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LES REMPARTS DE LA FORÊT-AUVRAY (Orne)
« Le manoir précédant le château actuel commandait le passage du fleuve. » [5]
« Les terres de la Forêt-Auvray sont restées aux mains de la famille Vassy, famille du baronnage normand, du 11e au 18e siècle. Les Vassy descendraient d'un compagnon de Rollon » [1] « et restèrent propriétaires du fief jusqu'au 18e siècle. » [5]
Aujourd'hui subsiste leur château, partiellement ruiné qui avait pourtant été reconstruit en style renaissance à la fin du 16e siècle. » [1]
« L'assiette normale du château eût été dans le bourg, la raison d'être et la protection de celui-ci, comme à Carrouges, en une position dominante et sur une voie antique ; peut être y en eut il un, encore que le souvenir n'en soit pas conservé. Mais le point où la, surveillance pouvait s'exercer avec le plus d'efficacité et de sécurité, n'était-il pas là où cette même voie franchit l'Orne déjà puissante ? Une forteresse répondant à ces conditions dut être édifiée ici dès le 11e siècle. » [5]
« Forteresse huguenote bâtie au 16e siècle et réaménagée au 17e siècle, à partir de l'enceinte médiévale construite au 14e siècle. L'enceinte de forme quadrilatère est constituée de murs avec parapets couvrant un chemin de ronde et de quatre tours d'angle ayant perdu leur toiture. Un pont dormant de bois perce la courtine. La poterne est une construction qui peut être attribuée à François Gabriel maître maçon à Argentan. S'y remarque l'alternance de matériaux avec un jeu de polychromie, les harpes, le bossage soulignant la forme cintrée et le fronton brisé. La partie sommitale est très défensive avec bretèche, mâchicoulis et bouches à feu. La poterne est considérée comme un résumé des techniques et des styles maîtrisés par François Gabriel à la fin de sa carrière. Le logis du château comprend des bases du 16e siècle, mais il a été transformé au 19e siècle. » [4]
« En conclusion, c’est une ancienne maison forte bâtie du temps de Charles IX pour mettre à l'abri ses habitants des coups de mains de bandes armées. » [5]Plan hypothétique du château de la Forêt-Auvray ; blason de la famille de Vassy par Tretinville — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20353523
Histoire :
« Philippe de Vassy, qui parti en croisade en 1096, laissa à son fils Enguerrand le Riche le beau domaine de La Forêt-Auvray. Celui-ci fonda près du cours de l’Orne, dans la paroisse de notre commune, un prieuré connu sous le nom de Chapelle ou ermitage de Saint-Nicolas et le donna à l’abbaye d’Ardennes fondée en 1121. Enguerrand de Vassy laissa un fils nommé Alfred, Alvered ou Auvray , que l’on disait de taille gigantesque, et qui fut baron de Vassy et seigneur de La Forêt, et c’est à lui que nous devons le nom que la commune porte aujourd’hui. » [3]
« Les murs d'enceinte et le château furent élevés au 16ème siècle par Louis de Vassy.(...) gentilhomme ordinaire de la, chambre du roi, marié en 1571 à Françoise d'Enfernet, Ce fut lui qui en 1559, accueillit à La Forêt Gabriel de Montgommery fuyant la colère de la reine Catherine de Médicis. Lors d'un tournoi, Montgommery avait accidentellement tué d'un coup de lance le roi Henri II ; passé en Angleterre, il embrassa le culte réformé et quand il rentra en France, ce fut au titre de chef de l'armée huguenote. (...) Il ne subsiste, de cette construction que les murs et les tours ainsi que la belle porte d'entrée surmontée d'une poterne récemment restaurée » [5] « ainsi que les tours d’angle malheureusement en ruine, le logis seigneurial fut, quant à lui, incendié à la révolution. » [3]
« Au moment des guerres de religion Louis et Jacques de Vassy embrassèrent la religion réformée Jacques Ier de Vassy avait épousé en 1614, Louise de Montgommery, petite fille du fameux chef protestant. » [5]
« Une tradition existe selon laquelle le bon roi Henri IV aurait séjourné longuement chez les Vassy pendant ses campagnes en Normandie, de là viendrait l’explication du nom donné à la ferme voisine dite ferme du Ray (Roi) ainsi qu’au chêne sous lequel le roi se serait assis après y avoir attaché son cheval, et que l’on peut admirer et qui présente une circonférence de 5.50 m à 1 m du sol. » [3]
« Cette tradition, quelque respectable qu'elle soit, ne nous semble pas vraisemblable. Le bon roi avait autre chose à faire, et ailleurs, que de venir villégiaturer chez les Vassy, Huguenots incorrigibles dont il avait à se méfier, et il était trop avisé pour aller s'enfouir dans cette gorge dangereuse ou un guet-apens était si facile à organiser et où ses ennemis auraient pu le prendre comme dans une souricière.
(…) Peu avant la Révolution, le domaine avait été acquis par la famille de Costart de Bursard. Une fille de cette maison le porta en mariage dans celle de Gruel ; leur fils épousa une demoiselle Sénéchal, de Bayeux et n'eut pas de descendance ; la veuve épousa Charles des Moutis (1833-1886) ancien combattant d'Italie, colonel du 49e Mobiles de l'Orne pendant la guerre de 1870-71 et l'historien de ce régiment. Le dernier possesseur du château fut Mme Forichon. » [5]
Le château :
(…) L'enceinte est un quadrilatère de 45 m sur 80, allongé au bord de l'Orne qui coule de l'Est à l'Ouest. (...)
« On y entre, au bout de l'avenue, par une porte large de trois mètres, autrefois défendue par une herse et par un pont-levis sur le fossé qui existe encore. Cette porte est située au milieu de la façade orientale du quadrilatère. Elle est couverte d'une toiture. Des mâchicoulis et des meurtrières sont ménagés au-dessus et à coté de la porte cochère et de la baie plus petite dont elle est flanquée. Toute cette construction est reliée, aux deux tours d'angle de ce front, par une forte courtine crénelée de deux mètre vingt centimètres d'épaisseur, maçonnée en schiste et en granit. Au-dessus de cette muraille courait un chemin de ronde large de 1,50 m avec parapet de 2 mètres de haut, dans lequel s'ouvraient des meurtrières, et ce chemin de ronde réunissant les quatre tours d'angle faisait tout le tour du rectangle, dont les autres façades étaient également formées par une muraille semblable, haute de 8 à 10 mètres, sauf du coté nord où le corps de logis trempait ses hautes murailles dans l'Orne. Sur cette façade nord, le fleuve servait de fossé ; sur les trois autres, des douves creusées de main d’homme, larges de 9 mètres et profondes de 4 ou même plus,suivant la pente du terrain, recevaient les eaux de l'Orne et défendaient l'approche des murs.
Le logis seigneurial occupait, comme nous venons de le dire, la façade nord, baignée par la rivière. Il a été remplacé au même endroit par une confortable maison moderne faisant face au midi à la cour transformée en parterre, et dont le derrière est constitué par une muraille ancienne, flanquée d'une tourelle, reste probable de la construction primitive.
Il nous reste à parler des quatre tours qui existent encore plus ou moins mutilées.
Celle qui défend l'angle Nord-Est baigne son pied dans la rivière. Son diamètre est de 5 mètres, sa hauteur de 8 mètres, l'épaisseur de ses murs de 1 mètre.
La tour de Garde située au Sud-Est et que les anciens du pays ont pu voir encore intacte, n'est plus qu'une ruine aujourd'hui ; ses murs ont un mètre d'épaisseur ; son diamètre est de 6 mètres, sa hauteur de 11 et son rez-de-chaussée avait sous voûtes 4,50 m. Une cheminée en granit taillé, très élégante, ornait cette pièce. Au premier étage surmonté sous le toit en pointe d'une sorte de grenier, deux portes communiquaient avec le rempart, disposition qui se retrouve, d'ailleurs, dans les autres tours et qui permettait de circuler tout autour du quadrilatère par un chemin de ronde ininterrompu.
La tour de l'angle Nord-Ouest fait pendant à celle du Nord-Est sur la rivière, de l’autre coté du logis. Elle parait beaucoup plus ancienne que les autres et ses murs doivent remonter à la construction du château au Moyen Age. Sa hauteur est de 10 mètres ; son diamètre intérieur est de 6. Ses murs ont 2,45 m d'épaisseur. Son rez-de-chaussée est circulaire, tandis que les deux étages supérieurs soit carrés. Cette tour était appelée la tour des Morts parce qu'elle avait recueilli les tombeaux des Vassy appartenant à la religion réformée, qui y ont été enterrés, et qui y sont encore, dans des caveaux du sous-sol, depuis le milieu du 16ème siècle jusqu'en 1720.
Il nous reste à parler de la tour de la Chapelle, située à l'angle Sud-Ouest. Sa disposition et ses dimensions sont les mêmes que celles de la tour de Garde dont elle est le pendant. Son état de conservation est satisfaisant. Un escalier de cinq marches de granit conduit au rez-de-chaussée qui ne communique pas avec les étages supérieurs. Une légende locale assure que sous cet escalier est caché un trésor considérable, placé sous la garde des Fées. C'est dans ce rez-de-chaussée que fut transportée, en 1716 la chapelle Saint-Nicolas, dépendant du prieuré de Notre-Dame d'Ardenne et dont nous avons parlé tout à l'heure. On ne pénètre au premier étage de la tour de la Chapelle, orné d'une grande cheminée, que par le chemin de ronde du rempart. C’est à cet étage que se trouvait le chartrier. On gagnait de là un petit chemin de ronde qui enveloppait, à la base du toit, la partie supérieure de la tour. » [5]
« Ce château de la Forêt fut, dit-on, bâti par Anne de Montgommery, dans le temps des guerres civiles. Il est formé d'une simple cour carrée, garnie de murs épais et élevés, flanquée de quatre tourelles, et environnée de fossés creux. La porte est au nord et laisse voir les rainures qui recevaient le pont-levis, et la coulisse qui laissait tomber la herse de fer. Cette porte fut ornée de placages sous Louis XIV ; mais on reconnaît aisément son travail primitif. Son sommet, ainsi que celui des tours, est couronné en machicoulis. Sur quelques points, les murs d'enceinte ont près de 35 pieds de hauteur, et, sur d'autres, 20 pieds seulement. Leur épaisseur est de six pieds, jusqu'au niveau du crénelage, où l'on a ménagé un trottoir intérieur avec un parapet, qui forme le prolongement du rempart. Tout ce bastionnage de la forteresse est très curieux, et je voudrais avoir un dessin à vous en présenter. Mais malheureusement aucun de nous ne savait assez bien dessiner pour saisir cet ensemble dans une esquisse rapide. Il serait cependant bien digne de figurer dans votre atlas. Les deux tourelles du midi et de l'ouest sont plus anciennes, mieux construites que les deux autres. L'une servait de chapelle, et l'autre portait le nom de Tour-des-Morts. C'était dans cette dernière qu'étaient déposés les restes des illustres Montgommery,qui, comme on le sait, appartenaient à la religion réformée. Beaucoup de leurs ossements doivent s'y trouver encore. La Tour-des-Morts s'appuie sur la rivière et devait soutenir la maison des Montgommery, aujourd'hui tombée, et remplacée, dans l'enceinte, par une habitation moderne, sans caractère. Les murs, les tours, les crénelages, tout est en granit au château de la Forêt, et tout y offre cette teinte grise qui sied si bien aux vieux monuments. La Forêt est sur la limite de ce sol primitif, où le granit se rencontre partout, dans les campagnes, en blocs indestructibles. » [6]
Traditions et légendes :
« Les traditions donnent à tout château ancien des souterrains se prolongeant à de grandes distances et un trésor caché. Celui de la Forêt-Auvray était, dit-on, une pipe - dans le Perche, la pipe contient environ 750 litres - pleine d’or, un grand coffre contenant des diamants, des pierres précieuses et une grande statue de la Sainte Vierge en argent massif. Ceci aurait été caché pendant les guerres de religion ; une tour dite des Morts fut pillée et les tombes violées pendant la Révolution ; ce doit être à la même époque que la famille de Costart perdit dans un incendie ses portraits et ses papiers de famille.
Dans les Esquisses du Bocage Normand, Tirard (Auguste Lecoeur) prétend que des gens du pays pénétrèrent la nuit dans la chapelle en brisant les portes pour trouver le trésor ; « l’un d’eux, qui avait de grandes connaissances, s’était muni d’un trèfle à cinq feuilles et il accomplit des cérémonies mystérieuses. » Malgré toute cette sorcellerie, les recherches de ces bandits restèrent infructueuses. » [2]
« En face et à 300 mètres du château, de l'autre coté de l'Orne, le rocher schisteux du Bohain cache une grotte profonde que les gens du pays appellent encore la Maison des Fées. On prétend avoir trouvé à la Forêt une histoire analogue à celle que l'on retrouve dans tous les châteaux de la maison d'Argouges et que nous avons déjà rappelée à propos de La Queurie ; mais la Forêt n'a jamais appartenu à cette famille, et nous soupçonnons cette légende d'avoir été transplantée ici par quelque "folkloriste" moderne, en mal de découvertes ; car aucun habitant du pays n'a jamais entendu parler de la Fée de la Mort et personne n'a jamais vu sur le rebord de la fenêtre, la trace de sa "main aux beaux doigts effilés". » [5]
« Un récit nous ramènera vers la vallée de la Rouvre ; c’est l’aventure d’un sire de la Forêt-Auvray qui s’éprit d’une des fées qui avaient élu domicile dans cette grotte de Roche-d’Oêtre, connue sous le nom de Chambre des Fées. Il l’épousa et ils furent très heureux, mais un jour que la fée s’était attardée à sa toilette, son mari lui dit quand elle descendit : « Belle dame, vous avez bien tardé et seriez bonne à quérir la mort. » Elle s’envola aussitôt et, en s’enfuyant pour toujours, elle laissa l’empreinte de sa main sur le bord de la fenêtre.
Vous remarquerez que cela ressemble presque complètement à la légende de la fée d’Argouges des environs de Bayeux. La seule différence c’est que la fée de la Forêt ne revient pas la nuit, vêtue de blanc, voltiger en criant : « La Mort ! la Mort ! » Si on a voulu attribuer cette tradition à cette région, c’est vraisemblablement parce que la famille d’Argouges a longtemps habité le château de Rânes. » [2]
« Le trésor des fées est, au contraire, une croyance locale ; on l'a cherché plus d'une fois, avec ou sans la baguette de coudrier ou le trèfle à quatre feuilles, inutilement cela va sans dire, et un pauvre diable, nommé François Fleury, passa même aux assises en 1801 pour tentative d'enlèvement nocturne avec effraction, de ces richesses qui attendent toujours leur heureux inventeur. (...)
« Suivant une tradition, un souterrain unirait ce château à celui de la Pommeraye. » [5]
Protection :
« Éléments protégés MH : le logis ; le moulin ; l'allée d'accès, l'ensemble de l'enceinte et des tours, la poterne et les douves : classement par arrêté du 9 avril 2002. » [4]
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5736
[3] Extrait de http://cc-valdorne.fr/communes/foret.html
[4] Extrait de http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-orne-chateau-a-la-foret-auvray-chateau-de-la-foret.html
[5] Extrait d'un document rédigé par Xavier Rousseau, PDF mis en ligne : http://ekladata.com/DDnPwS32JA5jVqc6nhVkRFvjbSg/X-Rousseau.pdf
[6] Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Volume 9 Mancel, 1835 https://books.google.fr/books?id=93xfAAAAcAAJ&pg=PA489&lpg=PA474&ots=Mva2AvsvXc&focus=viewport&dq=remparts+d%27Ecouch%C3%A9&hl=fr&output=text#c_top*
Bonnes pages :
http://ekladata.com/DDnPwS32JA5jVqc6nhVkRFvjbSg/X-Rousseau.pdf
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