« Le roi d'Angleterre et duc de Normandie, Henri Ier Beauclerc, édifia un château sur la motte au pied duquel est créé dès le début du 12e siècle un bourg castral. Construit à la fois dans un but militaire et résidentielle, ce château est a accueillit des hôtes prestigieux comme en 1185 où Henri II Plantagenêt y reçoit le jeune roi de France Philippe Auguste. » [1]
« Le château médiéval de Beauvoir-en-Lyons est situé aux limites septentrionales du plateau du Vexin, sur la bordure du domaine forestier de Lyons. Par rapport aux grands châteaux normands, il apparaît assez tard dans les sources écrites médiévales, en 1180, sous le terme castrum de bello videre. La position dominante du site, soulignée par son nom, lui permet une vue étendue sur la boutonnière de Bray. (…) Il est aujourd’hui difficile de cerner ce que fût ce château : pas de vestiges apparents et des fossés partiellement conservés.» [2]
Plan hypothétique du site du château et du bourg de Beauvoir-en-Lyons ; blason de Beauvoir-en-Lyons : http://blasonsdefrance.free.fr/departements/76.htm
Plan ci-dessus extrait de http://beauvoir.avenir.free.fr/FR/Beauvoir_en_Lyons.php
« L'une des quatre châtellenies royales du pays de Lyons au Moyen Âge avec celles de Longchamps-en-Lyons, Neufmarché-en-Lyons et Lyons-la-Forêt. Le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri Ier Beauclerc (1100-1135) y édifie un château sur motte au pied duquel est créé dès le début du 12e siècle un bourg castral. Utilisé à des fins à la fois militaire et résidentielle, ce château royal est suffisamment vaste pour accueillir des hôtes prestigieux comme en 1185 où Henri II Plantagenêt y reçoit le jeune roi de France Philippe Auguste. Mais ce château ne survit pas au 12e siècle. Pris en 1193 par le roi de France, Beauvoir est en effet démantelé par les Français en 1196. Alors que le traité de Gaillon prévoyait la restitution de Beauvoir aux troupes anglo-normandes, c'est un château en grande partie détruit qui est remis aux mains de Richard Cœur de Lion. Vers 1150, Hugues de Gournay fonde le prieuré Saint-Laurent-en-Lyons.
Les rois capétiens qui réinvestissent la forêt de Lyons dès 1202 ne chercheront pas à reconstruire le château. S'ils séjournent régulièrement en forêt de Lyons pour chasser, ils préfèrent disposer dans ce secteur de la forêt de résidences plus modernes et confortables en faisant édifier dans le courant du 13e siècle deux manoirs royaux destinés à remplacer Beauvoir : La Feuillie et Bellozanne à proximité immédiate de l'abbaye.
Le souvenir de la châtellenie royale de Beauvoir se perpétue jusqu'à la Révolution par le maintien de la verderie de Beauvoir et de la toponymie médiévale de Beauvoir-en-Lyons qui subsiste encore aujourd'hui. » [3]
Ci-dessus, document extrait de Château, ville et pouvoir au Moyen Age par Anne-Marie Flambard Héricher et Jacques Le Maho - Publications du CRAHM, 2012 - 289 pages https://www.google.fr/books/edition/Ch%C3%A2teau_ville_et_pouvoir_au_Moyen_%C3%82ge/BuDgl0iuhFoC?hl=fr&gbpv=1&dq=Ch%C3%A2teau,+ville+et+pouvoir+au+Moyen+Age&printsec=frontcover
Les 4 documents successifs ci-dessus sont extraits de l'excellente plaquette PDF sur ce sujet (voir ci-après) mise en ligne par l'association Beauvoir Avenir : http://beauvoir.avenir.free.fr/FR/Beauvoir_en_Lyons.php ; photo aérienne en bas à droite extraite du site Géoportail.
« Il est net qu’au cours du 19e siècle, le processus de disparition du site était entamé. Un relevé topographique apporte quelques indices supplémentaires, il souligne la présence d’un tertre qui domine légèrement l’ensemble et était marqué par un cercle sur le plan du 18e siècle, c’est la motte. En contrebas, une vaste terrasse était ceinte d’un fossé encore visible, c’est la basse-cour. Une grande partie des fossés est remblayée, notamment autour de la motte, seule la « sente dite du bout des jardins » en est le souvenir. Vers l’est, le site a quasiment disparu de la topographie, une légère empreinte du fossé est marquée immédiatement au nord de l’église.
La route traverse aujourd’hui le site alors que la descente vers le pays de Bray se faisait originellement à l’est du bourg. La « rue de l’église » marque en réalité l’ancien accès du château dont une des portes devait se trouver près de l’église Saint-Nicolas. L’élargissement de cette rue, en 1982, avait été l’occasion de d’observer une coupe fraîche mettant en évidence un ancien creusement : le fossé de la basse-cour taillé dans la craie et depuis remblayé. (...)
Une source comptable, Les Rôles de l’Échiquier de Normandie, signalent, pour l’année 1180, « le cens des bourgeois de Beauvoir » (… censarum burgensium de Bello Videre), soulignant ainsi un statut fiscal propre aux habitants en même temps que la présence d’un bourg. Il est par conséquent possible de qualifier cet ensemble de bourg castral. Ce phénomène, une agglomération topographiquement liée au château et souvent elle-même ceinte d’un fossé est classique des grands châteaux du Moyen Âge. On y trouvait certainement une place de marché, probablement au niveau de l’élargissement de la rue principale. En 1180, 408 livres sont consacrées à des travaux de fortification. Il s’agit d’un renforcement général des châteaux frontaliers qui est mené par le roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt. La place est donc antérieure. Le règne d’Henri Ier Beauclerc est susceptible d’avoir vu naître le château. Ce roi d’Angleterre et duc de Normandie (1100-1106-1135) a eu une importante activité dans le domaine forestier de Lyons et dans la fondation des bourgs castraux. Son règne fut ponctué de troubles, dont les années 1118-1119, au cours desquelles a notamment dû combattre les sires de Gournay, ce qui expliquerait la construction de ce château. » [2]
Les photos ci-dessus sont extraites du site de l'association Beauvoir Avenir : http://beauvoir.avenir.free.fr/FR/Beauvoir_en_Lyons.php
« Le castrum de Beauvoir-en-Lyons est cité pour la première fois en 1180, lorsque 408 livres lui sont consacrées pour des travaux non renseignés [V. Moss, op. cit., p. 54 « In operationibus castri de Bello Videre viij li. et viij s. et v. d. per breve regis. (...) In operationibus castri de Bello Videre cccc li. lxiiij s. et j d. per visum Walteri Hocherel et Ricardi de Sigeio et Normanni Merlet. »] et qu'il est actuellement impossible de reconnaître sur le terrain tant le site castral a été bouleversé. La place, qualifiée de ministerium de Braio de foresta de Leons [ibid p.54], s'apparente à un domaine géré sur le mode de la ferme qui dépend directement du pouvoir royal [Cette lecture est empruntée à B. Nardeux, op. cit., p. 139 et n. 210.]. Les dénominations géographiques indiquent que l'espace administré depuis Beauvoir s'étend aussi bien vers la forêt que vers la dépression de Bray. Le château est installé au sommet de la falaise qui marque la limite entre les deux espaces, le nom du lieu est évidemment lié à cette position privilégiée. Le même rôle évoque le cens des bourgeois du lieu [V. Moss, op. cit., p. 54 : «... censarum burgensium de Bello Videre».] soulignant ainsi un statut fiscal propre aux habitants.
La fortification est classiquement composée de deux éléments (fig. 4 ci-dessus) : un tertre très déformé placé au niveau de la rupture de pente auquel se joint une bassecour, tronquée à moitié par le passage d'une route, mais bien lisible vers le nord-ouest avec la présence d'un fossé de 25 m d'ouverture. L'agglomération se développe sur le plateau, au contact immédiat du château, autour d'un axe majeur orienté nord-ouest/sud-est qui rassemble un habitat concentré toujours appelé « le Bourg ». Cette rue est bordée, au sud, par une bande lotie de 260 m de longueur pour 60 m de largeur. Au nord, l'habitat est moins compact, des parties sont inoccupées et une rue est percée pour permettre l'accès à l'église Saint-Nicolas, peut-être au château. Les limites de ce bourg sont définies par un réseau de sentes et, au sud-est, par un vallon qui formait, avant l'aménagement de la route ayant scindé le château en deux, la descente naturelle vers la dépression de Bray. » [4]
En 2012, a été inauguré un superbe panneau informatif sur l'ancien château royal de Beauvoir, sur le site des anciens fossés qui sont redevenus visibles suite à l'important travail de dégagement des bénévoles de l'association Beauvoir Avenir et à l'aimable autorisation des propriétaires anglais du terrain.
Photo ci-dessus extraite de Paris-Normandie http://www.paris-normandie.fr/hemerotheque/la-place-forte-se-revele-820862-MUPN820862
Sources :
[1] Extrait de https://www.otlafeuillie.eu/francais/communes/beauvoir-en-lyons/
[2] Extrait de : Lepeuple B., 2009, « la rue de l’église à Beauvoir-en-Lyons (76) », Projet Collectif 0 100 m de recherches sur les fortifcations de terre de Haute-Normandie, Flambard Héricher A.-M. N (dir.), Université de Rouen, Service Régional de l’Archéologie de Haute-Normandie, p. 60-80. Restitution du bourg castral, sur fond cadastral du XIX s. e 225 V V http://beauvoir.avenir.free.fr/FR/Beauvoir_en_Lyons.php
[3] Extrait de Wikipédia
[4] Extrait de Château, ville et pouvoir au Moyen Âge publié par Anne-Marie Flambard Héricher,Jacques Le Maho - Publications du CRAHM, 2012 - 289 pages https://books.google.fr/books?id=BuDgl0iuhFoC&pg=PA20&lpg=PA20&dq=Beauvoir+en+Lyons+ch%C3%A2teau&source=bl&ots=uv2MLsB-Kg&sig=mGfizM_u9dQ4sBOMyZGBXzFw9n0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjt3bPp-YDVAhXGWxQKHbtqD9g4KBDoAQgoMAA#v=onepage&q=Beauvoir%20en%20Lyons%20ch%C3%A2teau&f=false
Bonnes pages :
O Château, ville et pouvoir au Moyen Âge publié par Anne-Marie Flambard Héricher,Jacques Le Maho - Publications du CRAHM, 2012 - 289 pages https://books.google.fr/books?id=BuDgl0iuhFoC&pg=PA20&lpg=PA20&dq=Beauvoir+en+Lyons+ch%C3%A2teau&source=bl&ots=uv2MLsB-Kg&sig=mGfizM_u9dQ4sBOMyZGBXzFw9n0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjt3bPp-YDVAhXGWxQKHbtqD9g4KBDoAQgoMAA#v=onepage&q=Beauvoir%20en%20Lyons%20ch%C3%A2teau&f=false
O B. Nardeux, La forêt royale de Lyons (11e-15e), un espace résidentiel méconnu, Congrès des Sociétés historiques et archéologiques de Normandie de Sées. Année 2008, p 51-59.
O Le pays de Lyons au Moyen Âge (avec la collaboration de B. Nardeux) extrait de http://beauvoir.avenir.free.fr/beauvoir_lepeuple.pdf
O http://beauvoir.avenir.free.fr/FR/Beauvoir_en_Lyons.php ; la plaquette ci-dessus a été mise en ligne par l'association Beauvoir Avenir :