• LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)

          On trouve sur le territoire de Saint-Jean-le-Blanc, près du hameau de Marsengle, une motte féodale signalée en 1825 par Arcisse de Caumont. [NdB]

     

    Arcisse de Caumont :

     

    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)     " J'ai visité, en 1825, à 2 kilomètres au Sud de l'église, sur la rive gauche de la rivière venant de Danvou et non loin du ruisseau qui sépare Saint-Jean-le-Blanc de Lesnault, une motte entourée de fossés et couverte de bois. Cet emplacement d'un très ancien château est en forme d'ovale allongé. Je l'ai cité dans le cinquième volume de mon Cours d'antiquités. " [1]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)

     

    Plan de situation de la motte de Saint-Jean-le-Blanc : en pointillés, j'ai situé la zone où se trouverait cette motte féodale ; blason du département du Calvados extrait de https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_d%C3%A9partement_fr_Calvados.svg

     

    Notice historique sur Saint-Jean-le-Blanc par Lemonnier, (1846) :  


    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)     " Saint-Jean-le-Blanc est une ancienne commune des plus considérables du canton de Condé-sur-Noireau. Elle se trouve dans l'arrondissement de Vire, entre Condé-sur-Noireau, Vassy et Aunay. Elle est bornée, presque partout, par une rivière et des ruisseaux ; au midi, par la Druance et le ruisseau d'Halgré qui la partage de Lassy et de Saint-Vigor-des-Mézerets ; au levant, par le ruisseau des Vaux, qui la partage de l'Enault et du Plessis, et au couchant, par le ruisseau d'Acre, qui la sépare de Danvou.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1825 montrant l'emplacement d'anciennes fortifications, Archives du Calvados - https://archives.calvados.fr/

     

         Son étendue est de 8 kilomètres du Nord au Sud, et de 4 kilomètres du levant au couchant. Vingt-quatre villages sont disséminés sur ce vaste territoire. Elle est côtoyée et bornée au midi, par la Druance, petite rivière qui tire son nom des druides, dont l'habitation (connue encore aujourd'hui sous le nom de Château des Druides), était voisine de sa source qu'elle prend dans le bois du Parc-Huet, au midi de l'église de la Ferrière-Duval, sur le territoire de Montchauvet. Le petit ruisseau de Tortonne l'arrose aussi en la traversant du levant au couchant.
         Il existe des traditions qui semblent insinuer que cette commune était habitée sous la domination romaine. Près de l'église, au couchant, un champ s'appelle le Champ de la ville et les laboureurs disent aussi qu'il y eut une ville à Saint-Jean-le-Blanc. Peut-être sous la domination des Romains, y eut-il, près de l'église, un palais ou villa d'été, destiné à un chef ou commandant qui dominait sur tout le pays. Quoiqu'il en soit, pendant le moyen-âge, l'un des braves compagnons de Rollon jeta les fondements d'un château au Sud-Est de l'église. Son emplacement s'appelle encore les Trois-Châteaux. Il était situé au N-O du village de Marsengle, sur un cap ou promontoire formé, par la jonction de deux vallées. Ces excavations naturelles défendaient l'accès de cette forteresse, de deux côtés, au N. et au S. ; et, l'on pouvait d'ailleurs rendre cet accès plus difficile encore, en arrêtant au moyen de digues, la rivière de la Druance et un petit ruisseau qui coulent au fond des ravins, de manière à transformer en pièces d'eau ces deux vallées entières.


    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)     Ce château devait se composer d'une tour carrée ou donjon, reposant sur une motte, en partie naturelle, en partie artificielle. Un fossé formait un cercle à la base de cette éminence, et l'isolait en quelque sorte de la cour, au centre de laquelle elle était placée. Dans cette cour, se trouvaient des constructions qui servaient soit de magasins ou d'écuries, soit de logements pour les gens du seigneur. La cour, qui était un ovale allongé, était garnie de pièces de bois enfoncées en terre et serrées les unes, contre les autres de manière à former une espèce de mur. Au-delà de cette palissade existait un fossé profond ; le donjon, ou tour carrée, était construit en bois, plus ou moins élevé, divisé en plusieurs étages, et du haut duquel on découvrait une étendue de pays assez considérable. Le commandant de la place habitait dans cette citadelle.

     

    Ci-dessus : photo de la motte de Saint-Jean-le-Blanc extraite d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

         Voilà en peu de mots la reconstruction de cette forteresse telle qu'elle a dû exister dans le dixième siècle.
         Parmi les Seigneurs qui accompagnèrent, en 1066, Guillaume, duc de Normandie, à la conquête de l'Angleterre, on remarquait celui de Saint-Jean-le-Blanc et Robert de Marsengle. Ce dernier seigneur accompagna aussi, en 1096, Robert, duc de Normandie, à la première croisade. Dans le même siècle, la majeure partie du territoire appartenait aux Barons du Plessis. Après la révolte de Grimoult qui s'unit aux Barons Normands, en 1047, pour détrôner Guillaume-le-Conquérant, ses biens et son château furent confisqués. En 1074, Guillaume-le-Conquérant donna à Odon, évêque de Bayeux, son frère utérin, la terre du Plessis, pour lui et les évêques de Bayeux ses successeurs. Ce prélat en fonda sept prébendes pour sa cathédrale, la première fut celle de St-Jean-le-Blanc. En 1153, Philippe, évêque de Bayeux, donna aux chanoines du Plessis la prébende de Saint-Jean-le-Blanc. Ainsi, il est incontestable que cette localité était habitée dès le milieu du 12e siècle. Celte prébende était attachée au titre de Prieur du Plessis, qui en était curé. Selon la tradition, ce n'était, dans l'origine, qu'une chapelle sous l'invocation de Saint-Jean-Baptiste. Les moines du Plessis y célébraient l'office les dimanches et les fêtes. Comme ces religieux, de l'ordre de Saint-Augustin, portaient continuellement un rochet blanc sur leur soutane blanche, on appela cette chapelle St-Jean-le-Blanc, du nom du Saint, sous l'invocation duquel elle fut dédiée et de la couleur de l'habit des religieux qui la desservaient. (...)
         Un siècle s'était à peine écoulé depuis la donation de cette prébende de Saint-Jean-le-Blanc aux religieux du Plessis et la fondation de l'église paroissiale : la fin du 12e siècle fut signalée par une nouvelle preuve de libéralité envers ces religieux.
         En 1174 Richard du Hommet, connétable du roi d'Angleterre, donne à Guillaume de Méheudin, son homme et son écuyer, la terre de Crépigny et ses dépendances, située sur le territoire de Saint-Jean-le-Blanc. Guillaume de Méheudin donna dans la suite cette même terre, ainsi que celle du Kaisnel, aux religieux du Plessis, donation qui fut confirmée par Henri II, évêque de Bayeux, à la fin du 12e siècle.
         Nous avons vu l'origine du château de Marsengle, nous l'avons même reconstruit par la pensée, constatons maintenant l'époque de la destruction. Qu'il nous soit permis de présenter à cet égard quelques conjectures que semblent autoriser l'histoire et la tradition. Nous pensons que cette forteresse, fut détruite par les Anglais, vers la moitié du 14e siècle, soit en 1346, où Edouard III ravagea la Basse-Normandie, soit en 1356, où ces insulaires firent une seconde descente, pillèrent notre contrée et la mirent à feu et à sang. C'était du côté du couchant seulement qu'on pouvait se rendre maître de cette forteresse et c'est précisément là que se trouve une éminence appelée la Butte à l'Anglais, lieu où les Anglais vinrent camper lorsqu'ils assiégèrent la forteresse de Marsengle.
          On voit encore les traces des fossés ou remparts de cette habitation féodale : plusieurs noms significatifs se sont aussi conservés : le promontoire où s'élevait le château s'appelle encore les
    Trois Châteaux ; la Porte du Château, les Fossés, le Puits du Château, la Butte à l'Anglais et le Pré du Déluge, nous offrent une source de documents très précieux. Après la destruction de ce château fort, la féodalité continua d'exercer son empire dans ce village.
         En 1388, Blanche de Navarre, veuve de Philippe de Valois, roi de France, avait droit de péage sur le pont de Marsengle. (...)


    LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados) LES REMPARTS DE SAINT-JEAN-LE-BLANC (Calvados)    Non loin du promontoire, où s'éleva jadis la forteresse de Marsengle, un tabellion fonda une chapelle, à la fin du 17e siècle.
         La chapelle de Marsengle s'élève au fond d'un vallon frais et gracieux. Sur le mur méridional on lit cette inscription : Par Me Sébire, 1685.

     

    Ci-dessus, à droite, une photo de la chapelle de Marsangle extraite de http://tourisme.aidewindows.net/saint-jean-le-blanc.htm

     

         Etienne Sébire, dit la tradition, était tabellion à Lénault. Ayant été trompé en recevant un acte de vente, il fut traduit, comme faussaire, devant le parlement de Rouen, et sur le point d'être Condamné injustement à mort. Dans cette extrémité, il fit vœu de bâtir une chapelle en l'honneur de la Sainte Vierge, s'il échappait à la mort. Bientôt, son innocence fut reconnue, et il fonda Notre-Dame de Marsengle.
    La statue de la Sainte Vierge, qui est l'objet d'une vénération particulière, occupe une petite niche, à droite de l'autel, au midi. Elle est faite d'un bloc calcaire. La mère de Dieu est représentée avec l'empreinte d'une douleur profonde et tient entre ses bras son divin Fils, qu'on vient de descendre de la Croix. On reconnaît, en la voyant, l'œuvre d'un sculpteur habile et les connaisseurs admirent surtout le Christ mort, que sa sainte mère tient entre ses bras. (...) " [2]
     

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de la statistique monumentale du Calvados, Tome 3 par A de Caumont, p.36.

    [2] Extrait de « Au Pays Virois » Revue locale historique, artistique, scientifique et littéraire. Janvier-Février 1928. Notice historique sur Saint-Jean-le-Blanc par Lemonnier, instituteur à Saint-Jean-le-Blanc (1846)http://terresdedruance.free.fr/communes_deleguees/stjean/histoire.htm

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