Photos ci-dessus : à gauche, photo de l'église Saint-Martin extraite de https://www.france-voyage.com/villes-villages/maniquerville-30396.htm ; au centre, photo du château moderne de Maniquerville extaite de https://locations.lastminute.com/location/residence-les-portes-d-etretat-3-chateau/6704 ; à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.
L'histoire du château-fort de Maniquerville dont il subsiste des vestiges de la motte derrière l'église du village épouse le destin de la châtellenie de Thiboutot, située sur la même paroisse, et dont le château homonyme a aujourd'hui disparu. L'actuel château de Maniquerville du 19e siècle est devenu un hôtel. [NdB]
« Derrière l'église est une motte énorme entourée de fossés, qui passe pour avoir été la base de la forteresse de la châtellenie de Thiboutot. Ce vieux château, dont les titutaires remontent à 1107, fut pris par les Anglais en 1418.
Sa capitulation, faite par Colin, seigneur de Thiboutot, se trouve dans le rôle des terres délivrées de la Normandie.
Les chatelains portèrent si haut la gloire de leur nom que Louis XV érigea en marquisat la terre de Thiboutot en juin 1720. » [1]
Maniquerville :
" Période normande. — Derrière l’église de cette ancienne paroisse était et est encore en partie une motte considérable, jadis couverte de taillis. Attaquée en 1861, elle n’a donné que des débris du moyen-âge. Je la crois l’assiette ou le donjon du château de Thiboutot, depuis longtemps disparu. M. Guilmeth dit que près d’elle on a trouvé des sarcophages en pierre. " [7]
« Derrière l'église était une motte considérable détruite en 1861, où l'on aurait rencontré des constructions romaines. (…) Le château de Thiboutot, dont l'origine connue remonte à 1107, fut pris par les Anglais en 1418 et érigé en marquisat en 1720 aujourd'hui détruit. On assure qu'il était voisin de l'église et que la motte qui vient de disparaître en était le dernier vestige. » [2]
« Maniquerville, cant. Fécamp. — Parcelle cadastrale : A 131. — Coord. Lambert : 223,95 — 457, 62. — Fief : Fécamp, 9
Derrière l'église paroissiale, à 25 mètres du chevet, on voit encore au milieu d'un bosquet, parmi les ronces, une motte circulaire en terre d'une élévation de deux mètres, composée de limon argileux. Son sommet offre un plan horizontal, ovalaire, de 20 X 30 mètres ; un petit fossé sec, profond d'un mètre, l'encercle à sa base.
Bien qu'il n'apparaisse autour d'elle aucune autre trace de fortification, il est très probable qu'elle ait été dotée originellement, comme celle de Touffreville-la-Corbeline (53), d'un système compliqué d'enceintes annexes. En 1828, Guilmeth écrit qu'elle est « précédée au nord d'une espèce d'esplanade ou plateau, et entourée de tous côtés de fossés plus ou moins profonds, de terrassements plus ou moins élevés, tantôt ronds ou semi-circulaires et tantôt carrés ou triangulaires. La terrasse la plus élevée est celle qui fait face au sud-est » (54). Cet ensemble fossoyé fut arasé en 1861 (55). La place en est indiquée sur le plan cadastral de 1833 par une excroissance saillante de 60 mètres que forme le bosquet à l'est de la motte et qui est de forme grossièrement carrée, avec une légère incurvation de son côté sud. Par suite des travaux de 1861, la lisière du bosquet a reculé de telle façon qu'elle est désormais tangente au fossé de la motte ; le terrain ainsi libéré est devenu un herbage ; on y discerne au niveau du sol quelques très légères ondulations.
La description donnée par Guilmeth paraît indiquer que le château comprenait plusieurs cours ou au moins une enceinte domestique complétée par un jeu de ravelins. » [6]
Plan de situation de la motte de Maniquerville ; blason de la famille de Thiboutot par Jimmy44 (talk) 20:40, 1 January 2012 (UTC)Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17874790
« Un autre fidèle, Gilbert Belet, officier à la cour, appose son nom à côté de celui de Guillaume Grenet dans la charte de restitution du Bec-de-Mortagne. Le lignage est implanté à Maniquerville, à trois kilomètres au sud de Maupertuis, au bord de la chaussée de Lillebonne à Fécamp. Sur place, on trouve, près de l'église et de la chaussée, une motte circulaire qui comportait jadis un ensemble puissamment fortifié de cours et de ravelins. Les Belet furent semble-t-il engagés de façon active dans les événements militaires du règne de Robert. Une notice de Préaux rapporte qu'un fils de Gilbert Belet, Robert, fut tué à Évreux l'année où Guillaume le Roux et Robert Courteheuse assiégèrent le mont Saint-Michel, donc en 1091. Il se peut que la motte de Maniquerville ait été édifiée pour contrôler le grand chemin qui reliait les deux palais de Robert, Lillebonne et Fécamp. » [6]
« Les sires de Thiboutot, patrons de Maniquerville sont restés fidèles à leur église. Leur château était voisin. Derrière l'église, une motte de terre entourée de fossés, qui passe pour avoir été la base de cette forteresse de la châtellerie de Thiboutot. Ce vieux château, dont les titulaires remontent à 1107, fut pris par les Anglais en 1418. Sa capitulation, faite par Colin, seigneur de Thiboutot, se trouve dans le rôle des terres délivrées à la Normandie. Les châtelains portèrent si haut leur nom, la gloire de ce nom, que Louis XV érigea en marquisat la terre des Thiboutot en juin 1720. » [3]
Le village de Maniquerville du 12e au 14e siècle
Le château de Thiboutot est situé à l’extrémité sud de la paroisse de Maniquerville, tout proche du hameau du Marché au raies, non loin de la voie romaine allant à Etretat, surveillant de près le grand marché de poissons dont les Seigneurs tirent d’amples profits.
A peu de distance du château de Thiboutot, en allant vers Saussezemare se trouve un lieu appelé l’arbre-potence où sont exécutées les sentences rendues par la haute justice de Thiboutot.
Ci-dessus, carte ancienne du Pays de Caux : On peut voir Maniquerville, mais également un lieu nommé Thiboutot et Alvemont (Carte de Cassini (Biblitothèque Nationale de France) https://fr.geneawiki.com/index.php/DE_DAMPIERRE_Charles ; Extraite de https://fr.geneawiki.com/index.php/DE_DAMPIERRE_Charles
Le hameau du Marché au Raies s’étend au pied même du château de Thiboutot, le reste des maisons du village avoisine le chemin allant vers le nord de la paroisse : du château à l’église et à la tour de Maniquerville. Ainsi encadrée, la petite agglomération est parfaitement protégée, la sécurité étant souvent bien précaire dans les campagnes du Pays de Caux.
Malgré la situation favorable du village, l’importance de Maniquerville varie peu au cours des siècles et n’a jamais pris une grande extension. C’est une commune essentiellement rurale, au 15ème siècle, les principales cultures sont le blé, l’avoine, l’orge, les vesces et les pois blancs. La population reste toujours en rapport avec la surface à cultiver : au 13ème siècle, Maniquerville compte 32 feux et au 14ème siècle, 43 masures. » [4]
Le village de Maniquerville au 18e siècle
En venant de Criquetot et en prenant la route royale qui se dirige vers Fécamp par Maniquerville, après avoir quitté le prieuré de Fongueusemare, on descend dans la petite vallée où coule la rivière d’Etretat, sur ses bords se dresse un moulin. On traverse un premier groupe d’habitations, dispersées dans des masures, on remonte le versant opposé et après avoir dépassé la jonction d’une route venant de Sausseuzemare, on voit sur la droite s’élever le château de Thiboutot, un peu déchu de son ancienne splendeur maintenant que ses propriétaires habitent de préférence le château d’Alvemont. On passe bientôt au milieu d’un second groupe d’habitation qui contient le presbytère et sur la droite une belle avenue rectiligne qui conduit à diverses masures. Sur le bord de cette avenue, on aperçoit un petit manoir nommé le pavillon.
En poursuivant ce chemin, on côtoie les fossés d’une grande ferme et on laisse sur la gauche une mare assez vaste, bien alimentée par les chemins qui aboutissent nombreux au carrefour qu’elle borde. En bordure du carrefour s’étend le cimetière au milieu duquel s’élève l’église et au-delà, se profile la silhouette de l’antique tour de Maniquerville encore plus délaissée que le château de Thiboutot. » [4]
« En 1157, le premier des Thiboutot s'établit en Normandie suite aux victoires du roi Henri Ier dont il avait été l'un des guerriers venus d'Angleterre. Il lui est alors attribué un fief en Pays de Caux.
En 1210, Jean de Thiboutot, chevalier, sert dans l'armée royale. Vers cette époque, la famille de Thiboutot se divise en 2 branches : l'une retourne en Angleterre où elle joue un rôle considérable pendant 3 siècles, l'autre restée en France est la descendance de Jean de Thiboutot.
En 1371, Jean de Thiboutot, chevalier, prend part sous les ordres de Du Guesclin aux combats qui chassent sous Charles V les anglais de Normandie. A cette époque, la maison de Thiboutot possède les deux fiefs de Thiboutot et de Maniquerville.
En 1487, après la mort de Jean III de Thiboutot avec lequel s'éteint la branche aînée des Thiboutot, les deux fiefs passent entre les mains de Antoine de Quesnel qui avait épousé une fille de Jean III. A. de Quesnel prend le titre de seigneur de Thiboutot.
Début 16e, la seigneurie de Thiboutot et Maniquerville passe à la famille de Morant, Etienne de Morant est qualifié de Seigneur de Thiboutot. Jean II de Morant lui succède, il a deux filles :
- Marie, épouse Hector de Dampierre à qui elle apporte le fief de Thiboutot, ce dernier devient ainsi seigneur de Thiboutot. Le fief de Thiboutot restera dans la maison de Dampierre jusqu'au début du 18e.
Ci-dessus, blason de la famille de Morant extrait de http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Morant
- Marguerite, épouse Josias de Thiboutot à qui elle apporte le fief de Maniquerville, ce dernier devient seigneur de Maniquerville. Ce mariage fait entrer le fief de Maniquerville dans la branche cadette de la famille de Thiboutot :
En 1386, Lacotte Juan épouse Colin de Thiboutot issus de la branche cadette des Thiboutot, à qui elle porte le fief d'Alvemont. Colin devient ainsi seigneur d'Alvemont et propriétaire d'un château situé à peu de distance de Maniquerville sur la commune d'Auberville.
En 1418, lorsque les anglais envahissent la Normandie, Colin de Thiboutot commande la forteresse de Thiboutot mais le 3 février 1418, il signe la capitulation du château de Thiboutot.
En 1423, Colin de Thiboutot se résigne à conserver la forteresse en l'obéissance d'Henry V roi d'Angleterre et achète le fief d'Estainville.
En 1503, Guillaume de Thiboutot, seigneur d'Estainville et d'Alvemont se défait du fief d'Estainville.
En 1528, Nicolas de Thiboutot, fidèle du roi François Ier, l'accompagne dans son voyage en Flandre. Il reste plus de 25 ans sous les armes, pendant les permissions il habite Alvemont.
Au cours du 16e, Charles de Thiboutot passe la plus grande partie de son temps au service des armées du roi de France, il laisse de ses 3 mariages un fils Josias de Thiboutot.
En 1607, un litige s'élève entre Hector de Dampierre et Josias de Thiboutot au sujet de la préséance dans l'église de Maniquerville, une sentence arbitrale donne gain de cause au second. A cette époque, bien qu'ils aient recouvré le fief de Maniquerville, les Thiboutot continuent à habiter de préférence leur château d'Alvemont, cependant les sentences de justices s'exécutent à Maniquerville.
De 1629 à 1670, date de sa mort, Abraham de Thiboutot s'adonne entièrement à la carrière des armes dans l'armée du roi Louis XIII. Pendant ses nombreuses absences, c'est son cousin Charles de Dampierre qui administre ses biens. » [5]
Ci-dessus, blason de la famille de Dampierre par Travail personnel Jebulon — Pierre-Paul Dubuisson: Armorial des principales maisons et familles de Roiaume, particulièrement celles de Paris et de l'Isle de France, tome second, page 146. Paris, 1757, aux depens de l'auteur. Réédition Jean de Bonnot, 1987., CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18286047
« La terre de Thiboutot sur la paroisse de Maniquerville, et les fiefs d'Oberville-la-Renaud, de Maniquerville, de Froberville, furent unis ensemble par lettres patentes du mois de juin 1720,pour ne composer plus dorénavant qu'une seule et même terre sous le nom de marquisat de Thiboutot et en faveur de Louis-François de Thiboutot, de ses descendants, mâles ou femelles. (Description géographique et historique de la Haute-Normandie, volume 1, de Michel Toussaint Chrétien du Plessis) » [4]
A proximité :
L'église Saint-Martin :
Le choeur de l'église est moderne. La nef l'est aussi, excepté quelques parties du 16e siècle. Le silex domine généralement dans cette construction. Les fonts baptismaux, qui ne sont pas mal, remontent à coup sûr au 13e siècle. Au haut de la nef on voit plusieurs grandes pierres tombales qui paraissent recouvrir la cendre des seigneurs du lieu. Les inscriptions sont presque totalement effacées. Maniquerville, du reste, dédié à Saint-Martin, fut toujours sous le patronage de ses seigneurs, les sires de Thiboutot, dont la château était voisin (G.Belot, miles patronus. Pouillé d'Eudes Rigault) (Les églises de l'arrondissement du Havre, par Jean Benoît Désiré Cochet )
Après la fin de la terreur, le calme renaît peu à peu à Maniquerville mais les conséquences des bouleversements qui viennent de se produire subsistent. Le château de Thiboutot et la tour de Maniquerville sont détruits. L'église est dévastée, elle est à peine couverte, une partie des murs effondrée, les vitraux sont brisés, une partie des statues et le blason des Thiboutot sont mutilés, la crypte contenant les tombeaux profanée, les objets précieux qu'elle contenait volés, ainsi que les cloches, les bancs et les stalles brûlés, le clocher démonté. Aussi lorsqu'après le 18 brumaire, le culte est rétabli dans la plupart des communes voisines, il ne peut être question de le célébrer à Maniquerville dont l'église n'est qu'une grange délabrée. Maniquerville est alors rattaché à Gerville pour le culte mais aussi pour l'instruction des enfants. » [4]
Sources :
[1] Extrait de Les églises de l'arrondissement du Havre, Volume 2 par Gaffney frères, 1845
[2] Extrait du Répertoire archéologique du département de la Seine-Inférieure rédigé sous les auspices de l'Académique des sciences par l'abbé Cochet.
[3] Extrait du site Wikipédia
[4] Extrait de https://fr.geneawiki.com/index.php/DE_DAMPIERRE_Charles
[5] Extrait de http://herve.laine-bucaille.pagesperso-orange.fr/noblesse/T/thiboutot.htm
[6] Extrait de L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale par Jacques Le Maho https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307
[7] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P.205 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22
Bonnes pages :