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LES REMPARTS DE RÂNES (Orne)
Rânes et son château :
Pierre-Claude Maurey d'Orville, 1829 :
« Ranes est un bourg fort ancien dans le canton d'Ecouché ; son château, situé à cinq lieues de la forêt d'Andaine, est un édifice gothique qui n'a rien de remarquable ; il fut autrefois très fortifié. De la maison d'Argouges-Rânes, il passa dans celle de M. Olivier de Montreul, par le mariage d'une demoiselle d'Argouges avec ce dernier qui n'a laissé qu'une fille mariée au prince Amédée de Broglie, ancien membre de la chambre des députés pour le département de l'Orne, et conseiller d'état au comité de la guerre. Une aile a été ajoutée par lui à ce château. » [1]
Gravure ci-dessus extraite du Guide du baigneur aux eaux minéro-thermales de Bagnoles-de-l'Orne. Notice sur l'établissement et ses environs.- Alençon : Impr. Lith. et Stér. Ch. Thomas, 1869.- 67 p. ; 19 cm.
« Le château, un des plus importants de la région, a été construit à partir de 1404, il en subsiste le donjon à créneaux et mâchicoulis. Les pavillons à chaque angle datent de la fin du 16e siècle, les corps de logis du 18e, rebâtis après un violent incendie, ainsi que les écuries édifiées à la même époque. L'ensemble des bâtiments a été restauré après les bombardements de 1944. Site classé Monument historique, le château sert désormais de mairie, le point info touristique est installé dans l'ancienne chapelle. Son parc a été dessiné par Le Nôtre au 17e siècle. Il en reste une belle perspective d'arbres plus que centenaires, à l'arrière du logis. » [2]
Plan montrant l'emplacement du château de Rânes ; blason de la commune de Rânes, actuelle propriétaire du château, http://www.perche-gouet.net/histoire/photos.php?commune=61344-00
La seigneurie de Rânes :
« Au Moyen Âge, il faut attendre l'émergence du duché de Normandie, après le traité de Saint-Clair-sur-Epte de 911 entre le roi de France Charles III le Simple et le chef normand Rollon, pour que le nom de Raana finisse par apparaître à l'occasion d'une donation faite en 1086 par Roger de Beaumont à l'abbaye Saint-Wandrille de Fontenelle. Certes la paroisse de Rasnes resta pendant cinq siècles dans la mouvance d'Asnebec (siège d'une baronnie, avec son château fort, et d'un doyenné). [3]
« Le château prit la relève de la vieille citadelle d'Asnebecq qui appartenait au 11ème siècle au comte Warvick, baron de Neufbourg. Acheté le 3 août 1404 par Guillaume de Méheudin, le manoir de Rânes fut alors transformé en une importante construction dont la tour carrée à mâchicoulis et créneaux est la pièce maîtresse. » [4]
Plan extrait du cadastre napoléonien de 1814
« L'inversion des rôles ne se fit qu'en 1606 par lettres patentes du roi Henri IV qui décida la « réunion et réincorporation de la baronnie d'Asnebec à la baronnie de Rasnes ». Ce processus aboutit, en 1672, à la création du « marquisat de Rasnes » (aussi orthographié Rannes) au profit de Nicolas d'Argouges, colonel général des Dragons.
Les seigneurs de la baronnie puis du marquisat de Rannes appartinrent successivement aux familles nobles suivantes : de Beaumont au 11e siècle ; de Méheudin (12e siècle) ; de Husson (de Rouvrou) (14e siècle) ; de Saint-Germain, d'Harcourt (Beuvron) et de Pont-Bellenger (15e siècle) ; d'Argouges (16e siècle) ; de Montreuil [La Chaux] (18e siècle) ; de Broglie (19e siècle) ; enfin de Berghes-Saint Winoch (jusqu'en 1907).
1. Blason de la famille de Beaumont dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Beaumont_le_Roger ; 2. Blason de Husson par Jimmy44 (talk) 13:20, 9 February 2012 (UTC)Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18326508 ; 3. Blason de la famille d'Argouges dessiné par O. de Chavagnac pour l'Armorial des As http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Argouges ; 4. Blason de la famille de Broglie par BrunoCette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Bruno., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1201755 ; 5. Blason de Berghes-Saint-Winoch https://gw.geneanet.org/alainmh?iz=48365&lang=fr&n=de+berghes+saint+winoch&p=gilbert+ier
L'imposant château (datant des 14e, 15e, 18e siècles) et sa tour visitable [au sommet de laquelle on peut voir - dans la pierre - l'empreinte du pied de la fée comme cela se rencontre dans d'autres demeures où ont résidé les d'Argouges : à Gratot (Manche) et au manoir d'Argouges à Vaux-sur-Aure (Calvados)].
L'édifice est inscrit aux Monuments historiques.
Français puis anglais et de nouveau français au moment de la guerre de Cent Ans le château de Rânes connut une histoire assez tourmentée : un vaste incendie le ravagea en 1720 ; mais il fut reconstruit et agrandi par le marquis Louis d'Argouges. Soixante ans plus tard, il traversa sans trop d'égratignures la Révolution française - contrairement à beaucoup de demeures aristocratiques - excepté l'épisode de la destruction par le feu des titres et chartes conservés au château le 25 juillet 1789. Le 19e siècle se passa sans convulsions, excepté le décès à la guerre en 1871 de l'aîné des châtelains : Pierre de Berghes (mais le château avait connu plusieurs situations identiques sous les d'Argouges). Le 20e siècle faillit être fatal à la vieille maison. Il perdit d'abord son rang de demeure aristocratique en 1907, après le décès de Ghislain de Berghes, mort sans postérité. Puis le château - avec le mobilier - fut vendu en 1908 (après être resté près de neuf siècles entre les mains de la même lignée noble : de Beaumont, de Méheudin, de Saint-Germain, d'Harcourt, de Pont Bellenger, d'Argouges, de Montreuil,de Broglie, de Berghes [exception faite de la période - entre 1419 et 1450, au cours de la guerre de Cent Ans - pendant laquelle le roi Henri V d'Angleterre l'enleva à Samson de Saint-Germain - « rebelle » : partisan du roi de France - pour le donner à un de ses barons, adjoint de Talbot gouverneur du château de Falaise : Guérard Hungh ou Gérard Huyn ].
Au 20e siècle, Le nouveau propriétaire : le commandant Charles Richard puis son fils Claude le gardèrent une quarantaine d'années avant de le céder vers 1950 à la commune de Rânes pour qu'il devienne mairie, caserne de gendarmerie, logements... après être passé à deux doigts de la destruction pendant les violents combats de la Libération en août 1944 au cours desquels une partie du bourg fut ravagée par les bombes, les obus et les incendies qui occasionnèrent une cinquantaine de morts dans la population rânaise. » [3]
« Le château comprend un donjon central, avec de chaque côté le corps du bâtiment flanqué à chaque extrémité de deux tours carrées. Son architecture est caractéristique de part sa symétrie irrégulière, avec ses créneaux et ses mâchicoulis, ses fenêtres à meneaux, sa grille de fenêtre en fer forgé et ses gargouilles.
De chaque côté du donjon central, se trouve le corps du bâtiment. Le 15 juillet 1719, un incendie ravagea le château. Il fut restauré par Louis d'Argouges qui sut harmoniser le style grand siècle avec l'architecture du donjon.
Aux extrémités du corps de bâtiment deux tours carrées ont été construites par Jacques d'Argouges à la fin du 16e siècle. » [4]
Faits de guerre :
« En 1432, un combat à cheval eut lieu à Rânes entre 30 Français et 30 Anglais. Le combat commença à la lance ; les guerriers voyant que la victoire restait trop longtemps indécise, mirent pied à terre et se chargèrent l'épée à la main avec beaucoup d'acharnement. Les Anglais furent vaincus, et ceux qui ne furent pas tués ne durent leur salut qu'à une prompte fuite. » [1]
« Du 10 au 19 août 1944, Rânes et ses environs ont été le théâtre de bombardements et de durs combats pour fermer le flanc sud-ouest de la poche de Falaise-Chambois. Le village lui-même a été libéré le 15 août, le jour du débarquement de Provence, au prix de nombreux morts et de destructions très importantes. » [5]
Ci-dessus, photos du château de Rânes après les bombardements, extraites de http://www.ranes1944.org/Destructions.html
La légende de la fée d'Argouges :
« Pour atteindre la chambre de la fée, il faut monter un escalier en colimaçon situé dans l'épaisseur même des murs. Cette petite pièce comporte une cheminée ainsi qu'un pavage de carreaux armoriés en terre cuite. En haut de la tour, on peut apercevoir l'empreinte du petit pied de la fée sur un créneau de granit.Un seigneur de Rânes était l'époux d'une belle et aimable fée. Ils étaient très heureux. Le châtelain ne rêvait que de sa fée et la fée, de son côté, s'enthousiasmait des exploits guerriers de son chevalier. Ce bonheur aurait pu durer éternellement mais une condition devait être respectée : personne ne devait prononcer le nom de « a mort » devant la dame sous peine de la voir disparaître à jamais.
C'est malheureusement notre châtelain qui commit l'irréparable : un jour, que la fée s'attardait à se faire belle, le chevalier qui pestait d'attendre se mit à jurer par la mort :
« Madame l'on s'impatiente
S'il fallait prolonger mon sort
Je pourrais sûr de longue attente
Vous envoyer chercher la mort »La fée disparût alors ne laissant seulement que son empreinte, le plus petit et joli pied que l'on eût jamais vu, sur un créneau de pierre.
Jusqu'à la fin de ses jours, le seigneur de Rânes pleura la disparue. L'on raconte d'ailleurs que hantée par le regret de son existence passée, la fée revient errer le donjon de Rânes et qu'on l'entend murmurer le mot fatidique qui provoqua sa chute. » [4]
Éléments protégés : Façades et toitures (cad. K 13) : inscription par arrêté du 5 mai 1975 ; propriété de la commune.
Ces quelques variations sur la façade orientale montrent le nombre impressionnant de cartes postales qui ont eu ce château comme sujet... :
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" L'enceinte circulaire de la Couillardière
(Au sud-est. Sur la D870 : 48°37'55.8"N 0°11'07.3"W)
est un ancien château à motte situé sur la commune de Rânes, dans le département de l'Orne, région Normandie.
Localisation : La motte est située au lieu-dit la Couillardière.
Histoire : L'enceinte est datée du 11e siècle et 12e siècle.
Description : L'enceinte mesure 19 m de diamètre et la basse-cour est conservée. " [3]
Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.
« On m'avait désigné, près de Ranes, un lieu nommé la Couillardière, que l'on croyait avoir, été un petit camp romain. J'y ai reconnu une double butte, avec un fossé peu profond, au milieu d'un terrain peu élevé. Les champs voisins, portent les noms de Champ-du-Sang, de Champ-du-Combat, et il est évident qu'ils auront été témoins de quelque événement sinistre, à une époque que je n'ai pu retrouver. Mais ce petit fort ne peut être qu'un ouvrage du moyen âge. Ceux qui le possèdent ont métamorphosé son enceinte en parterre, et les deux buttes sont chargées de massifs de fleurs qui recouvrent sans doute les restes de plus d'un brave. Ce rapprochement vous fera sourire un moment au milieu des souvenirs de guerre que tous ces forts nous ont rappelés depuis trop longtemps. » [6]
Éléments protégés de la Couillardière :
Enceinte, à l'exception de son fossé en partie comblé (cad. ZR 58) : inscription par arrêté du 6 septembre 1994Sources :
[1] Extrait de Recherches historiques sur la ville, les évêques et le diocèse de Séez ; Pierre-Claude Maurey d'Orville ; P. Brée, 1829 - 415 pages https://books.google.fr/books?id=ca1oYk2QPywC&pg=PA271&dq=Ch%C3%A2teau+de+R%C3%A2nes&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjZwYyauYfXAhVFfhoKHcZADbM4ChDoAQgwMAI#v=onepage&q=Ch%C3%A2teau%20de%20R%C3%A2nes&f=false
[2] Extait de https://www.petitfute.com/v6174-ranes-61150/c1173-visites-points-d-interet/c937-monuments/c949-chateau/449667-chateau.html
[3] Extrait de Wikipédia
[4] Extrait de http://photos.piganl.net/2009/ranes/ranes.html
[5] Extrait de http://www.ranes1944.org/
[6] Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Volume 9 Mancel, 1835 https://books.google.fr/books?id=93xfAAAAcAAJ&pg=PA489&lpg=PA474&ots=Mva2AvsvXc&focus=viewport&dq=remparts+d%27Ecouch%C3%A9&hl=fr&output=text#c_top*
Bonnes pages :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00132902
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