• LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)

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         « Perché sur une falaise dominant la Seine, le château de Tancarville date du 11e siècle. Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862. » [1]  

     

         « Ce château fort est bâti sur une falaise de près de cinquante mètres de hauteur, affectant, dit La Normandie illustrée, la forme d’un triangle, dont la pointe la plus allongée se dirige vers le Nord, puis coupée à pic dans sa partie orientale et bordé au pied par les flots tumultueux de la Seine que gonfle le voisinage de la mer, séparée au Sud, du reste du promontoire, par un vallon et un fossé parallèles, enfin isolée, du côté de l’Ouest, de la Pierre-Gante, sa pittoresque voisine, par une gorge profonde, à travers laquelle serpente, dans l’épaisseur du bois, le chemin qui conduit du village de Tancarville au bourg de Saint-Romain, et que l’on désignait autrefois sous le nom significatif de la sente aux Prisonniers.
         L’ensemble des courtines et des tours, dont se composait la forteresse, a suivi le plan triangulaire du plateau de la falaise ; ce qui porte à croire que ce tracé a été exécuté d’un seul jet, quoique l’on puisse assigner aux parties qui le composent différents âges de construction. D’après cette conjecture, un système de défense aussi vaste et aussi complet ne pourrait remonter plus haut que Henri Ier, le dernier des fils de Guillaume le Conquérant. » [2]

     

         Aujourd'hui, suite à des travaux, la Seine ne baigne plus le pied de la falaise comme on peut le voir sur ces gravures anciennes ci-après.

     

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         Quelques éléments d'architecture militaire très rares existent à Tancarville : des terrasses d'artillerie de la fin du 15e siècle, des tours à éperons, un front de défense en pierre avec douves, pont dormant et barbacane.

     

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    Plan du château de Tancarville d'après Jean Mesqui ; à gauche, blason de la famille de Tancarville par Spedona.

     

    Légende du plan du château de Tancarville   (d'après J. Mesqui)

     

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    1 porte devers la ville.

    2 boulevard de la Porte.

    3 emplacement du moutier, de l'église.

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)4 tour de l'Aigle. « … ainsi nommée de ce qu'un aigle attiré par les hérons que faisait élever un sire de Tancarville y vint bâtir son aire ; cette tour est de forme circulaire du côté de la Seine et se termine vers le nord en angle aigu. » [3] Extrait de la  Revue britannique publié par Sébastien Louis Saulnier, Léon Galibert et Amédée Pichot année 1862. " [3]

    5 emplacement de la chambre de la tour de l'Aigle.

    6 emplacement des maisons neuves devers le moutier.

    7 emplacement de la grande maison entre Pierre de la Marion et la grange.

    8 tour Ronde.

    9 grange, grenier, grandes écuries (?), pressoir.

    10 petits greniers et étables sous le grenier.

    11 maison neuve ou château neuf (18e s.) « construit par Louis de La Tour d'Auvergne, comte d’Évreux, qui le vendit à Jean Law, directeur général de la banque de France. » [3]

    12 tour Carrée : cette habitation du 12e siècle faisait partie d’un ensemble stratégique qui commandait l’estuaire de la Seine. Guillaume le Maréchal y fut apprenti chevalier chez son cousin le chambellan de Henry II roi d'Angleterre et duc de Normandie.

    13 basse salle, logis du receveur, Chambre des comptes, logis de Monseigneur.

    14 emplacement de la tour plombée ou tour de la Mer.

    15 Emplacement du puits du 18e siècle : « il va en s'élargissant vers le fond et a cent huit pieds de profondeur. » [3]

    16 logis neufs, grande Chambre de Monseigneur, puis logis du Capitaine (16e s.)

    17 tour Collecte.

    18 grande salle. Cette salle d'apparat en briques et pierres est construite entre le logis du 12e et celui du 15e s.

    19 emplacement de la petite tour Carrée devers le bois.

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)20 Chambre aux Chevaliers.

    21 garde-robe de la Chambre aux Chevaliers.

    22 terrasse.

    23 grand degré du logis de Monseigneur.

    24 chapelle, oratoire de la chapelle.

    25 petite tour carrée de la porte Coquesart.

    26 boulevard de Coquesart.

    27 porte et beffroi de Coquesart. Sur sa motte, cet ensemble du 13e s. avec porte fortifiée, barbacane et donjon a été remanié en 1410 à l'occasion de la guerre de cent ans.

    28 Grosse tour, Vieille tour, tour Coquesart

    29 bastille derrière la chapelle.

    30 tour du Lion ou du Diable. « Un rempart de cent soixante-quinze pieds de long, et qui n'est interrompu que par une tour ruinée, lie le portail à la tour du Lion, coupée du côté de la cour et s'avançant en demi-cercle en dehors de l'enceinte ; les murs de cette tour ont jusqu'à quinze et dix-huit pieds d'épaisseur. » [3]

     LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime) 

    Photo : tour Moineau et tour du Lion (16e siècle) par Hans Briaire : http://www.panoramio.com/photo/60035588

     

    31 emplacement du logis du Capitaine.

    32 petite tour ronde près de la porte : tour Moineau.

    33 écuries (18e s.)

     

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    Représentation 3D http://www.mesqui.net/Tancarville/tancarville.htm et plan du château de Tancarville dressé par Jean Mesqui en 2005.

     

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         « Raoul de Tancarville est le premier propriétaire du château qui soit mentionné dans nos annales ; il eut pour successeurs Guillaume son fils et Rabel son petit-fils, celui qui échappa comme par miracle au naufrage de la Blanche Nef, ce vaisseau parti de Harfleur et qui, ayant touché sur un récif à peu de distance du port, périt avec deux cents personnes dont faisaient partie Guillaume et Richard, les deux jeunes fils de Henri Ier, roi d'Angleterre. Après eux vinrent Guillaume le Jeune, mort avec gloire dans une croisade ; Raoul II, compagnon de Richard Cœur de Lion ; Guillaume III, qui, après avoir lutté de tout son courage contre Philippe Auguste, se soumit à la loi du vainqueur, et que Jean sans Terre dépouilla des domaines de Beustincton et de Wilmundetor ; Raoul III, Guillaume IV, Raoul IV, qui dota l'abbaye de Saint-Georges de Boscherville ; Guillaume V, son frère ; Robert, qui fonda l'abbaye Sainte-Barbe-en-Auge ; Guillaume VI, qui épousa la fille d'Enguerrand de Marigny, ministre de Philippe le Bel, et qui mourut bien jeune encore, sans enfants, après avoir vu son beau-père descendre des marches du trône pour monter au gibet de Montfaucon. » [3]

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)     « Raoul, chambellan du duc de Normandie, fait construire des murailles et la vieille tour. Au 12e siècle est construite la tour carrée dont les murs font 1,65 mètre d'épaisseur. En 1316, Jeanne de Tancarville, unique héritière, épouse Jean II de Melun. Son fils devient le second comte de Tancarville, » [1]

     

    Gravure ci-dessus : source gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France

     

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    Document 1 : château de Tancarville par Sell Cotman, en 1822, dessin conservé à la BNF http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b20000671/f87.item Architectural Antiquities of Normandy, by John Sell Cotman, Londres, J. et A. Arch. Cornhill, 1822. Transferred from fr.wikipedia to Commons by Bloody-libu using CommonsHelper. ; Document 2 : Entrée du château de Tancarville, Lithographie de Bourgeois, 1820 ; Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Vol 1, planche 40 ; © gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France ; Document 3 : ruines du donjon du château de Tancarville, prises dans la grande cour ; lithographie FRAGONARD, 1820 ; Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Vol 1, planche 42 ; © gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France     

     

         « Jean II fut le successeur de son père ; abandonné par les bourgeois de Caen qu'avec le connétable Raoul de Nesle il menait au combat contre les Anglais débarqués en Normandie, il se rendit à un chevalier anglais, Thomas Holland, après avoir combattu vaillamment, sur le pont qui avoisine l'église Saint-Pierre, avec le connétable, qui, après avoir fait aussi des prodiges de valeur, se rendit au même chevalier.

         Le prince de Galles les acheta tous deux de Thomas Holland, moyennant vingt mille nobles d'or à la rose, espérant sans doute en tirer une plus forte rançon.

         Plus heureux que le connétable, son compagnon de captivité, qui eut, à son retour d'Angleterre, la tête tranchée par ordre du roi Jean, le sire de Tancarville fut nommé par le même prince grand chambellan héréditaire de Normandie du chef de sa mère, connétable héréditaire de la même province par sa femme, et réunit bientôt à ces deux titres celui de souverain maître des eaux et forêts de France, et, de vicomte de Melun, devint comte de Tancarville. Il se montra digne des faveurs dont le roi Jean l'avait comblé ; à côté de ce vaillant et malheureux monarque, à la bataille de Poitiers, il montra, comme lui, un héroïque courage et le couvrit de son corps. La suzeraineté de Tancarville passa, à sa mort, quelques années après, à son fils Jean III, qui ne survécut pas longtemps à son père et mourut sans progéniture ; il eut pour successeur son frère Guillaume, qui, à la tête de soixante hommes, vint à Amiens offrir ses services à Charles VI méditant une descente en Angleterre, et qui eut peu de temps après l'honneur de recevoir dans son grand et notable castel le roi, qui lui donna deux mille marcs d'or pour l'aider à le réparer.

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)     Guillaume de Melun était le chasseur le plus célèbre de son temps ; Gage de La Bigne, chapelain du roi Jean et de Charles V, dans son poème, "les Déduits de la chasse", fait le comte de Tancarville juge du débat entre la fauconnerie et la vénerie. Guillaume de Melun renonça au plaisir de la chasse lorsqu'il apprit que le roi d'Angleterre, Henri V, appelé en France parle duc de Bourgogne, était débarqué à l'embouchure de la Seine avec six mille hommes et trente mille archers. Le sire de Tancarville, ne voulant pas attendre l'armée ennemie enfermé dans les murailles de sa forteresse, déploya sa bannière, courut rejoindre l'armée royale sur les bords de la Somme, et le 25 octobre 1415 Guillaume de Melun tomba avec gloire au champ de carnage d'Azincourt. » [3]

     

         « En 1364 le comté de Tancarville est séparé de celui de Longueville.  [1]

     

         En 1417,» « Jacques d'Harcourt, baron de Montgommery, un des descendants de Jean d'Harcourt, qui s'était battu avec Robert de Tancarville au sujet d'un moulin, épousa Marguerite, comtesse de Tancarville, fille et unique héritière de Guillaume de Melun ; les deux écussons qui s'étaient heurtés en champ clos se rapprochèrent pour se confondre. Le nouveau comte de Tancarville quitta bientôt sa jeune épouse pour aller châtier un de ses cousins, le comte d'Harcourt et d'Aumale, qui, à la solde de l'Angleterre, portait les armes contre la France ; il alla le surprendre avec soixante hommes dans son château d'Aumale, le fit prisonnier du roi, et s'empara de son cheval, « renommé être bon et excellent pour la guerre, » dit un chroniqueur du temps. »  [3]

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)     « En 1418 au moment de la conquête de la Normandie par Henri V d'Angleterre, le titre de comte de Tancarville, Earl of Tankerville est donné à Jean de Gray (John Grey), tandis que dans le royaume de France il était porté par la famille d'Harcourt...» [1]

     

         « A l'avènement de Charles VII, Jacques d'Harcourt vint se ranger sous la bannière royale, en compagnie de Dunois, de Lahire et de Xaintrailles, se fit remarquer à côté d'eux, et périt courageusement dans une entreprise audacieuse. » (…) Le capitaine Quernier, qui, à la tête de quelques habitants du pays de Caux, avait repris Fécamp, Harfleur et Montivilliers, pénétra un jour avec ses braves soldats dans le château de Tancarville, et planta sur ses tours la bannière seigneuriale, au cri de : Tancarville à Notre-Dame !

         Elle y flotta deux ans ; mais en 1437 la forteresse, défendue par quarante hommes, fut reprise par Talbot, après trois mois de siège.

         Douze ans après, le nouveau sire de Tancarville, Guillaume d'Harcourt, rentra dans son château à la suite de l'acte de capitulation par lequel le duc de Somerset, en rendant à Charles VII la ville de Rouen, s'engageait à remettre au roi Harfleur, Honfleur, Caudebec, Montivilliers et les châteaux de Lillebonne, d'Arques et de Tancarville. » [3]   

     

         « En 1468 est édifiée une salle de réception. »  [1]

         « Jeanne d'Harcourt, fille et unique héritière de Guillaume, à la mort de son père, arrivée en 1487, après avoir été répudiée par le duc de Lorraine, son mari, se trouvant dans une espèce d'état de tutelle, le comté de Tancarville fut mis sous la main du roi Charles VIII, qui envoya une garde au château, où elle était nourrie et payée aux dépens de la terre.

         Jeanne d'Harcourt, ayant demandé et obtenu de faire hommage, rentra en possession de sa terre, de ses droits seigneuriaux et de ses revenus. Elle ne tarda pas à mourir du chagrin, dit-on, que lui avait causé l'abandon de son mari, qu'elle aimait avec passion. Par son testament, écrit la veille de sa mort, elle avait institué pour son principal héritier son cousin François d'Orléans, duc de Longueville, fils de Dunois ; les fleurs de lis du sang royal vinrent se mêler au triple blason des sires de Tancarville. » [3]

     

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    Document 1 : Falaises et château de Tancarville, Normandie par Victor de grailly,Sotheby's,Paris http://www.artvalue.com/auctionresult--grailly-victor-de-1804-1889-fr-falaises-et-chateau-de-tancarv-1173942.htm ; Documents 2-3 extraits de http://www.bmlisieux.com/normandie/havre01.htm ; Document 4 : Gravure du 19e s par Baugean (1764-1830) vue de Tancarville ; Document 5 : Ruines du château de Tancarville, prises de la forêt ; Lithographie de Robert Régnier, 1820 ; Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Vol 1, planche 37 ; © gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France

     

         « En 1505 le roi de France Louis XII érige le comté de Longueville en duché de Longueville et Tancarville n'est plus qu'un comté annexe. » [1] 

     

         « A son retour d'Italie, le duc de Longueville tomba malade à Beaugency, dicta son testament le 31 juillet 1516, et mourut le lendemain. (...)

         Léonor d'Orléans (…) était uni aux chefs du parti protestant par les liens du sang et les intérêts aristocratiques, ouvrit en 1526 le château de Tancarville aux soldats du parti religionnaire. Jean d'Estouteville, sire de Villebon, qui commandait en Normandie pour Charles IX, vint mettre le siège devant Tancarville, et le leva, étonné de la vigoureuse résistance qu'il rencontra, et instruit sans doute de l'arrivée prochaine d'un corps de huguenots qui venait de s'emparer de Rouen.

         Mais le nouveau sire de Tancarville, sur une représentation du sire de Lillebonne, crut devoir toutefois faire évacuer la forteresse par les religionnaires et en ouvrir les portes au sieur Dumesnil, qui en prit le commandement pour le roi, au nom du duc de Longueville.

         Peu de temps après, le comte de Warwick, à la pointe du jour, avec quatre cents hommes, escalada sans bruit les murs du château, à l'aide d'échelles appliquées contre le rempart du sud, se précipita dans la place, fit mettre bas les armes à la garnison et arbora sur les tours le drapeau de l'Angleterre.

         Michel de Castelnau, que Catherine de Médicis avait dirigé sur le Havre avec un régiment de lansquenets, obtint des Anglais la reddition du château de Tancarville, en leur faisant croire à la prochaine arrivée d'une armée considérable.

         A la mort de Léonor d'Orléans, au mois d'août 1573, sa veuve, Marie de Bourbon, prit la garde noble de ses enfants mineurs et l'administration de leurs domaines. » [3]

     

         « En 1590, on trouve Jean III d'Aché, au poste de capitaine. » [1]

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)     « Le château de Tancarville, tombé dans les mains de la Ligue et commandé par un Crillon, frère de celui qui suivit fidèlement le drapeau de Henri IV, fut racheté pour le roi, par le duc de Montpensier, au prix de quinze mille écus. 

         Sous la minorité de Louis XIV, Henri d'Orléans II, duc de Longueville et comte de Tancarville, se fit un des chefs du parti de la Fronde, mais il se trouva bientôt effacé, au milieu des hasards de la guerre civile, par sa femme, la duchesse de Longueville, sœur du grand Condé. Le duc, qui était gouverneur de la Normandie, fit déclarer le parlement de Rouen contre la cour et livra en même temps aux frondeurs le château de Tancarville et les autres forteresses de son gouvernement ; mais Mazarin, passant un jour de la ruse à l'audace, fit arrêter, au Palais-Royal, le grand Condé, le prince de Conti et le duc de Longueville, et les envoya, par la Seine et sous bonne escorte, à la citadelle du Havre. Le duc de Longueville dut voir, en passant, son château de Tancarville, dont les frais et riants ombrages, dont la vie de liberté et de plaisir contrastaient avec la prison qui allait s'ouvrir pour lui.

         Le duc de Longueville sortit de la citadelle du Havre, après neuf mois de captivité, et rentra en grâce auprès du roi, qui lui rendit son château, redevenu un instant domaine royal.

         Le duc de Longueville, renonçant aux orages politiques, pour lesquels il n'était point né, vint habiter, de temps à autre, le château de Tancarville, où il se fit aimer. Pressé d'interdire la chasse sur ses terres aux gentilshommes ses voisins, il répondit: « J'aime mieux des amis que des lièvres. (...)

         Le comte d’Évreux, charmé de la beauté du site de Tancarville, mais ne voulant pas habiter l'ancien manoir en ruine, fit construire le bâtiment nommé depuis le Château neuf. » [3]

     

    « En 1709, une partie en style classique est adjointe aux parties médiévales de l'édifice par le comte d'Évreux. » [1]

     

         « A peine le château était-il terminé que, soit inconstance de goût, soit l'appât d'un bénéfice, le comte d’Évreux revendit au célèbre Law le château et la terre de Tancarville, au prix de six cent cinquante mille livres en espèces, de six mille livres de rente viagère au comte d’Évreux, payables par trimestre, et de mille quatre cent dix livres de pension au bailli, au capitaine et autres officiers du château.

         Au moyen de cette vente, Jean Law, qui acquérait tous les droits attachés au domaine, devint seigneur, comte de Tancarville et connétable héréditaire de Normandie. » [3]

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)     « Après 1789, le château est pillé et en partie incendié. » [1]

     

         « Le 24 floréal an IV (13 mai 1796), le château des Tancarville, des Melun, des d'Harcourt, des Dunois, des Montmorency, fut donné à loyer au sieur Nicolas Duglé, moyennant cent francs par an.

         Le 12 germinal an VII (11 avril 1799), le gouvernement le mit en vente, et, après quatre enchères successives, il fut adjugé à un sieur Viard, de Rouen, au prix de deux millions deux cent mille francs. (…) L'acquéreur n'ayant pas rempli les conditions de la vente, l'adjudication fut déclarée nulle. » [3]

     

         « Sous l’Empire, il appartint quelque temps au duc d’Albufera, et P. Lebrun, qui y reçut l’hospitalité, y composa, dit-on, ses tragédies d’Ulysse et de Marie-Stuart. Après avoir été cédé, moyennant 300 francs de rente, à l’hospice du Havre, il fut rendu par Charles X à la famille des Montmorency. » [2]

     

         « Dans les années 1960, le château a servi de colonie de vacances pour les enfants de la région.

         Actuellement le titre d’Earl of Tankerville est encore porté en Angleterre.

         Le château appartient aujourd'hui à la société Civile Immobilière de Figeac (Dordogne) SAQQARA au capital de 2000 €, qui propose depuis 2001 d'y aménager des appartements de luxe. En attendant d'être réhabilité, il reste fermé au public et certaines parties se dégradent. »  [1][

     

    Anecdote :

     

         " Maurice Leblanc, auteur des A rsène Lupin, a écrit Le Bouchon de cristal dans la tour de l'Aigle qui date du 15e siècle. » [1]

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)Légendes :

         « C'est dans la tour de l'Aigle qu'un sire de Tancarville enferma sa jeune pupille, qui se refusait à l'épouser. Un beau et jeune écuyer qu'elle aimait et dont elle était aimée, après avoir agité dans l'air un mouchoir blanc, signal convenu entre lui et la belle captive qu'il venait délivrer, en montant une nuit à l'échelle qu'il avait appliquée à la muraille, fut tué par les flèches de quelques archers, qui trempèrent le mouchoir de l'aventureux jeune homme dans son sang et le portèrent au châtelain. Le sire de Tancarville alla aussitôt le présenter à sa pupille, qui tomba morte en apprenant le sort de son amant. On conte que depuis, par les claires nuits d'été, on aperçoit parfois au sommet de la tour de l'Aigle une dame blanche qui pousse un cri lamentable et disparaît. » [3]

     
    Gravure ci-dessus : Dessin des ruines du château de Tancarville. Seine Inférieure par Auguste Jacques Régnier.

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)Une autre légende concerne la tour du Lion :

         « Cette tour est appelée dans le pays la tour du Diable. Le diable y avait, dit-on, établi son séjour ; mais un aumônier du château s'y rendit à la tête des habitants avec croix, bannière et eau bénite. Au moment de pénétrer dans la retraite de Satan, les villageois, qui jusque-là avaient suivi le prêtre, se replièrent et laissèrent le chapelain, qui, armé du goupillon, entra avec ses clercs dans la tour et en sortit après quelques minutes, annonçant qu'il avait vu le diable et qu'en se signant trois fois il l'avait aspergé, en lui intimant l'ordre de vider les lieux à l'instant même, ce à quoi il s'était décidé, non sans faire une épouvantable grimace. Depuis, le diable ne s'est point remontré dans la tour du Lion. » [3]

     

         “ La tour orientale du château de Tancarville, après avoir été appelée la Tour du Lion, changea ce noble surnom en celui de Tour du Diable. Cette tour avait long-temps servi de prison, et, à cause des souvenirs qui la peuplaient, elle était en assez mauvaise renommée pour être digne, en effet, de fixer le choix d’un hôte infernal. Cependant, les habitants des environs s’étant aperçus du funeste voisinage qui leur était échu, allèrent, troublés et mécontents, trouver leur pasteur, et le supplièrent de faire quelque tentative pour déloger l’ennemi commun. À un jour donné, il fut convenu qu’on se réunirait en procession, croix et bannière en tête, et qu’on marcherait ainsi droit au diable, et tout prêts à lui livrer bataille s’il refusait d’obtempérer aux pacifiques sommations que le curé s’était chargé de lui adresser. La pieuse armée témoigna d’abord un zèle fort louable à se mettre en route ; mais, arrivée au seuil de la demeure maudite, elle hésite, recule et se disperse à travers champs. Cependant le pasteur, malgré la défection de son troupeau, pénètre dans l’enceinte de la tour. Ce qui se passa, dans son entrevue avec l’ennemi, nous ne saurions le raconter ; seulement, quelques fuyards, qui reprirent assez de courage pour revenir sur leurs pas, assurèrent avoir vu, après quelques instants d’attente, leur curé sortir du lieu redoutable, brave et triomphant comme saint Antoine, et agitant encore au-dessus de sa tête le goupillon trempé d’eau bénite qui avait été son arme de salut. ” [4]  

     

     

     Gravure ci-dessus par V. Lefranc 1840- château de Tancarville - homme à cheval

     

    LES REMPARTS DE TANCARVILLE (Seine-Maritime)

    Joseph Mallord William Turner : The Castle at Tancarville Normandy, 1832

     

    Ci-dessous, un article extrait de Paris-Normandie en 2019 :

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de http://www.normandie-heritage.com/spip.php?article571

    [3] Extrait de la  Revue britannique publié par Sébastien Louis Saulnier, Léon Galibert et Amédée Pichot année 1862. http://patrimoine-de-france.com/seine-maritime/tancarville/chateau-fort-chateau-2.php

    [4] Extrait de La Normandie romanesque et merveilleuse par Amélie Bosquet - J. Techener & A. Le Brument, 1845 (p. 484-504). https://fr.wikisource.org/wiki/La_Normandie_romanesque_et_merveilleuse/24 

     

     Bonnes pages :

     

    O http://www.normandie-heritage.com/spip.php?article571

    O http://www.chateauxfaure-et-faureteresses.com/tancarville.html

     

    Bibliographie :

     

    Jean Mesqui, Le château de Tancarville - Histoire et architecture, Société française d'archéologie, 2007 (ISBN 978-2-901837-30-5)

     

    Ci-dessous un excellent document consultable sur le Web rédigé par Jean Mesqui spécialiste en castellologie qui fait un point complet sur l'ensemble de ce monument :

    _____________________________________________________________________________

    Quelques vidéo visibles sur You tube :   
     

     

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