NdB : Éloigné d'Aumale, il est difficile de restituer le tracé précis de ses remparts. Ceux-ci ont, en effet, complètement disparu. En outre, la ville a été bombardée le 20 mai et le 5 juin 1940, ce qui a causé un gigantesque incendie et a modifié la physionomie de la cité actuelle. Aussi, l'enquête continue-t-elle !
Ci-dessus, plan d'Aumale au 17e siècle, dessin de De La Pointe extrait de Aumale, son comté, son duché, groupe archéologique du Val de Bresle, Paillart, éditeur 1996, visible sur http://mairieaumale.free.fr/tourisme/ieufa.htm#histoire ; à droite, plan extrait du cadastre napoléonien.
« En 996, le premier seigneur d'Aumale, Guérinfroy, bâtit un château fort et fonde une collégiale que desservent six chanoines. Elle devient par la suite l'abbaye Saint-Martin-d'Auchy. (…) " [1]
Aumale :
" Période normande. — Historiquement parlant, Aumale ne fait son apparition dans le monde que sous la domination des Normands. Jusqu’à présent, aucun monument important n’est venu reculer, pour la ville, cette origine historique. Toutefois, nous ne devons pas dissimuler que son titre de doyenné suppose une existence et même une importance franque.
Aumale (Albamala ou Albamarla) n’apparaît dans l’histoire qu’avec son premier comte, Guérinfroid, qui, de 996 à l’an 1000, fonda le château et l’abbaye. Ces deux créations étaient foncièrement conformes aux habitudes normandes.
L’abbaye, connue sous le nom d’Auchy, a duré jusqu’à la révolution; mais le château est démoli depuis le 16e siècle. On n’en connaît que la place, aujourd’hui nommée la Motte, la Garenne et Bailly, tous noms très-significatifs. La tradition affirme qu’un souterrain conduisait jusqu’à la ferme de Bretagne, où Henri-le-Grand (Henri IV) pansa sa blessure de la journée ou plutôt de l'erreur d’Aumale. " [6]
En 1089, le château d'Aumale est assiégé et emporté par Robert Courteheuse, duc de Normandie, en lutte contre son frère Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, qui convoitait le duché.
En 1106, Guillaume le Roux s'empare à son tour de la forteresse.
En 1108, Baudouin le Sévère, comte de Flandre, en conflit avec le duc-roi Henri Ier Beauclerc attaque le château d'Aumale.
En 1172, le comte de Flandre Philippe d'Alsace qui soutient Henri le Jeune révolté contre son père Henri II Plantagenêt assiège le château.
En 1180, Jean de Ponthieu attaque le château.
En 1184, c'est Guillaume de Ponthieu qui attaque à son tour la forteresse.
En 1189, Philippe, évêque de Beauvais, prend et pille le château d'Aumale alors que Guillaume de Mandeville est comte d'Aumale.
En 1193, Richard Coeur-de-Lion s'empare du château d'Aumale.
En 1196, Philippe Auguste, dans le conflit qui l'oppose à Richard Cœur-de-Lion après deux mois de siège, s'empare du château et le rase. [NdB]
" (Le comté) est assiégé et conquis par les Anglais avant 1415, alors qu'il est défendu par André de Rambures. Il passe par mariage dans celle d'Harcourt, d'où il est transmis dès 1471 à René II de Lorraine par son mariage avec Jeanne d'Harcourt.
En juillet 1472, Aumale est pillée par les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire qui reviennent du siège de Beauvais. (…) " [1]
" Sous Louis XII, reconstruction de la ville et de son abbatiale qui va subsister pendant trois cents ans. " [2]
" Henri IV y est blessé dans un combat livré contre les Espagnols en 1592... " [1]
En 1629-1633, violents incendies qui détruisirent la ville, hormis l’hôtel de ville et l'église (constructions en dur), c’est pourquoi la majorité des habitations en bois date du 17e siècle.
De 1633 à 1634, une partie de la population est décimée par une épidémie de peste, l’autre partie trouve refuge dans les villages environnants, la ville est pratiquement déserte.
En 1642, les ruines du château d'Aumale qui était resté à l'abandon depuis le passage du duc de Bourgogne Charles le téméraire en 1472 sont données par le duc de Nemours et d'Aumale, Charles de Savoie, aux Pénitents qui s'installent à Aumale près de l'actuelle chapelle de l'ancien C.S.P.
De 1642 à la Révolution, les pénitents de Saint François s’occupèrent à domicile des malades et des mourants. Ils construisirent leur couvent avec les matériaux du château en ruine donnés par le Duc Charles de Savoie. On les appelait religieux de pic-pus ou du tiers ordre de saint François.
De 1631 à 1632, reconstruction du château dont il reste les vestiges actuels, porte d’entrée, pavillon à droite et bâtiment du fond. » [2]
Il ne fut jamais terminé.
Plan très hypothétique des remparts d'Aumale ; blason de la ville d'Aumale par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9423324
« ...les habitants d'Aumale songèrent à rétablir les fortifications de la ville. Ils obtinrent à cet effet l'autorisation du duc Charles de Lorraine, fils de Claude de Lorraine et de Louise de Brezé ; ce duc était l'un des principaux chefs de la Ligue. Cette autorisation porte date du 20 juin 1589. La commune fit faire, à partir de la porte d'Auchy, le long de la partie de la ville qui fait face au bois de la Quintaine jusqu'au faubourg du Hamel, des remparts d'environ dix pieds de largeur, défendus par des fossés larges et profonds. Ces remparts joignaient la porte du château à l'entrée du faubourg du Hamel. De cette porte les remparts se continuaient jusqu'au faubourg et à la porte des Chambres (Aujourd'hui route impériale n° 29), ainsi nommée parce que les chambres du château donnaient de ce côté. De la porte des Chambres jusqu'au bout de la rue Saint-Lazare, on avait creusé dans les prairies, derrière les masures de cette rue, un fossé dans lequel on avait introduit l'eau de la rivière qui formait ainsi un canal assez large. Au bout de cette rue Saint-Lazare une nouvelle porte donnait entrée dans la ville.
Le canal passait sous cette porte et se continuait jusqu'à une autre porte, appelée la porte de la Longue Rue, anciennement la porte du Talu ou du Talou, sous laquelle le canal traversait également et s'écoulait dans un fossé ouvert le long d'un terrain aujourd'hui nommé le Petit-Mail, couvert auparavant de masures que l'on avait détruites. Au bout de ce fossé on avait construit, en forme de barbacane (Barbacane. C'est ainsi qu'on appelle en fortification les ouvrages avancés d'une place ou d'une citadelle. Le principal usage de la barbacane est d'être le boulevard des portes ou des murailles. Ce mot était aussi d'usage pour signifier une ouverture des murailles par laquelle on tirait des coups de mousquet sur l'ennemi ), un fort sous lequel le canal rentrait dans les prairies du côté de l'abbaye. A partir de ce fort, un rempart protégé par un fossé allait rejoindre la porte d'Auchy et terminait entièrement les fortifications. Les portes avaient au moins douze pieds de largeur. Elles étaient fermées par des ponts-levis ; elles étaient aussi construites en forme de barbacane avec une chambre au-dessus; des créneaux, d'où l'on pouvait tirer des coups de mousquet ou lancer des pierres étaient pratiqués. La ville d'Aumale, on le voit, était d'un accès difficile surtout vers la Picardie ; car indépendamment de ses fortifications, elle était protégée au levant par des prairies, des marécages, dans lesquels se trouvaient plusieurs bras de rivière. Il y avait des viviers où l'eau était retenue et par le moyen desquels on pouvait inonder et rendre inabordable toute la partie basse ; de la ville et les chemins qui y conduisaient. Telle était la position d'Aumale à l'époque où le prince de Parme s'acheminait avec son armée pour forcer Henri IV. » [3]
Gravure et texte ci-dessus extraits d'Histoire de la ville d'Aumale : Seine-Inférieure, et de ses institutions depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, Volume 2 par Ernest Sémichon 1862 https://books.google.fr/books?id=GsY3vJsGPDMC&pg=PA295&dq=Aumale+histoire+remparts&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi8zOb914zOAhVMKMAKHbRqDlcQ6AEIHDAA#v=snippet&q=rempart&f=false
Rue Saint-Lazare : « Rue Saint-Ladre, elle conduisait autrefois à une maladrerie, ou Rue de L'Homel de la Mère Dieu pour un orme creux ou creusé intentionnellement d'une niche pour y loger une vierge. Une porte fermait la ville, elle se situait au niveau de la rivière (actuellement entre le Garage Renault et la Maison Berville). Un côté de la rue fut démoli par les bombardements de la dernière guerre et elle fut élargie lors de la reconstruction. »
Rue de Birmandreis : « Sans avoir tout à fait la même configuration, elle remplace la Rue des Chambres, détruite aussi en 1940, qui se prolongeait par la Rue de Normandie d'aujourd'hui. C'était autrefois la Rue des Cambes ou rue des brasseries ; à Amiens, les cambiers étaient les brasseurs de bière. Cette petite industrie de bière tenait une bonne place dans notre commerce local. Une autre porte de la ville se situait au carrefour, au départ de la Rue de Normandie. On donna le nom de Birmandreis à cette rue par reconnaissance envers une petite ville d'Alger qui, par plusieurs dons, aida notre ville sinistrée après la guerre. »
Rue Claude Damois (Rue du Vieux-Bourg) : « Loin dans le temps, c'est la Rue des Boucheries. Elle est le prolongement du rang du haut de la Place des Marchés. On la retrouve sous le nom de Rue du Vieux-Bourg au siècle dernier. A l'endroit où se termine la rue, là où s'amorce la montée sur la rue du Hamel, s'élevait une troisième porte fermant la ville qui se nommait Porte du Hamel.
Chemin des Remparts : « Au 16e siècle c'est "l'ancienne ruette" ou "la sente qui soulloyt aller de l'abbye au chasteau", on le nomme aussi en 1542 "sente des foyrières" (foris, forêt, c'est-à-dire en dehors de la ville), il fut aussi la Rue aux Moines, ce sentier hors la ville que les moines empruntaient pour se rendre de l'abbaye au château. Le Chemin des Remparts, calme et ombragé, reste de nos jours un agréable passage pour une promenade du tour de la ville. »
Rue des Tanneurs : « Autrefois Rue Longue ou Longue Rue puis Rue Brutus, elle fut durant longtemps le siège de la petite industrie de la tannerie aumaloise qui était très prospère au 18e siècle. Une autre porte fortifiée fermait la ville à l'extrémité de cette rue juste avant le pont. Cette Porte de la Longue Rue fut providentielle en sauvant le roi Henri IV de ses poursuivants en 1592, mais malheureusement elle fut démolie en 1811. Tout près du pont, une stèle rappelle le fait historique dont notre ville s'honore. » [2]
Photo ci-dessus extraite de http://mairieaumale.free.fr/tourisme/ieufa.htm
« Jeanne Leclerc : A cette époque, en 1592, on attribue à Aumale des convictions très équivoques à première vue, mais qui se révéleront en fait, par la suite, comme très honorables et lui feront payer un lourd tribut. Alors que par son duc Charles II de Lorraine, Aumale se doit d’être ligueuse, elle n’en est pas moins royaliste de par son fief important du Bois Robin dont le seigneur était protestant et voué au roi. (…) Cette situation influença sûrement le geste spontané et généreux de Jean le Cauchois, Capitaine de la Ville d’Aumale, qui ordonna expressément à une jeune aumaloise nommée Jeanne Leclerc, d’ouvrir la porte de notre ville au roi Henri IV poursuivi et blessé par ses assaillants.
Cette prise de position du sieur Le Cauchois, vicomte d’Aumale, reflète le sentiment général du peuple français de cette époque : le Français, bien que portant les armes contre Henri IV, tire vanité de la bravoure de ce roi son compatriote et en méprise davantage l’empiétement et le flegme espagnol... " [4]
" Le 2 août 1589, le roi Henri III ayant été assassiné, le protestant Henri de Navarre accède au trône. Mais les ligueurs refusent de le reconnaître. Chassé de Paris, il concentre ses troupes et son attention en Normandie au plus près de ses alliés Anglais. Cette gravure extraite du site, http://www.rouen-histoire.com/HenriIV/index.htm est d'origine allemande. « 6 février 1592 : Les troupes espagnoles du duc de Parme ( Alexandre Farnèse ) venant au secours de Rouen assiégé par Henri IV furent accrochées près d'Aumale par le Béarnais. Au cours de cette escarmouche, le Roi fut touché dans le dos par un tir de mousquet. Il ne dut son salut qu'à une habitante d'Aumale, Jeanne Leclerc ( pour certains, ce fut un homme, Jean Leclerc ) qui abaissa le pont-levis juste le temps nécessaire pour qu'il rentre dans la ville. » [5]
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de http://mairieaumale.free.fr/tourisme/ieufa.htm#histoire
[3] Extrait d'Histoire de la ville d'Aumale : Seine-Inférieure, et de ses institutions depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, Volume 2 par Ernest Sémichon 1862 https://books.google.fr/books?id=GsY3vJsGPDMC&pg=PA295&dq=Aumale+histoire+remparts&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi8zOb914zOAhVMKMAKHbRqDlcQ6AEIHDAA#v=snippet&q=rempart&f=false
[4] Extrait du livre « quatrième centenaire de la journée d’Aumale – 1592-1992 » http://mairieaumale.free.fr/tourisme/ieufa.htm#histoire
[5] Extrait de http://www.rouen-histoire.com/HenriIV/aumale.htm
[6] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P. 372 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22
Bonnes pages :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_seigneurs_puis_ducs_d%27Aumale
http://www.cosmovisions.com/monuAumale.htm