• LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure) LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure) LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)

     

         La Ferrière-sur-Risle est un joli petit village (cinquième plus petit territoire communal de France, et le plus petit de Normandie) aux ruelles typiques, aux petits lavoirs et aux belles maisons normandes. Il doit son développement économique en partie à l'industrie du fer. « Ferrière », toponyme médiéval, signifie en effet « lieu d'extraction du minerai de fer ». Cette industrie a permis le développement de ses infrastructures telle que la halle du 14e siècle, qui montre l'importance d'un marché ancien, ou bien les dimensions de l'église du 12e siècle, surmontée d’une élégante tour-clocher, et qui abrite le plus beau retable de l'Eure.

     

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         A 200 m à l'Est, dominant le village, se trouve une grande enceinte qui dépend de la commune de Sébécourt. Ce site fut peut être l'emplacement d'un premier « Ferrière » sur un terrain rempli de laitiers de fer ce qui indique une industrie métallurgique ancienne. Le village serait ensuite « descendu » dans la vallée en contrebas.

         J'ignore pour l'heure si La Ferrière-sur-Risle a eu une enceinte médiévale mais son plan (une île) et l'existence d'une « rue des Remparts » au sud de la cité me le laisserait penser... à suivre ? [NdB]

     

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    Plan hypothétique de l'enceinte de Sébécourt ; blason de la famille de Tosny, d'argent à la manche mal taillée de gueule, Par Ce blason contient des éléments, éventuellement modifiés, qui ont été extraits de ce blason :, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90078860

     

         " La Ferrières-sur-Risle. On y a reconnu deux mottes, dont l'une située au milieu d'anciennes forges, est entourée
    de fossés. Elles ne figurent pas sur l'Inventaire de la commission des enceintes.
    L. Coutil : 308 Rapport Comm. Enc. (Bull. S. P. F., t. VI,
    1909 ,p. 350). Charpillon et Caresme : Op. cit., t. II, p. 171.
    " [5]

     

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)

     

     Photo aérienne ci-dessus extraite du site Géoportail.

     

                                                                   Louis Coutil, 1909 :

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)     « Sébécourt. Il existe à 200 mètres de la Ferrière-sur-Risle, sur le territoire de Sébécourt, une vaste enceinte dite «Le Château », composée de deux ellipses accolées, la plus grande mesurant 120 mètres sur 70, flanquée à l'Est d'une plus petite (grand-axe 45 m.). Cette enceinte recèle de nombreuses traces de forges antiques. Au N.O., à une cinquantaine de mètres du fossé, on remarque une butte isolée dont la destination paraît être un poste avancé de l'enceinte principale. Cette enceinte est à rapprocher de celles du Pin, près Lisieux, de Saint-Sever (Calvados), de Maulévrier (Seine-Inf.) et de La Gargesse (Loir-et-Cher) (1) (Planche II). » [1]

     

    Plan ci-dessus par L. Coutil, Bulletin de la Société préhistorique de France ; Auteur : Société préhistorique française. Auteur du texte ; Éditeur : Institut de bibliographie (Paris)/Société préhistorique de France (Paris) ; Date d'édition : 1909-01-28

     

         " Sébécourt. Il existe à 200 mètres de la Ferrière-sur-Risle, sur le territoire de Sébécourt, une vaste enceinte dite « Le Château », composée de deux ellipses accolées, la plus grande mesurant 120 mètres sur 70, flanquée à l'Est d'une plus petite (grand-axe 45 m.). Cette enceinte recèle de nombreuses traces de forges antiques. Au N.O., à une cinquantaine de mètres du fossé, on remarque une butte isolée dont la destination paraît être un poste avancé de l'enceinte principale. Cette enceinte est à rapprocher de celles du Pin, près Lisieux, de Saint-Sever (Calvados), de Maulévrier (Seine-Inf.) et de La Gargesse (Loir-et-Cher) (De Caumont : Statistique rnonum. du Calvados t. V, 1867, p. 58, et t. III, p. 134. Cours d'Antiquités monum., t. V, p 82 et 152 Atlas, pl. LXIV. Florance : Classement des camps, buttes et enceintes du Loir-et-Cher (Congrès préhist. de Fr. IIIe session, Autun, 1907, p. 603, fig.). R. Doranlo : Camps, Enceintes, Mottes et Fortifications antiques du Calvados (Bull. Soc. Antiq. de Norm., t. XXIX, p. 219 à 249) (Planche II).
    L. Coutil : 31e Rapport Comm. des Enc. (Bull. S. P. F., t. VI, 1909, p. 407, fig.). Inv. bibl. Comm. Enc. de Fr., (loc. cil., p. 154). " [5]

     

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)     « A 200 mètres de la Ferrière-sur-Risle, dominant le village, la grande enceinte du château, qui dépend de la commune de Sébécourt, a, d'après le plan de M. Louis Coutil la forme très irrégulière, quoique nullement commandée par le terrain, d'une ellipse appointée, à grand axe N.-S. de 120 mètres et petit axe de 70, flanquée à l'E. d'un second petit ovale, non moins irrégulier, de 45 mètres de grand axe. Aussi bien son intérieur cultivé, que tous les champs d'alentour, jusqu'à une butte avec fossé, détachée en avant-poste au N.-O., au-dessus de la Risle, est couvert de laitier d'anciennes forges, en quantité si immense, que cela a donné lieu, depuis 5 ou 6 ans, à une réexploitation considérable. Combien ne serait-il pas intéressant de pouvoir faire des sections dans la butte ou dans les remparts, pour savoir s'ils sont superposés ou antérieurs à l'extraction du fer ! » [2]

     

    Ci-dessus, plan extrait de l'article Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure par le Dr Doranlo in le Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22#

     

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)     « Avant d'arriver à La Ferrière-sur-Risle, un petit sentier conduit, à droite, à une ancienne enceinte dont l'origine est discutée. Aussi avons-nous demandé à M. le Dr Doranlo, membre de l'Association Normande, spécialiste de ces questions, de nous donner son avis. Voici la note qu'il a bien voulu nous adresser et dont nous le remercions vivement :
         Le camp de Sébécourt est une vaste enceinte de 120 m. sur 70 m environ, vaguement quadrilatère, plutôt ovale, assise sur un terrain rempli de masse de laitier de fer, dont les remparts, boisés et ceints de profonds fossés, laissent à l'ouest une entrée qu'utilise un petit chemin qui la traverse pour en ressortir au N.-E. Non loin de cette sortie, une seconde enceinte, accolée à l'ouvrage principal, de forme ovalaire, mesure environ 45 m. sur 40. Conique, entourée de fossés plus profonds que les premiers, elle peut être considérée comme la motte d'un château primitif dont l'ouvrage principal serait le « baile ou basse cour ». Naturellement, elle a un fossé commun avec cette dernière et ne pouvait être franchie qu'à l'aide d'un pont-levis ; c'est la configuration classique de ces sortes d'enceintes militaires. Les amas de laitier trouvés sur le terrain, indiquent une industrie métallurgique ancienne, peut-être d'époque gauloise ou romaine. Mais c'est encore à démontrer, car, dans un acte de 1136, La Ferrière-sur-Risle est désignée sous le nom de
    Novæ Ferrariæ.
         En tous les cas, l'ouvrage fortifié n'a rien d'un camp gaulois (éperon barré) ou d'un camp romain. Son nom « le Château « et la petite motte accessoire, appelée « le Button », isolée de la forteresse et qu'on trouve à quelques cent mètres au N.-O. vers la Risle, me paraissent confirmer cette interprétation. Il est possible, d'ailleurs, que le château n'ait jamais été maçonné et que les remparts de terre n'aient eu d'autres défenses que des palissades et un donjon de charpente, comme la plupart des châteaux du temps des invasions normandes. Il ne me parait pas qu'on puisse, en l'état actuel de ce qu'on en connaît, reculer plus loin ses origines. »
    [3]

     

    Plan ci-dessus extrait de Annuaire des cinq départements de la Normandie , publié par l'Association normande. Congrès de Conches, 1939 ; Auteur : Association normande pour les progrès de l'agriculture, de l'industrie, des sciences et des arts. Congrès (103 ; 1939-07-19 / 1939-07-23 ; Conches) Éditeur : impr. de Colas (Bayeux) ; Date d'édition : 1940-1941.

     

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)     « Depuis 1971, des fouilles ont été entreprises par le Centre de Recherches Archéologiques Médiévales de l'Université de Caen ayant pour objet un vaste ensemble fortifié d'ouvrages de terre situé au sommet d'un coteau boisé dominant la vallée de la Risle à environ 500 mètres à l'est du village de La Ferrière-sur-Risle. Ces fortifications se trouvent en grande partie sur le territoire de la commune de Sébécourt, mais le centre de ce dernier village et notamment l'église sont éloignés de plus de trois kilomètres et séparés de notre site par des bois qui bordent la vallée de la Risle couvrant les coteaux et le rebord plateau voisin. Formant aujourd'hui un massif forestier isolé, ces bois jadis partie d'un ensemble plus vaste comprenant les forêts de Conches et de Breteuil au sud-est et celle de Beaumont-le-Roger au nord-ouest.

     

    Plan ci-dessus extrait de ce même document.

     

    LES REMPARTS DE SEBECOURT (Eure)

     

     Ci-dessus, plan de situation extrait de ce même document.

     

         Au cadastre ancien de Sébécourt, les parcelles du site sont simplement appelées « Les Côtes de La Ferrières », mais cette dénomination déborde largement le périmètre de l'ensemble fortifié. Il faut cependant tenir compte ici de la tradition orale du pays qui conserve le nom de « château », ou de « vieux château » aux fortifications dont il va être question. Auguste Le Prévost fait, d'autre part, état d'une tradition rapportant qu'il a existé, sur la côte dominant La Ferrière-sur-Risle, « une haute ville ».

     

         Trois ouvrages de terre composent cet ensemble fortifié :

     

         1) Un énorme tertre artificiel, ressemblant grossièrement à une motte, s'élève juste sur le rebord du plateau où s'ètendent les premiers éléments de la forêt de Conches. Un fossé encore profond de 9 à 10 métres par rapport à la surface intérieure ceinture cet ouvrage. Au sommet, la plate-forme, de plan ovalaire, mesure 60 mètres du nord au sud et 50 m d'est en ouest.

     

         2) Jouxtant l'ouvrage précédent qui apparaît même à l'observateur superficiel, comme la partie principale de cet ouvrage fortifié, s'étend vers l'ouest, sur les premières pentes du coteau dominant la Risle, une vaste enceinte délimitée par un gros rempart de terre, lui-même entouré d'un fossé. Cette enceinte, dont le plan est lui aussi vaguement de forme ovale, mesure environ 100 mètres du nord au sud et 811 mètres d'est en ouest. Elle peut être considérée comme la basse-cour de l'ouvrage principal. Les fossés des deux fortifications communiquent entre eux. montrant clairement qu'il s'agit là d'un ensemble cohérent qui se rattache en effet à un type bien connu, celui qui se compose d'un ouvrage principal qui peut être, soit une motte, soit une enceinte circulaire, et d'une basse-cour plus ou moins vaste qui est liée organiquement au premier ouvrage. A Sébécourt, le niveau intérieur de la basse-cour est très nettement inférieur à celui de l'ouvrage principal. Cela tient à la surélévation artificielle de cet ouvrage principal et également au fait que la basse-cour occupe les premières pentes d'un coteau, ou plus exactement qu'elle se trouve logée dans l'amorce d'un petit vallon sec descendant vers la Risle.

     

         Le rempart de la basse-cour est interrompu au nord par une large échan­crure dont la fouille a montré qu'il ne pouvait pas s'agir d'une porte primitive. L'accès actuel de la basse-cour se fait à l'ouest, par une autre échancrure du rempart située en face du débouché d'un chemin en cavée qui monte de La Ferrière par le petit vallon sec. On peut supposer que ce passage représente l'entrée de la fortification au moment de son utilisation. Le chemin creux est probablement l'ancienne route de Conches qui, devant la basse-cour, bifurque vers le sud pour rejoindre la route départementale en direction de celte ville.

     

         A partir de la bifurcation, un autre chemin pénètre dans la basse-cour, la traverse en diagonale et permet de gagner. par les bois, les hameaux du Grand et du Petit Clos appartenant ia la commune de Sébécourt. Le tracé de ce chemin dans la basse-cour n'est certainement pas d'origine puisqu'il coupe le rempart et le fossé au nord-est.

     

         Les remparts et les fossés de ces deux ouvrages sont couverts d'un épais taillis sous futaie si bien que chaque partie de l'ensemble apparait comme une petite clairière, jadis cultivée, mais récemmentent convertie en herbage.

     

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    Photos ci-dessus extraites de ce même document.

     

         3) A 200 mètres environ de la basse-cour, en direction du nord-ouest, exactement à l'angle formé par les coteaux est de la vallée de la Risle et par le flanc nord du vallon sec, s'élève une motte tronçonique séparée du plateau par un fossé en arc de cercle. La situation topographique de cette motte en fait un site stratégique extraordinaire : on y commande la vallée de la Risle. en amont et en aval de La Ferrière, ainsi qu'une partie des plateaux avoisi­nants malgré les forêts. Malheureusement une maison a été construite, il y a une dizaine d'années, sur cette motte qui fut alors légèrement arasée.

     

         Cet ensemble fortifié n'était pas inconnu. Dès le 19ème siècle, il est mentionné dans les ouvrages concernant l'histoire locale, parfois il a même été assez longuement décrit.

     

         L'intérêt de recherches archéologiques sur ce site tient d'abord à l'importance et à la bonne conservation de l'ensemble fortifié. Celui-ci fait, de plus, très probablement partie du patrimoine de l'une des plus illustres familles normandes de l'époque ducale, les Tosny, qui avaient à Conches un de leurs principaux châteaux et qui possédaient, en outre, la forêt, couvrant, en grande partie, le plateau qui s'étend de Conches jusqu'à la vallée de la Risles. On pouvait donc espérer, en obtenant par les fouilles une datation aussi précise que possible, replacer la construrtion et l'utilisation de ces fortifications dans un contexte historique plausible.

     

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    Ci-dessus, photos extraites d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php

     

         Les Tosny sont seigneurs de La Ferrière jusqu'en 1201, date à laquelle ils sont supplantés par les Courtenay, cousins de Philippe Auguste. En 1250, l'héritage échoit aux d'Artois. Robert II et le fameux Robert III d'Artois seront seigneurs de Conches et de La Ferrière, puis, en 1343, la succession revient à Jean de France, enfin, en 1355, à Charles de Navarre qui devient coomte d'Evreux. Après la conquête de du Guesclin, les rois de France conservent dans leurs mains le comté d'Evreux, mais, en 1651, Louis XIV échange le comté d'Evreux, qui comprend notamment les vicomtés de Conches et de Beaumont­-le-Roger, contre Sedan et des terres situées dans les Ardennes avec Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon. Or, la terre où se trouvent les fortifications dont il est question ici était encore à la veille de la Révolution aux mains d'un la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon. Il semble donc que cette terre faisait partie d'un vaste ensemble domanial qui était en dernier lieu celui des la Tour d'Auvergne. mais qui pourrait bien être à l'origine celui des Tosny.

     

         Autre intérêt de la recherche sur ce site : les côtes de La Ferrière sont couvertes de masses considérables de scories de fer. On peut les observer sur plusieurs hectares au nord et à l'est de la fortification et leur épaisseur est fréquemment de plusieurs métres. Dans les bois environnants, on rencontre un grand nombre de trous et d'entonnoirs ; ces fosses sont les vestiges du travail d'extraction du fer. Le nom de La Ferrière suppose une exploitation ancienne du minerai. Celle-ci est certainement antérieure à la construction des fortifica­tions puisqu'on a trouvé des scories durs l'épaisseur du rempart et surtout dans la couche occupée avant l'érection de ces ouvrages, mais elle s'est poursuivie au moyen âge. aux temps modernes et même jusqu'au début du 20ème siècle.

     

         Des textes médiévaux temoignent de cette activité métallurgique à La Fer­rière. En 1085, Raoul Il de Tosny et sa femme Isabelle de Montfort-l'Amaury donnent à l'abbaye du Bec « Unam fabricam apud Ferrariam ». Cette donation est confirmée en 1209 dans une charte où Robert de Courtenay, nouveau seigneur de Conches et de La Ferrière, rend « reddidi » à l'abbaye du Bec « forgiam unam cum una masura apud Ferrarium », une forge avec une masure sises à La Ferrière comme celle qui avait été précédemment donnée aux religieux par Raoul de Tosny et Isabelle sa femme. La localisation indiquée par la charte est particulièrement intéressante pour nous : « sicut prius habuerant in veteri Ferraria ex dono Rodulfi de Toenio et Isabel uxoris suae. »

     

         La recherche historique trouve en effet ici un dernier intérêt. Au 12e et au 13e siècle, le village actuel de La Ferriére, situé au fond de la vallée, est désigné par plusieurs textes sous le nom de Novae Ferrariae. Cette dénomination paraît bien indiquer un établissement alors récent par rapport à un autre appelé, dans la charte de 1241, Vetus Ferraria, et l'hypothèse peut être suggérée d'un déplacement du village à partir d'un habitat primitif qui pourrait se trouver sur les hauteurs dominant la vallée, c'est-à-dire sur notre site, pour confirmer cette création plus tardive du village actuel de La Ferrière, on pourrait d'ailleurs invoquer le plan du village régulièrement disposé autour d'une place qui s'élargit jusqu'à l'église dont la tour, qui est la partie la plus ancienne, peut être datée du 13e siècle. Des textes du 12e au 14e siècle men­tionnent l'existence, aux Nouvelles Ferrières, de plusieurs moulins sur la Risle et d'un marché. II subsiste. au milieu de la place du village, partiellement conservées, des halles en bois qui pourraient remonter à la fin du moyen âge. (…)

     

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    Ci-dessus plans extraits du cadastre napoléonien de 1856.

     

         (...) En conclusion, après des fouilles encore très partielles de ce site, il parait assuré que la partie principale de la fortification est, à l'origine. une enceinte circulaire. Le remblai intérieur est une étape secondaire dans la construction du tertre artificiel que l'on voit aujourd'hui à Sébécourt. C'est à la lin du13e siécle ou au début du 14ème siècle que ce travail a été accompli. A partir de cette époque, l'ouvrage ne semble plus avoir de destination militaire puisqu'on construit, au bord de l'enceinte, un grand bâtiment dont les murs et la toiture étaient exposés à la vue et aux coups d'assaillants éventuels.

     

         L'occupation de la couche intérieure au rempart de la basse-cour est plus difficile à situer dans le temps. On a noté que les découvertes caractéristiques de cette couche, monnaies et céramique, font elles-mêmes difficulté. Cependant l'étude des monnaies semble orienter vers le dernier tiers du 11e siècle. Cette couche d'occupation primitive du site est contemporaine de l'établissement industriel du fer dont les abondantes scories montrent la présence sans que la fouille ait permis, jusqu'ici, de découvrir les éléments essentiels, notamment les bas fourneaux. Si la datation de cette couche était confirmée, on aurait du même coup la possibilité de préciser dans le temps la construction du bâtiment de pierre que nous pensons être une église et l'érection du rempart de la basse-cour. De plus, la cohérence du plan de l'ensemble fortifié, enceinte circulaire et basse-cour, permettrait sans doute d'attribuer la date obtenue pour l'une des parties à la totalité de la fortification. Il semble donc que la construction de ce grand ouvrage de terre doive se placer à la fin du 11ème siécle ou au début du 12ème siècle.

     

         Ainsi l'enceinte de Sébécourt aurait été élevée, à cette époque, probablement sur l'ordre des Tosny. Pour quelle raison a-t-on édifié ce vaste ensemble fortifié au-dessus du village qui se développait dans la vallée ? II semble bien qu'au moment de la construction, les forges étaient, au moins en partie. descendues, dans la vallée. S'agissait-il de protéger le nouveau village industriel ? De procurer un abri aux habitants, en cas de besoin ? La région fut troublée au début du 12ème siécle. Orderic Vital fait allusion à un combat qui s'est déroulé en 1136 devant les Nouvelles Ferriéres (…) Malgré le raractére énigmatique de ce texte et les difficultés d'interprétation qu'il pose, il est possible de placer la construction et l'utilisation de la fortification de Sébécourt-La Ferrière-sur-Risle dans le contexte troublé de la fin du 11ème siécle ou du début du 12e siècle. Joseph Decaëns » [4] 

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de L. COUTIL: 310 Rapport Comm. des Enc. (Bull. S. P. F., t. VI, 1909, p. 407, fig.). Inv. bibl. Comm. Enc. de Fr., (loc. cil., p. 154). » dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie ; Éditeurs : Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument / Société des Antiquaires de Normandie (Caen), 1919.

    [2] Extrait du Bulletin de la Société préhistorique de France ; Auteur : Société préhistorique française ; Éditeur : Institut de bibliographie (Paris)/Société préhistorique de France (Paris) ; Date d'édition : 1909-01-28

    [3] Extrait de l'Annuaire des cinq départements de la Normandie, publié par l'Association normande. Congrès de Conches, 1939 ; Auteur : Association normande pour les progrès de l'agriculture, de l'industrie, des sciences et des arts. Congrès (103 ; 1939-07-19 / 1939-07-23 ; Conches) ; Éditeur : impr. de Colas (Bayeux) ; Date d'édition : 1940-1941.

    [4] Extrait de Decaëns (J.), « L’enceinte fortifiée de Sébécourt (Eure) », Château Gaillard, VII, Caen, 1975, pp. 49 65. https://books.google.fr/books?id=GLybrrJzslEC&pg=PA51&lpg=PA51&dq=motte+de+S%C3%A9b%C3%A9court&source=bl&ots=cKEr4xB6hZ&sig=QBA8ax8bTnq9uVT-IyoL43O4wpk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjsyoiy27bYAhUM8RQKHXFVB64Q6AEINjAB#v=onepage&q=motte%20de%20S%C3%A9b%C3%A9court&f=true

    [5] Extrait de l'article " Camps, enceinte, mottes et fortifications antiques du département de l'Eure " par le Dr Doranlo in le Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie – Éditeurs Derache (Paris) / Didron (Caen) / Hardel (Rouen) / Le Brument () 1919 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200034x/f147.item.r=%22ferme%20de%20Cantepie%22# 

     

    Bonnes pages :

     

         Le compte-rendu des fouilles effectuées par Joseph Decaëns est développé dans : DECAËNS (J.), « L’enceinte fortifiée de Sébécourt (Eure) », Château Gaillard, VII, Caen, 1975, pp. 49 65.https://books.google.fr/books?id=GLybrrJzslEC&pg=PA51&lpg=PA51&dq=motte+de+S%C3%A9b%C3%A9court&source=bl&ots=cKEr4xB6hZ&sig=QBA8ax8bTnq9uVT-IyoL43O4wpk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjsyoiy27bYAhUM8RQKHXFVB64Q6AEINjAB#v=onepage&q=motte%20de%20S%C3%A9b%C3%A9court&f=true

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  • Commentaires

    1
    Jeremie
    Jeudi 4 Mars 2021 à 13:01
    Je suis passé à cet endroit hier avec mes enfants ! Et j’habite à Grosley, Les deux sites historiques sont vraiment intéressant et merci pour toutes ces précisions !
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