« L’ancien « Monasterii Villare » qui a donné son nom à la ville, fait partie des grandes fondations monastiques du 6e siècle dans la basse vallée de la Seine. Saint Philibert, fondateur de Jumièges, y établit en 684 un monastère féminin qui sera détruit par les Vikings et ne se relèvera qu’au début du 11e sous la dépendance de l’abbaye de Fécamp.
Grâce à la charte d’exemption attribuée en 1035 par le Duc de Normandie Robert le magnifique qui rend à l’Abbaye son autonomie et lui donne des moyens d’existence, la construction de la grande église, excellent témoin de l’architecture normande à l’époque de Guillaume le Conquérant, peut être entreprise dans la seconde moitié du 11ème siècle.
Tout au long du Moyen-Age, l’Abbaye connaît toujours un grand rayonnement notamment sous l’Abbesse Louise de l’Hospital.
La vie monastique cesse en 1792, suite à la Révolution Française. L’Abbaye deviendra alors le siège du District et de la société Populaire, prison et garnison. Au 19e siècle, elle abritera une filature de coton, puis une raffinerie de sucre et enfin une brasserie.
Le domaine abbatial est racheté par la collectivité à partir de 1979.
De 1989 à 1994 : réhabilitation du logis des Abbesses du 18e siècle pour y implanter la bibliothèque Condorcet.
Entre 1997 et 2000 : travaux dans le cloître, les autres bâtiments et le projet touristique.
L’Abbaye est classée monument historique depuis 1992. » [1]
Document ci-dessus montrant les bâtiments et l'enceinte de l'abbaye de Montivilliers en 1804.
Plan hypothétique des remparts de Montivilliers ; blason par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9914111
La guerre de Cent Ans
« La guerre de Cent Ans marque une époque dramatique pour la France et a fortiori pour Montivilliers. Les marchands cachent tous leurs biens et vivent dans la terreur des partisans de Charles le Mauvais qui envahissent temporairement la ville, pillent le monastère et provoquent la fuite des religieuses de l'abbaye. À leur départ, les Montivillons construisent une forteresse, dont les vestiges des remparts sont visibles et mis en valeur aujourd'hui, et les habitants tentent de résister aux assauts des Anglais qui saccagent le pays de Caux tout entier. La population persécutée déserte alors les campagnes. Montivilliers capitule le 23 janvier 1419 et les religieuses, soumises aux Anglais, reviennent au monastère. Il faudra attendre fin 1449 pour que les Anglais quittent la ville, la fête de Noël de l'an 1449 étant alors teintée d'un vent de liberté. " [2]
Photo à gauche extraite de http://bernard-lehavre-col.spip.ac-rouen.fr/IMG/jpg/img_1403.jpg ; Photo au centre extraite de http://www.chantony.fr/patrimoine_et_histoire/76_montivilliers.html
A gauche les vestiges des remparts de Montivilliers ; au centre, une ancienne porte de la ville par Engelmann (photos de la ville de Montivilliers) ; à droite, carte postale ancienne.
LES REMPARTS
« Les derniers vestiges importants des remparts de la ville dont la construction date de 1350, sont situées rue Victor Hugo.
Après une période de prospérité et de développement, Montivilliers subit la Guerre de cent ans.
Particuliers et marchands renforcent les remparts mais la ville est tout de même occupée et saccagée par les Anglais à deux reprises entre 1415 et 1449.
Au 17e siècle, les remparts perdent leur usage d’origine et tombent peu à peu en ruine. » [3]
Ci-dessus, à gauche, plan de Montivilliers par Nicolas Magin.
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Quelques photos des remparts de Montivilliers trouvées sur le web ; Photos 1 à 8 extraites du site : http://www.chantony.fr/patrimoine_et_histoire/76_montivilliers.html ; Photo 9 extraite de http://www.abbaye-montivilliers.fr/la-randonnee-guidee-1-444-59-pix-0-fr.html?PHPSESSID=c6b684e8ca25176bf5c651e2e5fa6945 ; Photo 10 extraite de http://www.abbaye-montivilliers.fr/autres-lieux-du-patrimoine-1-428-57-pix-0-fr.html?PHPSESSID=00b1e173893570a08f00fd8cfb0223f4
Ci-dessus : Plan de ville de Montivilliers aux 14e et 15e siècles / dressé par MM Ernest Dumont ; et Alphonso Martin, pour servir à l'histoire de Montivilliers http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8442583s.r=Plan%20Montivilliers
" Montivilliers, c.l. de cant. — Lieu-dit : la Motte (18e siècle). — Parcelle cadastrale : AL 108. — Coord. Lambert : 207,65 — 445,20. — Fief : Giffard, 9
Il ne reste aucun vestige du château où résidèrent les Giffard à Montivilliers, sur le cours de la Lézarde. Dumont et Martin, dans leur monographie sur Montivilliers, n'y consacrent qu'une note très brève. Aucun auteur ne semble avoir perçu l'intérêt historique tout particulier offert par cette place qui fut sans doute pendant quelque temps le centre du patrimoine de la famille Giffard, avant son installation définitive à Longueville consécutive à la prise du château d'Arques par le duc Guillaume-le-Bâtard.
La motte elle-même, pièce maîtresse du château, est mentionnée dans un arrêt du parlement de Paris rendu en 1279 contre l'héritier de la fortune des Giffard, Gilbert de Clare, qui avait réclamé comme faisant partie de son bien familial, apud Monasterium V illare, unam motam que vocatur Castrum Comitis, cum suis pertinen-ciis. Il est clair que l'ouvrage en question dans ce texte était situé à Montivilliers même. Son attribution aux Gifïard ne saurait être mise en doute : les Giffard portèrent couramment le titre comtal après que Gautier Giffard eut été investi du comté de Buckingham et de plus ils possédaient dans le bassin de la Lézarde un vaste honneur ayant Montivilliers pour centre.
Enfin la mention de la motte confère au texte un supplément d'intérêt. Il existe en effet dans le fond du musée municipal de Fécamp un plan représentant la ville de Montivilliers au 18e siècle, sur lequel on distingue en bordure de la ville,
Nous renvoyons aux plans de 1662 et 1743 reproduits par A. Martin, IVe centenaire du Havre, Le Havre, 1917, p. 28, à la gravure de Jérôme Cock (1563) publiée par A.G. Lemale, Le Havre d'autrefois, Le Havre, 1883, p. 51, et à la vue éditée parle comte de Cayi/us, Recueil d'antiquités..., t. VII, pl. 117 à la sortie du quartier Assiquet, au nord-est de l'église abbatiale, une énorme butte fossoyée de forme ovalaire appelée « La Motte ».
Il est possible de l'identifier avec la motte que mentionne l'acte de 1279. Gilbert de Clare avait revendiqué, outre le « Château-du-Comte », la rue Assiquet qui en dépendait ; or cette rue se trouve au pied même de la motte figurée sur le plan. Au surplus, une charte délivrée à l'abbaye de Fécamp en 1208 fait mention d'un tènement situé dans la ville de Montivilliers, inter duas aquas, sub molendino comitis. Ce moulin-du-comte ne pouvait être établi qu'en bordure du quartier Assiquet, sous l'interfluve formant l'assise de la motte.
En effet le château occupait l'angle du confluent de la Lézarde et du ruisseau de Fontenay. Sa motte était érigée sur la croupe d'une terrasse légèrement inclinée, haute de cinq à six mètres, dominant la ville. Elle était longée par un vieux chemin qui n'était sans doute autre que cette grande chaussée d'Harfleur à Fécamp mentionnée dans divers documents du Moyen Age.
Pour juger des caractéristiques propres à l'ouvrage, il faut s'en tenir, fautes de données actuelles, à la représentation fournit par le plan du 18e siècle. Le procédé comporte nombre d'incertitudes, mais on sait au moins par la comparaison avec les plans cadastraux modernes que le plan du 18e siècle est dans ses autres détails d'une scrupuleuse fidélité. C'est une qualité d'autant plus appréciable que le contour de la parcelle à laquelle s'adaptait la motte subsiste intact, ce qui procure un gabarit précis pour en évaluer les dimensions planimétriques. Il en ressort que son emprise totale, fossés compris, était environ de 130 x 80 mètres ; les axes sommitaux devaient être proches de 35 à 50 mètres. Il s'agissait donc d'une très vaste motte, assez comparable dans ses dimensions à celle de Graville, près du Havre. Un examen plus approfondi du dessin conduit par ailleurs à se demander si son auteur n'a pas tenté de représenter sur la plate-forme de la motte un bourrelet de terre qui en marquerait le contour. Les ombres y sont esquissées de telle façon que le plateau de la motte présente un aspect légèrement concave. On ne saurait affirmer de façon certaine que le détail soit volontaire ; mais même sans l'appui de cet indice, il paraîtrait assez vraisemblable que la silhouette particulière de la motte, ovale et surtout très large, soit l'effet de la transformation sur place d'une ancienne enceinte annulaire en terre-plein surélevé.
Au sud, le plan montre aussi dans la partie la plus basse de la terrasse, à l'extrémité du lobe formé par l'interfluve, un espace curviligne en forme de fer-à-cheval, large de 30 mètres, que contourne en partie la chaussée de Fécamp et qui semble représenter la place de la basse-cour de la motte. Il est traversé par une petite rue rectiligne et celle-ci a toutes chances de correspondre à une ancienne voie donnant accès au réduit résidentiel du château : elle débouche au bord du fossé, devant la motte, et passe exactement au milieu du baile. Il faut aussi accorder quelque attention au fait que l'aile ouest de la cour est bordée par le marais du ruisseau de Fontenay ; ce détail pourrait signifier que le «moulin-du-comte » dont parle l'acte de 1208, fut construit en bordure même de l'enceinte castrale.
En progressant vers le sud, on pénètre dans la rue Assiquet. Elle devait faire partie du domaine propre des comtes : l'acte de 1279 ne laisse guère de doute à cet égard. Une confirmation pourrait être trouvée dans le fait que Raoul Giffard fit don à l'abbaye de Saint-Ouen en 1067 d'un droit de pêche sur le bras de rivière longeant la rue Assiquet. » [4]
Sources :
[2] Wikipédia
[4] Extrait de L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale par Jacques Le Maho https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307