On trouve sur le territoire du Thuit, dans le bois du Thuit sur le rebord d'un plateau, une motte castrale dite « la Butte Castel » ou « butte-Châtel ». [NdB]
" Le nom de la localité est attesté sous les formes Tuit en 1224, Thuit en 1409.
Thuit est un appellatif toponymique normand issu vieux norrois thveit signifiant « essart » (terrain défriché). " [1]
Plan de situation de la motte du Bois du Thuit. N'ayant pas d'informations sur l'emplacement précis de la motte, je propose cette carte provisoire extraite du site Géoportail ; blason du département de l'Eure par Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona 25/09/2007., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2811940
" Le Thuit (Eure). Le Bois du Thuit
Le site, appelé localement « la Butte Castel », prend place dans un ensemble déjà défendu, en aval des Andelys : un important rempart de terre ferme un éperon barré, encadré par un vallon sec et la vallée de la Seine. Dans l’angle NE, une motte avec basse cour a fait l’objet d’un relevé topographique. La motte est assise sur le rebord du coteau, au niveau d’une rupture de pente très prononcée, sa hauteur varie de 1,5 m depuis le plateau à 8 m depuis le vallon, la plateforme mesure 14 m de diamètre. Le fossé présente 11 m d’ouverture pour une profondeur maximale de 3 m, une bande de terrain n’a pas été décaissée pour laisser subsister un pont de terre qui accède à la motte. La basse cour dont les reliefs dégradés n’ont fait l’objet que d’un relevé partiel se développe vers l’est selon un tracé semi-circulaire ouvert sur le coteau. Son tracé, au contact de la motte, enveloppe le tertre en venant doubler la défense fossoyée sur son flanc occidental.
Ci-dessus, emplacement présumé de la motte du Bois du Thuit, une photo aérienne extraite du site Google Earth.
Aucun élément ne permet de dater le site. Néanmoins, l’agencement des différentes parties permet de souligner une parenté avec le site de Malassis à Sainte-Geneviève-lès-Gasny, construit en 1118 par Henri ier Beauclerc pour assiéger les troupes françaises occupant la place de Gasny. Elles s’enfoncent vers l’intérieur des terres en 1119, en s’emparant du château des Andelys. La « Butte Castel » s’apparente à un ouvrage de siège analogue. D’autre part, un examen attentif du sol a permis de recueillir des fragments de panse à pâte blanche provenant de oules et un tesson montrant une bande appliquée digitée qui ne contredisent pas une occupation courte durant la première moitié du 12e s. (Relevé et étude : Bruno Lepeuple.) " [2]
La « Butte Castel »
La « Butte Castel », située sur la commune du Thuit, prend place dans un ensemble déjà défendu, un important rempart de terre définit un éperon barré d’une surface importante et certainement antérieur au Moyen Âge (fig. 4, voir ci-contre). Implantée à l’extrémité du plateau, elle surplombe un vallon qui débouche sur le méandre de la Seine en aval des Andelys. L’éloignement de la position française est conséquent, plus de 5 km. Le site verrouille néanmoins l’un des deux accès vers le plateau, notamment vers la vallée de l’Andelle et Pont-Saint-Pierre, jusqu’où les troupes d’Enguerrand de Chaumont pouvaient rayonner selon Suger [Suger, p. 192, voir note 9].
La « Butte Castel » est une petite fortification de terre composée d’une motte et d’une basse-cour (fig. 5, voir ci-contre). L’ensemble n’est pas parfaitement conservé, le côté oriental de la fortification est plus érodé et couvert d’une végétation épineuse dense [Cet état semble être dû à une coupe forestière qui a créé de nombreuses perturbations du terrain]. La motte est assise sur le rebord du coteau, au niveau d’une rupture de pente très prononcée, le tronc de cône n’est pas homogène sur l’ensemble de sa circonférence du fait de la déclivité du terrain. Le remblai est plus important vers le nord où davantage de terre a dû être apportée pour créer une plate-forme qui mesure aujourd’hui 14 m de diamètre. Le fossé ne ceinture pas complètement le tertre, au nord, il est ouvert sur la forte pente du coteau, et au sud, une bande n’a pas été décaissée pour laisser un pont de terre.
La basse-cour ne se raccorde pas sur la motte selon un plan classique, elle l’enveloppe en venant doubler la défense fossoyée sur le flanc occidental du tertre et s’en détache pour dessiner un enclos qui se développe vers l’est. Le dessin du fossé n’adopte pas une courbe parfaite, tout le flanc sud-ouest s’effectue selon un tracé rectiligne. C’est dans cette portion qu’est aménagé l’accès vers la motte, dans la continuité du pont de terre qui interrompt les deux fossés, non pas perpendiculairement, mais de biais. L’entrée vers la basse-cour n’est pas aisément discernable, on peut l’imaginer à côté de l’aménagement précédent, mais l’état perturbé du rempart de terre dans ce secteur ne permet pas de résoudre clairement ce problème.
Néanmoins, certaines particularités du site se dégagent nettement. La motte a volontairement été placée à l’intérieur de la basse-cour pour augmenter la profondeur des défenses autour du tertre. Cette extension en surface autorise une faible élévation de la motte dont l’altitude est rapidement dépassée par le plateau environnant. D’autre part, l’accès de biais traduit la volonté de le rendre difficile. Ces trois thèmes ont déjà été soulevés pour le site de « Malassis » par rapport auquel « la Butte Castel » paraît un aboutissement des expériences tentées en 1118. D’autre part, un examen attentif du sol a permis de recueillir quelques témoins céramiques – essentiellement des fragments de panses à pâtes blanches qui semblent provenir d’oules et un tesson montrant une bande appliquée digitée – qui ne contredisent pas une occupation courte durant la première moitié du 12e siècle. L’éloignement relativement important du château des Andelys n’apparaît pas comme discriminant pour l’hypothèse ici soutenue. L’étude de ces fortifications de siège montre que la distance entre les deux points peut être variable de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres, nous retiendrons le cas du site de « Mateputain », à Vieux-Rouen-sur-Bresle où, en 1119, Henri Ier a fait construire un château destiné à assurer le blocus d’Aumale, à 8 km [Jacques Le Maho, « Fortifications de sièges et "contre-châteaux" en Normandie (11e-12e siècles) »], au-delà des possibilités de surveillance strictement visuelles. (...) " [3]
" Le Thuit - Butte du Châtel. - En décrivant et figurant (Archéologie, p. 33) le retranchement de la butte du Châtel et de la levée qui entoure le plateau jusqu'au château du Thuit, sur 300 mètres de long, nous n'avons pas parlé de la porte de Montjoie qui nous, avait été signalée, vers 1895, par M. A. Guynemer, grand-père du célèbre aviateur, et propriétaire du château voisin, appellation qui n'est plus connue actuellement. " [4]
Une voie antique passait à proximité de la " Butte Castel " :
" Avant d’arriver aux Andelys, cette voie peut-être d’origine gallo-romaine, venait de la direction de Paris, traversait l’Epte à Gasny, elle remontait jalonnée de retranchements antiques de terre ; après avoir traversé les Andelys par la chaussée, le long du Vivier d’Andely, ou de l’autre côté de ce même étang, elle montait au Thuit, traversait un immense retranchement nommé Butte du Châtel, dominant le lavoir et la source de Saint-Martin ; (en face, sur l’autre versant, existait une motte moins importante près de Noyers) ; le vallum du retranchement du Thuit longe le bois sur plusieurs centaines de mètres, revient à angle droit sur le château du Thuit ; la route descendait à Fretteville et Connelles ; là, quatre bacs, et plus tard un pont permettaient de traverser la Seine et l’extrémité de l’île de Connelles, de l'île aux Bœufs, et rejoignait la rive gauche de Portejoie. " [5]
A proximité :
Ci-dessus, au centre l'église Saint-Martin du Thuit, une photo extraite de https://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/27-Eure/27635-Thuit/179086-EgliseSaint-Martin
O " Le château du Thuit du 19e siècle. Construit en 1850 par le grand-père de Georges Guynemer, il est racheté en 1934 et se trouve en lente rénovation depuis. L'oncle de Guynemer a été sous-préfet à Louviers sous Napoléon III. " [1]
O " Église Saint-Martin. René-Nicolas de Maupeou parraine une des cloches qui, en 1811, est transférée à l'église Saint-Sauveur du Petit-Andely. Une des baies vitraillées représente Georges Guynemer. " [1]
O " La boucle de la Seine dite de Château-Gaillard, Site classé (2006) " [1]
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de Haute-Normandie. Étude microtopographique des fortifications de terre de Haute-Normandie - Responsable d’opération : Anne-Marie Flambard Héricher - Notice rédigée avec Bruno Lepeuple, Aude Painchault et Anne-Marie Flambard Hericher p. 301 https://journals.openedition.org/archeomed/20462
[3] Extrait de Des châteaux et des sources par Jean-Louis Roch, Bruno Lepeuple et Élisabeth Lalou - Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2008 (généré le 15 novembre 2020) https://books.openedition.org/purh/9993?lang=fr#text
[4] Extrait du Bulletin de la Société préhistorique de France - Commission des enceintes et souterrains refuges - premier supplément aux inventaires – Retranchements et souterrains-refuges de l'arrondissement des Andelys par Léon Coutil, Paris, 1921.
[5] Extrait de Bulletin de la Société d'études diverses de l'arrondissement de Louviers – Editeur : (Louviers)/SED (Louviers) 1923 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1167870n/f52.image.r=%22butte%20du%20Ch%C3%A2tel%22?rk=64378;0
Bonnes pages :
Je vous engage à consulter " Deux contre-châteaux d’Henri Ier Beauclerc en 1118-1119 : approche historique et topographique " par Bruno Lepeuple. Ce document compare le site de la " Butte Castel " et celui du " Malassis " à Gasny : https://books.openedition.org/purh/9993?lang=fr
Ci-dessus, plans comparés du "Malassis" et de la "Butte Castel" extrait de ce même document [2].