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LES REMPARTS DE BRETTEVILLE-DU-GRAND-CAUX (Seine-Maritime)
On trouve à Bretteville-du-Grand-Caux (canton de Goderville, Seine-Maritime) une motte féodale des 11e-12e siècles.
« Le nom de la localité est attesté sous les formes Brittam villam entre 1028 et 1033, Notre Dame de Bretteville près Godarville aux 15e et 16e, Breteville en 1687, Bretteville-la-Chaussée en 1877. Ce toponyme est issu de l'ancien français brette qui signifie « breton », mais dans son acception ancienne, c'est-à-dire « originaire de l'actuelle Grande-Bretagne ». La référence au pays de Caux dans le nom de la commune a été ajoutée en 1947. Le Grand-Caux représente la partie occidentale du pays de Caux.» [3]
Plan de situation de la motte de Bretteville-du-Grand-Caux ; blason moderne de la commune de Bretteville-du-Grand-Caux par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9483155
« Située aujourd’hui en plein champ, à 600 mètres au sud du village, la motte se rattachait primitivement à un hameau en forme de « village-rue ». Selon une disposition souvent observée en Haute-Normandie, elle ne se dressait pas au bord du chemin, mais à environ 200 m de celui-ci. On peut interpréter ceci comme la marque d’une volonté de distanciation par rapport à l’habitat paysan, ce dernier étant généralement regroupé le long de la rue.
Haute de sept mètres, la motte se présente comme un tronc de cône régulier. Le diamètre de sa plate-forme supérieure est de l’ordre d’une vingtaine de mètres. Au nord se voient les restes d’une petite basse-cour semi-circulaire, avec rempart de terre et fossé. Plus au nord s’étendait une seconde cour, de proportions plus vastes. Il n’en subsiste que la moitié ouest, le reste ayant été détruit vers 1844 pour être mis en labour. En dépit de ces lacunes, l’ensemble castral de Bretteville n’est pas dépourvu d’intérêt. Actuellement bien dégagé - le site est en prairie -, il constitue un des exemples les plus évocateurs de châteaux à motte en Haute-Normandie.
Faute de textes, une grande obscurité règne sur l’histoire de cette fortification. On sait toutefois que la terre de Bretteville fit partie du comté d’Évreux après avoir été enlevée à la cathédrale de Rouen par l’archevêque Robert (989-1037). Les comtes possédaient encore des biens dans cette localité au début du 12e siècle. Il n’est donc pas exclu que le château ait été fondé par l’un de ces personnages, peut-être Guillaume d’Évreux, grand bâtisseur de châteaux à motte à la fin du 11e siècle. » Jacques Le Maho [1]Photo ci-dessus extraite de Châteaux forts : assiéger et fortifier au Moyen Âge par Stéphane W. Gondoin ; Éditions Cheminements, 2005 - 339 pages
Ci-dessus : à gauche, une photo aérienne extraite du site Géoportail ; au centre et à droite, deux photos extraites du site Google Map.
« Bretteville-du-Grand-Caux, cant. Goderville
Il existe encore, à Bretteville, une belle motte pourvue d'une double basse-cour. L'abbé Cochet en signale une autre, qui aurait été détruite vers 1844 ; elle était, dit-il, de forme allongée, et couverte de taillis ; son emplacement fut converti en labour (S.I.H.A., p. 380.). (...)
Bretteville-du-Grand-Caux, cant. Goderville. — Parcelle cadastrale : B 161. Coord. Lambert : 219,50 — 459,35. — Fief : Fécamp, 14
La motte est située au milieu des champs, à 600 mètres au sud du village, dont elle est séparée par un petit talweg aux versants argileux où se développait encore un bosquet il y a quelques années. Son imposante masse circulaire domine de sept mètres les alentours, terminée par une plate-forme horizontale de vingt mètres de diamètre. L'abbé Cochet y vit de « fortes et épaisses murailles », qui n'existent plus. Autour s'ouvre un fossé sec, aux parois abruptes, de 4 mètres de profondeur.
La motte est côtoyée vers le nord par les vestiges d'une petite cour demi-circulaire, large de 20 mètres, que barre un talus fossoyé. Il ne reste qu'à peu près la moitié de la structure primitive, car son extrémité orientale a été nivelée pour être transformée en terre de labour.
Derrière cette cour se développait une seconde enceinte de proportions plus vastes, offrant une largeur de 30 mètres. Son rempart n'est plus qu'un bourrelet très estompé, décelable surtout en lumière frisante. Comme la première cour, elle a subi une amputation considérable lorsqu'à été agrandie la pièce de terre adjacente au site. Toutefois, il est possible de restituer en partie la silhouette de la portion manquante en s'aidant du tracé d'un chemin vicinal qui la longeait et qui figure sur le plan cadastral ancien. On constate ainsi que la cour présentait une forme de haricot, très caractéristique, enveloppant un espace dont le plus grand axe mesure environ cent mètres. Au total, l'ensemble tripartite constitué par la réunion de la motte, de la petite cour et du grand baile, s'inscrivait dans un triangle isocèle aux faces bombées, d'un demi-hectare de superficie. (...)
Robert, archevêque de Rouen et comte d'Évreux, s'attribua Bretteville, au sud de Fécamp ; entre 1028 et 1033, il en rendit la terre ainsi que l'église à la cathédrale de Rouen, restitution purement formelle puisque Bretteville faisait encore partie du comté d'Évreux au 12e siècle. » [2]
Plan ci-dessus extrait de ce même document.
Sources :
[1] Extrait de https://mondes-normands.caen.fr/france/patrimoine_architectural/normandie/Pays_caux/goderville/0416BrettevilleGrandCaux/index.htm
[2] Extrait de L'apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale par Jacques Le Maho ; Archéologie médiévale, année 1976, 6 pp. 5-148 https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307
[3] Extrait de Wikipédia
Bibliographie
O J. Le Maho, « L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l’époque ducale », Archéologie Médiévale, t. VI, 1976, p. 10, 14, 112 et 130-1 ; Id., « Parcs et courtils – Observations sur l’environnement des châteaux de terre et de bois en pays de Caux aux 11e et 12e siècles », actes du 105e Congrès national des Sociétés savantes, Caen, 1980, Archéologie, p. 179-180. https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307
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