• LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados) LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)

     

    Ci-dessus : à gauche, les anomalies topographiques du centre de la parcelle B2/105 vues depuis le sud. © Cliché Luc Bourgeois, 2018 ; à droite, l’église et la cure de Noron vues depuis l’ancien manoir de Bur-le-Roy. © Cliché Luc Bourgeois, 2018. Photos extraites de https://lexirural.hypotheses.org/1343

     

          En lisière de l'ancienne forêt de Bur qui s’étendait autrefois entre Bayeux, Tilly-sur-Seulles et Saint-Lô (dont la forêt de Balleroy* est aujourd'hui l'un des vestiges), sur la commune actuelle de Noron-la-Poterie, s'élevait une résidence ducale, le château de Bur-le-Roy.

         C'est de ce château, qu'au cours d'un séjour de Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre et duc de Normandie, à la Noël 1170, que quatre chevaliers partirent assassiner l'archevêque Thomas Becket, le 29 décembre 1170, dans sa cathédrale de Cantorbery.

         On avait perdu son emplacement exact et c'est à partir du 19e siècle qu'il a été localisé sur la commune de Noron-la-Poterie.

         * Au 12e siècle, sous Jean Sans Terre, le massif s'appelait la " forêt de Burleroy". Il constituait pour les ducs de Normandie un territoire de chasse privilégié qui avaient également aménagé un parc à gibier à proximité du manoir princier voisin. [NdB]

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)   LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)

     

    Ci-dessus, plan de situation du manoir de Bur-le-Roy à Noron-la-Poterie d'après "Le manoir et le parc de chasse de Bur-le-Roy, Noron-la-Poterie, Calvados" par Luc Bourgeois, publié le 21/11/2019 par Marie-Laure Compant la Fontaine https://lexirural.hypotheses.org/1343 ; à gauche, blason des rois d'Angleterre par Gilloudifs

     

    " Quand les rois d’Angleterre fêtaient Noël dans le Calvados :

         (...) le roi Henri II (1133-1189) vint passer plusieurs fois Noël à Bayeux, en compagnie de l’évêque Philippe de Harcourt. Les deux hommes se connaissaient bien et le roi désirait sans doute admirer les travaux de restauration que le prélat avait entrepris sur la cathédrale. L’édifice avait été gravement endommagé pendant la guerre civile opposant les fils de Guillaume le Conquérant, dont Henri II était un arrière-petit-fils. Le roi, dit-on, fut émerveillé du soin apporté à la reconstruction et décida de rester quelques jours dans la région, en s’installant au château de Bures-le-Roy (ou Bur-le-Roi).

     

    Un hall prestigieux aujourd'hui disparu

     

         Ce château est à lui seul une formidable énigme : lui qui fut longtemps une résidence royale réputée disparut totalement de notre paysage. On oublia même l’endroit où il se situait, ce qui attira d’insatiables chercheurs de trésors. Quelques-uns furent trompés par la ressemblance entre Bur-le-Roy et Balleroy, mais durent reconnaître que la piste s’arrêtait là. Vers 1830, quelques historiens régionaux reprirent en main le flambeau des recherches, et proposèrent quelques hypothèses intéressantes. " [1]

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)1825 :

    Frédéric Pluquet, Notice sur une maison de plaisance des ducs de Normandie située dans l'arrondissement de Bayeux :

         " Le principal but de cette notice est de fixer l’emplacement d’un Bur, ou résidence ducale dans l'arrondissement de Bayeux, lieu désigné dans les chartres et diplômes sous le nom de Burum juxta Bajocum, Burum in Bajocensi pagon, Burgum juxta Bajocas, et en français Bur ou Bur-le-Roy.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de Noron-la-Poterie, tableau d'assemblage, daté de 1830, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/ ; le lieu "Bureleroy" est indiqué ainsi que l'emplacement des ruines de la chapelle Sainte-Catherine.

     

         M. l'abbé Delarue, qui a éclairci avec tant de sagacité plusieurs points obscurs de notre histoire de Normandie, pense que Bur, ou Bur-le-Roi est Balleroy. Ce n’est qu’avec beaucoup de réserve que je me permets de contredire l’opinion d’un savant confrère, dont personne plus que moi n'ignore le caractère et les talents ; mais je suis persuadé qu’il a été trompé par le voisinage de Balleroy et de la forêt du Bur, et surtout par l'analogie du nom de Balleroy avec celui de Bur-le-Roy, analogie qui paraît d’abord frappante , mais qui devient nulle, si l’on fait attention que le nom de Balleroy ou Balerei, Balerium, Balerreium ou Barlarreium existait long-temps avant que l’on ait donné au Bur, ou résidence ducale du Bessin, le nom de Bur-le-Roy.

         Je vais rechercher si ce n'est point à Noron, Nogrondus, village fort ancien, situé à une lieue et demie de Bayeux, sur la route de Saint-Lô, qu’il faut placer le Bur dont il est ici question.
    Si l’on en croit la légende contenue dans les bréviaires de Bayeux, Saint-Regnobert naquit au château de Noron, dans le 4e siècle. L'église de ce lieu n’offre rien de remarquable ; quelques parties sont construites en arête de poisson, genre de bâtisse quitté et repris, qui ne peut, comme on sait, fournir d’époques bien certaines aux archéologues.

         C’est dans ce village, heureusement situé pour les plaisirs de la chasse, proche de la forêt de Cerisy et des bois du Verney et du Tronquay qui n’en sont que des démembrements, qu’était le château du Bur, qui, rentré dans le domaine royal après la réunion de la Normandie, prit sous le roi Jean le nom de Bur-le-Roi, c’est-à-dire, bourg ou résidence appartenant au roi, comme on a dit : le Chemin-le-Roy, le Moulin-le-Roy, le Poids-le-Roy, etc.

         On voit encore les ruines de cet édifice non loin de l'église de Noron, à l’entrée du bois du Verney, sur un coteau, au pied duquel il y avait un étang qui fut desséché en 1795. Ces ruines sont connues dans le pays sous le nom de chapelle Sainte-Catherine, parce que cette chapelle, réparée à diverses époques, survécut longtemps à la destruction des autres parties du château.

         Les murs ont trois à quatre pieds d'épaisseur, et ne se joignent qu’en approche. On voit quelques enfoncements qui indiquent la place des voûtes ou planchers. Du reste, aucune croisée, aucun ornement, rien qui puisse indiquer une époque architecturale. Le ravage du temps et la main destructive de l'homme ont tout rendu méconnaissable. C’est une bâtisse composée de rangs extérieurs à assises droites, et de pierres jetées à la volée dans un mortier devenu aussi dur que la pierre. Les débris épars sur le sol, à une grande distance, indiquent que l'édifice occupait un terrain assez étendu.

          Les habitants disent qu’il y a de grands trésors enfouis sous ces ruines. J'ai vu les traces d'excavations pratiquées à diverses reprises dans le but de les découvrir, et qui n’ont rien produit. Les habitants ajoutent que Noron fut jadis une ville ; on m’a montré, à peu de distance de la chapelle, des fondements de murailles épaisses. Là était, suivant les uns, la prison du roi, et suivant les autres celle du duc Guillaume (On prétend que le Conquérant avait un château a Vaux , sur les bords de l'Aure. Le lieu où il était, dit-on, place, porte le nom de delle du château Guillaume) : il est assez remarquable que la plupart des traditions populaires de, notre pays semblent se rattacher à ce nom célèbre.

         Des personnes dignes de foi m’ont assuré qu’on avait trouvé, à diverses époques, dans le voisinage des ruines de Noron, « des pièces d’argent et de billon très-mince, mais je n’en ai point vu. Il existait dans le château du Bur, deux chapelles que leur destination religieuse sauva longtemps de la destruction des autres parties de l'édifice.

         M. Petite, official de Bayeux, dans sa carte de ce diocèse, publiée en 1676, place à Noron la chapelle Sainte-Catherine de Bur-le-Roy, tout près d’une chapelle Saint-Nicolas, a laquelle il donne la même épithète.

         Hermant, écrivain dépourvu de toute critique, attribue la fondation de ces deux chapelles à Saint-Regnobert, qui, selon lui, vivait dans le 4e siècle. Voici ce passage fort curieux :

         « On attribue encore au zèle de Saint-Rognobert deux autres chapelles, l'une située dans le château de Noron, à laquelle on a depuis donné le nom de Sainte-Catherine de Bulroy ; et l’autre porte le nom de Saint-Nicolas de Bulroy, hors l’enceinte de ce château, qui est maintenant presque ruinée. "

         Un pouillé des diocèses de Normandie, imprimé à Paris, chez Gervais Alliot, en 1625, fait mention d’une chapelle du Bourg Royal, capella de Burgo Regio, dans le doyenné de Campigny, diocèse de Bayeux.

         Malgré le temps et les révolutions qu’il amène, la résidence ducale de Noron a conservé son nom, pour ainsi dire, jusqu’à nos jours.

         Les titres du 18e siècle font encore mention de la terre seigneuriale du Bur-leRoy à Noron. Elle comprenait la chapelle Sainte-Catherine, l’étang desséché, un colombier et une ferme..." [3]

     

    1835, Arcisse de caumont :

     

    " Ruine Sainte-Catherine :

         Près de l'église est une ruine que j'ai signalée, il y a bien longtemps, sur le penchant d'un petit vallon. On connaît ces débris, que l'on peut apercevoir de la grande route de Bayeux à Saint-Lô, sous la dénomination de chapelle Sainte-Catherine.

         M. Pluquet et quelques autres antiquaires ont placé là le palais de Bures, manoir que les ducs possédaient dans le quartier.
    Bures, près Bayeux, était moins une place de guerre qu'une de ces maisons de plaisance, mansiones regioe, que nos ducs venaient habiter lorsqu'ils voulaient se livrer aux plaisirs de la chasse, et qu'ils possédaient près de toutes les grandes forêts de leur duché.
    Ce palais de Bures était situé à peu de distance et au sud de l'église de Noron ; des maisons modernes occupent une partie de l'enceinte encore tracée par des restes de fossés et des fondations de mur à fleur de terre. La cour s'appuyait, au Midi, sur un petit vallon autrefois transformé en étang au moyen d'une digue ou barrage de terre ; on voit encore, sur le bord de cette ancienne pièce d'eau, les ruines de la chapelle dont je viens de parler et qui devait être dans une des cours du château, mais qui paraît avoir été reconstruite postérieurement au 13e siècle.
         Près de cet emplacement règnent des fossés qui enceignent une très grande partie du bois du Vernay, où on les connaît sous le nom de Fossés-Saint-Regnobert. Malgré certaine légende qui attribue au saint évêque de Bayeux l'établissement de ces fossés, on pense qu'ils sont l'ouvrage des ducs de Normandie, et qu'ils servaient à enclore une partie du bois qui formait le parc de l'habitation. Il serait même assez naturel de supposer qu'ils ont été faits dans la seconde moitié du 12e siècle, par Henri II, qui paraît avoir affectionné son manoir de Bures et qui y venait souvent..." [2]

     

    1867 :

         " L'effet de l'absorption de la Normandie par ses voisins les rois de France et de la perte de notre autonomie a été tellement profond que l'on a oublié jusqu'à la mémoire du lieu où s'élevait le château de Bur, témoin d'une si grande affluence de seigneurs, d'évêques et de barons, au temps des ducs de la dynastie des Plantagenet. L'abbé de la Rue, qui a tant d'autorité dans nos antiquités, a prétendu dans une dissertation spéciale que Bur-le-Roy n"était autre que le bourg actuel de Balleroy. M.de Toustain démontre que la ressemblance des noms a induit l'abbé de la Rue en erreur et indique comment il a pu retrouver les traces du château et l'emplacement du parc ducal là où se trouve encore la forêt de Bur, dans la paroisse de Noron, aux abords de
    Bayeux. Deux chapelles, qui existaient encore au moment de la Révolution, en étaient un lointain souvenir, dans ces lieux aujourd'hui déserts et abandonnés. M. de Toustain rappelle que c'est au château de Bur qu'Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, tenait sa cour le jour où il proféra les imprudentes paroles qui poussèrent quatre de ces courtisans trop zélés dont la platitude servile fait le malheur des princes, à aller assassiner Thomas Becket, l'illustre martyr de Cantorbéry. " [4] 

     

         " La lecture d’anciennes chartes médiévales les poussa à chercher du côté de Noron-la-Poterie et c’est là qu’ils découvrirent quelques maigres vestiges d’un château construit à la même époque que celui de Bayeux, lui aussi disparu. Idéalement situé au milieu des bois, près d’un cours d’eau, le château de Bur fut sans doute un palais royal important. À Noël comme à Pâques, Henri II venait y chasser et faire la fête. Un chroniqueur raconte qu'une année, le roi y a invité une assemblée si nombreuse que l’on dressa une table pour 110 chevaliers dans une des chambres du château ! " [1]

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados) LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)    " Thomas Becket, ou Thomas À-Becket ou Thomas de Londres dit saint Thomas de Cantorbéry, (Cheapside, Londres, 21 décembre 1120 - Cantorbéry, 29 décembre 1170) fut archevêque de Cantorbéry de 1162 à 1170. Il engagea un conflit avec le roi Henri II d'Angleterre sur les droits et privilèges de l'Église. (...) En 1170, la tension était désormais trop grande pour trouver une issue autre que la catastrophe qui ne fut pas longue à venir. Une phrase du roi exaspéré : « N'y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? » (bien qu'il puisse s'agir d'une phrase apocryphe, la phrase exacte étant incertaine) fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers anglo-normands : Reginald Fitzurse, Hugues de Morville, Guillaume de Tracy et Richard le Breton (en). Ces quatre chevaliers projetèrent donc immédiatement le meurtre de l'archevêque et le perpétrèrent près de l'autel de la cathédrale de Canterbury le 29 décembre 1170. Henri II se résolut alors à faire pénitence publique à Avranches en 1172. (...) Thomas Becket fut canonisé en 1173 dans la cathédrale de Canterbury, devenue lieu de pèlerinage." [5]

     

    Ci-dessus, à gauche, le martyre de Thomas Beckett, fresque visible dans la cathédrale de Bayeux ; à droite, enluminure du 13e siècle représentant le meurtre de Thomas Becket par Inconnu — Original in British Library: Harley MS 5102, f. 32various on-line versions, including https://media1.britannica.com/eb-media/74/6374-004-42468C00.jpg; also cited on cover of Frank Barlow's "Thomas Becket", Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=200471

     

    " Le manoir et le parc de chasse de Bur-le-Roy (Noron-la-Poterie, Calvados)

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)     Établi au sein d’une vaste foresta contrôlée par les ducs-rois normands au plus tard dans les années 1030, Bur-le-Roy apparait comme une résidence princière citée à plusieurs reprises entre les années 1160-1170 et 1204 (en particulier sous le règne d’Henri II) puis comme le centre d’un domaine royal.

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    [É. Ridel-Granger, « Château de Bur-le-Roy », dans É. Ridel-Granger (dir.), De bois, de terre et d’eau… Patrimoine archéologique, historique et culturel autour de la forêt de Cerisy (Calvados, Manche) (Projet collectif de recherche, 3e bilan), Caen, DRAC de Normandie (SRA), 2017, fiche de données pour la carte archéologique, 15 p. Nous tirons de cette notice la plupart des éléments historiques évoqués.]

         En attendant le dépouillement plus systématique des archives que cet ensemble mériterait, les textes et la topographie du site révèlent tous les caractères d’un manoir princier associé à un parc de chasse et à une foresta ducale puis royale.

         Les quelques observations réalisées au cours d’une visite du site ont été complétées par une consultation de l’ensemble des clichés verticaux de l’IGN réalisés depuis 1949, et par une analyse des plans cadastraux « napoléonien » et actuel. La carte ci-dessous fournit la synthèse de ces observations. L’ensemble du paysage est aujourd’hui occupé par des prairies bocagées et des espaces boisés, qui se prêtent mal à une prospection au sol destinée à la collecte de mobilier. L’ensemble est établi à cheval sur les communes actuelles de Noron-la-Poterie et de Saint-Paul-de-Vernay.

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)

     

    Ci-dessus, croquis de localisation des différentes composantes de Bur-le-Roy, d’après le plan cadastral de 1830 (non redressé). © Carte Luc Bourgeois, 2019 ; plan extrait de https://lexirural.hypotheses.org/1343

     

    Le manoir et l’église de Bur

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)     Le manoir de Bur-le-Roy était situé dans l’actuelle parcelle B2/105 du cadastre de Noron-la-Poterie. Quatre masses bâties désignées sous le nom de Burleroy sont encore présentes sur le plan cadastral de 1830 [Cadastre de 1830, parcelle B, parcelles n° 117 à 126.].

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de Noron-la-Poterie, section B2, daté de 1830, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/

     

         Elles forment un ensemble assez lâche organisé autour d’une cour. Tous ces bâtiments ont disparu, mais le terrain conserve actuellement une série d’anomalies topographiques correspondant à ces structures et le puits présent au centre est encore perceptible sous la forme d’une margelle récente. Les marges est et sud de cet ensemble présentent également des anomalies linéaires distinctes des haies entourant de la parcelle et qui pourraient correspondre à un mur d’enceinte ou un merlon de terre précédés d’un fossé. Il s’agit probablement des vestiges observés par Henri de Toustain en 1865 [H. de Toustain, Essai historique sur le château de Bur, Caen, Le Gost-Clérisse, 1865]. Nous n’avons en revanche remarqué aucune anomalie dans la parcelle B2/106, située entre ces vestiges et l’église.

         Cet ensemble jouxtait au sud l’église paroissiale Saint-Germain, associée à sa cure et à son cimetière. Elle est dénommée ecclesia de Bures dans le pouillé des environs de 1350 et est alors alternativement à la présentation de Guillaume de Bures et de l’abbé de Fontenay.

    [Pouillés de la province de Rouen, A. Longnon (éd.), Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 121. C’est encore ce toponyme qui prévaut en 1494 (p. 138)].

     

    Les parcs

     

          La toponymie du cadastre ancien révèle la présence d’un « Petit Parc » et d’un « Grand Parc » au nord et au nord-est du manoir. Le premier correspond à la parcelle rectangulaire B2/103 du cadastre actuel [31 140 m2], le second à la parcelle 102 [49 670 m2]. Le petit parc abrite en 1830 une parcelle polygonale assez étrange (mare ?). Assez logiquement, ce dispositif permettant de conserver du gibier et attesté en 1184 était établi entre deux espaces forestiers permettant la chasse des animaux libérés du parc et situés de part et d’autre de celui-ci : le buisson du Tronquay à l’est et le buisson de Vernay à l’ouest, le cours de la Drôme séparant ces deux bois.

    [É. Ridel, « Limites forestières, bornage et gestion de l’espace dans les forêts de Bur-le-Roy », dans É. Ridel (dir.), De bois, de terre et d’eau… Patrimoine archéologique, historique et culturel autour de la forêt de Cerisy (Calvados, Manche) (Projet collectif de recherche, 2e bilan), Caen, DRAC de Normandie (SRA), Caen, 2016, annexe 1 (voir la carte des paroisses et hameaux de Bur-le-Roy)].

     

    Les chapelles

     

         Au sud du manoir, le chemin de la chapelle Sainte-Catherine permettait de gagner ce petit édifice religieux dont les ruines étaient encore apparentes il y a une trentaine d’années. Il apparaît sur le plan cadastral ancien comme un bâtiment rectangulaire d’une vingtaine de mètres de long et à chevet plat. La seconde chapelle, attestée en 1184 et dédiée à saint Nicolas, était peut-être établie vers l’angle nord-ouest de l’actuelle parcelle B2/105 (ancienne parcelle B 126, qualifiée de « Jardin Saint-Nicolas » sur la matrice cadastrale de 1831). Elle parait en tous cas plus étroitement associée au manoir de Bur.

     

    Les aménagements hydrauliques

     

         La chapelle Sainte-Catherine était en revanche située au centre des aménagements hydrauliques qui ont permis de capter le cours du ruisseau de la chapelle Sainte-Catherine (autrefois appelé « Ruisseau du Vernay », du nom de la source qui l’alimente), affluent de la Drôme. Deux voire trois chaussées successives ont barré le vallon pour établir des étangs. L’emprise des étangs supérieur et médian (commune de Saint-Paul-du-Vernay), récemment remis en eau et inaccessibles, peut être restituée à l’aide de la morphologie parcellaire. La rue de la chapelle Sainte-Catherine passe sur la chaussée du second. La rue de la Chapelle Sainte-Catherine passe sur la chaussée du second. Des anomalies topographiques permettent d’envisager un étang inférieur en contrebas, en direction du Manoir et sur le territoire communal de Noron.

         Le moulin à eau attesté en 1316 contre une chaussée était probablement associé à la chaussée 2, qui correspond à la plus forte hauteur de chute du dispositif. Aux abords du Manoir, le ruisseau présente un cours en angle droit qui n’est pas naturel. Il se jette dans la Drôme peu après avoir traversé les terrains occupés par cette maison noble, dont les élévations comportent des éléments attribuables à la fin du 15e siècle ou au début du 16e siècle. Peut-être faut-il compléter le dispositif du complexe ducal par cet habitat, puisqu’un texte de 1314 mentionne les manoirs de Bur.

     

    Conclusion

     

         L’ensemble de Bur-le-Roy présente donc, dans un environnement bien préservé, toutes les caractéristiques d’un manoir associé à un parc de chasse conjuguant les composantes classiques de ce type d’installation (grand parc et petit parc, étangs, possibles moulins). Une meilleure connaissance de ce site dans son environnement pourrait être obtenue en réalisant une enquête d’archives systématique. Sur le terrain, un repérage des structures (manoir, chapelles) à l’aide d’un relevé micro-topographique par drone, complété au besoin par une prospection électro-magnétique, fournirait un état plus précis des structures enfouies et de leur état de conservation. " [6]

     

    A proximité :

     

    - Le manoir du Pont Senot du 15e siècle inscrit aux Monuments historiques.

    - L'église Saint-Germain du 11e siècle, très remaniée. 

     

    LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados) LES REMPARTS DE BUR-LE-ROY (Calvados)

     

    Ci-dessus : à gauche, le manoir du Pont Senot par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40993663 ; à droite, l'église Saint-Germain de Noron-le-Poterie par S. Plaine — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34904943

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Quand les rois d’Angleterre fêtaient Noël dans le Calvados par Charles le 23 déc 2011 http://www.histoirenormande.fr/quand-les-rois-dangleterre-fetaient-noel-dans-le-calvados

    [2] Extrait du Cours d'antiquites monumentales ... Histoire de l'art dans l'ouest de la France depuis les temps les plus reculés jusqu'au 17e siecle, Volume 5 par Arcisse de Caumont - Lance, 1835 https://books.google.fr/books?id=QdtWAAAAcAAJ&pg=PA244&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

    [3] Extrait des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 1 Société des antiquaires de Normandie, 1825 https://books.google.fr/books?id=5jhOAQAAIAAJ&pg=PR80&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false https://books.google.fr/books?id=5jhOAQAAIAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    [4] Extrait de la Revue de la Normandie : littérature, sciences, beaux-arts, histoire, archéologie par une société d'hommes de lettres de la Normandie – Éditeur (Rouen) 1867. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5733470g/f261.item.texteImage

    [5] Extrait de Wikipédia

    [6] Extrait de Le manoir et le parc de chasse de Bur-le-Roy, Noron-la-Poterie, Calvados par Luc Bourgeois, publié le 21/11/2019 par Marie-Laure Compant la Fontaine https://lexirural.hypotheses.org/1343

     

    Bonne(s) page(s) :

     

    http://conclarendon.blogspot.com/2016/03/bur-le-roi.html

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  • Commentaires

    1
    tonton martineau
    Samedi 21 Mars 2020 à 20:29
    J'étais intervenu en 2017 en commentaire de l'article " Quand les rois...." , une recherche personnelle assez poussée l'ayant permis de relever une erreur de localisation. Je suis bien heureux de constater que des chercheurs normands sortent Bur-le-roy de l'oubli. Je n'ai pas eu l'occasion de me rendre sur place mais il y a sans aucun doute matière a fouilles. Ce nouvel article est ma foi bien documenté.
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