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LES REMPARTS DE CONCHES-EN-OUCHE (Eure)
Je suis encore à la recherche d'informations plus précises sur le tracé exact de l'enceinte médiévale de Conches-en-Ouche. Une rubrique à suivre donc... [NdB]
« La ville de Conches-en-Ouche est située dans une boucle de la rivière du Rouloir, en haut d’une colline. Son château a été fondé en 1035 par Roger de Tosny, d’une famille d’origine franque arrivée en Normandie au 10e siècle. » [1]
« Ce fut à l'endroit porté aujourd'hui sur le plan cadastral sous le nom de la Balivière, que Raoul Ier [de Tosny] avait jeté, vers 1004, les premiers fondements de sa nouvelle résidence. C'est un retranchement élevé, à l'extrémité duquel on voit encore un monticule ou donjon entouré de murailles et de fossés très profonds, d'où la vue domine au loin sur la font et les étangs qui baignent le pied de la colline. Une église ne tarda pas à s'élever près de ce château ; elle reçut le nom de Saint-Ouen ainsi que le village voisin, mais cet établissement devait être de courte durée. A la mort de son père, Roger abandonnant cette résidence qui fut depuis cette époque appelée, le Vieux-Conches, fonda en 1035, l'endroit appelé Castillon, une abbaye de l'ordre de Saint-Benoît et vint s'établir lui-même sur l'emplacement actuel de la ville.
Ayant fait construire une grosse tour avec des fossé très profonds et un château sur le bord d'un côteau rapide, il les fit entourer de très fortes murailles. On reconnaît facilement les traces de cette première enceinte dont il reste encore des portions assez considérables, Toute l'étendue du terrain qui appartient aujourd'hui à la ville et sur laquelle est construite la mairie, était renfermée dans ces fortifications... » [2]
Plan hypothétique de l'enceinte médiévale de Conches-en-Ouche ; Blason par User:SpedonaCette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2697964
« L’histoire de Conches commence vers 1034, lorsque les seigneurs de Tosny, dont l'origine reste obscure, héritèrent de ce fief alors appelé Castellio en latin médiéval (Castillon en normand septentrional et occitan, Chastillon en normand méridional et en ancien français, d'où Châtillon).
En ces temps de pèlerinages, les seigneurs de Tosny participèrent à l'un des plus grands : celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne. C’est sur le chemin d'un de ces voyages que Roger Ier de Tosny s’arrêta à Conques-en-Rouergue, ville située à la croisée de deux itinéraires vers Saint-Jacques de Compostelle. On y célébrait ardemment le culte de sainte Foy, martyre d’Agen. Roger y aurait obtenu la guérison de sa femme, en aurait rapporté des reliques de la sainte et, en action de grâce, aurait fait construire une église lui étant dédiée à Castellio qui prit alors le nom de « Conches ». Conque est un nom ancien pour coquille et, dans le cas présent, pour coquille Saint-Jacques (saint Jacques le Majeur), la ville de Conques-en-Rouergue étant située sur les routes de Saint Jacques-de-Compostelle. Conque a sans doute été interprété comme une forme normano-picarde, d'où cet hypercorrectisme en conche. Par la suite, elle devint également une étape régionale importante du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Les Tosny construisent la forteresse et son donjon, entourent la ville de murailles et construisent une abbaye bénédictine, Saint-Pierre de Castillon, au modeste rayonnement.
Les armes de la ville seraient celle des seigneurs de Conches : « une bande d’azur chargée de trois coquilles d’argent sur fond or », les coquilles témoignant de leur passage à Compostelle. " [3]
« ... Roger III [de Tosny], quoique jeune, succéda à son père et donna à l'abbaye de Conches tout ce qu'il possédait. Quelques cabanes couvertes de chaume avaient été construites autour du château des Tosny, et le petit bourg qui s'y était formé s'étendait de la porte de Breteuil jusqu'au cimetière de Sainte-Foy, où il y avait une porte qui fermait la rue. Comme il n'y avait que le château avec ses dépendances qui étaient entourés de défenses, Roger fit enclore le bourg de fortes murailles avec des fossés très larges et très profonds, en plaçant une porte à chaque extrémité, et ce sont ces fortifications que nous voyons encore aujourd'hui.
L'église Sainte-Foy ne suffisait plus aux besoins des habitants ; Roger fit bâtir la tour et le clocher avec le chœur ; aussi c'est à ce prince que Conches doit sa véritable importance. » [2]
Dessins ci-dessus extraits de la Notice historique sur la ville de Conches par Alexandre Gardin.
« Le château est pris par Philippe-Auguste en 1199. Il le donne en 1202 à son cousin Robert de Courtenay. Le château est agrandi, des tours de flanquement sont ajoutées à l'enceinte extérieure.
Conches-en-Ouche fut un fief de Robert d'Artois, l’homme qui participa avec les Anglais à la Guerre de Cent Ans, dont Maurice Druon, dans sa saga historique « Les Rois Maudits », fait le déclencheur du conflit. La ville subit la chevauchée d'Henri de Lancastre en 1356.
En 1354 au traité de Mantes, la ville et sa forteresse furent données par le roi de France Jean II au roi Charles II de Navarre, dit le Mauvais, avec le comté de Beaumont-le-Roger, la vicomté de Pont-Audemer et le Clos du Cotentin. Charles II confia la ville au captal de Buch Jean de Grailly, qui la confia à son tour à son oncle Archambaud. Prétextant du fait que le captal était passé aux Anglais, Bertrand du Guesclin fit le siège de Conches en 1371. Un accord fut signé le 4 février 1371 et les Navarrais évacuèrent la ville. Cette reddition sept ans avant la conquête des biens du roi de Navarre par Charles V valut à Conches de ne pas être détruite comme les autres forteresses de Charles II de Navarre. Henri V d'Angleterre s'empare du château en 1420.
Conches est reprise par les Français dès 1440 et dès l'année suivante par les Anglais. Ils seront chassés par Robert de Floques, bailli d'Évreux.
Sous l'Ancien Régime, Conches est un petit centre administratif de Normandie puisqu'il est chef-lieu de sous-bailliage, d'élection et accueille un subdélégué et un grenier à sel. Elle dépend du comté et du bailliage d'Évreux. C'est aussi un centre économique grâce notamment à la présence de grosses forges. Un temple protestant est installé à Conches vers 1560. En 1591, le château sert de refuge aux membres de la Ligue. Restant un point d'appui potentiel pour les ennemis de la monarchie, il est démantelé par la suite.
Construit initialement sur une motte, la bâtisse possédait des murailles larges de 2,60 mètres, et trois étages au minimum. Le donjon de Conches-en-Ouche fait l'objet d'un classement par arrêté du 12 juillet 1886. » [3]
Arcisse de de Caumont, 1853 :
" Donjon de Conches. Le donjon du château de la ville de Conches, figuré dans l'atlas de mon Cours d'antiquités, pl. LXXIII, se compose d'une maîtresse tour cylindrique et d'un chemin de ronde garni d 'un mur et de quatre ou cinq tours.
Cet ensemble de constructions occupe le sommet d'une éminence conique, isolée par des fossés assez profonds, des cours et des autres dépendances du château.
La tour centrale, ou donjon proprement dit, est mieux conservée que le reste et ne paraît point avoir subi de réparations; la porte d'entrée de cette tour correspondait au premier étage au-dessus du rez-de-chaussée : on y remarquait un puits pratiqué dans l épaisseur du mur
et aujourd'hui comblé de pierres, qui devait être extrêmement profond dans l'origine.
On montait au 2e étage par un escalier tournant ; un autre escalier donnait accès au 3e étage.
Le rez-de-chaussée solidement voûté en pierre, n'avait aucune porte et ne communiquait avec la salle établie au-dessus, que par une ouverture ronde percée au centre de la voûte. " [5]« Frontière du pays chartrain.
La petite rivière d'Avre, coulant pendant soixante-dix kilomètres dans une étroite vallée, entre les plaines de l'Evrecin et celles de la Beauce formait de ce côté un fossé naturel et délimitait la frontière d'une manière qui n'a jamais varié.
Avra licet parva Francorum dividit arva.
Les châteaux de Chênnebrun, Verneuil, Tillières et Nonancourt étaient bâtis sur les collines qui dominent cette rivière au nord et se trouvaient tous au passage de routes anciennes qu'ils interceptaient. Illiers-l'Évêque se trouvait un peu plus loin dans la plaine, sur la route de Dreux à Évreux. Dans plusieurs endroits où la rivière encore faible ne formait pas un obstacle suffisant, le roi Henri II avait fait creuser de longues lignes de fossés avec un rempart de terre. M. de Caumont les signale dans les communes d'Irai, Chênebrun, Saint-Christophe et Courteilles, où ils portent le nom de Fossés-ie-Roi. Il engage à les étudier dans leur ensemble et par rapport avec les forteresses voisines. A une dizaine de kilomètres en arrière, le cours de l'Iton et les châteaux de Bourth, Cintray, Condé-sur-Iton, Breteuil et Damville formaient une seconde ligne parallèle à la première. Une troisième consistait dans les trois fortes places de Laigle, Conches et Évreux, reliées par le cours de la Risle et par les forêts de Breteuil, de Conches et d'Évreux. Cette frontière fut rarement attaquée avec succès, et plus d'une fois, particulièrement en 1119, Breteuil fut le bouclier de la Normandie. » [4]
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On trouve plusieurs vidéos sur Youtube concernant les restaurations opérées sur le donjon et les remparts de Conches-en-Ouche :
Celle de gauche : https://www.youtube.com/watch?v=4nwmmPfqjvk
Celle de droite : https://www.youtube.com/watch?v=zeBUl4_S-Hs
Photos ci-dessus extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
Sources :
[1] Extrait de http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=27165_1
[2] Extrait de Notice historique sur la ville de Conches par Alexandre Gardin ; Leclerc (Évreux) 1865. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5471566p/f153.image.r=Notice%20historique%20sur%20la%20ville%20de%20Conches%20%20par%20Alex
[3] D'après Wikipédia
[4] Extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques ; éditeur : Derache (Paris) / A. Hardel (Caen), 1876.
[5] Extrait de Abécédaire ou Rudiment d'archéologie (architecture civile et militaire) par Arcisse de de Caumont, (1801-1873). Éditeurs : Derache (Paris) / Dirdon (Paris) / Dentu [etc.] (Paris) 1853, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9784904q/f350.item.r=ab%C3%A9c%C3%A9daire%20d'arch%C3%A9ologie%20Caumont.zoom
Bonnes pages :
O Notice historique sur la ville de Conches par Alexandre Gardin, Evreux 1865 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5471566p/f8.item.r=Orne%20Conches%20enceinte.zoom
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