Photos ci-dessus : à gauche une photo aérienne des Blanques extraite du site Géoportail ; au centre, une carte postale montrant la chapelle Sainte-Anne des Blanques ; à droite, une photo des Croix des Blanques extraite du site Google Earth.
Sur le territoire de la commune d'Alvimare (Seine-Maritime), on trouve la motte castrale des Blanques, Blangues, Blengues ou Bellengues près de laquelle a été construite la chapelle Sainte-Anne, but autrefois d'un pèlerinage. Un peu plus loin, se dressent les croix des Blanques, objets d'une légende romanesque. [NdB]
Abbé cochet, 1864 :
" Epoque romaine. — M. de Glanville assure que la voie romaine de Lillebonne à Grainville traversait une partie du territoire d’Alvimare, et que son passage était ici marqué par une motte qui a disparu. " [6]
Abbé Cochet, 1871 :
« Des fossés profonds et remplis d'eau, des mottes et des tertres couverts de halliers, attestent l'ancienne importance de cette vieille seigneurie. Les broussailles recouvrent les murs arasés d'un donjon. » [5]
« Dès le 11e siècle, il semble qu'une fortification marque en ces lieux la puissance de la famille Bellenghel. La chapelle tient son nom de cette famille. Il ne reste de cette époque qu'une motte féodale entourée d'une mare, et peut-être des vestiges de douves. » [1]
« Alvimare, cant. Fauville-en-Caux. — Lieu-dit : « Blanques ». — Parcelle cadastrale : 194-289. — Fief : Giffard, 38
Il subsiste, dans la ferme de Blanques, au centre de la cour, un petit îlot trapézoïdal entouré d'eau, qui fut le siège d'une maison-forte, détruite avant le début du 19e siècle, et dont Guilmeth dit qu'elle comportait des parties du 16e siècle (Description..., t. II, p. 219). De la même époque date la chapelle en colombage que l'on voit au bord de la douve et qui fut fondée en 1518 (Cochet, E.A. Y., t. I, p. 277). On a souvent confondu le site de cette maison-forte avec une fortification de terre de type ancien que l'abbé Cochet situe dans un taillis voisin de la ferme (Cf. note précédente). Le bois en question correspond sans doute à celui qui apparaît sur le cadastre ancien sous la forme d'un bosquet contigu au côté oriental de la cour, défriché depuis, et dont il ne reste que quelques lambeaux. Il s'agit selon l'abbé Cochet de « mottes » et de « fossés ». A. Beaucousin, qui écrit en 1890, quelque temps après l'arasement de l'ouvrage, le décrit comme « une motte entourée de fossés », qu'il dit très semblable à celles « au bois de la Salle à Touffreville, du bois des Mottes à Étoutteville, de la Corne à Rançon » (Bull. Comm. Ant., t. VIII, p. 236). L'information est digne d'attention car elle s'appuie probablement sur une observation du terrain (L'yvetotais Beaucousin est l'auteur de plusieurs monographies sur les alentours de cette ville (Yvetot, Valliquerville, Allouville-Bellefosse, etc.).). On observera que les trois exemples invoqués ont pour trait commun l'existence de cours multiples. » [3]
Plan de situation de la motte des Blanques à Alvimare ; blason de la famille d'Alvimare extrait de https://www.armorialgeneral.fr/armorial/a/al/alvimare/
« Alvimare était construite sur une voie romaine et défendu par une motte féodale. Son église, d'abord chapelle dépendant de Cléville, est donnée par Guillaume Bonne-Âme, archevêque de Rouen, avec le manoir de Cléville, à l'abbaye Saint-Étienne de Caen. Paroisse au 13e siècle, avec une église construite à l'époque, sur un tertre. Ce sont les seigneurs des Blangues (Blanques) qui sont seigneurs d'Alvimare. En 1329, Philippe VI roi de France, confirme le droit de patronage de l'abbé de Caen. L'épidémie de peste noire de 1348 se fait sentir à Alvimare. En 1586, ce sont les Poullain, qui sont seigneurs de Caumare, des Blangues et d'Alvimare. Le dernier seigneur fut Adrien Rouen de Bermonville, baron d'Alvimare, émigré lors de la Révolution.» [2]
Alvimare, sur le plateau à l'est de la forêt de Lillebonne, possédait encore au 19e siècle, dans la ferme de Blanques, les vestiges d'une fortification de terre, sans doute une motte circulaire, avec plusieurs basses-cours. La ferme est très isolée ; elle se trouve au bout du village, vers l'est, au milieu des champs. Aussi, de nombreux indices attestent-ils son origine récente. Il suffirait d'invoquer simplement le fait que le village est lui-même une création secondaire puisqu'il fut démembré d'une localité voisine, distante de deux kilomètres, Cléville. On le sait par un acte dans lequel l'archevêque de Rouen, Guillaume-Bonne-Ame (1079-1110), en donnant la terre et l'église de Cléville à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen, lui concéda en même temps la chapelle de Notre-Dame d'Alvimare, future église paroissiale, qui relevait de l'église de Cléville. Il résulte de cet acte qu'Alvimare se trouvait encore au stade d'une formation embryonnaire dans le dernier tiers du 11e siècle. (...)
Ci-dessus, une photo aérienne des Blanques extraite du site Google Earth.
Le domaine de Blanques était compris dans le petit village neuf ; il naquit donc, lui aussi, de la mise en valeur des marges du terroir de Cléville. La présence d'une chapelle au bord de la rue prouve que le secteur est déjà peuplé de colons entre 1079 et 1110 ; aussi n'est-ce peut-être pas un hasard si la même époque voit apparaître dans les textes les seigneurs de Blanques. Ils portaient le nom de Bellengel, ou Bennengel, et la terre de Blanques, qui était un plain fief, tenu des Giffard, était apparemment le centre de leur patrimoine. C'est d'ailleurs sur leur patronyme que fut formée la dénomination du fief, Blanques, ce qui suggère que l'emplacement était inoccupé avant leur arrivée. La première mention concerne Raoul Bellengel qui figure comme témoin dans la charte par laquelle Gautier Gifïard fait don de l'église de Bolbec à l'abbaye de Bernay, en 1080. Le fief était-il déjà constitué à cette date ? Cela ne paraît pas impossible ; Alvimare n'est guère éloignée de Bolbec, et la plupart des témoins de la charte de 1080 étaient originaires de ses environs, tel Roger Porchet, qui paraît avoir eu son fief à Trouville, tout près d'Alvimare. Mais surtout, entre 1079 et 1101, un frère de Raoul, Guillaume, conclut avec l'abbé de Saint-Étienne de Caen, Gilbert, un accord terminant un conflit qui l'opposait depuis longtemps au monastère, et qui avait pour objet une terre située en direction de Cléville, entre sa maison (domus ) et un chemin conduisant à Arques. (...)
L'accord est intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord, il mentionne l'habitation des Bellengel, et on sait combien ce type d'information est rare dans les sources diplomatiques.(...)
Il reste que le terme de domus employé par le rédacteur de la notice peut être diversement interprété ; il peut s'entendre d'une maison ordinaire, construite de plain-pied, aussi bien que d'un petit édifice érigé sur une motte. A supposer qu'elle fût déjà fortifiée à cette date, la résidence des Bellengel n'était sans doute pas jugée assez imposante pour être qualifiée de castrum ou castellum.
En second lieu, le conflit avec l'abbaye de Saint-Étienne est révélateur de l'ascension progressive du lignage des Bellengel. Le texte dit que la terre litigieuse était située entre leur maison, donc le lieu-dit Blanques, et le chemin d'Arques. Ce dernier est encore aisément identifiable, dans la plaine située entre Cléville et Blanques, à un kilomètre au nord-ouest de la ferme. Orienté vers l'est, il va en direction d'Écretteville et des Baons-le-Comte, où il rejoint le grand chemin d'Arques que suivit Guillaume le Bâtard lorsqu'il alla assiéger dans son château le comte de Talou. (...) » [3]
Ci-dessus, un extrait de la carte d'Etat-Major (1820-1866) extraite du site Géoportail.
« Le manoir de Blengues à Alvimare
Il y avait autrefois sur la paroisse d'Alvimare, un plein fief de haubert relevant directement du roi, et s'étendant sur les paroisses d'Aliquerville, de Cléville et de Foucart. C'était le fief de Bellengues, plus communément appelé aujourd'hui de Blengues ou de Blanques.
Du manoir féodal il reste, dans un îlot marécageux, quelques murs arasés et couverts de halliers, parmi lesquels apparaît l'ouverture effondrée d'un souterrain à peu près comblé. Ces ruines semblent être celles d'un castel de l'époque de la Renaissance.
Dans les premières années du 15e siècle, Jehanne, dame de Bellengues, s'attira les hommages d'un noble espagnol, don Pedro Nino, comte de Buelna, qui voyageait alors en France. Était-elle, comme on le dit, « la plus belle dame qui fût alors en France ? » Qu'importe ? Ne sait-on pas que pour faire une passion il suffit de la première venue, pourvu qu'il y ait un obstacle à la satisfaction de cette passion ? L'obstacle, ici, était le vieux mari de Jehanne, l'amiral Renaud de Trie, qui, épuisé par les fatigues de la guerre, mourut bientôt, laissant les deux amants libres de se donner l'un à l'autre. Mais alors Pedro et Jehanne n'eurent rien de plus pressé que de se tourner le dos. L'espagnol retourna dans son pays et Jehanne épousa Jehan Malet de Graville, fils de Guy Mallet, sire de Marcoussis et de Montcontour.
Elle l'aimait donc plus que Pedro Nino ? Apparemment ; moins pourtant que sa terre de Bellengues. Lorsque les Anglais envahirent la Normandie, en 1419, Jehan Malet, en vrai patriote, laissa confisquer ses biens plutôt que de se soumettre au monarque anglais, tandis que Jehanne, pour conserver son fief de Bellengues, laissa son mari partir seul pour l'exil et se rallia au monarque anglais. Elle mourut en 1420, et Jehan Malet se consola sans doute facilement de sa perte en épousant Jacqueline de Montagu, veuve de Jehan de Craon, sire de Montbazon et de Sainte-Maure. » [4]
Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1809, Archives de la Seine-Maritime, http://www.archivesdepartementales76.net/
« La famille d’Alvimare a longtemps occupé un rang élevé dans la noblesse de ce lieu, elle s’est divisée en plusieurs branches.
En 1457, Pierre marquis de Crespin de Mauny rend aveu de domaine et devient le seigneur de Bellengues.
En 1503, Jean Cramprond de Loré, seigneur de Gisors et époux de Marie de Mauny, rend aveu en son nom pour Bellengues et Caumare.
En 1537, Marie de Mauny décède sans descendance, le domaine passe alors à la famille Poullain de la Choletière, originaire du Perche.
François Poullain meurt en novembre 1586, son épouse Charlotte de Brévilliers en août 1580.
David Poullain, écuyer, seigneur des Blanques et Caumare, époux de Marthe de la Gouge, meurt au siège de Rouen en mars 1592).
En 1641, la fille de ces derniers, Hélène Poullain (épouse d’un gendarme du Connétable, Jean de la Vallée, mort au siège de Montauban en mars 1621) hérite de la terre des Blanques. » [1]
Ci-dessus, blason de la famille de Crespin par User : Ssire Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Ssire., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5012623
A proximité :
La chapelle des Blanques :
« Chapelle de Bellengues ou des Blanques, humble construction du 16e siècle, qui fut fondée en 1518. Dédiée d`abord à sainte Barbe, elle le fut ensuite à sainte Anne. En 1713, l'archevêque d'Aubigné visita la chapelle de Sainte-Anne de Bellengues. Longue épitaphe gravée sur pierre, qui donne la généalogie de 1505 à 1686 des seigneurs de Blanques, fondateurs et possesseurs de la chapelle. Celle-ci est assise dans la cour du manoir de Blanques, curieuse construction civile en pierre de taille, dans le style de la Renaissance. » [5]
Photo à droite extraite de https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/yvetot/chapelle-pans-bois-vieille-500-ans-alvimare-1519442.html
« La chapelle Sainte-Anne, à pans de bois, Monument Historique, est une propriété privée remarquablement entretenue. Fondée en 1518 par Marie de Mauny et restaurée par Hélène Poullain, qui ajouta le petit clocher à « tinterelle » (petite cloche), en 1642, elle contient une pierre obituaire de même époque, des vitraux de Boulanger et des restes de litre funéraire. Chaque année, depuis 500 ans, la messe y est célébrée pour la fête de la Sainte-Anne. » [2]
« Cette chapelle en bois, sauf une première assise réalisée en maçonnerie, est unique dans le département. Elle est à présent privée et vient d'être restaurée. Une messe y a lieu chaque année le dernier week-end de juillet. Elle a été classée monument historique le 27 décembre 1974 et contient de jolies statues de Saint Barbe et de Sainte Anne. » [1]
Les croix de pierre dites croix des Blanques :
« Croix des Blanques, au hameau du même nom et au bord de la voie ferrée de Rouen au Havre. Elles sont en pierre : l'une est petite et moderne ; l'autre, très haute et fort ancienne, s'élève sur un pied triangulaire qui parait du 14e ou du 15e siècle. On dit qu'elles ont été érigées en mémoire d'une bataille où périrent plusieurs chevaliers de la contrée. Elles ont été relevées en 1861 par M. de Rouen, baron d'Alvimare, ancien colonel de l'armée de Condé. » [5]
« Ces croix, près de la chapelle, dont la plus haute est classée Monument Historique, sont liées à la légende d'une demoiselle de Mauny, « d'une beauté ensorcelante », qui refusait de choisir entre deux seigneurs qui la courtisaient et qui se battirent dans un duel sans merci, au cours duquel ils perdirent tous les deux, la vie. La plus haute croix serait à la mémoire de celui qu'elle aimait en secret...» [2]
« Au hameau de Bellengues et au bord du chemin de fer de Rouen au Havre se dressent deux croix de pierre, qui ont été relevées en 1842 par M. de Rouen, baron d'Alvimare. L'une n'offre rien de bien remarquable. L'autre est très haute et repose sur une base triangulaire aujourd'hui mutilée. A chacun des angles s'élève un faisceau de colonnettes à nervures prismatiques, qui dénote la fin du 15e siècle. Ces croix indiquent la place d'un duel célèbre. Deux chevaliers cauchois, le sire d'Auzouville et le sire d'Auzebosc, qui se disputaient la main dune demoiselle de Bellengues, remirent au sort des armes la décision de leur querelle et se chargèrent avec tant de violence qu'ils tombèrent tous deux mortellement blessés. Ils furent inhumés à l'endroit où ils avaient succombé, et la demoiselle de Bellengues voulut qu'une croix fût élevée sur le tombeau de chacun des combattants, mais la plus haute et la plus belle passe pour marquer la sépulture du chevalier qu'elle préférait. - Jacques Lestrambe » [4]
L'église Notre-Dame à Alvimare :
« Construite en 1860 par l'architecte Oscar Martin, en style néo-roman, avec une tour-clocher à la croisée du transept. Des erreurs de conception et de construction ont rendu l'église, fragile dès l'origine. Elle fut ensuite frappée par la foudre. (...) Une pierre obituaire en marbre noir, de 1645, a été conservée et scellée dans le mur Sud de la nef. On la doit à Hélène Poullain, des seigneurs d'Alvimare, à la mémoire de son père, de sa mère et de son époux François de la Ville, tué au siège de Montauban, en 1621. (...) L'église remplace une ancienne église du 13e siècle, dont le clocher et le transept avaient été refaits au 16e siècle et le chœur en 1654. Située sur un tertre, entourée du cimetière, vétuste, elle était devenue éloignée du centre du village et fut démolie, mais le cimetière subsiste. (...)
Guillaume de Colles, greffier lors du procès de Jeanne d'Arc, à Rouen, avait été curé d'Alvimare (la Pucelle avait toute confiance en lui). (...) » [2]
Sources :
[1] Extrait de http://www.auxpaysdemesancetres.com/pages/haute-normandie/seine-maritime-76/alvimare-76.html
[2] Extrait de Wikipédia
[3] Extrait de L'apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l'époque ducale par Le Maho Jacques. In: Archéologie médiévale, tome 6, 1976. pp. 5-148 ; doi : https://doi.org/10.3406/arcme.1976.1307https://www.persee.fr/doc/arcme_0153-9337_1976_num_6_1_1307
[4] Extrait de La Normandie monumentale et pittoresque... Seine-inférieure, 1re [-2e] partie... Editeur : Lemâle (Le Havre) ; Date d'édition : 1893 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62340920/f514.item.r=%22%20de%20Blanques%22.texteImage
[5] Extrait du Répertoire archéologique du département de la Seine-inférieure rédigé sous les auspices de l'Académie des sciences, belles-lettres et art de Rouen, par M. l'abbé Jean Benoît Désiré Cochet (1812-1875), éditeur : (Paris) ; date d'édition : 1871
[6] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P.295 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22
Bonnes pages :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6299299s/f70.image.r=%22%20Blengues%22
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6299299s/f63.image.r=%22%20Blengues%22