• LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

              Cette fois-ci, je me lance dans une étude pointue en partant de différents plans... Primo, je place le plan du château de Valognes en 1687 sur un plan de la ville de 1767 où figure la place du Château (place sans son château puisque celui-ci est en cours de destruction depuis 1689) ; secundo, j'ajoute par-dessus le plan de Valognes de nos jours, ville en partie détruite lors de la Seconde Guerre Mondiale. Tertio, je fais coïncider tout cela et j'obtiens finalement le tracé possible du château dans la ville d'aujourd'hui... L'archéologue qui vient en 2016 de se pencher sur les éléments de cet ancien castel me donnera-t-il tort ? C'est une proposition, l'enquête est à suivre...

         Sinon, je n'ai pas trouvé trace de l'existence de remparts pour la ville de Valognes...  [NdB]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

    A gauche superposition du plan du château de 1687, du plan de 1767 et des voies actuelles de la ville de Valognes ; à droite plan d'aménagement de la place du château au 18e siècle extrait de http://closducotentin.over-blog.fr/article-valognes-et-la-fortune-des-nobles-65980395.html et plan de la place du château et plan du château extrait de http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html


     

     LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)  LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

    Plan hypothétique de l'emplacement du château de Valognes ; Blason par User:SpedonaCette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8014442 

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)     « Valognes fut d’abord un village gaulois du nom d’Alauna. Au premier siècle de notre ère, une colonie romaine s’y installe ; Valognes devient un centre administratif important ce dont témoignent aujourd’hui les ruines des thermes

     [carte postale ci-contre à gauche]

    et l’emplacement du théâtre.
         La ville est abandonnée dès le 3ème siècle, sans doute ruinée par les invasions barbares. La population s’installe alors sur les rives du Merderet, à l’emplacement actuel de la ville. »
    [6]


    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)     « Après les invasions scandinaves des 9e et 10e siècles, Valognes entre dans l'apanage des ducs de Normandie. La ville se concentre autour du manoir ducal et de l'église paroissiale, établis en bordure de la rivière du Merderet. »
    [6]

         « Les premières mentions du château remontent au 11e siècle. » [2]

         « Le domaine de Valognes apparaît dans un document daté des environs de 1026 avec le titre de " curtis ", c'est à dire une cour, un lieu de pouvoir et d'exercice de la justice ducale. » [4]

     

         « En 1047, Guillaume, alors âgé de dix-neuf ans, y est averti d'une conspiration ourdie contre lui par les chevaliers de la Normandie occidentale. Il s'enfuit vers le Bessin en traversant nuitamment la baie des Veys, et gagne Falaise. Avec l'aide d'Henri Ier, il remporte la victoire au Val-ès-Dunes. » [1]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

     1047 à Valognes : « Tandis que Guillaume participe à une chasse, ses barons complotent contre lui. Heureusement pour le jeune duc, Golet le prévient avant l'arrivée des conjurés. » 2 dessins extraits du blog « Telle une Tapisserie » :  http://telle-une-tapisserie.eklablog.com/la-vie-de-guillaume-le-conquerant-02-a112524080

     

         « Guillaume revient à Valognes au début de son mariage avec Mathilde, en 1050. » [2]

     

         « Vers 1060, la ville voit également l'installation d'un manoir épiscopal, sur un vaste domaine offert par Guillaume le Conquérant à l'évêque de Coutances. » [3]

     

         « Sous le règne du Conquérant à de Henri II Plantagenêt, ce site constitue un lieu de résidence princière fréquemment attesté, contenant aula, camera et capella. » [4]

     

         « Au 12e siècle, Valognes reste un lieu de pouvoir important, relais fréquent des ducs lors de leurs déplacements entre la Normandie et l'Angleterre, via le port de Barfleur. Après l'annexion de la Normandie par Philippe Auguste, en 1204, la cité est intégrée au domaine des rois capétiens. » [3]

     

         « Après 1204 Valognes n'est jamais cité au nombre des forteresses capétiennes et le Pouillé de 1332 évoque encore la " capelle manerii domini regis " (la chapelle du manoir du roi). Les chroniques relatives à la chevauchée anglaise de 1346, lors du déclenchement de la guerre de Cent ans, maintiennent encore cette définition résidentielle, indiquant que le roi Édouard III vint reposer durant la nuit du 18 juillet non dans un château mais dans le " manoir du duc de Normandie ". [4]

     

         « Édouard III, descendu à la Hougue, vint coucher à Valognes le 18 juillet 1346 ; il quitta cette ville le lendemain, mais une partie de son armée, qui était allée pour s'emparer par surprise de Cherbourg, et qui n'avait pas réussi, pilla Valognes en revenant et y brûla plusieurs maisons. » [5]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)     « Lors de la guerre de Cent ans, suite aux traités de Mantes (1354), Valognes et le Clos du Cotentin entrent en possession de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Ce dernier fortifie l'ancien manoir ducal et y établit ses garnisons. » [3]

     

    Ci-dessus, vue en élévation du château de Valognes avant destruction, conservé à la Bbh de Pont-Audemer, extrait du site : http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html

     

         « En 1355, un traité est signé entre Charles le Mauvais et le roi de France, Jean le Bon. » [1]

     

         « Par la suite, et jusqu'à la Guerre de Cent ans, le château subit plusieurs sièges et passe de mains des Anglais et des Navarrais à celles des Français, et réciproquement. » [2]

     

         « Charles V, qui venait de monter sur le trône, y envoya Du Guesclin après la bataille de Cocherel (16 mai 1364). Le connétable donna le commandement d'une partie de son armée à Guillaume Broussel, qui tua deux cent cinquante Anglais auprès de Valognes, le reste se réfugia dans la ville qui fut aussitôt investie. Masseville dit que le siège fut conduit par Olivier de Mauny, duquel descendent, par les femmes, les Grimaldi, princes de Monaco. Du Guesclin somma le gouverneur de se rendre ; après quelques hésitations, il abandonna la ville et se retira dans le château, qui passait pour être imprenable. On en fit le siège en règle, après avoir d'abord occupé la ville ; l'emploi des pierriers que Du Guesclin avait fait venir de Saint-Lô ne produisit aucun effet ; il en fut de même de la mine ; les assiégés essuyaient avec un linge les endroits frappés par les pierriers et blâmaient en riant les assiégeants de « gaster » leurs belles murailles : malgré cela, après plusieurs sommations, le gouverneur se rendit ; il sortait avec la garnison quand les Français insultèrent les vaincus par des huées ; huit chevaliers anglais, indignés de cet affront, rentrèrent dans le château, s'y barricadèrent de nouveau et forcèrent Du Guesclin à recommencer le siège ; la place fut prise d'assaut et les huit Anglais y périrent (10 juillet 1364). » [5]

     

         « Le récit de Cuvelier, qui rapporte ces événements, évoque tantôt le " chastel et riche donjon ", la " forte mansion " ou la " tour qui fut hault levée ", que l'on ne pu miner " car li chastiaux estoit dessus roche séant ". L'exactitude de ces informations restant sujette à caution, de meilleures précisions sont à attendre des comptes de travaux menés durant la même année. Selon l'usage, ces derniers évoquent indifféremment le " fort " ou le " chastel " de Valognes, mais mentionnent avec précision " la grosse tour nuefve et la ronde ", ainsi que la " tour devers Loquet " devant contenir " certains mesnages " édifiés par des charpentiers commis à cet effet. D'autres travaux sont attestés au cours des années suivantes et durant l'occupation anglaise de la première moitié du 15e siècle, mais le contenu des quittances offre peu de nouvelles informations sur la composition de l'édifice. » [4]

     

    « Sièges et prises des Châteaux de Valognes, de Carentan et des Ponts d'Ouve, 1364.

     

          Il n'est point d'histoire générale de France ou de Normandie, point de chronique locale, à plus forte raison point de mémoires particuliers en l'honneur du héros, qui ait omis le passage de Duguesclin dans notre contrée. Aucun fait principal de ses rapides opérations militaires n'y est inconnu, et même l'on peut dire que nos premiers conteurs, auxquels l'historien revient aujourd'hui comme à toute source naturelle, se sont étendus complaisamment sur une foule de particularités qui s'y rattachent. Cela suffirait pleinement à l'histoire, que le pays où ces événements se sont accomplis, pardonnerait peu, s'il y en avait d'omises, qu'on le frustrât des plus petites circonstances, dont sa fierté indigène, ou simplement sa curiosité, sait apprécier l'importance. Tels sont pourtant, malgré leur complexité, les récits où le grand nom de Bertrand Duguesclin se trouve mêlé à nos chroniques locales. S'il a fait un pas, s'il a proféré une parole sur ce sol que nous foulons, et que l'histoire ait négligé de nous le transmettre nous voulons le savoir. Pour satisfaire ce désir légitime que d'autres partageront avec nous, nous avons donc remonté à la source, restée depuis dans une sorte de mépris et d'oubli, où il est sensible de voir pourtant que les historiens sont allés puiser tour-à-tour, quand ils ne se sont pas répétés eux-mêmes. Ce monument historique, le plus ancien que nous ayons sur la vie du fameux connétable, est un énorme poème de vingt-cinq mille vers, non moins, sorti de la plume féconde d'un trouvère picard du XIVe siècle, appelé Cuvelier, et dont le gouvernement français a ordonné, il y a un an, la publication. A l'aide de ses longues tirades, uniformément rimées, et des variantes du manuscrit dit de Trueller qui l'accompagnent nous allons reprendre le récit d'un des épisodes de la guerre de succession contre les Anglais, qui nous est particulier ; et sans oublier les autres chroniques qui peuvent le compléter, nous allons tâcher, par la reproduction du langage attribué aux divers personnages dans le poème presque contemporain, de rendre aux hommes et aux choses la physionomie qui leur est propre, et qui nous semble, par une délicatesse d'expression, avoir été plus d'une fois altérée. La glorieuse victoire de Cocherel venait d'être remportée sur les Anglais, par Duguesclin, le jour même du sacre de ce roi dont il devait, suivant la ballade, rehausser si noblement l'escu d'azur à trois fleurs de lis d'or. Purger la Normandie des débris des bandes Anglo-Navarraises, les rejeter à la mer, leur ravir successivement tous les points que la trahison de Charles-le-Mauvais leur avait livrés dans notre presqu'île voilà ce que, sans s'attarder après sa victoire, l'infatigable Breton commanda de faire à son armée. Son serment juré par Jésus-Christ, roi du Paradis, qu'il ne sortirait du Cotentin, que quand le dernier Anglais en aurait été chassé, il fit de suite filer ses troupes sur Valognes, dont l'ennemi était depuis longtemps en possession. Guillaume Boitel commandait l'avant-garde, tandis qu'au gros de l’armée, sous les ordres du connétable, on remarquait les frères Ollivier et Alain de Mauny, le comte d'Auxerre le Chevalier-le-Ver, Eustache-de-la-Houssiac, le Bègue-de-Villaines et Alain-de-Beaumont. Aux approches de la ville, l'avant-garde tomba dans une embuscade ; mais s'étant relevée vigoureusement, elle tua de 120 à 140 hommes aux Anglais et les mena battant jusques dans la place, où ils jetèrent l'épouvante. Aux cris de fermez les portes ; voici le diable qui vient, Bertrand sans merci, Bertrand, cœur de serpent ! partie de la population se jeta aussitôt dans les bois d'alentour, tandis que l'autre se mit à couvert derrière les murailles du château. La ville, comme on le sait, était ouverte ; mais son château, qui renfermait, au dire de notre chroniqueur une tour bâtie par Clovis, était loin d'être, d'après le même, une bicoque indigne d'une armée royale, ainsi qu'on le lit dans la chronique de Le Febvre, prévôt et théologal d'Arras. Ce chastel était bon et noblement fondé. Aussi ne se rendit-il pas à la première sommation.

          Un quart-d‘heure après la rentrée de la garnison, et sans qu'elle eût eu le temps de faire d'autres préparatifs de défense que d'envoyer précipitamment à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Carentan, avertir les troupes anglaises qui y séjournaient, du mouvement de Duguesclin, l'investissement en avait lieu, et l'armée française se logeait dans tous les hôtels de la ville. Cependant Duguesclin, ayant fait crier par les siens au gouverneur de ne jeter aucun trait, et s'étant avancé, à portée de voix, sur le revers du fossé, le pourparler suivant s'engagea entre les deux chefs !

          - Châtelain, il me faut la place et son riche donjon. A ces conditions vous aurez vie sauve ; mais, si je les prends de force, je vous ferai mourir comme des larrons.

         - Pour avoir la place, répondit le gouverneur, dont le nom est resté inconnu, mais qui, d'après Cuvelier et Trueller, appartenait à une puissante maison d'Angleterre, il faut la prendre ; or, je ne vous estime pas la valeur d'un bouton ou d'une glane d'ognon, et jamais vous n'y mettrez le pied tant que j'en aurai la garde.

         - J'entends votre raison, répliqua Bertrand, irrité sans doute de cette injure ; mais que, vous veuilliez ou non j'aurai le châtel, et une fois que je l'aurai, je vous tordrai â tous la tête sous le menton, si bien que vous n'aurez jamais besoin de chaperons pour vous couvrir la nuque.

          Après ces provocations réciproques, il ne restait plus qu'à se disposer de part et d'autre, à l'attaque et à la défense. Les archers échangèrent aussitôt quelques volées d'arbalètes. Mais ce fut en pure perte de la part des assiégeants. La tour du château, gardée par cent soudoiers, tout couverts de casques, et les remparts, bien pourvus de projectiles, convainquirent bientôt le connétable de l'inutilité de ces premiers efforts. Afin de les rendre plus efficaces, on fit venir six engins de Saint-Lo, et on les mit immédiatement en batterie. Mais cette tentative plus sérieuse n'amena encore aucun résultat. Les murs étaient tellement solides qu'ils pouvaient braver le choc des plus gros blocs de pierre, lancés par ces machines. L'insolence des assiégés s'accrut alors de la pure stérilité de l'attaque, et ils en firent une dérision. Sitôt que le pierrier était mis en jeu, une de leurs sentinelles placée dans la guérite du donjon, agitait une cloche pour avertir les assiégés, et, après le coup, un d'entre eux essuyait avec une serviette blanche, la place qui avait été touchée en criant aux assiégeants. Vous avez grand tort de noircir nos belles pierres.

          La mine que l'on tenta ensuite de pratiquer fut bientôt abandonnée, à cause de la nature du sol de carrière sur quel le château était construit.

          Ces difficultés ayant rebuté la plupart des chefs de l'armée française, Duguesclin les rassembla en conseil, et leur proposa de renoncer au siège comme étant impraticable dans l'état actuel de ses ressources. De tristes nouvelles venaient, dit-il, de lui arriver de Bretagne. Le château d'Auray était en ce moment tenu en échec par le comte de Montfort, avec l'assistance de Jean Chandos et de Robert Knole ; et il était de la dernière importance de conserver cette place à Charles de Blois. La gravité des événements commandait ainsi cette diversion. Mais les seigneurs ayant répondu : que quand ils seraient aux ordres de Charles de Blois, Ils sauraient les exécuter, et qu'étant pour le moment à ceux du duc de Normandie, il était de leur honneur de faire rentrer le château de Valognes sous sa domination, il fut résolu, que, quoiqu'il en coutât, on l'emporterait. L'assaut fut donc immédiatement donné. Le gouverneur cependant, qui de son côté avait tenu conseil, et que les menaces de Duguesclin commençaient à intimider s'étant montré aux créneaux, et ayant réclamé une conférence, celui-ci dirigea son cheval du côté du fossé, et prêta l'oreille. Voulez-vous entrer en marché, dit-alors le gouverneur, comptez-moi trente mille florins, et le château est à vous.

          — Par ma foi, châtelain, point de chicanes, répondit Duguesclin. Je vous ai dit ma résolution, et jamais vous n'embourserez un denier de moi. S'il faut rester ici tout un an, et y geler tout l'hiver, nous y resterons et nous y gèlerons. Et par Dieu du reste les bons hôtels ne nous manquent pas ici. Je les ferai garnir de pain et de bon vin clairet. On fera de menue provision de chair fraiche qu'on salera au besoin, et nous nous chaufferons à notre aise avec tous ces bois-là. Mais quand viendra l’été, si je vous puis attraper, par la Vierge Marie, faites compte de la pendaison. Je n'ai en attendant que six engins ; mais j'en aurai deux fois autant dans quinze jours, et il n'en restera pas un à Caen, si d'ici à trois jours vous ne vous êtes rendu à devoir. Passé ce délai, je ne vous ferai pas courtoisie.

         Frappé de ce ton d’assurance, le gouverneur demanda un armistice, d'un instant pour aller en conférer avec les siens. Or, après leur avoir remontré que ce serait folie à eux de s'obstiner à défendre plus longtemps le château contre l’armée de Duguesclin, il rapporta bientôt pour réponse que la capitulation aurait lieu à la condition qu'on aurait vies et bagues sauves, et que chacun pourrait se retirer en toute sureté avec ses richesses, où il lui conviendrait d’aller.

          « Par la foi que je dois à St-Denis, je vous tiens pour sages répondit Duguesclin, et il alla aussitôt annoncer cette heureuse nouvelle aux seigneurs de sa suite. Le lendemain, après le soleil levé, la porte du château fut ouverte et le pont-levis abattu. La garnison alors évacua la place et se dirigea, partie sur Cherbourg et partie sur St-Sauveur. Mais au moment où les clefs étaient apportées, les troupes françaises, sans respect pour les vaincus, voulurent répondre par une moquerie à celle qu'ils avaient impatiemment endurée, et s'oublièrent jusqu'à poursuivre de leurs huées les présomptueux défenseurs du château. Il était impossible que cet affront ne soulevât dans le cœur de ces derniers chevaliers du 13e siècle, qui portaient haut la tête et savaient s'estimer, quelque noble indignation. Il s'en trouva huit qui la ressentirent en même temps. Amis, amis, s'écria l'un d'eux, pour des gentilshommes, voilà trop de bonté, et ce fait nous sera reproché toute notre vie. Pour moi, j'ai maintenant plus cher d'être mort que de rendre jamais ce château. Il y a des vivres pour plus de dix mois, rentrons et gardons-le bien, si vous voulez m'en croire. Commandez ! répondirent les autres, et aussitôt ils rentrèrent dans la place. En ce moment Duguesclin, accompagné de ses chevaliers et de ses écuyers, s'avançait couvert d'une éclatante armure, pour assister à sa reddition. Mais avant qu'il fût arrivé sur le glacis, la porte s'était déjà refermée. Etonné de ce contre-temps, il n'en poussa pas moins en avant, et arriva en présence du petit groupe d'Anglais réuni aux créneaux. Mais ouvrez donc i ouvrez ! cria-t-il en même temps. Par quels mille diables êtes-vous retournés ? Si vous avez oublié quelque chose, emportez-le donc ; vous avez bon congé.

          — Sire, allez-vous-en, répondit-on du château. C'est trop longtemps se moquer et gaber de nous. Jamais vous n'aurez ce château tant qu'il y aura dedans âme qui vive. Ceux qui sont partis étaient de trop, et ne nous servaient à rien. Nous sommes huit et c'est assez. Nous avons ce qu'il faut de vivres, et l'août se passera sans que nous soyons affamés. Ainsi prenez vos mesures : vous ne mettrez jamais le pied ici tant qu'il y aura à manger. Certes, gars, répliqua le Breton colère, vous mentez, Je souperai ici ce soir, et vous jeûnerez dehors. Il n'avait pas dit, que le cri à l'assaut I à l'assaut ! retentit dans tous les rangs de l'armée, française, et que la trompette sonna la charge. Pendant que les arbalétriers font pleuvoir une grêle de traits, les autres soldats plantent leurs échelles contre les murs et les frappent à coups de houes et de marteaux. Mais c'est à peine s'ils parviennent à en faire voler quelques éclats, tant les pierres sont dures et bien liées ensemble. L'assaut va manquer comme les autres, lorsqu’heureusement on découvre une porte secrète, de fer qui communique du rempart au donjon. On saisit aussitôt cette ressource, et la porte rompue, livre bientôt passage aux assiégeants.

         C'est en vain que les huit braves réunissent leurs efforts et se font un dernier rempart de leurs épées, les pennons de Duguesclin sont déjà plantés sur le donjon : et tant est compacte la foule qui les serre et les étreint, qu'ils ne peuvent pas même y trouver la mort glorieuse qu'ils ambitionnent. Ici le trouvère Cuvelier se tait, sans essayer comme on l'a fait après lui, de justifier Duguesclin et de pénétrer ses sentiments. 

         Après avoir dit qu'ils furent conduits devant le château et décapités tous huit, il ajoute seulement qu'ils n'auront plus besoin désormais de chaperons à leurs têtes. C'était ce qu'avait juré Duguesclin. » [8]

     

         « Le traité de Guérande, conclu le 12 avril 1365, remit Valognes entre les mains du roi de Navarre, qui le posséda jusqu'en 1378. Valognes, commandé par Guillaume de la Haie, se soumit le 26 avril 1378 à Du Guesclin, à Charles de Navarre et au duc de Bourgogne ; la garde en fut confiée à Jean de Siffrevast. » [5]

     

         « La seconde phase de la guerre de Cent ans, marquée entre 1418 et 1450 par l'occupation des armées anglaises, est moins mouvementée. Seuls les trois sièges successifs de 1449 et 1450 entraînent leur nouveau lot de morts et de destructions. » [3]

     

         « Au mois de mars 1450, Thomas Kiriel, débarqué à Cherbourg, qui appartenait aux Anglais, avec 3.000 soldats, vint assiéger Valognes ; cette ville était défendue par Abel Rouault, gentilhomme du Poitou ; après trois semaines de siège, il fut forcé de se rendre (12 avril). Quand le comte de Clermont, qui venait à son secours, apprit cette nouvelle, il se retira dans le Bessin ; Thomas Kiriel, après la prise de Valognes, alla se faire battre à Formigny, le 15 avril, par le connétable de Richemont et le comte de Clermont. Le temps qu'il passa à faire le siège de Valognes contribua puissamment au gain de la bataille, parce qu'il permit aux Français d'empêcher la jonction des deux armées anglaises. [5]

     

    Photo ci-dessus : restitution sous forme de maquette de l'aspect du château à la fin du 17e siècle, http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html

     

         Valognes ne tint pas longtemps après la bataille de Formigny ; le comte de Dunois s'en empara presque sans coup férir, et les cent cinquante Anglais qui formaient sa garnison se retirèrent à Cherbourg, qui fut pris lui-même le 12 août de la même année. » [5]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)     « La ville, offerte en apanage à Jeanne de France, fille du roi Louis XI, connaît un net essor à compter de la seconde moitié du 15e siècle. Tandis que le château et l'église paroissiale sont partiellement reconstruits, qu'un hôtel Dieu et un couvent de moines cordeliers sont fondés, l'artisanat du cuir et du drap se développe et les premiers hôtels particuliers apparaissent. Ce mouvement se prolonge tout au long du siècle suivant, sans que la violence des guerres de Religions ni les conflits de la Ligue ne compromettent le rang de petite capitale économique et administrative que Valognes avait désormais acquis. » [3]

     

         « La ville abrite à partir du 15e siècle plusieurs congrégations religieuses : des Franciscains de 1469 à la Révolution, des Capucins de 1630 à la Révolution, des Bénédictines de 1626 à 1792, puis à nouveau en 1810. » [1]

     

         « 1573 : le château est assiégé par le comte de Montgommery, chef des protestants. Il résiste pendant vingt-quatre jours, sans céder. » [2]

     

         « En 1649, le comte de Matignon fait le siège du château de Valognes pour le compte des Frondeurs. À la tête de six à huit mille hommes, il commence le siège le 20 mars, soutenu par la milice des bourgeois de Cherbourg dirigée par Callières, le 23 mars, et l'artillerie le 24. Le gouverneur de la place, le marquis Bernardin Gigault de Bellefonds, se rend le 5 avril avec ses deux cents soldats. » [1]

     

         « Huit jours après, le démolition du château commence, qu'un ordre venu du roi arrête peu après. On peut encore voir « un grand donjon, des courtines, cinq grosses tours avec des fossés de soixante pieds de profondeur, tel à peu près qu'ils étaient au 15e siècle ».

         Le 18 janvier 1689, 300 hommes envoyés par Vauban, sur ordre du Roi, sous la responsabilité de l'intendant de Gourges. achèvent la démolition, « ne conservant que la maison du gouverneur et la chapelle ». Le château est détruit, mais il reste encore la porte, le pont, six grandes courtines et le donjon .

         En 1771, Robert de Hesseln note : « Actuellement, on achève de détruire toutes ces ruines ; on comble et l'on aplanit tous ces fossés pour y faire une belle et grande place qui sera toute plantée d'arbres au pourtour... On perce un grand chemin droit pour aller à Cherbourg... et un autre pour aller en ligne droite à Montebourg. Valognes et tous les environs sont remplis de souterrains bien voûtés, mais effondrés en plusieurs endroits : ils servaient sans doute de communication au château, dans les temps de guerre.

         1788 : les dernières ruines sont détruites. » [2]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

         « Les plans conservés, reflétant l'état des fortifications lors de leur destruction, entreprise en 1689, montrent un édifice qui, depuis le milieu du 15e siècle, avait été considérablement modernisé et adapté aux nouvelles techniques de sièges. Le "riche donjon" évoqué par Cuvelier reste identifiable dans l'angle nord-est, précédé par une barbacane contrôlant l'accès au château depuis la ville. L'édifice de plan quadrangulaire est jointif au sud avec un ouvrage d'entrée muni d'un escalier en vis. Sur ces plans, le donjon présente un décrochement correspondant à une division interne par un mur de refend. Il abritait un puits et était flanqué sur un angle d'un escalier en vis logé dans une tour circulaire hors-œuvre. Nous savons par un procès verbal de visite de 1618 et les témoignages relatifs à sa destruction que ce donjon, mesurant 8 toises sur 5, comportait un rez-de-chaussée voûté abritant une cuisine munie d'une cheminée et d'une armoire. Il possédait des chambres à l'étage, équipées de fenêtres et de latrines. Ces éléments le définissent donc comme un exemple de tour résidence de moyenne importance. La tour carrée visible dans l'angle nord-ouest de l'enceinte correspond peut-être à la " grosse tour nuefve " désignée ainsi dans les comptes de 1368 par opposition à une tour " ronde " voisine. La tour circulaire située à l'angle opposée, contenant un escalier en vis intérieur, peut également être attribuée avec vraisemblance à la phase d'aménagement du 14e siècle. En revanche, la tour d'artillerie polygonale qui fait suite et l'avancée bastionnée de forme triangulaire située côté sud constituaient des apports postérieurs à la guerre de Cent ans.

         Malgré la destruction engagée en 1689 sur ordre de Louvois, le logis qui occupait initialement l'enceinte castrale fut maintenu jusqu'à la fin du 18e siècle, « en considération du maintien d’un gouverneur dans cette ville, capitale du Cotentin » (édit royal de 1717). Le titre revenait alors à Adrien Morel de Courcy, qui recevra également, en 1730, la charge de capitaine garde côte de la Hougue. " [4]

     

         « La ville prospère durant le 17e et le 18e siècle et devient la ville principale du Cotentin... » [1]

         On la surnomme « le « petit Versailles normand » grâce à ses hôtels particuliers. En effet (...) la capitale du Clos du Cotentin concentra une bourgeoisie et une noblesse de robe considérable, pour lesquelles furent construits de nombreux hôtels particuliers. » [7]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche) LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)

     

    Deux dessins à gauche : État de la place du château et du logis du gouverneur vers le milieu du 18e siècle,  ; Félix Buhot, étude pour "Le couvre feu", vers 1870, extrait du site : http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html

     

         « Sous le règne de Louis XV, de grands projets de place royale furent élaborés par les ingénieurs du roi et la municipalité valognaise. Faute de ressources suffisantes, cette ambition ne fut cependant jamais satisfaite ; aucun des édifices censés venir s'implanter sur la périphérie de cette place ne fut édifié et son aménagement se limita à un arasement général et la création, de part et d’autres, de deux longues terrasses plantés d’arbres. » [4]

     

         « Un bunker allemand de télécommunication est installé sur la place durant la seconde Guerre mondiale. » [2]

     

    LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)LES REMPARTS DE VALOGNES (Manche)     « Valognes a beaucoup souffert au cours de la bataille de Normandie, particulièrement lors du bombardement du 21 juin 1944. L’église Saint-Malo du 14e siècle, qui a abrité le seul dôme (1612) d’architecture gothique de France, a été partiellement détruite pendant la bataille. » [1]

     

         « L’événement majeur du 20e siècle demeure le traumatisme provoqué par les bombardements américains de juin 1944, qui anéantissent une grande partie de la ville. Les travaux de la Reconstruction, menés avec intelligence, ont toutefois su donner aux quartiers détruits un aspect agréable, jouant de contraste et d'harmonie avec les vestiges du passé. » [3]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de Wikimanche

    [3] Extrait de http://www.mairie-valognes.fr/web/lhistoire_de_valognes.html

    [4] Extrait de http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html

    [5] Extrait de http://www.normannia.info/cgi-bin/aurweb.exe/normannia/rechdoc?tex=jl

    [6] Extrait de http://www.otbv.fr/tourisme-cotentin-histoire-valognes-normandie.html

    [7] Extrait de http://www.manchetourisme.com/valognes-clos-du-cotentin

    [8] Extrait du Journal de Valognes n°17 du 25 avril 1841 – article de A. Delalande : Sièges et prises des Châteaux de Valognes, de Carentan et des Ponts d'Ouve, 1364.

     

    Bonnes pages :

     

    O http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article11850

    O http://www.normannia.info/cgi-bin/aurweb.exe/normannia/rechdoc?tex=jl

    O http://closducotentin.over-blog.fr/article-le-chateau-de-valognes-67711837.html

     

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    1
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