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LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)


Ci-dessus, à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

 

     " Le manoir d'Argentelles est un édifice du 15e siècle situé à Villebadin, dans le département de l'Orne en région Normandie.

 

Localisation

 

      Le manoir d'Argentelles se situe sur le territoire de la commune de Villebadin, dans le nord du département de l'Orne, dans l'extrême sud de la région naturelle du pays d'Auge. Il s'élève à environ 1 km au sud-est du bourg de Villebadin. " [1]

 

     " Caché au cœur de la Normandie, le manoir d'Argentelles n'est pas des plus vastes mais n'en est pas moins intéressant. L'environnement bucolique met en valeur ce logis flanqué d'une grande tourelle d'escalier coiffée d'une salle à pan de bois. Il a conservé toute son authenticité et on retrouve les grilles en fer, si fréquentes à la fin du Moyen Age, qui protègent les fenêtres du rez-de-chaussée. " [2]

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " Argentelles avait donné son nom à une petite commune réunie aujourd'hui à celle de Villebadin.

     C'était sous Philippe-Auguste un fief entier relevant du bailliage d'Exmes.

      En 1636, ce fief appartenait à Pierre Lefranc ; en 1780, aux Leprévost : depuis, Argentelles a passé à la famille de Flers.

     Quant à Villebadin, c'était un fief appartenant à Pierre de Villebadan, sous Philippe-Auguste ; un quart de fief à Christophe Monvoisin, en 1636 Un Hue de Lahaye de Villebadin avait suivi Robert Courteheuse à la conquête de Jérusalem, en 1096. " [3]

 

     " En 1821, Villebadin, qui compte alors 38 habitants, absorbe la commune d'Argentelles (197 habitants, à l'est de son territoire) L'église Notre-Dame d'Argentelles (sur Base Mérimée) est détruite consécutivement à la fusion de communes " [4]

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

 

 Plan de situation du manoir d'Argentelles à Villebadin ; blason de la famille du Mesnil du Buisson https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=7416523&desc=mesnil_du_normandie_sieur_de_saint_deni ; Robert du Mesnil du Buisson a patiemment restauré ce manoir dans les années soixantes.

 

Historique

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " Le manoir a été bâti en 1410, pendant la guerre de Cent Ans par Guillot d'Ouilly, officier du roi de France. Composé d'une tour ou d'une palissade circulaire plantée sur une motte entourée de fossés, il constituait, alors, un poste avancé de défense du château fort et de la ville d'Exmes. " [1]

 

     " En 1417 le seigneur d'Argentelles qui fut contraint par les Anglais d'abandonner le manoir était Guillot d'Ouilly, officier du roi de France. Un fief d'Ouilly se trouvait dans l'ancienne paroisse de Saint-Arnoult, contiguë à celle d'Argentelles, tout près d'Exmes.

     En 1418, le roi d'Angleterre fit don d'Argentelles à sire Rolland Leyntall, chevalier, seigneur de Herford, et le nomma gouverneur d'Exmes. Il fut disgracié en 1420, et remplacé par un autre Anglais, Jehan Lanrok.

     Au départ des Anglais en 1449, le manoir revint à Richard d'Escalles qui se dit héritier de Guillot d'Ouilly, alors décédé. En 1475 Richard d'Escalles, seigneur d'Argentelles, était capitaine des francs-archers du duché d'Alençon. " [5]

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " Aveu en 1455 par Richard Descalles, seigneur d'Argentelles : manoir seigneurial, maisons et édifices clos à fossés, colombier à pied droit de moulin et garenne. Familles Douilly : 14e siècle, Descalles : 1455 à 1561, Le Franc-Berout : 1571 à 1752, La Motte-Ango par vente : 1752 à 1888 " [6]

 

Ci-dessus, blason de la famille d'Escalles ? https://www.geneanet.org/gallery/?action=search&country=FRA&p=1&place=Le%20Torpt&region=NOR&rubrique=tout&sort=date_added&subregion=F27

 

     " En 1571, le manoir devient la propriété de Jean Le Franc, par mariage.

     Henri IV y fait un séjour en 1591.

     En 1635, le domaine appartient à un descendant de Jean Le Franc, Bonaventure Le Franc. Celui-ci ajoute deux lucarnes à l'édifice, atténuant ainsi son caractère défensif.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Au milieu du 18e siècle, le manoir est acquis par le comte de Flers et reste, jusqu'en 1880, à ses descendants.

     S'ensuit alors une longue période d'oubli pendant laquelle le manoir tombe en ruine. " [1]

 

Ci-dessus, blason de la famille de la Motte-Ango de Flers par Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Tretinville., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18596776

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " En 1880 ou peu après, le manoir fut acquis par un marchand de bestiaux qui ne s'intéressait qu'à l'herbe du magnifique pré qui l'avoisine. Le manoir, réduit à un usage agricole ne fut plus entretenu. A la fin du siècle, les toitures étaient en très mauvais état ; dans l'hiver de 1901 à 1902, la grande lucarne de pierre de droite s'effondrait ; celle de gauche subsista encore quelques années. " [7]

 

Ci-dessus, manoir d'Argentelles sur Base Mérimée.

 

     " En 1960 l’édifice était dans un état de délabrement grave et condamné à une mort certaine.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

 

Ci-dessus, à gauche et au centre : Crédits photo Estève, Georges (photographe) - Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN http://www.loomji.fr/villebadin-61504/monument/manoir-argentelles-22040.htm

 

Sauvetage du manoir

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Alors qu’il était encore enfant, le comte Robert du Mesnil du Buisson venait pique niquer à l’ombre des vieux murs en ruine d’Argentelles en compagnie de ses parents, cousins et amis parmi lesquels se trouvait le jeune Antoine de Saint-Exupéry. Tous déploraient la dégradation de l’édifice qui appartenait à l’époque, à un sieur Marchand qui ne se souciait guère de patrimoine artistique et vendit à des antiquaires des portes sculptées à panneaux gothique flamboyant ainsi que les épis de faîtage des tourelles et les grilles de fenêtre. [8]

 

Ci-dessus, ruines du manoir d'Argentellles, Orne - litho parue dans la revue l'Illustration 1933.

 

     Sur Robert du Mesnil du Buisson voir ici.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Le comte Robert du Mesnil, dès son jeune âge, avait pris la résolution de sauver Argentelles et de lui redonner vie, ce qu’il fit avec courage et ténacité. Dès 1912 (17 ans), élu membre de la S.H.A.O. il sollicite, sans résultat l’attention du président pour Argentelles. Après la grande guerre, élu conseiller municipal de Villebadin, il fait inscrire Argentelles à l’I.S.M.H. en 1926. Les Beaux-arts font la sourde oreille. En 1955, un architecte estime le coût des réparations à dix millions de francs. Une association pour le sauvetage de l’édifice est créée en 1957.

 

Ci-dessus, blason de la famille du Mesnil du Buisson https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=7416523&desc=mesnil_du_normandie_sieur_de_saint_deni

 

     On commence alors la restauration avec l’aide du Collège d’Enseignement Technique d’Argentan. Grâce à une généreuse donation de la propriétaire, madame Courtonne-Grandière, la société avait pu prendre possession des ruines et y opérer les premiers déblaiements et débroussaillements car l’intérieur, dépourvu de couverture était envahi par la végétation.

     Le 24 Janvier 1961, la société obtient de l’état une subvention d’un million de francs pour la restauration de la tour d’ escalier. Cette première campagne est suivie de plusieurs autres durant les étés de 1964 à 1967 grâce à des subvention du Conseil Général de l’Orne. Tout cet effort a été couronné par le prix « Monuments en péril 1967 », remis à Paris à monsieur le comte robert du Mesnil, le 16 juin 1967, à la maison de l’ORTF, au titre du ministère des affaires culturelles. " [8]

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

 

Ci-dessus, trois photos extraites de http://www.richesheures.net/epoque-6-15/chateau/61argentelles-general.htm

 

Architecture

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " A l'extérieur le château d'Argentelles n'a rien de bien remarquable. C'est une grande maison quadrangulaire avec de petites tourelles aux angles, une autre tour au milieu qui renferme l'escalier et qui s'élargit au sommet en formant un cabinet à six pans construit en bois et en encorbellement, une porte d'entrée ogivale avec quelques nervures, une rangée de machicoulis que les gens du pays appellent assommoirs, et d'étroites barbacanes ; peu de chose pour l'ornement ; rien pour la défense. Ce château a dû être construit au quinzième siècle et restauré au dix-septième. On lit sur deux des fenêtres les dates de 1632 ou 1639.

     L'intérieur est mal distribué, mal éclairé et peu logeable. La porte d'entrée est ornée de rinceaux assez bien sculptés, assez bien conservés, de la renaissance. " [3]

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " Parmi l'ensemble formé par les manoirs du pays d'Auge, le manoir d'Argentelles présente la particularité d'avoir été construit d'une seule traite. Les seuls ajouts postérieurs à l'édification sont les deux grandes lucarnes du 17e siècle (1632).

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     L'ensemble de l'édifice, construit en pierre, présente un fort caractère défensif. En effet, les quatre tours d'angle sont percées de meurtrières. Chacune des entrées est défendue par des bretèches à mâchicoulis. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont protégées par grilles en fer forgé. Enfin, la tour polygonale, qui abrite un escalier desservant les différents étages, est surmontée d'une chambre de guet. Celle-ci présente la particularité d'être disposée en encorbellement et d'être construite en pan de bois.

     Dans le parc entourant le manoir, un colombier cylindrique du 17e siècle ayant conservé tous ses boulins s'élève sur ce qui était certainement l'ancienne motte castrale. " [1]

 

Ci-dessus, plan extrait du cadastre de 1829, Archives de l'orne, http://archives.orne.fr/

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne) LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)

 

Ci-dessus : à gauche, photo montrant l'arrière du manoir extraite de http://www.lesamisdelaigle.com/wp-content/uploads/2017/08/sortie-du-25-06-2017-031.jpg; à droite extraite http://www.lesamisdelaigle.com/wp-content/uploads/2017/08/sortie-du-25-06-2017-031.jpg

 

" Le manoir

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Né à la veille de la guerre de cent ans, vers 1410, le manoir offre une architecture peu habituelle en Pays d’Auge où règne les pans de bois et le torchis. Une gravure ancienne, œuvre de la Sicotière, nous présente Argentelles dans son état d’ origine avant son délabrement et sa restauration quasi à l’identique. Ce petit château, véritable joyau d’architecture du début du 15e siècle, s’apparente par son style au bâti des manoirs du Pays d’Argentan de la même époque et semble avoir été édifié par un architecte de talent commandité par un riche seigneur. Le logis, établi sur un plan rectangulaire et cantonné de tourelles est construit en moellons de calcaire recouvert d’un enduit ocre, les pierres taillées étant réservées pour la tour d’escalier à pans, couronnée d’un hourd de tuileaux et pans de bois. La porte d’entrée ornée d’une accolade est surmontée d’un tympan en tiers-point où figure un blason muet. Au-dessus, un machicoulis en assurait la défense. Les fenêtres à meneau et traverse sont munies de grilles au rez-de-chaussée. A l’aplomb des baies de l’étage se trouvaient deux lucarnes, de facture plus tardives datées de 1632. Ce gracieux logis possède cependant un système défensif complet qui témoigne de la nécessité de se protéger, à cette époque, d’éventuelles agressions.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     A l’intérieur, au rez-de-chaussée, se trouve à droite de l’entrée la salle des gardes munie d’une cheminée monumentale de pierre calcaire, la cuisine à gauche possède encore son évier du 15ème . Les poutres et les solives ont été reconstituées en chêne de la forêt du Pin au Haras. Celles de la cave proviennent d’ormes du domaine de Champobert. A l’étage se trouve une grande salle de 18 x 8 mètres autrefois divisée en plusieurs chambres.

     A l’ouest, la chambre dite de Henri IV possède une cheminée du 15ème. Celle de l’est est la chambre dite du « lit de justice ». Ce meuble rare, sorte d’alcôve à baldaquin destinée à un grand lit se trouvait au manoir jusqu’en 1844, où il fût emmené au château des Lettiers près de Gacé, puis à Paris en 1882 dans la collection Achille Fould qui fût vendue vers 1930 et achetée presque toute entière par le musée d’art de Philadelphie. Le meuble y est présenté de telle façon qu‘elle accrédite la légende qui lui confère le rôle de « lit de justice ». On en a fait le baldaquin d’un trône.

     La frise sculptée du baldaquin comprend des figures et des motifs de style flamboyant formant une véritable dentelle de bois. La chambre haute de la tour d’escalier comprend une grande cheminée avec sa taque et ses chenêts gothiques, une porte à quatre panneaux sculptés, gothique flamboyant et une charpente rayonnante, c’est la pièce la plus attrayante du manoir.

 

Le colombier

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Tour de défense avancée de la place forte d’Exmes, reconvertie en colombier au 15ème siècle, la construction se situe sur l’ancienne motte féodale qui était à l’origine entourée de douves et ceinturée d’une palissade. Déjà mentionné comme colombier dans le partage des biens de Maurice d’Escalles en 1561 entre ses filles, il semblerait qu’il fût l’œuvre des escales qui avaient hérité du domaine en 1449. Le pigeonnier mesure 7 mètres de diamètre à l’extérieur et 5 mètres à l’intérieur. On y pénètre par une porte étroite après être passé sur un petit pont de bois qui enjambe la douve. Il contient 628 boulins.

     En 1960 à l’état de ruine, couvert de lierre, il offrait des vestiges de charpente révélant la forme générale et une pente de toit de 45 % qui a été respectée lors de restauration effectuée en 1981 et 1982. Le mur a été recrêté et le sol cimenté, en attendant le carrelage. La charpente entièrement refaite en bois ancien a été recouverte de tuiles également anciennes. " [8]

 

Ci-dessus, à gauche le colombier sur la motte ; au fond le manoir d'Argentelles. Photo extraite de https://www.patrimoine-normand.com/images/m/man/manoir-d-Argententelles.jpg

 

Le lit de justice

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " Mais le château renferme une boiserie d'un fini et d'une beauté rares. Nous en donnons plusieurs dessins qui permettent d'en juger : la décrire en détail serait impossible.

     Elle offrait, comme on le voit, une sorte de dais surmonté de clochetons, et disposé sans doute dans l'angle d'un appartement de manière à n'offrir que deux côtés saillants et suspendus, au-dessous desquels n'existait, apparemment du moins, ni clôture ni balustrade. Les deux autres côtés étaient garnis de panneaux appliqués au mur et descendant jusqu‘à terre. Le panneau du fond, placé en face du spectateur, était décoré avec une extrême richesse. Il se composait de quatre petits panneaux en largeur et de deux en hauteur, huit en tout, séparés sur le premier côté par des montants admirables, et sur le second par une traverse ornée seulement de moulures très simples. Les ornements sculptés sur le fond des panneaux appartiennent à ce style ogival quartaire, que les savants ont appelé gothique flamboyant à cause de l'analogie de ses contours et de ses ondulations avec des flammes, et qui servait indistinctement à la décoration des fenêtres des églises et à celle des meubles domestiques. Ils sont taillés dans le vif du bois au lieu d'offrir des découpures superposées. Sur les montants, on voit, au milieu de feuillages de vigne du plus vigoureux effet, tantôt engagés jusqu'à mi-corps dans le calice d'une fleur fantastique, tantôt en pied, une foule de personnages : la sainte Vierge et l'enfant Jésus, des rois avec la couronne, des chevaliers avec le casque, semblant élever vers Marie, placée au-dessus d'eux, leurs mains et leurs regards. Deux femmes, au bas du tableau, seules paraissent étrangères à la scène ; l'une cueille une grappe de raisin, l'autre de sa main gracieuse semble envoyer un baiser ; toutes deux élégantes et souples de taille, coiffées simplement de boucles de cheveux et d‘un petit bonnet, la robe entr'ouverte et retombant sur les épaules en large pélerine.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Quand au dais ou baldaquin, si riche et si élégant, on ne s'est pas contenté d’en fouiller le bois, de le pétrir, de le découper comme une véritable guipure ; mais sous cette première dentelle on en a glissé une seconde, et tout cela s'agence, se mêle, se double, se divise, se tourne et se retourne à ravir. Les clochetons qui couronnent les montants sont de l’exécution la plus nette et la plus franche ; les choux qui décorent le milieu des panneaux sont, pour ainsi dire, gras et plantureux ; les petites figures en pendentifs sont délicieuses de tout point. Ici c'est un roi, couronne en tête, qui porte des coups furieux avec sa grande épée ; là, une vieille femme avec un bonnet de fou et une quenouille ; ailleurs, un artiste jouant de la trompette avec son derrière, ou bien un jongleur le corps doublé en deux et les pieds touchant à la tète. Tout cela est d'une franchise d'exécution admirable : rien de tâtonné, rien de tremblé ; le coup de gouge descend du haut en bas dela figure comme fait l'ébauchoir dans la terre glaise, accusant et rendant au passage barbe, cheveux, sourcils, hermines, ceintures, aiguillettes, bouffants, crevés, et tous les détails les plus délicats de la figure en du costume. Malheureusement, on a eu la déplorable idée, en posant le baldaquin par terre, de l'appuyer sur ces fragiles fantaisies, et toutes les extrémités sont brisées. Un ange, tenant un écusson sur lequel sont figurés les instruments de la passion, occupait le milieu du dais et de cette cour bouffonne. Il faut encore citer une nichée de souris d'un travail délicieux. Elles sont sept ou huit qui trottent, s'accroupissent, grignotent, se cachent sous des brins de paille, d'herbe et de bois qui se croisent et se tortillent en s'enroulant avec une liberté incroyable.

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     Au-dessous du baldaquin est un plafond formé de tringles de chêne très simples, dessinant des triangles, des carrés et des étoiles. Les intervalles étaient remplis de cuir gauffré et doré dont on voit encore quelques restes.

     On montait au dais par une estrade de deux marches.

     Tel était l'ensemble de ce curieux monument.

 

Ci-dessus, étude d'Edmond Foulc, rue de Magdebourg Paris, Lit de Justice d’Argentelles à droite https://www.normandythenandnow.com/the-trouble-with-historians-at-the-manoir-dargentelles/

 

     Son origine, on ne la connaît pas ; il est seulement probable qu'il n'a jamais été monté dans l'appartement où il se trouve aujourd'hui : sa destination, on l'ignore. On l'appelle le Lit de Justice d'Argentelles. Pour qui donc, pour quelles circonstances eut été réservé le siège d'honneur placé sous ce dais ? Argentelles n'était le siège d'aucune juridiction. On peut même remarquer une grande analogie entre la forme de ce dais et celle des anciens lits de parade dont les couronnements étaient fort riches et fort curieusement travaillés. Peut-être n'y faut-il donc voir qu'un meuble domestique ordinaire. " [3]

 

 

La fée et les revenants d’Argentelles

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)    Le manoir ne possède pas moins de trois fantômes : une fée et deux revenant qui ont chacun leur territoire à l’intérieur du manoir si bien qu’il ne se rencontrent pas.

     La fée apparaît dans la chambre du haut de la tour. C’est une bonne et jolie fée, apparaissant dans un nuage vêtue de mousseline verte argentée. Elle aurait selon la légende, exaucé le vœu d’un jeune garçon qui souhaitait avoir un cheval, une charrette et une maison. La fée, d’un coup de baguette, fît apparaître un beau cheval sur lequel le garçon s’enfuit effrayé par un coup de tonnerre accompagnant la disparition de la fée au premier coup de minuit. L’histoire ne dit pas s’il obtint les jours suivants la voiture et la maison.

     Le revenant de la cave serait, selon la tradition populaire, l’ancien seigneur d’Argentelles qui, obligé de fuir rapidement lors de l’occupation anglaise, dû enfouir son trésor, qui était très lourd, espérant le récupérer un jour. Or il mourut au loin sans avoir pu livrer son secret à ses héritiers. Il revient donc, la nuit, dans la cave d’Argentelles pour compter et recompter ses pièces d’or dont on perçoit le tintement.

     La chambre du « lit de justice » est fréquentée par un vieux juge qui vient ainsi pour expier les fautes qu’il a commises en rendant des jugements injustes, soit faute d’examiner les affaires, soit par malice et cupidité. Il se venge en battant les occupant de la chambre qui auraient omis de prendre avec eux des objets bénis pour éloigner les spectres. " [8]

 

Ci-dessus, photo extraite de http://www.richesheures.net/epoque-6-15/chateau/61argentelles-general.htm

 

Protection

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)     " L'ensemble de l'édifice est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 2 novembre 1926, les façades et les toitures classées depuis le 20 octobre 1966. " [1]

  

 

A proximité :

 

LES REMPARTS D'ARGENTELLES (Orne)" Le château de Villebadin 17-18e s.

     Manoir construit à la fin du règne d'Henri IV, agrémenté d'un groupe important de communs dans la seconde moitié du 18e siècle. De plan en équerre, le bâtiment se compose de deux étages. (...) La gentilhommière est entourée de larges douves, et la plateforme est reliée à l'extérieur par un pont construit sur des arches. (...) Le colombier a conservé tous ses boulins et son échelle tournante. Inscrit MH partiellement " [9]

 

Sources :

 

[1] Extrait de Wikipédia

[2] Extrait de http://www.richesheures.net/epoque-6-15/chateau/61argentelles-general.htm

[3] Extrait de Le département de l'Orne archéologique et pittoresque par Léon de La Sicotière -  Beuzelin, 1845 - 304 pages https://books.google.fr/books?id=AX60J1ME6d4C&dq=manoir+d%27Argentelles+orne&hl=fr&output=text&source=gbs_navlinks_s

[4] Extrait de http://tourisme.aidewindows.net/orne/villebadin.htm#argentelles

[5] Extrait de Récits de sorts, de mort et d'après-mort par Michel-Vital Le Bosse - FeniXX - 164 pages  https://books.google.fr/books?id=Q7FYDwAAQBAJ&dq=Guillot+d%27Ouilly&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

[6] Extrait de https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00001715

[7] Extrait de Le manoir d'Argentelles : Sauvetage d'une œuvre d'art en péril par Robert du Mesnil du Buisson https://books.google.fr/books?id=fH7VDwAAQBAJ&pg=PP7&dq=Robert+du+Mesnil+du+Buisson+Le+manoir+dl%27Argentelles+:+Sauvetage+d%27une+%C5%93uvre+d%27art+en+p%C3%A9ril&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwja2vC0tdvpAhVN1xoKHZ7RDewQ6AEILDAA#v=onepage&q=Robert%20du%20Mesnil%20du%20Buisson%20Le%20manoir%20dl'Argentelles%20%3A%20Sauvetage%20d'une%20%C5%93uvre%20d'art%20en%20p%C3%A9ril&f=false

[8] Extrait de http://www.lesamisdelaigle.com/?p=1375

[9] Extrait de https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00110966

 

Bonnes pages :

 

O https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00110967

O http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/manoirs-orne-manoir-a-villebadin-manoir-d-argentelles.html

O https://www.normandythenandnow.com/the-trouble-with-historians-at-the-manoir-dargentelles/

O https://books.google.fr/books?id=AX60J1ME6d4C&pg=RA1-PA151&lpg=RA1-PA151&dq=manoir+d%27Argentelles+orne&source=bl&ots=WTD9CJNiWD&sig=ACfU3U2scDr08UzAgQ48j_dNuWva6LsO2w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj90dimy9npAhUM8hQKHf6oBfE4WhDoATAEegQIChAB#v=onepage&q=manoir%20d'Argentelles%20orne&f=false

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