• LES REMPARTS DE TOUFFREVILLE-LA-CORBELINE (Seine-Maritime)

    LES REMPARTS DE TOUFFREVILLE-LA-CORBELINE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE TOUFFREVILLE-LA-CORBELINE (Seine-Maritime)

     

    À droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

          On trouve sur le territoire de la commune de Touffreville-la-Corbeline, près d'Yvetot dans le bois de la Salle, une motte dite « Butte Henri IV » datée du 12e siècle (?).

         Le site sera réoccupé par les troupes de Henri IV en 1592 :

     

         « Une motte, la butte Henri IV rappelle une épisode illustre des guerres de religions, Henri IV mit en déroute 2 000 ligueurs qui cherchaient à passer le fleuve à Caudebec-en-Caux.

         La butte Henri IV ainsi appelée à cause des guerres de la ligue est sans doute antérieure à 1592. En avril 1592 le Vieux-Louvetot et ses environs furent un champ de bataille. Lors de ces combats le village fut détruit par les Espagnols. » [1]

     

    Touffreville-la-Corbeline :

         " Époque incertaine. — A l’extrémité du vallon boisé appelé le Val-de-Seine se trouve un épais taillis nommé le Bois-de-la-Salle, qui recouvre de ses halliers une enceinte fortifiée. Cette triple enceinte fossoyée est connue sous le nom de Camp-de-la-Salle. Ce camp, que nous avons visité deux fois, en 1850 et en 1862, a une forme ovale. Au centre est une motte considérable qui domine de très loin le pays d’alentour. Cette motte, haute de plus de quinze mètres, est entourée de fossés profonds dont quelques-uns sont remplis d’eau. Comme à Bretteville-la-Chaussée, comme au Parc-d’Hallebosc, une première enceinte touche à ce tertre, qui figure assez bien un donjon. Les fossés de la première enceinte sont profonds ; ceux de la seconde et de la troisième le sont beaucoup moins. Il est malaisé de donner la date d’une pareille fortification. " [7]  

     

         « A environ 600 pas de la propriété de M. Rousselin, sur le sommet d'un coteau appelé le Bois de la Salle, se trouve une curieuse enceinte retranchée. Ces vastes murailles, recouvertes de gazon depuis plusieurs siècles déjà, proviennent non pas de l’époque gallo-romaine, comme l’ont cru quelques antiquaires, mais bien d’un château-fort du moyen-âge, qui, en 1564, appartenait encore à la noble famille de la Salle, dont il a conservé le nom. Un membre de cette famille s’est rendu célèbre par ses voyages ; un autre avait suivi, en 1402, Jean de Béthencourt à la conquête des Canaries. C’est sur les débris du château-fort dont nous parlons, et qui probablement fut détruit lors de l’invasion anglaise en 1418, que Henri IV et les ligueurs établirent tour-à-tour leur camp, en 1589 et 1592 ; on voit encore les terrassements élevés qui supportaient les batteries et les pièces de canon. Cet emplacement, comme tous les bois de la Salle et une partie d’Auzebosc, appartenait, il n’y a que peu de temps encore, à la maison de Bricqueville, l’une des plus illustres de la Normandie, mais dont le dernier descendant (le fameux colonel) joue aujourd’hui un si singulier rôle à la Chambre des Députés. » [5]  

     

     LES REMPARTS DE TOUFFREVILLE-LA-CORBELINE (Seine-Maritime)   LES REMPARTS DE TOUFFREVILLE-LA-CORBELINE (Seine-Maritime)

     

    Plan hypothétique de la " Butte Henri IV " sur le territoire de la commune de Touffreville-la-Corbeline ; blason de la commune de Touffreville-la-Corbeline par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10287101

     

         « Le docteur Doranlo décrit la curieuse enceinte de Touffreville-la-Corbeline, près d'Yvetot, connue sous les divers noms de « Bois de la Salle », « Camp de César » et « Camp d'Henri IV ». Si compliqué qu'en soit l'ensemble, le docteur Doranlo le rend parfaitement intelligible grâce à un croquis au tableau noir, d'après les notes relevées la veille sur place. L'abbé Cochet avait bien publié cette enceinte, mais sans description ; l'exploration en est difficile et la levée d'un plan serait actuellement pénible.

         Le centre en est constitué par une motte féodale entourée de fossés, et doublée, au midi, d'une vaste enceinte ovale pourvue d'un fossé, doublé lui-même d'un rempart. Une mare alimentait les fossés ; diverses défenses accessoires appuient et encadrent l'ouvrage principal, l'entrée actuelle semble moderne.

         La motte était très défendue ; les remparts, dont la conservation est remarquable, ayant encore 6 m. de largeur à leur sommet actuel. Il est fort difficile d'assigner une époque à ces travaux ; sans doute s'agit-il d'une motte primitive, ultérieurement pourvue de défenses secondaires et d'ouvrages annexes.

         L'abbé de Sommesnil a fait l'histoire de ce camp en décrivant la campagne de Henri IV en 1592 dans le Pays de Caux ; c'est l'occasion pour les auditeurs du docteur Doranlo d'entendre un récit à la fois très attachant et pittoresque, en même temps que fort documenté, de la lutte entre Henri IV et Farnèse. Pris et repris, le « Camp de la Salle » joua certes un certain rôle dans cette campagne, mais sans que celle-ci, avec ses péripéties, puisse apporter quelque explication à ses transformations, additions ou utilisation.

         L'épisode de la retraite de Farnèse sur Caudebec et du passage de la Seine n'est pas la partie la moins attrayante de ce long récit, où l'on assiste à l'ingénieuse défense d'une « tète de pont » et où toute la stratégie du 16e siècle apparaît.

         Il est aussitôt proposé de faire une excursion au Bois de la Salle, que la proximité d'Yvetot ne peut que faciliter. » [2] 

     

         « Le 27 avril 1592, deux mille Wallons aux ordres du duc de Guise étaient venus s'installer au Vert-Bosc. Ils tenaient pour la Ligue. Les troupes de Henri IV, sous le commandement du duc de Bouillon et de Biron, accourent les y attaquer avec leur impétuosité ordinaire et les chassent du village. Le lendemain 28, le combat recommence. Le duc de Guise veut reprendre la position, les Wallons y mettent leur ténacité proverbiale, et, après de longues heures de combat, parviennent à culbuter les troupes royales, qui opèrent habilement leur retraite. On
    peut voir encore des traces des travaux de défense exécutés par les soldats de Henri IV, dans une enceinte fortifiée appelée le Camp de la Salle, dans le bois de la Salle. Ce camp, de forme ovale, entouré de trois enceintes de fossés, dont les premiers sont très-profonds, protège
    une motte considérable haute de plus de douze mètres et entourée de fossés profonds et remplis d'eau, qui figure comme un donjon. Ce souvenir de guerre fait contraste avec le paisible et riant paysage qui l'encadre. »
    [3] 

     

         « Ce camp, qui porte encore dans le pays le nom populaire de Henri IV, est demeuré tel qu'il était aux jours de la Ligue. La culture qui, depuis cinquante ans, a nivelé tant de remparts et de fossés, plus avide des intérêts du capital que des souvenirs historiques, a respecté son enceinte. Les remparts, élevés sur un terrain parfaitement uni, ne laissent apercevoir à leurs pieds aucune trace de fossé, et dessinent un hémicycle ; aux deux extrémités de la ligne droite, on voit encore deux buttes de terre, destinées sans doute à supporter les canons, les couleuvrines et les bastardes. (…) Deux pièces du 13e siècle ont été trouvées par les ouvriers occupés aux terrassements ; c'est le denier tournois, monnaie de billon de Philippe-le-Bel. On voit sur une face, une croix et le nom du roi Philippus Rex, et sur l'autre, une figure grossière représentant une façade d'église, avec ces mots : Turonus Civis. » [4]

     

         « Touffreville-la-Corbeline, cant. Yvetot. — Lieu-dit : le-Bois-de-la-Salle ; la-Butte-Henri IV (I.G.N.) ; la-Butte-au-Diable (us. loc.). — Coord. Lambert : 486,55 — 212,03. — Fief : Toëny-Breteuil, 4

         Le château du « Bois-de-la-Salle » est situé à l'extrémité nord du village de Touffreville, à 1 500 mètres de l'église paroissiale, sur le rebord d'une grande vallée sèche appelée le « Val-au-Cesne ». Un vieux chemin reliant jadis Touffreville à Yvetot en longe les fossés (Plan cadastral ancien). Il comporte une belle motte circulaire en partie cernée de douves en eau, qui se hausse à 5 ou 6 mètres au-dessus du sol et offre un plateau d'un diamètre de 14 mètres.

         Au sud-ouest s'étend une basse-cour de forme incurvée, d'un périmètre de 180 mètres, remarquable par l'excellent état de conservation de son fossé. Elle forme notamment au sud un coude qui paraît avoir été l'objet de soins particulièrement attentifs de la part des constructeurs du château ; c'est le seul point de la cour qui comporte un rempart, en terre nettement saillant et le fossé y atteint une profondeur de neuf mètres. Le reste de l'enceinte était fermé, au moins dans son dernier état, par une clôture en pierre dont on voit encore les fondations à fleur de sol. A l'intérieur on y distingue enfin quelques traces de bâtiments ainsi que l'emplacement d'un puits marqué par une petite cavité circulaire. A l'ouest, la cour est doublée par une seconde enceinte arrondie que délimite un puissant talus fossoyé (H. 5 m) et qui se termine à une de ses extrémités par une étroite langue de terre longeant le fossé de la motte. Entre cette cour et la précédente s'intercale une troisième plate-forme en croissant de lune, très exiguë (1. 10 m), peut-être une simple barbacane défensive. On discerne l'amorce d'une structure analogue à l'est de la motte, au bord du chemin de Touffreville, destinée sans doute à protéger l'entrée du château.

         De l'autre côté du chemin s'étend un ensemble très développé de retranchements quadrangulaires, qui remonte à l'époque des guerres de la Ligue ; on en trouvera une description dans un article du docteur Doranlo (B.S.A.N., t. 35, p. 469). » [6]  

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de http://louvetot.fr/lhistoire-de-la-commune/

    [2] Extrait du Bulletin de la Société normande d'études préhistoriques - Société normande d'études préhistoriques et historiques. (Louviers) édité par la Société normande d'archéologie préhistorique et historique (Rouen) ; Date d'édition : 1927 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54413205/texteBrut

    [3] Extrait de La Semaine religieuse du diocèse de Rouen - Éditeur : Fleury (Rouen) ; 1877-09-08 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6331514t/f21.image.r=%22Touffreville%20La%20Corbeline%22?rk=42918;4

    [4] Extrait de la Campagne de Henri IV au pays de Caux (25 avril-15 mai 1592) : d'après les chroniqueurs et plusieurs documents inédits par l'abbé Somménil, F. (1821-1906) ; Éditeur : Fleury (Rouen) 1863. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6491917b/texteBrut

    [5] Extrait de la Description géographique, historique, monumentale et statistique des arrondissements du Havre, Yvetot et Neufchatel suivie de l'histoire communale des environs de Dieppe. Partie 2 / Auguste Guilmeth, (Paris) 1838 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32154238/f65.item.r=%22manoir%20d'Auzebosc%22

    [6] Extrait de L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale par Jacques Le Maho https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307

    [7] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P.251 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22 

     

    Bonnes pages :

     

         Pour avoir les détails sur cette campagne de Henri IV en Pays de Caux en 1592 : Campagne de Henri IV au pays de Caux (25 avril-15 mai 1592) : d'après les chroniqueurs et plusieurs documents inédits par l'abbé Somménil, F. (1821-1906) ; Éditeur : Fleury (Rouen) 1863. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6491917b/texteBrut

    « LES REMPARTS DE CHAMBRAY (Eure)LES REMPARTS DE SAINTE-CERONNE-LES-MORTAGNE (Orne) »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :