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LES REMPARTS D'OLONDE (Manche)
« Le château d'Olonde est une demeure historique de la Manche, située à Canville-la-Rocque. » [1]
« Situé sur la commune de Canville-la-Rocque, près du croisement des routes de Portbail à Saint-Sauveur-le-Vicomte et de Barneville-Carteret à La Haye-du-Puits, le château d’Olonde dont l’histoire commence au 11e siècle, est un des monuments des plus emblématiques du Clos du Cotentin. » [2]
" Canville-la-Roque, cant. La Haye-du-Puits. - Lieu-dit : Château d'Olonde (Gerville C., 1825, 193). - Coord. Lambert : 190, 20-310, 30. - Fief : Néhou. Le château d'Olonde est situé hors du village de Canville-la-Roque, sur le bord de la route qui va de Portbail à Saint-Sauveur-le-Vicomte. A quelques dix mètres du manoir actuel datant du 16e, on remarque plusieurs élévations distinctes : tout d'abord une petite motte de forme ovale d'à peu près quatre mètres de haut et dix mètres de long, puis séparée de cette motte par un chemin, une deuxième élévation d'une vingtaine de mètres de long et de deux mètres de haut. Cette deuxième élévation a une forme incurvée qu'épouse le tracé du chemin. Le chemin, aménagé pour permettre le passage des bestiaux, était un fossé alimenté en eau par un petit ruisseau le Gris, contre lequel s'appuient ces élévations. Ce fossé devait être récent, les deux élévations devaient vraisemblablement faire partie d'une seule et même motte. Ce site est très intéressant. Outre le manoir du 16e et ces élévations, subsistent, accolées au manoir actuel, les ruines encore très importantes d'une autre construction vraisemblablement du 14e siècle. " [8]
« Entre Portbail la gallo-romaine et Saint-Sauveur-le-Vicomte la forteresse, ce château habité, encore propriété de la famille d'Harcourt, a une longue histoire : château fort sur une motte féodale au bord du ruisseau l'Olonde, détruit en 1204 et reconstruit au 13ème ; Marie de France poétesse du 12ème y aurait passé son enfance et Barbey d'Aurévilly en a fait le cadre d'un de ses grands romans « Une histoire sans nom ». C'est, au bord de la D15, une belle surprise de voir ces tours de contes et légendes. (propriété privée mais visible de la route) [3]
Plan de situation du château d'Olonde à Canville-la-Rocque ; blason de la famille d'Harcourt, marquis d'Ollonde par User:SpedonaCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2697928
Histoire
« Au moyen-âge, la seigneurie d'Olonde appartint aux familles de Magneville, d'Argences, puis Néel. Possession aux 14ème et 15ème siècles de la famille Paynel, elle se transmet par alliances, à la fin du 15ème siècle aux Bouchard d'Aubeterre, puis au 16ème siècle à la branche aînée de la Maison d'Harcourt, qui la conserve jusqu'à la Révolution et tient encore aujourd'hui les restes du château. » [4]
« Château d'ollonde à Canville. Il est indubitable qu'un seigneur de Canville était à la conquête d'Angleterre qu'il eut dans ce royaume des concessions très étendues, et que sa famille joua un grand rôle dans ce pays jusqu'au règne d'Édouard II. (...)
Dans le registre des fiefs de Normandie sous le règne de Philippe Auguste, on voit que le château d'Ollonde à Canville, relevait avant ce règne de la baronnie (de honore) du Plessis dont le chef-lieu, comme nous le verrons bientôt, était très-voisin de celle de la Haie-du-Puits. »Tandis que notre province était encore sous la domination des descendants de Guillaume le Conquérant Gérard de Canville, qui joua un rôle important en Angleterre où il avait de grandes possessions avait aussi des seigneuries en Normandie. Gérard et Richard de Canville souscrivirent à Valognes, avec plusieurs seigneurs du Cotentin, une chartre du roi Henri II, en faveur de l'abbaye de Savigny. (...) Parmi les possesseurs du château d'Ollonde postérieurs à Philippe-Auguste, je trouve en 1257 Thomas Néel, filius Johannis militis, qui confirme à l'abbaye de Saint-Sauveur les donations faites par ses prédécesseurs et dépendantes de cette seigneurie.
Vers le milieu du 14e siècle, Jeanne Bertrand héritière de la baronnie de Briquebec, épousa Guillaume Paisnel, baron de Hambye et seigneur d'Ollonde.
En 1467, France, fille de Guy, baron de Mareuil en Angoumois et de Philippe Paisnel dame d'Ollonde, épousa Philippe d'Harcourt et mourut sans enfants.
Jacques d'Harcourt, cinquième fils de Jean seigneur de Bonnestable, qui mourut en 1550, avait épousé Elisabeth Bouchard d'Aubeterre dame d'Ollonde fille de Louis Bouchard, dit le chevalier sans reproche, et de Marguerite de Mareuil.
Depuis ce temps la branche d'Ollonde fut distincte du reste de la famille d'Harcourt (...) » [5]Blason de la famille de Canteville par Gilloudifs ; blason de la famille de Magneville extrait de https://www.le-petit-manchot.fr/hambyla-haye-du-puitsla-haye-paysnel/blasons/articles/1407/ ; blason de la famille Néel par Gilloudifs ; blason de la famille Paynel par ArocheCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2817264 ; blason de la famille Bouchard d'Aubeterre par SanglierT — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15349156
« … Le château d’Olonde a peut-être été le cadre de l’enfance de Marie de France, poétesse qui a vécu au 12e siècle et qui représenta « la quintessence de la poésie courtoise médiévale en portant à la perfection la technique des « lais », petits poèmes » romantiques sur des sujets inspirés de la littérature traditionnelle bretonne. » [6]
« La propriété a vu se succéder d’importants personnages depuis les Magneville au temps des ducs de Normandie jusqu’aux d’Harcourt qui le possèdent depuis le début du 16e siècle. Malgré les remaniements effectués jusqu’au 19e siècle, ses maçonneries ont gardé l’empreinte d’une exceptionnelle salle romane très tôt habillée d’une enceinte défensive. » [2]
Ci-dessus : à gauche, plan extrait du cadastre napoléonien ; à droite, photo aérienne extraite du site Géoportail.
« Une histoire sans nom »
« Il appartient toujours à la famille d’Harcourt. On ne s’étonnera pas que Barbey d’Aurevilly en ait fait le cadre d’une de ses plus grands romans, « Une histoire sans nom » (1882). Barbey d’Aurevilly nous fait vivre l’histoire inqualifiable « ni diabolique, ni céleste mais aussi sans nom » d’une demoiselle d’Olonde enlevée par un capitaine au régiment de Provence, stationnée à Saint Sauveur-le-Vicomte et qui revient habiter son château pour échapper à la honte et au déshonneur en pleine Révolution Française :
« La baronne de Ferjol, de son nom Jacqueline-Marie-Louise d’Olonde, s’était éprise du baron de Ferjol, capitaine au régiment de Provence (infanterie), dont le régiment, dans les dernières années du règne de Louis XVI, avait fait partie du camp d’observation dressé sur le mont de Rauville-la-Place, à trois pas de la rivière la Douve et de Saint-Sauveur-le-Vicomte, qui ne s’appelle plus maintenant que Saint-Sauveur-sur-Douve, comme on dit Strafford-sur-Avon. Ce petit camp, dressé là en prévision d’une descente des Anglais sur la côte qui menaçait alors le Cotentin, n’était composé que de quatre régiments d’infanterie, placés sous le commandement du lieutenant-général marquis de Lambert. Ceux-là qui auraient pu en garder le souvenir sont morts depuis longtemps, et l’immense bruit de la Révolution française, passant par-dessus cet infiniment petit de l’Histoire, l’a fait oublier. Mais ma grand’mère, qui avait vu ce camp, et qui en avait reçu somptueusement tous les officiers chez elle, en parlait encore dans mon enfance avec l’accent qu’ont les vieilles gens, quand ils parlent des choses qu’ils ont vues. Elle avait fort bien connu le baron de Ferjol, qui avait tourné la tête à Mlle Jacqueline d’Olonde, en dansant avec elle, dans les meilleures maisons de Saint-Sauveur, petite ville de noblesse et de haute bourgeoisie, où l’on dansait beaucoup alors. » [6]
Ci-dessus, portrait de Jules Barbey d'Aurevilly en 1882 par Émile Lévy. Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2993034
« Dans Sérotonine, l'écrivain Michel Houellebecq s'est emparé de ce haut-lieu historique normand comme symbole d'un monde très ancien et révolu face à la modernité. » Extrait de WikipédiaConsulter à ce sujet : https://unchateaudansle93.wordpress.com/2019/01/29/une-histoire-sans-nom-de-jules-barbey-daurevilly/
Architecture
« Situé près du carrefour de la D903 et de la D15, sur la gauche en se dirigeant vers Saint-Sauveur-le-Vicomte. A l’origine, château-fort construit sur une motte féodale entourée de douves et de murs dont certaines parties subsistent, il appartenait aux seigneurs de Canville et d’Olonde. Démoli en 1204 sous Philippe Auguste puis reconstruit sur l’ancienne motte féodale, les ruines actuelles et les éléments restés debout sont encore impressionnants. Les fenêtres à croisées de pierre, les tourelles en encorbellement avec leurs toits coniques évoquent le 16e.
Des ouvertures de défense sont pratiquées dans les tours. Le manoir qui a été restauré dans le corps principal de bâtiments a encore très belle allure. » [7]
Photo ci-dessus extraite de http://alain50fr.canalblog.com/archives/2014/11/11/30935458.html
« Ce dernier se compose de vestiges d'un édifice des 11ème et 12ème siècles, un grand corps de logis auquel était accolé une chapelle, le tout cerné d'une épaisse muraille. L'emplacement de cet édifice est aujourd'hui occupé par des constructions du 15ème au 19ème siècles, un corps de logis du 15ème siècle, en ruine, accolé à un autre corps de logis, reconstruit au 19ème siècle, un pavillon contenant un escalier et un autre pavillon, aménagé au 17ème siècle en habitation, mais aujourd'hui découvert. Plusieurs dépendances accompagnent cet ensemble. » [4]
« Il est construit dans le premier quart du 16e siècle. Il a été très transformé depuis. Il conserve des vestiges du château du 12e siècle ; vestiges de la reconstruction du début du 16e siècle (dont deux tours carrées) ; logis reconstruit au 18e siècle ; assiette de l'ancien jardin du 18e siècle et le bois. La demeure du fermier est « d'esprit 18e ». [1]
« Ce qui reste d'habitable au château d'Ollonde est converti en une ferme dont la construction remonte pour la majeure partie au 16e siècle. Ce bâtiment ainsi que ceux de ce temps, est plus pittoresque que commode à habiter en arrière il est flanqué de tours carrées qui semblent avoir été entièrement calculées pour la défense. Ces tours et leurs courtines qui forment des angles saillants et rentrants me semblent plus anciennes que la maison manable mais un peu plus loin on remarque plusieurs mottes ou élévations de terrain, qui formaient je pense l'emplacement du château primitif, dont on voit des pans de murs démolis et dispersés dans les fossés, qui sont encore profonds vers le couchant, et qu'on pouvait remplir d'eau très-facilement. Au lieu d'une motte simple et conique, comme celles qui indiquent généralement la place des châteaux du moyen âge, et plus particulièrement ceux du temps de la conquête, on voit ici plusieurs petites élévations rangées irrégulièrement, et en apparence indépendantes les unes des autres. Seraient-ce les restes d'une ancienne enceinte ?
L'emplacement ou existait cette forteresse est sur une élévation à l'angle formé par la réunion d'un ruisseau à la petite rivière de Gris ; justement à la limite des arrondissements de Valognes et de Coutances.
A l'entrée de la cour vers le levant, on retrouve les restes de deux tours jadis destinées à en empêcher l'accès aux ennemis.
Le donjon, les tours de différentes formes qui composent une partie du château d'Ollonde l'aspect peu commun de ces tours quarrées qui flanquent les derrières de l'enceinte, forment une réunion plus confuse que pittoresque. L'effet de l'ensemble est imposant, mais peut-être singulier et incohérent. (...) » [5]Photo à gauche extraite du site http://photograff.blogspot.fr/2007/09/le-chteau-dollonde-cadre-dune-histoire.html ; photo au centre extraite de http://alain50fr.canalblog.com/archives/2014/11/11/30935458.html ; photo à droite : cliché J. Barros https://patrimoinesurtainvillais.wordpress.com/2014/06/24/conference-sur-le-chateau-dolonde/
Protection :
« Il est inscrit comme Monument historique (MH) depuis le 29 novembre 2000. Sont protégés : l' assiette de l' ancien château, y compris les douves et la motte ; l' ensemble des bâtiments castraux, à savoir : les vestiges du château du 12e siècle, les façades et toitures des corps de logis du 16e siècle et du 18e siècle, les tours ouest et nord, en totalité, à l'exclusion des communs modernes ; les façades et toitures du commun est surplombant la douve, avec ses latrines. » [1]
Sources :
[1] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_d%27Olonde
[2] Extrait de https://patrimoinesurtainvillais.wordpress.com/2014/06/24/conference-sur-le-chateau-dolonde/
[3] Extrait du Numéro du petit patrimoine : 50097_1 http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=50097_1
[4] Extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Canville-la-Rocque
[5] Extrait de l'article sur « Les Châteaux de la Manche » par Charles de Gerville in Les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie ; Mancel (Caen) / Ponthieu et Delaunay (Paris) ; 1825. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2000414/f238.item.r=Gerville%20ch%C3%A2teaux%20de%20la%20Manche.texteImage http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article11809
On trouvera également l'article de Gerville à cette adresse : http://rempartsdenormandie2.eklablog.com/anciens-chateaux-de-la-manche-par-gerville-arr-coutances-1-a212347843
[6] Extrait de https://www.le-petit-manchot.fr/cc-12-03-canville-la-roque-chateau/articles/
[7] Extrait de http://www.crdp.ac-caen.fr/Spip/IMG/pdf/didacdoc_6_aveu-olonde.pdf
[8] Extrait de Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe-XIIe siècles). Étude historique et topographique. In : Archéologie médiévale, tome 12, 1982. pp. 175-207 par Florence Delacampagne - https://doi.org/10.3406/arcme.1982.1086
Bonnes pages :
O http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=50097_1
O http://alain50fr.canalblog.com/archives/2014/11/11/30935458.html
O http://photograff.blogspot.fr/2007/09/le-chteau-dollonde-cadre-dune-histoire.html
O http://www.crdp.ac-caen.fr/Spip/IMG/pdf/didacdoc_6_aveu-olonde.pdf
O http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article10293
O https://www.le-petit-manchot.fr/cc-12-03-canville-la-roque-chateau/articles/
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