivant l'état de la généralité de Caen dressé par M. de Foucault intendant de cette généralité la baronnie de Varenguebec appartenait à la duchesse de Nemours et au marquis de Rothelin. En 1726,elle était encore au marquis de Rothelin (Hist. des Grands Offic. de la couronne, tom. II, pag. 224).
          Vers 1740, cette baronnie fut achetée par M. le comte de Coigny elle fut peu de temps après réunie au duché de Coigny dont l'érection se fit au mois de février 1747 en faveur de François de Franquetot comte de Coigny. maréchal de France (Je possède une copie imprimée des lettres d'érection.).
          Depuis ce temps, la haute justice de Varenguebec avait été transférée à Coigny. En 1784, elle le fut de nouveau à Prétot, dont le duc de Coigny venait de faire l'acquisition. Elle y était encore au commencement de la révolution (Archives de Prétot au château de Coigny. ).
          Sous le règne de Philippe-le-Bel la baronnie de Varenguebec donnait la septième place à l'échiquier de Normandie, parmi les barons du Cotentin (Masseville, tom, III, pag. 44.–Laroque, Harcourt, page 160.).
          Je ne vois pas que le château ait jamais soutenu de siège il était situé à cinq cents mètres environ au levant de l'église sur un terrain qui s'élève en pente douce de ce côte. On ne peut pas dire qu'il soit sur un terrain escarpe, ni qu'on ait particulièrement cherché à en rendre les approches difficiles sinon peut-être du côté des douves et des étangs.
          L'enceinte formait un parallellogramme assez spacieux, fermé de murs épais, flanqués de tours, dont il est encore aisé de reconnaître l'emplacement. La plus considérable de ces tours (probablement le donjon) était sur l'emplacement de la boulangerie actuelle.
          Le bâtiment appelé la prison qu'on voit encore au centre de l'enceinte est bien plus moderne que le reste. C'était tout au plus une prison provisoire de la haute justice. Rien ne porte à croire qu'il ait été construit exprès pour une maison de détention.
          Il y avait aussi dans cette enceinte une chapelle dédiée à St.-Gilles dont il ne reste plus rien.

          Tous les remparts sont démolis il en reste peu de traces hors de terre mais on en peut aisément reconnaître la périphérie. D'ailleurs elle est bien figurée .sur le plan de la paroisse levé en 1754, qui se trouve au chartrier de Coigny, et dont M. Gallemand receveur du château a bien voulu me procurer un calque. Je le prie de recevoir ici tous mes remerciements pour l'extrême complaisance qu'il a mise à faciliter toutes les recherches que j'ai eu besoin de faire aux archives du château de Coigny.
          Des maisons manables dont il ne reste plus qu'une habitation de fermier formaient au levant une seconde enceinte contigue àla première deux tours défendaient l'entrée de cette espèce d'avant-cour de la forteresse.
          L'ancien siège de la haute justice n'avait rien de remarquable il était au dehors de l'avant-cour, vers le levant, à une très-petite distance.
    Nota. Il se trouve à une assez grande distance du château sur la terre de l'Andruerie, au levant du bois de Limor, un tertre factice nomme la butte Bertrand, qui peut avoir été un Tumulus, ou peut-être l'emplacement d'un château. J'ai cru devoir l'indiquer ici. " Charles de Gerville
    [6] 

     

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'Annuaire du Département de la Manche, Volume 30, Julien Gilles Travers ; J. Elie, 1858. https://books.google.fr/books?hl=fr&output=text&id=NUwXAAAAYAAJ&q=butte#v=snippet&q=butte&f=false

    [2] Extrait de Bois et forêts de Normandie par Jean-Marie Foubert ; éditeur :  Corlet (Condé-sur-Noireau) ; date d'édition : 1985.

    [3] Extrait de Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (10e-12e siècles). Étude historique et topographique par Delacampagne Florence In : Archéologie médiévale, tome 12, 1982. pp. 175-207 ; doi : https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1982_num_12_1_1086

    [4] Extrait de https://www.wikimanche.fr/L%C3%A9gende_de_la_Dame_blanche

    [5] Récit de Monsieur Asseline de Vindefontaine dans les années 2000. Extrait de http://varenguebecterredhistoireetdelegendes.unblog.fr/2018/02/08/la-kanne-dor/

    [6] Extrait de « Sur les Châteaux de la manche » Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie ; auteur : Société des antiquaires de Normandie. Éditeurs : Mancel (Caen)/Ponthieu et Delaunay (Paris) ; date d'édition : 1825 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2000414/f244.item.r=Limors

    voir aussi : http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article10030 ou https://books.google.fr/books?id=NUwXAAAAYAAJ&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false

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  •  LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados) LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados) LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)

     

    Ci-dessus : à gauche, une vue aérienne extraite du site Google Earth ; au centre, une vue aérienne extraite du site Google Map.

     

    L'enceinte castrale du Vieux Château à Audrieu (Calvados) :

     

         « En face du château, de l'autre côté de la route, on reconnaît très distinctement l'ancienne motte féodale sur laquelle ont été plantés une vingtaine d'arbres. Cette motte a été fouillée naguère du côté nord, sans grand résultat. » [1]

     

    « La fortification, actuellement connue sous le nom de Vieux-Château, est située dans le village d'Audrieu, à 20 kilomètres environ à l'ouest de Caen, et 10 kilomètres au sud-est de Bayeux. » [2]

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)

     

    Ci-dessus, plan de situation de l'enceinte d'Audrieu ; blason de la famille de Percy par User:Aroche Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4502756

     

         Concernant cette enceinte castrale d'Audrieu voici quelques éléments extraits du document établi après les fouilles effectuées au début des années 1970 : « L'enceinte fortifiée d'Audrieu (Calvados) (12e-14e siècles) » par Annie Renoux. [NdB]

    https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1972_num_2_1_1241 :

     

         « Elle est signalée en premier par Arcisse de Caumont qui en fait une motte (Arcisse de Caumont, Statistique Monumentale du Calvados, t. I, Caen, 2e éd., 1898, p. 313. — Cours d'antiquités monumentales, t. V : Moyen âge, Archéologie militaire. Paris, 1841, p. 123.)... » [2]

    Voir ci-dessous :

     

    Arcisse de Caumont :

     

         « Château. — Il existe dans un herbage près du château
    actuel d'Audrieu, une motte féodale que le propriétaire, M.
    le général de Séran, a fait conserver, et sur laquelle plusieurs beaux arbres végètent. Je l'ai citée dans le 5e volume de mon Cours d'antiquités, p. 123. » [3]

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     « ... Puis P. de Longuemare y fait une brève allusion dans une étude sur le canton de Tilly-sur-Seulles, et mentionne qu'elle a été « fouillée » du côté nord, mais « sans grand résultat » (P. de Longuemare, Etude sur le canton de Tilly-sur-Seulles, Caen, 1907, pp. 56-57). Cette « fouille », dont nous aurons des témoignages, a heureusement épargné l'essentiel. Enfin, plus récemment, J. L'Hermitte consacre à l'ouvrage un court article (J. L'Hermitte, Notice sommaire sur la motte d'Audrieu et l'ancien chemin de Tilly à Creully, Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, tome LVI, 1961-1962, pp. 686-691). Il remarque que son sommet est informe, mais attribue cette anomalie à la chute des arbres, et reprend l'hypothèse d'Arcisse de Caumont, pour qui ces mottes furent construites par les Normands, au 10e ou au 11e siècle. (...)

     

    Ci-dessus, plan de l'enceinte du Vieux Château à Audrieu extrait de ce même document.

     

         J. L'Hermitte a attiré l'attention sur l'aspect particulier de la fortification. Elle est en effet cratériforme. Dès lors il semblerait que l'on soit en présence non d'une motte, mais d'une enceinte. (...)

         Par sa situation, Audrieu est donc légèrement en repli par rapport aux grands axes, et plus prédisposé à contrôler des contacts nord-sud. Le relief de plat-pays est peu propice à l'installation d'une fortification. (...)

         On observe deux noyaux de peuplement dont les noms traduisent une réalité topographique. Au nord s'étend « le bas d'Audrieu » qui contient un château dit de la Motte, dont certains éléments peuvent dater de la fin du moyen âge. « Le haut d'Audrieu », au sud, renferme un deuxième château, mais plus récent. Entre les deux s'insère le village même d'Audrieu (proche du bas-Audrieu) où l'on trouve quelques maisons et surtout l'église, dont les parties les plus anciennes remontent au 12e siècle, et qui est assez remarquable par son ampleur. (...)

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     Cette première approche du village et de son réseau de communications invite à envisager un développement de l'habitat au moins en deux temps. L'un correspond au bas d'Audrieu et à Audrieu, installé en bordure d'une voie nord-ouest -sud-est, et tourné, semble-t-il, vers les communes du nord et du nord-est, ainsi que vers Hervieu, un des hameaux qui en dépend. L'autre, le haut d'Audrieu, est groupé autour du chemin de Balleroy à Caen, et à proximité de son croisement avec le chemin de Tilly à Creully. (...)

     

    Ci-dessus, plan montrant l'emplacement de l'enceinte du Vieux Château, extrait du cadastre napoléonien de 1835, tableau d'assemblage, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/accueil.html

     

         Nous sommes en présence d'une fortification de plaine que l'on a tenu à implanter en dépit de données physiques très défavorables. Elle contrôle deux axes secondaires qui mettent en relation la mer et le Bocage, Caen et l'ouest. (...)

         Dans les environs immédiats du village, on remarque la motte de Tilly-sur-Seulles, l'enceinte circulaire de Saint-Vaast-sur-Seulles, et si l'on déborde un peu le cadre de la vicomté de Caen, la motte de Lingèvres. (...)

         Les textes révèlent l'existence de trois petits milites de Aldreio. L'un, possesseur d'un tiers de fief tenu de la châtellenie de Tilly, paraît, par son nom même d'Audrieu, avoir une origine locale, et se trouver installé dans la zone ancienne. C'est un membre de cette famille qui donna à l'abbaye de la Trinité de Vendôme la petite portion du patronage de l'église ; donation antérieure à 1075, car, à cette date, une bulle de Grégoire VII mentionne l'église d'Audrieu parmi les possessions de Vendôme. Une charte de Henri II, datée de 1156-1157, confirme d'autre part la donation par Guillaume d'Audrieu du patronage de l'église de Loucelles à l'abbaye Saint-Étienne de Caen.

         Deux autres seigneurs semblent avoir une origine plus externe. L'un se nomme Brito, et l'on songe à ces immigrés (Bretons notamment) appelés par les ducs au début du 11e siècle. Il apparaît très peu dans les textes et plus tardivement que les autres. Il se signale par une donation, datée par H. Navel du troisième quart du 12e siècle. Renouf le Breton, fils de Guillaume, lui-même fils d'Yvon, donne des biens à l'abbaye d'Ardennes. Cette généalogie atteste une installation remontant à deux générations, donc au moins au 11e siècle. Les « listes de Philippe Auguste » font état d'un Eudes Brito, dépendant du comte de Chester, et qui possède un demi-fief de chevalier, dont un quart dans la baillie de Bessin. S'agit-il de la même famille ? A partir du milieu du 13e siècle, à Audrieu, les textes, semble-t-il, ne la mentionnent plus. (...)

         Peut-on essayer de déterminer le fief sur lequel la fortification s'est implantée, et identifier celui qui l'a construite ? Une étude régressive des textes nous a permis partiellement d'y parvenir, grâce notamment aux documents conservés dans l'actuel château d'Audrieu.

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     Nous avions comme fil conducteur un nom, celui de Vieux-Château, et comme hypothèse de départ, que le château actuel, construit au 18e siècle, pouvait avoir eu comme lointain ancêtre la fortification voisine et que, par conséquent, le fief était probablement le même. Mais il est très rapidement apparu que la famille en possession de cette demeure avait acquis progressivement tous les fiefs de la paroisse, à deux ou trois exceptions près, dont le fief de la Motte Costart et le fief relevant de Tilly. Cependant, au début du 17e siècle, elle n'en possède encore que trois, dont le fief de la Motte Creullet, parfois appelé fief de la Motte le Châtel. (...)

     

    Ci-dessus, une photo aérienne montrant au centre l'emplacement de l'enceinte du Vieux Château et à droite le château d'Audrieu datant du 18e siècle, photo extraite du site Géoportail.

     

         Ce fief, qui permet au seigneur d'Audrieu de s'intituler châtelain, n'est-il pas celui sur lequel on a construit le Vieux Château ? Deux textes de 1612 et de 1615 mentionnent l'existence d'un château dont les coordonnées correspondent à celles du Vieux Château. D'autre part, nous savions que ce château ne pouvait être au 17e siècle la résidence du seigneur, car celui-ci n'habitait alors qu'un manoir. Mais ces textes omettaient de préciser duquel des trois fiefs ce « château » relevait. L'identification avec le fief de la Motte était probable, mais il nous en manquait la preuve. Cette dernière nous fut apportée par un aveu au roi extrait du Registre des Assises d'Evrecy de l'année 1607 où Guillaume de Séran, châtelain d'Audrieu avoue que : « en ladite châtellenie de la Motte il y a place de manoir et château, dont les maisons et les forteresses sont ruinées à présent, et apparaissent encore les forteresses qui étaient auprès du pont et entrée dudit château, et les fossés, masses de terres et murailles dudit château ». Ce texte, en révélant la présence de structures en pierres encore visibles au 17e siècle, livre d'inappréciables et rares renseignements archéologiques. D'autre part, le château dont il est question ne peut être que celui dont font mention les textes de 1612 et 1615 : c'est donc le Vieux Château, et il est situé sur le fief de la Motte.

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)

     

    Ci-dessus, plan montrant à droite le manoir de la Motte, au centre l'église Notre-Dame d'Audrieu et à gauche, l'emplacement de l'enceinte, plan  extrait du cadastre napoléonien de 1835, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/accueil.html

     

         Ce 1/4 de fief de la Motte, en 1602, est détenu par J. Le Héricy. Les aveux conservés dans les archives de la Chambre des Comptes de Paris permettent de remonter jusqu'en 1404. En 1499, Guillaume Le Héricy avoue tenir par foi et par hommage 1/8 de fief nommé le fief de la Motte, dont le chef est assis en la paroisse d'Audrieu, et qui s'étend en la paroisse de Brouay et Cristot, auquel fief, dit-il, « j'ai manoir et place de motte ancienne et fossé alentour d'icelle motte, à laquelle motte et fossés mes hommes sont subjets de réparer... la moitié d'un moulin à eau appelé le moulin Taillebosq » (...)

         En fait donc, le Vieux Château semble avoir été inclus dans une unité féodale relativement vaste, qu'il est difficile de préciser. (...)

         Cette étude historique fournit donc des données intéressantes. Elle montre que le Vieux-Château pourrait être la résidence, ou tout au moins l'œuvre, d'une petite féodalité qui semble s'être développée dans une zone légèrement périphérique, où elle s'est constitué un domaine. (...)

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     Vue de certains points de l'herbage où elle se trouve, elle ressemble à une motte. Un fossé à peu près circulaire ceinture un monticule de terre (diamètre nord-sud à la base : 43 m), dont la plate-forme supérieure, elle, affecte un contour légèrement quadrangulaire : la longueur, du nord au sud, est de 32 m, et la largeur d'environ 24 m. L'ensemble est bien conservé et offre un aspect encore puissant. Du fond du fossé au sommet du rempart, la dénivellation varie entre 4 et 5 m. Au nord et au sud de l'ouvrage, partant de la contrescarpe du fossé pour se diriger vers l'est, en un mouvement symétrique, se développent deux buttes longitudinales aux formes très arrondies et affaissées. Elles sont interrompues transversalement par l'actuelle rue du village. Au-delà de la route, elles ne sont plus visibles.

     

    Ci-dessus, vue de l'enceinte depuis le Nord, photo extraite du site Google Map.

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     Malgré les altérations, il semble que ce soient les vestiges d'une basse-cour, dont le talus aurait peu à peu glissé de façon à combler le fossé. La fortification présente certaines caractéristiques externes de la motte ; les mottes environnantes, celles de Tilly-sur-Seulles et de Lingèvres, ont des dimensions comparables. (...)

     

    Ci-dessus, coupe Est-Ouest de l'enceinte extraite de ce même document.

     

         L'intérieur se présente ici comme une plate-forme entourée d'un talus de terre. Cette plate-forme est surélevée par rapport au sol naturel. En effet, entre le niveau de l'herbage environnant et le niveau inférieur de la fortification, on remarque une dénivellation d'un mètre à l'ouest, et de trois mètres à l'est ; la différence entre ces deux hauteurs s'explique par le fait que l'altitude décroît vers l'est ; on passe de 91 m à 88 m. D'autre part, le niveau de la plate-forme intérieure remonte du sud vers le nord où apparaît une terrasse à peine marquée, sur laquelle affleurent quelques pierres. S'agit-il de l'emplacement d'un ancien bâtiment ? Ou, plus simplement, des déblais provenant de la « fouille » effectuée au début de ce siècle, dans la partie nord de la fortification ? (...)

         Un talus de terre haut de 1,5 m à 2 m ceinture l'intérieur de l'ouvrage. Il est régulier, mais dissymétrique. A l'ouest, il comporte un épaississement de forme ovoïde, faisant saillie en largeur et en hauteur par rapport au reste du rempart. (...)

         Ainsi une minutieuse observation externe du Vieux-Château indique qu'il ne s'agit pas d'une motte, mais d'une enceinte. La distinction que nous faisons aujourd'hui dans la typologie et dans le vocabulaire entre ces deux catégories de construction échappait aux hommes du 15e siècle et même à beaucoup d'érudits plus récents. (...)

         De la protohistoire au moyen âge, les enceintes offrent des formes et des dimensions extrêmement variables, et ont eu des fonctions diverses. (...)

         Le Vieux-Château se situerait un peu en marge des enceintes fouillées jusqu'à présent en Normandie par le Centre de Recherches Archéologiques Médiévales de Caen, ou à son initiative : Urville, Bretteville-sur-Laize, Saint-Gatien et Buchy. Par rapport au relief, tout d'abord, ces ouvrages occupent des sites mieux défendus naturellement, et dont la valeur stratégique est plus évidente (Buchy par exemple). Différence aussi de situation par rapport à l'habitat. M. de Bouard a remarqué que ces petites enceintes sont éloignées du village et de l'église, dont l'origine est parfois très ancienne, et ne sont donc pas en relation avec l'agglomération. (...)

         Pour ce qui est de la forme, la puissance du rempart autoriserait un rapprochement avec le Grand-Besle de Buchy, mais la surélévation intérieure, et la présence d'une basse-cour l'en distingueraient notablement. Les enceintes d'Urville et de Bretteville offrent des remparts de terre moins élevés (au maximum, 3 m à partir du fond du fossé). (...)

         ... On peut ébaucher un schéma des différentes étapes de la construction. Après avoir construit, avec la terre extraite du fossé, une première enceinte circulaire, dotée d'un rempart complet, et dont le sol intérieur n'est pas surélevé on a, dans un deuxième temps, repris ce plan général, mais en y apportant des modifications. Le talus a été creusé d'une brèche à l'est, et la terre ainsi enlevée fut reportée vers l'intérieur. Ailleurs, les constructeurs ont approfondi le fossé, et les matériaux recueillis ont contribué à l'exhaussement intérieur, et aussi à renforcer, à l'ouest, le rempart. (...)

         Dès la première phase de son histoire, qui a été définie ci-dessus, l'enceinte d'Audrieu fut certainement tenue pour une fortification. Les Consuetudines et Justicie, promulguées en 1091, rappellent qu'au temps de Guillaume le Conquérant, il n'était pas permis de creuser pour se protéger, un fossé tel que du fond l'on ne pût rejeter la terre à l'extérieur sans un relais : tel était le critère de discrimination entre la douve dont on pouvait librement entourer une habitation quelconque, et le fossé militaire qui ne pouvait, en principe, être creusé sans l'autorisation du pouvoir ducal. Or, le plus ancien fossé d'Audrieu appartenait sans aucun doute, vu sa profondeur, à la seconde catégorie. (...)

         Au sud-ouest de l'enceinte furent mis au jour en partie les vestiges d'une grande construction. (...)

         Ses proportions sont assez inhabituelles : 14 m de long et 7,5 m de large environ (dimensions intérieures). (...)

         Les quelques segments de murs relativement bien conservés sont construits en moellons calcaires bruts, liés par une argile ocre foncé très pure et très compacte. (...)

         En résumé, la fouille de la construction, en révélant la présence, à la hauteur de la première assise du muret, d'un sol durci, nettement individualisé, ainsi que d'un foyer, fournit des indices d'une occupation durable et incite à y voir un bâtiment résidentiel. (...)

         Cette maison, par la suite, a été abandonnée et détruite. Puis divers indices révèlent une certaine remise en état des lieux. (...)

         On note donc, après la destruction de la maison, un regain très net d'intérêt pour le site, qui se manifeste par trois indices : récupération des pierres des murets, nivellement à l'intérieur de la maison et soutènement du rempart. (...)

         A Audrieu, nous avons dit qu'il n'y a pas, dans l'entrée, trace d'une structure de bois. La tour d'entrée en pierre dont on voit l'emplacement était nettement moins robuste que celle de Pontesbury. Il est probable que le passage d'entrée la traversait, car on n'a trouvé à côté d'elle aucun vestige d'un tel passage ; il était précédé d'un pont encore visible au 17e siècle. Enfin, l'épaisseur des murs de cette tour donne à penser qu'elle devait comporter un étage ; ainsi l'enceinte put-elle être habitée même après qu'eut été détruite la maison qui se trouvait dans l'intérieur.

         On sait que ce type de tour rectangulaire traversée par une entrée date des 11e et 12e siècles. En Normandie, on le voyait au Plessis-Grimoult, à La Pommeraye, à Caen, pour citer seulement les châteaux où il en reste des vestiges. Vers la lin du 12e siècle, apparut un type nouveau : le passage d'entrée enserré entre deux tours ; l'enceinte de Saint-Vaast, près d'Audrieu, en fournit sans doute un exemple. (...) La tour d'entrée de l'enceinte d'Audrieu existait encore au début du 17e siècle. En 1607, « les maisons et forteresses sont ruinées à présent », mais « apparaissent encore les forteresses qui étaient auprès du pont et entrée dudit château ». La destruction, avec récupération totale et systématique des pierres, est donc postérieure, mais sans doute d'assez peu. (...)

         Dans la couche d'occupation de l'empierrement de cour fut trouvé un denier parisis de Philippe Auguste (1180-1223) (133). A la hauteur de la recharge en pierres qui commence le deuxième niveau, en avant du seuil de la tour, est apparu un denier tournois de Louis VIII (1223-1226) ou Louis IX (1226-1270). La présence de ces deux monnaies renforce l'impression d'une occupation continue à la fin du 12e siècle et au moins au début du 13e. (...)

         L'enceinte d'Audrieu apparaît, au moins dans sa deuxième période, et probablement aussi dès la première, comme une résidence seigneuriale fortifiée, au même titre que la motte. (...)

         Sa vocation militaire est nettement démontrée par la puissance du rempart et l'importance de l'appareil défensif, qui viennent compenser la faiblesse naturelle du site. Les vestiges d'occupation : sol, foyer et bâtiment, confirment son caractère résidentiel. Cet ouvrage fut sans doute le centre d'exploitation d'un domaine, dont la microtoponymie et les textes montrent la réserve, au sud-est de la paroisse, dans une zone plus longtemps délaissée. (...)

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     Installée sur un site médiocrement propice à la fortification, dans une zone où le contrôle ducal aurait dû s'exercer efficacement, l'enceinte d'Audrieu atteste, de la part de son constructeur, une certaine témérité. Fut-elle élevée avec l'accord de la puissance publique, ou s'agit-il d'un ouvrage illicite ?

     

    Ci-dessus, une photo aérienne ancienne montrant les emplacement du Vieux Château à gauche et du château du 18e siècle à droite, extraite du site Géoportail.

     

         La deuxième moitié du 12e siècle est dominée par la forte personnalité du roi Henri II Plantagenêt (1154-1189). Les années précédant son avènement ont été marquées par de nombreux affrontements, qui mirent aux prises les candidats à la succession d'Henri Ier. Durant cette période, le Bessin a été fréquemment ravagé, et la désorganisation suffisamment grande pour permettre la construction d'une fortification. Henri II, après ces désordres, réorganise sur des bases autoritaires le royaume. La révolte de ses fils en 1173 est le point de départ d'une certaine décentralisation, mais elle est suivie de la reprise en mains de tous les châteaux des vassaux. La fin du règne et les années qui suivront, jusqu'à la conquête française de 1204, offrent à nouveau un contexte favorable. En effet, des troubles importants éclatèrent, à la faveur desquels les seigneurs d'Audrieu auraient pu renforcer leur ouvrage.

         En 1188-1189, Richard Cœur de Lion, soutenu par Philippe Auguste, se révolte contre son père. Plus tard Jean sans Terre intrigue pendant les longues absences de son frère Richard. Ensuite Philippe Auguste multiplie les pressions et les attaques contre Jean sans Terre. Enfin, ce dernier, par ses abus fiscaux, a fait naître parmi les seigneurs une certaine irritation ; et ceux-ci n'hésitent pas parfois à rejoindre le camp français. On sait, par exemple, que le puissant comte de Chester, dont un des seigneurs d'Audrieu pourrait relever, a été soupçonné pendant un temps de trahison envers le roi. Les diverses opérations militaires ne se déroulent pas dans la plaine de Caen, mais les occupants de l'enceinte ont pu profiter des désordres, qui devaient accaparer toute l'attention du roi, pour renforcer le Vieux-Château.

         Même après l'annexion française de 1204, à laquelle succéda pourtant une période de paix, la fortification n'est pas abandonnée. Et elle est le siège, pendant au moins une partie du 13e siècle, jusqu'à la destruction de la maison, d'une occupation semble-t-il assez suivie. (...)

         Peu à peu, l'ouvrage est abandonné. La destruction de la tour pourrait remonter au milieu du 14e siècle, lorsque les Navarrais et les Anglais ravagent le Bessin. Cette enceinte pourrait donc avoir eu une existence relativement brève. Après 1204, la paix rarement troublée instaurée par le roi de France, lui ôte pratiquement toute utilité. » [2]

     

    A proximité :

     

         O « Le château d'Audrieu, bâti au 18e siècle est composé d'un corps de logis terminé par deux pavillons saillants avec un avant-corps central surmonté d'un fronton triangulaire. » [4]

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados) LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)

     

         « À l’origine, la seigneurie d’Audrieu appartenait à la famille de Percy. L’un des leurs, Guillaume de Percy, a participé, aux côtés de Guillaume le Conquérant, à la bataille d’Hastings. Selon la légende, le sieur de Percy était le cuisinier personnel de Guillaume le Conquérant. À Hastings, dit-on, il assomma quelques Saxons à coup d’écumoire et cela lui valut d’être anobli, de devenir le premier seigneur de ces lieux et de donner souche aux ducs de Northumberland. Ses descendants ont fondé l’abbaye de Juaye-Mondaye (à visiter à proximité) et construit le château. En 1593, Audrieu passa à la famille de Séran, suite au mariage de Marguerite de Percy avec Guillaume de Séran. Celui-ci, gentilhomme de la chambre du roi, vit sa terre érigée en baronnie en 1615. Mis en vente à la Révolution, le château retourna à la famille de Séran à la Restauration. Il devint la propriété de la famille Livry-Level, suite au mariage de Nicole Saillard de Boisberthe, descendante de la famille de Séran, avec Philippe Livry-Level (1898-1960), résistant, aviateur de la France libre, ancien maire d’Audrieu et ancien député du Calvados. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande y établit son quartier général. Le 8 juin 1944, dans les clairières, les forêts et les vergers avoisinant le château, 24 membres de la 3e division d’infanterie canadienne et deux soldats britanniques ont été tués.Le château est classé monument historique depuis le 27 décembre 1967. Il est devenu un hôtel 4 étoiles et membre du prestigieux réseau Relais & Châteaux, depuis 1977. Début 2015, la propriété a été acquise par le groupe Caravelle, qui y a entrepris un vaste projet de rénovation. (...) Le château d’Audrieu trône dans un parc de 20 hectares et 5 hectares de jardins réalisés en 1985 par le paysagiste Louis Benech. Ils comprennent un jardin à la française, un jardin anglais, le « jardin blanc », le « jardin rose » et un jardin potager. » [5] 

     

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     O « L'église Notre-Dame d'Audrieu des 12e et 13e siècles remaniée au 19e siècle. Fondée par l'abbaye de la Trinité de Vendôme qui possédait à proximité un prieuré-cure, l'église dépendait en outre du baron d'Audrieu (peut-être par rétrocession du prieuré de Saint-Nicolas-de-la-Chesnaye à qui ce droit appartenait au 14e siècle). » [4]

      
     

    A gauche, un dessin extrait de la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.

     

         O « Le château de la Motte est plus ancien avec sa chapelle Saint-Louis datant du 13e siècle. » [4]

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados) LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados) LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)

     

    Ci-dessus, à droite une photo aérienne du manoir de la Motte extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS D'AUDRIEU (Calvados)     « Le château de La Motte, dont on voit les bâtiments à quelque distance, au nord, de l'église, est ancien : près de l'une des portes d'entrée se trouve une chapelle dédiée à Saint-Louis, et qui peut remonter à la fin du 13e siècle ou au 14e. Des dents de scie décorent la corniche ; la porte, en arc surbaissé, qui l'avoisine et par laquelle on entre dans la cour de ce côté, doit être du même temps. La chapelle Saint-Louis de La Motte était autrefois desservie par des chapelains. (...)
         Ce manoir occupe l'un des angles de la cour ; les rampans
    des gables sont garnis de très-belles feuilles frisées qui paraissent du 15e siècle, ainsi que diverses sculptures des
    portes et des fenêtres. Je compte le faire dessiner. » [3]

     

    Ci-dessus, plan montrant le manoir de la Motte extrait du cadastre napoléonien de 1835, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/accueil.html

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'Annuaire des cinq départements de la Normandie publié par l'Association normande ; date d'édition : 1907.

    [2] Extrait de L'enceinte fortifiée d'Audrieu (Calvados) (12e-14e siècles) par Annie Renoux ; Année 1972 2 pp. 5-87 Archéologie médiévale https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1972_num_2_1_1241

    [3] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados. Tome 1 / par M. Arcisse de Caumont, (1801-1873) ; Éditeurs :  Derache(Paris)/Dumoulin (Caen)/A. Hardel () ; Date d'édition : 1846-1867.

    [4] Extrait de Wikipédia

    [5] Extrait de https://chateaudaudrieu.com/fr/history-and-concept.html

     

    Bonnes pages :

     

    O L'enceinte fortifiée d'Audrieu (Calvados) (12e-14e siècles) par Annie Renoux ; Année 1972 2 pp. 5-87 Archéologie médiévale https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1972_num_2_1_1241

    O Site officiel du château d'Audrieu : https://chateaudaudrieu.com/fr/ https://chateaudaudrieu.com/download/89760

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  • LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne) LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne) LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)

     

    Ci-dessus, au centre une photo extraite par Mlane78212 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18891744 ; à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)     « La motte castrale de Bailleul est un ancien château à motte situé sur la commune de Bailleul, dans le département de l'Orne, région Normandie. La motte est située au lieudit le Vieux Château. La motte est datée du 11e siècle, mais le lieu est attesté comme pagus dès le 9e siècle. La motte comporte la motte et également la basse-cour. » [1]

     

    Ci-dessus, une photo par Mlane78212 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18891752

     

    LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)   LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)

     

     Ci-dessus, plan de situation de la motte de Bailleul ; blason de la famille de Bailleul dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Bailleul_Normandie

     

         Il existe plusieurs familles de Bailleul (Pays de Caux, Ponthieu,...) et des incertitudes existent sur la filiation entre cette famille Bailleul et les deux rois d'Écosse, Jean Bailleul [1292 à 1296] et son fils, Edouard Bailleul [entre 1332 et 1336]. Certains défendent l'origine picarde, d'autres normande d'où polémique [NdB]

    Voir à ce sujet : http://chateaux.du.renouard.free.fr/Bailleul.htm 

     

    LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)     « La motte se compose d'un monticule ovalaire et d'une plate-forme peu élevée, de plan vaguement rectangulaire, pouvant être un vestige de basse-cour. Il s'agit d'un ancien « pagus » dont l'existence est attestée au 9e siècle. » [2] 

     

     

    Protection

     

         « Motte castrale (tertre et basse-cour) (cad. ZK 29) : inscription par arrêté du 27 septembre 1989. » [4]

     

     

    LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne) LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)

     

    Photos ci-dessus extraites du site Google Map.

     

    Une légende :

     

    Le serpent de Villedieu-lès-Bailleul

     

         « L'église de Villedieu-lès-Roches (le nom de Villedieu-lès-Bailleul fut donné à la commune en hommage au seigneur de Bailleul) est bâtie sur une élévation de rocs noirs et grisâtres ; un défoncement peu profond, large d’environ trente toises sur cent cinquante de longueur, part de l’église et s’allonge dans la direction de Coulonces et de Bailleul, bordé d’énormes masses granitiques qui élèvent en surplomb leurs têtes inégales. Tout près de ces rochers est une espèce de caverne dont l’entrée a été rétrécie par le travail du temps ou par la main des hommes.

         Suivant la légende, un serpent habitait cette caverne aux murailles de diamants et d’or. Il sortait de temps en temps pour aller se baigner dans un petit lac voisin, après quoi il parcourait la campagne à la recherche de sa proie. Lorsque la faim le pressait, il allait vite en besogne, car le monstre n’était rien moins qu’une hydre à plusieurs têtes. Les habitants de Villedieu et des pays environnants s’épuisaient en vaines lamentations ; cependant le désespoir leur inspira la découverte d’un moyen de salut. Ils imaginèrent de porter à l’entrée de la caverne une grande cuve pleine de lait, qu’ils avaient remplie à frais communs. Le monstre parut satisfait du régime anodin auquel on voulait le soumettre. La paix et la sécurité se rétablirent tout d’abord. Mais un jour, soit par oubli, soit par impuissance, les habitants de Villedieu manquèrent de procurer à leur hôte sa ration habituelle. Notre serpent qui, depuis quelque temps, ne faisait point assez forte chair pour soutenir un long jeûne, se mit en route, aiguillonné à la fois par la vengeance et la faim. Un jeune homme s’étant remontré sur son passage, il le dévora. Neveu du seigneur de Bailleul, il était aussi chéri des vassaux que son oncle en était détesté. Cependant, le seigneur de Bailleul, malgré sa dureté bien connue, fut vivement affligé de la mort de son neveu ; il jura que le jour des représailles ne se ferait pas attendre.

         De monstre à tyran la guerre s’allume vite, mais celle que projetait le baron de Bailleul demandait quelques préparatifs indispensables. L’adroit seigneur commença l’attaque par une ruse bien calculée : il fit déposer deux moutons à l’entrée de la caverne, et, de plus, remplir la cuve où s’abreuvait le dragon, d’eau-de-vie au lieu de lait. Celui-ci dévora les deux moutons, en se félicitant de ce que la leçon donnée aux habitants de Villedieu produisait de tels fruits ; puis, il s’endormit dans l’enivrement de son succès et de la cuve d’eau-de-vie qu’il avait vidée. Le moment était venu pour le seigneur de Bailleul d’assurer sa vengeance ; nouvel Hercule endosse son armure, plus solide qu’une peau de lion ; sa longue épée vaut une massue.

        Il marche droit à la caverne, surprend le monstre endormi, il frappe d’un coup si terrible qu’il lui enfonce sa principale tête. Mais celui-ci se révèle assez formidable encore pour engager un combat à outrance : il aveugle son ennemi par les vomissements de flamme qu’il lui lance au visage, et le baron de Bailleul tout intrépide qu’il est, recule épouvanté. A peine est-il dehors, qu’un craquement effrayant se fait entendre, comme si la terre allait s’effondrer sous la fureur du reptile ; les roches de Villedieu éclatent de toutes parts et jonchent la plaine de projectiles énormes ; une lave ruisselante envahit le lac, puis, la commotion s’apaise et le silence se rétablit sur cette scène de désastre.

         Le lendemain, les vassaux du seigneur de Bailleul s’approchèrent en tremblant de ce lieu désolé : ils trouvèrent le corps du baron calciné dans son armure, et, plus heureux qu’ils n’auraient osé l’espérer, ils se virent délivrés à la fois des deux monstres qui les tyrannisaient : le serpent et le baron. Galeron, qui raconte également cette légende, en a diversifié certains détails d’après le récit des gens du pays. Voici une circonstance curieuse de cette nouvelle narration. Lorsque le sire de Bailleul se proposa d’aller combattre le serpent, il se couvrit d’une armure de fer-blanc, et en fit de même avec son cheval. Ainsi bardé, il s’avança vers la caverne si redoutée. À sa rencontre avec le dragon, le cheval porta à son ennemi des coups assez forts pour que la perte de celui-ci devînt certaine, mais le monstre, dans l’excès de sa fureur, vomit tant de flammes que le cheval fut suffoqué. Pour comble de malheur le cheval, dans son effroi, étant venu à se retourner, les crins de sa queue, que l’on n’avait point mis à l’abri sous l’armure comme le reste du corps, s’enflamma en un instant ; et l’animal, ainsi que celui qu’il portait, furent consumés entièrement.

         Le trou du serpent n’a plus une grande profondeur, mais on assure qu’autrefois il s’étendait à plusieurs lieues à l’entour du terrain même, et l’on prétend qu’il résonne encore sous les pas, en différents points de la campagne. On ne doute pas que la caverne ne s’avance de tous côtés, et l’on assure qu’elle recèle de grands trésors. Galeron a aussi donné une interprétation particulière de cette légende. Selon lui, elle rappelle une lutte entre les religions. Parmi les blocs de rochers, il en est un très éminent qui s’élève au-dessus de la demeure du seigneur. D’autres fragments épars semblent les restes d’anciens dolmens brisés, symboles d’un culte païen. À deux cents pas, sur le roc opposé, s’élève l’église de Villedieu, dont le nom décèle une consécration chrétienne. Le serpent serait peut-être une image du culte profane ; la jeune fille que, suivant cette nouvelle tradition, on livrait à dévorer au dragon, serait un souvenir d’affreux sacrifices ; le chevalier, un symbole du culte triomphant. » [3] 

     

    LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)  LES REMPARTS DE BAILLEUL (Orne)

     

    Ci-dessus : à gauche plan extrait du cadastre napoléonien de 1828, Archives de l'Orne, http://archives.orne.fr/ ; à droite, extrait de la carte d'Etat-Major (1820-1866) extraite du site Géoportail.

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00110974

    [3] Extrait de Hydre, dragon ou serpent de Villedieu-lès-Bailleul (Orne) D’après « La Normandie romanesque et merveilleuse » paru en 1845 extrait de https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article1995

    [4] Extrait de http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00110974

     

    Bonnes pages :

     

    http://chateaux.du.renouard.free.fr/bailleul.htm

    http://www.benoitreveur.info/article-legende-normande-le-dragon-de-villedieu-86388873.html

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