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LES REMPARTS DE BONNEVILLE-SUR-TOUQUES (Calvados)
Au centre : Le château de Bonneville-sur-Touques from the sky http://www.normandythenandnow.com/the-very-private-castle-of-william-the-conqueror-at-touques/ ; à droite, photo extraite de http://www.francoislevalet.fr/picture.php?/1595/category/10
« Le château de Bonneville-sur-Touques est une demeure historique située à Bonneville-sur-Touques dans le Calvados en France. » [1]
« Résidence ducale attestée dès 1059-1063, la fortification semble avoir connu la faveur des ducs jusqu’en 1204. » [2]
« Le château de Bonneville, construit au 11e siècle, commandait la vallée de la Touques et en surveillait l'estuaire où se situait
l'un des principaux ports de débarquement au retour d'Angleterre. Parallèlement à son rôle militaire, la forteresse constituait l'une des résidences les plus fréquentées des souverains anglo-normands au 11e et 12e siècles. Transformée en carrière de pierres à partir du 17e, la construction conserve à l'intérieur d'un fossé circulaire, les vestiges de l'enceinte castrale de la fin du 12e que flanquaient 5 tours rondes et un ouvrage d'entrée ainsi que les bases d'un donjon circulaire du 13e siècle. » [3]À droite, plan du château de Bonneville-sur-Touques d'après Michel de Boüard : Fouilles au château de Bonneville-sur-Touques. In Annales de Normandie, 16ᵉ année, n°4, 1966. pp. 351- 378; doi : 10.3406/annor.1966.6779 http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1966_num_16_4_6779 ; à gauche, blason de Bonneville-sur-Touques par Celbusro — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39159125
Histoire
« Le château de Bonneville-sur-Touques est construit aux 11e et 12e siècles. Il appartient à Guillaume le Conquérant (1027-1087), d'où la dénomination « château de Guillaume le Conquérant » qui lui est parfois donnée localement. » [1]
Dessin ci-dessus, inspiré de la scène du serment de Harold de Wessex visible sur la Tapisserie de Bayeux, extraite du site : http://telle-une-tapisserie.eklablog.com/accueil-c25612310
Le serment de fidélité prêté en 1064 au duc de Normandie Guillaume par Harold de Wessex s'est-il déroulé à Rouen, à Bayeux ou à Bonneville-sur-Touques ? La question n'a pas été tranchée. [NdB] :
« Les chroniqueurs normands ne sont pas d'accord sur le lieu où fut prêté le serment de Harold : Guillaume de Jumièges (1. VII, c. 13, p. 132-133), fort bref sur ces faits, est muet à cet égard ; Ordéric Vital place le serment à Rouen (1. III, c. II, t. II, p. 117) ; Wace (vers 1082) à Bayeux, probablement sur la foi de la « tapisserie ». Il est difficile de départager les auteurs autrement qu'en donnant crédit au témoin le plus proche des événements, en l’occurrence Guillaume de Poitiers : Bonneville-sur-Touques n'est pas fort éloigné de Lisieux, dont notre auteur était archidiacre ; on peut donc admettre qu'il était informé de première main. En revanche, la « tapisserie », probablement exécutée pour Eudes, évêque de Bayeux, ne manque pas d'exalter le prélat et sa ville épiscopale... » [4]
Ci-dessus : à gauche : Bonneville-sur-Touques, entrée du château, dessin de F. Thorigny vers 1850 ; au milieu et à droite, dessins extraits de la Statistique Monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.
« Lorsqu'ils viennent d'Angleterre, ses occupants, les ducs normands, débarquent dans le port proche de Touques et rejoignent le château par la route.
Henri Ier, Henri II et ses fils Richard Cœur-de-Lion et Jean-sans-Terre font de Bonneville leur pied-à-terre préféré en Normandie.
De 1176 à 1180, Henri II y tient « une cour fort brillante ». Jean-sans-Terre y réside souvent entre 1199 et 1203. (...)
Philippe-Auguste s'empare de la Normandie en 1204 et met ainsi la main sur le château. Il en abandonne la jouissance aux évêques-comtes de Lisieux, qui portent déjà le titre de baron de Touques, lesquelles en font une résidence de campagne. (...)
Du 13e au 15e siècle, le château est alternativement propriété anglaise ou française, au gré des conquêtes de chaque camp : « De 1203 à 1449, c'est-à-dire en 246 ans, les Anglais et les Français se le reprirent cinq fois. ».
Dessin ci-dessus extrait de la Statistique Monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.
Le 1er août 1417, le roi d'Angleterre Henri V débarque à Touques « avec une grande armée navale » et s'empare du château le surlendemain, le 3 août. Il le garde jusqu'à sa mort, en 1422. En 1451, le château redevient français, définitivement et rejoint le domaine royal jusqu'en 1529.
La fin de la guerre de Cent Ans, en 1453, signe le début du déclin du château. François Ier y séjourne tout de même quelques jours en 1545.
Au 16e siècle, le château est en partie démantelé par Crillon, qui l'a victorieusement assiégé.
L'envasement de l'embouchure de la Touques provoque le dépérissement du port de Touques et, par voie de conséquence, réduit encore l'intérêt stratégique du château de Bonneville.
En 1529, François Ier cède le château à la maison Bourbon-Orléans.
En 1649 et en 1742, des autorisations sont données pour que la construction de l'église de Bonneville puisse se faire en prélevant des pierres sur le château.
En 1792, Philippe Égalité met en vente le château, qui est acheté pour 3 000 livres par M. Labbey, de Reux, et Charles-Claude Lefebvre, de Pont-l'Évêque.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands utilisent le château comme campement pour l'organisation Todt : 700 travailleurs de toutes nationalités, affectés à la construction du « Mur de l'Atlantique », y sont regroupés. À la Libération, le château reste une prison pendant encore dix-huit mois, cette fois pour des personnes suspectées de collaboration avec l'occupant nazi.
Le château appartient à la famille Léo depuis 1872.
Le 18 juin 1927, le château est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques. Il est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 16 novembre 1964. » [1]
Il faut écarquiller les yeux pour apercevoir cette forteresse. On peut deviner, à travers les frondaisons, ses tours et ses remparts. Le château de Bonneville-sur-Touques, propriété privée, n’est malheureusement plus ouvert à la visite... [NdB]
Description :
" Il reste peu de choses aujourd'hui du château qui connut sa gloire entre le 14e siècle et le milieu du 15e. » [1]
« Le château est une enceinte ovalaire installée à mi-pente du versant nord-est de la vallée de la Touques et cernée d’un fossé large et profond. L’entrée située au nord-ouest correspond à un état du 13e s. Aucun donjon n’est clairement attesté et seule la plus grosse tour est mentionnée avant la fin du 12e s. On suppose que les constructions antérieures à cette date étaient vraisemblablement en bois et la plupart des maçonneries aujourd’hui visibles datent du 13e s. Une étude récente des pierres de construction, a montré que certaines parties du rempart correspondent aux plus anciennes maçonneries conservées. » [2]
" Au temps de sa splendeur, le château comprenait : une grosse tour (donjon), un logis (14e), la maison du fermier, une porte d'entrée avec pont-levis et cinq tours : la tour de Rollon, la tour aux prêtres (tour de la chapelle), la tourelle à la guête (tour du serment), la tour des Rouvoisons (tour du roi Jean), et la tour de Robert le Diable.
Des fouilles entreprises en 1965, Michel de Boüard, directeur du centre de recherches archéologiques médiévales de l'Université de Caen, fait ce résumé :
« Les édifices d'habitation semblent avoir été particulièrement nombreux dans la partie septentrionale de l'enceinte ; ils étaient adossés au rempart nord et ouvraient ainsi leurs fenêtres vers le midi. Entre la porte d'entrée et la tour des Rouvoisons se trouvait la « grande salle », toute voisine de la porte, la « chambre le Roy », la « chambre la Royne », la « chambre as chevaliers » qui confinait la « grande salle ». Plus à l'est, on voyait la salle du Tinel, puis la cuisine et le manoir du capitaine, c'est-à-dire la résidence du commandant de la garnison du château. Les soubassements de ce dernier édifice se trouvent aujourd'hui sous la maison d'habitation que l'on a construite vers 1830 à l'extrémité orientale de l'enceinte : des sondages effectués récemment ont permis de les apercevoir. ». [1]
Légende
" Sur le versant d'un coteau couronné par la forêt, s'élèvent les vestiges du château de Bonneville-sur-Touques. Guillaume le Conquérant y résidait souvent. C'est là que Harold, venu en Normandie, promit d'abandonner, en faveur de Guillaume, l'héritage d'Edouard le Confesseur, et c'est là que le duc de Normandie réunit son conseil pour décider de la conquête de l'Angleterre.
Le château resta au pouvoir de l'étranger jusqu'en 1449, repris par Dunois à cette date. Une tradition rapporte que l'évacuation de la forteresse par les Anglais se fit d'une façon plaisante. Les troupes de Charles VII occupaient le pays et les Anglais s'attendaient, à chaque instant, à être attaqués. Un matin, au point du jour, leurs sentinelles signalèrent un corps nombreux qui s'avançait du côté du fort. L'alerte se répandit aussitôt. S'imaginant qu'elle allait être investie et qu'elle allait subir l'assaut, la garnison sortit précipitamment du château pour ne plus y rentrer. Mais ce que les sentinelles avaient pris pour l'avant-garde française n'était autre chose qu'un troupeau de boeufs qu'on menait au marché. " [5]
O Église Saint-Germain-et-Saint-Loup du 18e siècle.
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de http://www.mondes-normands.caen.fr/france/patrimoine_architectural/normandie/pays_auge/pontEveque/Bonneville/index.htm
[3] Extrait de http://www.normandie-france.com/v14699-touques.html
[4] Extrait de Supplément aux Annales de Normandie - 7e Année. - N° 2. Mai 1957 – L'histoire locale à l'école - http://www.persee.fr/doc/annor_0000-0002_1957_num_7_2_6564
[5] Extrait de Légendes de Basse-Normandie – inventaire communal - par Edouard Colin, Charles Corlet Editions, 1992
Bonnes pages :
O http://www.chateauxfaure-et-faureteresses.com/bonneville.html
O http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/47d1b26a44027e68b479c0418cfd8ba9.pdf ; Ce PDF est également consultable ci-dessous :
Ci-dessous : Michel de Boüard : Fouilles au château de Bonneville-sur-Touques. In Annales de Normandie, 16ᵉ année, n°4, 1966. pp. 351- 378; doi : 10.3406/annor.1966.6779 consultable sur : http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1966_num_16_4_6779
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