Bien que détruit en 1944, le bourg d'Argences a repris le réseau passé de ses rues. Une vue aérienne de la ville révèle un périmètre circulaire qui témoigne d'un réduit défensif (palissades et/ou fossés ?) qui pourrait correspondre au " fort d'Argences " inspecté en 1371. [NdB]
Ci-après : « Quelques pages d'histoire " issues de https://www.argences.com/le-moyen-age ; travaux de M Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences
" Le bourg d’Argences s’est développé face au gué sur la Muance, actuel pont de la route de Troarn, au contact de trois terroirs offrant de nombreuses ressources naturelles.
Au nord, le marais des Terriers, émissaire du bassin de la Dives, offrait des ressources importantes par les pêcheries, les roseaux pour les toitures, la chanvrine pour les cordages, les pâtures de bord de rivière, la tourbe, mais la plus grande partie était exploitée pour l’abbaye de Troarn. La proximité du domaine maritime apportait le sel de la côte et l’huile (Dives fut un port baleinier et un lieu de saunage), par contre cet estuaire ouvrait une voie d’invasions depuis celle des saxons au second siècle jusqu’à celle des scandinaves au 9e siècle. En hiver cette zone était entièrement inondée. " Travaux de M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
Le document présenté ci-dessus :
« Ce plan de 1748 nous permet de situer les origines géographiques et historiques d’Argences.La forme ovoïde qui est dessinée par les rues au nord du bourg correspond à un périmètre de défense, face au gué, sur l’axe qui allait du Ham au gué Béranger ou de Troarn à Magny la Campagne. La porte principale devait se trouver au sud-est face au moulin qui prit son nom. Actuelle entrée du Boulevard Deléan, elle était normalement décalée par rapport au chemin afin de reconnaître en temps les visiteurs. » Travaux de M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
A l’est, les collines argileuses de l’avant côte d’Auge fournissaient la « glaise » jaune qui servait à la fabrication des « torchis » et « la bleue », base de fabrication de poteries, de tuiles puis de briques. Dès le 15e siècle et certainement avant, les moulins étaient couverts en tuiles. La première tuilerie du Fresne eut une production importante dès le 18e siècle. Il y en avait d’autres le long de la côte.
La forêt, une chênaie-hêtraie atlantique sur sols imperméables, devait occuper tout le plateau et présentait des peuplements variés. En strate arborescente : chêne sessile et pédonculé, hêtre, sapin pectiné, bouleau, frêne, érable, peuplier tremble…, en strate arbustive houx, bourdaine saule, merisier, noisetier, fusain, troènes, chèvrefeuille, ronce…Elle fournissait en abondance des bois d’œuvre et de feu Elle fut en partie sauvée par « le quart de réserve de Colbert », actuel bois d’Argences, environ 40 ha, mais le reste évolua en bruyères par les coupes excessives, le pacage des animaux domestiques, ovins, caprins et porcins très ravageurs ; elle constituait une partie des « communaux », où chacun avait le droit de faire paître ses bêtes contre redevance... Très dégradée lors de la Révolution par les pillages de bois, la forêt fut vendue comme bien national, elle fut parcellée par les « chemins des bruyères » et mise en herbe pour le développement de l’élevage en plein essor au 19e. Très tôt, les coteaux furent plantés de vignes par les gallo-romains qui introduisirent cette culture d’origine méditerranéenne dans notre région. " Travaux de M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
A l’ouest, le riche plateau limoneux de la plaine de Caen, peuplé dès le Néolithique, produisait des céréales accompagnées d’élevage notamment après la révolution agraire des 10e 11e siècles (collier d’attelage et disposition en file, ferrage des chevaux, soc ferré de charrue, assolement triennal, blé, orge ou légumineuse puis jachère pâturée). Les productions augmentèrent entraînant l’accroissement des populations, les excédents approvisionnèrent les marchés. Les moulins se multiplièrent le long de la rivière. - Le sous-sol fournissait les matériaux de constructions, chaux, (four à Moult) sable, (carrière sur la rive gauche de la rivière), plaquettes et pierre de taille calcaire (carrière de Conteville).
Le gué a fixé de très anciennes voies de communication notamment celle qui rejoignait Lisieux (Noviomagus) à Vieux (Aregenua) par Beuvron, certainement antérieure à la voie romaine empruntée par la N 13 et une autre venant de la mer, par Troarn, pour rejoindre St Pierre sur Dives. Le premier pont fut construit en 1806. " Travaux de M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
Plan de situation du périmètre de défense d'Argences ; blason actuel de la commune d'Argences par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10625343
Le périmètre de défense
Face à l’ancien gué, le plan du bourg révèle un périmètre de défense dont nous ne connaissons pas l’origine. Vaste (4 ha), il servit à abriter une population nombreuse et ses troupeaux contre les invasions. Il fut probablement un grand domaine à l’époque mérovingienne qui appartint à un certain Aetius. Le quart N.E. appelé « la cour » était encore une propriété noble avant la Révolution. La porte était décalée par rapport au gué et correspondait à l’entrée du boulevard Deléan, elle donna son nom au moulin qui lui faisait face. La résidence seigneuriale se situait au niveau du Crédit Mutuel. » M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
Photo ci-dessus extraite du site Géoportail.
« Argences était une baronnie qui, en 996, appartenait à Richard Ier, duc de Normandie : celui-ci la donna à l’abbaye de Fécamp en 1027 ; son fils Richard II confirma la donation : Argentias cum ecclesiis, terris cultis et incultis, pratis, vineis, silvis , molendinis , aquis aquarumve decursibus, mercatum foreuse, etc. , etc.
Les moines de Fécamp avaient haute justice au bourg d'Argences, dont relevaient Sainte-Paix, de Caen ; Mondeville et le Mesnil-Frementel. Cette juridiction est souvent qualifiée de vicomté, mais plus ordinairement de sénéchaussée. » [2]
« Là, Guillaume d’Argences reçut le jeune duc Guillaume de Normandie en 1047, la veille de la bataille du Val ès dunes. » M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
« Nous trouvons une famille d'Argences qui figure dans divers actes au 13e. et au 14e. siècles ; elle tirait son nom d'Argences. » [2]
Voir au sujet de cette famille d'Argences :
O Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Volume 12, voir ici.
On signale également la présence de cette famille au manoir du Parc et au château d'Olonde dans la Manche.
Ci-dessus, blason de la famille d'Argences par FoeNyx [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) or CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], from Wikimedia Commons
« Jacques de Pipe occupait le bourg d'Argences au moment où les commissaires du roi Jean se rendirent en Normandie pour exécuter le traité de Bretigny. M. Delisle raconte avec des détails pleins d'intérêt comment il continua à piller le pays jusqu'à ce qu'on lui remît la somme de quinze mille royaux. Le roi Jean se plaignit vraisemblablement à Édouard III, mais celui-ci prenant en considération les longs services de Jacques de Pipe, lui accorda, le 29 mai 1362, des lettres de rémission. » [3]
« Ce périmètre resta longtemps actif. Un texte de 1371 parle du « fort d’Argences »... » M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
« Il y avait à Argences un fort dont nous ne déterminerons pas l'emplacement avant de nouvelles recherches, et dont il ne reste pas de traces à présent. En 1371, ce fort fut visité par les commissaires chargés par le roi de visiter les forteresses du bailliage de Caen et de les faire réparer. C'est ce qui résulte du passage suivant du procès-verbal de cette visite :
« Jeudi 26e. jour de Fevrier. — Item les diz commis visitèrent le fort d'Argences, et firent les commandemens à Guillaume d'Olendon, cappitaine, et aux bourgoiz de la ville, et jour assigné jusques au jour de Pasques fleuriez (1).
(1) Relation de la visite des forteresses du bailliage de Caen, faite en vertu d'un ordre du roi, en 1371, par Regnier Le Coustellier, bailli de Caen, accompagné de Jehan Dubois et Rogier Lemasnier, chevaliers ; tirée des manuscrits de Gaignières (tome 2, no. 671), à la Bibliothèque royale de Paris. " [2]
« ... Charles VII y campa en 1450, avant la reconquête de Caen. (...)
Une autre résidence seigneuriale dédiée à Saint Gilles à été construite au Mesnil suite à une colonisation sur la forêt peut-être à la fin du 11e lors de la grande expansion agraire et de la fondation du bourg. Argences, pour le malheur de ses habitants, demeura longtemps une étape militaire. » M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences [1]
A proximité :
" Le moulin de la Porte est le plus ancien et le mieux conservé des moulins actionnés par la Muance, affluent de la Dives, depuis prés d'un millénaire. Situé rue du Moulin, il est la propriété de la ville d’Agences depuis 1999. L'association des Amis du Moulin de la Porte d’Argences (AAMPA) s'occupe de sa gestion, de sa restauration et y propose régulièrement des manifestations.
Le moulin de la Porte fut créé par l'abbaye de Fécamp, au 11ème siècle pour moudre le blé en relation avec un four à main, les halles et le marché hebdomadaire du jeudi autorisé en 1025 par le duc Richard II. Moulin banal, il fut racheté après la Révolution et considérablement développé, trois roues l'équipèrent. Aujourd'hui, la roue en chêne vert tourne dans le vide pour le plaisir des promeneurs. " [4]
Sources :
[1] Extrait de https://www.argences.com/le-moyen-age ; travaux de M. Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences
[2] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados. Tome 2 par M. Arcisse de Caumont (1801-1873). Éditeur : Derache (Paris)/Dumoulin (Caen)/A. Hardel - Date d'édition : 1846-1867 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96626634/f108.item.r=%22fort%20d'Argences%22.texteImage
[3] Extrait des Œuvres de Froissart (1337?-1410?) Chroniques, Tome 22 / publiées avec les variantes des divers manuscrits par M. le baron Kervyn de Lettenhove. Éditeur : (Osnabrück) 1867-1877 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389438/f365.item.r=%22bourg%20d'Argences%22.texteImage
[4] Extrait de https://www.argences.com/decouvrir-argences/patrimoine https://www.argences.com/le-moyen-age ; travaux de M Christian Lechevalier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences
Bonnes pages :
O Les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Volume 12 https://books.google.com.ua/books?id=SvdbAAAAcAAJ&pg=PA66&lpg=PA66&dq=Argences+et+Ses+Environs&source=bl&ots=Z9zl2gXZBX&sig=ACfU3U2Zq2QVu4fs8qivWqjHjbssVWgE3A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiik5OovoTkAhWisaQKHStnDaU4ChDoATAHegQICBAB#v=onepage&q=Argences%20et%20Ses%20Environs&f=false
Ci-dessous un document PDF extrait de http://www.ntp.asso.fr/site2/wp-content/uploads/2018/05/LHistoire-dArgences.pdf ou https://docplayer.fr/125717084-Argences-quelques-pages-d-histoire.html ou https://www.argences.com/le-moyen-age ; travaux de M Christian Lechevallier, professeur d'histoire-géopraphie à Argences.