-
LES REMPARTS DE CARROUGES (Orne)
« Le château de Carrouges est un château du 14e siècle situé dans la région Normandie, dans le département de l'Orne, sur la commune de Carrouges. » [1]
« Carrouges est d'abord au 14e siècle une place forte de la guerre de Cent Ans (donjon). Il devient un logis seigneurial au 15e siècle (aile Blosset), augmenté au 16e siècle d'un châtelet d'entrée considéré comme le premier témoin de l'architecture de la Renaissance en Normandie. De nouveau fortifié au temps des guerres de Religion (bastion ouest), sa fonction de demeure de prestige s'affirme par la construction à la fin du 16e siècle de deux ailes « classiques » et des escaliers qui les desservent dus à l'architecte François Gabriel. » [2]
« Bâti de briques et de granit, ce solide édifice est né pour la défense et (est) devenu au fil des siècles château de plaisance. Entouré de douves en eau, il garde l’attrait d’une demeure habitée. Son parc conserve d’exceptionnels ouvrages de ferronnerie du 16e. » [3]
Géré par le centre des monuments nationaux, il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 6 décembre 1927. » [1]
Plan du château de Carrouges ; blason par Anno16Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Anno16., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1357114
« D’abord oppidum défensif (place forte en hauteur) situé à la frontière méridionale du duché normand de Guillaume le Conquérant, " [1] « entouré d’un rempart naturel de collines boisées, était un poste d’observation et de défense idéal pour le duché normand.
Au début du 11e siècle Guillaume Ier de Bellême, le célèbre « Talvas » avait reçu de Richard Ier de vastes domaines avec, pour mission de défendre les marches méridionales du duché.
Carrouges faisait partie de cette ligne stratégique de défense dont le chevalier Gautier était le gouverneur. Après la mort du duc Guillaume et par suite de la rivalité de ses fils, Guillaume II Talvas, qui avait choisi le parti légitime de Robert Courte-Heuse, fut après la bataille de Tinchebray (1106) dépouillé de ses biens au profit d’Étienne de Blois, neveu du duc-roi.
Un peu plus tard Geoffroy Plantagenêt, comte d’Anjou, après son mariage avec Mathilde, héritière de Henri Ier Beauclerc, passa la Sarthe le 21 septembre 1136 et pénétra en Normandie avec une nombreuse armée. La forteresse de Carrouges résista trois jours et fut prise, mais non détruite, car elle commandait le seul chemin de Normandie et pouvait être utilisée par l’envahisseur. Lorsque Geoffroy Plantagenêt réunit en 1149 la Normandie, dont il venait de s’emparer, à ses provinces du Maine, d’Anjou et de Touraine, Carrouges perdit son importance stratégique de poste frontière. » [4]
Le château est « détruit au début de la guerre de Cent Ans, il fut reconstruit dans la vallée au milieu des étangs entre Maine et Normandie par les seigneurs de Carrouges qui se le virent confisquer pour insurrection par le roi d’Angleterre.
Jean de Carrouges (IV), à l’origine du château dont subsiste le donjon, était chambellan du comte Pierre II d'Alençon et devint chevalier d’honneur du roi Charles VI à la suite d'un duel judiciaire où il avait mis en jeu sa vie pour sauver son honneur et celui de son épouse Marguerite de Thibouville, laquelle avait été violée pendant son absence. (voir ci-après) (...)
D'abord devenu une place forte assiégée par les Plantagenêt puis reconstruit après la guerre de Cent Ans, le nouveau château fut remonté au 15e siècle par Jean Blosset, seigneur du lieu et grand sénéchal de Normandie, qui ajouta aux éléments d'origine une aile complète. Jean Blosset fit édifier, sur les prières de son épouse Marguerite de Derval, une chapelle qu’elle voulut placer sous le vocable de Notre-Dame-de-Bon-Confort et qu'il transformera en chanoinerie en 1493, juste après sa mort. Cette collégiale, fondée sous Louis XI, abrite maintenant le siège du parc naturel régional Normandie-Maine.
Blosset n'ayant pas eu d’héritier, c’est sa sœur Marie qui transmettra le domaine à son fils Jean Le Veneur, lequel ornera l’édifice d’un châtelet à l’époque de la Renaissance (pavillon du cardinal Jean Le Veneur). Louis XI dormit au château le 11 août 1473. Les bâtiments furent plusieurs fois remaniés entre les 14e et 17e siècles (le pavillon du cardinal Le Veneur, le bastion ouest fortifié au temps des guerres de religion, et les grands appartements notamment). Il fut réaménagé au 18e siècle, et doté d'un salon de musique. C'est au 16e siècle que les Le Veneur de Tillières prirent possession du domaine, et ce jusqu'en 1936, date à laquelle il fut vendu à l'État. Il fut restauré après 1944. Le château de Carrouges devint au cours du Grand Siècle une résidence somptueuse (suite des grands appartements), et le resta tout au long du Siècle des Lumières (salon de musique). " [1]]
« La famille Le Veneur de Tillières
« Au début du (16e siècle), Jean Le Veneur, Évêque-comte de Lisieux, fils de Philippe Le Veneur, baron de Tillières, et de Marie Blosset est le bâtisseur du pavillon d'entrée, le Châtelet. Proche de François Ier, il siège à son conseil. Il devient Grand Aumônier de France en (1525) et est fait abbé du Mont Saint-Michel. Il devient cardinal en (1533). Il meurt en (†1543). » [5]
« Le comte Tanneguy Le Veneur, héritier de Marie Blosset, y accueillit la reine Catherine de Médicis et ses jeunes enfants François II, Charles IX et Henri III, en chemin vers le Mont-Saint-Michel. » [1]
" Au (17e siècle), Tanneguy II Le Veneur, comte de Tillières, est dépêché en Angleterre pour négocier le mariage d'Henriette de France, sœur de Louis XIII avec le futur roi Charles Ier. Tanneguy II vécut sur ses terres de Tillières et laissa Carrouges à son frère Jacques, abbé de Silly. En (1637), Jacques Le Veneur de Tillières se démit de son abbaye pour se consacrer entièrement à Carrouges. Il fit aménager et décorer le château et le parc à partir de plans et dessins de Maurice Gabriel, architecte à Argentan. Mais la famille s'insère également dans la vie locale par une activité de maîtres de forge.
A la fin du 18e siècle, Alexis Le Veneur, vicomte de Tillières, est militaire et partisan des idées progressistes. Il est l'époux d'Henriette de Verdelin (1757-(1834), fille de la marquise de Verdelin (1728)-(1810) qui est une correspondante et protectrice de Jean-Jacques Rousseau. Adhérant aux idées progressistes, il prend position pour l'abandon des privilèges avant la Révolution. Il participe à plusieurs campagnes militaires qui lui valent le grade de Lieutenant général puis de général de division. Il est élu maire de Carrouges et administrateur du département de l'Orne, puis 1er président du Conseil Général de l'Orne et enfin député de l'Orne au corps législatif. Il est fait comte d'empire avec majorat par Napoléon Bonaparte. Il meurt en (†1833) à l'âge de 86 ans. » [5]
« Le château sera resté cinq siècles propriété de la noble famille Le Veneur, très exactement jusqu’au 23 avril 1936, date à laquelle Marie Gaston Tanneguy IX, comte Le Veneur de Tillières, n’ayant pas de descendance mâle et subissant le déclin de l'économie rurale de cet entre-deux-guerres, se verra contraint de céder le château à l’État qui, dès 1927, l’avait classé parmi les monuments historiques, et ce pour la modique somme de 200 000 francs.
Le château
Le châtelet d'entrée
Le châtelet d'entrée, cantonné de quatre tourelles circulaires, date du 16e siècle et fut probablement construit par Jean Le Veneur. C'est un pavillon à deux étages. Sa construction associe des briques rouges et noires. (...) Il est gothique par la composition de son décor, par les pinacles ou la présence de crochets sur les gâbles triangulaires ; il est Renaissance par le traitement de ces éléments.
La chanoinerie
La chanoinerie a été fondée en 1480 par Jean Blosset, grand sénéchal de Normandie, bailli de Rouen, conseiller et chambellan de Louis XI avec son épouse Marguerite de Derval. Elle est, de nos jours, le siège de l'équipe d'animation du parc naturel régional Normandie-Maine.
Le logis seigneurial
De forme rectangulaire, entouré de douves en eaux vives, le château entoure une cour d'honneur. Au sud-ouest, il donne sur une terrasse que délimite une grille en fer forgé. Bien que possédant des éléments datant des 15e et 16e siècles, l'architecture générale relève plutôt des styles Henri IV et Louis XIII.
Un château en briques
Flanqué de deux pavillons d'angle carrés, le château possède également un donjon du 14e siècle à deux étages couronné de mâchicoulis.
Le château de Carrouges a donc la particularité d’être construit en briques. C’est un matériau dont la fabrication est maîtrisée depuis l’Antiquité. Oubliée durant le Moyen Âge, la construction en briques connut un renouveau important au cours de la Renaissance, notamment dans la moitié nord de la France. (...) Elle est due à la présence, sur place, d'argile en abondance. Le granit, présent également dans la construction du château, est plus rare. Il devait venir de carrières situées à une dizaine de kilomètres. (…) À Carrouges, les architectes ont tiré parti d’une alternance de briques roses et noires pour animer les façades. De même, ils ont joué avec la largeur ou la longueur des briques pour créer d'élégants motifs.
C’est l’élément bâti le plus ancien du château. Il occupe le centre de l’aile Nord-Ouest. Il est construit, comme le reste du logis, en briques y compris le couronnement de mâchicoulis à arcs sur corbeaux de granit. Le donjon est de forme carrée. Un corps de logis de même forme est accolé sur son angle Ouest. (...)
L'aile Blosset
C’est un corps de logis rectangulaire complété, sur les angles Nord et Est, par deux étroits pavillons implantés de biais. À l’angle, la « tour du Chartier », de forme hexagonale, abrite un escalier qui dessert les étages. La tour est coiffée d’une chambre haute accessible uniquement par une petite tourelle logée contre elle.
L’aile sud-ouest dite « l’aile de la galerie » et l’aile sud-est dite « l’aile des grands appartements » sont construites au cours du dernier quart du 16e siècle. Les deux escaliers monumentaux sont achevés en 1579. L’architecte qui a construit ces ailes, peut-être François Gabriel, a su unir les éléments si disparates du château pour les unifier et donner l’impression que le château a été construit en une seule fois. Le style est caractérisé par sa sobriété et sa rigueur. Ainsi, un même bandeau de granit légèrement saillant souligne chaque niveau et délimite les travées des fenêtres. De même, le décor de losange ou de chevrons de briques noires, la corniche à modillons, les lucarnes toutes identiques ont pour fonction d’homogénéiser une construction qui a duré plusieurs siècles.
Architecture intérieure
Le rez-de-chaussée est composé par les communs et les services, tandis que le premier étage abrite les pièces d'apparat. [1]
Pour les détails, voir l'article de Wikipédia.
Jardins
Le parc est un espace clos d’une dizaine d’hectares. (…) À l’origine, au Moyen Âge, le château était cerné de marécages, système naturel défensif contre les sièges (impossibilité d’utiliser des tours de siège, sapes inenvisageables) et les épidémies.
(…) Au milieu du 17e siècle, le parc est compartimenté en jardins, séparés les uns des autres par des ouvrages en ferronnerie. Des grilles fixes et plusieurs portes en fer forgé ainsi que des garde-corps séparent encore de nos jours les différentes parties du parc. Ce sont des témoins de grande qualité du savoir-faire des maîtres férons. Ces réalisations sont issues des forges de Carrouges. (...)
Le parc est ainsi, de nos jours, divisé en un jardin à la française, un jardin dit de l’oisellerie (Il date du 18e siècle. Son plan a été dessiné en 1711), un verger-conservatoire de pommiers, qui date de 1988, a été constitué par le parc naturel régional Normandie-Maine, des bosquets, une terrasse avec sa roseraie et une prairie. Elle couvre l’emplacement de l’ancien marais transformé en lac d’agrément. (…) On distingue, encore, l’île d’Amour couverte d’un petit bosquet.
La terrasse en terre-plein, le jardin, sa clôture, son mur de clôture et le parc sont inscrits au pré-inventaire des jardins remarquables. Ils font partie du classement monument historique du 6 décembre 1927. » [1]
La légende de la fée de Carrouges
« Cette histoire donna lieu à moult dits, odes ou déclamations de ménestrels et forma la légende de la fée de Carrouges qu’aimaient à raconter au cours des banquets et des tournois les seigneurs du comté, tels Jean II d'Alençon (Valois), « le gentil duc de Jeanne d’Arc » dont l’historiographe était le mari d’une dame de Carrouges.
Le comte Ralph, seigneur de Carrouges, était un beau et valeureux chevalier chargé de défendre le duché de Normandie contre les invasions éventuelles des Angevins ou des seigneurs du Maine, ses voisins, via le poste frontalier qu’était son château fort. Il avait épousé la fille d’un seigneur voisin, la comtesse Louise de La Motte-Fouquet, fort jolie du reste et parée de toutes les qualités du cœur et de l’esprit. Et après huit ans de mariage, une seule chose ternissait leur bonheur : « Elle ne lui avait point encore donné d’enfant. »
Aussi, quelle ne fut pas la joie de Ralph à l’annonce de la grossesse de son épouse ! Il décida sur-le-champ de convier tous les seigneurs voisins et ses amis chevaliers à venir festoyer quelques jours au château pour marquer l’événement.
Au programme, chasses sur ses terres, détentes et ripailles, jeux, jongleries et ménestrandie. Le dernier jour, le comte décida d’une grande chasse au gros gibier qui durerait jusqu’au soir. Dès l’aube, les veneurs, cors en bandoulière, avaient découplé les chiens. Ceux-ci flairèrent rapidement une piste et levèrent un dix-cors rusé et agile : le genre de cerf qui met à l’épreuve la résistance et l’habileté des chasseurs. Au bout du jour, ces derniers, épuisés, abandonnèrent les uns après les autres la poursuite afin de ne pas rater l’ultime banquet.
Seul le comte Ralph, obstiné et fier, ne s’avouait pas vaincu et poursuivit le dix-cors qui l’entraîna aux confins de la forêt de la Motte. Il finit par se retrouver au fond d’une vallée sauvage et fraîche où coulait une petite rivière que le comte suivit et qui le conduisit au milieu d'une clairière plantée de grands arbres en quinconce autour d’une petite chapelle.
Il faisait se désaltérer son destrier à l’eau de la fontaine qui murmurait juste derrière l’édifice quand il perçut des bruits sous les feuillages. Promptement il enfourcha sa monture : il le rapporterait coûte que coûte, son dix-cors, en l’honneur de son futur héritier ! Il était déjà venu à bout d’ennemis bien plus redoutables ! Le cerf remonta le cours du ruisseau et s’enfonça au creux de gorges dont les berges se révélaient difficilement praticables. Des blocs éboulés, venant des escarpements rocheux où semblaient se lover des grottes, rendant le terrain trop pénible aux sabots de son cheval, Ralph mit pied à terre tout en s’extasiant sur la splendeur sauvage de ce coin de forêt que son épouse avait négligé de lui faire découvrir. Il songeait à lui en faire la remarque quand un murmure cristallin attira son attention. Il remarqua des nuées légères s’élevant au milieu d’un bassin de fortune et distingua une ravissante créature qui se baignait en chantant et dansant joliment dans les vapeurs chaudes. C’était un enchantement de la voir ainsi onduler avec souplesse et grâce, et le comte en fut charmé. Aussi, quand la déesse des eaux l’aperçut et l'invita à venir la rejoindre, sans hésitation Ralph se laissa entraîner, ravi, dans le tourbillon des eaux.
Quand Ralph revint au château, une frange dorée à l’Orient annonçait le lever du soleil. Il expliqua à son épouse en pleurs qu’il avait dû passer la nuit dans la chaumière d’un bûcheron après s’être égaré en suivant son cerf. Seulement, le soir venu, il courait déjà rejoindre en secret l’enchanteresse. Pendant un temps il put s’échapper sans que nul n’en sache rien, mais une nuit Louise fut prise de douleurs et pria ses servantes d’aller quérir son mari et l’on découvrit sa couche vide. Intriguée et inquiète, le soir suivant la comtesse fit le guet et constata les escapades nocturnes de son époux. Elle résolut de le suivre et découvrit son infortune.
La jalousie l’envahit aussitôt mais elle attendit que la nymphe se retrouve seule pour jaillir et la poignarder en plein cœur. Sa rivale émit un long gémissement tout en la maudissant et s’écroula dans la fontaine avant de disparaître dans les nuées blafardes.
Satisfaite, la châtelaine regagna promptement sa demeure pour y apprendre avec stupeur que son époux venait d’être découvert sans vie dans sa chambre, une fine blessure à la poitrine. Louise fut au désespoir. Des fièvres ardentes, au cours desquelles elle prétendait qu’une tache rouge l’aveuglait, troublèrent son sommeil et au matin elle accoucha d’un fils, beau comme son père, mais avec une tache rouge au milieu du front. C’était la marque de la malédiction. Celle-ci frappa les héritiers de Ralph et de Louise jusqu’à la septième génération. La naissance d’une fille, à qui la tache fut épargnée, mit fin au mauvais sort.
On dit que le nom de Carrouges viendrait de car rouge, « chair rouge », en souvenir de ces événements. Mais la véritable étymologie du nom de Carrouges serait plutôt « quadrivium », qui signifie carrefour.
La famille de la comtesse de La Motte-Fouquet, convertie à la religion réformée, émigra en Allemagne pour fuir les exactions de la Sainte Ligue pendant les guerres de religion. Friedrich de La Motte-Fouquet, auteur romantique allemand du 18e siècle, est un descendant de la famille de la comtesse à laquelle il dédia son ode Ondine, du moins l'affirme-t-on. » Tirée de l'histoire romancée par Mary Cousin
1386, le duel de la dame de Carrouges
Cette histoire figurait sur une fresque de l'abbaye Saint-Étienne de Caen, ainsi que sur une tapisserie du château de Charles IX à Blois, et elle est développée par « Mary Cousin » dans un ouvrage historique relatant, au fil de son épée, toute la vie de ce valeureux seigneur.
Notre seigneur, Jehan IV de Carrouges, était un preux et vaillant chevalier, à l’image de son père qui avait été honoré de la haute charge de capitaine et vicomte de Bellême sous le règne du roi Jean Le Bon.
Alors qu’il venait d’épouser, en deuxièmes noces, Marguerite de Thibouville, dame de Fontaine la Sorel, il fut appelé à suivre l’amiral Jean de Vienne dans une expédition guerrière en Écosse.
Soucieux de ne point laisser sa jeune épouse isolée dans son château de Carrouges, avant de s'absenter il la conduisit auprès de siens, au château de Fontaine la Sorel, non loin de Brionne, où il la retrouva après une bien pénible campagne. Après s’y être reposé un temps, il passa visiter sa mère au manoir de Capomesnil, situé entre Pont-l'Évêque et Saint-Pierre-sur-Dives, afin qu’elle accueille Marguerite pendant qu’il irait rendre compte de sa mission auprès du jeune roi de France (Charles VI).
Malheureusement, c’est là qu’elle se fit violer le 18 janvier 1386. Malgré les menaces de déshonneur qu’elle encourait en dévoilant les faits, elle accusa toujours l’écuyer Jacques Le Gris, chambellan (au même titre que son époux) du comte Pierre II d’Alençon dont il était de surcroît le favori. Jehan demanda tout de suite réparation de l’outrage au comte qui rejeta l’accusation en ajoutant qu’il répondait de son favori.
En faveur auprès du roi qu’il venait justement de visiter, le seigneur de Carrouges obtint que sa cause soit soumise en dernier appel au Parlement de Paris qui ne réussit point à trancher et accepta la demande de Jean de Carrouges de faire appel au Jugement de Dieu. Il ordonna donc un duel judiciaire qui eut lieu le 29 décembre 1386 à Paris, présidé par le roi Charles VI et sa jeune épouse Isabeau de Bavière.
Selon un rituel très ancien, le duel se fit à cheval d’abord puis à pied ensuite. Bien que blessé, le seigneur de Carrouges réussit à faire choir Le Gris et à le tenir en respect avec son épée « Manus Dei » avant d’exécuter la justice de Dieu avec l’accord du roi. Ainsi, même sans les aveux de l’accusé, la mort reconnaissait en Le Gris le criminel. Pourtant, quelque temps après, un malfaiteur avoua ce viol parmi d'autres crimes. L'infaillibilité du duel judiciaire en fut dès lors fortement entamée.
Jehan de Carrouges continua sa carrière de chevalier au service du roi et trouva la mort en croisade contre les Sarrazins de Bajazeth, à la fameuse défaite de Nicopolis où il avait suivi son compagnon Jean II Le Meingre dit Boucicaut.
Ses trois fils, Robert, Thomas et Jean, ne ternirent point l’honneur de la famille. Ils combattirent vaillamment au prix de leur vie contre l’invasion anglaise et, du coup, se virent confisquer leur château de Carrouges au profit d’un écuyer du roi Henry V d’Angleterre, « Jean de Montoëre ». C’est Jean Blosset, fils de l'époux de l’héritière de Carrouges, qui recueillera le château après la guerre de Cent Ans.
On raconte également une légende prétendant que le château au 13e siècle aurait abrité bon nombre de chevaliers templiers et, par la suite, de l'ordre souverain de Malte, dont quelques membres de la famille De Dienne venus se mettre sous la protection du seigneur des lieux, lors de la grande rafle des Templiers le 13 octobre 1309. » [1]
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia.
[2] Extrait de http://www.chateau-carrouges.fr/
[3] Extrait de http://www.paysdalencontourisme.com/voir-faire/visiter/sites-de-visite/527715-chateau-de-carrouges
[4] Extrait de http://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-29862.html
[5] Extrait de http://monumentshistoriques.free.fr/chateaux/carrouges/carrouges.html
Bonnes pages :
O http://gite.de.mary.pagesperso-orange.fr/Carrouges%20ma%20terre%20natale.html
O http://www.chateauxfaure-et-faureteresses.com/carrouges.html
Ci-dessous fiche PDF des Monuments Nationaux :
Vidéos sur le château de Carrouges :
-
Commentaires