Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
" La ville est située sur un site occupé déjà à l'époque gallo-romaine, à la croisée des anciennes routes de Vieux à Avranches et de Bayeux à Condé-sur-Noireau. " [2]
" Que anciennement le château du dit lieu de Aulnay estoit en grande force, puissant et moult riche, lequel est assis au milieu de tous les monts de Lenques où il y a encorres grandes et mervilloses apparences de forteresse..." [1]
" Le roman de Rou de Wace fait mention d'un sire d'Alnei ayant participé à la conquête de l'Angleterre aux côtés de Guillaume le Conquérant. Les vestiges de son château du 12e siècle, surplombant le lieu-dit actuel du Petit Pied du Bois, sont décrits dans le troisième tome de la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont (1857). La forteresse servira jusqu'à la guerre de Cent Ans et sera rasée par Bertrand Du Guesclin. " [2]
Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
Arcisse de Caumont :
Château. - Robert Wace cite ensemble (vers 13 775 et suivants), comme ayant pris part à la bataille de Hasting, plusieurs seigneurs dont j'ai retrouvé les châteaux dans les communes du Calvados qui portent le même nom. Ce sont les seigneurs d'Aulnay, du Molay, de Combray, de Rubercy, et de Fontenay-le-Marmion. Le poète leur fait proférer des cris de mort contre le roi Harold.
« Les seigneurs de Combray, celui d'Aulnay, les sires de Fontenay, de Rubercy et du Molay couraient, dit-il, en mandant le roi Harold et disant aux Anglais : Où donc est le roi que vous servez, le parjure qui a manqué de foi à Guillaume ? si nous pouvons le trouver, sa mort est
certaine (1). »
L'emplacement du château d'Aulnay est à 1/2 lieue du bourg de ce nom, sur le versant nord d'une chaîne d'éminences qui traverse cette partie de l'arrondissement de Vire et décrite dans mon ouvrage sur la géologie du département du Calvados.
Ce château, assez vaste, aujourd'hui couvert de bois, était divisé en trois parties bien distinctes, qui suivaient la pente du terrain. La motte du donjon occupait la partie la plus élevée ; elle est ronde ; son diamètre est de 150 pieds. On y voit encore des fondations de murailles et un puits qui se trouvait, je crois, dans une petite cour que je suppose avoir existé sur la partie de la motte tournée à l'Est.
Ce donjon, ceint de larges fossés, était dominé au Sud et au Sud-Ouest par le sommet de l'éminence dont il occupe la pente septentrionale, ce qui devait considérablement en diminuer la force en cas de siège.
Plan ci-dessus extrait de ce même document : la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont.
On descendait de la motte dans la cour centrale, par une pente douce. Cette pente a été pratiquée du côté du Nord-Est, soit parce qu'elle devait correspondre à la cour du donjon placée, comme je le suppose, du même côté, peut-être aussi parce que dans cette direction la vallée rendait le château peu accessible à l'ennemi.
La cour centrale D est à peu près carrée et présente une déclivité sensible vers la vallée voisine. Cette vallée, qui forme un second et large fossé, était autrefois occupée par une pièce d'eau. On voit encore un barrage en terre (a) servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coule dans le vallon.
La seconde cour, ou troisième partie du château (E), que l'on pourrait appeler la cour basse, en comparant son niveau avec celui de la précédente, offre, comme elle, un carré à angles obtus, dont le côté nord est légèrement convexe. De ce côté et vers le couchant, le vallum est plus considérable et s'élève en forme de parapet au-dessus du niveau de la cour.
Je n'ai trouvé dans cette enceinte ni dans la précédente aucune trace de maçonnerie. On voit encore un rempart (f) dirigé vers l'Ouest et bordant un chemin creux. Je suppose que là était une des entrées du château, et que ce rempart avait pour but de défendre l'accès de ce chemin , qui venait aboutir dans le fossé, entre la seconde cour et la cour centrale.
Je serais assez porté à admettre que l'on accédait encore au château par la chaussée qui servait à retenir les eaux de l'étang (a).
J'ai dit que le château d'Aulnay était défendu naturellement au Nord et à l'Est par deux vallées, mais que le côté de l'Ouest et du Sud, il était dominé par les terres environnantes.
C'est ce qui aura déterminé à établir de ces deux côtés un second fossé F qui formait une double ligne de défense.
(1) Cil de Combrai è cil d'AInei
E Il fire de Foutenel
De Rebercil é del Molei
Vunt demandant Héraut li Rei
As Engletz dien ; ça eslez :
U est Il Reis ke vos servez .
Ki à Guillaume est perjurcz ,
Mo.z est s'il pot estre trovez.
Roman de Rou, vers 13,775 82. [3]
Essai de positionnement du château d'Aunay-sur-Odon, d'après le plan fourni par Sébastiaan Aarts http://www.basaarts.nl/vraagbaak.phpa (voir ci-après) tous mes remerciements pour ces précisions ; blason de la famille de Say par Gilloudifs
" Aunay-sur-Odon (Coordonnées Lambert 382,150 X 149,350).
Cette fortification, décrite par A. de Caumont (Cours d'Antiquités, V, pp. 88-92) qui l'identifie avec le château d'Aunay rasé sur l'ordre de Du Guesclin, est située dans les bois au sud du bourg d'Aunay, sur la frontière de l'honneur du Plessis-Grimoult. Elle est dominée, au sud et à l'ouest, par les hauteurs boisées de la crête nord du synclinal bocain ; vers le nord et l'est, elle commande au contraire les alentours. Elle est constituée par une motte renforcée, au nord, par deux enceintes successives. Le fossé de la motte est nettement visible. La plate-forme au sommet, très accidentée, mesure environ 36 mètres de diamètre ; elle est actuellement plantée de jeunes sapins. Une excavation dont on voit encore les traces a mis au jour, il y a quelques années, un four et des murs dont certains présentent un appareil en arêtes de poisson. La céramique trouvée se composait essentiellement de grès, ce qui indique bien que le château a été occupé jusqu'à une date tardive. " [4]
" Aunay, Aulnai, Aulnoi, Alnetum ou Alneium, la localité des Aunes est un nom de lieu assez commun, et, rien qu'en Normandie, on trouverait aisément une dizaine d'endroits qui le portent ; cependant, à raison des autres noms qui l'encadrent, il semble que ce soit bien le seigneur d'Aunay-sur-Odon que le Roman de Rou cite parmi les chevaliers qui se distinguèrent à Hastings. (...)
Le château de ce compagnon de la conquête était celui dont les traces sont indiquées par M. de Caumont, dans sa Statistique monumentale du Calvados, à une demi-lieue environ au sud-est du bourg actuel, sur le versant nord des monts de Lenque.
Carte d'Etat Major extraite du site Géoportail. Le site du château devait se trouver un peu plus à droite sur la carte... [NDB]
Ce château, dont l'emplacement est aujourd'hui envahi par les bois, était une espèce de grand campement, fortifié par des fossés, des terrassements et des palissades, comme presque tous les châteaux de ce temps. Il était remarquablement vaste, ayant environ 180 mètres de long, et se divisait en trois parties distinctes, juxtaposées du sud au nord. La motte du donjon occupait au sud la partie la plus élevée ; elle était ronde, et d'un diamètre de 150 pieds. On y voit encore les débris de puissantes murailles, et un puits maçonné se trouvait sur la partie de la motte tournée à l'est.
Ce donjon, ceint de fossés très larges et très profonds où gisent encore aujourd'hui ses débris, blocages énormes de ciment et de moellon indissolublement liés, était dominé, au sud et au sud-ouest, par le sommet de l'éminence dont il occupait la pente septentrionale ; ce qui sans doute lui fut fatal lors des sièges qu'il eut à subir.
On descendait de la motte dans la cour centrale par une pente douce. Cette pente a été pratiquée du côté du nord-est, soit parce qu'elle devait correspondre à la porte du donjon placée du même côté, soit aussi parce que, dans cette direction, la vallée rendait le château moins accessible à l'ennemi.
Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1811, Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/
La cour centrale était à peu près carrée, présentant une déclivité sensible vers la vallée voisine. Cette vallée formait un second et large fossé, et était autrefois occupée par une pièce d'eau. On voit encore un barrage en terre servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coule dans le vallon.
La seconde cour, ou troisième partie du château, que l'on pourrait appeler la cour basse, en comparant son niveau avec celui de la précédente, offre comme elle un carré à angles obtus, dont le côté nord est un peu convexe. De ce côté, et vers le couchant, le valium est plus considérable et s'élève en parapet au-dessus du niveau de la cour. Les traces de maçonnerie, s'il en a existé, ne s'y retrouvent que sous terre, où des ouvriers disent avoir rencontré des fondations.
Ci-dessus, une photographie aérienne du site prise depuis le nord cette fois extraite de Google Earth 2018.
Ci-dessus : à gauche, une photo aérienne extraite du site Google Earth 2014 montrant l'emplacement du château d'Aunay-sur-Odon. Cette photo m'a été adressée très aimablement par Sébastiaan Aarts http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php ; à droite, une photographie aérienne extraite du site Google Earth 2018 avec en surimpression le plan extrait de la Statistique monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont (voir ci-avant). On constate que la forêt dévastée en décembre 1999 a bien repoussé masquant un peu plus le site. Document modifié par Gilloudifs.
On voit encore un rempart dirigé vers l'ouest, et bordant un chemin creux. On peut supposer que là était une des entrées du château, et que ce rempart avait pour but de défendre l'accès du chemin qui venait aboutir dans le fossé, entre la seconde cour et la cour centrale (De Caumont, t. Ill, p. 241).
Cette puissante et rustique forteresse, asile des habitants du voisinage qui s'y réfugiaient avec leurs biens des qu'un ennemi était signalé, a subi plusieurs sièges et a été prise d'assaut trois fois au moins, ainsi que nous le verrons. Les massifs de maçonnerie plus ou moins désagrégés, qui jonchent ses fossés envahis par le bois, font penser à la poudre et aux explosions des mines, qui semblent avoir seules pu renverser si complétement le donjon et les autres constructions. Quoi qu'il en soit, à partir du 15e siècle, cet emplacement fut abandonné, et le Vieux Caté n'est plus qu'une section des bois taillis qui couvrent le Mont de Lenque.
Est-ce de là qu'était sorti Gontier d'Aunay, l'un des favoris du chevaleresque et malheureux duc de Normandie, Robert Courte-Heuse ?
Gontier que l'on dit de l'Aunei (*)
Est od li Dus contre li Rei
Un chevalier de grant noblei
Et od li Dus estoit par fei.
Gontier teneit li granz maisnies
Et faisoit granz chevaleries ;
Cil departeit les livraisons,
Li Dus par li donout les dons;
Gaëm et Baieues gardout,
Sovent de l'un à l`altre alout
(Roman de Rou. du vers 16 042 à 16 051).
(* Le texte porte à tort le nom de Rogier et orthographie mal le nom qu'il écrit Delaunei, Gunteriua de Alneio, dit Orderic Vital.)
En 1105, Gontier d'Aunay défendit bravement Bayeux assiégé par Henri Beauclerc, roi d'Angleterre :
Proz chevalier é defensable
Par la contrée chevalchout,
Dunc la ville mult amendout.
Prisons et Preies amenout,
Mult despendeit et mult donout,
Mult acreeit, et bien rendeit,
Mult emprunleil. et multi soldeit
(Eod., 16173-16180).
Ce chevalier, aussi bon et aussi honnête administrateur que brave guerrier, se rattachait-il par son origine à Aunay-sur-Odon ? on ne saurait le dire avec certitude.
Quoi qu'il en soit, dès la fin du 11e siècle, Aunay appartenait à un grand seigneur, dont le nom, jadis glorieux, ne nous permet même plus aujourd'hui de reconnaître l'origine ni la famille. Il s'appelait Ingilram, ou Enguerrand, fils d'Ilbert, et, avec sa femme Agnès, il donna en 1080 à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen : l'église de Saint-Samson d'Aunay, ainsi que ses droits et redevances, deux parts de la dîme de la paroisse, et la dime de toutes les corvées, services et charrues qui lui étaient dues, plus enfin une acre de terre pour qu'on put y bâtir une grange dimière.
Orderic Vital montre Enguerrand, fils d'Ilbert, fidèle à la cause de Robert Courte-Heuse, et chargé de la défense de Caen en 1105. Puis, la nuit la plus profonde se reforme autour de son nom ; notre savant M. Delisle suppose que cet Ilbert, dont il était fils, était Ilbert de Lacy. C'est vraissemblable, le dévouement des Lacy à l'aîné des fils de Guillaume étant connu, et le nom d'Ilbert étant assez peu commun. " [1]
Ci-dessus, plan extrait de l'article Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure par le Dr Doranlo in le Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22#
" L'abbaye d'Aunay est la neuvième fondation de l'abbaye de Savigny fondée le 15 juillet 1131 par Jourdain de Say, seigneur d'Aunay, et Luce, sa femme, sur le versant nord du mont des Lenques, puis les moines transportent leur établissement à un kilomètre sur les bords de l'Odon. Le 15 novembre 1136, elle est fondée sous le vocable de Notre-Dame. À partir de 1147, Aunay appartient à l'ordre de Cîteaux.
Cette fondation est confirmée et considérablement augmentée par le gendre du fondateur, Richard du Hommet, connétable héréditaire du roi d'Angleterre pour la Normandie. " [2]
" En 1136, Aunay était sorti sans retour des mains de la famille qui portait son nom, et dont le sort est impossible à démêler de celui de plusieurs autres familles homonymes.
Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
A défaut de renseignements contemporains, voici une pièce informe et sans date, mais curieuse, dont l'écriture semble indiquer le 16e siècle, et qui a conservé tout ce qui reste des plus anciennes traditions d'Aunay :
" Et premièrement, commencerons à parler des seigneurs à qui premier la dite seigneurie de Aulnay a esté, ainsi que en avons tesmoing tant par charstres, mariages, enseignements et antiquités que par les fondations de l'abbaye de Aulnay, et ce que les ensiens en ont ouy de leurs prédécesseurs.
Que anciennement le château du dit lieu de Aulnay estoit en grande force, puissant et moult riche, lequel est assis au milieu de tous les monts de Lenques où il y a encorres grandes et mervilloses apparences de forteresse. Et iceuh seigneurs de Aulnay se titraíent et nousmest seigneurs de tous les Monts de Lenques. Et qui ne soyt vray : Leurs noms estoient : des Monts de Lancque, ainsy qu'il sera sy après ce en est le commun bryt des plus vieuh et ensiens qu'il dissy avoir ouy de leurs pères qui avoit esté devant la dernièr guerre des Anglais qui fut [blanc] que le dit Englois fut mis hors du pays de Normandie par [blanc] qui fut la dernière démolition du dit chatieau de Aulnay que les dits seigneurs des Monts de Lenque avioyt esté long temps auparavant seigneur de Toringny et de Tury, et qu'il soit ainssy au temps Guillaume diet Le Bactard avoit mys le duché de Normandye à son obèissance, qu'il fut a lan de notre seigneur Jesus Christ 1020 ans. Il y avoit au chastiau des monts de Lanque une fille qui avoit nom Luce des Monts de Lanque. ll y en a qui disient que y estoient trois sœurs et qui se partirent leurs succession, à l'une Toringny, l'aut, le dit chastiaut de Aulnay, et la jeune eut Tury et Hamars. Toutesfois que tu n'en pourrois parler au sertain, lors que de la dite Luce qui fut mariée à messire Jordain de Say, chevalier, l'an de notre salut mil XX ainssy qu'il est prouvé par eseript cy après fait mention, lesquelz Jordain et Luce ont, en l'honneur et révérence de la Ste-Trinité, faisant en l'une de leurs mannouers et maissons nommé : Sous Le Bort Leys les monts de Lanques, faire une esquellise qui estet fondée de Ste-Trinité, et ordonnèrent certain nombre de gens de bien pour prier pour eux et leurs amys, à qui ils donnèrent les deux ensemble tenir biens et revenu, pour les commencer et nourir, et c'est assavoir le dit lieu de Soubz le Best, avec autres demesme boys, prés, comme c'est plus amplement contenu en la dicte première fundation qui fut. " - Etc. (Archives du Calvados. Fonds de l'abbaye d'Aunay). (...)
La famille de Say tenait son nom d'une paroisse des environs d'Argentan (...) Ce nom, comme celui de Say, fut continue en France et en Angleterre, où les de Say, par une alliance avec les Magneville, devinrent comtes d'Essex.
Jourdain de Say, le premier de son nom que nous trouvions à Aunay, avait figuré en 1112 parmi les témoins d'une charte de confirmation accordée par Henri Ier, roi d'Angleterre, à l'abbaye de Savigny. (...)
Étienne de Blois avait jadis reçu le comte de Mortain, et pendant qu'il guerroyait en Angleterre, durant l'été de 1139, le comte Robert de Glocester vint ravager ses possessions, et s'empara du château d'Aunay qui en dépendait, comme relevant de la châtellenie de Condé-sur-Noireau.
Ci-dessus, blason de la famille de Say par Gilloudifs.
On ne sait comment Aunay fut repris par les partisans d'Étienne ; mais deux ans après, en 1141, le comte Geofroy d'Anjou, avec Robert de Glocester, assiégeait de nouveau la forteresse et s'en emparait, ainsi que de trois autres châteaux relevant du comté de Mortain : les châteaux de Tinchebray, de Cérences et du Tilleul (Chronique de Robert du Mont, anno 1141).
Jourdain de Say, et Luce, sa femme, héritière des Monts de Lenque et des anciens sires d'Aunay, eurent pour fils Gillebert qui, en 1151, " donna à l'église de Sainte-Trinité et de Sainte-Marie-d'Aunay, et aux moines qui y servent Dieu en leur abbaye, toute sa terre de Vendes, qu'il possédait en propre (...)
Mais, outre leurs deux fils Gillebert et Engerran, qui semblent être morts sans postérité, Jourdain et Luce avaient une fille, nommée Agnès, devenue héritière non seulement d'Aunay, mais encore de nombreux autres fiefs considérables : Marigny, Langrune, Asnières, Romilly et Beaumont, dont elle porta quelquefois le nom. Elle épousa, vers 1150, Richard du Hommet, connétable de Normandie. (...)
Pour la famille du Hommet, voir ici.
Le connétable Richard du Hommet, devenu vieux, entra comme simple moine, en 1179, à l'abbaye d'Aunay, tandis que son farouche maître continuait à se battre avec ses propres enfants.
Ci-dessus, blason de la famille du Hommet par TomKrCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par TomKr., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2583514
Il mourut avant la fin de ces luttes parricides, en 1181, après avoir vécu un an et demi sous l'austère règle de Cîteaux. Il fut enterré dans le sanctuaire de l'église qu'on édifiait alors, et son tombeau y subsista, du côté de l'Évangile, jusqu'au 16e siècle, où il fut détruit par les Protestants, conduits au sac de l'abbaye par un de ses indignes descendants. (...) " [1]
Le fief d'Aunay passe ensuite à la famille de Sémilly. [NDB]
" L'abbé de La Rue, au tome III de son Essai sur les Bardes, signale comme florissant au milieu du 13e siècle Richard de Sémilly, de la famille du seigneur d'Aunay. Ce Richard, ami de la gaie-science, fut lié avec deux autres trouvères contemporains, dont les œuvres très légères sont difficiles à. bien distinguer des siennes. (...)
La Normandie, alors exceptionnellement riche et prospère, allait subir la longue guerre de Cent-Ans (...) En 1357, un des chevaliers les plus dévoués à Charles le Mauvais, Arnaud d'Aigremont s'était établi dans le château d'Aunay. (...) Dans les derniers mois de 1359, le bourc ou bâtard de Luz était capitaine de la forteresse d'Aunay, et, de là ses incursions désolaient le pays, menaçaient la place française de Thorigny, et s'étendaient jusqu'aux faubourgs de Bayeux, de Saint-Lô, de Caen et de Vire. (...)
Ci-dessus, blason de la famille de Sémilly par Gilloudifs.
Un jeune homme de vingt ans, Thomas Pijon, ou Pigeon, originaire de Thorigny, qui s'était laissé entrainer au service des Anglais d'Aunay, où il a demeuré par l'espace de quatre mois ou environ, durant lequel temps il a chevauchié avec eux, pillé et robé, et fait tout aussi comme nos dis ennemis faisoient, fit demander un sauf-conduit au gardien du chastel de Thorigny, messire Bertran du Guesclin.
Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail. On distingue dans la forêt la motte féodale au centre, en bas de la photo.
Ce sauf-conduit lui fut accordé au mois de septembre 1362, et du Guesclin était alors à Paris. La même année, le capitaine anglais d'Aunay s'etait emparé d'un fort construit à Coulonces et d'un autre à Cottigny, village de Saint-Jean-des-Baisants. Au mois d'avril1363, du Guesclin était à Thorigny et s'entendait avec le loyal Philippe de Navarre, comte de Longueville, qui était à Gavray, pour délivrer le pays des bandits anglais cantonnés dans leurs petites forteresses.
Le bourc de Luz fut sommé de vider la forteresse d'Aunay qu'il considérait peut-être comme sa propriété, l'ayant sans doute payée à beaux deniers comptant, de son prédécesseur Arnaud d'Aigremont. L'aventurier demanda à traiter, et finit par consentir à remettre sa place moyennant une somme dont on ignore le chiffre exact, mais qui devait être assez considérable, puisqu'elle devait être fournie partie par les sujets du duc de Normandie, partie par ceux du roi de Navarre, comte de Mortain. Afin d'éviter tout retard, du Gueselin fit généreusement l'avance de la somme due par les sujets du duc de Normandie, montant à 4.500 francs.
Le 1er mai 1363, il donna commission à Henri de Thiéville d'aller prendre la saisine du chastel de Auney pour ycelui faire raser et abbatre, avec une compagnie de seize archers ou hommes d'armes.
Malgré un petit échec subi par du Guesclin devant le fort de Vaudry, cette place, comme Coulonces et Cottigny, fut bientôt purgée des bandes anglaises qui désolaient le pays, et quand, vers la fin de ce même mois de mai, du Guesclin vainqueur entra dans Vire, la ville lui fit un cadeau de mille royaux d'or. (...)
Où était cependant le légitime seigneur d'Aunay pour protéger ses vassaux ?
Était-il mort en les défendant au moment où son château fut pris ? On ne sait. Seulement il semble évident que la race chevaleresque des Sémilly paye sa part dans les sacrifices de la résistance. De 1374 a 1389, c'est un prêtre, sans doute un cadet de la famille, messire Guy de Sémilly qui figure comme seigneur d'Aunay, et comme tuteur des enfants mineurs laissés orphelins par la mort de son frère, Jean de Sémilly. (...) " [1]
Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
Aunay passe ensuite à la famille d'Aussonvilliers ou Ossonvilliers.
Après la destruction du château d'Aunay sur l'ordre de Du Guesclin, un nouveau château ou manoir sera construit au lieu-dit " Le Château ". Sur la route de Villers, juste après le moulin. Ce sera le nouveau siège de la baronnie des seigneurs d'Aunay. Sur la D6, en direction Villers-Bocage : 49°01'43.6"N 0°38'18.0"W
Aujourd'hui, l'emplacement du vieux château d'Aunay-sur-Odon n'est plus visible car ayant été arasé par le propriétaire du champ. [NdB]
Le 12 juillet 1509, Jehan d'Ossonvilliers ou d'Aussonvilliers reçut, comme baron d'Aunay, l'aveu des hoirs de Perrin Bellin pour le Clos-Yon et pour le Clos-Corneille, mais ce n'était pas sa famille qui devait remplacer celle des Semilly. Il n'eut qu'une fille, nommée Charlotte, qui mourut sans enfants de Jacques d'Hellenvilliers, baron de la Ferté-Fresnel. La baronnie d'Aunay et le reste de sa succession passèrent à la fille de Jeanne de Sémilly, sa grande tante maternelle.
Cette Jeanne de Semilly, dont on a vu le contrat de mariage, eut de Jean de Saint-Maard, vicomte de Blosseville, une fille unique, nommée Loyse. (...)
Ci-dessus, blason de la famille d'Aussonvilliers par Gilloudifs.
L'unique héritière de la baronnie d'Aunay, de Balleroy, de la vicomte d'Esquay, etc... était Loyse de Saint-Maard, fille du vicomte de Blosseville et de Jehanne de Semilly. Elle avait épousé, vers 1479, Jehan des Essars, chevalier, seigneur des Essars et de Canteleu, et grand maître des eaux et forêts de Normandie. Il était d`une famille peu ancienne, mais florissante alors au pays de Caux. La baronne d'Aunay en eut quatre fils et six filles. (...)
En 1501, Loyse de Saint-Maard, baronne d'Aunay, était veuve, [1] et celle-ci connut ensuite des tribulations tragiques que nous vous laissons découvrir sur le net puisque nous sortons de la période médiévale pour entrer dans la période moderne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image [NdB]
“ DU CHATEAU-FORT D'AUNAY
C'est dans cet endroit en 1832, que je vis la belle Florine que je désigne dans le portrait moral de la femme, sous le nom de la reine de la Beauté ! car vraiment elle était bien la plus belle de la Normandie !!! Nous allons faire la description des mottes du château fort d’Aunay, partie d'après la notice sur le bourg d'Aunay par l’abbé Barette. Ce vieux château fut assiégé et pris en 1141 par Geofroy Plantagenet ; son emplacement est à deux kilomètres du bourg d'Aunay, sur le versant nord d'une colline qui traverse cette partie de l'arrondissement de Vire. Ce château assez vaste était divisé en trois parties bien distinctes, qui suivaient la pente du terrain. La motte du donjon occupait la partie la plus élevée ; elle est ronde et son diamètre est de 50 mètres on y voit encore les fondations des murailles et un puits, qui se trouvait sans doute dans une tour que nous supposons avoir existé sur la partie de la motte tournée à l'orient. Ce donjon, entouré de larges fossés dominé au sud et au sud-ouest par le sommet de l'éminence dont il occupait la pente septentrionale, ce qui, en cas de siège devait en diminuer considérablement la force On descendait de la motte dans la cour par une pente douce, pratiquée du côté du nord-est, soit parce qu'elle devait correspondre à la cour du donjon, placé, comme nous le supposons, du même côté, soit peut-être aussi parce que dans cette direction la vallée rendait l'accès du château difficile. La cour centrale est a peu près carrée. Les fossés étaient autrefois remplis d'eau et on voit encore aujourd'hui un barrage servant à maintenir à une certaine hauteur les eaux du ruisseau qui coulent dans le vallon. La deuxième cour ou troisième partie du château et cependant de ces seigneurs qu'on pourrait appeler cour basse en comparant son niveau avec celui de la précédente offre comme elle un quadrilatère à angles obtus dont le côté nord est légèrement convexe ; de ce côté vers le couchant le volume est plus considérable et s'élève en forme de parapet au-dessus du niveau de la cour. Il n'y a dans cette enceinte, ni dans la précédente, aucune trace de maçonnerie. On voit sur le plan du château des sires d'Aunay un rempart dirigé vers l'occident et bordant un chemin creux ; c'était probablement une descente du château et ce rempart avait pour but de défendre l'accès du chemin qui venait aboutir sur le fossé, entre les deux cours- Il serait admissible que l'on accédait aussi au château par la chaussée qui servait à retenir les eaux de l'étang. Ce château était défendu naturellement au nord et au levant par deux vallées, mais que du côté du couchant il était dominé par les terres, c'est ce qui avait déterminé à établir de ces deux côtés des fossés qui formaient ainsi une double ligne de défense. La baronnie d'Aunay possédait le territoire de Balleroy avec quelques terres dans les communes de Vaubadon et de Cormolain. Cette baronnie fut possédée par différentes familles, entre autres par une branche de l'illustre maison des sires de Patry, seigneurs de la Lande. Ce château fut détruit dans les dernières années du 18e siècle. La baronnie d'Aunay valait 30,000 francs de revenus. Quelques chétives cabanes se pressaient l'une et l'autre autour de ce château-fort et formaient l'ancien bourg d'Aunay. Vasse (Wace) nous apprend qu'un sire d'Aunay était à la conquête de l'Angleterre avec les. sires de Combray, de Rubercy, de Fontenay et de Molay. Le sire d'Aunay chercha Harold pour le combattre, mais il ne le rencontra pas. Sa vaillance lui fit trouver une mort glorieuse sur le champ de bataille d'Hastings. Ses deux fils qui, à cause de leur grande jeunesse, n'avaient pu suivre leur père furent oubliés du conquérant. Le château d'Aunay fut détruit en 1145. Deux compétiteurs se disputaient les armes à la main le trône d'Angleterre et la couronne ducale de Normandie, Geoffroy Plantagenet et Etienne de Boulogne, sire d'Aunay, embrassa le parti d'Etienne. Plantagenet assiégea son château et le prit d'assaut, malgré une défense héroïque. Une bataille sanglante fut livrée dans ces lieux si calmes aujourd'hui. De ce vieux château féodal il ne reste plus que la triple motte dont nous avons parlé, quelques blocs de maçonnerie épars dans l'herbe et parmi les ronces, et un puits profond ; voilà les derniers vestiges de tant de puissance. L'abbaye qui se trouvait près du château fut détruite et rebâtie un peu plus loin l'endroit où l'on en voit encore les restes. Le bourg d'Aunay n'ayant plus la protection du château fut reconstruit à quelques pas dans la plaine où nous le voyons aujourd'hui. Le bourg d'Aunay est très commerçant. C'est à l'abbaye d'Aunay que se retira l'évêque d'Avranches. le célèbre Huet ; la fondation de cette abbaye remonte à 1131. Les routes qui traversent le bourg d'Aunay ont grandement contribué à sa pros- périté. ” [5]
Sources :
[1] Extrait de Etude sur la baronnie et l'abbaye d'Aunay-sur-Odon, par M. G. Le Hardy - Éditeur (Caen) 1897 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image
[2] Extrait de Wikipédia
[3] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados, Tome 3 par M. Arcisse de Caumont (1801-1873) - Éditeurs Derache (Paris)/Dumoulin (Caen)/A. Hardel () 1846-1867 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96748058/f252.item.r=statistique%20monumentale%20du%20Calvados%20tome%203.texteImage
[4] Extrait de Zadora-Rio Élisabeth : L'enceinte fortifiée du Plessis-Grimoult (Calvados). Contribution à l'étude historique et archéologique de l'habitat seigneurial au XIe siècle. In: Archéologie médiévale, tome 3-4, 1973. pp. 111-243; doi : https://doi.org/10.3406/arcme.1973.1261https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1973_num_3_1_1261
[5] Extrait des Essais historiques sur les vieux châteaux du Moyen-Âge et sur les sires de ces castels, qui ont habité la Normandie et l'Angleterre : faits historiques sur onze communes de l'arrondissement de Domfront...” / par M. Arsène-François Lainé de Néel (Mesnil-Hubert (Orne)) ; date d'édition : 1880 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57723965/f1.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Briouze%22
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb323399891
Bonnes pages :
O Étude sur la baronnie et l'abbaye d'Aunay-sur-Odon, par M. G. Le Hardy - Éditeur (Caen) 1897 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k143446v/f13.image
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