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LES REMPARTS DE BIENFAITE (Calvados)
A droite, plan de la commune de Saint-Martin-de-Bienfaite extrait du cadastre napoléonien de 1824
Saint-Martin-de-Bienfaite-la-Cressonnière
En 1972, Saint-Martin-de-Bienfaite a absorbé La Cressonnière qui a gardé alors le statut de commune associée. La fusion définitive est intervenue en 2011. [NdB]
« Le château primitif de Bienfaite avait été érigé en bois sur la motte féodale encore visible aujourd’hui, située sur la pointe escarpée qui domine, d'un côté, la vallée de l’Orbiquet et, de l'autre, le vallon de La Cressonnière. C’était, une forteresse importante pour l'époque, surveillant la vallée de l'Orbiquet, dont le rôle était lié à celui d’Orbec avec lequel on pouvait communiquer par signaux optiques.
A la fin du 13ème siècle les seigneurs de Bienfaite transportèrent leur habitation en bordure du ruisseau, à l'emplacement du château actuel. Ce premier château en pierre aurait été bombardé, brulé et détruit par les Anglais vers 1430- 1440 ? (Epoque indéterminée). Un nouveau château est reconstruit après la défaite anglaise de 1450. Il en subsiste une tour. Une autre petite tour, située près de la maison du régisseur, pourrait avoir appartenue à l’ancienne enceinte de cette époque. » [1]
... et, sur la rive droite de l'Orbiquet, subsistent les vestiges du château Godefart, une tour qui permettait de surveiller la vallée. Les Anglais auraient bombardé de là le château de Bienfaite.
Enfin, à la Cressonnière, se dressent les ruines d'un château construit à la fin du 15e siècle ou au début du 16e, entourées de douves. (NDB)
Plan hypothétique de Saint-Martin-de-Bienfaite ; blason de la commune de Saint-Martin-de-Bienfaite et des seigneurs de Bienfaite avant 1640 par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24863391
1. La motte féodale – 11e siècle
Photos ci-dessus extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
« De ce château-fort, il reste une motte assez élevée, de forme ovale irrégulière, dont l'esplanade peut mesurer 50 pieds dans son grand diamètre. Au-dessous paraît avoir été l'enceinte du château, à peu près carrée. Ces vestiges occupent l'extrémité du cap formé par le vallon de la Cressonnière, à sa jonction avec la vallée, au sud de l'église ; ils ont été décrits dans mon Cours d'antiquités, Ve volume. » [2]
Les trois documents ci-dessus sont extraits de http://www.saint-martin-de-bienfaite.com : « Ce cliché noir et blanc a été pris en 1958 après un hivernal débroussaillage... La motte est vue ici dans sa petite largeur... Le sommet que l'on distingue sur la photo est à environ 15 mètres derrière les barbelés. »
Photo p. 94 in "Promenades dans le canton d'Orbec-en-Auge" par Raymond GUIBLAIS, Imprimerie Bretonne à Rennes, 1959."« Aujourd'hui la motte est invisible, masquée par un écran de verdure constitué d'arbres,... d'arbustes et de ronces..., les plantes de la haie font quatre à six mètres et contribuent au camouflage.
La motte, dressée à l'extrémité d'un éperon naturel, est à la lisière du « bois de la motte »... Le fossé, entre deux et cinq mètres de profondeur, qui ceinture la motte n'est pas visible...
Le sommet plan de la butte fait 10 sur 20 mètres. Il surplombe le fossé de 8 à 10 mètres. Les pentes sont abruptes, environ 50°. Les terrains autour de la motte sont en forte pente... Il va de soit que lorsque la motte était opérationnelle, les alentours immédiats de la butte étaient vierges de toute végétation.
Du haut de la butte, la vue sur les vallées de l'Orbiquet et de La Cressonnières porte jusqu'à quinze kilomètres.
La motte féodale est désignée par les Bienfaitois « le pain de sucre » (prononcer : « l'pain d'chucr »). Sa silhouette rappelle la forme conique de sucre blanc obtenue par moulage. Aujourd'hui le sucre commercialisé le plus couramment est de forme carré... et la raison de cette appellation pain de sucre n'est plus connue que par les anciens. » [1]« Le château primitif de Bienfaite, situé sur la pointe escarpée qui domine, d'un côté, la vallée d'Orbec et, de l'autre, celle de la Cressonnière, fut détruit et rasé jusqu'aux fondements, dans les guerres du règne de Charles V. » [3]
2. Le château de Bienfaite – 15e et 17e siècles
« La « maison » de Bienfaite remonte probablement à l’an mil, aux temps des premiers ducs de Normandie. Une antique motte féodale, dressée sur un éperon naturel, veille alors sur la vallée de l’Orbiquet.
Les seigneurs de Bienfaite bâtissent une demeure médiévale non loin d’elle, près du ruisseau de la Cressonnière. Ce premier château est démantelé au 15e siècle pour être remplacé par une nouvelle construction, remaniée au 17e siècle. Coiffé de toitures à la Mansart, le château présente une façade classique de pierres de taille et de briques. Seule une tour du 15e subsiste à l’extrémité sud. » [4]
« Ayant longtemps appartenu à la famille des Chaumont-Quitry, depuis 1628, le comte Paul de Noinville en est devenu propriétaire en 1830. En 1833, il redessine le parc à l’anglaise en y créant de nombreux massifs fleuris. » [1]
« Il aménage les abords et crée un parc à l’anglaise comme un écrin autour du château. Le long des avenues qui le sillonnent on peut admirer des noyers d’Amérique, des marronniers, des hêtres, des charmes et des ifs. Le ruisseau de la Cressonnière, qui coule à quelques mètres, reflète l’image de la demeure. A la fin du 19è siècle une aile de style Renaissance est accolée au nord du bâtiment. Le château et son parc sont classés parmi les sites en août 1943. Comme bien d’autres sites protégés à cette époque, le classement correspond à la volonté de l’administration des beaux-arts de préserver les magnifiques plantations de « l’effort de guerre » : bois d’œuvre ou de chauffage. » [4]
« A l’est, le long de la D 272a, le parc est longé par un mur en argile à silex chaîné et couronné de briques, A l’intérieur des communs s’y appuient. Le portail d’entrée, massive ferronnerie du 19ème siècle, s’ouvre entre deux piliers de pierres calcaires en bossage alternées de briques. » [1]
« Les seigneurs de Bienfaite, qui assistèrent à la conquête de l'Angleterre et à la croisade de Robert II, avaient pour auteur Gilbert, comte d'Eu et de Brionne, fils de Geoffroy, enfant naturel du duc Richard Ier de Normandie. Ils sont la souche de la famille de Clare et contractèrent les plus belles alliance. » [2]
L'un des membres le plus éminent de cette famille est :
« Richard de Bienfaite (avant 1035 – 1087/1090), dit aussi de Tonbridge ou de Clare ou encore Richard Fitz Gilbert, seigneur de Bienfaite et d'Orbec, puis lord de Clare et de Tonbridge, fut un important baron anglo-normand, probable compagnon de Guillaume le Conquérant dont il était l'un des conseillers. Il est le primogéniteur de l'importante famille baronniale anglaise, galloise et irlandaise de Clare.
Il était le fils de Gilbert de Brionne († 1040), comte d'Eu et de Brionne. Son père est le tuteur du duc de Normandie Guillaume le Bâtard (plus tard le Conquérant) lors de sa tumultueuse minorité. Richard trouve refuge avec son frère Baudouin en Flandre quand son père est assassiné par les fils de Giroie en 1040. Le duc les rappelle, peu après son mariage vers 1050, et leur restaure leur héritage sur intervention de son beau-père Baudouin V, comte de Flandre. Richard reçoit Bienfaite et d'Orbec (Calvados).
Il fait partie des barons qui sont consultés sur l'opportunité de l'invasion de l'Angleterre au début de l'année 1066...
Il reçoit 176 seigneuries principalement dans le Suffolk, et dans sept autres comtés. 95 d'entre elles, dans le Suffolk, forment l'honneur de Clare...
Sa réputation posthume est très favorable. Robert de Torigny le décrit comme un « très vaillant soldat ». Orderic Vital le considère comme l'un des plus formidables laïcs de son époque, qui avait hérité du courage de ses ancêtres et excellait dans la justesse de son jugement et la sagesse de ses conseils. » [5]
« Son fils aîné fut l'auteur des comtes de Clare, de Hertford et de Glocester, éteints au 14ème siècle. Un second fils, Roger, fut seigneur d'Orbec et de Bienfaite ; mais il mourut sans postérité, vers 1130, laissant ces terres à un fils cadet de son frère aîné, Gilbert, qui devint comte de Pembroke, en Angleterre.
Un fils puîné de celui-ci, nommé Landrie, laissa lui-même deux fils, Guillaume et Hugues d'Orbec, ancêtre des seigneurs du Plessis-d'Orbec.
Guillaume peut être regardé comme l'aïeul d’Étienne de Bienfaite, qui reçut du roi saint-Louis d'importantes concessions dans Orbec. Un second Etienne de Bienfaite fut grand-maître des Eaux et Forêts et un des principaux conseillers de Philippe le Bel. » [3]« Vers 1450, Marie de Bienfaite porta cette terre dans la famille d'Orbec, branche collatérale, issue aussi des comtes de Brionne. Ce que l'on pourrait dire de cette maison se rattache naturellement à l'histoire d'Orbec, dont Bienfaite ne fut plus qu'un membre dépendant jusqu'à la Révolution.
Disons, toutefois, que le château de Bienfaite fut la résidence des seigneurs d'Orbec, et qu'un grand nombre de leurs actes sont datés de ce château. » [2]
« Le château de Bienfaite resta l'apanage de la maison d'Orbec, et sa principale résidence jusqu'à son extinction, en 1610.
Louis, dernier baron d'Orbec et de Bienfaite, laissait deux sœurs ; Louise, l'aînée, épouse de Jean du Merle, eut en partage le Plessis-d'Orbec ; Bienfaite échut à la cadette, Esther d'Orbec, mariée à Jean de Bouquetot.
Cette terre fut ensuite transmise à Louise de Bouquetot, sa fille, qui épousa Henri de Chaumont-Guitry, baron de Lesques. Elle est restée dans la famille de Chaumont-Guitry jusqu'en 1840. » [3]Photo aérienne ci-dessus extraite du site Géoportail.
3. Les restes du château Godefart, sur la rive droite de l'Orbiquet – 15e siècle
Photos ci-dessus extraites de l'excellent site http://www.saint-martin-de-bienfaite.com « Au fond de la photo, le début du vallon de la Cressonnière. A deux centimètres à gauche du pan de mur qui semble en équilibre, et un centimètre plus haut, on distingue la masse boisée qui cache la motte féodale. » Extrait de http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso819.html
« Cette tour permettait de surveiller à contrechamps la vallée. L'emprise des traces au sol est de 9,6m sur 6,6m. Les murs sont en appareillage de silex, les angles et ouvertures en blocs calcaire. La hauteur actuelle des restes de murs s'élève à 4,5 mètres du sol intérieur. Un décrochement à l'intérieur des murs de 15cm à 1,90m du sol intérieur indique un probable étage en poutres de bois.
Situé à la cote 130, comme la motte féodale, on aperçoit, en arrière plan, le bourg de Bienfaite et le château actuel situé lui à la cote 102. De cette position les Anglais auraient, vers 1417, bombardé le château de Bienfaite, à 750 mètres de distance.
Du haut de ce promontoire la vue est superbe. La vallée de l'Orbiquet se découvre sur cinq à six kilomètres à droite et à gauche....A cinquante mètres en arrière de la tour Godefart, le bois dit du Vigneron. Il est probable que la vigne a été cultivée à flanc de coteau. En contrebas de ce bois, le terrain, très pentu mais bien exposé, était encore en espalier après la seconde guerre mondiale, où il a été nivelé au tracteur pour faciliter la pâture. » [1]
4. Ancien château de La Cressonnière – 15e ou 16e siècles
Plan hypothétique de l'emplacement de l'ancien château de la Cressonnière.
« A peu de distance de l'église, au fond du vallon, s'élève un vieux bâtiment en pierre dont la construction remonte à la fin du 15e siècle ou aux premières années du 16e. Ce bâtiment, seul vestige encore debout de l'ancien château de la Cressonnière, offre des ouvertures surmontées d'ogives en accolade. Il est entouré de douves, autrefois remplies d'eau vive.
Le château moderne, bâti sur une éminence et couronné
de bois, appartient à M. le comte Durey de Noinville. Il
est entouré d'un beau parc dessiné à l'anglaise. » [2]Photos ci-dessus extraites de l'excellent site http://www.saint-martin-de-bienfaite.com : " M Stéphane Bertin, propriétaire du nouveau château de la Cressonnière s'est livré à un considérable travail de sauvegarde : débroussaillage, consolidation des murs, remise en eau des douves après curage."
Sources
[1] Extrait de http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso2.html
[2] Extrait de Statistique monumentale du Calvados, Volume 5 ; Arcisse Caumont ; F. Le Blanc-Hardel, 1867
[3] Extrait de La Normandie monumentale et pittoresque, édition originale de 1895 - réédition Charles Corlet 1987
[4] Extrait de la fiche Dréal n°141014 http://www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr/pdf/SITES/14014f.pdf
[5] Extrait de Wikipédia
Bonnes pages
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso814.html
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso2.html
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso8.html
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso621.html
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso631.html
http://www.saint-martin-de-bienfaite.com/perso819.html
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2000762/f753.image.r=Saint-Martin-de-Bienfaite
http://tourisme.aidewindows.net/saint-martin-de-bienfaite-la-cressonniere.htm
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