Le " château de la Chesnée (ou Chesnaye ou Chênaie) est une belle construction Renaissance remaniée au 19e siècle dans un style Troubadour de bon aloi. Il se trouve implanté dans un vaste parc boisé qui domine au sud le bourg de Rauville(-la-Bigot). " [1]
Plan de situation du château de la Chesnée à Rauville-la-Bigot ; blason de Rauville-la-Bigot d'azur au chevron accompagné, en chef, de deux têtes de lion arrachées et, en pointe, d'un cœur, le tout d'or. Ce blason est emprunté aux armoiries de la famille Le Pesant de Boisguilbert (en extinction, marquis de Boisguilbert), propriétaire du château de la Chesnée, à Rauville par Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3761900
Histoire
" Si une famille Bigot est bien connue en Normandie au Moyen Âge, l'un de ses membres étant compagnon de Guillaume le Conquérant, rien ne permet toutefois de la rattacher à Rauville. " [2]
Sur la famille Bigot voir ici.
" Un René Bigot figure parmi les compagnons préférés de Guillaume le Conquérant, qui, pour le récompenser lui donna de grandes concessions.
Henri Ier le prit aussi en très grande affection et lui confia la charge de trésorier de sa maison. Son fils Hugues lui succéda dans ces honneurs en 1107, Guillaume Bigot, probablement le fils de Hugues, maréchal de Henri Ier, périt dans le naufrage de la Blanche-Nef.
Si intimement liée avec la cour d'Angleterre, on conçoit que cette famille n'hésita pas à prendre parti pour Jean sans Terre dans sa querelle avec Philippe Auguste et comme toute personne qui avait agi ainsi, la famille Bigot subit les conséquences de son choix.
En 1204, la terre de Roger le Bigot est donnée par le roi à Jean de Rouvray. On considéra alors les Bigot comme des barons anglais. L'un d'eux, Roger, était comte de Norfolk. Un autre, Guillaume, figure parmi les guerriers qui parurent à la revue faite à Pont-Audemer en 1378, pendant la guerre de cent ans. " [3]
" La première famille noble connue pour Rauville est celle des Symon, seigneurs de la Chesnée au 16e siècle, dont le château s'est transmis de génération en génération, de famille en famille, jusqu'à la famille de Boisguilbert, actuelle propriétaire. " [2]
Blason de la famille Simon, d'azur à la croix d'argent chargée de cinq croissants de gueules, cantonnée de quatre cygnes aussi d'argent. https://www.wikimanche.fr/images/0/08/Couville.png
" Le château de la Chesnée, à Rauville la Bigot, fut construit au 15e siècle par Pierre Simon, sieur de la Chesnée, dont la famille avait une origine fort ancienne.
La Chesnée s’est transmise, depuis lors, de génération en génération dans la descendance des propriétaires par les Simon ; les Dutertre ; Les Lucas de Couville ; les Lemarchand puis les Le Pesant de Boisguilbert depuis 1922. " [4]
Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Lucas de Couville, de gueules aux trois chevrons d'argent, par Montage graphique: Ssire — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11072827 ; à droite, blason de Rauville-la-Bigot d'azur au chevron accompagné, en chef, de deux têtes de lion arrachées et, en pointe, d'un cœur, le tout d'or. Ce blason est emprunté aux armoiries de la famille Le Pesant de Boisguilbert (en extinction, marquis de Boisguilbert), propriétaire du château de la Chesnée, à Rauville par Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3761900
" En 1789, la paroisse relevait de quatre fiefs : le fief de La Chesnaye (M. Lucas de Couville), le fief de La Luthumière (Mlle de Lordat), le fief de Flamanville (M. de Bruc) et le fief de Belleville (M. de Gerville). " [2]
" Le château de la Chesnée
Au sommet du coteau qui domine le village de Rauville-la-Bigot, on voit un très beau manoir, qui, malgré les injures qu'il a subies du temps et des hommes, présente encore des parties fort intéressantes.
Ce château fut construit au 15e siècle par un Simon, sieur de la Chesnée, dont la famille avait une origine très ancienne. Un de ses ancêtres, en effet, avait rapporté de l'une des croisades, à laquelle il avait pris part, une magnifique bannière que l'on voit encore aujourd'hui. Cet étendard est en soie, de forme presque carrée, et mesure environ deux mètres de côté. Quoique les couleurs en soient altérées, on constate aisément qu'il était écartelé de blanc et de bleu, « d'argent et d'azur », avec une large croix jaune, séparant les quartiers.
Mais il reste un souvenir plus précieux encore de la guerre sainte : le château a possédé jusqu'à la Révolution une relique insigne de la vraie Croix, renfermée dans un superbe reliquaire.
Lorsqu'une troupe de forcenés allait envahir la noble demeure pour la saccager, une fermière put y pénétrer secrètement et soustraire la précieuse relique à la fureur des bandits. Quand la paix religieuse fut rétablie, cette pieuse femme déposa son trésor à l'église paroissiale qui le possède encore. La sainte relique mesure deux centimètres de long et près d'un centimètre de large. Le reliquaire, en vermeil, nous semble dater au moins du 14e siècle. Il a la forme d'une croix, d'un pied de hauteur environ ; la tige présente un prisme à six côtés, dont les pans antérieurs sont semés de fleurs de lis très finement ciselées ; la tête et les bras sont terminés par un ornement semblable, fait de lamelles d'or recourbées en volute ; le pied, qui est plus simple, a dû être ajouté à une date assez récente. (...)
Le domaine de la Chesnée a eu l'heureuse fortune de demeurer dans la même famille, depuis le 15e siècle au moins, puisque aucune trace de vente ne peut être relevée depuis cette date. Si donc nous trouvons des noms différents parmi ses seigneurs, c'est qu'il est passé d'une branche de la famille à une autre, par succession ou par alliance. C'est ainsi que la famille le Marchand qui l'occupe présentement, en est devenue propriétaire, M. le Marchand ayant épousé, vers 1820, Mademoiselle de Couville, à qui le château appartenait alors.
La seigneurie de la Chesnée, qui dépendait de la baronnie de la Luthumière à Brix, fut érigée en fief par Louis XIII. M. le Marchand possède le parchemin contenant l'acte de cette érection, signé du roi. Le sceau royal, quoique rompu, est encore aisément reconnaissable. (...) " [5]
" En 1902, confronté à des difficultés pour écouler le lait produit par les fermes de Rauville dont il est propriétaire, Raymond Le Marchand, châtelain de la Chesnée, décide de créer une laiterie industrielle, démarche nouvelle pour le Cotentin. Autre innovation, il oriente son activité vers la production de fromages, et notamment de camemberts. Le succès est rapide, aussi bien en France qu'en Angleterre, si bien qu'en 1910, un fromager professionnel Henri Claudel vient des Vosges prendre la direction de l'usine qui emploie désormais une cinquantaine de personnes. En 1912, Marcel Grillard lui succède avant de racheter l'usine à son fondateur en 1919. " [2]
Voir à ce sujet ici.
Description
Dans le Dictionnaire des Châteaux et des Fortifications du moyen âge en France de Charles-Laurent Salch (éditions Publitotal 1979) le château de la Chesnée ou de la Chesnaie est signalé, page 959 :
" reste d'une enceinte quadrangulaire flanquée de tours rondes aux angles (il en reste trois). Les logis (en partie détruits) bordaient la cour sur trois côtés. Ils ont été remaniés ou reconstruits à la Renaissance et au 19e siècle (vers 1866). L'une des tours est percée de meurtrières fermées d'une pierre demi-cylindrique qui tourne sur un pivot vertical (système identique au Logis d'Isigny-le-Buat). Le gros donjon s'est écroulé et a été rasé au siècle dernier. "
" Le manoir de la Chesnée, très vaste autrefois, entourait sur trois côtés une cour carrée, dont il est facile de fixer les limites. En effet, des quatre tours qui s'élevaient aux angles, trois sont encore debout, à peu près intactes. L'une d'elles présente une particularité remarquable : chacune de ses meurtrières est fermée par une pierre demi-cylindrique, qui tourne sur un pivot vertical.
Une grande partie du château ayant été détruite, il ne présente plus que la forme d'une guerre à bras inégaux. Ce qui subsiste a même subi des mutilations regrettables. Les « croisées » avaient perdu leurs meneaux, d'un effet si caractéristique ; la plupart ont été rétablis depuis quelques années.
La tour qui s'élève à l'angle extérieur du manoir, a été restaurée et couronnée d'un toit conique a été restaurée et couronnée d' un toit conique.
L'angle intérieur est dissimulé par une construction hexagonale qui forme maintenant l'entrée principale de l'habitation.
Ci-dessus : à gauche, un plan extrait du cadastre napoléonien de 1825, Archives de la Manche, https://www.archives-manche.fr/ ; à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.
L'une des pièces du château renferme une très belle cheminée de la Renaissance, qui porte, entre autres ornements, les armoiries de trois des anciens seigneurs de la Chesnée : les Simon, au milieu ; les Mouton du Manoir et les Maupeou d'Ableiges, aux deux côtés. Ces armoiries, mutilées à l'époque de la Révolution, ont été rétablies lors des travaux de restauration dont la Chesnée fut l'objet, il y a quelques années. " [5]
Ci-dessus, blason de la famille de Maupeou d'Ableiges extrait de http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Maupeou_d_Ableiges
A proximité :
" Attestée dès avant l’an mil, l’église Notre-Dame de Rauville-la-Bigot fut donnée en 1042 aux moines bénédictins de Cerisy-la-Forêt par le duc Guillaume le Bâtard, futur conquérant de l'Angleterre. (...) Cette église abrite plusieurs statues anciennes et un intéressant mobilier liturgique des 17e et 19e siècles. Fait rare, elle possédait jadis une relique de la vraie Croix, ramenée dit-on d’Orient lors des Croisades. Pour des raisons de sécurité, cette relique était conservée au château de la Chesnée "en un cabinet le mieux paré", où elle était jalousement gardée par les propriétaires du lieu, et n’était exposée dans l'église que lors de la fête de la Sainte-Croix. " [1]
Sources :
[1] Extrait de http://closducotentin.over-blog.fr/2019/08/visite-guidee-l-eglise-notre-dame-et-le-chateau-de-la-chesnee-a-rauville-la-bigot.html
[2] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Rauville-la-Bigot
[3] Extrait de http://www.rauvillelabigot.fr/la_commune_rauvillelabigot.html
[4] Extrait de https://www.cotentine.fr/normandie/patrimoine-normand/le-chateau-de-la-chesnee-a-rauville-la-bigot-50
[5] Extrait de l'article de l'abbé Marie in La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche 1re [-2e] partie. Partie 1 Héliogravures de P. Dujardin - Éditeur Lemale & Cie, impr. édit. (Le Havre) 1899. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64809897/f428.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20la%20Chesn%C3%Ae%22.texteImage9
Bonnes pages :