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LES REMPARTS DE DAMPIERRE (Calvados)
Hommage à mon amie Annie Fettu qui a écrit une monographie sur ce même château...
Ci-dessus, au centre, une vue aérienne du château de Dampierre extrait de https://www.zankyou.fr/f/chateau-de-dampierre-46604
Le château de Dampierre est situé sur la commune du Val de Drôme dans le département du Calvados [NdB] :
« Si son majestueux homonyme des Yvelines l’occulte dans nos imaginaires, le château de Dampierre situé dans le Calvados a pourtant beaucoup à offrir. Niché au cœur du Bocage virois, entre Villers-Bocage et Toriginy-les-Villes, c’est un petit bijou usé par le temps qui s’offre à nos yeux.
Aux confins de la Manche et du Calvados, enfoui au bout d’une longue allée bordant la Route des traditions, il charme au premier regard. « On se sent fasciné par la magie du lieu », décrivait Annie Fettu, dans son livre Château de Dampierre. Une magie offerte par ce lieu qui en donne à voir de tous les côtés : ses douves et ses tours, mais aussi dans le champ situé en face du château, sa porterie, ancienne entrée de la propriété, et son grand colombier, tous deux inscrits aux Monuments historiques. » [1]
Ci-dessus, une photo extraite de http://www.patrimoine-normand.com/images/d/dam/Dampierre.jpg
« Le château de Dampierre, tel qu’on peut le voir désormais, fut bâti en 1610 sur les bases d’un premier château féodal, expliquant ainsi la présence de douves. » [2]
« Le château de Dampierre forme avec sa porterie et son colombier un ensemble architectural du début du 17e siècle, bien équilibré et original par l'association des ses matériaux colorés pierre, brique, granit qui composent une architecture en filigrane, très maniériste, de style italien. » [3]
Ci-dessus, une photo extraite de https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/le-chateau-de-dampierre-reprend-vie-5854539
Plan de situation du château de Dampierre ; blason de la famille de Longaulnay extrait de https://fr.geneawiki.com/index.php/Fichier:Blason_Longaulnay-35156.png
Histoire
« La grande histoire a marqué ce petit village de son empreinte grâce au rôle des seigneurs du lieu dont les origines les plus lointaines remontent à un compagnon de Rollon. Au 10e siècle, Raoul Theu-Zart ou « Thésart » (ou Thésard) avait reçu de Rollon le fief des Essarts (plein fief de haubert) à La Bazoque près de Balleroy. Son arrière petit-fils, Herbert Thézart des Essarts, sera grand maître de la forêt de Bur-le-Roy (nom ancien de la forêt de Balleroy). Au 14e siècle, Louis Thézart est évêque de Bayeux (en 1361) puis archevêque de Reims. Son neveu, Hébert Thésard, chevalier banneret seigneur des Essarts, épouse la dernière héritière de la seigneurie de Dampierre, Perrette de Dampierre (vers 1380 ou 1390). Ce fief est entré dans la famille Thésard. Leur petit-fils, Richard Thésard (mort en 1474) a épousé Catherine de Mauny, dame de Dampierre. Ils n’ont qu’une fille, Marie Thésard, dame de Dampierre. Celle-ci épouse Nicolas de Silly en premières noces. Il décède, son gisant est conservé dans la chapelle seigneuriale de l’église de Dampierre. Il est en armure du début du 16e siècle et porte un tabard ou cotte armoriée (« d’hermine à la fasce de gueules accompagnée en chef de trois tourteaux de même »). Marie Thésard se remarie alors en secondes noces à Jean II de Longaunay, seigneur de Damigny. Elle amène ainsi le fief de Dampierre dans la famille de Longaunay. » [4]
Arcisse de caumont, 1857 :
« Voici quelques détails sur la famille qui a possédé Dampierre :
Perrette de Dampierre vivait en 1380 et 1390 avec son mari Hébert Thésart, seigneur des Essarts, neveu de Louis Thésart, évêque de Bayeux, puis archevêque de Reims
[ voir pour ce personnage ici ].
Leur petit-fils, Richard Thésart, seigneur des Granges, vicomte de Rouen, gentilhomme de l'hôtel du roi ès années 1472 et 1474, épousa Catherine de Monnoy ou de Monny, dame de Saint-Agnan-le-Malherbe près d'Evrecy.
De ce mariage naquit Marie Thésart, mariée 1er à Nicolas de Silly ; 2ème à Jean de Longaunay, seigneur de Damigny.
Elle eut des enfants de ses deux mariages, et, le 17 juillet 1505, elle laissa tous les droits qu'elle avait aux seigneuries de sa mère aux enfants de son premier mariage.
Marie Thésart porta ses seigneuries de Dampierre et de Saint-Agnan-le-Malherbe à son second mari, Jean de Longaunay, deuxième du nom, qui servait sous les rois Louis XII et François Ier.
Marie Thésart fut mère de Hervé III de Longaunay, marié le 13 janvier 1553 à Catherine de Sureau.
Antoine de Longaunay, fils d'Hervé, se maria, le 27 octobre 1588, avec Anne de Grente dont le fils puîné fut seigneur de Dampierre et épousa, le 22 février 1621, Charlotte Le Tellier. Il fut père d'Antoine de Longaunay, en faveur duquel la terre de Dampierre fut érigée en baronnie par lettres du mois d'octobre 1663.
Son petit-fils fut le marquis de Longaunay, mort en 1759, lequel a laissé des enfants qui ont perpétué jusqu'à nos jours le nom de Longaunay.
Le dernier marquis de Longaunay, mort il y a quelques années, avait pour fille unique Mme la marquise de Briges, qui possède aujourd'hui le château et les terres considérables qui l'avoisinent.
La famille de M. le marquis de Briges est originaire du département de la Lozère ; M. de Briges y possède encore un château ancien et de grandes propriétés.
Pour terminer ce qui concerne la seigneurie de Dampierre, je dois dire que Jacqueline de Silly, dame de Dampierre avait vendu, en 1561, à Hervé de Longaunay les droits qu'elle avait à partager en la terre de Dampierre avec Pierre de Silly, abbé de Saint-André-en-Gouffern.
M. le marquis de Briges n'a pu me donner aucuns renseignements sur la date de son château ; il pourrait bien avoir été construit par Hervé III de Longaunay, dont nous avons donné l'épitaphe et qui fut tué à 80 ans, à la bataille d'Ivry. Cette construction ne peut être reportée à une date plus ancienne.
M. de Briges conserve à Dampierre plusieurs couleuvrines qui avaient été données par les rois de France à la famille de Longaunay, probablement à Hervé III. » [5]
Ci-dessus, une gravure extraite de La Normandie Illustrée. Monuments, Sites, Costumes de La Seine - Inférieure, de L'Eure, du Calvados, de L'Orne et de La Manche par Felix Benoist. Clerget, Hubert lith. fig. par. J. Gaildrau - Lith. Pierre Charpentier. Source ; Paris : Pierre Charpentier, vers 1850.
Ci-dessus, à gauche, une photo extraite de https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/le-chateau-de-dampierre-reprend-vie-5854539 ; au centre, une photo extraite de https://www.zankyou.fr/f/chateau-de-dampierre-46604 ; à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.
« Il appartenait à une famille de noblesse d’épée, les Longaunay, qui l’occupe jusqu’à la Révolution française, et le récupère lors de la Restauration, et ce jusqu’en 1930. » [2]
« Parmi eux, Hervé de Longaunay (« lieutenant pour le gouvernement de sa majesté Henri III en Normandie » qui mourra à la bataille d’Ivry, en 1590, à plus de 80 ans !), Antoine de Longaunay (premier marquis de Dampierre par la grâce de Louis XIV), Pierre-Scipion de Longaunay (tué à la bataille de Fontenoy en 1745 et immortalisé par Voltaire : « Hélas, cher Longaunay, quelle main, quel secours / Peut arrêter ton sang et ranimer tes jours ? ») et, enfin, la dernière marquise de Dampierre Marie-Barbe de Longaunay, née en 1794, mariée au marquis de Briges en 1816, morte presque centenaire en 1891 après avoir vu mourir son mari et son fils aîné en 1857, son second fils (sans descendant) en 1866 et son seul petit-fils (sans descendant) en 1887. » [6]
Ci-dessus, un plan extrait du cadastre napoléonien de 1811, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/accueil.html
« La famille Doynet de la Sausserie a hérité de la dernière marquise de Briges. » [7]
« Le château est alors revendu, puis occupé pendant l’occupation allemande. Les forces militaires l’utilisent comme écurie. Lors de la libération en 1944, le château est bombardé et se retrouve sans toiture, abandonné. En 1959 un propriétaire privé tombe amoureux de ces ruines, rachète le château et entreprend un travail de remise en œuvre. » [ M. Bernasconi, entrepreneur de travaux publics à Torigni-sur-Vire, qui l’avait racheté en 1969 quasiment en ruines et l’avait restauré. [6] ] Des arbres avaient poussé dans le château et les douves étaient effondrées. Le château est entièrement restauré et revendu dans les années 1970 à une société suédoise, qui en fait un hôtel de luxe. Les chambres d’hôtel sont d’ailleurs toujours présentes dans le château. La société suédoise a ensuite revendu le château à l’actuel propriétaire, Jean-Claude Cherrier, qui en fait un lieu de réception. » [2]
Description
A. de caumont, 1857 :
« Château. - Le château de Dampierre , intéressant en ce qu'il n'a pas encore été altéré, ne se compose plus que de deux des côtés qui formaient, dans l'origine, une enceinte carrée ; on croit, en effet, que des fondations existent dans les deux côtés où il n'y a plus de constructions, et les douves dessinent un carré parfait, ce qui autorise cette supposition. En tout cas, l'édifice a pu n'être pas achevé.
Dans son état actuel, la partie la plus intéressante est la façade, avec sa porte centrale qui était munie de herses ; et les deux grosses tours d'angle, avec leurs lucarnes en encorbellement. » [5]
Ci-dessus, une gravure extraite de ce même document.
« La porterie et le colombier sont l’œuvre de l'architecte François Gabriel, le premier de la lignée des Gabriel, architectes royaux, comme l'atteste une procuration du 19 juillet 1610, passée devant les tabellions de Torigni. » [3]
« François Gabriel (...) dans les années 1610 après avoir fait de même à Torigni pour le compte des Matignon et dont certains des descendants, portant également le nom de François Gabriel, construiront le Pont Royal à Paris, le château de Choisy-le-Roi, l’hôtel de ville de Lyon, le palais de la Bourse de Bordeaux, l’Opéra et Petit Trianon de Versailles, l’École militaire de Paris ou la place Louis XV aujourd’hui place de la Concorde. » [6]
« Situés à l'est du château en bordure de la cour dite du fer à cheval, ils étaient autrefois rattachés par des bâtiments dont subsistent les substructions. La porterie, en fait une fabrique de jardin au rôle décoratif, comprenait trois portes, une charretière et deux piétonnières, délimitant trois travées surmontées de trois lucarnes. Le colombier est constitué de lits de brique et de grès rouge en alternance, finissant par une corniche à modillons, il a conservé l'ensemble de ses boulins. Le château de Dampierre a été très remanié au début du 19e siècle avec la reconstruction du pavillon central, puis dans les années 1970. » [3]
Ci-dessus, la porterie et le colombier du château de Dampierre (Normandie, France) par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=52327115
« Les additions faites par M. le marquis de Briges, sous la direction de M. Guy, ont eu lieu par derrière et n'altèrent point l'ordonnance de l'édifice : c'est un corridor qui, en élargissant de ce côté le rez-de-chaussée, a seulement nécessité quelques modifications dans la charpente.
Dans la cour qui précède le château, est un joli petit édifice dans le même style, offrant une belle porte cintrée à bossages entre deux portes plus petites, avec des lucarnes au-dessus dans le toit. J'ai pensé que c'était là l'entrée principale de la cour du château. M. de Briges ne le croit pas et pense que, comme aujourd'hui, dès l'origine cette belle porte a été murée, qu'elle n'a été faite que comme décoration pour la place qu'elle occupe dans cette partie de la cour où l'œil va se reposer. Le colombier, qui est à côté, est magnifique ; c'est un des plus beaux que j'ai vu de ce style, qui annonce le commencement du 17e siècle.
M. de Briges se propose d'en faire une chapelle ; il est à craindre que les ouvertures qu'on y pratiquera, quand il subira cette transformation, n'en altèrent le style. » [5]
Ci-dessus, une gravure extraite de ce même document [5] ou bien extraite de Abécédaire ou Rudiment d'archéologie (architecture civile et militaire) par Arcisse de de Caumont, (1801-1873). Éditeurs : Derache (Paris) / Dirdon (Paris) / Dentu [etc.] (Paris) 1853 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9784904q/f493.item.r=ab%C3%A9c%C3%A9daire%20d'arch%C3%A9ologie%20Caumont.zoom
Protection :
« Le château, ses dépendances et les accès sont inscrits au titre des Monuments historiques depuis le 14 décembre 1928, la porterie et le colombier sont classés depuis le 26 septembre 2000.» [8]
A proximité :
L'église Saint-Pierre de Dampierre possède une chapelle seigneuriale :
« Du côté du Nord existe une chapelle seigneuriale à fenêtres flamboyantes à compartiments en granite et à trois baies ; elle fût ajoutée à l'église en 1592, d'après l'inscription tumulaire. On voit dans cette chapelle plusieurs tombeaux ; l'un d'eux est surmonté de la statue couchée du seigneur de Silly et de sa femme (peut-être Nicolas de Silly, premier mari de Marie Thésart, et qui aurait été replacé là après l'édification de la chapelle, (classé monument historique à titre d'objet en 1908) ; sur le devant sont représentés à genoux plusieurs membres de cette famille, parmi lesquels M. Bouet croit reconnaître Jacques de Silly, qui fut évêque de Séez (1511 à 1539) après avoir été abbé de Saint-Pierre-sur-Dives (1501 à 1538). » [5]
Ci-dessus, les gisants de Nicolas de Silly et de Marie de Dampierre par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6360041
Située derrière l'église Saint-Pierre, se dresse la chapelle funéraire des marquis de Dampierre (19e siècle) :
« La chapelle funéraire se situe au cœur du village de Dampierre, derrière l'église Saint-Pierre. Elle est accessible depuis le cimetière qui entoure l'église, lui même une petite rue sans nom, proche de la D107. L'édifice est bâtie selon un plan centré. Sa façade occidentale se compose d'un portail entouré de colonnes. Les façades nord et sud sont percées d'un oculus entre les deux pans de la toiture. Au centre se trouve une coupole à pendentifs éclairée de six oculi. La toiture en forme de cône et surmontée d'une sculpture. La chapelle fut construite au milieu du 19e siècle à la demande de la dernière descendante de la famille de Longauney, Marie-Barbe de Longauney. (...) La chapelle est inscrite aux Monuments Historiques depuis le 15/11/2010. » [9]
Sources :
[1] Extrait de https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/calvados-le-chateau-de-dampierre-reprend-vie-5923839
[2] Extrait de https://actu.fr/normandie/dampierre_14217/le-chateau-dampierre-revit_17963107.html
[3] Extrait de http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-calvados-chateau-a-dampierre-chateau-de-dampierre.html
[4] Extrait de http://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-29838.html
[5] Extrait de Statistique monumentale du Calvados, Volume 3 page 260, Derache, 1857https://books.google.nl/books?id=-tsDAAAAYAAJ&pg=PA260&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false
[6] Extrait de http://www.vire.com/bocage_libre.php?code=1148&edition=3014
[7] Extrait de https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73411w/f324.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Dampierre%20Calvados%22.texteImage
[8] Extrait de Wikipédia
[9] Extrait de http://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/14-Calvados/14217-Dampierre/181265-Chapelleseigneurialeducimetiere
Bonnes pages :
O https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/le-chateau-de-dampierre-reprend-vie-5854539
O http://www.vire.com/bocage_libre.php?code=1148&edition=3014
O http://www.photoscalvados.com/v/Patrimoine/Chateaux+et+Manoirs/Chateau+de+Dampierre/
O https://www.liberation.fr/sports/2000/09/04/le-vieux-pistard-le-vaudou-et-le-manoir_335934
O https://books.google.com/books?id=JgMvbU9N13IC&pg=PA205&lpg=PA205&dq=ch%C3%A2teau+de+Dampierre+calvados&source=bl&ots=Ob3ILFH_Ky&sig=ACfU3U386O_xXDdisaZFo7DVBnKZ4m83uA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiP85Lgwb3gAhXPLFAKHbzMDNE4RhDoATAFegQIBRAB#v=onepage&q=ch%C3%A2teau%20de%20Dampierre%20calvados&f=false
O http://noblessenormande.free.fr/index.php?2007/10/17/25-famille-thezart
Bibliographie :
Le château de Dampierre par Annie Fettu, illustrations par le photographe Jean-Marc Piel, éditions « Cahiers du Temps » de Cabourg, 128 pages.
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