• LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche) LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche) LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)

     

    A gauche photo par Gilloudifs ; au centre carte postale ; à droite : ruines du château en 1825 par Atlas, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11474570

     

          « Le mont Castre culmine à 122 mètres et domine l'isthme de Lessay. Il possède des vestiges d'un ancien camp romain qui lui a valu son nom de « camp de César ». Trois légions romaines menées par Titurius Sabinus, lieutenant de Jules César, envahissent le Cotentin à l’été de l’an 56 av. J.-C. Les Unelles, sous la conduite de Viridovix, résistent vigoureusement, mais sont défaits autour du mont Castre. » [2]

     

         « Lithaire possède plusieurs endroits agréables pour la promenade. Son ancienne carrière de grès armoricain, qui a été transformée en plan d'eau avec des activités nautiques, mais aussi des jeux pour les enfants et une aire de pique-nique.(...) En poursuivant la balade, on peut découvrir un mégalithe, une allée couverte, les ruines d'une église du 11e siècle... » [3] et les vestiges du vieux château (14e ).

     

         « Le vieux château », qui domine la colline et qui serait une vigie romaine, à l'origine, qui aurait été transformée en château au Moyen Age d'où son nom. Il est situé au milieu d'un très grand nombre de rochers importants qui sont classés. »

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)  LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)

     

    Plan du site du " Vieux Château " de Lithaire ; à gauche, blason de la famille d'Aubigny Arundel par Sodacan Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape. — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10964085

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)      « Ce qui vous impressionne vivement lors qu'on est sur l'esplanade et assis près des ruines du vieux château de Lithaire, c'est le demi-horizon, si vaste, si grandiose qui s'offre à vous dans un rayon de plusieurs lieues. Vos regards embrassent, à l'occident, la mer que sillonnent de nombreux bâtiments et du milieu de laquelle apparaît l'île anglaise de Jersey ; au nord et vers l'orient, ils se reposent sur des prairies, des bois, des villages et de nombreuses églises placées ça et là, dont les clochers qui s'élèvent-vers le ciel, semblent rappeler au voyageur que le grand spectacle qu'il admire n'est pas de ceux qu'il soit donné à l'homme de créer. (...)

         Quoi qu'il en soit, le château de Lithaire est assis à la pointe d'un rocher de grès quartzeux escarpé et abrupte. Cette éminence fait suite à la chaîne de rochers qui sont dans le bois voisin de Montcastre. Comme site et comme aspect, rien de plus curieux que ce mamelon rocheux sur lequel règne la belle ruine du château de Lithaire. L'élévation du point où il est établi permettait de dominer la campagne, d'observer les mouvements de l'ennemi, et de l'empêcher de se dérober à la vue de ceux qu'il voulait attaquer. (...)

         « Je trouvai, près des ruines, un petit pâtre gardant son troupeau ; je l'interrogeai sur ce que l'on disait du château dans le pays. J'eus beaucoup de peine a en obtenir ces quelques mots :

         En dit qu'il a été bali pa l'zanglais et q'c'tait avant qu'en ne batil l'église qu'est ilà près.

         Je récompensai cette érudition avec quelques pièces de monnaie, et aussitôt mon interlocuteur devenu plus communicatif consentit même, à m'aider à mesurer la hauteur et l'épaisseur des murs du château. (...) [1]

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)  LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche) LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)

     

         « Le château : témoin d’une histoire normande :

         Surplombants la colline, d’imposants vestiges de fortifications se dressent au sommet d’un escarpement, offrant une vue plongeante sur la vallée de la Senelle… et le nouveau Lithaire. Ce sont ceux du « vieux château » comme le surnomment affectueusement les habitants de la commune.

         Ici encore l’histoire semble se télescoper dans la roche. La date à laquelle ce château fut construit est, à ce jour, inconnue. L’existence de fossés tout autour du site et son appartenance à une puissante baronnie au 11e siècle, suggèrent qu’il s’agissait d’une place forte sous le règne de Guillaume le conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre.

         Son architecture austère, comme sa situation géographique, semble indiquer que le château fut bâti sur une structure encore plus ancienne, sûrement une tour de guet datant de l’époque romaine. Lors de l’annexion de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste en 1204, le château fut confisqué avant d’être démantelé. Destitué de ses fonctions militaires et résidentielles, il servit de refuge aux paysans de la région pendant la guerre de Cent Ans. » [4] 

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     « Établi au sommet d’un escarpement, il domine au nord la vallée de la Senelle et vers l’ouest la vue (par beau temps) s’étend jusqu’à la mer. Le village doit peut-être son nom à cette situation puisque le toponyme Lithaire pourrait provenir de lit-hou signifiant belle-vue en danois. Renault dans la Revue Monumentale et Historique de la Manche décrit le château comme une tour d’environ 14 m ce côté possédant des murs de 5 m d’épaisseur. La situation géographique et la sobriété de cette construction laissent penser qu’il s’agit d’un point de défense ou d’une tour de guet (supposée romaine au 18e siècle). L’existence de fossés au sud du site, de l'emprise d’une chapelle et d’un seigneur de Lithaire, compagnon du duc Guillaume en 1066, suggèrent la présence possible d’un château-fort à cet emplacement. » [5] 

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     « ... Est-ce un château du Moyen âge, n'est-ce pas plutôt le travail des Romains ? Voilà deux questions que j'ai entendu faire depuis mon enfance ; et je ne sache pas qu'on y ait jamais donné une réponse satisfaisante. (...)

         En voyant la simplicité et l'uniformité de sa construction, ses murs droits sans accessoires, sans créneaux, sans mâchicoulis, sans corbeaux, sans toiture, sans saillie, tellement unis au sommet qu'on s'y promène facilement, mais sans parapets, d'une hauteur au dessous de la moyenne, mais d'une grande épaisseur, il est difficile de croire qu'il ait jamais pu exister une garnison entre quatre murs très-rapprochés ; mais en voyant vers le midi deux portes ouvertes dans un mur assez épais, pour qu'on y ait pu pratiquer une espèce de galerie couverte, il est difficile de ne pas croire qu'on a eu l'intention d'y placer des factionnaires ou des excubiatores en petit nombre, dont la consigne était de voir venir, mais non d'attendre l'ennemi, ce qui s'accorderait assez avec l'idée de corps-de-garde que l'on a aux environs du château de Lithaire. (…) Cependant je pencherais pour une origine romaine, et le voisinage du Mont Castre, dont la montagne de Lithaire est pour ainsi dire un poste avancé, me confirme dans cette idée. (...)

         L'enceinte du château forme un carré long. Sa longueur extérieure du nord au sud est de cinquante pieds, sa dimension intérieure du même côté est de vingt-huit, ce qui donne vingt-deux pieds pour l'épaisseur des murs. L'autre côté Est et Ouest a vingt-cinq pieds dans œuvre et quarante six extérieurement.

         Le mur septentrional a été démoli par Philippe Auguste, à ce qu'on croit : il en reste des masses de maçonnerie qui ont roulé jusqu'au pied de la montagne, car elle est très escarpée de ce côté ; d'autres sont restées en chemin.

         Le mur méridional est entier, il a douze pieds d'épaisseur. Deux ouvertures ou portes à plein cintre sont au milieu de ce mur. De ce côté, la montagne est encore très-escarpée, mais la descente est moins longue. Près de celle de ces portes qui est le plus au levant, on avait pratiqué dans l'épaisseur du mur un petit espace voûté, où les sentinelles pouvaient être à l'abri, et pourtant surveiller tout ce qui se passait au sud du château ; leur surveillance pouvait de ce côté s'étendre sur la mer entre Coutances et Portbail.

         La hauteur des murs était d'environ vingt-cinq pieds ; il n'y a ni aux encoignures, ni aux portes, aucune pierre de taille. Tout est d'un grès quartzeux très-rude, qu'on trouve en abondance sur le lieu, et de la même nature que les rochers dont le sommet du mont est hérissé.

         Aucunes fondations ne se retrouvent hors du bâtiment dont je viens de parler. Vers le Sud Ouest on y a ajouté au pied de la montagne une enceinte en forme d'arc : ces travaux sont postérieurs, et je crois du moyen âge. Dans cette nouvelle enceinte il y avait jadis une chapelle dédiée à Saint Étienne. De tous les autres côtés on pouvait sans obstacle parvenir au pied des murs du château. (...)

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     Il est incontestable qu'un seigneur de Lithaire suivit le duc Guillaume à la conquête de l'Angleterre ; il est indiqué sur presque toutes les listes de cette expédition (Chronique de Normandie, chez le Mégissier. Masseville, Wace , roman de Rou). On trouve aussi qu'après la conquête des concessions furent faites en Angleterre, à des seigneurs du nom de Litheare, ce qui est évidemment le même nom, car on l'écrit de la même manière dans le registre des fiefs de Philippe Auguste. (...)

         Quoiqu'il en soit, il fut bien certainement confisqué par ce roi ; il n'est pas moins certain que la châtellenie de Lithaire était considérable. (...)

         J'avais pensé d'abord que la confiscation et la démolition du château en avaient occasionné la destruction absolue ; mais je vois que dans le siècle suivant on y faisait encore le service militaire en temps de guerre. (...)

         Il y avait autrefois à Lithaire le siège d'une vicomté, qui fut transféré d'abord à Lessay, puis réuni au bailliage de Périers.

         Le comte d'Arundel, de la famille d'Aubigny, était possesseur du château de Lithaire à l'époque de sa confiscation. Sa mémoire est encore abhorrée dans la paroisse ; on fait sur sa cruauté les histoires les plus incroyables, et auxquelles on n'eût probablement jamais pensé, si son parti avait été victorieux. Vae victis !

         Au moment de la révolution, le domaine de la couronne ne possédait plus à Lithaire que l'emplacement du château ; une ferme considérable et qui en dépendait autrefois, avait été donnée aux Templiers. (…) Je trouve dans des titres du 16e siècle, que les Berceur avaient la seigneurie de Lithaire en 1570. (...) » [6]

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     « Le seigneur de Lithaire fit partie de la noblesse normande qui accompagna le duc Guillaume à la conquête de l'Angleterre, une des plus grandes et des plus heureuses expéditions qui furent jamais entreprises. Robert Wace le cite ainsi : E li sire de Liteharc (t). (...)

         Après la conquête, des concessions importantes furent faites à des seigneurs du nom de Litheare ; mais on connaît peu de faits historiques sur ces seigneurs. On sait cependant que leur château et leur châtellenie étaient le chef-lieu d'une baronnie considérable (...)

         Un des membres de la famille d'Aubigni, le comte d'Arundel, possédait le château de Lithaire, quand Philippe Auguste confisqua la baronnie de Lithaire et la réunit au domaine. Ce château, d'après le registre des fiefs, devait le service de deux chevaliers et demi (...)

         Si le roi confisqua le fief de Lithaire, il ne fit détruire ni démolir entièrement le château, qui existait encore dans le 14e siècle, et était cité au nombre des forteresses où l'on faisait guet et garde (...)

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     La famille Le Berceur, en faveur de laquelle, en l'année 1703, fut érigé le marquisat de Fontenay, a possédé dans' les 16e, 17e et 18e siècles la fîefferme de Lithaire, qui aujourd'hui n'est plus connue que sous la dénomination de ferme de Fontenay. Cette famille figure, dès 1570, comme propriétaire du domaine et de la seigneurie de Lithaire. Hervé Le Berceur est cité au nombre des barons et des nobles du pays qui servirent dans les armées de Louis XIV : il était seigneur de Fontenay, d'Emondeville et de Lithaire, commandant de la ville et du château de Cherbourg (...)

     

    Ci-dessus : blason des Le Berceur ci-contre par David Legouet avec HéraldiqueGenWeb http://cg50.org/blasons/index.php ]  

     

         Lithaire fut autrefois le siège d'une vicomté qui datait des premiers temps des ducs de Normandie (...)

         Les murs sont simples et dépourvus de ces accessoires qu'on rencontre dans les châteaux-forts ; ainsi, point de créneaux, de corbeaux, de mâchicoulis, de parapets ; ils ont peu d'élévation, mais une grande épaisseur ; ils sont en pierres brutes, de grès quartzeux, et jetées seulement dans un bain de mortier. Ces pierres ont été prises sur les lieux, et sont de la même espèce que les roches dont le sommet du mont et les chemins qui y conduisent sont hérissés.

         Le mur septentrional a dû être détruit au commencement du 13e siècle, sur les ordres du roi de France, Philippe Auguste.

         L'enceinte du château formait un carré ; elle mesurait extérieurement, du levant au couchant, 13 mètres 80 centimètres, et du nord au midi, 13 mètres 70 centimètres ; l'intérieur avait, du nord au sud, 8 mètres 60 centimètres, et de l'est à l'ouest, 8 mètres 90 centimètres, ce qui donnait, pour les murs, une épaisseur d'environ 5 mètres. Le mur méridional existe encore en entier ; il est aujourd'hui envahi et enveloppé par un beau lierre séculaire, qui ajoute à son aspect antique.

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     On a pratiqué dans la muraille de l'est un petit appartement voûté qui a 2 mètres 41 centimètres du nord au midi, et 1 mètre 40 centimètres de l'est à l'ouest ; sa hauteur, à partir de l'intrados, est de 2 mètres 29 centimètres ; il est garni d'un soupirail ou d'une cheminée, suivant qu'il était à usage de prison ou de logement. On trouve au midi un autre petit appartement, espèce de guérite, d'où les sentinelles pouvaient surveiller ce qui se passait au sud et à l'ouest du château ; mais il est sans soupirail ou cheminée. On ne remarque aucune pierre de taille dans les chambranles des portes, ni dans les angles rentrants des murs. » [1]

     

    A proximité : 

     

         « Du 11e au 14e siècle, le versant ouest du mont abrite le premier village de Lithaire fondé par des hommes venus de Scandinavie à l'époque des grandes invasions vikings. Établi au sommet du versant, il domine au nord la vallée de la Senelle et la vue s’étend, à l'est comme à l'ouest, jusqu’à la mer. Cette situation pourrait être l'origine du nom du village puisque le toponyme Lithaire provient de lit-hou signifiant « belle-vue » en vieux norrois. On y note une importe activité pendant la période médiévale. » [7]

     

    LES REMPARTS DE LITHAIRE (Manche)     « L’ancienne église est aujourd’hui ruinée. On distingue encore les emplacements des murs de la nef construite à l’époque romane (11e et 12e siècles) et des fenêtres en forme d’ogive qui éclairaient les chapelles (14e siècle). L’arc triomphal qui sépare le cœur de la nef a été muré et percé d’une porte en son centre. Il ne reste rien de la tour carrée élevée sur le transept nord. Seuls, le cœur, la sacristie et les murs des chapelles restent en élévation, malgré le pillage de leurs pierres d’angle. » [5]

     

    Ci-dessus photo de l'ancienne église par Gilloudifs.

     

         « La position du château sur une montagne escarpée , hérissée de rochers et très pittoresque, paraît avoir attiré l'attention d'un peuple antérieur aux Romains dans les Gaules. Il y a sur cette montagne une pierre mobile placée sur la pointe d'un rocher ; c'est l'espèce de monument druidique à laquelle on a donné le nom de Logan. » [6]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l'Annuaire du Département de la Manche, Volume 31 publié par Julien Gilles Travers, 1859

    https://books.google.fr/books?id=Bh4XAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&output=text

    [2] Extrait de Wikipédia

    [3] Extrait de WikiManche

    [4] Extrait de http://www.myfrenchlife.org/2012/07/05/le-mont-castre-un-coin-de-normandie-charge-dhistoire-de-france/

    [5] Extrait de  https://www.geocaching.com/geocache/GC1FE31_le-vieux-lithaire?guid=8731c73a-21b2-4133-9009-1b012b420a33

    [6] Extrait de « Sur les anciens châteaux du département de la Manche par Gerville » in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie. Société des antiquaires de Normandie, 1824

    https://books.google.fr/books?id=G-cAAAAAYAAJ&dq=Ch%C3%A2teau+de+Lithaire&hl=fr&output=text&source=gbs_navlinks_s

    [7] Extrait de http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Mont%20Castre/fr-fr/ 

     

    Bonnes pages :

     

    O On trouve un article de Charles de Gerville concernant ce château dans son Mémoire sur les anciens châteaux de la Manche - arrondissement de Coutances, in Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1825 ; p. 183-436 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2000414/f233.item et voir également dans ce blog : http://rempartsdenormandie2.eklablog.com/anciens-chateaux-de-la-manche-par-gerville-arr-coutances-1-a212347843

     

    « LES REMPARTS DU PLESSIS-GRIMOULT (Calvados)LES REMPARTS DE PORT-MORT (Eure) »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :