• LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)

    LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure) LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure) LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)

     

         « Le château de Chennebrun se situe sur le territoire de la commune de Chennebrun, dans le sud du département de l'Eure, au sein de la région naturelle du Perche. Il se dresse au nord du bourg, sur l'un des coteaux de la vallée de l'Avre, une rivière affluente de l'Eure. » [1]

     

    LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)

     

    Photo du château de Chennebrun extraite de  http://www.monumentum.fr/domaine-chennebrun-pa00132770.html 

     

         « Distant d'une douzaine de kilomètres de Verneuil-sur-Avre, vers le sud-ouest, Chennebrun se trouve à un carrefour de plusieurs zones géographiques relativement bien définies. Au sortir du paysage vallonné du Perche et en avant du vaste plateau du Neubourg, le village est installé sur le versant nord qui domine la petite vallée dessinée par l'Avre et présente une vue parfaitement dégagée sur la rive opposée. » [2]

     

    LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)     « Chennebrun se situe à la frontière entre la France et la Normandie qui existait aux 11e et 12e siècles. Le village était un village frontière avec son château fort dont aujourd'hui il reste un vestige encore visible dans le parc du château reconstruit au17e siècle.

         Chennebrun était l'un des châteaux qui assurait la défense de la Normandie. Face à lui, de l'autre côté de l'Avre, lui faisaient face le Thymerais et les châteaux de La Ferté-Vidame et de Brezolles qui appartenaient aux puissants barons de Châteauneuf-en-Thymerais, fidèles serviteurs des rois de France.

         Les Fossés du Roy marquant cette frontière sont encore visibles sur la commune. Ils avaient été creusés pour protéger la Normandie de l'envahisseur potentiel : la France. Ces fossés du Roy restent visibles dans le quartier du Moulin.

         Le village est entouré de deux bois aux noms évocateurs de l'ancienne frontière : l'un s'appelle le bois de France et l'autre le bois de Normandie. » [3]

     

    Ci-dessus, plan terrier de Chennebrun vers 1762 extrait de La Frontière normande de l'Avre par Astrid Lemoine-Descourtieux ; éditeur : Presses universitaires de Rouen et du Havre ; collection : Normandie ; lieu d’édition : Mont-Saint-Aignan : 2011 

     

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    Plan encore très hypothétique de Chennebrun (en attendant mieux)... ; Blason du département de l'Eure par User:Spedona 25/09/2007 Cette image a été réalisée pour le Projet Blasons de la Wikipédia francophone — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona 25/09/2007., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2811940

     

    Historique :

     

         « Le nom de la localité est attesté sous les formes Chesnebrut en 1168, Chesnebrun en 1193, Quercum brunnum fin du 12e siècle, littéralement « chêne brun », c'est-à-dire « noir » (...)

         Le site était occupé, dès le 12e siècle, par une forteresse. Il présentait un fort intérêt stratégique puisqu'il était situé sur la frontière entre le duché de Normandie et le royaume de France, frontière symbolisée alors par la vallée de l'Avre. A la fin du 13e siècle, l'emplacement perd son importance à la suite du rattachement de la Normandie à la France. » [1]

     

     LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure) LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)

     

    Ci-dessus, documents extraits de Chennebrun, un bourg castral au cœur des conflits franco-normands du 12e siècle par Astrid Lemoine in Annales de Normandie Année 1998 Volume 48 Numéro 5 pp. 525-544 http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1998_num_48_5_4849

     

         « Jusqu'au 19e siècle, il a subsisté à Chennebrun un donjon cylindrique - réutilisé comme colombier depuis la Renaissance - bâti apparemment en pierre de taille, sur une motte tronconique, d'un diamètre au sol de 40 mètres environ. Malgré sa totale destruction dans le courant du 19e siècle, il reste connu par des plans et des descriptions relativement bien détaillées, datant du 18e siècle et conservés dans une collection privée. La vision du site primitif ne transparaît pourtant pas immédiatement à cause des profondes modifications apportées par les modernisations successives de l'ensemble des bâtiments. Le donjon était placé exactement au sommet de la crête nord de l'Avre, à l'endroit où la vue est la plus ouverte sur le territoire " français ". L'un des plans — sans doute le plus ancien — semble même suggérer la présence d'une basse-cour qui se serait étendue en forme d'amande, à l'ouest de la motte castrale. (…)

         D'une certaine façon, le château de Chennebrun paraît donc être, par sa simplicité structurelle, un château à motte tout à fait ordinaire.

     

    LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure) 

    Ci-dessus, inventaire provisoire des fortifications de la frontière de l'Avre extrait de Chennebrun, un bourg castral au cœur des conflits franco-normands du 12e siècle par Astrid Lemoine in Annales de Normandie Année 1998 Volume 48 Numéro 5 pp. 525-544 http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1998_num_48_5_4849

     

         Pourtant, considéré dans un cadre plus large, en liaison étroite avec le contexte politique du 12e siècle, il présente en réalité un intérêt historique non négligeable et tient sa place au cœur des conflits qui ont opposé les ducs de Normandie-rois d'Angleterre aux rois de France. Sa position stratégique - immédiatement sur la ligne-frontière du duché - et géographique - site de hauteur - ont fait de Chennebrun une place que les ducs de Normandie se sont efforcés de protéger et à l'inverse, les rois de France s'y sont intéressés avec autant de discernement. (…) L'importance de Chennebrun s'est donc affirmée dans les programmes défensifs de la frontière sud-ouest de la Normandie par la fondation d'un bourg castrai, autant - sinon plus - que par la présence d'un château à motte. Il s'agissait d'associer de façon interne effort de fortification et de concentration du peuplement dans un but unique : la protection du territoire normand contre les invasions françaises. La fondation du bourg castral de Chennebrun n'est aucunement anodine et répond aux besoins essentiels de défense de la frontière, au même titre que les bourgs castraux de Verneuil, Nonancourt, Tillières, ou Damville, quoique sur un plan légèrement inférieur. » [2]

     

    LES REMPARTS DE CHENNEBRUN (Eure)     « La plus ancienne mention - vérifiée - de Chennebrun se trouve dans la chronique de Robert de Torigny, historien de Henri II Plantagenêt. Il explique que le roi de France Louis VII, entre le 1er juillet et le mois d'octobre 1168, fait une incursion en territoire normand, « dans un (lieu) nommé Chennebrun, le brûle et y tue quatre chevaliers ». Henri II organise immédiatement de sanglantes représailles sur le territoire français, en brûlant Châteauneuf-en-Thymerais et Brezolles. Ne pouvant s'attaquer directement à Verneuil, forteresse trop puissante pour une opération de petite envergure, Louis VII a visiblement reporté son coup de force sur Chennebrun. C'est d'ailleurs probablement à la suite de cet événement que Henri II décide de renforcer les défenses de cette frontière par le creusement de ses fossés.

     

    Ci-dessus plan extrait du cadastre napoléonien de 1836.

     

         A l'extrême fin du 12e siècle, en janvier 1194, un traité est secrètement conclu entre Philippe- Auguste et Jean sans Terre (qui a pris la tête du pouvoir pendant la captivité de son frère Richard Cœur de Lion, fait prisonnier par le duc d'Autriche lors de son retour de Croisade en 1193). Les Plantagenêts sont dépossédés d'une bonne partie de la Normandie : le roi de France doit recevoir les territoires de l'Iton, « jusqu'à Chennebrun avec ce qui s'y rapporte, et le château de Verneuil avec ce qui s'y rapporte... ». Une interprétation indirecte de cet acte est essentielle pour comprendre ici l'importance stratégique de Chennebrun. En effet, il s'agit pour les deux protagonistes de matérialiser les limites d'un territoire pour savoir quelle partie sera gouvernée par tel souverain. » (…)

     

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         En 1123, un premier Gohier de Morville et son frère Hugues apparaissent dans une charte adressée à Saint-Jean-en- Vallée et confirmée en leur présence, au château de Chartres par le comte Thibaud de Blois. (…) D'une part, dès les années 1123-1126, une charte de Henri Ier Beauclerc pour l'abbaye Notre-Dame de Lyre fait apparaître Gohier de Morville près de la frontière normanno-chartraine. (…) Nous savons par des sources complémentaires, que la famille châtelaine de Chennebrun avait effectivement des intérêts de part et d'autre de la Manche. (…) C'est donc vraisemblablement à cette époque, dans le premier tiers du 12e siècle, que les Gohier de Morville se positionnent à Chennebrun. (…) Les châtelains de Chennebrun n'eurent, semble-t-il, pas à souffrir de la défaite du roi d'Angleterre en 1204, ni du rattachement de la Normandie au domaine royal, puisque la famille reste en place dans ses terres normandes. Nous retrouvons Gohier de Morville en 1206, confirmant les donations de son père à l'abbaye de la Trappe. » [2]

     

    Le château du 17e siècle :

     

         « Le château actuel a été construit en intégrant d'anciennes caves voûtées de la forteresse médiévale (datant du 14e ou 15e siècle). Il présente des façades de briques et de moellons enduits ou laissés à nu qui sont mises en valeur par quelques ornements (notamment aux frontons et aux corniches). À l'étage, une pièce lambrissée sert de chartrier.

     

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         Le château est entouré par un parc boisé dans lequel sont encore visibles quelques tours et courtines de l'enceinte médiévale. (…)

         Vers 1750-1765, le château actuel fut construit. A la fin du 18e siècle, un colombier circulaire et la maison du régisseur ont été édifiés face au château. Enfin, une serre maçonnée a été ajoutée au 19e siècle. » [1]

     

    Protection :

     

         « Le monument fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 29 septembre 1994. Sont concernés par cette inscription :

    - les façades, les toitures, le gros œuvre et les caves du château ;

    - le vieux château en totalité, y compris l'ensemble lambrissé de l'étage et les vestiges archéologiques ;

    - les façades, les toitures et l'escalier intérieur sud de la maison du régisseur ;

    - la serre et le colombier ;

    - le parc, y compris son enceinte et le mur du clos à l'est de l'église, à l'exclusion des portions incluses dans des habitations ;

    - Le potager, y compris son mur d'enceinte et l'appentis. » [1]

     

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    Les Fossés du roy, anciens vestiges

     

         « Par ailleurs, le château est topographiquement étroitement associé à une vaste ligne de fortifications de terre entreprise vers 1169 par Henri II Plantagenêt : les Fossés-le-Roi. Sous le terme défasses, il faut « entendre à la fois le creusement et la levée de terre qui l'accompagne ». Ces remparts de barrage ont été élevés depuis la rivière de la Sarthe aux abords du Mesle-sur-Sarthe. Ils traversent Moulins-la-Marche avant de courir le long de l'Iton quasiment dès sa source, qu'ils quittent après quelques kilomètres pour se diriger vers Chauvigny. À Iray, ils rejoignent l'Avre, en suivent le cours jusqu'à Chennebrun, où ils disparaissent à l'entrée du bourg. Ils semblent ensuite longer plus ou moins le Chemin Perrey (voie antique encore utilisée au Moyen- Age où elle est citée dans les sources sous le nom de Via Publica ou Via Regia) à Saint-Christophe-sur-Avre. Leur tracé est ensuite sensiblement parallèle à celui de la rivière de l'Avre jusqu'à Nonancourt. D'intéressantes structures, que la tradition orale nomme " Fossés-le- Roi ", sont conservées dans la partie orientale du parc de Chennebrun. » [2]

     

     

         « Vestiges de la frontière entre la France et la Normandie, ils bornèrent au sud le duché de Normandie et furent réalisés entre 1158 et 1168.

         Ils sont composés d'un fossé et d'un talus composé de la terre provenant du fossé.

         Des portions importantes sur les 100 km du tracé initial existent encore : dans l'Orne à Bures (le Bois Fouquet), Sainte-Scolasse-sur-Sarthe (Fossé leroi), Saint-Agnan-sur-Sarthe (le Petit Jouet), Mahéru (Bel Erable), Moulins-la-Marche (la Bâchellerie, la Pothinière), Les Genettes, Les Aspres (la Campagne des Boulayes, la Campagne des Ardrillères, la Campagne des fossés, la Campagne des petits plants, la Brosse), Irai (la Marinetterie, Champ Hubert), Beaulieu (le Pommerai, le bas Breuil) ; dans l'Eure à Chennebrun, Saint-Christophe-sur-Avre (derrière le château d'eau), le Genetay, la Minglière, Les Barils (près de l'entrée de Center Parcs), Pullay (les Hayes Leroi), Verneuil-sur-Avre (la Chabotière), Bâlines (la Fainéanterie), Courteilles (les Maisons rouges, le Jarrier), Tillières-sur-Avre (la Haye Rault), Muzy (le Fossé du roi).

         Érigés pour briser l'élan de troupes à cheval, ils symbolisent la puissance du duc de Normandie, par ailleurs roi d'Angleterre, comte d'Anjou, duc d'Aquitaine.

         Malmenés par la mise en culture, par le remembrement, les portions existantes aujourd'hui demeurent dans des zones essentiellement boisées. Le fossé qui a toujours été à sec a servi pour les besoins de l'hydraulique entre Beaulieu et Chennebrun comme bief servant à conduire les eaux détournées de l'Avre sur les deux moulins principaux du secteur (d'où la position anormalement haute de la rivière de l'Avre à Chennebrun par rapport à son lit initial).

          Les Fossés royaux (re)connus depuis les travaux de Bernard Jouaux en 1978 et ceux de Denis Lepla en 1992 et 2006, bénéficient de mises en valeur récentes : rues portant leur nom (les Aspres, Courteilles), site aménagé et mis en valeur (les Genettes), circuits de promenades (St-Christophe-sur-Avre). » [4]

     

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    « Frontière du pays chartrain.

     

         La petite rivière d'Avre, coulant pendant soixante-dix kilomètres dans une étroite vallée, entre les plaines de l'Evrecin et celles de la Beauce formait de ce côté un fossé naturel et délimitait la frontière d'une manière qui n'a jamais varié.

    Avra licet parva Francorum dividit arva.

         Les châteaux de Chênnebrun, Verneuil, Tillières et Nonancourt étaient bâtis sur les collines qui dominent cette rivière au nord et se trouvaient tous au passage de routes anciennes qu'ils interceptaient. Illiers-l'Évêque se trouvait un peu plus loin dans la plaine, sur la route de Dreux à Évreux. Dans plusieurs endroits où la rivière encore faible ne formait pas un obstacle suffisant, le roi Henri II avait fait creuser de longues lignes de fossés avec un rempart de terre. M. de Caumont les signale dans les communes d'Irai, Chênebrun, Saint-Christophe et Courteilles, où ils portent le nom de Fossés-ie-Roi. Il engage à les étudier dans leur ensemble et par rapport avec les forteresses voisines. A une dizaine de kilomètres en arrière, le cours de l'Iton et les châteaux de Bourth, Cintray, Condé-sur-Iton, Breteuil et Damville formaient une seconde ligne parallèle à la première. Une troisième consistait dans les trois fortes places de Laigle, Conches et Évreux, reliées par le cours de la Risle et par les forêts de Breteuil, de Conches et d'Évreux. Cette frontière fut rarement attaquée avec succès, et plus d'une fois, particulièrement en 1119, Breteuil fut le bouclier de la Normandie. » [5]  

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de http://www.wikiwand.com/fr/Ch%C3%A2teau_de_Chennebrun

    [2] Extrait de Chennebrun, un bourg castral au cœur des conflits franco-normands du 12e siècle par Astrid Lemoine in Annales de Normandie Année 1998 Volume 48 Numéro 5 pp. 525-544 http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1998_num_48_5_4849

    [3] Extrait de http://chateaux.hautetfort.com/chateau-de-chennebrun/

    [4] Extrait de http://www.val-avre-hmp.fr/data_communes/chennebrun/chennebrun.html

    [5] Extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues... par la Société française pour la conservation des monuments historiques ; éditeur : Derache (Paris) / A. Hardel (Caen), 1876.

     

    Bonnes pages :

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Chennebrun

    https://sites.google.com/site/patrimoinirai2/un-peu-d-histoire

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