• LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)

    LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)     On trouve à Saint-Martin-le-Gaillard les ruines d'un château possédé au 15e siècle par Jean de Béthencourt, aventurier normand conquérant des Canaries, qui fut seigneur de Saint-Martin-le-Gaillard. [NdB]

     

     

     

    Ci-dessus, une photo extraite de https://chateau-de-bellencombre.com/chateaux-forts-du-talou/

     

         " Le nom de la localité est attesté sous la forme Sancto Martino en 1050, Sanctum Martinum et Sancto Martino Jaillardo en 1059, Goiffrido de Sancto Martino au début du 12e siècle, Gaulterio de Sancto Martino en 1101, Gaufrido de Sancto Martino en 1107, Ecclesie Sancti Martini le Gueslart vers 1240, Ecclesia Beate Marie de Sancto Martino le Gaillart en 1283, Sanctus Martinus le Gaillart en 1337, Saint Martin le Gaillart en 1338 et en 1431, Saint Martin le Gaillard en 1362, Val-Gaillard en 1789, Saint Martin le Gaillard en 1793, Saint-Martin-Gaillard en 1801.

         Le nom de Saint-Martin désigne Martin de Tours (mort en 397).

         Le déterminant tire son nom d'une famille Gaillard ou Jaillard, citée en ce lieu dès le 11e siècle, de jaille, terme régional qui signifie « endroit bourbeux, marécageux » et a désigné un domaine a l'abord boueux ou marécageux, nom caractéristique d'un lieu devenu patronyme. (...)

         Jean de Béthencourt, 1360-1425, explorateur et conquérant français y possédait un château (où il serait né) qui fut détruit par les Anglais durant la guerre de Cent Ans. En retour, ces derniers furent brûlés dans l'église même du village, plus exactement dans le chœur de celle-ci, lui donnant la particularité d'avoir une partie datant du 13e siècle et une autre du 17e siècle. " [1] 

     

         " Depuis un demi-siècle, on était en pleines guerres en Normandie, guerres civiles et guerres contre l'étranger, guerres de partisans et guerres nationales : c'était le temps de Charles d'Evreux, le roi de Navarre, et de la guerre contre les Anglais, bientôt celui des luttes entre Armagnacs et Bourguignons, et le pays normand était trop souvent
    le champ des hostilités. J'observe que les forteresses ne se bâtissaient plus sur les hauteurs escarpées, mais de préférence au fond des vallées : faut-il croire que l'artillerie à feu, apparue à Crécy, avait introduit une tactique nouvelle. En effet, entourés d'étangs, bâtis sur les rivières, ces châteaux pouvaient, grâce au tir des nouveaux engins, barrer les vallées, interdire le passage à l'ennemi, l'arrêter et offrir des refuges aux habitants. C'est le temps où l'on voit surgir, ou se renouveler, aux environs de Dieppe, les petites forteresses de Dénestanville, du Mesnil-Haquet ou Charlemesnil, de Torcy, de
    Saint-Martin-le-Gaillard, de Brachy, de Laramerville, d'autres encore, toutes au pied des coteaux. "
    [2]

     

     

    Plan de situation de la motte de Saint-Martin-le-Gaillard ; blason de la famille Vautier de Saint-Martin-le-Gaillard http://daniel.derigal.free.fr/Oxygene%202014/Armoiries%20de%20Saint%20Martin%20le%20Gaillard.jpg

     

    LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)     " Regnault de Fontaines avait défendu en 1419, contre les Anglais la forteresse de Saint-Martin-le-Gaillard, située dans la vallée de l'Yères, en aval de Villey-le-Bas, au-dessus de Criel, avec Carados des Quesnes, qui, tous deux, avaient toujours été du parti du Dauphin. (...)

         Du château de Saint-Martin-le-Gaillard illustré par Regnault de Fontaines, il ne reste de nos jours qu'une motte informe, au milieu d'un herbage situé au Sud de la remarquable église de ce village, sur la droite de la route qui conduit, par la rive gauche de l'Yères, de Saint-Martin à Cuverville. Des bases de murailles tracent une ligne droite à fleur de sol parallèlement au cours de la rivière, avec les vestiges d'une levée de terre à une distance qui pourrait représenter la largeur des anciens fossés. Des pommiers sont plantés sur cette butte et ses flancs escarpés en interdisent l'escalade aux bovidés qui tondent le pâturage voisin. " [3] 

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         Le comté d'Eu renfermait douze baronnies : Sauchay, Grandcourt, Déville, Le Besle, Fréauville, Saint-Martin le Gaillard, Le Fresne, Ecotigny, Bosc-Geffroy, Mainières, Longroy et Cuverville. [NdB]

     

         Jean IV de Béthencourt, gentilhomme normand, né vers 1350, mort en 1425, fut chambellan de Charles VI et baron de Saint-Martin le Gaillard, dans le comté d'Eu.

     

    LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Vautier de Saint-Martin-le-Gaillard http://daniel.derigal.free.fr/Oxygene%202014/Armoiries%20de%20Saint%20Martin%20le%20Gaillard.jpg ; au centre, blason d'Isabelle de Saint-Martin-le-Gaillard ? extrait de https://gw.geneanet.org/grillons64?n=de+saint+martin+le+gaillard&oc=&p=isabelle ; à droite, blason de la famille de Béthencourt par Groteddy — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3737007

     

         Son arrière grand père, Jean Vautier (1250-1340), baron de Saint-Martin-le-Gaillard, avait eu de son épouse Isabeau d'Harcourt (1265-1340) une fille Isabelle de Saint-Martin le Gaillard (1310-1358) qui épouse Jean II de Béthencourt (1310-1358), chevalier seigneur de Saint Vincent du Rouvray, Bethencourt et de Grainville la Teinturière. De leur union, naquit Jean III de Béthencourt, seigneur de Béthencourt-sur-Mer, de Saint-Vincent-de-Rouvray et de Grainville-la-Teinturière et baron de Saint-Martin-le-Gaillard, chambellan-majeur du duc de Bourgogne, né en 1335 et tué lors de la bataille de Cocherel en 1364. Marié à Marie de Bracquemont, tante de Robert de Bracquemont, amiral de France, ils sont les parents de Jean IV de Béthencourt.

         Ce Jean de Béthencourt est un explorateur qui mena en 1402 une expédition aux îles Canaries, débarquant à Lanzarote puis conquérant les îles de Fuerteventura (1405) et de Hierro. Béthencourt reçut le titre de seigneur des îles Canaries mais il reconnut comme son suzerain le roi de Castille. [NdB]

     

         " Jean de Béthencourt, gentilhomme normand, est né dans les environs de Dieppe.
         La terre de Béthencourt, dont il porte le nom, est située dans la commune de Sigy, près de Neufchâtel. Béthencourt était en outre seigneur de Grainville-la-Teinturière, de Saint-Saire, de Lincourt, de Riville, du Grand-Quesnay, de Huqueleu, etc, et baron de Saint-Martin-le-Gaillard.
         L'opinion la plus répandue est qu'il est né à Saint-Martin-le-Gaillard, où il avait un château-fort «
    qui fut pris et repris diverses fois ès-guerres entre François et Anglois, comme le rapporte Monstrelet, qui parle du dernier siège et ruine d'iceluy, en 1419. » [4] 

     

         " Jean III de Bethencourt avait hérité de la baronnie de Saint-Martin-le-Gaillard de par sa grand-mère Isabeau de Saint-Martin, dit un auteur, qui en estoit dame, côme il appert par un titre de l’an 1363. Cette maison de Saint-Martin tirait son origine du chevalier Gaultier de Saint-Martin, frère de Guillaume II Martel, et fils de Guillaume Ier Martel, sire de Bacqueville ; ils descendaient, par les femmes, d’un frère de la duchesse Gonnor. Saint-Martin-le-Gaillard est situé dans le canton d’Eu. Sa baronnie relevait des comtes d’Eu ; il y existait un chasteau fort, qui fut pris et repris diverses fois entre François et Anglois, comme le rapporte Monstrelet, qui parle du dernier siege et ruine d’icciuy en 1419 (Voir les Chroniques de Monstrelet, tome 1er, page 209.) " [5] 

     

    Chroniques de Monstrelet, 15e siècle :


    LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)     " Et tôt après fut assise des dits Anglois la forteresse de Saint-Martin-le-Gaillard, dedans laquelle étoit Regnaut de Fontaines, messire Karados de Quesnes, avecque aucuns autres qui avoient toujours tenu la partie du dauphin et du duc d'Orléans.
         Auquel lieu des dits assiégeants étoit capitaine un vaillant homme nommé messire Philippe Le Lis ; mais de la dite forteresse, nonobstant le siège, se partit secrètement par nuit le dit messire de Karados, et alla à Compiègne devers le seigneur de Gamache, qui pour ce temps en étoit capitaine. Auquel il requit très instamment qu'il voulsit assembler gens pour lever le siège dessus dit.
         Le quel sire de Gamache, au plus bref qu'il put, fit très grosse assemblée, et manda Antoine et Hue de Beaussaut, frères, et moult d'autres gentilshommes tenant la partie du dauphin, et aussi plusieurs tenant la partie de Bourgogne : tant qu'en tout assembla bien seize cents combattants ou environ, atout lesquels il chevaucha en tirant au lieu dessus dit ; et vint vers soleil levant au-dessus de ladite forteresse ; et là mit ses gens en ordonnance, et commit quatre cents combattants pour aller devant gagner les barrières qu'avoient faites les dits Anglois.
    Auxquelles barrières furent trouvés environ soixante Anglois gardant icelles, lesquels très âprement se défendirent et gardèrent le pas ; mais enfin ils furent déconfits et tous mis à mort, excepté aucuns qui se sauvèrent par fuite. Et adonc le dit sire de Gamache, suivant ses gens assez roidement, entra en la ville, où les dits Anglois étoient logés ; mais la plus grand'partie étoient déjà retraits en une grand'église qui étoit en la ville, atout leurs chevaux, et là très fort se défendirent. Et en conclusion, pource que les dessus dits Anglois pouvoient avoir bref secours de leurs gens qui étoient sur les marches, le dessus dit sire de Gamache fit bouter le feu dedans la forteresse, et emmena sauvement ceux qui étoient dedans. Et furent à cette besogne faits nouveaux chevaliers Antoine de Beaussaut, Gilles de Rouvroy et aucuns autres. "
    [6]  

     

    Ci-dessus, une photo aérienne prise depuis le nord extraite du site Google Earth.

     

         " Item, en ce temps les Englez tindrent siège devant Saint-Martin-le-Gallart, et estoit dedans Rigaut de Fontaynes ; mais le sire de Gimriches (Gamaches), qui estoit au Dauffin, vaillant chevallier de son corps, assembla foison de gens et alla lever le siège. Et y eut des Englez tuez à foison, et les aultres se retrairent dedens l'église de la ville : et estoit leur chief ung chevallier nommé messire Phelipe Liz,
    qui mout estoit vaillant. " [7]  

     

    LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE SAINT-MARTIN-LE-GAILLARD (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus, deux photos extraites du site Google Earth.

     

         " Pendant que Jean de Béthencourt accomplissait le dessein de Sertorius traqué par le lieutenant de Sylla, les Anglais ravageaient la Normandie et mirent enfin le siège devant la forteresse de Saint-Martin le Gaillard. Le passage du chapitre CCXXVIII de Monstrelet est un curieux document à consulter (voir ci-avant). Le chroniqueur contemporain y raconte tout au long l'histoire de ce siège : son récit est clair, la forteresse a été brûlée ; mais il ne dit pas que le feu ait été mis à la « grand' église » par Regnaut de Fontaine. Cependant, sur la foi de traditions recueillies beaucoup plus tard, des antiquaires normands, auxquels la science doit d'ailleurs d'utiles recherches, ont écrit que l'église avait été brûlée par Regnaut de Fontaine, avec deux cents Anglais, dit l'un, et sept cents selon d'autres, qui s'y étaient réfugiés, et que l'opposition de style qui divise l'édifice viendrait de la nécessité où l'on se trouva de le rebâtir en partie. Il n'est guère vraisemblable que Monstrelet, enfant d'un siècle religieux jusqu'à la superstition, après avoir fait mention de l'incendie de la forteresse, ait oublié, s'il a eu lieu, un événement aussi marquant que l'autodafé de centaines d'Anglais, consumés par les flammes avec le sanctuaire qui leur servait de lieu de refuge.
         Toutefois l'église dut souffrir et de la défense de ces Anglais et de l'attaque des Français, parmi lesquels on est surpris de ne pas trouver le baron de Saint-Martin-le-Gaillard, car ceci se passait au mois d'août 1419, et Jean de Béthencourt était de retour en France depuis 1406, jouissant de prérogatives royales sur les Canaries, où il avait laissé son neveu Maciot de Béthencourt, avec ses instructions pour les gouverner. Il semble que le seigneur devait être à la tête des défenseurs de son domaine. Mais, à cette époque, le baron de Saint-Martin-le-Gaillard était retenu à la cour par ses fonctions de chambellan de Charles VI, ou peut-être déjà par la maladie ou les infirmités dont il mourut, en 1425,
    dans son château de Grainville la Teinturière, d'autres disent la Tuerie. "
     [8] 

     

    A proximité :

     

     

         Eglise Notre-Dame de Saint-Martin-le-Gaillard : " intéressante église des 12e, 13e et 16e siècle (la face Ouest, a été refaite de nos jours ; à l'intérieur, piliers sculptés, clefs de voûte, fonts baptismaux du 16e siècle ; clocher de 1599). " [9] 

         Classement par arrêté du 17 novembre 1921.

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait du Bulletin de la Société de l'histoire de Normandie – Éditeur A. Lestringant (Rouen) 1925 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5500651k/f158.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [3] Extrait de Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie – Editeurs : (Amiens) / A. Caron (Amiens) / Duval et Herment (Amiens) / Duval et Herment (Amiens) / J.-B. Dumoulin (Paris) / J.-B. Dumoulin (Paris) / A. Chossonery (Paris) / A. Chossonery (Paris) / A. Picard (Paris) 1941 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65659882/f179.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [4] Extrait de l'Histoire de la ville de Dieppe depuis son origine jusqu'à nos jours par Alexandre Bouteiller (1833-18..?) Éditeur (Dieppe) 1878 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1416712/f88.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [5] Extrait de la Description géographique, historique, monumentale et statistique des arrondissements du Havre, Yvetot et Neufchatel suivie de l'histoire communale des environs de Dieppe. Partie 2 par Auguste Guilmeth – Éditeur (Paris) 1838 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32154238/f348.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [6] Extrait de la Chroniques de Monstrelet (France, Angleterre, Bourgogne) : 1400-1444 / avec notice biographique et littéraire par J.-A.-C. Buchon – Auteur : Enguerrand de Monstrelet, (1390?-1453) – Éditeur : H. Herluison (Orléans) 1875 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6293002x/f473.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [7] Extrait des Mémoires de Pierre de Fenin : comprenant le récit des événements qui se sont passés en France et en Bourgogne sous les règnes de Charles VI et Charles VII (1407-1427) (Nouvelle édition, publiée d'après un manuscrit, en partie inédit, de la Bibliothèque royale) par Pierre de Fénin (13..-1433?), auteur du texte – Éditeur (Paris) 1837. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65494777/f162.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [8] Extrait de la Revue des beaux-arts : Tribune des artistes : fondée et publiée sous les auspices de la Société libre des beaux-arts (Paris). Éditeur (Paris) 1854 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6276560g/f96.item.r=%22Saint-Martin%20le%20Gaillard%22.texteImage

    [9] Extrait de (Source: Criel-sur-Mer en images, Criel-sur-Mer Notice Géographie et Historique J. VACANDARD) http://criel.canalblog.com/archives/2012/12/08/28592137.html

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