• LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)

    LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche) LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche) LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)

     

          Au nord-est de la Haye-Pesnel, au niveau de l'aire de détente « Bois de Marie Pinot », s’élevait le « Château Ganne ». Il s'agissait d'une motte et basse-cour avec fossés du château de la famille des Paynel, seigneurs de la Haye-Pesnel et de la baronnie de Hambye. Détruit vers 1230, le château ne fut pas reconstruit et on érigera par la suite un nouveau château dans le bourg dont il ne subsiste aucune trace. Plusieurs châteaux de Normandie ont porté le surnom de « château Ganne » (= château du traître) : on connaît plusieurs château Ganne en Normandie : un à La Pommeraye (14), un à La Lande-Patry (61) et un château de Gannes à l'Hôme-Chamondot (61) avec pour chacun sa légende. [NdB]

     

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     Plan de situation du Château Ganne de la Haye-Pesnel : blason de la famille Paynel par ArocheCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2817264

     

         La Haye-Pesnel : « Cette appellation est très tôt déterminée par un nom de seigneur (Haya Paganelli 1158, Haya Paenel 1266, la Haye Paengnel 1356) : celui de la famille Pesnel (variantes graphiques Painel, Paysnel, Paisnel, etc.), dont plusieurs membres sont bien connus et associés à l'histoire du lieu : ainsi, Guillaume Pesnel, qui reçut le fief de la Haye de Guillaume le Conquérant, et y fit construire un château dans le bourg au 11e siècle. C'est probablement le nom de ce personnage qui est passé à l'agglomération. Plus tard, à la suite de la rébellion contre l'autorité française de l'un des descendants de Guillaume, Foulques Paisnel, le château fut détruit et jamais relevé. Le nom de cette famille figure également dans celui de Fontenay-le-Pesnel, commune du Calvados. » [1]

     

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    Ci-dessus, trois photos du Château Ganne extraites du site Google Map.

     

         Avranchin monumental et historique par Édouard Le Héricher, 1847 :

         « La Haye offre une particularité très-remarquable : trois châteaux, appartenant à trois périodes différentes, couvrent son sol, l'un de ses cendres, l'autre de ses débris, le dernier de ses constructions, et forment dans l'histoire locale et dans les souvenirs généraux trois grands jalons, comme ils forment trois points importants sur une ligne d'une demi-lieue, sur laquelle ils sont dispersés à des distances presque égales. Ces châteaux sont le Châtel, le Château-Ganne, le Logis.

     

         Sur le flanc du coteau du Thar, en face de la croupe arrondie qui porte le bois de la Luzerne, avec la rivière à ses pieds, se dessine une motte découpée par la nature et par la main de l'homme, position forte qui s'appelle le Châtel. Un nom et une poussière de décombres sont tout ce qui reste de ce qui dut être un établissement militaire considérable. On y a trouvé des débris peu caractérisés, fragments de ciment, poteries, cendres, ossements, qui ouvrent le champ à une double hypothèse, celle d'une origine celtique ou celle d'une origine romaine. L'absence de coins ou javelots celtiques, de monnaies gauloises, de débris vitrifiés, de tous ces restes des populations galliques, ne permet guère de s'arrêter à la première supposition. Pour appuyer la seconde hypothèse, il y a quelque chose de plus significatif, un nom. Là fut un castellum, un châtel, et ce nom est jusqu'ici le souvenir le plus caractérisé du séjour des Romains. Toutefois les Gaulois les y avaient peut-être précédés, les peuples superposant généralement leurs établissements les uns sur les autres, et ce lieu étant signalé par la force de son assiette. Le Châtel était un poste fortifié au bord de la voie de Coriallum à Renale, entre Cosedia et Legedia.

     

    LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)     Le Château-Ganne était hors du bourg : il n'en reste qu'un bloc énorme de maçonnerie et un retranchement, deux parties d'un grand intérêt historique et archéologique. L'une rappelle l'illustre famille des Paisnel ; l'autre offre un spécimen des premiers châteaux normands.

     

    Ci-dessus, une photo aérienne du Château Ganne extraite du site Google Earth.

     

    LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)     Dans ce campement semi-circulaire, qui s'appuie aux restes du Château-Ganne, comme un arc s'attache à sa corde, nous trouvons un très-rare exemple d'une de ces Haya ou Haga, que les premiers Normands et même ceux du 11e siècle firent en Normandie et en Angleterre, et dont le souvenir est conservé dans tant de noms locaux. Ce camp, très-bien conservé, avec son rempart, double en quelques parties, et couvert d'arbres, est l'image frappante de la Haya, et aussi de la Barbacane de palissade enfermant une vaste cour, le Bayle ou Ballium, demeure des premiers seigneurs normands, forme intermédiaire entre le camp et le château. Cette Haya fut l'habitation des premiers Paynel. Le château dut s'élever dans ce 11e siècle, qui en vit tant naître, et qui fut l'époque héroïque des Normands. Ce puissant pan de muraille, que les hommes de nos jours n'ont pu encore parvenir à démolir, qui semble prendre un élan vigoureux d'ascension, en s'élevant du bord du ruisseau qui le baigne, fait surgir dans notre imagination l'image de la forteresse normande dans sa rudesse hardie, massive et farouche comme les soldats de la Conquête ; ce fragment fait regretter l'ensemble, et le bloc ébréché fait craindre une destruction prochaine : nous continuerons sans doute à exploiter cette carrière pour bâtir nos maisonnettes. Alors il ne restera plus trace du passé sur ce sol historique ; et la tradition elle-même désapprendra ses récits et ses réalités poétisées ; personne ne montrera plus la Haya où est enfouie une tonne d'or, le Champ-des-Batailles où l'on retrouve les fers des chevaux ferrés à rebours de Foulque Painel, les ruines du Château-Ganne ou du Félon, la rue Iscariot, et tous les vestiges de l'histoire des Painaulx. (...)

     

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     Ci-dessus, deux photos du Château Ganne extraites du site Google Map.

     

    La famille Paynel :

     

          Le nom primitif de cette famille est Pagen, Paganel et Pagenel, Paganellus. C'est l'orthographe du Domesday Book ou du 11e siècle ; c'est celle des Grands Rôles de l’Échiquier ou du 12eme ; une ville fondée en ce siècle, en Angleterre, par le fils de celui qui accompagna le Conquérant, est appelée Newport-Paganel ; toutefois, vers ce temps une contraction très-naturelle s'opère. Robert Wace écrit Paienals ; la liste de Brompton donne Paynel. La forme moderne est Paynel, Painel, Paisnel et Pesnel. La forme la plus rationnelle est Paynel, c'est celle que nous adopterons.

         Les Paynel sont originaires des contrées scandinaves. Ils vinrent avec Hrolf ou Rollon, et Vincent de Beauvais dit que Herold Avenel, compagnon de Rollon, était consanguin des Paynel, des Tesson, des Giffard. Il paraît que la première habitation des Paynel fut les Moitiers-Hubert dans le Lieuvain. Un d'eux s'établit à Hambie, qui fut le berceau des Paynel de la Haye, et cette dernière localité ajouta à son nom primitif de Haya celui de son suzerain. Pour cette famille, comme pour presque toutes les maisons normandes, il faut arriver à l'époque de la Conquête pour trouver des renseignements historiques. Dès lors, les Paynel se trouvent partout en si grand nombre, et avec des noms si identiques, qu'il est très difficile de ne pas confondre les branches et les noms.

          Radulfus Pagenel, qui accompagna le Conquérant, fut un seigneur très-puissant en Angleterre. Il ne tenait qu'en chef ; il fut richement récompensé et posséda 10 seigneuries dans le Devonshire, 15 dans le Lincolnshire, 15 dans le Sommerset, d'autres dans les comtés de Glocester, de Northampton, etc. Il fonda à York la Nonnerie de la Sainte-Trinité. De lui descendent les comtes de Hunlley et de Dudley. Robert Wace le cite avec son nom territorial :

    Des Biarz i fu A venals

    Des Mostiers Hubt Paienals.

         Bien que le Domesday ne cite que Radulfus Pagenel, il paraît cependant qu'il y avait à la Conquête un autre Paynel. Orderic Vital parle de Guillaume Paynel qui était à la bataille de Hastings et qui mourut en 1087, ainsi que le Conquérant. (...) Plusieurs Paynel prirent part à la croisade du duc Robert : leurs armes diffèrent un peu de celles des Paynel de la Haye.

         Il y a dans le Cartulaire du Mont Saint-Michel une convention entre Guillaume Paynel et l'abbé, souscrite par Michel, évêque d'Avranches, vers 1080, qui prouve que ce seigneur était à la Conquête et qu'il reçut des biens de Guillaume, sans doute après la confection du Survey. (...)

     

         Le fils de Radulfus Pagenel, appelé Foulques, fonda dans le comté de Buckingham, l'abbaye de Newport près d'une ville à laquelle il a donné le nom de Newport-Paganel.

          Au commencement du 11eme siècle nous trouvons son successeur Guillaume Paynel, dans un jugement rendu à Rouen en 1113 : il s'était emparé de la terre de Raoul Tesson, sicut antenatus, et elle dut être divisée en trois parties. (...)

         Le seigneur le plus souvent cité dans les titres du Moyen Age, est son successeur Foulques Paynel. Gilbert d'Avranches, frère de Richard, vicomte d'Avranches, avait une fille Dyonisa, dite de Abrincis, qui épousa Hasculphe de Subligny. Celui-ci eut un fils qui porta le nom de son grand-père et s'appela aussi Gilbert d'Avranches. Ce second Gilbert se noya en mer, en 1170, en accompagnant le vaisseau du roi d'Angleterre. Sa sœur aînée, Lesceline, devint l'épouse de Foulques Paynel (...) Par lui-même Foulques possédait les seigneuries de Bricquebec, de Gacé, de Hambie, de Bréhal, des Fontenay-le-Paisnel, de la Haye-Pesnel. (...)

         Du chef de sa femme, il était suzerain de la baronnie d'Avranches. Aussi est-il cité à ce titre en plusieurs endroits des Rôles de l'Échiquier (...) Il était seigneur du Grippon et de Marcey. En 1135 , il réunit l'hôpital du Repas à celui de la Haye. (...) En 1159, il répara onze arcades de l'aqueduc de Coutances. En 1180, il exhiba un décret royal qui l'exemptait de payer deniers pour ses baronnies de Bréhal et de Hambie. En cette même année, il était gardien des châteaux d'Alençon et de Roche-Mabile avec un salaire de 300 livres.

         Il mourut en 1182 : Lesceline resta veuve. Elle figure en son nom dans les Rôles postérieurs à cette année. Mention y est faite de ses fils, Foulques Paynel, Hugues Paynel, Thomas de Boillon et Jean Paynel. En 1158, leur père avait donné au Mont St-Michel l'église de Sartilly. La fille de Foulques, Gundreda, épousa Mathieu de la Ferté. Son fils aîné Foulques fut baron de Hambie, Bréhal, et posséda sans doute les biens propres de son père. Lesceline garda les siens, car elle figure en son nom dans les Rôles de 1184 et 1198. Le successeur de Foulques fut Guillaume Paynel. Le jeune fils de Guillaume prit en 1220 le nom de sa mère, qui était une Tesson, et le nom passa à la branche dont il fut le chef. Foulques avait épousé Cécilia, fille de Letitia de Saint-Sauveur et de Jourdan Tesson. Il épousa en secondes noces Agatha, veuve d'un baron de Fougères.

         De ce mariage naquirent W. Paynel et Foulques, qui prirent part avec les Bretons à la querelle entre Pierre Mauclerc et la reine Blanche. Ce Foulques est le plus historique de la famille pour la Haye-Paynel. Sous Philippe-Auguste, il tenait Briqueville du Mont Saint-Michel et devait le service d'un chevalier. Louis IX, âgé de quatorze ans, après avoir pris Saint-James sur les Anglais et les Bretons, vint assiéger dans son château Foulques qui s'y était enfermé avec plusieurs autres Paynel. Son armée était commandée par un guerrier de haute taille, couvert d'armes noires, miles strenuissimus, qui s'empara de la Haye-Pesnel « ducens Hat/ce dictes Paenel cam infra paucos dies subjugavit » ou , selon le chroniqueur Guiart :

    Lors prist la Haie Paienel

    Por S. Lois Jean des Vignes.

         Du reste Foulques répara sa révolte : il mourut à la Croisade aux côtés de celui contre lequel il s'était insurgé. » [2]

     

         « Les jugements de l'Échiquier, publiés par M. L. Delisle,
    révèlent l'esprit chicaneur, la mauvaise foi et l'avidité de ce
    Guillaume Pesnel et de Foulques son père. Dans une conspiration dont ils furent les chefs, un certain nombre de barons normands s'entendirent avec Pierre Mauclerc, comte de Bretagne, et voulant profiter delà minorité de Saint Louis, résolurent de rappeler en Normandie le roi d'Angleterre. Cette conspiration est mal connue, malgré son importance, et sa date est incertaine (1228-1230). Mais ce que l'on sait positivement, c'est que Jean des Vignes, partisan de la reine Blanche, et commandant des troupes françaises, prit le château de La Haye Pesnel et le fit raser.
    Depuis lors cette forteresse a été stigmatisée du nom de « Château Ganne », comme celle de La Lande. Un même récit fabuleux se rattache à leur double histoire : leurs souterrains étaient disait-on, parcourus par des traîtres s'enfuyant montés sur des chevaux ferrés à rebours. Cette remarquable coïncidence dans les traditions permet de fixer à la même époque la destruction du château de La Lande, déjà rasé sous Henri II Plantagenet. Il n'est pas certain qu'en 1344 La Lande Patry appartînt à Jean Tesson, décapité alors pour crime de félonie, et la ruine définitive de sa forteresse remonte peut-être au siècle précédent. »
    [3] 

     

    LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)     « Le château de Foulques fut démoli et porta le nom de Ganne, c'est-à-dire du Félon. Il avait pris la fuite ; et, selon la tradition, il avait fait ferrer ses chevaux à rebours pour fourvoyer ceux qui le poursuivraient. Le combat fut probablement livré dans les champs voisins, appelés la Bataille, où le soc de la charrue met souvent à découvert des fers de chevaux. Les Paynel ne rentrèrent que plus tard en grâce ; mais leur château ne fut pas rebâti : ils se retirèrent sans doute dans leur grand donjon de Hambie. Auparavant ils avaient fait une tentative auprès du roi d'Angleterre, en Bretagne, pour lui persuader qu'il pourrait chasser les Français de Normandie. Mais un des conseillers du roi l'empêcha d'accepter, dit un historien, qui ajoute :  « Nobiles illi miserabiliter fecerunt. Rex Francorum in continenti exheredavit eos, castella et oinnia quce Mis erant potenter in sua jura convertens. »

     

    Ci-dessus, une photo aérienne du Château Ganne extraite du site Géoportail.

     

         Nous croyons que Guillaume Paynel fut le successeur de Foulques. D'après une charte de 1254, Raoul Tesson, de la Roche, établit un service anniversaire pour son père Guillaume Paynel, dans l'église d'Avranches, en donnant au chapitre la dîme de Montviron. Petronilla de Tesson était l'épouse de Guillaume, et leur fils avait pris le nom de sa mère. Dans un registre de 1242, il est désigné sous le nom de « Guilleaume Painel. »

         Le petit-fils de Foulques, Jean Paynel, fonda vers la fin du 12e siècle le couvent des Jacobins à Coutances.

         En 1327, Olivier Paynel était seigneur de la Haye : Olivier Paens tient de Fouques Paisnel par parage la Haie-Paens et en fait le service d’un chevalier au chastel de Coutances vingt jours en temps de guerre. » Il tenait Carolles du Mont Saint-Michel.

         Vers le milieu du 14e siècle, Guillaume Paynel, baron de Hambie et seigneur d'Ollonde, épousa Jeanne Bertrand, héritière de la baronnie de Briquebec.

         Vers ce temps, Jean Paynel, seigneur de Marcey, était capitaine de Saint-James, ayant sous lui quatre chevaliers, trente-deux écuyers, trente-neuf arbalétriers à pied, et neuf. archers à cheval.

         A la fin de ce siècle vivait son successeur Jean Paynel, chambellan de Charles VI, gouverneur de Coutances et frère du célèbre Louis Paynel qui soutint vaillamment le siège de la Haye contre les troupes de Charles le Mauvais, roi de Navarre, et qui, forcé de se rendre à discrétion, fut mis à mort par ce prince. (...)

         Nicolas Paynel fut le dernier de la branche aînée.

         Sa fille Jeanne fut célèbre et par elle-même et par son mariage avec Louis d'Estouteville. Quand le roi d'Angleterre, Henri V, eut conquis la Normandie, il donna « à messire Jean de La Polie, chevalier, le fief de Moyon et de Maynusseron qui furent à Nicolas Paynel jadis chevalier et qui étaient à messire Louis d'Estouteville à cause de Jeanne Paynel, sa femme. » Il donnait en même temps « à noble et puissant messire le comte de Huntindon les seigneuries qui furent à Jean Paynel, chevalier rebelle. » Les Paynel réparaient la félonie de leurs aïeux. Le sire Paisnel figure sur la liste des chevaliers du Mont Saint-Michel, après leur chef d'Estouteville. Toutefois dans les manuscrits de M. Lefranc, on voit qu'en 1418, Henri V donna le château de la Haye à Richard Fitz John. Après l'expulsion des Anglais, Louis d'Estouteville rentra dans ses biens. Jeanne fut enterrée avec son héroïque époux au milieu du chœur de l'abbaye de Hambie qu'elle avait fait reconstruire. Sa tombe s'y voyait encore il y a vingt-cinq ans.

     

         Après Louis d'Estouteville les Le Voyer de Tregoumar furent seigneurs de la Haye, et leur habitation fut le Logis. Ce logis passa de Pierre Le Voyer, baron de Tregoumar, à sa fille Louise qui épousa le marquis de Pontkalecq.

     

    LES REMPARTS DE LA HAYE-PESNEL (Manche)     La mention de ces familles amène celle du troisième château ou Logis de la Haye.

         Les sires de Pontkalecq étaient aussi riches en Bretagne que les d'Estouteville en Normandie. Il y a un Sône breton, la Croix-du-Chemin, dans lequel on trouve une allusion à cette richesse : « Quand j'aurais autant de mille écus qu'en a le sire de Ponkalek ; oui, quand j'aurais une mine d'or, sans la jeune fille je serais pauvre ». » Dans son état actuel, le Logis n'a rien qui remonte au-delà du 17e siècle : on a détruit une partie plus ancienne, vaste vaisseau de forte construction, qu'on appelait la Salle-des-Chevaliers. Le Logis offre trois parties, un corps, une aile ou pavillon, une chapelle. Le pavillon seul a du style : à son dôme à quatre pans, à ses pierres d'angle, aux arêtes abattues, à ses cariatides en momie égyptienne, on reconnaît une construction du temps de Louis XIII. Le corps de logis est plus récent, et avec la chapelle, à une seule ogive, doit dater du siècle dernier. Dans cette chapelle, qui est un fenil aujourd'hui, on remarque une mauvaise fresque, représentant une Crucifixion, sous laquelle on lit le quatrain suivant :

    De ce dernier soupir, Satan, sois effrayé ;

    C'est un dernier soupir qui ranime la terre,

    Et le dernier coup de tonnerre

    Dont ton empire est foudroyé.

    « Reparation jussu de Pontkalecq, neenon curi s domini de Tavernier de Victorey, sui generalis agentis. Anno 1789. »

         Quatre édifices religieux, une église, un prieuré, un hôpital , une chapelle, trois châteaux, un châtel, une forteresse, un logis, enfin la plus illustre famille de la Basse-Normandie, tels sont les titres historiques de la Haye-Pesnel.» [2]

     

    « Foulques Paisnel est une personnalité de la Manche. Traître à Saint-Louis

         Seigneur de La Haye-Pesnel au début du 13e siècle, Foulques Paisnel et son fils Guillaume de Percy font partie des rebelles qui refusent la souveraineté française sur la Normandie.

         Sous la régence de Blanche de Castille, mère du futur saint Louis, Foulques Paisnel est un des premiers à lever l’étendard de la révolte en s’alliant avec les Bretons et avec les Anglais. Il fait de son château la principale place forte de la résistance anti-française, mais Blanche de Castille réagit énergiquement et envoie une armée faire le siège de La Haye-Pesnel qui est prise en quelques jours.

         Foulques (IV pour les Français, II pour les Anglais) avait grand intérêt en Champagne. La réunification de la Normandie a moins ennuyé les Paisnel que la perte de leurs bénéfices en Champagne, en qualité d'héritiers du duc de Champagne, « spoliés » par le roi de France. De ce fait, ils ont conduit leurs vassaux à lutter contre le roi de France, ceux-ci représentant alors la moitié de la Normandie. Et Foulques, shérif de Nothingham et de York, ancienne capitale anglaise, n'a pas eu trop de problème pour convaincre son cousin, roi d'Angleterre, d'intervenir contre le roi de France. Ce que l'on surnomme « révolte des barons » naît sur les terres de Foulques. Le titre de baron n'est employé à cette époque qu'en Normandie, et aujourd'hui encore, la famille Paisnel / Paynel est pair d'Angleterre et/ou de France.

          La Haye-Paisnel n'est qu'une des baronnies de la famille Paisnel / Paynel installée à Hambye. Limiter la famille Paisnel à la Haye-Pesnel, c'est oublier l'existence de Fontenay-le-Paynel dans le Calvados ainsi que de Hootton-Pagnell et New-Port-Pagnell en Grande-Bretagne (entre autres). Les Paisnel / Paynel étaient les détenteurs de 95 baronnies en France et 45 en Angleterre en 1100.

         De même, si le château de la Haye-Paisnel est rasé par Blanche de Castille, il sera reconstruit au sein de l'actuel bourg moins de dix ans plus tard. Ainsi, si vous vous munissez d'une carte IGN, et si vous souhaitez retrouver le château Paisnel / Paynel de l'époque, rendez-vous sur le lieu-dit « Château Gâne ».

         En 1580, la famille Paisnel possède en suzeraineté la presque totalité de l'actuel département de la Manche, suzeraineté qui passe ensuite dans la mouvance des Matignon (actuels Grimaldi de Monaco). Les branches cadettes se partagent depuis un certain nombre de fiefs tout en restant en relation avec leurs grands « cousins » de Grimaldi. » [4]

     

    Les châteaux « Ganne/s » dans l'ouest...

              « Dans ses études sur le cycle arthurien et les légendes de Normandie, Jean-Charles Payen, professeur de littérature médiévale de l’Université de Caen, en a recensé un bon nombre, outre La Pommeraye, dans le Calvados : La Haye-Pesnel au nord d’Avranches, Périers-en-Beauficel au nord-ouest de Mortain, La Lande-Patry à l’ouest de Flers, Cahan de l’autre côté de l’Orne par rapport à La Pommeraye, Banville, Banneville, Saint-Denis-d’Orques (au nord-ouest du Mans), Aubigné, Margon et même l’Home-Chamondot, près de Longny-au-Perche, un territoire qui correspondait à la Marche de Bretagne, aux confins de la Neustrie. Cette liste n’est pas exhaustive, il faudrait se livrer à une recherche systématique pour la compléter. Elle semble refléter, plus que des évènements historiques, le succès rencontré en Normandie par la Chanson de Roland. » [5] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de https://www.wikimanche.fr/La_Haye-Pesnel

    [2] Extrait de L'Avranchin monumental et historique, vol.2, « La Haye-Pesnel » par Édouard Le Héricher, imprimerie Tostain, 1847, p.38-55

    https://www.le-petit-manchot.fr/cc-33-06-la-haye-pesnel-les-3-chateaux/articles/articles/21/

    https://www.le-petit-manchot.fr/cc-33-06-la-haye-pesnel-les-pesnel-1/articles/articles/21/

    https://www.le-petit-manchot.fr/cc-33-06-la-haye-pesnel-les-pesnel-2/articles/articles/21/

    https://books.google.fr/books?id=6yMbAAAAYAAJ&hl=fr&pg=PP7#v=onepage&q&f=false

    http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article10816

    http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article11394

    [3] Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne ; date d'édition : 1886 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5461278k/f280.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20La%20Haye-Pesnel%22.zoom.texteImage

    [4] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Foulques_Paisnel

    [5] Extrait de https://www.cairn.info/revue-annales-de-normandie-2012-2-page-291.htm

     

    Bonnes pages :

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Paynel 

     

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