• LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)

    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)     On retrouve parfois l'emplacement d'un manoir grâce à la présence de ses fossés et/ou d'une motte sur la carte. On découvre ainsi le site de Malicorne et celui du Hamel, deux hameaux aujourd'hui de la commune de Francheville dans l'Eure.

         Plus au sud, entre Bourth et Verneuil, se dressait la motte de la Lande sur la commune de Mandres. [NdB]

     

    Ci-dessus, carte IGN extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)

     

    Plan de situation de la motte de Malicorne à Francheville ; blason de la famille de Lieurey par Gilloudifs

     

    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)     " Les chevaliers de Malicorne furent probablement, eux-aussi, d’origine française. Au 12e siècle, ils seraient peut-être installés sur deux sites, près de Saint-Lubin-des-Joncherêts et aux alentours de Bourth, en Normandie.

         Près de Saint-Lubin, existait en 1462 un manoir, dont Louis Osmont était seigneur en fief. La pancarte du chapitre de Chartres en donna une description très sommaire qui ne permet malheureusement pas de déterminer s’il s’agissait à l’origine d’une fortification : « un manoir nommé Malicorne et colombier [ BNF, lat. 5185 H, f° 134 (1462) ; commune de Saint-Lubin-des-Joncherêts, canton de Brézolles, dép. de l’Eure-et-Loir. ] »

     

    Ci-dessus, une photo aérienne du site de Malicorne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure) LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure) LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)

     

    Ci-dessus : à gauche, un plan extrait du cadastre napoléonien de 1829, Archives de l'Eure, https://archives.eure.fr/ ; au centre, carte d'Etat-Major extrait du site Géoportail ; à droite, une photo aérienne extraite du site Google Earth.

     

         Pour le site normand en revanche, nous trouvons régulièrement à partir de 1578, des aveux du fief de Malicorne [ Commune de Francheville, canton de Breteuil-sur-Iton, dép. de l’Eure. ] Comme à l’habitude, les descriptions sont toutes quasiment identiques, mentionnant un manoir, une motte, des fossés en eau entourant l’ensemble du site et enjambés par un pont-levis donnant accès à la motte, une chapelle castrale Saint-Nicolas, etc.* Notons qu’en 1614, la motte, malgré son existence, ne fut pas mentionnée dans le partage des biens de Gilles de Lieurray. [ Arch. dép. Eure, 1J 269, Malicorne (1614) : « [...] le fief, terre et seigneurie de Malicorne, assis en la paroisse de Francheville [...] se consistant en masure, manoir seigneurial cloz en fossez et aultres édiffices, estant la dicte masure ainsy bastie quelle est avec le plant hayes et arbres dessus estant [...] » ] Un plan cadastral de 1825 montrait encore un fossé en eau irrégulier au nord-ouest de la chapelle [ Arch. dép. Eure, III PL 1047. ]. Sur ses bords internes étaient disposés quelques bâtiments quadrangulaires. La partie nord-est présentait une petite excroissance, apparemment le début d’un fossé intérieur plus étroit, à côté duquel se trouvait un petit bâtiment de plan circulaire, sans doute le colombier moderne. Quant au fossé intérieur, entourait-il autrefois la motte ? Les vestiges actuels sont très ténus : une mince partie des fossés occidentaux, toujours en eau, entoure un terre-plein légèrement surélevé, accueillant aujourd’hui une maison moderne (ill. no 33 ci-dessous). La chapelle Saint-Nicolas, située par les aveux en dehors de l’ancienne basse-cour, est en partie conservée. Bien qu’ainsi séparée de la fortification, elle faisait partie intégrante de l’ensemble et sa fondation fut subordonnée à la construction du château : sa datation est donc essentielle. La nef aurait été détruite mais le chœur, élevé de murs de terre, subsiste (ill. no 34 ci-dessous). Percé de petites baies en plein cintre d’époque romane [ J. Charles, « Vestiges d’époque romane dans les édifices religieux du département de l’Eure », MSE, n° 68,1993, Évreux, p.10-30, p. 10 et suiv. ], il peut être daté du 12e siècle au plus tard, induisant une fondation castrale au moins de la même époque. Les aveux, le schéma général pourraient donc présenter une structure à motte et basse-cour, typique de cette période. " [1] 

     

    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure) LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)

     

     Ci-dessus : illustrations n° 33 et n° 34 du texte ci-dessus.


    * Arch. nat., P 310, C (3), pièce n° IIICI, « Aveu de Gilles de Lieurrey » (22 juin 1578) : « [...] c’est assavoir ung plain fief, nommé le fief de Malicorne, assis en la paroisse de Francheville [...] Auquel fief y a manoir, motte, collombier [...] et plusieurs autres bastisments, le tout clos à fossés plains d’eau, où y a pont levys pour rentrer et yssue de ladite motte, et une chapelle bastie du tous temps [...] aussy ung moulin à bled assis sur laditte rivière, appelé le moulin de Chastivet [...] » ; arch. dép. Seine-Maritime, II B 458, pièces n° 28 et 29, « Aveu de Georges Allorge » (15 juil. 1620) : « Et conciste le domaine non fieffé dudict fief en ung manoir seigneurial, motte, maison, granges, estables, colombier à pied et plusieurs autres bastimens, le tout clos de fossez plains d’eau, où y a pont levis pour l’entrée et issue de ladite motte, et une chapelle hors icelle bastie de tout temps [...] » ; et pièces n° 30 (23 juin 1678) et n° 33 (11 sept. 1685), « Pour expédition de la Chambre des Comptes » : « Premièrement : un manoir, motte, collombier à pied, chapelle [...] et autres bastiments, le tout clos à fossé plain d’eau où il y a pont levis à l’entrée de laditte motte, le tout contenant viron une are ou environ compris le jardin. »

     

    " MALICORNE

          Vers 1145, Garin de Malicorne est témoin d'une donation de Richard de Courteilles aux moines de l'Estrée. Quelques années après, Garin est diacre de l'évêque d’Évreux.
         Gilbert de Malicorne a son hébergement et le merrain pour son moulin et pour sa chapelle en bois vif par livrée et en bois mort pour brûler et le panage quitte.


    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)     Richard de Lieurey, sieur de Malicorne, est cité le 11 juillet 1450 dans une enquête faite dans le vicomté d’Évreux. Il avait en 1456 plein fief à Gaudreville-la-Rivière.
         Guillaume de Lieurey, fils de Richard et de Robine d'Annebaut, se présenta en 1470 à la montre de Beaumont, en qualité de seigneur de Gaudreville, vicomté d’Évreux. Il devait être également seigneur de Malicorne comme son père et son fils. Il avait épousé la fille de Robert Campion, qui l'avait rendu seigneur du Cable et dont il eut, entre autres enfants, Jean seigneur de Gaudreville et du Cable et Pierre seigneur de Malicorne et de Malleville.


    Ci-dessus, blason de la famille de Lieurey par Gilloudifs

     

         En 1508, Pierre de Lieurey acheta le fief d'Omonville. On a conservé deux baux faits par Pierre de Lieurey, seigneur de Malicorne, datés respectivement de 1518 et 1528. Il eut deux fils, Robert sieur de Malleville et Gilles seigneur de Malicorne et Omonville.
         Gilles de Lieurey avait, avant 1532, hérité de son père. Il a les titres de Marcilly et Malicorne dans un aveu que lui rendit, en 1564, françois Durand, sieur des Salles et d'Auvergny. Le 18 novembre 1567, il fit hommage au roi à cause de son fief de Malicorne.


    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)     Élisabeth de Lieurey, fille de Georges, épousa Georges Alorge, sieur de Fumechon, auquel elle apporta la seigneurie de Malicorne. Le 15 juillet 1620, Georges Alorge, sieur de Fumechon, de la Herruppe et de Malicorne rendit aveu de ce dernier fief, assis à Francheville vicomté de Verneuil, à lui appartenant, au droit de damoiselle Élisabeth de Lieurey, son épouse. C'était un fief de haubert. Le seigneur de Malicorne avait le patronage de Francheville.
         Gilles-Pierre Alorge, fils de Georges, rendit aveu pour Malicorne, le 27 juillet 1661. Deux ans plus tard, il est reconnu d'ancienne noblesse. Son fils Anne l'a remplacé en 1685, époque où il rend aveu pour Malicorne.

     

    Ci-dessus, blason de la famille Allorge https://www.wikiwand.com/fr/Armorial_des_familles_de_Normandie#/A

     

         Un arrêt du 2 juillet 1689, entre le duc de Bouillon, un sieur de Malicorne et autres seigneurs, ordonne aux riverains de l'Iton de faire réparer chacun, au droit de soi, les chaussées d'icelle, de faire couper les bois et les herbes qui peuvent en retarder le cours.
         En 1714, Agnès Mauduit, veuve de Gilles-Pierre Alorge, était remariée à Noël de Bretignières, conseiller du roi, maire et lieutenant de police de Verneuil.


    LES REMPARTS DE MALICORNE (Eure)     Gilles Alorge, fils d'Anne fut reçu en 1737 capitaine de la brigade des gabelles, établie à Gisors. Il avait vendu Malicorne, vers 1720, à dame Claude de Berthelot de Belay, veuve de Martial Perron de Chamouzet, conseiller au Parlement de Paris, qui rendit aveu le 20 mars 1721.
    Le 7 mai 1742, Claude-Humbert-Pierre de Chamouzet, chevalier de Dyan, Val-Thierry, Malicorne, etc.., rendit aveu pour le fief de Malicorne à lui appartenant à droit successif de sa mère, dame Claude de Berthelot, veuve de messire Martial Perron de Chamouzet.
    Jean-Baptiste Daubenton, commissaire général de la Marine, rendit aveu le 29 avril 1750 du fief de Malicorne que lui avait vendu le sieur de Chamouzet, par contrat devant les notaires de Paris, le 2 juillet 1748. " [2] 

     

    Ci-dessus, blason de la famille Piarron de Chamousset par Gilloudifs

     

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    Ci-dessus, cartes postales anciennes montrant la chapelle de Malicorne ; j'ignore si celle à droite correspond au site de la chapelle de Malicorne car il n'y a pas d'eau derrière la chapelle : " Ce n'est effectivement pas la chapelle de Malicorne, mais celle de la Motte dans la commune voisine de Cintray (commune nouvelle de Breteuil) de coordonnées GPS : 48.771934 , 0.898461. Les erreurs de commune sur les cartes postales anciennes sont assez fréquentes. Gérard Lepoint 14/04/21. "

     

    La chapelle de Malicorne

     

         " Située en bordure de la route D55 entre Breteuil et Bourth, et bien visible de celle-ci, la chapelle de Malicorne, ancienne chapelle castrale du fief du même nom, est un édifice très ancien, sans doute d'époque romane. Placée sous l'invocation de Notre-Dame-de-la-pitié, c'est une ancienne chapelle domestique qui fut construite pour permettre aux seigneurs de Malicorne d'accomplir leurs dévotions à proximité de leur demeure.

         Chapelle fort humble dans sa construction et sa décoration, elle réussit, contrairement aux établissements de plus grande importance, telle la Madeleine de Breteuil ou la Poultière de La Géroulde, à traverser les siècles sans dommage et se présente à nous comme un vestige très ancien. En effet, elle est attestée dès 1145.

         En 1343, Jean duc de Normandie approuve, après enquête du vicomte de Breteuil, l'accord conclu, entre Jehan de Courtonne, chevalier, sire de Lasson et Jean du buisson, sire de Curtay, au sujet du fief de Malicorne que le premier tenait du second, qui le tenait lui-même du seigneur de Tillières en arrière fief du duc.

         Un aveu rendu par le duc d'Orléans, le 15 décembre 1349, précise que Jehan de Courtonne avait droit, pour son fief de Malicorne, de prendre du bois dans la forêt de Breteuil pour réparer sa chapelle et son moulin de Chétivet.

         L'édifice actuel est construit en blocage avec les chaînages d'angle et l'encadrement de la porte en grès. Il n'y a de la pierre blanche que pour les fenêtres, sans doute réédifiées au 16e siècle. L'abside circulaire, le linteau de la porte, la rusticité des matériaux, tout dénote une époque très ancienne, 15e siècle voire antérieure. La toiture est en petites tuiles de pays ; quant au clocher de plan octogonal, il est aujourd'hui recouvert d'ardoises, lesquelles ont sans doute remplacé, il y a quelque temps déjà, des essentes.

         L'histoire de cette chapelle se confond avec celle du fief de Malicorne où exista longtemps un château féodal possédé par les familles de Courtonne, de Lieurey, de Martel. On sait qu'outre la chapelle, le fief comprenait manoir, maisons diverses, colombier à pied, fossés et pont-levis.

         À l'époque de la Réforme, la chapelle, alors aux mains de Lieurey, passe pour avoir été, un temps, convertie en temple protestant. Il s'agit là d'une tradition qu'aucun document historique ne vient étayer.

         Autrefois, la chapelle était lieu de pèlerinage et de fête au 15 août, cette coutume a disparu il y a seulement quelques dizaines d'années. Une enquête du début du 19e siècle indique que « la sainte messe y est célébrée tous les samedis, le jour de saint Marc, un des jours des Rogations et le vendredi de la Passion ».

         Cet antique et pittoresque édifice, témoin de la foi de nos pères, est, comme les visiteurs peuvent s'en rendre compte, toujours pieusement entretenu. " [2] 

     

    A proximité :

     

    Les mottes du Hamel (Francheville) et de la Lande (Mandres) :

     

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    Ci-dessus, la motte du Hamel à Francheville : à gauche, une photo aérienne extraite du site Google Earth ; à droite, un plan extrait du cadastre napoléonien de 1829, Archives de l'Eure, https://archives.eure.fr/

     

             " La prospection aérienne [Association "Archéo 27" ] ainsi que l’étude des cartes IGN et des cadastres du 19e siècle montrent l’existence de deux enceintes annulaires encore en eau sur les sites de la Lande (ill. n° 36) [commune de Mandres, canton de Verneuil-sur-Avre, dép. de l’Eure ; cette enceinte est également visible sur l’Atlas Trudaine au hameau de la Francésière : Arch. nat. F 14/8452 ] et du Hamel, plus petite [commune de Francheville, canton de Breteuil-sur-Iton, dép. de l’Eure] (ill. n° 37). Ces indéniables fortifications ne sont documentées par aucune source écrite et semblent isolées. Elles n’ont pas donné naissance à d’autres centres de peuplement que les simples fermes quelles sont devenues. Leur situation, au sud de Cintray et Charnelles tendrait à les associer à Breteuil. " [1] 

     

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    Ci-dessus la motte de la Lande à Mandres : à gauche, illustration n° 37 du texte ci-dessus ; au centre, une photo aérienne orientée au sud extraite du site Géoportail ; à droite, une photo aérienne orientée au nord extraite du site Google Earth.

     

          " Le Becquet de l'Iton (ou Becquet de Chéraumont) est un ouvrage hydraulique de maçonnerie construit au 12e siècle par Henri Ier Beauclerc. Ce barrage, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2002, est localisé sur la commune de Bourth, en Normandie. Il est conçu pour départager les eaux de l'Iton en deux bras forcés, afin d'alimenter les places fortes de Breteuil-sur-Iton et de Verneuil-sur-Avre. " [3]

     

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    Sources :

     

    [1] Extrait de La Frontière normande de l'Avre – 3ème partie. Châteaux féodaux et villes ducales par Astrid Lemoine-Descourtieux https://books.openedition.org/purh/6828

    [2] Extrait de https://www.francheville-eure.fr/culture/histoire.html

    [3] Extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Becquet_de_l%27Iton

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  • Commentaires

    1
    pascal
    Jeudi 2 Septembre 2021 à 10:52

    bravo c'est passionnant 

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