• LES REMPARTS DE LA BUTTE DE L'ECUYER (Seine-Maritime)

          La Butte à l'Écuyer ou Butte de l'Écuyer sur la commune de Vatteville-la-Rue se situe à l'entrée de la forêt de Brotonne le long de la D 65. La butte se situait à l'origine à quelques mètres de la Seine au Moyen Âge. Elle était peut-être un ouvrage avancé du château de Vatteville-la-Rue ou bien un contre-château érigé par le roi Henri Ier Beauclerc lors du siège de ce même château en 1123-1124. Une légende raconte qu'elle recélerait un trésor gardé par un animal fantastique.

        Je n'ai trouvé aucune photo sur le net ; il est difficile de la placer sur une carte précisément, il faudra donc que je m'y rende un de ces jours... [NdB] 

     

           " Epoque incertaine. — A l’extrémité de Vatteville, sur la lisière de la forêt de Brotonne, au bord du chemin d’Aizier et à quelques pas de la Seine, est une butte haute de dix à douze mètres et ayant environ quatre-vingt-dix mètres de circonférence à sa base.
    On l’appelle la Butte-à-l'Écuyer. En 1838, M. Charlier y a pratiqué un sondage qui est demeuré sans résultat. "
    [4]
      

     

    LES REMPARTS DE LA BUTTE DE L'ECUYER (Seine-Maritime)    LES REMPARTS DE LA BUTTE DE L'ECUYER (Seine-Maritime)

     

    Plan de situation de la Butte de l'Écuyer en forêt de Brotonne ; blason de la famille de Meulan par Odejea, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4043234

     

    LES REMPARTS DE LA BUTTE DE L'ECUYER (Seine-Maritime)     1840 : « … Désirant m'assurer jusqu'à quel point pouvaient être fondées des conjectures, qui, à cette époque, ne reposaient sur aucun document historique, je résolus l'exploration d'un monticule assez élevé, situé en face Villequier, à quelque cents mètres de la rive gauche de la Seine et connu sous le nom de Butte à l'Écuyer.

     

    Ci-dessus, carte années 1950 extraite du site Géoportail. 

     

         Ce monticule de huit mètres d'élévation en a quatre-vingt-dix de circonférence à la base ; une tranchée de 1 m 30 de largeur ouverte à l'est au niveau du sol, me fit rencontrer d'abord une couche de terre végétale de 30 à 40 centimètres d'épaisseur, formée uniquement par le détritus des feuilles des arbres environnants, ce qui assignerait à cette butte une haute antiquité si l'on considère la faible portion d'humus produite annuellement par la décomposition des feuilles ; après cette couche végétale se trouvaient des terres sablonneuses, très-peu tassées et évidemment rapportées ; en avançant vers le centre ce n'était plus que du silex ou des galets provenant de la falaise voisine, placés pour ainsi dire selon l'ordre de leur pesanteur, les plus gros dessous. Ces cailloux apportés de loin (puisque le sol environnant n'en contient point de pareils) sont légèrement superposés, même dans le sommet de la butte, les uns sur les autres et encroués de manière à s'ébouler au moindre choc.

           La figure qu'affecte le lit de silex dans cette butte serait celle de deux cônes superposés par leurs bases ; c'est-à-dire, que les terres du bas ont été placées de manière à laisser dans le milieu un espace vide ayant la forme d'un entonnoir, cet espace a été rempli avec le caillou qui ensuite a terminé le reste de l'élévation. Ces dispositions, et surtout la coupe du sommet sur lequel quatre hommes ne pourraient se mouvoir librement, me portent à considérer cette butte comme un tumulus gallo-romain. Les difficultés du creusement qui s'accroissaient en raison de la proximité du centre me déterminèrent à abandonner ce travail, en sorte que la fouille est restée à 8 ou 10 pieds de distance du centre. » [1]

     

    « La Butte de l’Écuyer

     

    LES REMPARTS DE LA BUTTE DE L'ECUYER (Seine-Maritime)     Aujourd’hui isolée à l’entrée de la forêt de Brotonne (possession des Beaumont-Meulan), la fortification de La Butte de l’Écuyer est installée à proximité du côté ouest du méandre de la Seine. Malgré les nombreuses études archéologiques et historiques, le site n’a jamais fait l’objet d’un relevé topographique. Cette petite motte tronconique, construite avec des matériaux locaux (terre, graviers, silex, sablon) est assez érodée sur son pourtour. La partie ouest du tertre, sectionnée sur un rayon d’environ 3 m (lors de la construction de la D 65), offre une coupe franche. Le diamètre de la plateforme est d’environ 13 m. Le fossé au tracé régulier, entoure aux trois quarts la base du tertre. Il présente un profil en « U » et une profondeur moyenne de 1,10 m.

     

    Ci-dessus, photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         L’ouvrage a été installé au voisinage d’un chemin médiéval, connu sous le nom de « Chemin du Roi » qu’emprunta Guillaume le Bâtard lorsqu’il se rendit à Arques après avoir traversé la Seine à Caudebec. Il reprend en partie l’ancien tracé d’une voie antique reliant Pont-Audemer à Caudebec. Il est possible que la fortification n’ait jamais été pourvue de fossé du côté du chemin qui semble se connecter à un autre plus petit, légèrement perpendiculaire, qui permet d’accéder à l’ancienne grève de la Seine. Peu de sites permettaient un tel contrôle de la rive de la boucle de Brotonne, à proximité du château des Meulan situé plus au nord. La Butte de l’Écuyer se situait probablement à environ 25 m du fleuve au Moyen Âge. Les dépôts alluvionnaires des Temps Modernes (17e s.) et l’endiguement de la Seine (19e s.) ont provoqué le recul de la berge, fossilisant l’ancienne grève estuarienne.

            Plusieurs hypothèses ont été avancées quant à la fonction du site : il peut s’agir soit d’un ouvrage avancé du château des Beaumont-Meulan sis à Vatteville-la-Rue (12e s.), soit d’un contre-château érigé par Henri Ier Beauclerc lors du siège de ce même château en 1123-1124. D’un point de vue archéologique, en l’absence de fouilles, les deux hypothèses sont recevables. Aucune construction antérieure ou postérieure n’a été remarquée sur le site. Néanmoins, un fragment de mortier gallo-romain (Bas-Empire) a été mis au jour en septembre 2005 lors d’un rafraîchissement des coupes des sondages effectués par L. Charlier en 1838. (Responsables de l’étude et du relevé : Deshayes Gilles, Mouchard Jimmy). Anne-Marie Flambard-Héricher [2]  

     

    Légende :

     

         « Dans la commune de Vatteville, à l'entrée de la forêt de Brotonne , se trouve un tertre qui paraît être un tumulus, et qu'on appelle la butte à l'écuyer. Un trésor est gardé en cet endroit par des animaux étranges. Quelquefois, le trésor est mis à découvert aux yeux des passants, mais les animaux ont toujours soin d'effrayer ceux qui tenteraient de s'en emparer. C'est ainsi que deux voyageurs furent suivis, un soir, depuis la butte à l'écuyer jusqu'à la Vacherie, sur la commune d'Aizier, par un animal mince et de formes déliées, qui, arrivé en ce lieu, prit tout-à-coup une taille gigantesque, s'approcha de la falaise, et se précipita dans la Seine avec un épouvantable fracas. On a plusieurs fois essayé de faire des fouilles à la butte à l'écuyer, mais les animaux ont toujours su écarter les travailleurs et remplir les excavations qu'on avait creusées. » [3]

     

    Sources :

     

    [1] Antiquités de la forêt domaniale de Brotonne par M. Charlier, inspecteur des forêts, membre de la Société. Extrait des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 11, Société des antiquaires de Normandie ; 1840 https://books.google.fr/books?pg=PA264&lpg=PA264&dq=brotonne+l%27%C3%A9cuyer+butte&sig=JaGldumqIHQFwVoojoU-ijghWcM&id=szlDAQAAMAAJ&hl=fr&ots=VHyC3K6mhs&output=text

    [2] Extrait de l'Étude microtopographique des fortifications de terre de Haute-Normandie https://docplayer.fr/44971933-Etude-microtopographique-des-fortifications-de-terre-de-haute-normandie.html www.culture.gouv.fr/content/download/64585/493243/version/1/file/bsr2006.pdf

    [3] Extrait de La Normandie, romanesque et merveilleuse : traditions, légendes, et superstitions populaires de cette province par Amélie Bosquet ; J. Techener, 1845 - 519 pages

    [4] Extrait de La Seine-Inférieure historique et archéologique : époques gauloise, romaine et franque... P.310-311 - par M. l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet (1812-1875) Éditeur Derache (Paris) 1864 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32141851/f91.item.r=%22La%20Seine%20inf%C3%A9rieure%20historique%20et%20arch%C3%A9ologique%22 

     

    Bonnes pages :

     

    Deshayes Gilles, Lefèvre Sébastien et Mouchard Jimmy, « Corneville-sur-Risle, le Bois Cany (Eure) » ; « Vatteville-la-Rue, la butte de l’Ecuyer (Seine-Maritime) », BSR, DRAC-SRA, 2008, p. 85-89.

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