• LES REMPARTS DES BIARDS (Manche) LES REMPARTS DES BIARDS (Manche) LES REMPARTS DES BIARDS (Manche) 

     

           « Les Biards était autrefois un fief de première importance grâce à son château fort, un des plus anciens et formidables de la région, situé dans le site naturel de la vallée de la Sélune, entièrement noyée en 1932 quand se construisirent les barrages. » [1]

     

          La forteresse des Biards, défendant la Normandie face à la Bretagne était comme l'un des anneaux de la chaîne de citadelles qui comprenait le Mont-Saint-Michel, Avranches, Pontorson, Chéruel, Saint-James, Saint-Hilaire (du-Harcouët), Mortain, Le Teilleul et Domfront. Elle a été détruite en 1368 exceptée la chapelle Saint-Nicolas qui fut alors épargnée par les troupes de Du Guesclin. Cette chapelle a aujourd'hui également entièrement disparu. (NDB)

     

          « L'ancienne forteresse des Biars, détruite depuis plusieurs siècles, était à l'extrémité de la paroisse, au bord de la Sélune. On voit encore les traces des retranchements et l'enceinte du château. Il était assez considérable et situé au sommet d'un coteau escarpé presque inaccessible du côté de la rivière. La partie orientale de l'enceinte s'appelle toujours le Château. On y montre la place bien marquée d'une chapelle Saint-Nicolas, et on y tient tous les ans une assemblée le jour de la translation de Saint-Nicolas. » [2] 

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)

     

    Plan hypothétique de l'emplacement du château des Biards ; ci-dessus, blason de la famille Avenel extrait de http://armorialgeneral.fr/tag/normandie/page/10/

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « Du fait de son importance à l'époque féodale, l'histoire de la paroisse primitive est assez bien connue car étudiée par un grand nombre d'historiens et que l'on peut résumer ainsi. La baronnie des Biards est directement liée aux débuts de la Normandie ducale. Des Avenel des Biards sont signalés à la conquête et la formidable forteresse dominant les gorges de la Sélune était au départ une pièce maîtresse à l'Ouest d'un quadrilatère défensif Tinchebray, les Loges, le Teilleul dont Mortain était le centre.

     

    Ci-dessus, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     Cette baronnie considérable qui s'étendait fort loin jusqu'à les Chéris, Chalandrey, Marcilly, mais aussi Heussé aux limites du Teilleul, perdit un peu de son importance une centaine d'années plus tard quand, en 1082 (...), Saint-Hilaire, mieux placée juste aux frontières de la Bretagne et du Maine, prit de l'importance. Un phénomène à rapprocher de celui de la forteresse de Charuel (Sacey) quand Pontorson autre « ville nouvelle » bénéficia des générosités ducales (exemptions d'impôts, justice ducale directe) pour inciter l'économie à démarrer dans une province bien structurée jusqu'à sa prise par le roi de France Philippe-Auguste un peu plus tard en 1202.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1825 ; Archives de la Manche, http://www.archives-manche.fr/

     

    Les grands barons des Biards

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     Sous les premiers ducs de Normandie, cette baronnie, avait pour vocation de prendre la suite de la ligne établie sur le Couesnon contre les incursions bretonnes et de défendre l'étroit défilé allant en gros, de Ducey à Saint-Hilaire, là où s'étale encore pour quelques temps le plan d'eau des barrages. En face, c'était la « Terre gaste » ou terre dévastée, vaste « no man's land » ce glacis sur lequel s'opéraient les allées et venues des Bretons et des Normands.

         Cette baronnie, point stratégique de la ligne de défense normande devait donc être confiée à des hommes sûrs et il n'est pas étonnant que le premier sénéchal du château construit autour de l'an Mil soit Guillaume Avenel. Participant à la Conquête de 1066, il était d'ailleurs, l'année précédente, de l'expédition contre le duc breton Conan de Dol dont les empiètements étaient continuels sur cette frontière mouvante. » [1]

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « Sous le règne de Guillaume le Conquérant, le seigneur des Biars portait un nom de famille, chose assez rare alors : il s'appelait Avenel et il figure sur plusieurs listes. Quelques-unes le désignent simplement sous le nom de sire des Biars ; mais c'est évidemment un Avenel. Le poête Wace suffit pour éclaircir les doutes. Voici comme il en parle :

    D'Avrancin i fut Richars
    Ensemble od li cil des Biars

    Il ajoute un peu plus bas :

    Des Biars i fiers Avenals.

          Dans plus de vingt chartres du carlulaire de Savigny on voit que les Avenels possédèrent les Biars durant à peu près tout le 12e siècle. On y trouve particulièrement le nom de Guillaume Avenel (Biarzensis), sénéchal du comte de Mortain, depuis 1150 jusqu'en 1191. On y voit aussi fréquemment les noms des trois fils de ce sénéchal. Ils s'appelaient Nicolas Roland et Olivier.

         Au commencement du 13e siècle, Guillaume de Vernon, qui avait épousé la fille de Guillaume Avenel, prit le titre de baron des Biars. (...) » [2]

     

    Ci-dessus, blason de la famille Avenel extrait de http://armorialgeneral.fr/tag/normandie/page/10/

     

         « En 1096, l'évêque Turgis d'Avranches ayant prêché la croisade, se retrouvèrent sous les murs de Jérusalem, trois preux chevaliers des Biards : Guillaume et Fraslin Avenel, Geoffroy Ferrey. Malheureusement, lors de la succession du Conquérant, les Avenel ayant pris le parti des adversaires du futur gagnant Henri Beauclerc, le château fut détruit et le fief remis à un de ses fidèles, François de Subligny, future victime du naufrage de la Blanche nef en 1120. » [1]

     

         « Après la bataille de Tinchebray, perdue en 1106, par Guillaume II, fils de Robert Ier, de Mortain, Robert de Vitré, fils d'André, neveu par conséquent de Guillaume II, réclama le comté de son oncle, emprisonné en Angleterre. Il vint même disputer ce comté à Etienne de Boulogne qui en avait été investi par le roi d'Angleterre, Henri Ier.
         Le baron des Biards soutint les prétentions de Robert de Vitré et battit le comte Etienne. Celui-ci, revenu avec une armée plus forte, chassa de ses terres, Robert de Vitré, et rasa le château des Biards. Relevé peu après, ce château fut plusieurs fois attaqué au15e siècle... » [3]

     

         « Malgré tout, le fief revint une cinquantaine d'années plus tard aux Avenel, un autre Guillaume, personnage considérable, sénéchal de tout le comté d'Avranches de 1150 à 1191 obtiendra d'y ajouter, grâce à l'appui du fameux abbé du Mont Robert de Torigni, l'important fief du Mesnil-Adelée. Son fils Robert Avenel est en 1189 de la troisième croisade et à l'origine de la fameuse légende d'Avoise, inventée il faut bien le dire par H. Sauvage et dont nous parlons par ailleurs. » [1]

     

         « Sous le règne de Philippe-Auguste, Rolland Avenel se trouve sur la liste des chevaliers bannerets de Normandie.

         En 1329,un Guillaume Avenel, baron des Biars et d'Amfréville, avait cette dernière baronnie, située dans l'arrondissement de Valognes. Elle lui appartenait du chef de sa femme, fille de Guillaume de Cailletot et de Marie de Vernon.» [2]

     

         « En 1204, lorsqu'il fallut choisir entre la France et l'Angleterre, la famille se divisa. Même chose pendant la guerre de Cent Ans où Robert Avenel disparaissant en 1380, la baronnie se partagea entre ses deux filles : l'une, épousant le sieur de la Champagne en Plomb et l'autre le sieur d'Amfréville qui fera relever les murailles du château détruit en 1368 par du Guesclin. (...)

         Le château ayant été démantelé en 1368 par les garnisons de Champeaux et Genêts aux ordres de du Guesclin, on peut penser que l'église primitive fut elle aussi brûlée dans ces parages et qu'il y eut une entente entre les paroissiens et le prieuré dont la chapelle dut servir provisoirement d'église. » [1]

     

         « Guillaume de Sotherel, qui avait la baronnie des Biars en 1415, en fut dépouillé vers 1419 par Henri V. » [2]

     

         « Sur la liste des 119 gentilshommes qui défendirent le Mont St.-Michel,en 1423, le sieur des Biards est le 14e » [4]

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « ... ce château fut plusieurs fois attaqué au15e siècle, et en particulier, en 1418. Les Anglais s'en étant emparés, le démantelèrent. Fut-il restauré quand on le rendit à François le Soterel, fils de Guillaume, défenseur du Mont-St-Michel ?
    Nous l'ignorons... Mais François, devenu chambellan de Louis XI, l'habita peu, ses héritiers encore moins, et, avec le temps, la forteresse tomba complètement en ruine. Ce fut, pour la localité, une perte considérable, car, après la disparition de ce château, elle diminua de jour en jour d'importance et de grandeur. De là ce dicton, souvent rappelé en présence d'une fortune qui disparaît :

    C'est comme la Ville des Biards
    Qui décadit chaque jour d'un liard.

         Par le mot Ville, il faut entendre, non la commune entière des Biards, mais simplement le village du château qui porte encore le nom de Ville. On donnait généralement ce nom aux anciennes forteresses, et nous le retrouvons aux châteaux de Fougères, du Teilleul, de Tinchebray et de Condé-sur-Noireau. » [3] 

     

         En 1463, le possesseur de cette baronnie se nommait Guérin. » [2]

     

         « Le fief doit à sa situation de frontière avec la Bretagne un certain renforcement en 1469 sous Guyon des Biards et de beaux mariages pour ses fille et petite-fille ; la première avec Jean de Tardes, échanson royal et la seconde en 1517 avec Nicolas de Mouy, sieur de la belle forteresse royale de Chinon. » [1]

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « En 1539 elle était passée par mariage à Nicolas de Mouy.

         Charles de Mouy, baron des Biars, en 1561, avait la garde noble de François de Pierrepont, seigneur d'Etienville.

         Les Pierrepont, mais d'une branche étrangère à ceux d'Etienville, devinrent ensuite barons des Biars. » [2]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Mouy extrait de http://www.wikiwand.com/fr/Armorial_des_familles_de_Picardie

     

         « Antoine de Mouy rend encore aveu en 1555 mais cette famille vend la baronnie aux Le Prévost en 1575 ; puis par alliance, elle revient aux du Parc, une famille importante dans la mouvance royale (François du Parc sera lieutenant général au gouvernement de la province) qui rachète même en 1609 la seigneurie de la Mancellière.

         François du Parc ayant du mal à être partout à la fois vend une partie de ses domaines à sa sœur qui épouse en 1665 Louis de Pierrepont, sieur de Saint-Marcouf. » [1]

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « En 1690, Louis XIV érigea cette baronnie en marquisat pour récompenser les services rendus à l'état par Louis de Pierrepont et sa famille. (…) Une haute justice et un marché furent accordés aux Biars par les mêmes lettres patentes. » [2]

     

    Blason de la famille de Pierrepont extrait de http://depierrepont.free.fr/Pierrepont.html

     

         « Son fils Charles uni aux de Macey et ses descendants directs seront au 18e siècle les derniers représentants des fameux barons des Biards dont plusieurs s'étaient illustrés aux croisades. Ils résidaient à la Ville, dans un vieux manoir rénové en 1740 en maison bourgeoise : deux pièces au rez-de-chaussée avec un premier étage et une couverture en essentes de châtaignier. Guillaume, dont la mère Anne de Pierrepont, avait épousé en secondes noces en 1759 Jacques d'Oillamson, fut en titre le dernier baron des Biards. » [1]

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)     « Dans le courant du 18e siècle, ce marquisat passa de la famille Pierrepont dans celle d'Oilliamson qui possède encore près de l'ancien château une petite habitation et quelques faibles débris d'un domaine jadis considérable. » [2]

     

    Blason de la famille d'Oilliamson extrait de http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/02/22/29278604.html

     

         « En 1789, il n'avait plus que deux infimes possessions aux Biards, la Ville et le Manoir. Il fut également électeur pour la noblesse mais émigra avant les états généraux et, à ce titre, se fit confisquer comme biens nationaux ces dernières possessions.

         Pour rester dans cette époque des véritables débuts de la paroisse, il faut se dire aussi que le bourg ne se trouvait pas à l'emplacement actuel. On l'a vu, il y avait déjà autour du château fort à « la Ville » un gros rassemblement humain mais le bourg, autour de sa première église très certainement en bois, se situait entre la Rue-Gérault et la Grande-Chapronnière, sans doute dans le lieu-dit « le champ St-Martin »... Saint Martin qui est l'évangélisateur de toute la région et comme par hasard également, le patron de la paroisse. Le cimetière était tout à côté, lieu-dit « la Fosse », et un champ voisin nommé « le Brûslin » accrédite bien la thèse que l’église brûla pendant la Guerre de Cent Ans. » [1]

     

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    Description des ruines du château en 1839 :

     

    LES REMPARTS DES BIARDS (Manche)      « Situé à un quart de lieue du bourg, le château des Biards, ruiné d'abord par Etienne de Blois, et puis en 1368, par les Bretons, au service de Charles V, était, comme ceux de l'époque des navigateurs normands, une espèce de vigie ou exploraloratorium, juché, comme l' aired'un oiseau de proie,sur une cime escarpee ei allongée en forme de cap ; la Sélune, qui coule au pied de ce rocher perpendiculaire, les y avait sans doute amenés, et ils avaient choisi ce poste pour y bâtir un fort, qui devint une demeure baronniale, d'où la vue plongeait sur le cours de cette rivière, et s'étendait sur des côteaux abruptes et sur le chemin en zig-zag qui conduit à Landelles ; sa forme était celle d'un polygone irrégulier, ayant 80 mètres sur sa plus grande longueur, et environ 30 de largeur ; ses murs étaient maçonnés à chaux et à sable ; des fossés, à peine reconnaissables aujourd'hui, en complétaient la circonvallation du côté de la terre ; enfin les habitants se sont emparés des pierres de cette forteresse pour bâtir et faire des murs de clôture, qui abondent dans son voisinage. La chapelle, actuellement en ruine, était dans le bayle ouballium extérieur et semble même avoir fait partie de la seconde enceinte murale du château ; ce n'est pas la primitive, on voit évidemment qu'elle a été maçonnée avec des pierres provenues de constructions plus anciennes ; il y avait une fenêtre à ogive derrière l'autel et une de chaque côté ; la porte extérieure était au bas de la nef, uneautre moins grande, dans un des côtés, communiquait dans la cour du château ; sur l'autel en granit on remarque en creux, du côté de l'évangile, l'emplacement de la pierre sacrée ; le maçonnage de ce petit édifice est lié avec de l'argile et semble être du 16e siècle ; sa longueur est de 12 mètres et sa largeur de six ; elle était, ainsi que la primitive, dédiée à Saint-Nicolas, ce qui vient encore à l'appui de mon système, car on sait que les reliques et le culte de ce saint nous furent apportés par les gentilshommes normands qui conquirent et fondèrent le royaume du Naples, et rien n'annonce qu'aucun des dieux du capitole ni même de l'Etna l'aient précédé sur cet escarpement aride. Les gens du pays sont persuadés qu'il y a des trésor enfouis sous ses ruines, et M. l'abbé des Grippes, curé actuel des Biards, m'a dit sérieusement que, l'an dernier, des personnes venues de l'Angleterre en avaient enlevé un pendant la nuit ; un homme de la paroisse m'a fait voir le trou où l'on prétend qu'il a été trouvé. Le premier historien qui fasse mention d'un personnage du nom de Biard, est Robert Wace, dans ces deux vers: D'Avrancin i fu Ricbarz, Ensemble od li cil de Biarz. Par lesquels il semble dire que ce Biarz, qui suivit le duc Guillaume à la conquête, avait le prénom de Richard. » [4]

     

    Ci-dessus, plan extrait du site http://histoire-isigny-le-buat65.over-blog.com/les-biards-isigny-le-buat.html

     

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    Légendes :

     

         « Vu l'importance de la paroisse, de sa baronnie et de sa trace dans l'Histoire, il ne faut pas s'étonner que les Biards ait excité les imaginations, particulièrement celle des auteurs du 19e siècle, période propice en rêveries romantiques de toutes sortes. Bien sûr, c'est autour de la « Ville » des Biards, là où se situait l'antique forteresse, que l'on trouve le plus de jolis contes.

         La fameuse devise frappant la « maudite ville des Biards qui chaque jour décatit d'un liard » comporte sans doute une part de vérité car, pendant le haut moyen âge, elle perdit de son importance par rapport à Saint-Hilaire ; Saint Hilaire, fondée rappelons-le en 1082 en même temps que le prieuré des Biards, la supplanta car mieux placée à la jonction des deux grosses provinces de Bretagne et du Maine. (...)

         Toujours à la Ville, le prolixe historien du Mortainais Hyppolite Sauvage accrédita la légende que la jeune châtelaine Avoise ayant « fauté » pendant que son père était aux croisades, découverte, aurait sauté dans le vide et, miraculeusement sauvée, aurait vécu des années cachée avec la complicité de sa nourrice, tout en face à la chapelle de la Madeleine, située sur l'autre rive, maintenant en Saint-Martin-de-Landelles. Les ruines de cette chapelle étaient encore visible fin 19e siècle, mais là encore, il ne semble s'agir que d'une jolie légende. » [1]

     

         « Nulle localité ne renferme plus de légendes que la paroisse des Biards. Forteresse importante au moyen âge, son château féodal a disparu depuis bien des siècles déjà, et la tradition en conserve le souvenir. Il était situé sur un mamelon escarpé, dont l'une des faces, taillée à pic, baigne ses pieds dans un magnifique et large cours d'eau. De là, l'horizon est délicieux. Au milieu de verdoyantes collines,
    que couvrent de riches moissons et d'abondantes ramées, circule la Sélune, lente et majestueuse en son cours. Ses eaux servent à alimenter un grand nombre de moulins, dont les échos répètent au loin les stridents accords. Un pan de mur est seul resté debout, près d'un if séculaire dont les branches le protègent de leur ombre ; il appartenait à un ancien oratoire dédié à saint Nicolas. Auprès est un champ
    cultivé. Son nom rappelle l'ancien château fort, et tout autour l'oeil ne voit que bruyères, ajoncs, solitude et dévastation. En effet, si la pioche vient à frapper le sol, elle rencontre une terre rougie qui a évidemment subi l'action du feu, ou bien quelques fragments de charbon qui ne peuvent laisser aucun doute dans les esprits. Là, ont passé les mains dévastatrices des hommes, et peut-être même la colère de Dieu. Quelques sentiers conduisent à la ville des Biards : la plupart ont même le nom de rues. Tous arrivent au point central de la colline. (…) Cependant, le château des Biards jouit longtemps d'une haute renommée. Ses maîtres furent de puissants seigneurs ; sous ses remparts furent livrées plusieurs sanglantes batailles ; de nombreux assauts firent reconnaître l'importance de ses fortifications ;
    enfin, il fut assiégé par les Anglais. Sa garnison se défendit avec vaillance ; elle combattit avec un courage héroïque, digne d'un meilleur sort, mais, pressée parle nombre, il lui fallut capituler.
         Ce fut en cet instant, dit toujours la légende, que le baron ramassa ses immenses richesses et qu'il les jeta dans l'endroit le plus profond de la rivière. Parmi ces trésors, vous dira-t-on, se trouvaient trois belles cloches d'argent, que l'on distingue au fond des eaux, lorsque le ciel est sans nuages. Mais le courant est si rapide au-dessous du pont qui joint
    les deux rives du fleuve, que nul n'a pu jusqu'ici affronter le tourbillon que les eaux forment en cet endroit. D'ailleurs ces cloches sont si pesantes que personne ne pourrait même les remuer pour les en retirer. Elles restent donc là ; seulement elles se font entendre quelquefois pendant la nuit. A Noël, notamment, chaque année, elles se mettent en
    branle, et leurs sons aigus s'en vont, de collines en collines, répétés par les échos lointains des vallées.

         Du reste, si l'on s'en rapporte à quelques habitants, le seigneur des Biards avait eu la précaution d'enfouir à l'avance son or monnoyé dans divers endroits. Les Anglais le savent bien, car il y a une trentaine d'années, quelques-uns d'entre eux vinrent au bourg et se firent conduire à la ville.
         Un individu leur prêta pioches et marteaux. Ils travaillèrent quelques heures, d'après quelques indications consignées sur un vieux morceau de parchemin jauni, puis ils revinrent vers minuit. Une dalle placée au pied de l'autel de la chapelle, et un bloc aux proportions et aux formes druidiques non loin du pont de Sélune, furent renversés. Le lendemain, ces chercheurs ne reparurent pas ; ils avaient trouvé le précieux trésor. Celui qui les avait aidés dans leurs travaux, depuis cette époque, jouit d'une certaine aisance, mais il s'est obstiné à garder un mutisme absolu. » [5]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait du site http://histoire-isigny-le-buat65.over-blog.com/les-biards-isigny-le-buat.html

    [2] Extrait des Recherches sur les anciens Châteaux du département de la Manche par M. de Gerville in les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 3 Société des antiquaires de Normandie, 1828.

    [3] Extrait des Mémoires de la Société académique du Cotentin : archéologie, belles-lettres, sciences et beaux-arts ; Éditeurs : typ. de Daireaux (Coutances) / impr. de Salettes (Coutances) / impr. A. Perrin (Avranches) ; 1880.

    [4] Extrait de la Notice Historique sur la paroisse et baronnie des Biards, suzeraine d'Isigny, Vezins, Landelles, etc... par M Le vicomte de Guitton de la Villeberge in les Mémoires et procès-verbaux, Volume 7,Partie 2, 1839. https://books.google.fr/books?id=FuA4AAAAMAAJ&pg=PA310&dq=Les+Biards&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKsumxhb_aAhUDfMAKHSKjCRsQ6AEIJzAA#v=onepage&q=Les%20Biards&f=false

    [5] Extrait des Légendes normandes : recueillies dans l'arrondissement de Mortain (Manche) (2e édition) / par M. Hippolyte Sauvage (1823-1914) Éditeur : impr. de P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (Angers), 1869.

     

    Bonnes pages :

     

    O http://histoire-isigny-le-buat65.over-blog.com/les-biards-isigny-le-buat.html

    O http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article12569

    O http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article12568

    O Notice Historique sur la paroisse et baronnie des Biards, suzeraine d'Isigny, Vezins, Landelles, etc... par M Le vicomte de Guitton de la Villeberge in les Mémoires et procès-verbaux, Volume 7,Partie 2, 1839.

    O https://books.google.fr/books?id=FuA4AAAAMAAJ&pg=PA310&dq=Les+Biards&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKsumxhb_aAhUDfMAKHSKjCRsQ6AEIJzAA#v=onepage&q=Les%20Biards&f=false

    O https://books.google.fr/books?id=6CZQjqo7Gj0C&pg=PA206&dq=Les+Biards&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi0sJj4kL_aAhWEA8AKHdr_C044FBDoAQg1MAM#v=onepage&q=Les%20Biards&f=false

    O http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63519q/f28.image.r=%22ch%C3%A2teau%20des%20Biards%22

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  • LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Le château du Houley à Ouilly-du-Houley

     

          « Le château du Houley (s’écrit parfois avec 2 L à Houley) est une demeure du 16e du département du Calvados, inscrite au titre des Monuments historiques en 1927. » [1] 

     

         « Ce sont les noms des seigneurs de l’époque qui sont à l’origine du nom de ce village. » [2]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Le château offre un très grand intérêt. Il est construit sur la croupe d'un mamelon assez élevé, et sa masse carrée, vue des coteaux voisins, est fort imposante. » [3]

     

     

     

    Ci-dessus, gravure extraite de la Statistique Monumentale du Calvados d'A. de Caumont.

     

         « Mais un grand émoi nous attend. Nous allons sur le château-roi du pays… sur le dominateur-fabuleux-je fais attention à mes mots, bonnes gens !… Ouilly-la-Ribaude ! Ouilly-du-Houlley…Que les capons s’en aillent ! (…) Il existait là un vieux nid d’aigle du 15ème siècle ; on le débourre, on l’élargit, on le peigne et on l’exhausse encore (…) Je crois pareil assemblage unique en Normandie. Que l’on comprenne précisément : union de l’agression et de la vie moderne ; du formidable et du joli, du défensif et du confortable. » La Varende [2]

     

         « La baronnie d’Ouillie, qui se composait de quatre fiefs de haubert et avait une haute-justice. s'étendait sur les paroisses de Moyaux, d’Hermival et autres environnantes. » [3]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)   LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Plan hypothétique (et en attendant mieux) du château du Houley à Ouilly-du-Houley ; blason de la famille Le Baveux par Gilloudifs.

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Ci-dessus, à gauche photo extraite de http://www.ouillyduhouley.com/ ; au centre, photo par Nadine Toudic - Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66006883 ; à droite, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    Historique

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Martin d'Ouillie, qui figure dans les rôles de l'Echiquier de Normandie, à la date de 1180, fut, des plus lointains seigneurs de ce lieu, le seul dont on ait conservé le nom [Martinus de Oilleia 10 solid. pro duello Lexov.] A la fin du 12e siècle, le fief d'Ouilly-le-Ribauld devint la propriété de la puissante famille des Crespin qui possédait aussi la baronnie de Tillières. » [4]

     

     Ci-dessus, gravure montrant le plan du château du Houley extraite de la Statistique Monumentale du Calvados d'A. de Caumont.

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Ribauld était le fils d’un Crespin, puissante famille normande aux 11e et 12e siècles qui possédait entre autre la baronnie de Tillières-sur-Avre stratégiquement très importante dont les seigneuries de Saint-Léger d’Ouillye et Ouillye-la-Ribauld faisaient partie.

     

    Ci-dessus, blason de la famille Crespin par User:SsireCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Ssire., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5012623 

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     C’est Charles V qui en 1370 acheta cette baronnie et la donna six ans plus tard à l’un de ses chevaliers Guy le Baveux. » [2] 

     

    Blason de la famille Le Baveux par Gilloudifs.

     

         « En 1464, Philippe Le Veneur, baron de Tillières, fit partage de la seigneurie d’Ouillie-le-Ribaut avec Philippe de Manneville et Catherine Le Baveux, veuve de Louvel-L’Estandart.

         Philippe Le Veneur avait épousé, en 1450, Marie Blosset, fille de Guillaume Blosset, seigneur de Carrouges et de Marguerite de Malestroit.

         Il avait une part d'hérédité dans la terre d’Ouillie, parce que Jean, son père, seigneur du Homme, qui fut tué à Azincourt, en 1415, avait épousé Jeanne Le Baveux, fille de Robert Le Baveux, baron de Tillières et d'Agnès Paynel. C'était une héritière. Je suis porté à croire pourtant, sans en avoir de preuve, que la terre d'Ouillie venait des Paynel, qui possédèrent beaucoup de terres de ce côté.

         C'est Philippe de Manneville qui resta en possession d‘Ouillie. » [3]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Trônant sur un éperon dominant le village d'Ouilly, le château peut paraître imprenable. « Il est quand même tombé deux fois. Une première fois pendant la Guerre de 100 ans, aux mains des troupes de Charles II le Mauvais allié aux Anglais », explique François Xavier Lebon... » [5]

     

         « Pendant l’occupation anglaise cette baronnie était tombée entre les mains de Los Bourgoys, chevalier, puis, par don royal, entre celles de Hue de Launoy, chevalier, qui la céda à Mathieu Goth en 1430, avec la baronnie de Coulonces (A.N. JJ 175, n° 107).

         Après la libération, la seigneurie d’Ouillie-la-Ribault revint pour une part à Philippe de Manneville, écuyer, et pour la partie située à Saint-Léger-d’Ouillie, à Catherine Le Baveux, une des filles de Guy, qui était en 1462, veuve de Louvel Lestandart, écuyer ; son fils, Pierre Lestandart tenait cette partie de fief dès 1455 (Aveu de la baronnie de Tillières, du 20 novembre (A.N., P. 308). » [6]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Ci-dessus, plans extraits du cadastre napoléonien de 1825, archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/accueil.html

     

          « Monseigneur Jehan de Manneville, sans doute son fils, chevalier, seigneur et baron d'Ouillie et d'un fief assis à Lieuray, nommé Tillière, n'ayant point comparu aux montres de la noblesse du bailliage d’Évreux ordonnées par Louis XI en 1469, ses fiefs furent « prins et mis en la main du Roy... sous laquelle ils seront regis et couvergnez jusques à ce qu'il a ait fait apparoir comme et du lieu ou il s'estoit présenté. (Voyez les Monstres du bailliage d’Évreux, publiées par M. Bonnin, p. 43.) » [3]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Ci-dessus, photos du château du Houley par Gilloudifs.

     

         « En 1469, les deux terres sont réunies et le château, monumentale sentinelle démantelée pendant la guerre de 100 ans fut reconstruit. » [2] 

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Puis, le domaine passa par alliance aux L'Estendard,
    aux Maintenon, puis aux Carvoisin d'Achy. » [4]

     

    Blason de la famille de l'Estandard Par Hervé Lainé — La Galissonnière, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10623090

     

         « En 1540, René de Maintenon était seigneur et baron d'Ouillie. (…)

         Gaston de Maintenon, baron d'Ouillie-Ia-Ribaude, épousa, en 1551, Marguerite de Nollent, la dernière des quatre filles de Florent de Nollent, seigneur de Saint-Contest, et de Louise de Chançaux Le Breton. (Lachesnaye des Bois, t. XI, art. Nollent.) » [3]

     

         « Le 15 août 1592, le château qui abritait une garnison royaliste fut attaquée par des troupes espagnoles et aux trois quarts détruit. » [2] 

     

         « Dès le commencement du 17e siècle, la baronnie d’Ouillie est dans les mains de la famille de Longchamp, issue de la paroisse de Saint-Léger, dont plusieurs membres furent gouverneurs de la ville de Lisieux au 16e siècle. » [3]

     

         « C’est Jean de Longchamp, chef huguenot et gouverneur de Lisieux qui reconstruit le château vers 1605. » [2] 

     

         « En 1605, Jean de Longchamp de Fumichon, ce fougueux capitaine de Lisieux dont nous avons vu les aventures,
    acheta Ouilly. De ses deux filles, l'une, Marie, porta Fumichon aux Rabodanges ; l'autre, Catherine, héritière d'Ouilly-le-Ribauld, épousa César d'Oraison. » [4]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « César d’Oraison fit sa résidence ordinaire au château d'Ouillie. Il y produisit dans la recherche de la noblesse de 1666. On y lit : « Ouillie. Cezar d’Oraison, chastelain de Livarot, antien noble. » [3]

     

         « Ses descendants vendirent le domaine, à la fin du 17e siècle, à Messire Adrien du Houlley, chevalier, seigneur de Firfol et de la Lande et conseiller à la cour des Aides de Paris. Il épousa Marie de Loynes en 1698. Bientôt après, en 1719, la seigneurie fut érigée en baronnie. » [4] 

     

    Ci-dessus, blason de la  famille d'Oraison (mais est-ce le bon blason ?) par User:D2paysacCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:D2paysac., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3408134

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     Il « mourut entre 1785 et 1787, laissant pour seule héritière sa sœur, noble dame Anne-Renée-Cécile du Houlley. épouse de messire Daniel de Loynes, chevalier, seigneur de Mazères et autres lieux, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint.-Louis, demeurant ordinairement à Orléans. 

         M. de Mazères possédait encore ces terres au moment de la Révolution. » [3]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Loyne du Houlley dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Loynes

     

         « Les paroisses d'Ouilly-le-Ribauld et de Saint-Léger-d'Ouilly prirent le nom de Saint-Martin et de Saint-Léger-du-Houlley. La Révolution apportera de nouvelles modifications. On voudra rendre à Saint Martin-du-Houlley son ancien nom moins suspect, mais l'ignorance en fera « Ouilly-la-Ribaude ». Enfin, pour tout concilier, on a réuni les deux paroisses sous le nom d'Ouilly-du-Houlley. » [4]

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « La terre appartint au 19e siècle à Charles Baguenault [ « M. Baguenault, qui a épousé Mme Adélaîde-Zoé de Loynes du Houlley, nièce de M. de Mazères, vient d'aliéner la terre et le château. » [3] et le château fut acheté par monsieur Pottier qui le protégea.

         Au 20e siècle, Monsieur Delore achète la demeure qui était devenue au cours du siècle précédent une maison de ferme... » [2] 

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « François-Xavier Lebon explique comment son grand-père put racheter l'édifice au propriétaire, un fermier qui n'ayant plus d'héritier « 100 % des fils du pays étant morts à la guerre de 14 », le céda finalement au début du 20e siècle. « Grand collectionneur, mon grand-père, industriel parisien, cherchait un écrin pour ses collections du 17e et 18e. Il a restauré le château, rajoutant sa touche personnelle pour, entre autre, plaire à son épouse Marguerite qui, très parisienne n'y mit quasiment jamais les pieds ! » [5] 

     

    Ci-dessus, crédits photo Ruprich-Robert, Gabriel (architecte, collection) - Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados) LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)

     

    Architecture

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     Arcisse de Caumont, 1867 : 

         « Évidemment toutes ces constructions ne sont point d'une seule époque. Les parties les plus anciennes, qui datent de l'époque gothique sont, à l'extérieur, les tours circulaires qui occupent l'angle nord-ouest, le bâtiment qui leur sert de courtine vers le nord, et les autres tourelles circulaires qui défendaient l'angle nord-est, ainsi que toutes les parties basses du mur qui les sépare ; le long mur plein qui regarde le levant, et, on peut le présumer, toutes les parties inférieures du reste de l'enceinte. A l'intérieur de la cour, une seule partie est bien caractérisée, c'est la tourelle octogone terminée par le campanille de l'horloge et les bâtiments adjacents, à droite et à gauche. On peut en juger par le dessin.

     

     Ci-dessus, gravure montrant le château du Houley extraite de la Statistique Monumentale du Calvados d'A. de Caumont.

     

           Le reste accuse, dans son ensemble, la fin du 16e siècle ou le commencement du 17e ; en un mot, le règne d'Henri IV. La chapelle, qui est maintenant détruite, devait dater aussi à peu près de cette époque.

         Les matériaux employés sont la pierre de taille et même le moëllon pour les parties anciennes ; la pierre et la brique pour les autres parties. L'étage supérieur du bâtiment, qui se trouve entre le pavillon d'entrée et le grand escalier, est en pans de bois.

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     Les constructions de l'est sont occupées par des écuries et des communs ; elles ne sont élevées que d'un rez-de-chaussée avec greniers. Il n'y a, vers l'extérieur, d'autres ouvertures qu'une série de meurtrières qui correspondent aux greniers. Les appartements d'habitation sont situés dans le bâtiment parallèle. La grande porte d'entrée est pratiquée dans un pavillon élevé, qui fait partie de la seconde époque, dont voici l'aspect extérieur (voir le dessin...)

     

    Ci-dessus, gravure montrant le château du Houley extraite de la Statistique Monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.

     

         L’accès consistait en deux ponts-levis jetés sur les fossés : l'un conduisait à la grande porte, l'autre à la poterne qui accédait dans le corps-de-garde. Il n'y a aucune autre porte que celle de ce corps-de-garde dans le couloir qui, de la grande porte, mène à la cour intérieure. L'escalier qui conduit à la grande salle de l'étage supérieur, d'où l'on devait manœuvrer les chaînes des ponts s'ouvre immédiatement sur la cour. De l'autre côté est un appartement avec une cheminée, peut-être la cuisine de la garnison.

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     La chapelle s'appuyait contre ce pavillon d'entrée, et son chevet faisait saillie dans la cour. [ Cette chapelle, sous l'invocation de saint Jean et de saint Philippe, était un bénéfice dont le titulaire était présenté par le baron d'Ouillie. ] Elle n'était donc point orientée, mais sa disposition contribuait encore aux moyens de défense, en permettant de tirer des fenêtres sur le flanc gauche des assaillants, qui, les portes rompues, se seraient précipités dans la cour. Le bâtiment en bois dont nous avons parlé n'est guère, jusqu'à l'angle des grands logis, qu'une galerie conduisant à la tribune de la chapelle. Le bas est ouvert et servait de remises pour les équipages de guerre ou de voyage. Le châtelain et sa suite assistaient aux offices dans la tribune ; la chapelle était petite et une foule nombreuse n'aurait pu y trouver place.

     

    Ci-dessus, g ravure montrant le château du Houley extraite de la Statistique Monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.

     

         Le rez-de-chaussée du corps d'habitation ne comprenait que deux grandes salles. La principale avait, sur le manteau de sa vaste cheminée, une peinture fort détériorée, qui paraissait représenter le Jugement de Paris. Elle est maintenant presque indéchiffrable. On accède à l'étage supérieur par deux escaliers principaux : le grand escalier en pierre a rampes droites et un escalier à vis qui remplit la tourelle octogone. Un escalier de service est contenu dans une des petites tourelIes de l'angle, et un autre conduit au pavillon de l'angle opposé. La disposition de ces appartements a été sensiblement modifiée sous le règne de Louis XIV. A gauche du grand escalier, on trouve diverses chambres et boudoirs. Dans la chambre qui remplit le pavillon d'angle, on doit remarquer les pavés émaillés qui garnissent le contrecœur de la cheminée. Leur dessin est fort bon, et leurs vives couleurs flattent l'œil bien mieux que les marbres ou les carreaux blancs qu'il est de mode d'employer aujourd'hui. Ils proviennent des fabriques du Pré d'Auge et de Manerbe, dont les fours n'ont été éteints que par la Révolution. La plaque de fonte porte des armoiries. Deux lions servent de support a l'écu qui est sommé d'un casque à lambrequins, taré de face. Le champ de l'écu est parti : au 1er, trois étoiles ; au 2e, une croix, avec peut-être quatre pièces aux cantons.

         Le premier ne laisse pas de doute : ce sont les armoiries de la famille du Houlley, que nous avons déjà trouvées à l'église.

         L'appartement précédent était encore dernièrement tapissé de cuirs gaufrés et dorés, d'un dessin remarquable, et qui étaient loin d'avoir perdu leur éclat.

            A droite du grand escalier, on entrait dans un vaste salon dont la décoration paraît n'avoir jamais été terminée. Ensuite se trouvait la salle a manger ; elle était aussi très vaste, mais de forme irrégulière. On l'avait placée dans les deux tourelles circulaires de l'angle. Sa disposition était assez heureuse. Ses murs étaient lambrissés, avec sujets peints sur les panneaux. Dans un des angles se trouve encore un lavabo en marbre. Dans les bâtiments du retour, on ne trouvait que de petits appartements. » [3]

     

         « Au 20e siècle, Monsieur Delore achète la demeure qui était devenue au cours du siècle précédent une maison de ferme : la salle de Gardes avait été transformée en laiterie.

         Propriété acoustique de la salle des Gardes : 2 personnes placées dans les angles opposés et donc séparées d’une dizaine de mètres peuvent communiquer à voix basse sans que ceux qui se trouvent au milieu de la pièce puissent saisir leurs propos « Le son arrive considérablement renforcé et donne l’impression bizarre que la personne qui parle est debout derrière et un peu au-dessus de celle qui écoute. » [2] 

     

    Protection :

     

          Château : inscription par arrêté du 19 janvier 1927.

     

    LES REMPARTS DU HOULEY (Calvados)     « Deux autres monuments attirent l’attention sur cette commune : l’église du 15e siècle dédiée à Saint Martin et le manoir de Bellemare qui date de deux époques différentes, la partie la plus ancienne en pans de bois remonte au 14e siècle et la plus récente en silex et chaînage de grès appartient au 16e. » [2] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de https://ouillyduhouley.fr/histoire-de-ouilly-du-houley/ ou https://ouillyduhouley.fr/details-de-lhistoire/

    [3] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados : arrondissement de Lisieux, Volume 5 par Arcisse de Caumont ; F. Le Blanc-Hardel, 1867 - 846 pages

    [4] Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, date d'édition : 1911

    [5] Extrait de l'article ouest-France du 29/09/2013 https://www.ouest-france.fr/normandie/lisieux-14100/le-chateau-se-devoile-aux-historiens-augerons-807251

    [6] Extrait de http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=6659

     

    Bonnes pages :

     

    O http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=6659

    O Article ouest-France du 29/09/2013 https://www.ouest-france.fr/normandie/lisieux-14100/le-chateau-se-devoile-aux-historiens-augerons-807251

    O Statistique monumentale du Calvados : arrondissement de Lisieux, Volume 5 par Arcisse de Caumont ; F. Le Blanc-Hardel, 1867 - 846 pages

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  •  LES REMPARTS DE LA LANDE DE GOULT (Orne)

     

     LE CAMP DE GOULT 

     

         Sur le site du camp de Goult se trouve un panneau d'information (voir ci-contre) mis en place par le Parc naturel Normandie-Maine et la communauté de communes du Bocage Carrougien (NdB) : 

     

          « Affublé de divers noms : camp de Gul, camp de César, le Cavalier, la Butte des Sept Puits, cet éperon rocheux dominant le défilé de la Cance offre une grande visibilité vers le nord et le sud. Utilisé à des fins défensives, les quatre enceintes emboîtées sont marquées par l'association de fossés et de talus. La découverte de haches de bronze laisse penser que ce site fut sûrement utilisé dès l'âge des métaux (il y a environ 4000 ans).

     

    Photo ci-dessus extraite du site http://geologie.discip.ac-caen.fr/paleozoi/EcouvesNW/paysage.html

     

         Outre cette occupation très ancienne, on pense également à une occupation médiévale de type motte castrale ou féodale (11e ou 12e siècle), avec une basse cour à l'extrêmité de l'éperon où se situe la chapelle, un donjon et les sept puits sur l'enceinte secondaire. Les sept puits, dont six subsistent, s'apparentent en réalité à des silos destinés au stockage des provisions. Ce site devait être associé à un important réseau de châteaux à motte (plus de deux cents pour le département de l'Orne) qui constituaient au 11e et à l'aube du 12e une ligne de marches défensives, établies aux confins du duché de Normandie, du comté du Maine et de la seigneurie de Bellême. »

     

    Ci-dessus, plan de l’enceinte fortifiée (extrait d’un panneau d’information du site) Appelée « Camp romain » sur la carte topographique de l’IGN ; photo extraite de http://geologie.discip.ac-caen.fr/paleozoi/EcouvesNW/paysage.html

     

      

     

    Plan hypothétique des vestiges du camp protohistorique et médiéval de Goult ; blason du département de l'Orne par User:Spedona 01/11/2007Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona 01/11/2007., CC BY

     

          « En rive ouest de la Cance, l’érosion a façonné un éperon rocheux dans la barre de Grès armoricain constituée de quartzites très résistants. Ce promontoire domine la terminaison du synclinal de Sées au Sud et les terrains briovériens du socle cadomien au Nord. Il a joué un rôle stratégique au cours des temps protohistoriques et historiques (« Camp romain ») avant d’être un lieu de pèlerinage (chapelle Saint-Michel). Plus récemment, au 20e siècle, la barre de grès a été entamée par une carrière dont l’exploitation a cessé (en 1950) afin de ne pas nuire au caractère pittoresque du site. (…)

     

     

    Photo à droite par ChBougui — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54298339

     

           La chapelle Saint-Michel est bâtie sur un tertre au sommet de l’éperon rocheux qui domine la cluse. Elle a été construite au 12e siècle à l’emplacement du lieu d’un culte de l’eau pratiqué par les Celtes  puis par les Gallo-romains, en relation avec la présence de sources au pied de l’éperon (source de Saint-Osithe).

     

         Au début du 20e siècle, lors de l’exploitation du Grès armoricain l’éperon rocheux était dépourvu de végétation arborescente comme l’atteste cette photo ancienne. La chapelle était alors bien visible et l’éperon pouvait jouer son rôle stratégique en offrant une vue panoramique.


         Depuis l’aire de parking, un chemin monte jusqu’au sommet de l’éperon et permet l’accès à la chapelle ainsi qu’au camp romain. Des marches sont taillées dans la partie la plus raide. Un autre accès est possible par le hameau de Goult. (…) cette enceinte fortifiée évoque aussi
    une ancienne motte castrale (12e s.) ou féodale (13e s.) dont la basse-cour occupait l’extrémité est de l’éperon où se trouve actuellement la chapelle Saint-Michel.    L’occupation humaine du site est certainement très ancienne, des objets de l’âge du bronze y ayant été trouvés. L’extrémité est de l’éperon est entourée par un double talus, sauf au niveau de l’escarpement et de la cluse qui constituent une protection naturelle. Au-delà de ces talus, les vestiges sont envahis par la végétation. La morphologie de l’éperon est bouleversée par les fossés et les talus défensifs ainsi que par des « puits » ; une butte aurait supporté un donjon à l’époque médiévale. La végétation, envahissante, rend difficile la lecture des structures. » [1]


    Éléments protégés : 


         Camp antique de Goult (vestiges du) (cad. E 176, 177, 186, 187 à 189) : classement par arrêté du 4 janvier 1963
    [2] 

     

     

    A proximité :  

     

         « L'ancien prieuré de La Lande-de-Goult est une dépendance de l'abbaye de Lonlay au moins depuis le milieu du 12e siècle, après la donation de ce bien par Hugues de Gournay.
         L'état actuel date du 18e siècle, excepté le porche roman du 12e siècle, en calcaire soigneusement appareillé de la façade occidentale.
    Les éléments les plus intéressants de ce porche sont les chapiteaux, en calcaire fin, portant les voussures. Cinq d’entre eux, dont le décor évoque l'art des enluminures du 11e siècle, se rattachent au style des chapiteaux de calcaire de l'abbaye de Lonlay et proviennent du même atelier.
         On y rencontre deux thèmes décoratifs : le premier représente des animaux affrontés ou enlacés (oiseaux, lions et dragons), issus d'un bestiaire orientalisant et purement décoratif. Le second, représenté par deux chapiteaux, concerne des scènes de chasse.
    Rares en Normandie, ces chapiteaux historiés sont d'une grande maîtrise alliant un graphisme très sûr et le sens du mouvement dans un décor végétal foisonnant. Des comparaisons peuvent être proposées avec l'iconographie des manuscrits enluminés ou même de la Tapisserie de Bayeux. » [3]

     

         Éléments protégés :

     

          « six chapiteaux et colonnes les supportant situés à droite et à gauche du portail de la chapelle : classement par arrêté du 30 octobre 1953 ; chapelle, y compris les peintures murales ; façades et toitures du logis prioral (cad. E 166, 203, 204, 205) : inscription par arrêté du 17 janvier 1989 » [4]

     

    Photo ci-dessus par ChBougui — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54298344

     

    Sources :

     

    [1] D'après http://geologie.discip.ac-caen.fr/paleozoi/EcouvesNW/paysage.html

    [2] Extrait de https://monumentum.fr/vestiges-camp-antique-goult-pa00110832.html

    [3] Extrait de http://www.mondes-normands.caen.fr/france/patrimoine_architectural/normandie/hiemois/carrouges/landegoult/index.htm

    [4] Extrait de https://monumentum.fr/prieure-goult-pa00110833.html

     

    Bonnes pages :

     

    http://geologie.discip.ac-caen.fr/paleozoi/EcouvesNW/paysage.html

     

        Ci-dessous, pages extraites de l'Essai d'Inventaire des Mottes et Enceintes du département de l'Orne par Léon Coutil (1909) :

     

     

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  • LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime) LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)

     

          « Le domaine du château d'Imbleville est situé sur la commune d'Imbleville dans le canton de Tôtes le long de la route de la vallée de la Saâne. On le surnomme la « Perle de la Saâne », il apparaît parfois dans certains écrits sous le nom de « château du Vivier » ou encore « château de la Couture (…) ou bien encore « château de Bimorel » (NdB)

         Situé sur la D2 entre Imbleville et Auzouville-sur-Saâne en Seine-Maritime et idéalement bâti entre deux bras de la Saâne, ce château de briques roses et son domaine visaient à protéger et à contrôler le passage de la vallée. Le château et les bâtiments alentour, si disparates en apparence, constituent un ensemble architectural harmonieux. (...) » [1]

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     « Ses assises sont de grès et silex. Ses briques anciennes changent subtilement de couleur selon les saisons et la lumière : plus roses par temps gris, plus dorées au soleil,  
    nacrées au clair de lune. » [2]

     

         « Au moment de sa construction à la fin du 15e siècle, le château de Bimorel était un petit château fort, garni, de tous les côtés, de tourelles. À l'entrée de la cour, à laquelle on ne pouvait accéder que du côté nord, se trouvait un corps carré (sorte de poterne), flanqué de quatre tourelles, que l'on traversait, après avoir passé le pont-levis jeté sur les fossés. » [3]

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)   LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)

     

     Plan de situation du château d'Imbleville ; blason de la famille de Dampierre par Travail personnel Jebulon — Pierre-Paul Dubuisson: Armorial des principales maisons et familles de Roiaume, particulièrement celles de Paris et de l'Isle de France, tome second, page 146. Paris, 1757, aux depens de l'auteur. Réédition Jean de Bonnot, 1987., CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18286047

     

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    Historique

     

         « Au 15e siècle, les terres alentour constituaient une seigneurie sous l'égide de Zanon de Dampierre, seigneur de Biville-la-Baignarde, Thiédeville, Imbleville et Eurville. C’est lui qui, en 1491, construisit, dans un îlot formé par la Saâne, une maison forte qui, après transformation, devint le château actuel. » [1]

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     « Sur la porte de cette antique demeure seigneuriale, se trouve l'inscription suivante placée, en 1491, par Janon de Dampierre sur une pierre frontale aujourd'hui fort usée par le temps : « L'an de grâce 1491, noble homme, Messire Janon de Dampierre, chevalier, seigneur de Biville-la- Baignarde, et autres seigneuries, fit édifier cette maison. Et était pour lors, sa femme, noble dame Marie de Gouvis. Leurs hoirs feront leur devoir de prier pour eux. »
    Au-dessus, étaient les armes de la famille de Dampierre, et celles de la maison de Gouvis qui portait de vair plein. » [3]

     

         « On peut voir, à l'entrée du cimetière, une croix en grès dont il fit don à la paroisse en 1510. (…)

         À la fin du 16e siècle, la terre et le château furent acquis par Nicolas Baudry, avocat au parlement de Normandie. Son fils Charles mourut à Imbleville en 1651. Ses descendants conservèrent le domaine jusqu’au début du 18e siècle. 

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Divers partages firent revenir le château entre les mains de Pierre Eustache de Dampierre qui mourut en 1795, laissant trois filles. En 1801, la terre fut attribuée à l’ainée qui avait épousé le marquis de Bimorel. Le dernier Bimorel mourut en 1842. Son gendre Louis de Folleville hérita du domaine qui resta dans sa famille jusqu’en 1917. C’est dans cette période du 19e siècle que le château subit de profondes transformations. (...)

         D’importants travaux de réfection ont été exécutés par madame de Saint Rémy et son fils Gilbert entre 1917 et 1961. Notamment fut érigé au pied de la colline boisée, un élégant escalier à double révolution provenant de l’ancien château des ducs d’Elbeuf. (...) » [1]

     

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    Ci-dessus : à gauche plan extrait du cadastre napoléonien de 1806, Archives de la Seine-Maritime http://www.archivesdepartementales76.net/ ; au centre extrait de la carte d'Etat-Major extraite du site Géoportail ; à droite, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    Architecture 

     

         « À l’origine, la Saâne arrivait directement sur la face sud de la cour. Elle se divisait en deux bras qui défendaient le château. (…) Entre 1850 et 1860, la Saâne qui, lors de ses crues, inondait les abords du château, fut détournée et les douves furent créées. (…) 

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Au nord, quatre tours, dont deux subsistent, abritaient la herse d’un pont-levis qui seul permettait l’accès. Au nord, des bâtiments de service s’élevaient entre la chapelle et le pont-levis. À l’est, reliant l’étage du logis avec celui de la chapelle, il y avait une longue galerie supportée par des arcades en plein cintre ouvertes sur la cour. Cette galerie servait de nef au public qui y était admis le dimanche. (…) Deux ailes carrées furent construites aux extrémités de l’ancien corps de logis. (...)

     

    LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)LES REMPARTS D'IMBLEVILLE (Seine-Maritime)     Au sud, un long mur crénelé et une vaste tour (sud-ouest) ont été également abattus au 19e siècle. (...) » [1]

     

         « Les ornements de la toiture sont attribués à Ferdinand Marrou, célèbre ferronnier actif à Rouen de 1870 à 1917. On lui doit également les quatre clochetons entourant la flèche de la cathédrale de Rouen. » [4]

     

         « Le parc est remarquable à plus d'un titre. Il comprend de nombreux éléments, des pièces d'eau, des canaux et surtout des douves alimentées exclusivement par des eaux de source indépendantes de la rivière. » [1]

     

    Éléments protégés :


         « Manoir et son parc : inscription par arrêté du 1er février 1944. » [5] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'article Wikipédia sur le château.

    [2] Extrait de http://www.chateau-imbleville.com/Historique.htm

    [3] Extrait de La Normandie monumentale et pittoresque... Seine-inférieure, 1re [-2e] partie... Article de Paul Jardin ; Éditeur : Lemâle (Le Havre) ; 1893 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62340920/f471.item.r=%22ch%C3%A2teau%20d'Imbleville%22.texteImage

    [4] Extrait de http://www.reve-de-chateaux.com/demeure/313-chateau-dimbleville

    [5] Extrait de https://monumentum.fr/manoir-bimorel-pa00100724.html

     

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     Promenades en barque...

     

    Bonnes pages :

     

    Site officiel du château d'Imbleville : http://www.chateau-imbleville.com/

     

    O http://nanienormandie.canalblog.com/archives/2012/12/22/25972547.html

    O http://www.parcsetjardins.fr/haute_normandie/seine_maritime/jardins_du_chateau_d_imbleville-1387.html

    O https://lejardindemilie.wordpress.com/2015/06/21/chateau-imbleville-2/

    O http://chateau.over-blog.net/76-diaporama-imbleville.html

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  • LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)

     

          « Illiers-l'Évêque est une commune française située dans le département de l'Eure en région Normandie. Les habitants d'Illiers-l'Évêque sont des Illiens-Épiscopiens. (...) Le nom de la localité est attesté sous les formes Illiae 11e siècle, Hilleiae et Illeiae en 1157, Illais en 1217. » [6]

     

         " Illiers-l'Evêque. Enceinte et ruines d'un ancien château-fort, sur la commune d'Illiers. Vestiges de fondations romaines nombreux.
    Charpillon et Caresme - Dict. hist. de l'Eure, t. II, p. 403.
    Alman.-Ann. de l'Eure, 1916, p. 256. " [9]
     

     

         « Au sud-ouest de Mantes, la frontière entre Normandie et Ile-de-France épousait l’Eure ; dès la fin du 10e siècle, les ducs y créèrent un verrou notable, le château d’Ivry bientôt suivi par celui de Pacy. En face, le vaste territoire forestier allant de Mantes à Dreux, fut peu à peu défriché, et les lignages chevaleresques s’y firent une place ; lignages du Mantois, lignages du Drouais y établirent leurs pouvoirs. Mais curieusement, c’est d’Ivry que sortit le lignage qui finalement constitua une petite seigneurie transfrontalière, comprenant Bréval, Anet, Illiers-l’Evêque, et bien sûr Ivry, seigneurie dont les destinées s’arrêtèrent dans la décennie précédant la conquête royale de 1204. » [1]

     

         « Au Sud-Est du département de l'Eure, pratiquement à la frontière avec l'Eure-et-Loir, proche d'Evreux, Anet, Houdan, Dreux, Illiers s'était implanté le long du tracé primitif probable de l'ancienne voie antique d'Évreux à Dreux. Mentionné pour la première fois à la fin du 10e siècle, Illiers se fortifia au 12e siècle. » [2]

     

         « Illiers-l'Évêque, cité par Orderic Vital parmi les places que Henri Ier fit fortifier vers 1113, pour arrêter les incursions de Gervais de Châteauneuf. On la voit en 1120 entre les mains d'Ascelin Goël ; en 1157 dans celles de Simon d'Anet. Dans le traité entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, Illiers est mentionné comme une des propriétés du roi de France sur les limites de la Normandie. » [3] 

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)

     

     Plan hypothétique du château d'Illiers-l'Evêque d'après Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11e siècle et 12e siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html  Concernant les lettres en rouge sur le plan, voir le chapitre ci-après sur l'architecture ; Blason des Ivry(-Bréval), attesté à partir d'Ascelin Goël. Extrait de http://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/liste-des-seigneurs-divry.html

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure) 

    Ci-dessus, photo extraite de Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11e siècle et 12e siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html

     

    Historique

     

    « Ancienne baronnie avec haute justice.

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Le château fort d'llliers. dont les ruines existent encore, fut construit en même temps que celui de Nonancourt au 12e siècle, par Henri Ier, roi d'Angleterre, pour assurer ses frontières du côté de la France. Il a appartenu, en 1150, aux seigneurs d'Anet, à Philippe-Auguste, ensuite a la maison de Courtenay jusqu'en 1273, et enfin aux évêques d'Évreux, qui le réunirent à leur domaine temporel.

     

         On a trouvé à Illiers des médailles romaines, des monnaies gauloises, des tuiles et des marbres antiques, ainsi qu'un cachet en cuivre des seigneurs de Nonancourt, portant les armes de cette ville. » [4]

     

    Ci-dessus, photo extraite du site Google Earth.


         « Le village – sans doute modeste – d'Illiers s'était implanté le long du tracé primitif probable de l‟ancienne voie antique d'Évreux à Dreux. Celle-ci, venant de Jumelles, passait légèrement à l‟ouest du hameau de Beaufort; son tracé demeure dans le chemin venant de Jersey, puis devait franchir la Coudanne par un gué dans la zone marécageuse de fond de vallée, et rejoignait le tracé actuel de la RD 76 qui a repris celui de la voie antique jusqu'au Mesnil-sur-l'Estrée. Entre le hameau de Bois-Perrier (commune Chavigny) et Courdemanche, ce tracé rectiligne a été supplanté au Moyen-âge par un cheminement à peu près parallèle, happé par l'attraction du prieuré de Coudres, et les chemins entre les nouveaux lieux de peuplement et de commerce. » [2]


    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Le site est mentionné pour la première fois à la fin du 10e siècle, lors de la donation de son église et de ses dîmes au chapitre cathédral de Chartres, par le chevalier Avesgaud, qui lui-même les avait reçus de la comtesse Leutgarde, épouse du comte Thibaud de Blois et veuve de Guillaume Longue Épée. On ignore la succession de ses seigneurs au 11e siècle, et la première certitude acquise des sources est la fortification du site par Henri Ier Beauclerc en 1112, dans le cadre de représailles contre Gervais de Châteauneuf, seigneur de Brézolles et Sorel. Le roi semble avoir rapidement inféodé du château et de la seigneurie, Ascelin Goël, seigneur de Bréval et d'Anet ; celui-ci fit donation de la chapelle construite dans le château à l'abbaye Saint-Taurin, sans doute de façon quasi immédiate, afin de contribuer à la mise en valeur économique et agricole du site. Mais il est probable qu'Ascelin ne détenait pas la totalité des droits sur Illiers ; en 1155 apparaît dans l'entourage de son petit-fils Simon d'Anet, le miles Morhier d'Illiers, fondateur de la famille des Le Drouais. Morhier le Drouais était héréditairement détenteur des droits seigneuriaux sur la localité limitrophe de Courdemanche. » [5]

     

    Ci-dessus Blason de la famille d'Illiers dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As? Extrait de http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Illiers 

    -----------------------------------------

    « Gaston Ier ou Guazon d'Avesgaud :

     

         Seigneur du Châtel d'Illiers (doute au sujet de l'origine de cette famille. Plusieurs documents semblent attester l'origine des d'Avesgaud à Illiers-l'Evêque alors que d'autres les situent à Illiers-Combray. Il semble néanmoins qu'il s'agisse d'Illiers-l'Evêque dans l'Eure), beau-frère et successeur d'Albert, (1050-1073), devient seigneur de Châteauneuf par sa femme, Frodeline de Dreux, dame de Thimert et de Rémalard dont il a plusieurs enfants : Hugues, Gasco, Robert (Seigneurs de Gallardon), Mathilde. Il semble avoir possédé les terres de Thimert : il construit le premier château de Châteauneuf (Castellum Novum) (motte féodale à Thimert, objet d'une lutte entre le duc Guillaume et le roi Henri Ier de France en 1058). Ses successeurs, Gervais Ier de Châteauneuf et son fils Hugues II semblent avoir possédé Illiers avant que la ville ne passe dans les mains des Seigneurs d'Anet. Le village voisin de Courdemanche semble quant à lui être resté aux mains de la famille au moins jusqu'en 1239. » [6]

     

    « Gervais Ier de Châteauneuf (1105-1140)

     

         Grand sénéchal de Philippe Ier, il épouse Mabile de Châteauneuf du vivant de son beau-père Hugues Ier et devient seigneur de Châteauneuf à sa mort en 1105 et jusqu'à 1140. En 1096 Gervais fut médiateur avec Richard de Montfort et Hugues de Montgommery entre Guillaume de Breteuil-sur-Iton et Ascelin Goël d'Ivry-Bréval qui se faisaient la guerre pour la possession du château d Ivry. Pour contrer ses incursions régulières, le roi d'Angleterre Henri Ier fit fortifier les places de Verneuil, d'Illiers-l'Évêque et de Nonancourt. Néanmoins, les excursions de Gervais en Normandie continuèrent et Henri Ier fit le siège en 1113 de la forteresse de Sorel qu'il emporta après quelques jours. Gervais perdit alors Illiers-l'Évêque (que reçut Ascelin Goël) et le Plessis-Saint-Remy qu'il avait fortifié. » [6]

     

         « Henri Ier Beauclerc est le troisième fils de Guillaume le conquérant. Il succède à son frère Guillaume le Roux en Angleterre puis s'empare de la Normandie en 1106 au détriment de son autre frère Robert. Il décide de renforcer la frontière sud-est de la Normandie, peu à peu grignotée par Gervais seigneur de Châteauneuf, aidé par les Montfort, c'est-à-dire indirectement par le roi de France. En 1113, il chasse Gervais construisant une fortification à Saint-Rémy-sur-Avre. Il assiège et détruit le château de Sorel, appartenant à Gervais et fait bâtir des fortifications à Nonancourt et Illiers-l'Evêque. En 1118, il fortifiera Verneuil-sur-Avre. Le roi réinstaure les droits de l'évêque d’Évreux et rattache de nombreuses terres et églises à l'église Saint-Taurin d’Évreux, au détriment de celles, « françaises », de Coulombs et de Chartres.


    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Illiers est sur la route Dreux-Evreux et le roi confie la seigneurie et le château à Ascelin Goël. A ce moment, on constate qu'Ascelin est un proche du roi, il est probable qu'il est se soit rallié à lui lors de sa conquête de la Normandie en 1106. La châtellenie d'Illiers est étendue (jusqu'à Croth) et semble composé de droits ducaux mais aussi seigneuriaux des Châteauneuf. En outre le duc-roi rend la seigneurie d'Ivry à Ascelin, mais on ne sait pas de quelle manière puisque le problème n'est pas réglé comme le prouve la suite des événements. » [7]

     

    Ci-dessus, blason des Ivry(-Bréval), attesté à partir d'Ascelin Goël. Extrait de http://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/liste-des-seigneurs-divry.html

     

    Sur Ascelin Goel voir ici.

     

    Guillaume I Louvel

         Guillaume est le second fils d'Ascelin. Après la mort de son frère aîné, il est seigneur d'Ivry, de Bréval, d'Illiers et d'Anet. Il semble qu'il récupère Anet. Il est possible qu'il n'ait reçu que Bréval en héritage puis qu'il ait capté l'essentiel des possessions ses frères à leur décès, reconstituant la majeure partie des biens de son père. Il épouse Mathilde, fille du comte de Meulan, ce qui montre sa place de grand seigneur dans cette partie du duché. Malgré sa participation à une révolte aristocratique contre le duc-roi Henri Ier, celui-ci lui donnera d'importants domaines en Angleterre, peut-être pour l'empêcher de « basculer côté français ». Il meurt âgé entre 1166 et 1170. (…)

     

         Simon d'Anet reçoit châtellenies d'Anet, de Bréval et d'Illiers-l'Evêque. Il est possible qu'il soit dénommé « d'Anet » (et non « de Bréval ») en hommage à son oncle croisé. En outre, le château et la ville d'Anet ont pu gagner en importance. Il fonda les commanderies tellières de Chanu avant 1189 et Prunay en 1190. Il donna la châtellenie de Bréval à son fils Jean de Bréval. Celui-ci semble pencher du côté du roi de France Auguste et fortifier son territoire, lequel est ravagé par le duc-roi en 1188. Jean de Bréval meurt en 1189. Son père Simon d'Anet meurt donc sans descendance en 1190. Philippe Auguste s'empare alors ses possessions au nom de son droit d'échoite (lui permettant de saisir les seigneuries en déshérence) mais aussi en dédommageant les héritiers, comme Robert IV d'Ivry. Au nom du même droit, Philippe Auguste s'emparera d'Illiers en 1199. » [7]

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Dès avant 1127, une grande charte de l'abbaye Saint-Père de Chartres signalait, parmi les nombreuses églises en sa possession, celle d'Illiers. En 1157, Simon d'Anet, seigneur de Bréval, d'Anet et d'Illiers, approuva une importante charte de l'évêque d'Évreux Rotrou, mettant fin à l'usurpation des églises d'Illiers au détriment, d'une part du chapitre cathédral, et d'autre part de l'abbaye Saint-Père, semblant indiquer qu‟il existait deux églises dans le petit village. L'usurpation avait été le fait de la famille du miles Gouffier, et de ses fils Pierre et Guillaume ; cette famille se maintint dans la région ainsi d‟ailleurs qu'à Illiers.

     

    Ci-dessus, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         Après la mort de Simon d'Anet, Morhier le Drouais obtint en 1191, de l'Échiquier normand, un jugement en sa faveur concernant la possession de la maison-forte d'Illiers, contre un certain Guillaume d'Anet dont on ne connaît pas l'origine ; en janvier 1192, Richard Cœur de Lion confirma au camp de Jaffa ce jugement, et inféoda Morhier le Drouais de la maison-forte, sous seigneurie éminente de l'évêque d'Évreux. Il dispensa Morhier du remboursement des sommes dépensées par le roi Henri Ier pour la construction du château.

         Bien qu'Illiers ait été inclus dans les conquêtes françaises lors du traité de juin 1194, c'est encore Richard Cœur de Lion qui inféoda en 1198 Gadon Le Drouais, fils de Morhier, de la maison-forte, suivant les mêmes termes que son père. Cependant, Philippe Auguste, au plus tard après la conquête définitive de 1204, attribua à Guillaume du Fresne, miles normand rallié à la cause française, la moitié de la seigneurie d'Illiers, comprenant la maison-forte et les droits éminents sur l'autre moitié ; selon une plainte de 1247, il aurait marié Guillaume à une nièce bâtarde de Simon d'Anet et lui aurait assigné cette part comme ayant été détenue par Simon dans la seigneurie. Le petit-fils de Morhier contesta cette manipulation en 1247, prétendant que Morhier avait acheté la moitié de la seigneurie et la fortification de Simon d'Anet et en avait joui sa vie durant ; mais il n'eut pas gain de cause.

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Les familles du Fresne et Le Drouais possédèrent donc en indivision la seigneurie d'Illiers, les premiers détenant en sus le château et la seigneurie éminente sur les seconds ; l'ensemble était tenu des évêques d'Évreux. Avant 1230, Guillaume II du Fresne échangea sa part avec Robert I de Courtenay, bouteiller de France, seigneur de Nonancourt et de Conches, qui devint ainsi le seigneur dominant d'Illiers, et inféoda en décembre de cette année-là Guillaume le Drouais, petit-fils de Morhier, de la moitié de l'indivision.

         Raoul de Courtenay, fils de Robert I, revendit cette part avec Nonancourt à son frère Robert, futur évêque d'Orléans, en 1247. Celui-ci la conserva jusqu'en avril 1271, date à laquelle il en fit don à son neveu Robert de Sancerre ; Robert de Sancerre la revendit avant la fin 1272 à son oncle Guillaume de Courtenay, frère cadet de Raoul et de Robert, et finalement à la fin de l'année 1273, ce dernier la céda lui-même à l'évêque d'Évreux Philippe de Chaource.

         Deux ans plus tard, celui-ci racheta à Philippe Le Drouais, héritier de Guillaume Le Drouais, la moitié d'indivision qui demeurait en ses mains. Le château et la seigneurie d'Illiers firent partie par la suite des possessions de l'évêché d'Évreux. (…) » [5]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Courtenay par Odejea, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4147599

     

    Architecture

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     « Les restes du château d‟Illiers sont connus dans leur état des années 1900 grâce à une notice de Léon Coutil (1856-1943) (voir ci-contre, extrait de ce même article), ainsi que par une courte description de l'archéologue Louis Régnier (1865-1923) ; plus récemment, Astrid Lemoine-Descourtieux a retrouvé un croquis dû à Raymond Anet-Bréval-Ivry Bordeaux, du troisième quart du 19e siècle, représentant la motte, les restes d'une tour maîtresse qui la couronnait, ainsi qu'une petite tourelle dont les ruines subsistent encore aujourd'hui.

         On ne reviendra donc pas en détail sur la description du site, qui comprenait une motte circulaire (A), et dont une basse-cour annulaire (B) demeure encore parfaitement visible. La motte, encore fort impressionnante bien qu'elle ait été légèrement entamée au sud-ouest, portait une tour maîtresse dont on ignore le plan. La basse-cour (B), est une plate-forme isolée du plateau par un fossé, mais entièrement gagnée en remblai sur les modestes pentes de la vallée. Elle est aujourd'hui (2009) envahie d'une végétation dense au point d'empêcher toute mesure ; on remarque encore çà et là les témoins de la courtine maçonnée qui la ceinturait, flanquée à l'angle nord par une tour cylindrique massive (environ 8 à 10 m de diamètre extérieur) dont subsiste la maçonnerie en blocage sur deux mètres environ, noyée dans les ronces et les arbustes. Cette courtine était interrompue vers l'est par une tour-porte encore reconnaissable au début du siècle dernier ; il reste à proximité de son emplacement un pan de maçonnerie de blocage de silex de deux mètres de largeur pour quatre de hauteur.

         Le château possédait une chapelle donnée par Ascelin Goël à Saint-Taurin, mais sa localisation est inconnue. Il est intéressant de s'appesantir sur la structure générale, qui a été décrite comme une simple fortification à motte et basse-cour. Léon Coutil avait identifié vers l'ouest les terrassements, déjà en partie effacés, d'une plate-forme qu'il supposait et dessinait de forme triangulaire (D) ; par ailleurs, on reconnaît encore les traces d‟une autre plate-forme (C), qui pourrait cependant être adventice et plus tardive, liée à l'exploitation agricole.

         Cette plate-forme (D), improprement appelée « ravelin », doit être interprétée en fonction du cadastre ancien : or celui-ci révèle parfaitement un contour ovoïdal qui formait une seconde basse-cour orientée du côté du village.

         On note par ailleurs la présence au nord-est, au-delà de la limite du fossé, d'une zone boisée concentrique à cette limite ; une seconde ligne boisée existait plus loin, se démarquant assez nettement du parcellaire en lanières radiales. Enfin, pour terminer cette analyse de la structure fossile, on remarque la présence d'une succession de limites parcellaires formant une ligne courbe enveloppant l'ensemble, débordant à l'ouest de la place du village qui paraît bien significative d'un tracé, entrepris sinon achevé, de délimitation d‟une minuscule enceinte villageoise, dont la vocation était peut-être d'englober l'église.

         Il paraît assez évident que l'implantation de la fortification castrale a contribué à un total remodelage de l'occupation de l'espace. Le franchissement de la Coudanne a été placé sous son contrôle direct ; de plus il s'est accompagné de l'aménagement d'une retenue et d'un moulin accolé au pont sur le petit cours d'eau. Tant le moulin que l'étang sont mentionnés dans la donation faite par Ascelin Goël à Saint-Taurin après 1112 ; il n'est pas impossible qu'ils aient été aménagés en même temps que l'on bâtissait le château. Cette probabilité est d'autant plus forte que la donation prévoyait que, dans le cas où un tonlieu ou un péage serait institué, l'abbaye en aurait la dîme de plein droit : c'est la preuve que la valorisation du site était encore toute récente.

     

    Le château et la double seigneurie d’Illiers

     

    LES REMPARTS D'ILLIERS-L'EVÊQUE (Eure)     Une particularité insigne de cette fortification réside dans sa relation avec le découpage géographique administratif.

         En effet, le territoire communal de Courdemanche possède une protubérance marquée en rive gauche de la Coudanne, qui correspond assez exactement à la basse-cour (B) du site fortifié, à ses fossés et à une partie de la zone limitée par la frange boisée nord-est ; la limite intercommunale jouxte le moulin, mais place ce dernier entièrement dans le territoire d'Illiers. Cette protubérance du territoire de Courdemanche constitue de fait une véritable enclave, et l'on ne peut considérer sa découpe autour de la basse-cour orientale comme le fait du hasard, ou celui d'une bizarrerie administrative moderne intervenue au moment de la fixation des territoires communaux. Il s'agit certainement d‟une réminiscence d'un découpage ancien, que nous pensons remonter au partage en indivision de la seigneurie d'Illiers sous Simon d'Anet, au profit de Morhier le Drouais.

     

    Ci-dessus, plans extraits du cadastre napoléonien des communes d'Illiers-l'Evêque et de Courdemanche, Archives de l'Eure, http://archives.eure.fr/ 

     

         En effet, celui-ci était seigneur de Courdemanche en 1186 ; son petit-fils prétendit, sans que l'on sache si c'était de bon droit, que Simon d'Anet lui avait vendu la maison-forte et la moitié de la seigneurie.

         Quoi qu'il en soit de cette prétention, Morhier et ses successeurs possédèrent l'autre moitié de la seigneurie, à l'exclusion des droits éminents. Or le symbole le plus évident de ceux-ci était la possession de la motte et de la tour maîtresse, qui demeurèrent côté du territoire d'Illiers.

         Il est en définitive probable qu'une partition de la fortification, ainsi que du territoire et des droits sur Illiers, intervint entre la création de la fortification en 1112, et la première mention de Morhier d'Illiers en 1155. Cette partition eut pour effet d'affecter la basse-cour orientale (B), ainsi que le territoire afférent, au coseigneur secondaire d'Illiers, c'est-à-dire Morhier lui-même ; peut-être eut-elle pour effet d'entraîner la création de la basse-cour occidentale (D).

         La plainte de Guillaume le Drouais, en 1247, porta peut-être sur l'usurpation de cette basse-cour par le roi et Guillaume I du Fresne. » [5]

     

    « Frontière du pays chartrain.

     

         La petite rivière d'Avre, coulant pendant soixante-dix kilomètres dans une étroite vallée, entre les plaines de l'Evrecin et celles de la Beauce formait de ce côté un fossé naturel et délimitait la frontière d'une manière qui n'a jamais varié.

    Avra licet parva Francorum dividit arva.

         Les châteaux de Chênnebrun, Verneuil, Tillières et Nonancourt étaient bâtis sur les collines qui dominent cette rivière au nord et se trouvaient tous au passage de routes anciennes qu'ils interceptaient. Illiers-l'Évêque se trouvait un peu plus loin dans la plaine, sur la route de Dreux à Évreux. Dans plusieurs endroits où la rivière encore faible ne formait pas un obstacle suffisant, le roi Henri II avait fait creuser de longues lignes de fossés avec un rempart de terre. M. de Caumont les signale dans les communes d'Irai, Chênebrun, Saint-Christophe et Courleilles, où ils portent le nom de Fossés-ie-Roi. Il engage à les étudier dans leur ensemble et par rapport avec les forteresses voisines. A une dizaine de kilomètres en arrière, le cours de l'Iton et les châteaux de Bourth, Cintray, Condé-sur-Iton, Breteuil et Damville formaient une seconde ligne parallèle à la première. Une troisième consistait dans les trois fortes places de Laigle, Conches et Évreux, reliées par le cours de la Risle et par les forêts de Breteuil, de Conches et d'Évreux. Cette frontière fut rarement attaquée avec succès, et plus d'une fois, particulièrement en 1119, Breteuil fut le bouclier de la Normandie. » [8]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de https://www.yvelines.fr/agenda/seigneuries-et-chateaux-de-la-frontiere-franco-normande-aux-xie-et-xiie-siecles-conference-projection-par-jean-mesqui/

    [2] Extrait de http://maintenance-et-batiment.blogspot.fr/2017/05/fiche-historique-les-chateaux_8.html

    [3] Extrait de Le cinquantenaire de la Société archéologique d'Eure-et-Loir : 1906 14-27 mai, 31 mai et 2, 3 et 4 juin par la Société archéologique d'Eure-et-Loir ; Éditeur : Société archéologique (Chartes) ; Date d'édition : 1910-1926 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6561135x/f112.item.r=%22Illiers-l'Ev%C3%AAque%22.texteImage

    [4] Extrait de Histoire et géographie du département de l'Eure: aperçu géologique et minéralogique : commerce, industrie, agriculture, administration, statiques, caractères, moeurs, portraits, coutumes, monuments, antiquités, notices historiques sur les villes et les bourgs : biographies des hommes remarquables par Paul Rateau, J. Pinet, A. Blot, 1870 - 388 pages.

    [5] Extrait de Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11ème siècle et 12ème siècle et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui  http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf ou http://docplayer.fr/21789490-Et-leurs-fortifications-aux-marches-entre-france-et-normandie-jean-mesqui.html

    [6] Extrait de Wikipédia

    [7] Extrait de https://anet-ezy-ivry.blogspot.fr/2015/02/?view=classic

    [8] Extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques ; éditeur : Derache (Paris) / A. Hardel (Caen), 1876.

    [9] Extrait de l'article Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure par le Dr Doranlo in le  Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22# 

     

    Bonnes pages :

     

    http://www.mesqui.net/Page-d-accueil/page%20d-accueil_fran.htm

    http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf

    http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Bayeux-Ivry.pdf

     

    Bibliographie :

     

    Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet aux 11e et 12e siècles : châteaux et familles à la frontière normande par Jean Mesqui ; préface de Vincent Juhel. Caen : Société des antiquaires de Normandie, 2011. 410 p. :

     

    Bonnes pages :

     

    http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Illiers.pdf

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