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LES REMPARTS D'AUVILLARS (Calvados)
A droite photo aérienne extraite du site Géoportail.
« Le château d'Auvillars était situé à l'est de l'église. La motte sur laquelle il s'élevait a environ 100 pieds de diamètre ; elle est entourée de douves qui étaient autrefois remplies d'eau. L'entrée était à l'est ; on voit encore les débris d'un pont qui avait plusieurs arches.
Comme toujours, Auvillars eut pour premiers seigneurs des membres d’une famille dont le nom était celui de la commune elle-même. » [1]
" Dans la vallée au contraire, au-delà du chevet de l'église, se trouve un second type de motte, bien postérieur, rectangulaire et peu élevée, entourée de douves inondables, adaptée aux lieux de plaine.
Elle n'est guère visible désormais et se devine, derrière le cimetière, couverte d'un beau gazon vert, au-delà de la ferme voisine, un second grand arbre étant planté juste en son centre. Au milieu du 19e siècle on y voyait encore une aile de bâtiment avec porte cochère accessible depuis l'orient par un pont à plusieurs arches, une tour, un colombier et les ruines d'un manoir central.
ll s'agit là d'ouvrages tardifs, à usage privé, défense contre le petit banditisme local tandis que les vrais châteaux-forts sont désormais initiatives stratégiques et propriété exclusive des ducs ou des rois. " [7]
Photo ci-dessus extraite d'un site néerlandais très complet et fort bien documenté sur les mottes en Europe dont celles de Normandie : http://www.basaarts.nl/vraagbaak.php
Plan de situation de la motte d'Auvillars ; blason de la famille de Tournebu par Apn — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38577818
Historique :
« Aux seigneurs du nom d’Auvillars il faut ajouter Robertus Dauvillers mentionné dans les rôles de l’échiquier de Normandie en 1195. » [2]
" Cette motte établie par une famille dite d'Auvillars passa par mariage aux Tournebu, puis aux Tilly, puis aux Harcourt. " [7]
« Cette famille s’éteignit dans la personne de Jeanne d’Auvillars, fille et héritière de Guillaume, seigneur châtelain d’Auvillars, Saint Aubin de Sallon et Barneville, qui épousa Robert de Tournebu, baron de la Motte-Cesny, Grimbosc, etc., etc., au commencement du 14e siècle. » [1]
Blason de la famille de Tournebu par Apn — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38577818
« Jobert de Tournebu, fils puîné de Guy de Tournebu, devint seigneur d’Auvillars par son mariage (1342) avec Jeanne fille héritière de Guillaume seigneur d’Auvillars et de St Aubin de Scellon. » [2]
« M. Floquet a raconté un curieux procès qu’eut à soutenir Robert de Tournebu, seigneur d’Auvillars, pour avoir maltraité un clerc du prieuré de Beaumont en Auge, en l’année 1342. Il fut condamné à 400 livres d’amende, somme énorme pour cette époque (Histoire du parlement de Normandie). » [1]
" Pierre de Tournebu, passé au clan des Navarrais, fut arrêté à Rouen le jour de la foudroyante descente de Jean ll le Bon en 1356. Richard de Tournebu qui avait épousé Jeanne, héritière de Gerrots, soutint héroïquement le siège d'Henry V avant de capituler le 7 août 1417 ; Auvillars fut alors confié au comte de Salisbury. " [7]
« C’est sous Richard, son fils, que la forteresse d’Auvillers fut prise par les Anglais en 1417 et le 25 septembre 1417 le roi Henri V en fait don au comte de Salisburry. » [2]
« Henry V s'établit, le 2 août, dans la ville de Touques et assiège le château qui capitule le 3, et se rend le 9 (Rôles normands, publiés par la Société des Antiquaires, t. XV, p. 263 ) ; le château d'Auvillars est assiégé par le comte de Salisbury, capitule le 7, et se rend le 14 (Ibid., p. 265). » [3]
« Dans la guerre de Cent-Ans, il prit le parti de la France, et donna même le signal de la résistance contre les Anglais. Le roi était descendu à Touques le 1er août 1417, et le 6, le comte de Salisbury faisait le siège du château d'Auvillers. Les assiégés ne purent tenir qu'un jour, mais la défense avait dû être héroïque si on en juge d'après les termes de la capitulation. Richard obtenait la permission de sortir du château avec tous ses gens et tout ce qu'il possédait taut en chevaux, joyaux, argent, harnois, canons, habillements, etc., mais il devait laisser les prévisions de bouche ; on lui donnait deux saufs conduits, l'un pour lui et ses gens, l'autre pour ses bagages. Il avait livré comme otages : son fils Robin de Tournebu, Jean Lebouteiller et huit varlets. Peu après l'évacuation du château, Henri V en fit don à son parent le comte de Salisbury, et y joignit toutes les autres possessions de Richard de Tournebu, par acte daté du château de Caen, le 25 septembre 1417. » [4]
« Le texte de cette capitulation a été publié dans le volume intitulé : rotuli normanniae, imprimé à Londres en 1835, page 285, et par la société des Antiquaires de Normandie, tome XV, page 263 de ses mémoires. "
" En 1452, Alips de Tournebu retrouve son bien et rend aveu féodal « sur iceulx demaines a manoir et place forte clos de mur et motte et place de colombier ». Les vilains d'alentour lui devaient une fois tous les 9 ans une corvée d'entretien dite motage. " [7]
Ci-dessus, motte d'Auvillars, photo de Gilloudifs.
" À l’époque du décès de Guillemette de Tournebu, en 1485, Jean de Harcourt, son arrière-petit-fils, en hérita, et il ajouta à ses autres titres celui de seigneur et châtelain d’Auvillars. En 1558, Auvillars était entre les mains de la famille de Salcède ; Nicolas de Salcède, qui la possédait en 1582, fut impliqué à cette époque dans une conjuration formée, dit-on, par les Guises contre le duc d’Alençon et le roi Henri III, son frère. Il fut jugé par le parlement de Paris, convaincu du crime de lèse-majesté, et comme tel condamné à être écartelé. Cette exécution, dont le souvenir s’est toujours conservé à Auvillars, dut avoir lieu vers 1588. » [1]
Ci-dessus, blason de la famille d'Harcourt par User:SpedonaCette image a été réalisée pour le Projet Blasons du Wikipédia francophone. — Travail personneliLe code de ce fichier SVG est valide.Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Spedona., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2697928
« Auvillars : cette terre appartint à Nicolas de Salcède, écartelé en place de Grève pour conspiration contre Henri III. On trouve une gravure représentant son exécution à Paris en 1582, dans les Guerres de Nassau. » [2]
« En 1600, Mme Charlotte Duquesnel d’Aussebost était douairière d’Auvillars. Après sa mort, arrivée en 1617, cette seigneurie passa à une famille nommée de Miou. Le chef de cette famille était un des principaux officiers du duc de Lorraine, sa fille, Louise Marie de Miou, épousa Pierre Dauvet de Tréguy. » [1]
« Diane de Beauveau, dame de la châtellerie d’Auvillers épousa Anthoine de Nion, chevalier, seigneur d’Equevilliers, d’où Louis de Nion, chevalier, marié à Jacqueline de Gruel de la Frette d’où Louise Marie de Nion, mariée à Pierre Dauvet de Trigny le 10 février 1649, dame d’Auvillers. » [2]
« La famille Dauvet, noblesse de robe, originaire de Picardie, s’allia aux Brézé, aux Montmorency, Saint-Simon, Béthune, Chabannes, etc.
Plusieurs de ses membres prirent l’épée. Benoît Dauvet et Louis-Nicolas Dauvet se distinguèrent dans les batailles de Louis XIV et de Louis XV.
On retrouve des renseignements sur cette maison dans l’Histoire des grands-officiers de la Couronne, de P. Anselme. Elle porte bandé de gueules et d’argent de 6 pièces, la première chargée d’un lion de sable passant dans le sens de la bande. Couronne de marquis ; supports, deux Sauvages (voyez Waroquier, tome VII).
C’est ainsi qu’on voit les blasons de la litre funèbre de la chapelle Saint Jean d’Auvillars. » [1]
Ci-dessus, blason de la famille Dauvet extrait de https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=4954269&desc=dauvet_dauvet
A proximité :
Une autre motte féodale se trouve à proximité d'Auvillars en réalité sur le territoire de la commune de Bonnebosq :
" BONNEBOSQ – Motte dans le bois à l’Est du bourg (Caumont, Cours, V, p. llO ; C.A.F., 1870, p. 102. _ Doranlo, Camps, p. 804, cf çi-après Addenrda, P. 24.)
Motte très bien conservée avec deux enceintes annexes dans le « Bois de Bonnebosq » (Cad., A, 225), à 600 m. environ au sud de l’église, sur la crête d’un coteau exposé au N-O. et qui domine à la fois la Vallée de Leaupartie et celle d’Auvillars. Sur la carte d’Etat-Major au 1/80000 on peut fixer son emplacement au niveau de la tête de I’h de « Chambray ».
La motte tronconique mesure 30 m. environ de diamètre au sommet et plus de 50 à la base. Elle est entourée d’un profond fossé qu’elle domine de 6 à 8 m. Au Nord-Ouest, une enceinte trapézoïde, défendue par une ligne de remparts doublée de fossés qui communiquent avec ceux de la motte, lui est accolée. Ses dimensions sont de 45m sur 25 une entrée de 8 m. environ de largeur s’ouvre vers le nord. Au Sud-Est et au Sud, ces ouvrage sont protégés du côté du plateau par une demi-lune ou croissant de 65 m. de long sur 20 de large ; mais les remparts en sont à peu près nivelés et les fossés en partie comblés ; on peut néanmoins en suivre facilement les contours.
L’ensemble de cette ancienne forteresse qui couvre plus d’un demi-hectare porte le nom de « Fort de Bonnebosq » et la tradition locale lui assigne un rôle important pendant le invasions anglaises du 14e et 15e siècles. Des fouilles seraient nécessaire pour établir si la motte a servi de base à un donjon maçonné ou simplement à un fort en bai, et permettraient de lui assigner une origine exacte.
Provisoirement, tout fait supposer qu’il s’agit d’un château de la période féodale. " [8]Ci-dessus : à gauche, carte extraite du site Géoportail : la motte décrite ci-après se trouve en haut à droit sur le plan ; à droite une photo aérienne du site extraite de géoportail : si vous la voyez, c'est que vous avec de bons yeux... Voir plan ci-dessous...
" Nous débuterons à Auvillars, ravissante paroisse médiévale délaissée par la route, ce qui lui vaut un délicieux oubli à peu près total. ll s'agissait pourtant d'un important fief de haubert à 2 cures et 2 mottes féodales et, ce qui est intéressant, des mottes de 2 types différents.
Dans le dernier virage en vue de l'église, un chemin fort défoncé s'en va à gauche, il escalade le flanc d'un éperon et conduit à une barrière donnant accès à un herbage, toujours à main gauche. Tout en haut de l'herbage, une ligne haute tension zèbre le ciel, dirigez-vous vers le pylone du sommet. Juste à son pied, dans la broussaille, vous trouverez un superbe ensemble archaïque du type éperon, ancêtre du donjon médiéval : butte centrale entourée d'un fossé circulaire très profond et d'une contrescarpe tout aussi abrupte, puis second fossé concentrique, le tout au bord du plateau sommital, dominant la pente. Cette butte tronconique est comme décalottée d'un coup de serpe oblique, ce qui transforme ses levées protectrices en une sorte de croissant très gracieux. L'accès se fait par le plateau horizontal mais aussi au bord de la crête nord-est où s'est développée une basse-cour latérale, semi-circulaire, moins sévèrement fortifiée. " [7]
Ci-dessus, plan extrait de ce même document [7]
« L'église Saint-Germain est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 17 juillet 192610. La dalle funéraire du clerc de Tournebu et une Vierge à l'Enfant du 13e siècle sont classées à titre d'objets. » [5]
Ci-dessus, photo de l'église d'Auvillars extraite de http://paroissedecambremer.over-blog.com/article-auvillars-eglise-saint-germain-73074012.html
« If de l'église Saint Germain : L'association A.R.B.R.E.S. a attribué le 8 mai 2012 le label « Arbre Remarquable de France » pour le travail accompli par la Municipalité d'Auvillars afin d'entretenir, préserver et sauvegarder l'if de l'église Saint-Germain, planté aux environs du 12e siècle. Circonférence au niveau du sol : 7.80 m - Hauteur : 14.88 m - Envergure : 12.50 m. » [6]
Ci-dessus, photo de l'if d'Auvillars extraite de http://tourisme.aidewindows.net/auvillars.htm
« Manoir de la Bruyère : Les façades et toitures du manoir de la Bruyère et du bâtiment du pressoir ainsi que le pressoir proprement dit et son mécanisme sont inscrits au titre des Monuments historiques depuis le 25 février 1974, le jardin du manoir depuis le 16 juin 2008. » [5]
« La chapelle Saint-Jean s'élève sur un coteau, à deux kilomètres de l'église d'Auvillars, au midi. Cette chapelle date de la dernière période ogivale ; elle a environ 30 pieds de longueur sur 15 de largeur. » [1]
Ci-dessus, photo de la chapelle Saint-Jean extraite de http://tourisme.aidewindows.net/auvillars.htm
Sources :
[1] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados, Tome 4 / par M. de Caumont (1801-1873). Éditeur : Derache (Paris)/ Dumoulin (Caen) / A. Hardel () Date d'édition : 1846-1867.
[2] Extrait de http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=5801
[3] Extrait de Siège et prise de Caen par les Anglais en 1417, épisode de la guerre de Cent ans, par M. Léon Puiseux (1815-1889) ; Éditeur : Le Gost-Clérisse (Caen) Date d'édition : 1858 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6470908h/f82.item.r=%22ch%C3%A2teau%20d'Auvillars%22.texteImage
[4] Extrait des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 26, 1867. https://books.google.fr/books?id=dL9LAAAAMAAJ&dq=motte+d%27Auvillars+calvados&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
[5] Extrait de Wikipédia
[6] Extrait de http://tourisme.aidewindows.net/auvillars.htm
[7] Extrait de Randonnées et patrimoine en Pays d'Auge, tome 3 canton de Cambremer, par Jacques Lalubie, éditions Charles Corlet 1987
[8] Extrait de http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=5745
Bonnes pages :
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