Saint-Céneri-le-Gérei, bâti sur un éperon granitique et surnommé « le village des peintres » est un des « plus beaux villages de France » situé au cœur du Parc Naturel Régional Normandie-Maine. [NDB]
« Le village de Saint-Céneri-le-Gérei a été établi une première fois en 1044. Son fondateur, Guillaume Giroie, a construit un château dont seuls demeurent, à l’époque actuelle, des pans de murs. Le château de Saint-Céneri-le-Gérei fut assiégé par Guillaume le Conquérant en 1060 avant d'être pris par Robert Courteheuse en 1088. Pendant la guerre de Cent Ans, Ambroise de Loré parvint à défendre la forteresse jusqu’à sa mort en 1436. » [1]
Plan hypothétique des remparts de Saint-Cénery-le-Gérei ; blason de la famille Giroie par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11330676 Ce blason est aussi celui adopté par la commune de Montreuil-l'Argillé dans l'Eure.
« En 1040, le comte de Mayenne, féal du comte d’Artois fait construire un château fort à Saint-Céneri et en confie la garde à Guillaume Giroie.
Hormis une courte période (1062-1088) qui verra la domination des Montgomery-Bellème féaux du duc de Normandie, les Giroie régneront ici pendant 250 ans. Leur nom subsiste dans celui du village Saint-Céneri-le-Gérei.
Pendant prés d’un siècle, du fait de la rivalité qui oppose les Giroie aux Bellême, le château subit de nombreux sièges rappelés par une pierre commémorative." [2]
« Guillaume Ier Giroie, comme il était fréquent à l’époque, a prêté allégeance pour certaines de ses possessions à Guillaume II Talvas de Bellême et pour d’autres terres à Geoffroy de Mayenne. Or ces deux seigneurs s’opposent bientôt dans la vallée de la Sarthe. Giroie prend le parti de Mayenne. Ce dernier est bientôt fait prisonnier par Talvas… qui exige comme rançon la destruction du Montaigu. Giroie accepte. Libéré, Geoffroy de Mayenne fait construire vers 1040 une nouvelle forteresse, située cette fois sur l’éperon rocheux de Saint-Céneri, et la confie aux Giroie.
Guillaume II Talvas de Bellême prépare sa revanche. Peu après il se remarie et invite Guillaume Ier Giroie auquel il fait d’abord bon visage… pour le faire arrêter et emprisonner au bout de quelques jours dans une tour du château d’Alençon qui a gardé le nom de tour du chevalier Giroie jusqu’à sa destruction en 1762. Il le fait ensuite mutiler par ses hommes. Émasculé, les yeux crevés, les pans du nez et les oreilles coupés, Guillaume Ier Giroie cède le direction de sa seigneurie à son frère Robert Ier Giroie et se retire à l’abbaye Notre-Dame-du-Bec (Seine-Maritime). [3]
Ci-dessus, le Château de Saint-Céneri vu par Jean-Paul Brilland sur http://saint-ceneri.blogspot.fr/2012/04/le-chateau-de-st-ceneri-vu-par-jean.html. Ce plan m'a servi à dresser le plan hypothétique des remparts de Saint-Céneri-le-Géréi.
Puis, en 1050 et à son instigation, les Giroie (son frère Robert Ier et ses neveux Robert et Hugues de Grand Mesnil) restaurent et dotent généreusement l’abbaye d’Ouche fondée par saint Évroult au 8ème siècle (et qui porte couramment le nom de son fondateur). C’est désormais à Saint-Évroult que Guillaume Ier Giroie réside et les paroisses de Saint-Céneri et de La Potestas (actuellement Saint-Pierre-des-Nids) sont rattachées à cette abbaye. Guillaume meurt en 1056 lors d’un voyage en Italie. [3]
Photo des vestiges du château et du monument extraite de http://www.ouest-france.fr/normandie/saint-ceneri-le-gerei-61250/les-amis-de-saint-ceneri-veulent-faire-revivre-le-chateau-3155798
(...) " le château de Saint-Céneri va changer plusieurs fois de propriétaire au 11ème siècle, en fonction des alliances du moment. Robert Ier Giroie commet l’erreur de se rallier au comte Geoffroy d’Anjou contre le duc de Normandie Guillaume le Bâtard (futur Guillaume le Conquérant). Il décède en 1059 ou 1060 lors du siège de son château de Saint-Céneri par ce dernier (empoisonné par son épouse ou par les Bellême selon les diverses versions plus ou moins romanesques de l’histoire). Son neveu Ernault continue la lutte mais lui aussi décède (il aurait lui aussi (!) été empoisonné par… Mabile de Bellême). Saint-Céneri revient alors pour un temps à la famille Montgommery : Roger II de Montgommery et Mabile de Bellême. Puis, après la mort de Mabile en 1077, à leur fils Robert II (que certains historiens surnommeront par la suite Robert II le Diable).
Pendant les dernières années du 11ème siècle le château de Saint-Céneri va changer encore plusieurs fois de mains, mais la chronologie est difficile à établir avec certitude car les sources divergent. Guillaume le Conquérant rend (en 1060 ? en 1070 ?) le château de Saint-Céneri à Robert II Giroie qui s’était rallié à lui contrairement à son père Robert Ier Giroie. Puis Robert II de Bellême le lui reprend par ruse et fait emprisonner sa femme Radegonde et son fils Guillaume, tous deux morts en captivité (en 1092) au château de Bellême. Mais peut-être ces deux morts sont-elle encore un des crimes faussement imputés à Robert le Diable…
Il faut dire que cette période est fort troublée : en 1087, Robert II Courteheuse succède à son père Guillaume le Conquérant. (…) Les seigneurs locaux profitent de sa faible autorité pour rallumer les conflits territoriaux. C’est le cas en particulier de Robert II de Bellême qui a énormément renforcé sa seigneurie par la construction de nombreuses places fortes. Comme tous les seigneurs de Bellême Robert II a comme objectif de préserver l’indépendance de son domaine face à ses puissants voisins. Et le duc de Normandie Robert II Courteheuse a comme objectif la reprise en main de la noblesse locale et utilise à cette fin les conflits entre seigneurs. C’est ainsi que Robert II Courteheuse arrête Robert II de Bellême accusé de complot, lui reprend le château et le redonne à Robert II Giroie.
À un moment pendant cette période les Giroie, chassé de Saint-Céneri, ont entrepris de reconstruire leur forteresse de Montaigu détruite en 1040. La date traditionnellement donnée dans la région est 1094, encore faut-il la considérer avec précaution… Toutefois cette reconstruction ne fut pas achevée, les Giroie ayant récupéré Saint-Céneri avant la fin des travaux.
… Le seigneur de Bellême aurait alors (...) demandé le démantèlement de la forteresse de Montaigu relevée, disait-il, contre la foi des anciens traités » et ainsi obtenu du duc de Normandie qu’il exige des Giroie la destruction de Montaigu en échange de la restitution de Saint-Céneri. Il ajoute que finalement le seigneur de Bellême s’est lui-même chargé de la démolition, et date l’évènement de 1097. (...)
Le château de Saint-Céneri quant à lui restera aux mains des Giroie jusqu’au début du 14ème siècle puis passera, après la disparition du dernier Giroie, aux mains des Harcourt de Beaumesnil avant d’être finalement détruit par les Anglais en 1435. » [3]
Photos ci-dessus extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
" En 1346, débute la Guerre de Cent Ans. En septembre 1417 Saint-Céneri tombe aux mains des Anglais. Un gentilhomme va jouer un rôle important : Ambroise de Loré, capitaine du comte d’Armagnac, fidèle au Roi de France. Loré participe a de nombreux coups de main contre les Anglais dans l’Alençonnais.
En 1429, Saint-Céneri est repris aux Anglais par Jean Armange, lieutenant de Loré. Celui-ci rejoint Armange dans Saint-Céneri.
En 1430, une forte armée anglaise assiège le château. Loré, par un souterrain partant d’un puits, quitte la place pour chercher des renforts. A l’arrivée de ceux ci les Anglais lèvent le siège. Le château de Saint-Céneri sera encore victorieusement défendu en 1432 et 1433 avant d’être pris et détruit par les Anglais en 1434. »
1. : Photo de la stèle du château de Saint-Céneri-le-Gérei extraite de : http://www.laconfreriedesfinsgoustiers.org/pages/Le_pont_sur_la_Sarthe_a_SaintCenerileGerei-8857091.html ; 2-3 : Les vestiges du château de Saint-Cénery-le-Gérei sur le site : http://www.laconfreriedesfinsgoustiers.org/article-deux-chateaux-deux-familles-97809129.html ; 4 : http://www.saintceneri.org/histoire-et-legendes/le-chateau/
L'église :
« Rapidement, l’église prend le nom de son fondateur, auquel le peuple décerne le titre de Saint. Ce nom devient celui du village groupé autour de l’abbaye.
Deux siècles plus tard, les Normands font des incursions dans la région.
A droite, plaque signalant le nid d'abeilles protégé : https://ekladata.com/_2MhQPd5Ai7Cg4EPJM8pAkEVaoI@550x413.jpg
Le roi de France envoie des renforts à Saint-Céneri. Des soldats se livrent à des excès autour de l’église. Ils sont assaillis par des essaims d’abeilles. Pour leur échapper, les soldats se jettent dans la rivière du haut des rochers. Peu en réchapperont. Aujourd’hui encore un nid d’abeilles veille sur l’église. Un an plus tard, on célèbre l’anniversaire de la mort du Saint. Deux chevaliers attachent leurs chevaux à la porte de l’église. Sacrilège ? Piqués par les abeilles, les chevaux rompent leurs liens et se précipitent dans le vide, miracle! Ils échappent à la noyade.
En 903, les Normands brûlent l’abbaye et l’abbatiale. Pendant longtemps il n’y a plus d’église à Saint-Céneri. C’est en 1089 que la construction de l’église actuelle est entreprise. Elle est terminée en 1125.
A l’intérieur de l’église, on remarque tout d’abord le contraste entre les murs de la nef et ceux du chœur recouverts de peintures murales des 14ème et 15ème siècles mais dont on peut penser que les plus anciennes remontent jusqu’au 12ème siècle. Ces fresques, recouvertes en 1650 sous un badigeon de plâtre et de chaux furent à nouveau mises à jour en 1856. C’est en 1886 que l’église fut classée monument historique. »
Ci-dessus photo de l'intérieur de l'église de Saint-Céneri extraite du site : http://www.zevisit.com/tourisme/saint-ceneri-le-gerei
La chapelle du Petit-Saint-Céneri :
« La chapelle a été construite vers la fin du 14ème siècle ou au tout début du 15ème à l’emplacement où dit-on saint Céneri aurait construit son abri. De style gothique, elle s’intègre parfaitement dans le paysage.
Sa charpente est en châtaigner, bois couramment utilisé en construction du fait qu’il est imputrescible et qu’il repousse les araignées et autre parasites. On retrouve ce type de charpente dans la nef et le chœur de l’église, celle du chœur étant recouverte de dessins polychromes mis à jour récemment.
Deux statues prennent place de part et d’autre d’un tableau anonyme en cours de restauration et qui représente saint Céneri en prières ; une statue de saint Jacques de Compostelle amputée, lors de la Révolution, de la main portant son coquillage, surtout la statue de saint Céneri à laquelle une tradition reste attachée : les jeunes filles souhaitant se marier sont invitées à piquer une aiguille dans la robe du saint, si l’aiguille reste plantée dans la pierre, leur vœu sera exhaussé dans l’année.
Au sol, une pierre de granit, qui serait un menhir couché, aurait servi de lit à saint Céneri. Deux traditions y sont également attachées : d’une part les enfants souffrant d’incontinence peuvent s’y allonger pour être guéris, d’autre part, s’allonger sur la pierre favoriserait la grossesse des jeunes femmes désirant enfanter. »
Ci-dessus, statue de saint Céneri dans la chapelle du Petit-Saint-Céneri à St-Céneri-le-Gérei : http://www.oratoire-saint-cenere.com/saint-cenere/saint-ceneri-son-frere
« La Fontaine, sur l’autre rive de la Sarthe, noyée dans la verdure, face à la chapelle, fut construite à une époque indéterminée à l’endroit ou jaillit la source qui étancha la soif de saint Céneri et de son disciple.
D’après la légende, son eau aurait des propriétés curatives, elle soignerait dit-on certaines maladies des yeux. »
Ci-dessus photo de la fontaine Saint-Céneri extraite du site : http://lilou-61.over-blog.com/article-35113073.html
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de http://www.saintceneri.org/
[3] Extrait de http://www.laconfreriedesfinsgoustiers.org/article-deux-chateaux-deux-familles-97809129.html
Bonnes pages :
O http://www.laconfreriedesfinsgoustiers.org/article-deux-chateaux-deux-familles-97809129.html