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LES REMPARTS DE TOURLAVILLE (Manche)
Ci-dessus, à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.
« Le château des Ravalet, connu aussi sous le nom de château de Tourlaville, est situé en France, dans la commune déléguée de Tourlaville, à Cherbourg-en-Cotentin, dans le département de la Manche en Normandie. » [1]
« Château de style Renaissance en schiste bleu, construit entre 1562 et 1575, » [1] « restauré à la fin du 19e siècle par René de Tocqueville qui créa également le parc paysager qui l'encadre avec une serre à rotonde et des pièces d'eau. Le domaine, propriété de la ville de Cherbourg depuis 1935 et classé aux Monuments Historiques en 1996, s'étend sur 18ha. Propice à la promenade et à la découverte de jardins et d'espaces naturels, le parc est labellisé Jardin Remarquable depuis 2004. » [2]
Plan de situation du château des Ravalet à Tourlaville ; blason de la famille des Ravalet extrait de https://docplayer.fr/67372006-A-la-decouverte-de-sideville-version-0.html
Histoire
« Le site est déjà habité à l'époque gallo-romaine, comme en témoignent les vestiges trouvés lors des travaux au 19e siècle. » [3]
« L’histoire du Château de Tourlaville remonte au Moyen-Âge : des textes (aujourd’hui perdus) affirment la présence d’un château-fort sur le site dès cette époque, ce qu’atteste la présence du donjon, à l’ouest du château. Mais son histoire débute véritablement au 16e siècle. Les deux fiefs de Tourlaville, Aubert-Hermite et la Fiefferme sont réunis par Jean II Ravalet, abbé d’Hambye. » [2]
« Le manoir médiéval appartenant au domaine royal, il est vendu par François Ier en même temps que les fiefs de la paroisse de Tourlaville. Jean II de Ravalet, seigneur de Tourlaville, l'acquiert en 1562 et fait raser le manoir à l'exception du donjon, et de la salle des gardes et des prisons situées en sous-sol. Il fait construire un château Renaissance, qu'il offre à son neveu, Jean III, en cadeau de mariage, en 1575. (...)
Ci-dessus, blason de la famille de Ravalet extrait de https://docplayer.fr/67372006-A-la-decouverte-de-sideville-version-0.html
« Le château est construit sur les plans dressés par Jean II de Ravalet lui-même. Les meubles sont probablement l'œuvre de Jean Lefebvre, « artiste menuisier de Caen, très en renom. » [3]
« Il abrite alors les amours incestueuses de Julien et Marguerite de Ravalet, enfants de Jean III (...) » [1]
Julien et Marguerite de Ravalet
« Julien et Marguerite de Ravalet sont les enfants de Jean III de Ravalet, seigneur de Tourlaville. (...)
Julien de Ravalet naît en 1582 et Marguerite en 1586 au sein d'une famille qui compte onze frères et sœurs. Rapidement, leur complicité fraternelle se mue en relation incestueuse, qui contraint leurs parents à les séparer. Ils envoient Julien au collège de Coutances à treize ans. Trois ans plus tard, au retour de Julien, Marguerite est mariée à Jean Lefevre de Haupitois, plus âgé qu'elle de trente-deux ans, le 20 mars 1600 en l'église Notre-Dame de Tourlaville. Non noble, sa richesse provient de la charge de collecteur de l'impôt royal.
Son mariage n'est pas heureux et elle fuit le château conjugal, pour retrouver son frère. Ils se cachent à Fougères puis à Paris. Arrêtés le 8 septembre 1603, sur demande de Jean Lefevre, ils sont torturés, emprisonnés, jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et condamnés à la décapitation. Malgré une requête de grâce de leur père, ils sont exécutés le 2 décembre 1603 au matin, en place de Grève à Paris, après que Marguerite a accouché. Le roi aurait dit, selon le Journal du règne de Henry IV, Roi de France et de Navarre de Pierre de l'Estoile : « si la femme n'eût point été mariée il lui eût volontiers donné sa grâce, mais que l'étant il ne le pouvait ».
Ci-dessus, le château de Tourlaville, gravure de G. Bouet, 1849.
Ils sont enterrés dans l'église Saint-Jean-en-Grève, avec l'épitaphe : « Ci-gisent le frère et la sœur. Passant ne t'informe pas de la cause de leur mort, mais passe et prie Dieu pour leur âme. » (...)
Un tableau attribué à Pierre Mignard, Marguerite et les amours, représente une châtelaine entourée d'angelots, mais n'en regardant qu'un, aux ailes rouge sang, et en disant : « un me suffit ».
Le drame a inspiré François de Rosset dans l'Histoire VII des Histoires Tragiques, ainsi que Jules Barbey d'Aurevilly, avec Une page d'histoire. » [1]
Ci-dessus, Château de Tourlaville. Anonyme, Marguerite de Ravalet et les amours, huile sur toile, vers 1655. [Cliché ville de Cherbourg-Octeville, musée d’art Thomas-Henry.]
« Après quoi, le père des condamnés fait ériger une chapelle expiatoire à la place de la chambre de Julien, près de la tour sud-ouest. » [3]
« À la suite de graves problèmes financiers, les Ravalet vendent le domaine à Charles de Franquetot en 1653 qui améliore l'aménagement intérieur avant de mourir assassiné sous les coups de son valet de chambre. » [1] (nuit du 6 au 7 mars 1661)
Ci-dessus, blason de la famille de Franquetot par Jimmy44 Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Jimmy44., CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4545968
« Il confie à Nicolas Coypel, peintre cherbourgeois, d’importants travaux de décoration d’intérieur (la « chambre bleue », les plafonds, les décors des cheminées) et fait réaliser le tableau Marguerite et les Amours (voir encadré) auprès duquel il est assassiné par cinq individus, dont deux de ses valets, dans la nuit du 6 au 7 mars 1661. » [2]
Ci-dessus :1. blason de la famille Boudet de Crosville extrait de https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=2437842&desc=boudet_de_crosville&individu_filter=boudet ; 2. blason de la famille Fouquet de Réville extrait de https://www.wikimanche.fr/Fichier:Reville.png ; 3. blason de la famille Clérel de Tocqueville Par Aroche Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Aroche., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3762434
« Le manoir devient alors propriété de son frère, Robert de Franquetot, jusqu'à sa mort en 1708. Il passe ensuite aux Boudet de Crosville puis aux Fouquet de Réville, mais devient le siège d'une exploitation agricole en 1661. Hervé de Fouquet de Réville étant décédé sans enfant en 1777, c'est son cousin, Hervé Clérel de Tocqueville, futur père d'Alexis de Tocqueville, qui devient seigneur de Tourlaville à l'âge de cinq ans. Bien qu'il ne soit pas habité par son propriétaire, le domaine fait quand même l'objet d'un entretien régulier.
Hervé Clérel de Tocqueville est emprisonné durant la Terreur mais échappe à la guillotine. Comme il n'a pas pas émigré, son domaine n'est pas confisqué. Il s'acquitte régulièrement des nouveaux impôts institués par la République mais, délaissés pendant toutes les années de trouble, les bâtiments se sont considérablement dégradés. À sa mort, en 1856, le domaine échoit à son fils Édouard de Tocqueville qui habite dans l'Oise.
En 1858, Théophile Gautier publie dans le Moniteur universel un article sur le château, qu'il a visité à l'occasion de la visite impériale à Cherbourg. Il y déplore son état de délabrement. L'année suivante, Édouard de Tocqueville entame une rénovation en s'inspirant des principes de Viollet-le-Duc puis donne le domaine à son fils ainé Hubert à l'occasion de son mariage, en 1860. Après la mort précoce de celui-ci, en 1864, sa veuve, Madeleine Bérard de Chazelle, vend tout le domaine à son beau-frère René de Tocqueville. Premier châtelain à habiter les lieux depuis plus d'un siècle et demi, René de Tocqueville châtelain et maire de la commune, en termine la restauration. Il fait notamment construire une tour ronde à l'ouest de la façade, en lieu et place de la chapelle commémorative, et y appose ses armoiries et celles de sa femme. Il aménage également le parc : étangs artificiels, jardin d'agrément, plantations d'arbres, jardin potager, pelouses, serres, grottes, kiosques et belvédères. Il installe également une turbine produisant de l'électricité. Mais, suite à un revers de fortune, il est contraint de revendre le domaine en 1910.
Le nouvel acquéreur, Valentin Lenavettier, directeur d'assurances à Cherbourg, n'a pas eu le temps d'emménager lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Le château est réquisitionné comme hôpital complémentaire et le parc sert de cantonnement, notamment pour les soldats des armées alliées à l'instruction. L'hôpital placé sous la bannière anglaise de la Women's Imperial Service League est mis en service le 6 novembre 1914 et accueille ses premiers patients deux jours plus tard. Il est dirigé par Florence Stoney, qui a sous ses ordres six médecins et douze infirmières, toutes Anglaises. L'hôpital ferme dès le 24 mars 1915, après avoir tout de même soigné 120 blessés. » [3]
Voir à ce sujet : https://www.ouest-france.fr/normandie/cherbourg-octeville-50100/tourlaville-quand-le-chateau-des-ravalet-etait-un-hopital-4123108
« Le nouveau propriétaire étant décédé en 1916, le domaine est récupéré en mauvais état par ses héritiers qui le revendent en 1922. Il est acheté par un marchand de biens qui le fragmente et remet immédiatement les différentes parties sur le marché. C'est un industriel parisien, Paul Gosse, qui fait l'acquisition du château et de ses abords, entame sa restauration et obtient l'inscription à l'Inventaire des monuments historique en 1930. Il décède malheureusement rapidement et, en 1935, sa veuve vend le château et ce qui reste du domaine (12 ha) à la ville de Cherbourg pour 200 000 F.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est successivement occupé par l'État major français, l'armée allemande et les troupes américaines à la Libération. En 1945, la ville récupère le château dans un état de désolation avancé. Il faut une trentaine d'années pour restaurer patiemment les bâtiments et le parc, et ouvrir l'ensemble au public. » [3]
Architecture
« Le château des Ravalet est caractéristique de la Renaissance cotentinoise. Deux niveaux de combles ont été ajoutés dans la seconde moitié du 19e siècle.
Le château, y compris les vestiges de l'ancienne tour, le parc comprenant notamment : les éléments de décor (la grotte, les deux arcades, vestiges des anciens communs, les deux vasques en fonte situées devant la serre), la serre, l'ancienne avenue d'accès, le système hydraulique (les douves bordant la cour d'honneur et les communs à l'ouest, l'étang au nord, le bassin rectangulaire à l'est, le bief d'amenée d'eau avec ses ouvrages, y compris l'étang des Costils situé en amont), l'ancienne turbine du château et les vestiges du moulin situés en contrebas devant l'entrée de la cour d'honneur du château sont classés depuis le 4 mars 1996. (...)
Le parc est ouvert au public, le château est ouvert à certaines périodes seulement, notamment lors des Journées du patrimoine. » [1]
ll existe beaucoup de cartes postales anciennes montrant le château de Tourlaville...
Parc et jardins
« Alors qu'existait un parc Renaissance avec ses douves, le parc a été redessiné vers 1870 avec deux étangs et une grotte. » [1]
« Recréé par le vicomte René de Tocqueville en 1872, subtil mélange de jardin à l'anglaise et à la française, le parc du château des Ravalet se dévoile en couleurs et en parfums au gré de pièces d'eau, de massifs et d'arbres magnifiques. Ses espaces sont harmonieusement organisés, plantés de fleurs et d’arbres indigènes et exotiques. (...) Il possède une des rares survivantes des serres Rotonde du 19e siècle de Normandie construite entre 1872 et 1875. Propice à la promenade, ses sentiers sinueux vous conduiront à une vaste prairie bordée d'espaces naturels. » [4]
« Ce parc, acquis par la ville de Cherbourg est devenu jardin public en 1935. La tempête de 1987 a provoqué de gros dégâts. » [1]
« L'ensemble du domaine, parc, serre et château, a été classé Monument historique en 1996. Le label « Jardin remarquable » a été obtenu en 2004. Et en 2014, le paysagiste de renommée internationale Gilles Clément a conçu le jardin Mandala, espace zen en carré, et la Prairie en îles, jardin en mouvement. » [4]
Littérature
« Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) parle ainsi du château : « J'y suis passé cette année par un automne en larmes, et je n'ai jamais vu ni senti pareille mélancolie. Le château, dont alors on réparait les ruines, que j'aurais laissées, moi, dans leur poésie de ruines, car on ne badigeonne pas la mort, souvent plus belle que la vie, ce château a les pieds dans un lac verdâtre que le vent du soir plissait à mille plis... C'était l'heure du crépuscule. Deux cygnes nageaient sur ce lac où il n'y avait qu'eux, non pas à distance l'un de l'autre, mais pressés, tassés l'un contre l'autre comme s'ils avaient été frère et sœur, frémissants sur cette eau frémissante. Ils auraient fait penser aux deux âmes des derniers Ravalet, parties et revenus sous cette forme charmante ; mais ils étaient trop blancs pour être l'âme du frère et de la sœur coupables. Pour le croire, il aurait fallu qu'ils fussent noirs et que leur superbe cou fût ensanglanté... ».
Henry Bordeaux (1870-1963) : « Son effet de surprise est foudroyant quand il apparaît au tournant d'un petit chemin rural jusque-là enfoui dans la verdure. Il reflète, brouillée dans une pièce d'eau sur quoi se penchent des acacias, sa façade Renaissance, sa façade nord à demi recouverte de lierre, avec ses toits allongés et ses tours, dont une, octogonale, paraît s'avancer comme si elle désirait de prendre la parole. Le parc lui compose un fond de lourds feuillages. L'autre façade, plus ornementée, donne sur les jardins. On y accède à la porte d'entrée par un pont jeté sur les douves. Ou plutôt on n'y accède plus. La grille est aujourd'hui fermée aux pèlerins littéraires. ». [3]
Protection
Le château a été classé Monument Historique le 4 mars 1996.
« Aujourd'hui, la ville de Cherbourg-en-Cotentin y accueille ses hôtes de marque et y organise des manifestations culturelles et artistiques. » [3]
« Depuis 2004, le parc possède le label « Jardin remarquable. » [2]
Sources :
[1] Extrait de Wikipédia
[2] Extrait de http://www.cherbourgtourisme.com/decouvrir/parcs-et-jardins/172371-parc-et-chateau-des-ravalet
[3] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_des_Ravalet
Bonnes pages :
O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6480990w/f33.item
O https://books.google.fr/books?id=oZVLAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=Tourlaville&f=false
O https://monumentum.fr/domaine-chateau-tourlaville-egalement-sur-commune-glacerie--pa00110621.html
http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article2217&id_document=6393
O http://natureln.librox.net/spip.php?article548
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