• LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure) LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure) LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure) 

     

    Château de Grossœuvre (à 12 kilomètres au sud d'Evreux)

     

         La terre de Grossœuvre dépendait du château d'Ivry. En 1030, les seigneurs y font construire un château fort au milieu de la forêt que des moines défrichent à partir du 11ème siècle. Ainsi nait le village de « Grandis Sylva » (Grande forêt), d'où l'origine du nom actuel de ses habitants les Grandisylvains.

         En 1137, Étienne, roi d'Angleterre, prend le château fort de Roger le Bègue. La baronnie de Grossœuvre et de Garancières avait son siège à Grossœuvre.

         Du château, il reste une tour du 16e siècle et le logis actuel, de construction postérieure, est devenu un hôtel. [NdB]

     

         " Le nom latin de la localité était Grandis Sylva, la grande forêt, qui a donné par déformations successives le nom actuel, suivant la même évolution que Diana Sylvaa donné Désœuvre dans le cas de Villiers-en-Désœuvre. " [1]

     

          " C'est encore une question, même après les savantes recherches de M. A. Le Prevost sur les étymologies locales du département de l'Eure, de savoir quelle est la vraie signification de Grossœuvre. (...) Il semble tout d'abord que ce nom de lieu dénote l'existence d'un vaste château féodal. (...) Au moyen-âge, le mot œuvre s'appliquait à toute construction de quel qu’importance. (...) Grossœuvre se traduirait donc banalement grand château.
         Toutefois, on a prétendu, non sans raison, que le mot Ebvre terme celtique qui signifie forêt et d'où vient Évreux, pourrait bien avoir concouru à la formation de Grossœuvre. D'autres chartes latines du moyen-âge appellent ce lieu Grandis Silva. On sait en effet par tradition que dans un temps assez éloigné le pays était entièrement couvert de bois. Dans la charte d'érection de la baronnie de Garencières, promulguée par Philippe-le-Long en 1317, il est parlé de la ville et dépendances de Grossièvre. Grand bois ou grand château n'importe trace de l'un et de l'autre se trouve à Grossœuvre. " [2]

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)

     

    Ci-dessus, plan de situation du château de Grossoeuvre ; blason de la famille d'Ivry par AlexD — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5119129

     

    Histoire


    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " Le château, qui seul nous intéresse, fut considérable autrefois, si l'on en juge et par certains faits qui nous sont parvenus de l'histoire locale, et par les ruines qui subsistent de l'édifice. " [2]

     

    Photo extraite de http://libre-ecriture.forumactif.com/t171-grossoeuvre

     

    La famille d'Ivry-Bréval

     

         « Les sites que nous avons identifiés dans les possessions des Ivry-Bréval comme leur ayant appartenu sont au nombre de neuf : Anet, Breuilpont, Bréval, Grossœuvre, Guainville, Illiers-l'Évêque, Ivry-la-Bataille, Saint-André-de-l'Eure, enfin Villiers-en-Désœuvre. » [3] 

     

         La terre de Grossoeuvre : " On la trouve signalée dans la donation par une certaine Auberée de la dîme du lieu à l'abbaye Saint-Taurin d'Évreux ; il est probable que cette Auberée était la fille de Hugues de Bayeux, épouse de Robert I d'Ivry-Bréval, et grand-mère d'Ascelin Goël. " [1]

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     Les Ivry-Bréval : Hugues d’Ivry ( -10/1049), apparenté aux ducs de Normandie devient évêque de Bayeux en 1015 puis comte d’Ivry. Son château d’Ivry est confisqué par le duc Robert Le Magnifique pour le punir d'une rébellion. Voir ici.

         Sa fille illégitime, Auberée (Alberède) dame d’Ivry qui avait Grossœuvre comme dot, épouse d'abord Robert de Bréval dit « d’Ivry » tige des seigneurs d’Ivry puis Aubert de Cravent (château de Pacy)

     

    Ci-dessus, blason de la famille d'Ivry par AlexD — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5119129

     

         Leur fils, Robert II d’Ivry (dit aussi « de Bréval ») (v.1090) seigneur de Bréval qui finira moine au Bec-Hellouin aura pour fils Ascelin Goël (Godelhus, Gohel, Goheu) dit aussi Goël de Bréval (v.1060-v.1116/1119) seigneur d’Ivry et de Bréval puis de Saint-André, d'Illiers et et Grossœuvre. En 1087, il commande l’avant-garde du duc-roi Guillaume de Normandie à Mantes. Prévôt d’Ivry, il s’empare du château (tour) d’Ivry sur son suzerain nominal Guillaume de Breteuil et le rend au duc Robert Courteheuse en 1090 ; en guerre avec les Breteuil jusqu’à son mariage, il perd la prévôté d’Ivry. Allié avec Amauri de Montfort pour reprendre la tour d’Ivry, il contraint Guillaume de Breteuil à lui donner Ivry et sa fille illégitime, Isabelle. De cette union naissent Guillaume Louvel, seigneur d'Ivry, et Roger « Balbosus » d’Ivry dit « Le Bègue », ou « de Grossœuvre » (ap. 1153), seigneur de Saint-André et de Grossoeuvre.. [NdB]


         " On sait que dès le commencement du 12e siècle, existait un château-fort occupé par un seigneur nommé Roger Ie Bègue, qui, ayant pris parti pour le duc d'Anjou contre Étienne, roi d'Angleterre, fut assiégé en 1137 par ce dernier. " [2]

     

         " La première mention de la fortification de Grossœuvre remonte à 1137, date à laquelle le roi Étienne Ier d'Angleterre dut assiéger le municipium alors tenu par Roger le Bègue, seigneur de Saint-André, fils d'Ascelin Goël, qui participait à une coalition de barons révoltés. " [1]

     

         " On est quelques années sans entendre parler de Guillaume Louvel. L'histoire a, au contraire, consigné les déprédations et les ravages commis, en 1136, dans les environs d’Évreux par son frère Roger le Bègue, à la suite de Roger de Conches et d'autres partisans de Geoffroi, comte d'Anjou. L'année suivante, le roi Étienne l'assiège dans son château de Grossœuvre, le force à « faire là paix », ce qui, enfin, procure un peu de repos au pays. (...) Robert de Torigny, dans un passage qui sera bientôt cité en note, dit expressément que Roger le Bègue était le frère de Guillaume Louvel... " [4] 

     

         " La seigneurie passa par la suite à Roger II dit « Bataille », fils de Roger le Bègue ; il prit parti pour le roi anglais lors des guerres de la fin du 12e siècle. Grossœuvre fut confisquée par Philippe Auguste, probablement dès 1194 si l'on en juge par le fait que Roger reçut une indemnisation prise sur les terres anglaises de son cousin germain Guillaume II Louvel. Le château est cité dans le compte royal de 1202-1203 comme occupé par une garnison royale rémunérée par le trésor. " [1]

     

    La famille Poulain

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)       " Vers 1210, le roi en investit son panetier Guillaume Poulain, dont le fils Amaury épousa Amicie du Fresne, fille de Guillaume I du Fresne, coseigneur dominant d'Illiers-l'Évêque. Amaury fonda une chapelle au château, avant sa mort, qui dut intervenir vers 1237, Amicie épousa en secondes noces Henri le Fauconnier, ancien fauconnier du roi, châtelain de Château-Gaillard. " [1]

     

    Ci-dessus, blason (supposé) de la famille Poulain par Gilloudifs.

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " D'après Guillaume le Breton (Philippide, IX, 467 et suiv.), Guillaume Poucin (en latin Pallas) était spécialement chargé de distribuer la solde aux troupes de Philippe-Auguste. Sur le Compte général de 1202 (p. cem), il porte le titre de châtelain. Philippe-Auguste lui avait en effet donné le château de Grossœuvre (Reg. A, fol. 5i, L. Delisle, Catalogue, n° 654, Cartulaire normand, n° 182 et p. 297). Cet acte, qui est sans date et qui, d'après L. Delisle, se placerait vers 1210, doit être antérieur à 1203, puisque, à cette date, Guillaume Poucin est déjà appelé castellanus. Mais ce n'est pas comme commandant d'une place qu'il s'occupe de la solde des troupes, c'est au contraire en raison des services qu'il rendait comme trésorier des guerres qu'il avait été nommé châtelain. Il fut nommé plus tard châtelain de Rouen (Recueil des Historiens de France, t. XXIV, I. Préface, p. 98). " [5]

     

         " En 1215, Grossœuvre appartenait au seigneur de Glisolles, qui avait nom Amaury Poussin (Amauricus Pullus). " [2] 

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " En 1215, un certain Amaury Poullain, seigneur de Glisolles et de Grossœuvre, donna aux religieux de Saint-Taurin toutes les dîmes de ses moulins de Glisolles. Son petit-fils mourut sans enfant, et c’est sa sœur, Amicie, mariée au chevalier Henri, fauconnier du roi et châtelain du Château-Gaillard, qui fut son héritier. " [6] 

     

    Ci-dessus, blason (supposé) de la famille Le Forestier extrait de https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D_argent_au_lion_de_sable_arm%C3%A9_et_lampass%C3%A9_de_gueules_et_couronn%C3%A9_d_or.svg D'argent au lion armé couronné lampassé de gueules

     

         " La suite des possesseurs de Grossœuvre peut être ensuite retracée en recoupant les ouvrages de Le Prévost et de Charpillon-Caresme. Il semble qu'Amaury Poulain et Amicie n'avaient eu qu'un fils unique, Guillot, décédé avant 1244 ; en 1263, il est fait mention d'Agnès, dame de Grossœuvre, épouse de Luc Chevrel, de Saint-Martin. Agnès était sans doute l'une des filles d'Amaury et Amicie, mentionnée dans la charte de 1244 avec son premier époux Jean Pescheveron. Mais il semble que la famille fit long feu ; en tout cas, en 1317, Grossœuvre fut intégrée à la vaste seigneurie créée au profit de Pierre de Garencières, dont certaines parts avaient fait l'objet d'un échange avec le roi. " [1]

     

    La famille de Garencières

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " Lorsque la terre de Garancières fut érigée en baronnie par Philippe le Long, au mois d'août 1317, cet considération des agréables services de son ami et féal chevalier Pierre de Garencières, Grossœuvre avec toutes ses dépendances y fut inféodé, ainsi que plusieurs villages des environs. Le siège principal de cette baronnie fut établi à Grossoeuvre, sans doute à cause de l'importance du château. Les appels de cette haute-justice se portaient au bailliage de Gisors les barons de Garencières seront tenus, dit la charte d'érection, de faire quarante jours de garde au châtel de Gisors, quand métier sera, et à payer tant seulement pour cause de mouvement de seigneur, de garde et de relief, quand le cas y échera, un faucon sort et gentil. " [2]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Garencières extrait de https://www.wikiwand.com/fr/Jean_Ier_de_Garenci%C3%A8res

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " Depuis l'année 1317 jusqu'en 1550 environ, les barons de Garencières appartinrent à diverses familles, et l'histoire ne dit rien de leurs gestes. Elle a seulement conservé le souvenir d'un sire de Garencières qui, ayant été du petit nombre des seigneurs de Normandie qui ne voulurent pas ouvrir leurs forteresses à l'ambitieux Charles, roi de Navarre, tint garnison, en 1357 et les années suivantes, dans la place de Grossœuvre.

         Les seigneurs de Garencières la conservèrent tout au long du 14e siècle, jusqu'à Yon ou Yves II de Garencières, grand maître d'hôtel du roi, personnage avec lequel culmina la famille de Garencières. Sa fille Jeanne eut trois époux, Bertrand Paynel, Jean de Montenay, et enfin Jean de la Ferté-Fresnel, mais n'eut apparemment qu'un fils, Guillaume, de son second mari. La seigneurie de Garencières, comprenant Grossœuvre, demeura dès lors dans la famille de Montenay. " [1] 

     

    La famille de Montenay

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " Les Montenay tinrent la seigneurie de Garencières jusqu'au mariage de Marie-Césarine, seule fille et héritière de César de Montenay, avec le seigneur de la Luzerne. Leur fils Guy-César la vendit en 1685 à Alexandre du Bosc, mais la baronnie de Garencières revint en définitive à Adrien du Bosc, marquis de Vitermont, son frère aîné, gendre de Guy-Césarde la Luzerne. " [1]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Montenay extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_famille_fr_de_Montenay.svg


         " Vers le milieu du 16e siècle, les chevaliers de Montenay devinrent barons de Garencières. Pendant les guerres de la Ligue, comme les populations environnantes, notamment celle d'Evreux, étaient soumises aux ligueurs ils furent obligés d'agrandir les fortifications du château. En l'absence de son père et de ses deux frères aînés, qui suivaient Henry IV (et qui assistèrent au siège d'Amiens où l'un d'eux fut tué), un nommé Louis de Montenay se chargea de défendre Grossœuvre. Il fit élever une tour pour en garder l'entrée sur le chemin d’Évreux. Deux inscriptions sur ardoise, retrouvées au mois de mars 1305 dans cette ruine improprement appelée la vieille tour, en ont fait connaître la date et le nom. " [2]

     

         " Une ancienne inscription trouvée au 19e siècle attribue à l'un des membres de cette famille, Louis de Montenay, la construction de la tour dite « Saint-Louis », ruinée, située à l'ouest du château actuel, en 1591. " [1]

     

    La famille Du Bosc de Vitermont

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " La famille du Bosc de Vitermont posséda le château jusqu'à la Révolution, et le récupéra au début du 19e siècle." [1]

     

          " César de Montenay, dernier du nom, étant mort en novembre 1639, Grossœuvre paraît avoir été inhabité depuis cette époque, jusqu'en 1685 où ce domaine échut, comme je l'ai dit plus haut, à messire Adrien du Bosc de Vitermont, deuxième du nom. Louis XIV a en considération des services que ce guerrier lui avait rendus pendant vingt années dans la première compagnie de ses mousquetaires, et ensuite dans la charge d'enseigne et de lieutenant au régiment de ses gardes françaises, dont il ne s'était retiré qu'à cause des grandes blessures qu'il avait reçues, et des maladies qu'il avait eues pendant les guerres de Hollande et Flandre, reconstitua à son profit, en 1707, la baronnie de Garencières, qui avait été démembrée.

     

    Ci-dessus, blason de la famille du Bosc de Vitermont : de gueules à une croix échiquetée d'argent et de sable de trois tires, cantonnée de quatre lions d'or, lampassés d'azur extrait de https://fr.geneawiki.com/images/0/08/LES_SEIGNEURS_DE_SOURDEVAL.pdf

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     A cette époque, le château de Grossœuvre fut dans toute sa splendeur, et son suzerain, à l'apogée de ses pouvoirs.

         Après les derniers coups portés au régime féodal par Henri IV et Richelieu, les seigneurs embarrassés de leurs châteaux-forts, les dépouillèrent peu à peu de leur appareil militaire, pour les transformer en habitations de plaisance.
         Le manoir de Grossœuvre subit la loi commune, et fut progressivement démantelé et modifié par tous les du Bosc de Vitermont qui le possédèrent.

         Lorsque vers l'an 1695, le duc de Bouillon fit dessiner par Le Notre, ses jardins de Navarre, M. de Vitermont pria l'illustre architecte de dessiner le potager et le parc de Grossœuvre. Le Notre a tiré tout le parti possible de ce terrain sans accidents. Mais en rasant le donjon, et plusieurs tours du château, en comblant ses fossés, en l'appropriant aux besoins pacifiques de la vie moderne de campagne, on lui enleva son caractère historique, son cachet architectural. " [2]

     

         " Adrien du Bosc de Vitermont seigneur de Coquereaumont, de Queutteville, baron de Garencières, naquit en 1643. Il descendait de Nicolas du Bosc, chevalier de France. Adrien du Bosc réunissait dans sa main la baronnie de Garencères telle qu'elle était avant le partage qu'en avait fait le marquis de Beuzeville, lequel avait donné Garencières à ses fils et Grossœuvre à sa fille. Il fixa sa résidence au château de Grossœuvre qui paraît avoir été inhabité depuis la mort de César de Montenay (1639). " [7]

     

    La famille de Saint-Germain

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     Stanislas de Saint-Germain épouse en 1842, Euphémie de Vitermont, héritière du château. Cette famille conserve le château de Grossœuvre jusqu'en 1947. [NdB]

     

    Blason de la famille Gaillard de Saint-Germain extrait https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_Gaillard_de_Saint_Germain.svg

     

    La famille Mast

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)     " En 1947, le général Mast (1887-1977) rachète le château de Grossœuvre aux descendants de Marie Michel Bernard Gaillard de Saint Germain, autres cousins de l'auteur, et famille de généraux. Il le répare avec l’aide de l’armée, car la bâtisse à beaucoup souffert de sa réquisition par les nazis. " [8]

     

    Photo du général Mast extraite de http://museedesetoiles.fr/piece/general-darmee-mast-4/

     

    Architecture

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)      " Le village d'essart était situé à proximité immédiate du tracé rectiligne de la voie d'Évreux à Rouen ; l'implantation de l'ensemble fortifié à deux cents mètres vers l'est eut un effet d'attraction sur le cheminement, contribuant à créer une déviation du tracé sur toute la longueur du village.La structure générale du site, telle qu'elle ressort du parcellaire napoléonien, montre clairement l'existence d'une zone ovoïdale limitée par le réseau viaire à l'ouest et au sud, comprenant le château et l'église paroissiale ; ce tracé fossile a été perturbé vers le nord par l'implantation du parc de Grossœuvre, attribué comme tant d'autres à Le Nôtre, vers 1695.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre de 1859, Archives de l'Eure, https://archives.eure.fr/

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)Ce grand enclos de forme circulaire au sud devait accueillir primitivement le bourg du village, regroupé autour de l'église ; celle-ci est un édifice du début du 16e siècle, affublé d'une tour-clocher du 19e siècle. Lors de la construction du potager au sud-ouest, un mur de clôture fut construit pour délimiter la propriété de l'enclos paroissial : ce mur très mince était percé d'embrasures à mousquets qui font penser que sa construction fut antérieure à la fin du 17e siècle, datant peut-être des troubles de la Fronde. Le château actuel, tout en occupant l'emplacement de la fortification primitive, a été profondément restructuré et amputé au cours des siècles. En 1707 encore, il était décrit dans des lettres patentes royales comme « entouré de doubles fossez et de murailles, orné de tours et donjon » ; mais les fossés avaient disparu dès la figuration dans le premier cadastre en 1837, l'aile sud-ouest fut démolie en 1828 alors que les autres avaient disparu de longtemps. On reconnaît cependant les traces fossiles d'un tracé convexe qui devait former la partie sud d'une enceinte elliptique ou en demi-cercle. Selon Stanislas de Saint-Germain, qui épousa en 1842 Euphémie de Vitermont, héritière du château, et put consulter le chartrier de Grossœuvre dans les dernières années de sa vie, le tracé, partant de la porte située à l'ouest, rejoignait la tour Saint-Louis, ruinée, au sud-ouest, puis les deux ailes conservées ; de là, il remontait vers le nord jusqu'au « donjon », puis se refermait par une ligne traversant la grande cour, marquée en sous-sol par des caves médiévales. Le terme de « donjon » employé en 1707, repris par Saint-Germain, ne doit pas tromper : selon toute probabilité, il s'agissait d'une motte, et non d'une tour de maçonnerie, faute de quoi elle eût été qualifiée de telle. On peut en conséquence la situer au nord-est de l'aile orientale ; elle a été nivelée lors de l'aménagement du parc, vraisemblablement à l'époque même où l'on supprimait la fermeture septentrionale pour dégager l'espace d'une grande cour ouverte sur ce parc. Les bâtiments actuellement conservés ne semblent présenter – à première vue – aucun élément médiéval. La tour Saint-Louis, ruinée, date de 1591. On trouve ensuite un massif formé par un pavillon carré, flanquée d'une tour circulaire vers le sud, d'une tourelle rectangulaire (à latrines ?) vers l'ouest, enfin par une tourelle d'escalier polygonale vers l'intérieur ; ces éléments disparates sont tous construits en appareil à damier pierres et briques, qui n'est vraisemblablement pas antérieur ici au 16e siècle. Au-delà, deux ailes formant un angle obtus flanqué d'un pavillon carré à peine saillant datent du 18e siècle. " [1]

     

    LES REMPARTS DE GROSSOEUVRE (Eure)      " Aujourd'hui, la forme indécise de cet antique débris féodal
    a pris un aspect original et sévère. L'œil le moins exercé divise au premier coup en deux portions distinctes cette masse de constructions quelque peu incohérentes. Je ne parle pas de la tour Saint-Louis, dite la vieille tour, dont la ruine menaçante se cache sous le lierre et les gerbes de fleurs, mais de ce faux équerre commençant à l'Ouest par un groupe de tours multiformes, et se recourbant vers le Nord par un corps-de-logis plus régulier. Les tours, assez grossièrement reliées entr'elles, n'offrent rien de bien remarquable dans la distribution extérieure ou intérieure. L'appareil en échiquier, cailloux et pierres alternativement, une fenêtre carrée à colonnettes du 14e siècle, une petite baie ogivale sans ornement, d'énormes poutres saillantes, très-ouvragées, et reposant sur des sabots en pierre, des panneaux de vitres à volets ultérieurs, voilà les seuls souvenirs du moyen-âge. Cette partie peut avoir été construite lors de l'érection de la baronnie en 1317. Sous les combles, on voit encore une ancienne salle voûtée où se rendait la justice. La construction voisine, aux belles assises de pierre de taille, est du 17e siècle. Elle est percée de fenêtres et de portes symétriquement établies, et son intérieur se distribue en appartements réguliers. Ce contraste n'échappe pas aux amis du pittoresque.

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

          Si l'on voulait reconstruire par la pensée l’œuvre à laquelle son importance a valu l’épithète de grosse, il ne serait pas difficile d'en retrouver les principaux jalons. Le donjon s'élançait au Nord du château, sur l'emplacement actuel d'un magnifique massif de marronniers, et un corps de bâtiments revenait vers l'Ouest dans l'alignement de vastes et profondes caves qui sont maintenant au milieu du jardin. Une grande cour, ou place d'armes, s'étendait dans la direction du parc, jusqu'aux ruines des anciens fossés, dont on peut suivre facilement encore la circonvallation. La tour Saint-Louis qui a été conservée comme effet de ruines, tenait au château par une aile démolie en 1828. Elle est bâtie en briques et pierres, selon le style du temps de Henry IV. Du côté du Midi, on retrouve des traces très évidentes des fossés, des murailles et même des fortifications ajoutées sous la Ligue, si l'on rapporte à cette date les meurtrières qui garnissent le mur du jardin potager, vers le Sud. Enfin, la porte d'entrée élevée à la même place qu'aujourd'hui, et protégée par des ouvrages de défense, donnait accès, dans l'intérieur de la place, à ces nombreux bâtiments dont nous ne voyons plus à peu près que le quart. " [2]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet au 11e et 12e siècles et leurs fortifications aux marches entre France et Normandie par Jean Mesqui - pages 111-112 http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/LES-SEIGNEURIES-ivry-breval-anet.pdf

    [2] Extrait de Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques et dirigé par M. de Caumont - Éditeurs : Lance (Paris)/Frère (Rouen)/Marie-Viel (Caen)/Société française d'archéologie (Paris) 1852 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310375/f447.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Grossoeuvre%22.texteImage.zoom

    [3] page 68, extrait de http://www.mesqui.net/Page-d-accueil/indexfran.htm 

    [4] Extrait de Histoire d'Ivry-la-Bataille et de l'abbaye de Notre-Dame d'Ivry, d'après les notes et pièces inédites recueillies par feu M. F.-J. Mauduit, rédigées et classées par un membre de la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure – Editeur : (Evreux) 1899 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k165331b/f108.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Grossoeuvre%22.texteImage

    [5] Extrait de Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie / direction MM. A. Marignan, G. Platon, M. Wilmotte – Éditeurs : (Paris)/E. Bouillon (Paris)/H. Champion (Paris)/Éd. Albert (Paris)/la Renaissance du Livre (Bruxelles)/De Boeck université (Bruxelles), 1913
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116410n/f223.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Grossoeuvre%22.texteImage

    [6] Extrait de http://www.glisolles.fr/?Histoire-de-Glisolles-Le-chateau

    [7] Extrait de http://www.prey27.fr/medias/files/notes-historiques-sur-prey-st-luc-de-a-hermier-transcription-1.pdf

    [8] Extrait de https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Charles_Mast#cite_note-112

     

    Bonnes pages :

     

    http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Bayeux-Ivry.pdf

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